Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1934-01-13
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 janvier 1934 13 janvier 1934
Description : 1934/01/13 (A34,N5). 1934/01/13 (A34,N5).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63795271
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
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• N>jMi t*-| •– - - - -taMS NV, 13 Janvier 1934
JttRWIJgttlOIEN
Rédaction & Administration :
s«,fiiiiiMMl-1fcaiir
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VELIPU. 1 OPERA 614,8*
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Les Annaleà Coloniales
Fondateur : Mqro«t RUEDBL
IIOILIEIEITS
ma la Rftu, illustré* t
U. 8 Mol. 8 Mol.
Franw et
ol0llie8. 180 u 100 * 60 a
tti Rnger - - 240* 125 s 10.
Le Numéro : 30 osntimei
On l'abonne sans frais dans
tous tes bureaux de poste.
L'ouvre scientifique du P. de Foucauld
Eti 1914, u* la" Vëille même dé la gùetre,
M. Paul Hourdaric, directeur de- la Revue
Indigetre, obtenait du 1'. de Foucauld, qui
deux ans plus tard, en son ermitage saha-
ricn, devait mourir en héroïque victime, l'au-
torisation de faire xéimprimer le livre inti-
tulé Reconnaissance au âfqroc, qui avait, en
1888, renouvelé la géographie du mystérieux
empire. L'Académie des sciences coloniales
applaudit à ce dessein ; la guerre et les dif-
ficultés qui lui succédèrent çmpùchèrent toute
réalisation. Actuellement, ce travail se pré-
pare, tant pour le texte du livre que .pour le
précieux Atlas, par les soins de la Sociite
d'édifions géographiqucs, maritimes et ((}ic"
mates; et cet honneur était dû à la mémoire
du jeune explorateur qui sut ajouter deux
mille deux cent cinquante kilomètres aux
itinéraires fixés par ses devancicrs, et déter-
miner quarante chut longitudes" quaruite la-
titudes, t l'ois mille altltwt.-.¡
Je ne pourrai, dans tes limites d'un arti-
cle, montrer en toute leur richesse f en leurs
successions imprévues, les mttitip.es aspects
de cette physionomie, tels que mous les dé-
crit M. l'aul Lcsoutd en son livre très neuf,
très pittoresque, très vivant : La vraie figure
dti etre de Fotlcould, livre qui. s'ouvre-par
les plus turbulentes aventures de - jeutlfesso,
racontées pour la. première fois d'aijmïs d'au-
thentiques confidences, et qui s'achève avec
tout l/'éc.at d'une Légende dorée, dans une
atmosphère d'admirable sainteté. On ne ré-
sume pas un tel portrait, il faut directe-
ment 1 observer, y saisir ou y pressentir tou-
tes les -forces de transfiguration, forces inti-
mes et forces transcendantes, qui lentement
le parachèvent, qui lentement l'élovent au-
dessus de nos costumiers champs de vision.
Mais il est uti chapitre qui doit .attirer
spécialement tas regards des dedeurs des
Annales Coloniales : c'est celui que M. Paul
Lesourd intitule : « Pour Dieu. vers une
Pat faite connaissance des lieux, des langues,
des mœurs ,dt's coutumes t.
Préoccupé de porter aux Touareg, non
point -à brusques propositions de converljtaù
telle ne .fut jamais sa -méthode mais,
quelques notions de ce que nous sommes*
nous Français, et de ce .qu'est notre civilisa
ttoti chrétiennet le P. de Foucauld s'assigna
cette tâche, de se familiariser avetr leur lan-
gué. avec tout passé) &V. ut littdratures Il
P
: --. --Uri'tfÍ,\,lft.,
ouvriers qui suivraient » ; il devint leur gram.
mairien. On avait un eu de l'ermite, un sou
par vers, lorsqu'on venait lui apporter des
textes de poésies touareg 2 un mots durant,
en 1907, les visiteurs affluèrent en sa. tente,
portrs d'un tel butin. Mais il s'en allait
autfsi dans les douars voisins, et des heures
durant, accroupi sous un arbre, multipliant,
autour de lui les petits cadeaux, il recueillait
sur les lèvrèsjles enfants et des femmes, les
i strophes mi snftpanchait l'âme des Touareg.
A la JÔie de l'érudit se joignait, ces jours-
là, coU., tlu civilisateur, celle de l'apôtre.
« Je suis très heureux, écrivait-il,, de cet
apprivoisement qui s'accentue ; ce n'est qu'un
premier pas, bien petit, bien humble, mais
enfin il fallait le faire pour tomber
tant de préjugés, de répulsions, de dé-
Tiances. » Cène pensée soutenait sa patience s
ce qu'il y Avait parfois de mmtone, en de
telles enquêtes,. ne. 1'̃effrayait ni die .le ,éoo¡\'
certait.
Un certain Alunçd Ben Menin, qui sera
en, récompense de son dévouement, déooréde
laXégion d'honneur, fut pour le P. de Fou-
cauld un informateur d'élite. Et quelle in-
rormatrice, aussi, que celle qui, on pays
hoggar, Bcst en quelque sorte une souveraine,
la musicienne- et poétesse Dassine, que glo-
rifie, d'oasis en oasis, un des plus beaux
poèmes d amour de la littérature touareg. La
ligure découverte - -- comme c'est le cas pour
toùtes tes femmes du Hoggar elle répon-
dait aux appels de l'ermite 3 elle venait tra-
vailler de longues heures avec lui; elle se
laissait interroger, et-le récitait. Plus de douze
cents pièces de vers, notés par le P. de FoU-
cauld, furent un présent de cette Dassine.
Les officiers méhari stes du voisinage
aidaient l'ermite à ranger ses innombrables
notes, à recopier : M. Paul Lesourd, dont
le livre est le fruit de nombreuses enquêtes
personnelles, a rencontré à Périgueux un de
ses diligents collaborateurs, dont le nom doit
Gtrc retenu par tous les admirateurs de cette
gtandc btuvie liètériHtc et SGtëntinque, M."le"'
capitaine Désiré.
Le Père Du voulait pas se révéler comme
l'auteur d'une telle œuvre : la grammaire et
le dictionnaire 'français touareg qui de son
vivant furent publiés étaient signés de l'in-
terprète Motylinski. Nombre de, petits cahiers
d'une écriture fine et serrée, ornés à chaque
page de ces deux mots : Jésus Caritas, de-
vise du P. de Foucauld, passèrent après sn.
mort conformément à son désir, entre les doc-
tes mains de M. René Basset, doyen de la
Faculté des lettres d'Alger, qui en entreprit
la publication. Ainsi purent, nous être révé-
lérs les splendeurs et les grâces de la poésie
touareg. Un dictionnaire des noms propres,
un grand dictionnaire touareg-français de.
meurent encore inédits. Toute une encyclopé-
die de la vie du Hoggar sera ainsi mise à la
disposition des linguistes, des ethnographes,
des géographes, et puis des missionnaires,
auxquels le P. de Foucauld voulait; à lon-
gue échéance, ouvrir les voies,
En vain désira-t-il qu'elle fût anonyme ou
qu'elle portât d'autres signatures que la
m
sd, tandis que a. sine- récdnment. inter.
rogée par un de nos officiers sahariens, lui
exprimait à l'endroit du P.' .de Foucauld une
autre gratitude, celle d.u Hoggar.
« Aimé de tous les Touaregs disait-elle, le
souvenir du marabout ne périra qu'avec notre
dernier souffle : c'est un homme qui n'a
fait*que du bien à notre population et qui
certainement doit être monté droit au ciel
depuis le jour oit Dieu l'a rappelé à Iiii. s
La musulmane Dassine a devancé les dé-
cisions romaines : d'ores et déjà, par ses
lèvres de poétesse, Charles de Foucauld,
bienfaiteur intellectuel de son peuple,. est
canonisé.
: George. Goyau,
de l'Académie Française.
Le Goavereeur Général Carde
rentre à Alger ::-<
4'è, Gouverneur général de i'Alg&iip,
àPbrisdepuis lè 13 décembre, a reçu àfjfiÉ-
hiër le ^giméral Benoit, artçién commandiaift™!
corps d attirée, cdloniâl, TjmHéfliJIe, conseilla
d'Etat ; M. P8tè& d'Qmi.
Il a eu, Vautre paft, un long entretien avec
M. Paganon, rtriiiitoe" des Travaux publics.
Au point de vue gOuvërJUmefttal, les COGVêt-
sations qu'il a pu avoir, ces derniers temps,
avec le président du Conseil, ayant été platées
sous le signe dé Lagny ou de Stavisky, il est
apparu au GouVérneur général qu'il réaliserait
plus facilement des actes à Alger que des pa-
ro les à Puis.
* Et c'éèfc, au fond" extrêmement que.
C'èst pouquoi M. Carde a quitté Paris hier au
soir pour regagner Alger.
»
J
t
Retours
UB OOUVUARBDR OBNBUL PABQUH3H
1 MW A DA".
• Le terrain d'aviation étant fortement dé-
trempé, l'Emeraude n'a pu prendre le dé-
- part de DtlMtls, vendredi à une hetiTBj
comme il était prévu. L'heure de Venvol n'a
pas éncrfrc'fyé fixé,
OU SOUDAN
Le Canada est arrivé hier matin à Mar-
seille. Le général Peltier, directeur des ser-
vices militaires an ministère des Colonies,,
et le général de Trentipiimi, étaient à bord.
Le général Peltier a regagné Paris, et le
général de TrenUgnian Pest rendu à Nice.
MB GENERAL GOUKAUD
A ."&MII
Le générai Gouraud est arrivé jeudi A In
Sallak. Le cutmel Garbillet, au nom du gé.
, néral commandent le rrfJ corps, et le colonel
W«n, au nom du co^nfMntUmt de VAvta-
tion idgom Vmd sedué sur la pute
fértrft, 6Itb remmMm.
Le ypyage des Souverains Siamois
,', :.ivri:nl la programme établi par leur
hffl/aftd à l'étranger, les souverain$siu-
4mis se sont embarqués hitw, 12, à Bang-
ftpfa-mr le vapeur valnyn.
rJ-Lç prince Narisra, oncle du roi, a été
•U&Ultrié régent, pendant l'abscnçc du sou-
-jrt.
, ..-.(----
La commémoration da premier envol
d'un avion dans le ciel malgache
Le Gouverneur général p. i. Bernard a inau-
Suré, tout près de Tananarive, sur le plateau
d Atâphibe, une stèle destinée à perpétuer
le premier envol d'un avion dans le ciel mal -
gache.
Le 7 juillet 1911,. l'administrateur des Co
lonies Raoult, à bord d'un appareil Blériot
type XI, décollait du terrain d Androhibe et
sÙlVOtait longuement Tananarive et le Palais
de la Reine, à l'admiration des indigènes et
même de bien des Européens qui, pour la pre-
mière fois, voyaient une « machine volante ».
L aviation était alors à ses débuts et Raoult
venait de réaliser un véritable exploit.
Un tel geste ne pouvait daneurer dans l'ou-
bli : sur 1 initiative de l'Aéro-Club de Mada-
gascar et sous les auspices de notre confrère
La Tribune, Comité s'est fonné ponr com-
mémorer ce premier vol. tl vient de faire
planter en terie à Venîroit même d'où il y a
tfngt-daix ans, Raoult quitta le sol, une stèle
de granit qui. par une brève inscription, rap-
pelle l'événement.
r i ..& -
M. Ernest Picard ayant qitté
la "Basque de l'Algérie"
M, Bmwt Picard, dont nous annonerom le 9
qu'il a quitté la direction générale de la Brn-
qu de FAI a être nonmié admi.
mnrateur âa Gompunr National d^Bcansie de
Purin. -
Sur les bords ,,1
du Pacifique. .,.
.1 !
; e )"
NE certaine inquiétuoe
régne pàrmi les peu-
ples de ratie blanche
qui ont" des établiNe-
ments sur les boitds
du Pecifiquê. On y
redoute les progrès'du
Japon.
L'Austtalie et les
Paya-Bu se sentent
particulièrement me-
nacés. Des nouvelles
rémtu prvmm de
Melbourne nous ap-
prennent que le grand dominion britannique re-
doute une attaque japonaise. Des renseignements
abondants et précis sont dôllnâ.
Si on les en croit, ta marine nippone aurait
fait une étude spéciale des rivages nord du
continent australien. Un relevé detauié du côtes
aurait été opéré, comme si une démonstration
militaire était imminente.
De son côté, le gouvernement fédéral fie Cm.
berra se serait ému de ces diverses démarches ;
il aurait décidé de prendre des mesures- de dé-
fense et, malgré l'opposition d'une importante
partie de l'opinion pUDuque. U aurait nm par
arracher au Parlement le vote de crédits desti-
nés à la construction d'un bâtiment de guerre.
J'ai l'impression qu'il y a beaucoup d exagéra-
tion dans Ca nouvelles sansauonneues. Le& in-
tentions que l'on prête au japon me semblent
en ce moment peu vraisemblables. A moins quç
ce pays n'ait un accord secret avec l'Allemagne
ce que d'aucuns soutiennent on cherche
vainement les raisons qui pourraient à l'heure
actuelle le pousser à engager un conflit avec la
Grande-Bretagne.
Le parti militaire qui domine actuellement à
Tokio est certes plein de présomption mais il
n'est tout de même pas asses dépourvu d'esprit
politique pour lancer, à l'heure actuelle, son pays
dans une aventure extrêmement périlleuse.
Aussi bien je ne pense pas à un danger immédiat
de ce côté.
Y en a-t-il un du côté des Indes Néerlandaises ?
Le Japon menace-t-II vraiment les possessions de
la Hollande dans l'Insulinde ? Beaucoup de Hol-
landais le croient.
L'action économique du Japon est Incontestable.
11 fait depuis vingt ans dans l'archipel des eltorts
soutenu» et couronnés de résultats pour dévelop-
per son commerce qui maintenant, pour l'expor-
tation. dépasse celui des Pays-Bu eux-mêmes.
Il engage des capitaux dans des entreprises di-
verses et s'interesse particulièrement aux planta-
tions de caoutchouc, l'une des matières preaU.
tes qui manquent totalement à son industrie.
Les Hollandais prétendent aussi qu'il appuie lè
mouvement nationaliste qui prend parfois les as-
fflffiwitnreilemfeht à la ruine de l'autorité de la Métro-
pole. U est asses difficile de dire ce que ces
craintes représentent d'exact. Elles nous parais-
sent ici encore exagérées. Il me semble qu'on
prête au Japon des Intentions qu'il n'a pas au
moins pour l'instant.
Quoi qu'il en soit, des hommes considérables
aux Pays-Bas demandent qu'en présence, du dan-
ger commun qui, sur les bords du Pacifique, me-
nace l'Angleterre, les Etats-Unis et la Hollande !
Ces puissances préparent une action concertée,
autrement dit un pacte de garantie mutuelle; La
France qui a de grands intérêts dans ces régions
serait invitée à y adhérer.
Certains conseillent A notre pays d'accepter ces
offres au cas où elles lui seraient faites. Ils émet.
tent en outre l'iddi que dans cette entente, sinon
cette coalition, une place soit réservée à la Rus-
sie.
Ces projets montrent la place que la question
du; Pacifique tient dans l'esprit de beaucoup de
ceux qui suivent les manifestations de la politique
internationale. Est-ce l'ère du Pacifique comme
vient de le déclarer l'ambassadeur soviétique à
Washington ? Peut-être ; encore qu'il ne faille pas
oublier qu'il y a sur les bords de l'Atlantique un
certain nombre de problèmes à résoudre et qui
sont urgents.
Hënry Fontanier,
, Ueputè du CantaL
Membre de la Commission
des Affaires Etrangros.
) ..a (
Au Conseil d Etal
Conseil du Gontentiéux administratif de
(gui-Chari. Requête d'un admi-
nistrateur des Colonies.
Dans un arrêt. par lui rendu, le Conseil
d'Etat a décidé que M. Delmas. administra-
teur des Colonies, n'était pas fondé à de-
mander à la colonie d'Oubangui-Chari
200.000 francs de dommages et intérêts pour
le préjudice qu'aurait causé à sa carrière
administrative l'application d'actes adminis-
tratifs que M. Delmas déclarait « irrégu-
liers ».
D'autre part, le Conseil d'Etat a. par
arrêt rendu, décidé que M. Delmas n'était
pas fondé à soutenir qu'il avait droit à une
partie de l'indemnité pour irais de service
afférente au commandement des subdivisions
rattachées aux circonscriptions dont il avait
été le chef.
Le Conseil d'Etat a, en outre, rejeté les
requêtes de M. Delmas tendant à l'annula-
tion :
1° D'une décision du Lieutenant-Couvert
neur de t'Oubangui-Chari, portant refus
d autorisation de piincipe au requérant de
faire usage d'une voiture automobile pout
les besoins du service; , i
20 D'une décision du même Lieutenant- -
Gouverneur du mois de juillet 1929, régler
mentant l'utilisation pour les fonctionnaires
en service dans l'Oubangui-Chari de leur,
voiture automobile personnelle pour les be.
soins du service; >
3° D'une décision toujours du même
Lieutenant-Gouverneur, en date du 9 sep-
tembre 1920, nommant le requérant chef de
la subdivision de Deksa.
VOIR EN DEUXIEME PAGE : 1
LA SAUVEGARDE 1
DES ARTS TUNISIENS I
par M. Gabriel PAYRE 1
LIS ACADIMIIS I
La crise marocaine
Marrakech, 31 décembre 1933.
;': line question soulevée lois d'une des der-
nières réunions de la Chambre de commerce
de 85ablabta. met en lumière les impru-
dences comtoises depuis des années, en ma-
tière de colonisation et de cultures au Ma-
roc. Voici les faits dont on peut tirer faci-
lement la morale :
On sait que, l'an dernier, pour venir en
aide aux colons victimes de la crise actuelle,
le Protectorat prit pour ainsi dire en charge
une partie des dettes des colons vis-à-vis de
leurs fournisseurs. Cette façon d'agir donna-
t-elle lieu à des abus à des actes pas tou-
jours très consciencieux la question n'est
pas là, en ce moment tout au moins.
Ce qui ressort du procès-verbal des séan.
ces du 6 et du 20 décembre dernier, c'est
qu'actuellement le Syndicat des fabricants
de machines agricoles déclare que les mem-
bres de cette association sont encore créan-
ciers de 30 millions dus par t. 500 colons
qui n'ont pas un sou pour les payer.
Une silllile division indique le chiffre
moyen des dettes contractées par chacun de
ces colons. Laissons de côté la discussion qui
1 s'est ouverte pour savoir si l'on serait en
droit ou tout au moins autorisé à deman-
der une nouvelle intervention des Pouvoirs
Publics dans le règlement de ces dettes
ce que nous voulons mettre en lumiëre c'est
-la façon singulièrement importante dont les
différentes parties en présence ont agi au
moment où ces dettes furent contractées.
A proprement parler, il semble qu'il y ait
eu aussi grande imprévoyance de la part des
fournisseurs que de la part des acheteurs.
Quelle garantie offraient ces derniers? La
valeur de propriétés qui, souvent, n'étaient
même .pas à eux tout au moins d'une fa-
çon définitive plus l'espoir de faire de
bonnes récoltes, grâce au matériel acheté et
à la perspective aléatoire de prix de
vente rémunérateurs de ces récoltes à venir.
C'est tout .car s'il y avait eu des dispo-
nibilités espèces au moment du contrat, on
n'aurait pas eu recours aux ventes à crédit.
Et en fait, que trouvait-on? Le besoin de
vendre quand même, pour faire un chiffre
d'affaires, sans s'assurer réellement de la sol-
vabilité du client.
Et ici apparaît une des grosses et des plus
lourdes causes de la situation critique du
Maroc. Depuis des années on a vécu au Ma-
roc de spéculations et de crédit. Spécula-
tion publique c'en est une au premier chef
que de compter sur une recette que ,les in-
whpértas, et maintes autres causes, peuvent
empêcher. Crédit mal fondé, donc dange-
tatix parce. que le succès, et par suite, le
paiement possible h la, date .prévue* ne- dé-
, 'fti"afr'J'W1W-; «r mêttiï du^rtt-
vij il de l'acquéreur. Celui-ci étant d'ailleurs
trop* souvent sollicité à acheter par son ven-
deur qui s'en remettait il la chance de voir
son client s'acquitter un jour.
Pendant un certain temps cette façon
d'agir a pu paraitre donner des résultats
tout au moins acceptables. Comme au Maroc
ce n'est offenser personne de faire cette
constatation tout le monde a toujours été
plus ou moins spéculateur, et comme, pen-
dant des années, ces spéculations purent
réussir, on avait cru que cela durerait tou-
jours.
Hélas t tout passe, et tout casse. On su-
bit aujourd'hui les lourdes conséquences de
l'imprévoyance passée. Mais à qui incombe
la faute? A vrai dire, elle peut être parta-
gée en trois : les commerçants qui ont
poussé à l'achat sans prendre les garanties
nécessaires, les colons qui ont joué sur leur
chance, les dirigeants qui n'ont pas fait en-
tendre en temps voulu les conseils de sagesse
et de modération.
Louis La Barbier.
+
La réglementation
minière en Indochine
Le Gouverneur général de l'Indochine
ayant signalé que dans chacun des pays de
l'Union indochinoise, aucun indice sérieux
de l'existence d'hydrocarbure n'avait été
relevé, pense néanmoins utile de réserver
l'avenir et de rendre applicable dans les ter-
ritoires placés sous son autorité, le décret
du 26 décembre 1931 édictant dans plu-
sieurs colonies et territoires sous mandat
des règles spéciales pour les hydrocarbures
naturels.
En conséquence, par un décret du 23 no-
vembre, les hydrocarbures liquides et ga-
zeux, les bitumes, asphaltes, schistes et
grès bitumeux indochinois, forment mainte-
nant une catégorie de substances concessi.
Mes.
En dehors des zones où la faculté d'ac-
quérir des droits de recherches est suspen-
due pour des motifs d'ordre public, le droit
de recherche et d'exploitation ne peut dé.
sonnais être acquis et exercé que dans les
conditions prévues au décret du 26 décem-
bre 1931. A titre povisoire et par déroga-
tion aux dispositions de l'article 31 du dé-
cret, du 26 décembre 1931, la Quotité du droit
au paiement duquel est subordonnée la déli-
vrance d'un permis de recherche des hydro-
carbures est celle fixée pour les autres per-
mis, par le décret du 26 janvier 1912 et les
textes qui l'ont modifié.
Enfin par dérogation aux dispositions du
second paragraphe du même article 21 du
décret du 26 décembre 1931, seront soumi-
ses à toutes les règles du décret du 29 mai
1931, fixant le régime des redevances mi-
nières en Indochine, les taxes superficiaires
et proportionnelles à la production dues par
les concessionnaires des mines renfermant
les substances de la catégorie visée ci-dessus
ainsi que par les demandeurs en concession
de ces mines ou par les pérmissionnaires de
recherches desdites substances.
Ce qui fait que désormais la réglementa-
tion des prospections minières et des hydro-
carbures ludochinoll se trouve une fois pour
toutes & l'ordre du jour et réglQsreotâe,
Mirages et Réalités
C'est-de la Nouvelle-Calédonie qu'il s'agit.
Nous estimons que cette colonie est, de tou-
tes les colonies françaises, cette qui souffre
le plus de la crise au'elle subit, et celle qui
aura le plus de difficultés à se rétablir du
mal dont elle aura souffert. Néanmoins
comme tout mal d'argent n'est jamais mortel
nous sommes convaincus que la courageuse et
vigoureuse population calédonienne arrivera
à rétablir sa situation économique efnnan-
cière compromise par les événements clima-
tériques qu'elle a subis et par les impruden-
ces de son Conseil général. La majorité de
cette Assemblée a été séduite par un somp-
tueux programme de travaux nécessitant un
total de 95 millions de francs à obtenir
par un emprunt, augmenté de 15 millions à
la charge de la colonie pour payer les pres-
tations allemandes qui devaient fournir le
matériel. Comme nous l'avons écrit dans les
Annales Coloniales au moment où le Conseil
général discutait ce programme, l'Assemblée
locale a taillé pour la Nouvelle-Calédonie
un vêtement beaucoup trop riche pour qu'elle
puisse en payer les frais.
Tout le monde connait la genèse des cir-
constanées qui ont mis le monde entier dans
la fâcheuse situation économique et finan-
cière où il se trouve.
Depuis la fin de la guerre la spéculation
a porté le prix de tous les produits dont les
populations ont besoin à des taux si élevés
qu'il ne fallait pas être très perspicace pour
prévoir qu'ils ne désisteraient pas à une réac.
tion. Le principe bien connu : il n'y a pas
d'action sans réaction, permsttait à chacun,
individus ou collectiz-ilés., de prendre des me-
sures pour se préserver d'une tourmente qui
ne pouvait manquer d'arriver à une époque
plus ou moins éloignée.
Ces prix élevés ont fait croire à beaucoup
de gens qu'ils étaient le signe d'une ère de
prospérité dont il fallait profiter. Des pro-
jets ont été établis et des dépenses ont été
engagées d'après les tarifs, ce qui n'a pas
étonné les gens qui avaient acquis de l'expé-
rience à leurs dépens dans les tourmentes
antérieures à celle que nous subissons.
C'est à cè moment que le Conseil général
de la Nouvelle-Calédonie, sur la proposition
de son Gouverneur, a accepté pour la colonie
l'exécution du programme de travaux dont
nous venons de faue' mention malgré l'op-
position de plusieurs membres de l'Assem-
blée. La- maiorité avait oublié ces vers de no-
tre vieux fabuliste :
Notes n'écoutons d'instinct que ceux qui sont
Mes nôtres
Et ne voyons le mal que lorsqu'il est venir.
Ce programme comprenait l'établissement
d'un f,é®eatt routl%*^-çonst«Ujr«; colonie; 1 organisation du port de Nouméa
avec un outillage moderne, la réorganisation
de plusieurs services avec tout le matériel
nécessaire à leur fonctionnement, etc. ; le
développement de la colonisation. Une ai.
sance qu'elle n'avait jamais connue allait en.
fin arriver à la Nouvelle-Calédonie qui
n'avait eu jusque-là qu'une seule route em-
pierrée reliant Nouméa à Bourail sur une
distance d'environ 168 kilomètres. Les autres
localités de la colonie n'étaient reliées entre
elles que par des sentiers ou des chemins non
empierrés sur lesquels des voitures ne pou-
vaient circuler que lorsque, le temps le per-
mettait: Aussi l'exposé de ces projets suscita
l'enthousiasme de la majorité du Conseil
général et de la population.
Personne ne pensa, sauf les membrès de
l'opposition, que peu de temps après la mise
en train des travaux à exécuter une réaction
formidable allait faire baisser les prix de
toutes les productions de la colonie et les
mettre à un taux qui ne /permettrait plus au
budget local de faire face à ses engage-
ments.
La première tranche de 33 millions de
l'emprunt ayant été engagée dans les travaux
en cours d'exécution, le gouvernement métro-
politain qui avait garanti l'emprunt refusa
à la colonie l'autorisation d'émettre la
deuxième tranche jusqu'à ce qu'elle puisse
justifier qu'elle avait les moyens d'en assu-
rer le paiement. Or voici que les budgets
de la Nouvelle-Calédonie sont déficitaires
depuis trois ans et que le déficit augmente
chaque année.
A la dernière session du Conseil général
ouverte le 19 août dernier, le Gouverneur
a déclaré que ce déficit s'élevait à 17 millions
de francs et que celui de 1933 sera encore
déficitaire. Cette situation imposait à la Mé-
tropole l'obligation de ne pas autoriser la
colonie à réaliser la deuxième tranche de
son emprunt.
Faute d'argent la colonie a été obligée
d'arrêter les travaux en cours d'exécution.
Le Conseil général aux abois a sollicité
M. le ministre des Colonies de vouloir bien
lui accorder quelques millions pour achever
certains travaux pour lesquels il n'à plus au-
cune ressource. C'est l'effondrement au lieu
de l'aisance qu'un mirage trompeur avait fait
entrevoir à la population dans des discours
éloquents et bien ordonnés où tout avait été
prévu sauf les risques qui avaient été omis.
Lorsqu'une petite collectivité comme la
collectivité calédonienne, où tous les habi-
tants se connaissent, décide de contracter un
emprunt il faut d abord savoir combien il
y aura d'emprunteurs pour en payer les in-
térêts et le remboursement. Or en Nouvelle-
Calédonie on compte qu'il n'y a qu'environ
cinq mille contribuables. Cette constatation
aurait déjà démontré qu'un certain nombre
de colons qui n'ont pour se nourrir que ce
qu'ils produisent, seraient obligés de donner
toutes leurs productions pour payer les im-
pôts, résultant du nouvel emprunt et de ceux
déjà contractés. Il y a bien quelques contri-
buables qui ont des ressources suffisantes
pour pouvoir payer et vivre sans produire
mais ils sont très peu nombreux.
La Nouvelle-Calédonie est un pays de pe-
tite colonisation où le plus grand nombre de
colons exploitent eux-mêmes la terre qu'ils
cultivent et qui n'ont d'autres ressources
que leur travail. Le Conseil général n'a pas
pensé au risque que faisait courir à cette ca-
tégorie d'habitants le somptueux programme
qui lui était soumis. Aussi aujourd'hui tous
les conseillers généraux qui l'ont volé cher-
chent-ils à se soustraire à jeur responsabilil-i.
Quant à l'extension de la colonisation qui
figure dans l'emploi des fonds d'emprunt de
la Nouvelle-Calédonie tous les membres du
Conseil général eu connaissaient les difficul-
tés. S'il y a eu des époques où-les gouver-
neurs ont pu déterminer un assez grand nom-
bre de familles à venir s'y installer, le mo.
ment n'est pas propice pour obtenir ce ré-
sultat.
Quelles que soient l'es causes qui ont ame-
né hi. détresse de la Nouvelle-Calédonie,
nous sommes convaincue qu'elle se rolèvera,
et nous espérons que la Métropole lui pyr-
tera le secours que méritent les qualités de
sa population. énergique et "lHiVIr.&UC-¡ £ 0 -*
n'est pas le moment de suspecter sa valeur,.
mais celui de lui venir en aide par laus- les
moyens que les collectivités humaines em-
ploient pour secourir leurs semblables.
Nous avons dans le Pacifique une autre
colonie dont la capitale est à Tahiti et dont
la détresse, aussi grande que celle de la
Nouvelle-Calédonie ne peut étre relevée que
par le secours que la Métropole lui donnera.
La France ne pouvant en ce moment 11e
porter qu'un secours insuffisant à ces deux
colonies nous leur suggérons le projet d'émet-
tre ensemble une loterie de 500 millions à
raison de 250 millions pour chacune; d'elles
sous la dénomination commune Loterie des
Colonies pançaiscs dit Pacifique.
Des billets émis à 50 francs en plusieurs
tranches, 200 millions de lots, 100 millions
pour la publicité et le placement des billets
dans le monde entier laisserait 200 milliol1
aux deux colonies, soit iou millions ù cha-
cune d'elles dont le désastre serait comme.
La publicité dont ces colonie seraient
l'objet pour le placement des billets dans le
monde entier eu utilisant le verso de cr.b bil-
lets pour y indiquer leurs produits, le- fe-
raient connaître et rechercher. Nul ne peut
prévoir les résultats d'une opération de celte
nature dont la moralité nu peut ètre conte:,-
téc comme nous le démontrerons dans un pro.
chain article.
Commandant Laporte.
Chef d'escadron hrcvcM en retraite.
Une mission retourne
au Hoggar
M. Gautier, Professeur de l'Université
d'Alger, et M. Reygasse. qui a fait de nom-
breux travaux sur la préhistoire de l'Afrique
du Nord, vont partir prochainement pour le
Hoggar, afin de pousser plus activement les
recherches déjà effectuées dans cette région
de notre grand Désert.
La mission est patronnée par le Ministère
de l'Instruction publique, et subventionnée
par l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres.
Il y a six ans, M. Reygasse, au cours de
fouilles, avait découvert, en compagnie d'un
Américain, M. Paroc, une sépulture située
approximativement à une cinquantaine de
kilomètres de Tamanrasset, et contenant un
squelette de femme.
Autour de ce squelette, se trouvaient dif-
férents objets précieux et entre autres, un
vase contenant une pièce de monnaie à l'ef-
figie d'un empereur romain.
La tradition targuie veut que cette sépul-
ture soit celle de la reine Tm-Hinau (Anti-
néa).
Au début de cette année, M. Reygasse
retourna au Hoggar et continua ses fouilles
qui l'amenèrent à cette conclusion que la
stpulture était un gîte d'étape placé sous la
garde d'archers à la solde de Rome.
La nouvelle Mission Gautier.Reygasse
part, cette fois, dans le but de situer un cer-
tain nombre d'auttes fortins jalonnant la
route qui, au IVe siècle, était empruntée par
1b marchands phéniciens.
Souhaitons pleine réussite aux deux sa-
vants.
En Tunisie
Suppression de la Direction Générale
de Travaux publics.
Poursuivant, les mesures de compression
administrative en Tunisie, le Résident général
vient de prendre des décisions importantes
concernant l'un des plus grands services du
Protectorat.
A la suite de cette décision, la direction
générale des Travaux publics est supprimée.
M. Favièrc, ingénieur en chef des Ponts et
Chaussées, précédemment directeur généra,l des
Travaux publics, a été remis à la disposition
de son administration d'origine.
Les deux postes inscrits, dont un seul était
pourvu de directeur général adjoint des Tra-
vaux publics, sont supprimés.
M. Buovolo, précédemment directeur géné-
ral adjoint, est nommé directeur des Travaux
publics.
et réorganisation du Conseil
des ministres
Un décret concernant le Conseil des mi-
nistres de la Régence vient d'être signé par
le Bey.
Les nouvelles dispositions ont pour objet de
donner plus de régularité au fonctionnement
du Conseil et d'en organiser le secrétariat.
Le nouveau texte précise que le Conseil des
ministres et les chefs de service du Gouver-
nement du protectorat délibèrent sous la prési-
dence du Résident général, ou, en cas d'em-
pêchement, du délégué à la Résidence géné-
rale, secrétaire général du Gouvernement tuni'
• N>jMi t*-| •– - - - -taMS NV, 13 Janvier 1934
JttRWIJgttlOIEN
Rédaction & Administration :
s«,fiiiiiMMl-1fcaiir
PARIB au)
VELIPU. 1 OPERA 614,8*
(a LIGNES)
i 1 0 l
Les Annaleà Coloniales
Fondateur : Mqro«t RUEDBL
IIOILIEIEITS
ma la Rftu, illustré* t
U. 8 Mol. 8 Mol.
Franw et
ol0llie8. 180 u 100 * 60 a
tti Rnger - - 240* 125 s 10.
Le Numéro : 30 osntimei
On l'abonne sans frais dans
tous tes bureaux de poste.
L'ouvre scientifique du P. de Foucauld
Eti 1914, u* la" Vëille même dé la gùetre,
M. Paul Hourdaric, directeur de- la Revue
Indigetre, obtenait du 1'. de Foucauld, qui
deux ans plus tard, en son ermitage saha-
ricn, devait mourir en héroïque victime, l'au-
torisation de faire xéimprimer le livre inti-
tulé Reconnaissance au âfqroc, qui avait, en
1888, renouvelé la géographie du mystérieux
empire. L'Académie des sciences coloniales
applaudit à ce dessein ; la guerre et les dif-
ficultés qui lui succédèrent çmpùchèrent toute
réalisation. Actuellement, ce travail se pré-
pare, tant pour le texte du livre que .pour le
précieux Atlas, par les soins de la Sociite
d'édifions géographiqucs, maritimes et ((}ic"
mates; et cet honneur était dû à la mémoire
du jeune explorateur qui sut ajouter deux
mille deux cent cinquante kilomètres aux
itinéraires fixés par ses devancicrs, et déter-
miner quarante chut longitudes" quaruite la-
titudes, t l'ois mille altltwt.-.¡
Je ne pourrai, dans tes limites d'un arti-
cle, montrer en toute leur richesse f en leurs
successions imprévues, les mttitip.es aspects
de cette physionomie, tels que mous les dé-
crit M. l'aul Lcsoutd en son livre très neuf,
très pittoresque, très vivant : La vraie figure
dti etre de Fotlcould, livre qui. s'ouvre-par
les plus turbulentes aventures de - jeutlfesso,
racontées pour la. première fois d'aijmïs d'au-
thentiques confidences, et qui s'achève avec
tout l/'éc.at d'une Légende dorée, dans une
atmosphère d'admirable sainteté. On ne ré-
sume pas un tel portrait, il faut directe-
ment 1 observer, y saisir ou y pressentir tou-
tes les -forces de transfiguration, forces inti-
mes et forces transcendantes, qui lentement
le parachèvent, qui lentement l'élovent au-
dessus de nos costumiers champs de vision.
Mais il est uti chapitre qui doit .attirer
spécialement tas regards des dedeurs des
Annales Coloniales : c'est celui que M. Paul
Lesourd intitule : « Pour Dieu. vers une
Pat faite connaissance des lieux, des langues,
des mœurs ,dt's coutumes t.
Préoccupé de porter aux Touareg, non
point -à brusques propositions de converljtaù
telle ne .fut jamais sa -méthode mais,
quelques notions de ce que nous sommes*
nous Français, et de ce .qu'est notre civilisa
ttoti chrétiennet le P. de Foucauld s'assigna
cette tâche, de se familiariser avetr leur lan-
gué. avec tout passé) &V. ut littdratures Il
P
: --. --Uri'tfÍ,\,lft.,
ouvriers qui suivraient » ; il devint leur gram.
mairien. On avait un eu de l'ermite, un sou
par vers, lorsqu'on venait lui apporter des
textes de poésies touareg 2 un mots durant,
en 1907, les visiteurs affluèrent en sa. tente,
portrs d'un tel butin. Mais il s'en allait
autfsi dans les douars voisins, et des heures
durant, accroupi sous un arbre, multipliant,
autour de lui les petits cadeaux, il recueillait
sur les lèvrèsjles enfants et des femmes, les
i strophes mi snftpanchait l'âme des Touareg.
A la JÔie de l'érudit se joignait, ces jours-
là, coU., tlu civilisateur, celle de l'apôtre.
« Je suis très heureux, écrivait-il,, de cet
apprivoisement qui s'accentue ; ce n'est qu'un
premier pas, bien petit, bien humble, mais
enfin il fallait le faire pour tomber
tant de préjugés, de répulsions, de dé-
Tiances. » Cène pensée soutenait sa patience s
ce qu'il y Avait parfois de mmtone, en de
telles enquêtes,. ne. 1'̃effrayait ni die .le ,éoo¡\'
certait.
Un certain Alunçd Ben Menin, qui sera
en, récompense de son dévouement, déooréde
laXégion d'honneur, fut pour le P. de Fou-
cauld un informateur d'élite. Et quelle in-
rormatrice, aussi, que celle qui, on pays
hoggar, Bcst en quelque sorte une souveraine,
la musicienne- et poétesse Dassine, que glo-
rifie, d'oasis en oasis, un des plus beaux
poèmes d amour de la littérature touareg. La
ligure découverte - -- comme c'est le cas pour
toùtes tes femmes du Hoggar elle répon-
dait aux appels de l'ermite 3 elle venait tra-
vailler de longues heures avec lui; elle se
laissait interroger, et-le récitait. Plus de douze
cents pièces de vers, notés par le P. de FoU-
cauld, furent un présent de cette Dassine.
Les officiers méhari stes du voisinage
aidaient l'ermite à ranger ses innombrables
notes, à recopier : M. Paul Lesourd, dont
le livre est le fruit de nombreuses enquêtes
personnelles, a rencontré à Périgueux un de
ses diligents collaborateurs, dont le nom doit
Gtrc retenu par tous les admirateurs de cette
gtandc btuvie liètériHtc et SGtëntinque, M."le"'
capitaine Désiré.
Le Père Du voulait pas se révéler comme
l'auteur d'une telle œuvre : la grammaire et
le dictionnaire 'français touareg qui de son
vivant furent publiés étaient signés de l'in-
terprète Motylinski. Nombre de, petits cahiers
d'une écriture fine et serrée, ornés à chaque
page de ces deux mots : Jésus Caritas, de-
vise du P. de Foucauld, passèrent après sn.
mort conformément à son désir, entre les doc-
tes mains de M. René Basset, doyen de la
Faculté des lettres d'Alger, qui en entreprit
la publication. Ainsi purent, nous être révé-
lérs les splendeurs et les grâces de la poésie
touareg. Un dictionnaire des noms propres,
un grand dictionnaire touareg-français de.
meurent encore inédits. Toute une encyclopé-
die de la vie du Hoggar sera ainsi mise à la
disposition des linguistes, des ethnographes,
des géographes, et puis des missionnaires,
auxquels le P. de Foucauld voulait; à lon-
gue échéance, ouvrir les voies,
En vain désira-t-il qu'elle fût anonyme ou
qu'elle portât d'autres signatures que la
m
sd, tandis que a. sine- récdnment. inter.
rogée par un de nos officiers sahariens, lui
exprimait à l'endroit du P.' .de Foucauld une
autre gratitude, celle d.u Hoggar.
« Aimé de tous les Touaregs disait-elle, le
souvenir du marabout ne périra qu'avec notre
dernier souffle : c'est un homme qui n'a
fait*que du bien à notre population et qui
certainement doit être monté droit au ciel
depuis le jour oit Dieu l'a rappelé à Iiii. s
La musulmane Dassine a devancé les dé-
cisions romaines : d'ores et déjà, par ses
lèvres de poétesse, Charles de Foucauld,
bienfaiteur intellectuel de son peuple,. est
canonisé.
: George. Goyau,
de l'Académie Française.
Le Goavereeur Général Carde
rentre à Alger ::-<
4'è, Gouverneur général de i'Alg&iip,
àPbrisdepuis lè 13 décembre, a reçu àfjfiÉ-
hiër le ^giméral Benoit, artçién commandiaift™!
corps d attirée, cdloniâl, TjmHéfliJIe, conseilla
d'Etat ; M. P8tè& d'Qmi.
Il a eu, Vautre paft, un long entretien avec
M. Paganon, rtriiiitoe" des Travaux publics.
Au point de vue gOuvërJUmefttal, les COGVêt-
sations qu'il a pu avoir, ces derniers temps,
avec le président du Conseil, ayant été platées
sous le signe dé Lagny ou de Stavisky, il est
apparu au GouVérneur général qu'il réaliserait
plus facilement des actes à Alger que des pa-
ro les à Puis.
* Et c'éèfc, au fond" extrêmement que.
C'èst pouquoi M. Carde a quitté Paris hier au
soir pour regagner Alger.
»
J
t
Retours
UB OOUVUARBDR OBNBUL PABQUH3H
1 MW A DA".
• Le terrain d'aviation étant fortement dé-
trempé, l'Emeraude n'a pu prendre le dé-
- part de DtlMtls, vendredi à une hetiTBj
comme il était prévu. L'heure de Venvol n'a
pas éncrfrc'fyé fixé,
OU SOUDAN
Le Canada est arrivé hier matin à Mar-
seille. Le général Peltier, directeur des ser-
vices militaires an ministère des Colonies,,
et le général de Trentipiimi, étaient à bord.
Le général Peltier a regagné Paris, et le
général de TrenUgnian Pest rendu à Nice.
MB GENERAL GOUKAUD
A ."&MII
Le générai Gouraud est arrivé jeudi A In
Sallak. Le cutmel Garbillet, au nom du gé.
, néral commandent le rrfJ corps, et le colonel
W«n, au nom du co^nfMntUmt de VAvta-
tion idgom Vmd sedué sur la pute
fértrft, 6Itb remmMm.
Le ypyage des Souverains Siamois
,', :.ivri:nl la programme établi par leur
hffl/aftd à l'étranger, les souverain$siu-
4mis se sont embarqués hitw, 12, à Bang-
ftpfa-mr le vapeur valnyn.
rJ-Lç prince Narisra, oncle du roi, a été
•U&Ultrié régent, pendant l'abscnçc du sou-
-jrt.
, ..-.(----
La commémoration da premier envol
d'un avion dans le ciel malgache
Le Gouverneur général p. i. Bernard a inau-
Suré, tout près de Tananarive, sur le plateau
d Atâphibe, une stèle destinée à perpétuer
le premier envol d'un avion dans le ciel mal -
gache.
Le 7 juillet 1911,. l'administrateur des Co
lonies Raoult, à bord d'un appareil Blériot
type XI, décollait du terrain d Androhibe et
sÙlVOtait longuement Tananarive et le Palais
de la Reine, à l'admiration des indigènes et
même de bien des Européens qui, pour la pre-
mière fois, voyaient une « machine volante ».
L aviation était alors à ses débuts et Raoult
venait de réaliser un véritable exploit.
Un tel geste ne pouvait daneurer dans l'ou-
bli : sur 1 initiative de l'Aéro-Club de Mada-
gascar et sous les auspices de notre confrère
La Tribune, Comité s'est fonné ponr com-
mémorer ce premier vol. tl vient de faire
planter en terie à Venîroit même d'où il y a
tfngt-daix ans, Raoult quitta le sol, une stèle
de granit qui. par une brève inscription, rap-
pelle l'événement.
r i ..& -
M. Ernest Picard ayant qitté
la "Basque de l'Algérie"
M, Bmwt Picard, dont nous annonerom le 9
qu'il a quitté la direction générale de la Brn-
qu de FAI a être nonmié admi.
mnrateur âa Gompunr National d^Bcansie de
Purin. -
Sur les bords ,,1
du Pacifique. .,.
.1 !
; e )"
NE certaine inquiétuoe
régne pàrmi les peu-
ples de ratie blanche
qui ont" des établiNe-
ments sur les boitds
du Pecifiquê. On y
redoute les progrès'du
Japon.
L'Austtalie et les
Paya-Bu se sentent
particulièrement me-
nacés. Des nouvelles
rémtu prvmm de
Melbourne nous ap-
prennent que le grand dominion britannique re-
doute une attaque japonaise. Des renseignements
abondants et précis sont dôllnâ.
Si on les en croit, ta marine nippone aurait
fait une étude spéciale des rivages nord du
continent australien. Un relevé detauié du côtes
aurait été opéré, comme si une démonstration
militaire était imminente.
De son côté, le gouvernement fédéral fie Cm.
berra se serait ému de ces diverses démarches ;
il aurait décidé de prendre des mesures- de dé-
fense et, malgré l'opposition d'une importante
partie de l'opinion pUDuque. U aurait nm par
arracher au Parlement le vote de crédits desti-
nés à la construction d'un bâtiment de guerre.
J'ai l'impression qu'il y a beaucoup d exagéra-
tion dans Ca nouvelles sansauonneues. Le& in-
tentions que l'on prête au japon me semblent
en ce moment peu vraisemblables. A moins quç
ce pays n'ait un accord secret avec l'Allemagne
ce que d'aucuns soutiennent on cherche
vainement les raisons qui pourraient à l'heure
actuelle le pousser à engager un conflit avec la
Grande-Bretagne.
Le parti militaire qui domine actuellement à
Tokio est certes plein de présomption mais il
n'est tout de même pas asses dépourvu d'esprit
politique pour lancer, à l'heure actuelle, son pays
dans une aventure extrêmement périlleuse.
Aussi bien je ne pense pas à un danger immédiat
de ce côté.
Y en a-t-il un du côté des Indes Néerlandaises ?
Le Japon menace-t-II vraiment les possessions de
la Hollande dans l'Insulinde ? Beaucoup de Hol-
landais le croient.
L'action économique du Japon est Incontestable.
11 fait depuis vingt ans dans l'archipel des eltorts
soutenu» et couronnés de résultats pour dévelop-
per son commerce qui maintenant, pour l'expor-
tation. dépasse celui des Pays-Bu eux-mêmes.
Il engage des capitaux dans des entreprises di-
verses et s'interesse particulièrement aux planta-
tions de caoutchouc, l'une des matières preaU.
tes qui manquent totalement à son industrie.
Les Hollandais prétendent aussi qu'il appuie lè
mouvement nationaliste qui prend parfois les as-
fflffiwitnreilemfeht à la ruine de l'autorité de la Métro-
pole. U est asses difficile de dire ce que ces
craintes représentent d'exact. Elles nous parais-
sent ici encore exagérées. Il me semble qu'on
prête au Japon des Intentions qu'il n'a pas au
moins pour l'instant.
Quoi qu'il en soit, des hommes considérables
aux Pays-Bas demandent qu'en présence, du dan-
ger commun qui, sur les bords du Pacifique, me-
nace l'Angleterre, les Etats-Unis et la Hollande !
Ces puissances préparent une action concertée,
autrement dit un pacte de garantie mutuelle; La
France qui a de grands intérêts dans ces régions
serait invitée à y adhérer.
Certains conseillent A notre pays d'accepter ces
offres au cas où elles lui seraient faites. Ils émet.
tent en outre l'iddi que dans cette entente, sinon
cette coalition, une place soit réservée à la Rus-
sie.
Ces projets montrent la place que la question
du; Pacifique tient dans l'esprit de beaucoup de
ceux qui suivent les manifestations de la politique
internationale. Est-ce l'ère du Pacifique comme
vient de le déclarer l'ambassadeur soviétique à
Washington ? Peut-être ; encore qu'il ne faille pas
oublier qu'il y a sur les bords de l'Atlantique un
certain nombre de problèmes à résoudre et qui
sont urgents.
Hënry Fontanier,
, Ueputè du CantaL
Membre de la Commission
des Affaires Etrangros.
) ..a (
Au Conseil d Etal
Conseil du Gontentiéux administratif de
(gui-Chari. Requête d'un admi-
nistrateur des Colonies.
Dans un arrêt. par lui rendu, le Conseil
d'Etat a décidé que M. Delmas. administra-
teur des Colonies, n'était pas fondé à de-
mander à la colonie d'Oubangui-Chari
200.000 francs de dommages et intérêts pour
le préjudice qu'aurait causé à sa carrière
administrative l'application d'actes adminis-
tratifs que M. Delmas déclarait « irrégu-
liers ».
D'autre part, le Conseil d'Etat a. par
arrêt rendu, décidé que M. Delmas n'était
pas fondé à soutenir qu'il avait droit à une
partie de l'indemnité pour irais de service
afférente au commandement des subdivisions
rattachées aux circonscriptions dont il avait
été le chef.
Le Conseil d'Etat a, en outre, rejeté les
requêtes de M. Delmas tendant à l'annula-
tion :
1° D'une décision du Lieutenant-Couvert
neur de t'Oubangui-Chari, portant refus
d autorisation de piincipe au requérant de
faire usage d'une voiture automobile pout
les besoins du service; , i
20 D'une décision du même Lieutenant- -
Gouverneur du mois de juillet 1929, régler
mentant l'utilisation pour les fonctionnaires
en service dans l'Oubangui-Chari de leur,
voiture automobile personnelle pour les be.
soins du service; >
3° D'une décision toujours du même
Lieutenant-Gouverneur, en date du 9 sep-
tembre 1920, nommant le requérant chef de
la subdivision de Deksa.
VOIR EN DEUXIEME PAGE : 1
LA SAUVEGARDE 1
DES ARTS TUNISIENS I
par M. Gabriel PAYRE 1
LIS ACADIMIIS I
La crise marocaine
Marrakech, 31 décembre 1933.
;': line question soulevée lois d'une des der-
nières réunions de la Chambre de commerce
de 85ablabta. met en lumière les impru-
dences comtoises depuis des années, en ma-
tière de colonisation et de cultures au Ma-
roc. Voici les faits dont on peut tirer faci-
lement la morale :
On sait que, l'an dernier, pour venir en
aide aux colons victimes de la crise actuelle,
le Protectorat prit pour ainsi dire en charge
une partie des dettes des colons vis-à-vis de
leurs fournisseurs. Cette façon d'agir donna-
t-elle lieu à des abus à des actes pas tou-
jours très consciencieux la question n'est
pas là, en ce moment tout au moins.
Ce qui ressort du procès-verbal des séan.
ces du 6 et du 20 décembre dernier, c'est
qu'actuellement le Syndicat des fabricants
de machines agricoles déclare que les mem-
bres de cette association sont encore créan-
ciers de 30 millions dus par t. 500 colons
qui n'ont pas un sou pour les payer.
Une silllile division indique le chiffre
moyen des dettes contractées par chacun de
ces colons. Laissons de côté la discussion qui
1 s'est ouverte pour savoir si l'on serait en
droit ou tout au moins autorisé à deman-
der une nouvelle intervention des Pouvoirs
Publics dans le règlement de ces dettes
ce que nous voulons mettre en lumiëre c'est
-la façon singulièrement importante dont les
différentes parties en présence ont agi au
moment où ces dettes furent contractées.
A proprement parler, il semble qu'il y ait
eu aussi grande imprévoyance de la part des
fournisseurs que de la part des acheteurs.
Quelle garantie offraient ces derniers? La
valeur de propriétés qui, souvent, n'étaient
même .pas à eux tout au moins d'une fa-
çon définitive plus l'espoir de faire de
bonnes récoltes, grâce au matériel acheté et
à la perspective aléatoire de prix de
vente rémunérateurs de ces récoltes à venir.
C'est tout .car s'il y avait eu des dispo-
nibilités espèces au moment du contrat, on
n'aurait pas eu recours aux ventes à crédit.
Et en fait, que trouvait-on? Le besoin de
vendre quand même, pour faire un chiffre
d'affaires, sans s'assurer réellement de la sol-
vabilité du client.
Et ici apparaît une des grosses et des plus
lourdes causes de la situation critique du
Maroc. Depuis des années on a vécu au Ma-
roc de spéculations et de crédit. Spécula-
tion publique c'en est une au premier chef
que de compter sur une recette que ,les in-
whpértas, et maintes autres causes, peuvent
empêcher. Crédit mal fondé, donc dange-
tatix parce. que le succès, et par suite, le
paiement possible h la, date .prévue* ne- dé-
, 'fti"afr'J'W1W-; «r mêttiï du^rtt-
vij il de l'acquéreur. Celui-ci étant d'ailleurs
trop* souvent sollicité à acheter par son ven-
deur qui s'en remettait il la chance de voir
son client s'acquitter un jour.
Pendant un certain temps cette façon
d'agir a pu paraitre donner des résultats
tout au moins acceptables. Comme au Maroc
ce n'est offenser personne de faire cette
constatation tout le monde a toujours été
plus ou moins spéculateur, et comme, pen-
dant des années, ces spéculations purent
réussir, on avait cru que cela durerait tou-
jours.
Hélas t tout passe, et tout casse. On su-
bit aujourd'hui les lourdes conséquences de
l'imprévoyance passée. Mais à qui incombe
la faute? A vrai dire, elle peut être parta-
gée en trois : les commerçants qui ont
poussé à l'achat sans prendre les garanties
nécessaires, les colons qui ont joué sur leur
chance, les dirigeants qui n'ont pas fait en-
tendre en temps voulu les conseils de sagesse
et de modération.
Louis La Barbier.
+
La réglementation
minière en Indochine
Le Gouverneur général de l'Indochine
ayant signalé que dans chacun des pays de
l'Union indochinoise, aucun indice sérieux
de l'existence d'hydrocarbure n'avait été
relevé, pense néanmoins utile de réserver
l'avenir et de rendre applicable dans les ter-
ritoires placés sous son autorité, le décret
du 26 décembre 1931 édictant dans plu-
sieurs colonies et territoires sous mandat
des règles spéciales pour les hydrocarbures
naturels.
En conséquence, par un décret du 23 no-
vembre, les hydrocarbures liquides et ga-
zeux, les bitumes, asphaltes, schistes et
grès bitumeux indochinois, forment mainte-
nant une catégorie de substances concessi.
Mes.
En dehors des zones où la faculté d'ac-
quérir des droits de recherches est suspen-
due pour des motifs d'ordre public, le droit
de recherche et d'exploitation ne peut dé.
sonnais être acquis et exercé que dans les
conditions prévues au décret du 26 décem-
bre 1931. A titre povisoire et par déroga-
tion aux dispositions de l'article 31 du dé-
cret, du 26 décembre 1931, la Quotité du droit
au paiement duquel est subordonnée la déli-
vrance d'un permis de recherche des hydro-
carbures est celle fixée pour les autres per-
mis, par le décret du 26 janvier 1912 et les
textes qui l'ont modifié.
Enfin par dérogation aux dispositions du
second paragraphe du même article 21 du
décret du 26 décembre 1931, seront soumi-
ses à toutes les règles du décret du 29 mai
1931, fixant le régime des redevances mi-
nières en Indochine, les taxes superficiaires
et proportionnelles à la production dues par
les concessionnaires des mines renfermant
les substances de la catégorie visée ci-dessus
ainsi que par les demandeurs en concession
de ces mines ou par les pérmissionnaires de
recherches desdites substances.
Ce qui fait que désormais la réglementa-
tion des prospections minières et des hydro-
carbures ludochinoll se trouve une fois pour
toutes & l'ordre du jour et réglQsreotâe,
Mirages et Réalités
C'est-de la Nouvelle-Calédonie qu'il s'agit.
Nous estimons que cette colonie est, de tou-
tes les colonies françaises, cette qui souffre
le plus de la crise au'elle subit, et celle qui
aura le plus de difficultés à se rétablir du
mal dont elle aura souffert. Néanmoins
comme tout mal d'argent n'est jamais mortel
nous sommes convaincus que la courageuse et
vigoureuse population calédonienne arrivera
à rétablir sa situation économique efnnan-
cière compromise par les événements clima-
tériques qu'elle a subis et par les impruden-
ces de son Conseil général. La majorité de
cette Assemblée a été séduite par un somp-
tueux programme de travaux nécessitant un
total de 95 millions de francs à obtenir
par un emprunt, augmenté de 15 millions à
la charge de la colonie pour payer les pres-
tations allemandes qui devaient fournir le
matériel. Comme nous l'avons écrit dans les
Annales Coloniales au moment où le Conseil
général discutait ce programme, l'Assemblée
locale a taillé pour la Nouvelle-Calédonie
un vêtement beaucoup trop riche pour qu'elle
puisse en payer les frais.
Tout le monde connait la genèse des cir-
constanées qui ont mis le monde entier dans
la fâcheuse situation économique et finan-
cière où il se trouve.
Depuis la fin de la guerre la spéculation
a porté le prix de tous les produits dont les
populations ont besoin à des taux si élevés
qu'il ne fallait pas être très perspicace pour
prévoir qu'ils ne désisteraient pas à une réac.
tion. Le principe bien connu : il n'y a pas
d'action sans réaction, permsttait à chacun,
individus ou collectiz-ilés., de prendre des me-
sures pour se préserver d'une tourmente qui
ne pouvait manquer d'arriver à une époque
plus ou moins éloignée.
Ces prix élevés ont fait croire à beaucoup
de gens qu'ils étaient le signe d'une ère de
prospérité dont il fallait profiter. Des pro-
jets ont été établis et des dépenses ont été
engagées d'après les tarifs, ce qui n'a pas
étonné les gens qui avaient acquis de l'expé-
rience à leurs dépens dans les tourmentes
antérieures à celle que nous subissons.
C'est à cè moment que le Conseil général
de la Nouvelle-Calédonie, sur la proposition
de son Gouverneur, a accepté pour la colonie
l'exécution du programme de travaux dont
nous venons de faue' mention malgré l'op-
position de plusieurs membres de l'Assem-
blée. La- maiorité avait oublié ces vers de no-
tre vieux fabuliste :
Notes n'écoutons d'instinct que ceux qui sont
Mes nôtres
Et ne voyons le mal que lorsqu'il est venir.
Ce programme comprenait l'établissement
d'un f,é®eatt routl%*^-çonst«Ujr«;
avec un outillage moderne, la réorganisation
de plusieurs services avec tout le matériel
nécessaire à leur fonctionnement, etc. ; le
développement de la colonisation. Une ai.
sance qu'elle n'avait jamais connue allait en.
fin arriver à la Nouvelle-Calédonie qui
n'avait eu jusque-là qu'une seule route em-
pierrée reliant Nouméa à Bourail sur une
distance d'environ 168 kilomètres. Les autres
localités de la colonie n'étaient reliées entre
elles que par des sentiers ou des chemins non
empierrés sur lesquels des voitures ne pou-
vaient circuler que lorsque, le temps le per-
mettait: Aussi l'exposé de ces projets suscita
l'enthousiasme de la majorité du Conseil
général et de la population.
Personne ne pensa, sauf les membrès de
l'opposition, que peu de temps après la mise
en train des travaux à exécuter une réaction
formidable allait faire baisser les prix de
toutes les productions de la colonie et les
mettre à un taux qui ne /permettrait plus au
budget local de faire face à ses engage-
ments.
La première tranche de 33 millions de
l'emprunt ayant été engagée dans les travaux
en cours d'exécution, le gouvernement métro-
politain qui avait garanti l'emprunt refusa
à la colonie l'autorisation d'émettre la
deuxième tranche jusqu'à ce qu'elle puisse
justifier qu'elle avait les moyens d'en assu-
rer le paiement. Or voici que les budgets
de la Nouvelle-Calédonie sont déficitaires
depuis trois ans et que le déficit augmente
chaque année.
A la dernière session du Conseil général
ouverte le 19 août dernier, le Gouverneur
a déclaré que ce déficit s'élevait à 17 millions
de francs et que celui de 1933 sera encore
déficitaire. Cette situation imposait à la Mé-
tropole l'obligation de ne pas autoriser la
colonie à réaliser la deuxième tranche de
son emprunt.
Faute d'argent la colonie a été obligée
d'arrêter les travaux en cours d'exécution.
Le Conseil général aux abois a sollicité
M. le ministre des Colonies de vouloir bien
lui accorder quelques millions pour achever
certains travaux pour lesquels il n'à plus au-
cune ressource. C'est l'effondrement au lieu
de l'aisance qu'un mirage trompeur avait fait
entrevoir à la population dans des discours
éloquents et bien ordonnés où tout avait été
prévu sauf les risques qui avaient été omis.
Lorsqu'une petite collectivité comme la
collectivité calédonienne, où tous les habi-
tants se connaissent, décide de contracter un
emprunt il faut d abord savoir combien il
y aura d'emprunteurs pour en payer les in-
térêts et le remboursement. Or en Nouvelle-
Calédonie on compte qu'il n'y a qu'environ
cinq mille contribuables. Cette constatation
aurait déjà démontré qu'un certain nombre
de colons qui n'ont pour se nourrir que ce
qu'ils produisent, seraient obligés de donner
toutes leurs productions pour payer les im-
pôts, résultant du nouvel emprunt et de ceux
déjà contractés. Il y a bien quelques contri-
buables qui ont des ressources suffisantes
pour pouvoir payer et vivre sans produire
mais ils sont très peu nombreux.
La Nouvelle-Calédonie est un pays de pe-
tite colonisation où le plus grand nombre de
colons exploitent eux-mêmes la terre qu'ils
cultivent et qui n'ont d'autres ressources
que leur travail. Le Conseil général n'a pas
pensé au risque que faisait courir à cette ca-
tégorie d'habitants le somptueux programme
qui lui était soumis. Aussi aujourd'hui tous
les conseillers généraux qui l'ont volé cher-
chent-ils à se soustraire à jeur responsabilil-i.
Quant à l'extension de la colonisation qui
figure dans l'emploi des fonds d'emprunt de
la Nouvelle-Calédonie tous les membres du
Conseil général eu connaissaient les difficul-
tés. S'il y a eu des époques où-les gouver-
neurs ont pu déterminer un assez grand nom-
bre de familles à venir s'y installer, le mo.
ment n'est pas propice pour obtenir ce ré-
sultat.
Quelles que soient l'es causes qui ont ame-
né hi. détresse de la Nouvelle-Calédonie,
nous sommes convaincue qu'elle se rolèvera,
et nous espérons que la Métropole lui pyr-
tera le secours que méritent les qualités de
sa population. énergique et "lHiVIr.&UC-¡ £ 0 -*
n'est pas le moment de suspecter sa valeur,.
mais celui de lui venir en aide par laus- les
moyens que les collectivités humaines em-
ploient pour secourir leurs semblables.
Nous avons dans le Pacifique une autre
colonie dont la capitale est à Tahiti et dont
la détresse, aussi grande que celle de la
Nouvelle-Calédonie ne peut étre relevée que
par le secours que la Métropole lui donnera.
La France ne pouvant en ce moment 11e
porter qu'un secours insuffisant à ces deux
colonies nous leur suggérons le projet d'émet-
tre ensemble une loterie de 500 millions à
raison de 250 millions pour chacune; d'elles
sous la dénomination commune Loterie des
Colonies pançaiscs dit Pacifique.
Des billets émis à 50 francs en plusieurs
tranches, 200 millions de lots, 100 millions
pour la publicité et le placement des billets
dans le monde entier laisserait 200 milliol1
aux deux colonies, soit iou millions ù cha-
cune d'elles dont le désastre serait comme.
La publicité dont ces colonie seraient
l'objet pour le placement des billets dans le
monde entier eu utilisant le verso de cr.b bil-
lets pour y indiquer leurs produits, le- fe-
raient connaître et rechercher. Nul ne peut
prévoir les résultats d'une opération de celte
nature dont la moralité nu peut ètre conte:,-
téc comme nous le démontrerons dans un pro.
chain article.
Commandant Laporte.
Chef d'escadron hrcvcM en retraite.
Une mission retourne
au Hoggar
M. Gautier, Professeur de l'Université
d'Alger, et M. Reygasse. qui a fait de nom-
breux travaux sur la préhistoire de l'Afrique
du Nord, vont partir prochainement pour le
Hoggar, afin de pousser plus activement les
recherches déjà effectuées dans cette région
de notre grand Désert.
La mission est patronnée par le Ministère
de l'Instruction publique, et subventionnée
par l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres.
Il y a six ans, M. Reygasse, au cours de
fouilles, avait découvert, en compagnie d'un
Américain, M. Paroc, une sépulture située
approximativement à une cinquantaine de
kilomètres de Tamanrasset, et contenant un
squelette de femme.
Autour de ce squelette, se trouvaient dif-
férents objets précieux et entre autres, un
vase contenant une pièce de monnaie à l'ef-
figie d'un empereur romain.
La tradition targuie veut que cette sépul-
ture soit celle de la reine Tm-Hinau (Anti-
néa).
Au début de cette année, M. Reygasse
retourna au Hoggar et continua ses fouilles
qui l'amenèrent à cette conclusion que la
stpulture était un gîte d'étape placé sous la
garde d'archers à la solde de Rome.
La nouvelle Mission Gautier.Reygasse
part, cette fois, dans le but de situer un cer-
tain nombre d'auttes fortins jalonnant la
route qui, au IVe siècle, était empruntée par
1b marchands phéniciens.
Souhaitons pleine réussite aux deux sa-
vants.
En Tunisie
Suppression de la Direction Générale
de Travaux publics.
Poursuivant, les mesures de compression
administrative en Tunisie, le Résident général
vient de prendre des décisions importantes
concernant l'un des plus grands services du
Protectorat.
A la suite de cette décision, la direction
générale des Travaux publics est supprimée.
M. Favièrc, ingénieur en chef des Ponts et
Chaussées, précédemment directeur généra,l des
Travaux publics, a été remis à la disposition
de son administration d'origine.
Les deux postes inscrits, dont un seul était
pourvu de directeur général adjoint des Tra-
vaux publics, sont supprimés.
M. Buovolo, précédemment directeur géné-
ral adjoint, est nommé directeur des Travaux
publics.
et réorganisation du Conseil
des ministres
Un décret concernant le Conseil des mi-
nistres de la Régence vient d'être signé par
le Bey.
Les nouvelles dispositions ont pour objet de
donner plus de régularité au fonctionnement
du Conseil et d'en organiser le secrétariat.
Le nouveau texte précise que le Conseil des
ministres et les chefs de service du Gouver-
nement du protectorat délibèrent sous la prési-
dence du Résident général, ou, en cas d'em-
pêchement, du délégué à la Résidence géné-
rale, secrétaire général du Gouvernement tuni'
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