Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-09-27
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 septembre 1906 27 septembre 1906
Description : 1906/09/27 (A7,N38). 1906/09/27 (A7,N38).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6374958d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
70 AANniNHEBE B - N- 88. PRIX France: 15 cent.
70 ANNEE - No 38. Etranfltr et çoiorfes 130 cent,
'IIIL
JEUDI 27 SEPTEMBRE 1906 ---
Les Annales Coloniales
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. l'administrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nom de -M. le
- ,
Rédacteur en chef.
JOTTPUST.A.IL 1;J::D:Ol'A:.A:D.AI:R.E
-.Paraissant taps les Jeulis :
1 -,' -
Directeur *. MARi^EL NtlEDEL
Gra.l©x»ie d'Orléans (Palais=Royâl, PARIS 1er)
ABONNEMENTS
Un an 6 mole
FRANCE. 8 fr. 4 fr. 50
ETRANGER ET COLONIES 12 » 8 fr.
On s'abonne sans frais dans tous les Bureaux de Poste
AU SIAM
Relations franco-siamoises Remarques du Lon-
dott and China Telegraph. Projet de relève-
ment du tarir douanier. Conditions de la juri-
diction siamoise sur certains sujets britanni-
ques. Article du Times.
Deux notes ont récemment paru, dans
Le L. aiid C. Telegraph, relativement aux
rapports actuels entre la France et
le Siam. Eu voici la traduction.
« L'avenir du Siam se présente aujour-
d'hui avec des perspectives très différen-
tes, écrit M. Pierre Leroy-Beaulieu, dans
l'Economiste français [ 1), de celles qu'on
pouvait apercevoir il y a quelques années.
I/indépcndancc du royaume peut main-
tenant ètre considérée comme assurée
pour longtemps, à moins qu'il ne commette
de folles imprudences. Il pense que la
France peut s'en féliciter, car son empire
colonial est dès à présent suffisamment
vaste, et a besoin d'être mis en valeur, et
non agrandi. Des regrets ne serviraient
en rien ceux qui désirent qu'il eu soit
autrement. Que cela leur plaise ou non,
l'aetion des Français au Siam ne sera
pas plus longtemps politique, mais éco-
nomique ; l'exécution du traité de 1904
se poursuit sans difficultés, la délimita-
tion territoriale est sur le point d'être
achevée et le Gouvernement siamois a
donné une preuve de sa bonne volonté
en nommant M. Padoux conseiller légal
et juge à la Cour d'Appel. Depuis le dé-
part de M. Rolin-.Tacquemins, un Belge
qui pourquoi, nous ne le savons pas
était particulièrement hostile àla France
l'esprit manifesté (displayed) par la Cour
de Bangkok s'est sensiblement modifié.
Le Roi Sisowath a produit une agréable
sensation en France, avec son superbe
cortège, ses soixante-neuf danseuses et
ses magnifiques joyaux. Le pittoresque
barbare est mis for te ment en relief. Ban s
doute lui et sa suite sont également éton-
nés de ce qu'ils voient. C'est la première
fois qu'un roi' du Cambodge a visité le
pays de la nation protectrice, bien que
depuis plus de quarante ans la France se
soit mêlée des affaires de son royaume.
L'intervention ne s'est pas produite au
plaisir du roi Norodom, bien qu'il soit
possible qu'une partie plus considérable
de son royaume eût été incorporée au
Siam, si la France n'eût pas été derrière
lui. Nous n'avons pas besoin d'entrer
dans l'examen des mérites du change-
ment dans la propriété (ownership) des
provinces de Battambang et de Siemrap,
car le Siam a son côté dans la question,
aussi bien que la France, au nom de son
.protégé. Si Norodom et ses façons de
procéder (his ways) conduisaient au dé-
membrement de son territoire, lui et ses
fonctionnaires étaient a blâmer. Si la
France, par suite, a rogné ses méthodes
plutôt inconstitutionnelles de gouverne-
ment et l'a privé du fruit du jeu populaire
des « trente-six betes », cela tout au
moins l'a aidé à conserver ses domaines,
sur lesquels son successeur actuel; le roi
Sisowath, règne maintenant, avec l'aide
du Résident général français ».
D'autre part, comme le savent nos lec-
teurs le Gouvernement de. Bangkok cher-
che depuis plusieurs mois à eag i ger des
négociations avec les Puissances en vue
d'arriver à un relèvement de son tarif doua-
nier lequel est actuellement fixé au taux
fort bon évidemment, de 3 ) A ce sujet,
le Tim es a publié, dans son numéro du
21 mai dernier, un long et intéressant
leading article intitulé : « le Progrès du
Siam », et dont nous croyons devoir re-
produire ci-après la conclusion :
«. Les Siamois eux-mêmès ne pré-
« tendent pas que la réforme de leurs lois
« et de leur administration soit allée as-
« sez loin pour leur donner des titres à
« demander la juridiction sur les Euro-
u péens. Nous ne pouvons, à proximité
« immédiate de notre Empire Indien sti-
« puler une sorte de justice pour nous-
« mêmes et une autre, et d'une sorte
« avérée inférieure, pour nos concitoyens
« (fellow. subjects) asiatiques. Le Siam,
« nous sommes heureux de le reconnaître
« a fait beaucoup pour élever le niveau
« (standard) dé la justice dans ses pos-
« sessions au cours des récentes années,
« et nous pouvons être sûrs que M. Pa-
« doux, le diplomate français accompli qui
« maintenant remplit les fonctions deCon-
« seiller législatif et agit comme l'un des
« Juges de la Cour d'Appel, n'épargnera
« aucune peine pour faire aboutir de nou-
velles réformes. Mais jusqu'à ce que la
u promesse dans ce domaine, soit arrivée
« à là maturité de l'accomplissement, et
* que le Siam puisse affirmer avec vérité
a que ses lois et son système judiciaire
(1) Numéro du samedi 2 Juin 1006.
« sont pénétrés des conceptions europé-
« ennes d'impartialité et de justice, nous
« ne pouvons consentir, en échange de
« concessions quelconques en d'autres
« matières, à étendre sa juridiction sur
.« les sujets birmaus de la Couronne bri-
« tannique. »
Comme il est expliqué au cours du
même article, dans le passage précédant
cette conclusion, il s'agit ici de la situa-
tion de 13.000 Shans birmans, établis
dans le Siam septentrional. «Eu 1883, dit
« le Times nous avons convenu de faire
« abandon (surrender) de quelques-uns
« de nos droits d'exterritorialité dans les
« cinq états laotiens du Siam septelltrio-
« nal en échange de certains avantages
« matériels. La juridiction sur nos
« concitoyens asiatiques dont jouit le
« Gouvernement de Bangkok est limitée
« parle droit qu'a le Consul britannique à
«ChiengMai d'évoquer devant son pro-
« pretribuiial des ca; soumis au tribunal
CI où le juge siamois administre la loi
« siamoise (to transfer cases fromthe
« Court vvhere the Siamese Judge adminis
« ters Siamese lawintohis own Court). »
E. C.
Jeudi prochain, les ANNALES
COLONIALES publieront :
LE
PEUPLEMENT FRANÇAIS
DE L'AFRIQUE DU NORD
par CAMILLE FIDEL
Dans nos numéros suivants, lire les
articles de MM.
Henri Jumelle, professeur à V Uni-
versité de Marseille.
Maurice Courant, professeur à V Uni-
versité de Lyon, chargé de missions.
René Delaporte, chargé de mis-
sions.
Eugène Gallois, explorateur.
Josepli Macliat, docteur ès-lettres,
professeur agrégé d'histoire et de
géographie au lycèe de Bourges.
- - - -.
EN TUNISIE
(1906)
L'AGRICULTURE
L'ensemble du pays est assez exacte-
ment orienté nord-sud entre le 6° degré
de longitude est de Paris et le 7°30 ;
et entre 37° et 32°30 latitude nord. Son
climat, sa faune et sa flore le rattachent
d'une part à la Provence et a l'Italie mé-
ridionale, d'autre part au Sahara, et la
transition entre la région proprement
dite méditerranéenne et la région pu-
rement saharienne s'accuse du nord au
sud par degrés presque insensibles.
La hauteur moyenne des pluies an-
nuelle atteint ou dépasse un mètre en
Kroumirie, à Tabarka et aux Nefza.,elle
varie de 60 à 70 centimètres dans tout
le bassin de la Medjerdarpour descendre
graduellement à 50 centimètres entre
Tunis elTEnfula, puis, dans le Sahel à
40 à Sousse, (lè 30 à 40 à Sfax et 20 ou
30 dans la région des oasis; la Tunisie
dite centrale, celle des hautes vallées
au voisinage de l'Algérie, reçoit encore
une hauteur de pluies assez élevée puis-
qu'elles y atteignent 30,40, 50, 55 et 60
centimètres.
En principe, c'est dans les régions
où il tombe au moins 50 centimètres
d'eau par an que les cultivateurs euro-
péens doivent éhercher à s'établir. C'est
là notamment que l'élevage du gros bé-
tail peut donner les meilleurs résultats;
le mouton, au contraire, réussit surtout
au sud de laMedjerda, dans les régions
où il tombe moins de 40 centimètres
d'eau: c'est là du moins dans les terrains
de parcours de cette zône peu exploita-
ble encore par la charrue, que les résul-
tats économiques qu'il procure restent
la plus avantageuse des spéculations à
y tenter.
Il n'y a pas à envisagerici la tempéra-
ture, la chaleur est toujours suffisante,
les moissons des céréales précèdent d'un
mois celles do laFrance, et les dattes du
Djerid, les meilleures du monde,sont un
produit du sud tunisien. Il ne faut la re-
tenir pour l'observation que comme cau-
se de la sécheresse qui compromet en
principe deux récoltes sur trois, et, c'est
contre elle surtout qu'il faut lutter : on
peut y réussir assez régulièrement (Vrail..
leurs par les moyens culturaux dont sa-
vent disposer des colons européens. Il
suffit de pratiquer des labours pro-
fonds en hiver et au printemps pour, en
pallier les effets dans une large mesure.
El tandis que dans ces années de séche-
resses les indigènesne récoltent presque
rien en orge ou en blé, parce qu'ils ne
donnent qu'un labour très superficiel
au moment des semailles, les Européens,
au contraire, grâce à leur bonne culture,
ont toujours des rendements passables.
Il n'y a pas d'impôt foncier en Tuni-
s ie, pas plus que dé taxé personoelle et
mobilière ou d'impôt des portes et fenê-
tres. Les droits d'enregistrement et de
timbre sont très faibles. Toutefois les
principales cultures sont soumises à des
taxes indirectes légères, mais qu'il faut
mentionner pour être complet. La vigne,
les cultures maraîchères et fruitières,l'a-
voine, etc. sont affranchies de toute es-
pèce détaxé. Les pois, les graines de
lin, les fèves et toutes les céréales, sauf
l'avoine, sont soumis à un droit dit de
circulation de 0 fr. 25 ou de 0 fr. 35 par
100 kilos, perçu à l'entrée dans les vil-
les du littoral ou au moment de l'expor-
tation : ce sont là des taxes intérieures
dénomméesmahsoulats assimilables aux
contributions indirectes ou aux droits
d'octroi en France ; leur suppression, en
ce qui concerne les produits agricoles
exportés, est d'ailleurs instamment de-
mandée, et elle sera probablement déci-
dée d'ici peu d'années.
Les cultures du blé et de l'orge doi-
vent normalement supporter l'achour,
oi dime, dont la quotité est de quatre
hectolitres par meohia ensemencée (S
à 12 hectares) mais payable en argent ;
lorsque la culture est faite à la charrue
française, l'achour est seulement du
dixième du tarif prévu (Ofr. 65 par exem-
ple au lieu de 6 fr. 50), c'est dire que
tous les colons qui ont défriché leurs
terres ne paient que cette taxe réduite.
Les oliviers sont passibles d'une taxe
appelée canoun qui varie beaucoup en-
tre les différentes régions de 0 fr. 15 à
0 fr. 2S dans le Sahel, et deO fr. 30 à
0 fr. 50 dans la région de Sfax. Les
nouvelles plantations d'oliviers sont
exemptes d'impôls pendant vingt ans et
les oliviers nouvellement greffés sont
exem pts pen dant dix ans.
En analysant ce qui a été fait en Tuni-
sie au point de vue agricole, il ne faut
jamais oublier que la colonisation n'a
guère commencé vraiment qu'avec M.
Massicault, et que ce sont les efforts de
moins de vingt ans qu'il faut juger :
c'est un laps de temps bien court pour
s'inslaller dans un pays nouveau, sans
le violenter, sans soulever les passions
et les haines, et il y faut en outre beau-
coup de capitaux, de la patience et de
la prudence.
L'arbre de Minerve présente pour la
Tunisie une « prédominance caractéris-
tique. » Son importance à l'époque de
l'occupation romaine et la possibilité de
lui rendre son ancienne prospérité ont
été magistralement exposées par M.
Bourde, ancien directeur de l'agricultu-
re. Plus récemment, M. Minangoin, ins-
pecteur de l'agriculture, en a fait l'étu-
de technique et culturale dansun travail
remarquable.L'olivier convient spéciale-
ment aux terrains perméables et non
humides, bons ou mauvais, les sols ar-
gilo-calcaires sont ceux qui donnent les
produits de meilleure qualité. Partout
où la sécheresse est fréquente et les ré-
coltes de céréales irrégulières, sa culture
est à recommander: il est en effet peu
exigeant en eau, lorsqu'il est devenu
adulte, et ses racines profondes assurent
alors sa bonne végétation : taillé et la-
bouré régulièrement, il arrive à rappor-
ter en moyenne depuis 2 francs jusqu'à
4 francs par arbre et par an lorsqu'il est
en plantations serrées comme dans le
nord et davantage si les plantations sont
espacées.
On le trouve partout en Tunisie, à Bi-
zerte, au Cap Bon, à Sousse, à Sfax et
jusqu'à Zarzis et dans l'ile de Djerba. Les
Arabes en distinguent jusqu'à soixante
variétés, mais pratiquement M. Minan-
goin en décrit seulement quarante. Dans
la région nord il est planté à 10 ou 12
mètres de distance, mais dans le Sahel,
l'écartement est généralement de 15 à 16
mètres, et dans la région de Sfax, où
l'on a beaucoup planté dans les terres
t
sialines ainsi que dans le bled Makuussy,
on a adopté l'écartement de 20 à 24 mè-
tres, le plus souvent de 22. Ces distan-
ces gardées pour la plantation donnent
au total des surfaces plantées de beau-
coup supérieures aux 220.000 hectares
accusés par les statistiques, attendu que
le recensement effectué de 1894 à 1902
relevait déjà à celle date 9.526.564 oli-
viers comme devant être soumis à l'im-
pôt,et l'on a énormément piaulé et greffé
encore depuis 1902. C'est bien plutôt
300.000 ou 400.000 hectares qui sont dé-
volus à l'olivier, c'estau moins plausibic.
A 24 mètres en carré on n'a que 17
pieds à l'hectare ; en plantant en quin-
conces on n'arriverait qu'à 20 arbres à
l'hectare, 'On parle couramment en Tu-
nisie des forêts d'oli viers, on peut voir
par ces données qu'il s'agit de planta-
tions méthodiquement alignées et à
grands espacements qui ne rendent que
faiblement, et seulement par leurs mas-
ses continues, l'aspect de nos surfaces
boisées de France.
Les rendements s'élèvent progressive-
ment depuis la dixième année après la
plantation, que l'on peut prendre com-
me point de départ, jusqu'à la vingt-cin-
quième pour durer indéfiniment, à la
condition de remplacer régulièrement
les arbres quand ils commencent à dé-
faillir isolémcnlentrc 80 et 150 ans (?)
Année 1noye'nlw, on peut compter sur
200 francs de produit brut à l'hectare
dont il faut déduire 45 francs de frais
culturaux, soit 155 francs de produit net
soit 7 fr. 50 à 8 francs par arbre.
Si l'on a recours au contrat de
m'rhaça (1), généralement usité dans la
régionsud, ona du débourser, jusqu'à
la dixième année, pour constituer une
olivette, environ 80 francs par hectare y
compris l'achat du terrain et la cons-
truction du bordi,soit 10 francs au maxi-
mum' par pied restant au propriétaire
après le partage avec les m'rharcis qui
ont fuit la plantation sans que celui-ci
ait eu d'autre souci que le choix de ses
mciayerr, la surveiiiance des travaux et
la charge de faire les avances de fonds.
On voit qu'il se fait ainsi un excel-
lent placement de tout repos, bien fait
'pour tenter les capitalistes tant soit peu
amoureux d'espace et d'activité, et l'on
s'explique que cette source de spécula-
tion soit à la veille d'être tarie. Depuis
1892, l'état tunisien a vendu dans le sud
116.000 hectares à peu près uniquement
destinés à la culture de l'olivier.
Dans le nord et dans le Sahel de Sous-
se, on dispose de très anciennes planta-
tions qu'il estfacile d'améliorer, mais il
reste aussi de grands espaces à conqué-
rir par cette culture et la spéculation n'en
reste guère moins avantageuse que dans
le sud.
Dans ce grand rectangle de 550 kilo-
mètres nord-sud sur 250 est-ouesl qu'est
la Tunisie et d'une surface de 125.000
ou 130.000 kilomètres carrés, on peut
compter environ 8 millions d'hectares
comme territoire agricole, déduction
faite des forêts, des montagnes, des du-
nes littorales ou sahariennes, des lacs,
sebkhas, et des emplacements des villes,
cours d'eau, routes, chemins de fer, etc.
Sur cette surface, les céréales qui occu-
paient 700.000 hectares en 189b cou-
vraient en 1904,dernière statistique pu -
bliée, environ un million cinquante mil-
le hectares se répartissant en 500.000
hectares de blé, autanten orge, en chiffres
ronds, et le reste en avoine et un peu de
maïs. Les relevés de 1906 donneront des
chiffres plus élevés encore.
Le progrès cultural est donc très mar-
qué.
La culture de l'avoine, à peu près in-
connue avant nous, se répand rapide-
ment depuis cinq à six ans, elle occupe
plus de 50.000 hectares, dès maintenant,
et les inàigènes eux-mêmes apprécient
'de plus en plus les avantages qu'elle pré-
sente pour la nourriture des animaux
grâce à son grain et à sa paille.
Toutefois la conquête la plus précieuse
de l'agriculture tunisienne, due à notre
intervention, est celle de la pomme de
terre qui est précieuse par elle-même
pour pallier les disettes de grains, mais
qui surtout joue au regard des indigènes
(l) Le contrat de m'rliaça a été souvent dé-
crit, je crois inutile de recommencer ici : il n'est
délicat que praHquemenl, et demande surtout
une surveillance assidue pendant les premières
années.
1
'!
le rôle de slimulanl de la culture pro-
gressive.
Les colons européens des grandes ré-
gions à céréales de Mateur, Béja, Med-
jez el Bab, Soukel Arba, etc., ont un as-
solement presque uniforme et calqué
sur celui suivi parles Arabes eux- mêmes
dans lequel la jachère occupe encore une
trop grande place, maisc'estlà une néces-
sité de la culture extensive en pays neuf.
Les colons mènent la vie large, ils ont
un outillage très perfectionné, commen-
cent à éleverdu gros bétail et de nom-
breux Irou pcauxde moutons, ce qui, jus-
qu àcesdernicres annécsélait resté l'a pa-
nage exclusif des indigènes. Leur instal-
lation matérielle est parfois sommaire,
mais elle va se complétant chaque jour
à mesure que leurs succès s'affirment.
Il n'est pas sans intérêt de signaler ici,
au passage,que, sous l'influence des mo-
difications apportées à la loi douanière
du 14 juillet 1890qui régissait le pays,
par la nouvcllc loi du 19 juillet 1904, qui
a établi l'union douanière de la Tunisie
avec la France et l'Algérie, en ce qui
concerne les céréales et leurs dérivés
farines et semoules - le cours des blés
tunisiens s'est relevé de 18 francs à21 et
22francs. D'autre part, de nombreuses
minoteries se sont créées, à Tunis et à
Sousse en particulier, pour Irai 1er les cé-
réales du pays et approvisionner celui-
ci, alors que jusqu'à maintenant, c'était
Marseille qui devait faire face à tous ses
besoins.
Le vignoble tunisien est encore peu
étendu heureusement par ce temps
de crise– il couvre 16.000 hectaresà pei-
ne, et peutdonner, année moyenne, 300
à 350.000 hectolitres de vins : mais il est
en général superbement installé et diri-
gé ; beaucoup de beaux vignobles sont à
signaler comme comparables aux plus cé-
lèbres du midi de la France: Ksar-Tyr,
Crété, Potin, Schuiggui, Protville, l'En-
fida, Sidi-Tabet, etc. À mentionner ce-
pendant que les petits vignobles qui con-
viendraient si bien àla petite colonisa-
tion française sont créés et tenus pres-
que exclusivement par de petits colons
siciliens qui y dépensent une somme
d'efforts remarquables, en tantque main-
d'œuvre, au moins. -
Ace point de vue, il semble bien que
les efforts de l'administration doivcntdé-
sormais se tourner également vers la pe-
tite colonisation française,qui a déjà. don-
né des preuves si évidentes de sa vitalité
et de sa force,autant que de sa puissance
d'assimilation des Arabes en Algérie,
ainsi qu'en témoigne le récent rapport
deM. dePeyerimhof, l'ancien directeur
de l'agriculture de la colonisation en Al-
gérie. La colonisation par le capital a
admirablement réussi à orienter la Tu-
nisie dans une voie de prospérité dura-
ble, et c'est le plus grand éloge que
l'on puisse faire de l'administration
française, qui a compris cela et l'a cher-
ché obstinément en ces vingt dernières
années ; mais aujourd'hui il est temps
d'arriver à la colonisation par le travail.
Il faut au besoin même donner des con-
cessions gratuites en choisissant minu-
tieusement les attributaires, ce qui est
difficile, mais non pas impossible, pour
implanter au milieu des indigènes des
familles françaises qui leur donneront
l'exemple du travail intelligent et un
peu de la pensée française parce qu'el-
les vivront en contact direct et perma-
nenl avec eux.
François BERNARD.
-#,.. .101,
Les Colonies et la Presse
La Politique coloniale, mauvaises
méthodes, par M. G. - L. DE LANESSAN
(dans le Siècle),
Depuis une dizaine d'années, sans qu'on
en puisse rejeter la responsabilité sur per-
sonne en particulier, on est revenu en Indo-
Chine à la politique d'assimilation qui règne
1 dans toutes nos autres colonies et qui paraît
bien être, malheureusement, la seule con-
forme à l'esprit français. Nes compatriotes
ont un goût si prononcé pour les fonctions
publiques qu'ils voient, presque exclusive-
ment, dans les colonies nouvelles, des
champs nouveaux ouverts devant les ama-
teurs de galons, de places bien rétribuées
et de retraites plantureuses. Aussi, est-ce
par milliers qu'affluent, chez tous les gou-
verneurs, les demandes d'emplois aposlil-
1 lées par les députés ou les sénateurs. Toute
place, si modeste soit-elle, est l'objet de
sollicitations multiples de la part d'électeurs
influents qui ne pardonneraient point à leur
députe ou sénateur de ne pas leur faire ob-
tenir ce qu'ils désirent.
Les gouverneurs de toutes nos grandes
colonies, particulièrement ceux de l'Indo-
Chine, de la Côte occidentale d'Afrique et
de Madagascar sont donc poussés, presque
irrésistiblement, vers la politique d'admi-
nistration directe et d'assimilation des colo-
nies à la métropole. Plus ils administrent
directement et plus ils peuvent satisfaire de
députés, de sénateurs ou de ministres.
*
Une Exposition.de Gouverneurs,
à propos de la présence de nombreux
gouverneurs coloniaux en France, par
M. Jpan AJALTRT (dans le Matin).
Une exposition de gouverneurs, voilà qui
s'imposait ! Mais on ne pen"e pas à tout.
Voici M. Roume, gouverneur de l'Afrique
occidentale, et M. Beau, gouverneur général
de l'Indo-Chine, qui accompagnent la cara-
vane présidentielle. 0
Pour M. Jonuarl, gouverneur de l'Algérie,
pour M. Pichon, résident supérieur en Tu-
nisie, qui ne cessent pas d'être des nôtres,
le déplacement est continu, d'Alger et de
Tunis. Ils ont plus vite fait d'apparaître au
ministère que d'échanger des courriers ;
puis ils se doivent au Parlement et à leurs
électeurs.
Après ces gouverneurs, hommes politi-
ques, voici des fonctionnaires de carrière.
Toujours fringant et nerveux et qui pour-
rait faire croire qu'il n'a jamais vécu que de
la Madeleine au Vaudeville, avec ses allures
boulevardièrcs–c'esi M.Boulloche, «l'abord
dans les douanes, puis résident supérieur
en Annam, au Cambodge, puis secrétaire
général en Indo-Chine, et qui revient de la
Guadeloupe, après la victoire électorale de
Gérault-Richard.
M. de Lamothe qui fut, au Congo et en
Cochinchinp, un de nos anciens confrères,
demeuré journaliste, à la veille de la retraite,
rentre d'une mission à Java et à Manille ; il
met la dernière main, assure-t-on, à ses
mémoires.
M. Bonhoure, précédemment à Djibouti,
est en France, occupé à prépares ses malles
pour la Réunion, tamis que M. Pascal -
rembarque pour la côte des Somalis, et que
M. Thérond revient de S'aint-Pierre. M. Mer-
laud-Ponty a laissé l'Inde, où doit se rendre
M. Angaulvant. Et nous possédons encore
M. Clozel, de la Côle-:fI\'oh'e, et M. "Fré-
zouls, de la Guinée, ancien directeur des
douanes indo-chinoises, véritable ministre
des finances de M. Doumer et promoteur de
la plupart de ses mesures fiscales Puis
M. Rodier qui, lui, a dépassé les délais de
service réglementaire, en congé après trois
ans et demi de séjour en Cochinchine.
Et tout à l'heure, débarquera M. Gentil,
du Congo.
A cette liste, il faut ajouter MM. Bollot et
Lardan, en disponibilité avec traitement ;
MM. M art in eau, Laffon, JoUet., en disponi-
bilité sans traitement.
Plus dix gouverneurs honoraires.
Encore M. Binger, gouverneur détaché au
Ministère, mais qui, jadis, bouclait la boucle
du Niger.
Aussi les gouverneurs qui n'ont pas encore
gouverné, tel M. Richaud, un plus que jeune,
nommé avant trente ans, et qui attend une
bonne désignation.
Et, dans son énumération, Jean Ajal-
bert a oublié M. Rey, gouVérneur des
colonies, hier encore, gouverneur de la
Guyane, aujourd'hui en congé.
#*#
L'opinion d'un grand homme de
Hambourg. (Interview prise par M.
Henri DE NOUSSANNE, dana l'Echo de
Paris,)
En vérité, Monsieur, la France est aveu-
gle. Tenez, puisqu'il est entendu que noas
parlons franchement et que vous n'attendez
pas de moi des compliments comme on
pourrait vous en faire partout ailleurs en
Allemagne, d& peur- de déplaire à un étran-
ger qui peut toujours être un client, je vais
vous dire une phrase que notre empereur se
plaît à répéter et qu'il a prononcée, il n'y a
pas encore très longtemps, devant Ballin et
moi et quelques autres, en parlant de la
France : « Un pays quf a les plus belles côtes
de l'Europe et pas un port franc.; une flotte
de guerre et pas de marine marchande ; des
colonies et pas de colons ; pas d'émigrants
autres que des fonctionnaires, et qui reste
indifférent, est abandonné de Dieu, car pour
ne pas voir qu'il court à sa perte, il est
frappé de cécité ». Je ne dis pas cela pour
vous offenser, je le dis parce que vous ne
voulez pas voir que votre avenir, comme le
nôtre, est sur la mer, et que, si vous aviez
marché avec nous la main dans la main,
comme la Belgique, par exemple, vous au-
riez orienté vers la vie extérieure toutes les
énergies mal employées qui fomentent au-
jourd'hui des troubles à l'intérieur de votre
pays ; NOUS auriez un présent plus calme et
plus prospère. Votre fortune serait plus
sûie. Elle est très belle. Nous savons que
vous êtes porteurs de près de 50 milliards
de valeurs étrangères et que vous encaissez
tous les ans 2 milliards de revenus, sans
compter plus d'un milliard de bénéfices sur
les innombrables étrangers vivant ou rési-
dant en France. Voilà la source principale
70 ANNEE - No 38. Etranfltr et çoiorfes 130 cent,
'IIIL
JEUDI 27 SEPTEMBRE 1906 ---
Les Annales Coloniales
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. l'administrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nom de -M. le
- ,
Rédacteur en chef.
JOTTPUST.A.IL 1;J::D:Ol'A:.A:D.AI:R.E
-.
1 -,' -
Directeur *. MARi^EL NtlEDEL
Gra.l©x»ie d'Orléans (Palais=Royâl, PARIS 1er)
ABONNEMENTS
Un an 6 mole
FRANCE. 8 fr. 4 fr. 50
ETRANGER ET COLONIES 12 » 8 fr.
On s'abonne sans frais dans tous les Bureaux de Poste
AU SIAM
Relations franco-siamoises Remarques du Lon-
dott and China Telegraph. Projet de relève-
ment du tarir douanier. Conditions de la juri-
diction siamoise sur certains sujets britanni-
ques. Article du Times.
Deux notes ont récemment paru, dans
Le L. aiid C. Telegraph, relativement aux
rapports actuels entre la France et
le Siam. Eu voici la traduction.
« L'avenir du Siam se présente aujour-
d'hui avec des perspectives très différen-
tes, écrit M. Pierre Leroy-Beaulieu, dans
l'Economiste français [ 1), de celles qu'on
pouvait apercevoir il y a quelques années.
I/indépcndancc du royaume peut main-
tenant ètre considérée comme assurée
pour longtemps, à moins qu'il ne commette
de folles imprudences. Il pense que la
France peut s'en féliciter, car son empire
colonial est dès à présent suffisamment
vaste, et a besoin d'être mis en valeur, et
non agrandi. Des regrets ne serviraient
en rien ceux qui désirent qu'il eu soit
autrement. Que cela leur plaise ou non,
l'aetion des Français au Siam ne sera
pas plus longtemps politique, mais éco-
nomique ; l'exécution du traité de 1904
se poursuit sans difficultés, la délimita-
tion territoriale est sur le point d'être
achevée et le Gouvernement siamois a
donné une preuve de sa bonne volonté
en nommant M. Padoux conseiller légal
et juge à la Cour d'Appel. Depuis le dé-
part de M. Rolin-.Tacquemins, un Belge
qui pourquoi, nous ne le savons pas
était particulièrement hostile àla France
l'esprit manifesté (displayed) par la Cour
de Bangkok s'est sensiblement modifié.
Le Roi Sisowath a produit une agréable
sensation en France, avec son superbe
cortège, ses soixante-neuf danseuses et
ses magnifiques joyaux. Le pittoresque
barbare est mis for te ment en relief. Ban s
doute lui et sa suite sont également éton-
nés de ce qu'ils voient. C'est la première
fois qu'un roi' du Cambodge a visité le
pays de la nation protectrice, bien que
depuis plus de quarante ans la France se
soit mêlée des affaires de son royaume.
L'intervention ne s'est pas produite au
plaisir du roi Norodom, bien qu'il soit
possible qu'une partie plus considérable
de son royaume eût été incorporée au
Siam, si la France n'eût pas été derrière
lui. Nous n'avons pas besoin d'entrer
dans l'examen des mérites du change-
ment dans la propriété (ownership) des
provinces de Battambang et de Siemrap,
car le Siam a son côté dans la question,
aussi bien que la France, au nom de son
.protégé. Si Norodom et ses façons de
procéder (his ways) conduisaient au dé-
membrement de son territoire, lui et ses
fonctionnaires étaient a blâmer. Si la
France, par suite, a rogné ses méthodes
plutôt inconstitutionnelles de gouverne-
ment et l'a privé du fruit du jeu populaire
des « trente-six betes », cela tout au
moins l'a aidé à conserver ses domaines,
sur lesquels son successeur actuel; le roi
Sisowath, règne maintenant, avec l'aide
du Résident général français ».
D'autre part, comme le savent nos lec-
teurs le Gouvernement de. Bangkok cher-
che depuis plusieurs mois à eag i ger des
négociations avec les Puissances en vue
d'arriver à un relèvement de son tarif doua-
nier lequel est actuellement fixé au taux
fort bon évidemment, de 3 ) A ce sujet,
le Tim es a publié, dans son numéro du
21 mai dernier, un long et intéressant
leading article intitulé : « le Progrès du
Siam », et dont nous croyons devoir re-
produire ci-après la conclusion :
«. Les Siamois eux-mêmès ne pré-
« tendent pas que la réforme de leurs lois
« et de leur administration soit allée as-
« sez loin pour leur donner des titres à
« demander la juridiction sur les Euro-
u péens. Nous ne pouvons, à proximité
« immédiate de notre Empire Indien sti-
« puler une sorte de justice pour nous-
« mêmes et une autre, et d'une sorte
« avérée inférieure, pour nos concitoyens
« (fellow. subjects) asiatiques. Le Siam,
« nous sommes heureux de le reconnaître
« a fait beaucoup pour élever le niveau
« (standard) dé la justice dans ses pos-
« sessions au cours des récentes années,
« et nous pouvons être sûrs que M. Pa-
« doux, le diplomate français accompli qui
« maintenant remplit les fonctions deCon-
« seiller législatif et agit comme l'un des
« Juges de la Cour d'Appel, n'épargnera
« aucune peine pour faire aboutir de nou-
velles réformes. Mais jusqu'à ce que la
u promesse dans ce domaine, soit arrivée
« à là maturité de l'accomplissement, et
* que le Siam puisse affirmer avec vérité
a que ses lois et son système judiciaire
(1) Numéro du samedi 2 Juin 1006.
« sont pénétrés des conceptions europé-
« ennes d'impartialité et de justice, nous
« ne pouvons consentir, en échange de
« concessions quelconques en d'autres
« matières, à étendre sa juridiction sur
.« les sujets birmaus de la Couronne bri-
« tannique. »
Comme il est expliqué au cours du
même article, dans le passage précédant
cette conclusion, il s'agit ici de la situa-
tion de 13.000 Shans birmans, établis
dans le Siam septentrional. «Eu 1883, dit
« le Times nous avons convenu de faire
« abandon (surrender) de quelques-uns
« de nos droits d'exterritorialité dans les
« cinq états laotiens du Siam septelltrio-
« nal en échange de certains avantages
« matériels. La juridiction sur nos
« concitoyens asiatiques dont jouit le
« Gouvernement de Bangkok est limitée
« parle droit qu'a le Consul britannique à
«ChiengMai d'évoquer devant son pro-
« pretribuiial des ca; soumis au tribunal
CI où le juge siamois administre la loi
« siamoise (to transfer cases fromthe
« Court vvhere the Siamese Judge adminis
« ters Siamese lawintohis own Court). »
E. C.
Jeudi prochain, les ANNALES
COLONIALES publieront :
LE
PEUPLEMENT FRANÇAIS
DE L'AFRIQUE DU NORD
par CAMILLE FIDEL
Dans nos numéros suivants, lire les
articles de MM.
Henri Jumelle, professeur à V Uni-
versité de Marseille.
Maurice Courant, professeur à V Uni-
versité de Lyon, chargé de missions.
René Delaporte, chargé de mis-
sions.
Eugène Gallois, explorateur.
Josepli Macliat, docteur ès-lettres,
professeur agrégé d'histoire et de
géographie au lycèe de Bourges.
- - - -.
EN TUNISIE
(1906)
L'AGRICULTURE
L'ensemble du pays est assez exacte-
ment orienté nord-sud entre le 6° degré
de longitude est de Paris et le 7°30 ;
et entre 37° et 32°30 latitude nord. Son
climat, sa faune et sa flore le rattachent
d'une part à la Provence et a l'Italie mé-
ridionale, d'autre part au Sahara, et la
transition entre la région proprement
dite méditerranéenne et la région pu-
rement saharienne s'accuse du nord au
sud par degrés presque insensibles.
La hauteur moyenne des pluies an-
nuelle atteint ou dépasse un mètre en
Kroumirie, à Tabarka et aux Nefza.,elle
varie de 60 à 70 centimètres dans tout
le bassin de la Medjerdarpour descendre
graduellement à 50 centimètres entre
Tunis elTEnfula, puis, dans le Sahel à
40 à Sousse, (lè 30 à 40 à Sfax et 20 ou
30 dans la région des oasis; la Tunisie
dite centrale, celle des hautes vallées
au voisinage de l'Algérie, reçoit encore
une hauteur de pluies assez élevée puis-
qu'elles y atteignent 30,40, 50, 55 et 60
centimètres.
En principe, c'est dans les régions
où il tombe au moins 50 centimètres
d'eau par an que les cultivateurs euro-
péens doivent éhercher à s'établir. C'est
là notamment que l'élevage du gros bé-
tail peut donner les meilleurs résultats;
le mouton, au contraire, réussit surtout
au sud de laMedjerda, dans les régions
où il tombe moins de 40 centimètres
d'eau: c'est là du moins dans les terrains
de parcours de cette zône peu exploita-
ble encore par la charrue, que les résul-
tats économiques qu'il procure restent
la plus avantageuse des spéculations à
y tenter.
Il n'y a pas à envisagerici la tempéra-
ture, la chaleur est toujours suffisante,
les moissons des céréales précèdent d'un
mois celles do laFrance, et les dattes du
Djerid, les meilleures du monde,sont un
produit du sud tunisien. Il ne faut la re-
tenir pour l'observation que comme cau-
se de la sécheresse qui compromet en
principe deux récoltes sur trois, et, c'est
contre elle surtout qu'il faut lutter : on
peut y réussir assez régulièrement (Vrail..
leurs par les moyens culturaux dont sa-
vent disposer des colons européens. Il
suffit de pratiquer des labours pro-
fonds en hiver et au printemps pour, en
pallier les effets dans une large mesure.
El tandis que dans ces années de séche-
resses les indigènesne récoltent presque
rien en orge ou en blé, parce qu'ils ne
donnent qu'un labour très superficiel
au moment des semailles, les Européens,
au contraire, grâce à leur bonne culture,
ont toujours des rendements passables.
Il n'y a pas d'impôt foncier en Tuni-
s ie, pas plus que dé taxé personoelle et
mobilière ou d'impôt des portes et fenê-
tres. Les droits d'enregistrement et de
timbre sont très faibles. Toutefois les
principales cultures sont soumises à des
taxes indirectes légères, mais qu'il faut
mentionner pour être complet. La vigne,
les cultures maraîchères et fruitières,l'a-
voine, etc. sont affranchies de toute es-
pèce détaxé. Les pois, les graines de
lin, les fèves et toutes les céréales, sauf
l'avoine, sont soumis à un droit dit de
circulation de 0 fr. 25 ou de 0 fr. 35 par
100 kilos, perçu à l'entrée dans les vil-
les du littoral ou au moment de l'expor-
tation : ce sont là des taxes intérieures
dénomméesmahsoulats assimilables aux
contributions indirectes ou aux droits
d'octroi en France ; leur suppression, en
ce qui concerne les produits agricoles
exportés, est d'ailleurs instamment de-
mandée, et elle sera probablement déci-
dée d'ici peu d'années.
Les cultures du blé et de l'orge doi-
vent normalement supporter l'achour,
oi dime, dont la quotité est de quatre
hectolitres par meohia ensemencée (S
à 12 hectares) mais payable en argent ;
lorsque la culture est faite à la charrue
française, l'achour est seulement du
dixième du tarif prévu (Ofr. 65 par exem-
ple au lieu de 6 fr. 50), c'est dire que
tous les colons qui ont défriché leurs
terres ne paient que cette taxe réduite.
Les oliviers sont passibles d'une taxe
appelée canoun qui varie beaucoup en-
tre les différentes régions de 0 fr. 15 à
0 fr. 2S dans le Sahel, et deO fr. 30 à
0 fr. 50 dans la région de Sfax. Les
nouvelles plantations d'oliviers sont
exemptes d'impôls pendant vingt ans et
les oliviers nouvellement greffés sont
exem pts pen dant dix ans.
En analysant ce qui a été fait en Tuni-
sie au point de vue agricole, il ne faut
jamais oublier que la colonisation n'a
guère commencé vraiment qu'avec M.
Massicault, et que ce sont les efforts de
moins de vingt ans qu'il faut juger :
c'est un laps de temps bien court pour
s'inslaller dans un pays nouveau, sans
le violenter, sans soulever les passions
et les haines, et il y faut en outre beau-
coup de capitaux, de la patience et de
la prudence.
L'arbre de Minerve présente pour la
Tunisie une « prédominance caractéris-
tique. » Son importance à l'époque de
l'occupation romaine et la possibilité de
lui rendre son ancienne prospérité ont
été magistralement exposées par M.
Bourde, ancien directeur de l'agricultu-
re. Plus récemment, M. Minangoin, ins-
pecteur de l'agriculture, en a fait l'étu-
de technique et culturale dansun travail
remarquable.L'olivier convient spéciale-
ment aux terrains perméables et non
humides, bons ou mauvais, les sols ar-
gilo-calcaires sont ceux qui donnent les
produits de meilleure qualité. Partout
où la sécheresse est fréquente et les ré-
coltes de céréales irrégulières, sa culture
est à recommander: il est en effet peu
exigeant en eau, lorsqu'il est devenu
adulte, et ses racines profondes assurent
alors sa bonne végétation : taillé et la-
bouré régulièrement, il arrive à rappor-
ter en moyenne depuis 2 francs jusqu'à
4 francs par arbre et par an lorsqu'il est
en plantations serrées comme dans le
nord et davantage si les plantations sont
espacées.
On le trouve partout en Tunisie, à Bi-
zerte, au Cap Bon, à Sousse, à Sfax et
jusqu'à Zarzis et dans l'ile de Djerba. Les
Arabes en distinguent jusqu'à soixante
variétés, mais pratiquement M. Minan-
goin en décrit seulement quarante. Dans
la région nord il est planté à 10 ou 12
mètres de distance, mais dans le Sahel,
l'écartement est généralement de 15 à 16
mètres, et dans la région de Sfax, où
l'on a beaucoup planté dans les terres
t
sialines ainsi que dans le bled Makuussy,
on a adopté l'écartement de 20 à 24 mè-
tres, le plus souvent de 22. Ces distan-
ces gardées pour la plantation donnent
au total des surfaces plantées de beau-
coup supérieures aux 220.000 hectares
accusés par les statistiques, attendu que
le recensement effectué de 1894 à 1902
relevait déjà à celle date 9.526.564 oli-
viers comme devant être soumis à l'im-
pôt,et l'on a énormément piaulé et greffé
encore depuis 1902. C'est bien plutôt
300.000 ou 400.000 hectares qui sont dé-
volus à l'olivier, c'estau moins plausibic.
A 24 mètres en carré on n'a que 17
pieds à l'hectare ; en plantant en quin-
conces on n'arriverait qu'à 20 arbres à
l'hectare, 'On parle couramment en Tu-
nisie des forêts d'oli viers, on peut voir
par ces données qu'il s'agit de planta-
tions méthodiquement alignées et à
grands espacements qui ne rendent que
faiblement, et seulement par leurs mas-
ses continues, l'aspect de nos surfaces
boisées de France.
Les rendements s'élèvent progressive-
ment depuis la dixième année après la
plantation, que l'on peut prendre com-
me point de départ, jusqu'à la vingt-cin-
quième pour durer indéfiniment, à la
condition de remplacer régulièrement
les arbres quand ils commencent à dé-
faillir isolémcnlentrc 80 et 150 ans (?)
Année 1noye'nlw, on peut compter sur
200 francs de produit brut à l'hectare
dont il faut déduire 45 francs de frais
culturaux, soit 155 francs de produit net
soit 7 fr. 50 à 8 francs par arbre.
Si l'on a recours au contrat de
m'rhaça (1), généralement usité dans la
régionsud, ona du débourser, jusqu'à
la dixième année, pour constituer une
olivette, environ 80 francs par hectare y
compris l'achat du terrain et la cons-
truction du bordi,soit 10 francs au maxi-
mum' par pied restant au propriétaire
après le partage avec les m'rharcis qui
ont fuit la plantation sans que celui-ci
ait eu d'autre souci que le choix de ses
mciayerr, la surveiiiance des travaux et
la charge de faire les avances de fonds.
On voit qu'il se fait ainsi un excel-
lent placement de tout repos, bien fait
'pour tenter les capitalistes tant soit peu
amoureux d'espace et d'activité, et l'on
s'explique que cette source de spécula-
tion soit à la veille d'être tarie. Depuis
1892, l'état tunisien a vendu dans le sud
116.000 hectares à peu près uniquement
destinés à la culture de l'olivier.
Dans le nord et dans le Sahel de Sous-
se, on dispose de très anciennes planta-
tions qu'il estfacile d'améliorer, mais il
reste aussi de grands espaces à conqué-
rir par cette culture et la spéculation n'en
reste guère moins avantageuse que dans
le sud.
Dans ce grand rectangle de 550 kilo-
mètres nord-sud sur 250 est-ouesl qu'est
la Tunisie et d'une surface de 125.000
ou 130.000 kilomètres carrés, on peut
compter environ 8 millions d'hectares
comme territoire agricole, déduction
faite des forêts, des montagnes, des du-
nes littorales ou sahariennes, des lacs,
sebkhas, et des emplacements des villes,
cours d'eau, routes, chemins de fer, etc.
Sur cette surface, les céréales qui occu-
paient 700.000 hectares en 189b cou-
vraient en 1904,dernière statistique pu -
bliée, environ un million cinquante mil-
le hectares se répartissant en 500.000
hectares de blé, autanten orge, en chiffres
ronds, et le reste en avoine et un peu de
maïs. Les relevés de 1906 donneront des
chiffres plus élevés encore.
Le progrès cultural est donc très mar-
qué.
La culture de l'avoine, à peu près in-
connue avant nous, se répand rapide-
ment depuis cinq à six ans, elle occupe
plus de 50.000 hectares, dès maintenant,
et les inàigènes eux-mêmes apprécient
'de plus en plus les avantages qu'elle pré-
sente pour la nourriture des animaux
grâce à son grain et à sa paille.
Toutefois la conquête la plus précieuse
de l'agriculture tunisienne, due à notre
intervention, est celle de la pomme de
terre qui est précieuse par elle-même
pour pallier les disettes de grains, mais
qui surtout joue au regard des indigènes
(l) Le contrat de m'rliaça a été souvent dé-
crit, je crois inutile de recommencer ici : il n'est
délicat que praHquemenl, et demande surtout
une surveillance assidue pendant les premières
années.
1
'!
le rôle de slimulanl de la culture pro-
gressive.
Les colons européens des grandes ré-
gions à céréales de Mateur, Béja, Med-
jez el Bab, Soukel Arba, etc., ont un as-
solement presque uniforme et calqué
sur celui suivi parles Arabes eux- mêmes
dans lequel la jachère occupe encore une
trop grande place, maisc'estlà une néces-
sité de la culture extensive en pays neuf.
Les colons mènent la vie large, ils ont
un outillage très perfectionné, commen-
cent à éleverdu gros bétail et de nom-
breux Irou pcauxde moutons, ce qui, jus-
qu àcesdernicres annécsélait resté l'a pa-
nage exclusif des indigènes. Leur instal-
lation matérielle est parfois sommaire,
mais elle va se complétant chaque jour
à mesure que leurs succès s'affirment.
Il n'est pas sans intérêt de signaler ici,
au passage,que, sous l'influence des mo-
difications apportées à la loi douanière
du 14 juillet 1890qui régissait le pays,
par la nouvcllc loi du 19 juillet 1904, qui
a établi l'union douanière de la Tunisie
avec la France et l'Algérie, en ce qui
concerne les céréales et leurs dérivés
farines et semoules - le cours des blés
tunisiens s'est relevé de 18 francs à21 et
22francs. D'autre part, de nombreuses
minoteries se sont créées, à Tunis et à
Sousse en particulier, pour Irai 1er les cé-
réales du pays et approvisionner celui-
ci, alors que jusqu'à maintenant, c'était
Marseille qui devait faire face à tous ses
besoins.
Le vignoble tunisien est encore peu
étendu heureusement par ce temps
de crise– il couvre 16.000 hectaresà pei-
ne, et peutdonner, année moyenne, 300
à 350.000 hectolitres de vins : mais il est
en général superbement installé et diri-
gé ; beaucoup de beaux vignobles sont à
signaler comme comparables aux plus cé-
lèbres du midi de la France: Ksar-Tyr,
Crété, Potin, Schuiggui, Protville, l'En-
fida, Sidi-Tabet, etc. À mentionner ce-
pendant que les petits vignobles qui con-
viendraient si bien àla petite colonisa-
tion française sont créés et tenus pres-
que exclusivement par de petits colons
siciliens qui y dépensent une somme
d'efforts remarquables, en tantque main-
d'œuvre, au moins. -
Ace point de vue, il semble bien que
les efforts de l'administration doivcntdé-
sormais se tourner également vers la pe-
tite colonisation française,qui a déjà. don-
né des preuves si évidentes de sa vitalité
et de sa force,autant que de sa puissance
d'assimilation des Arabes en Algérie,
ainsi qu'en témoigne le récent rapport
deM. dePeyerimhof, l'ancien directeur
de l'agriculture de la colonisation en Al-
gérie. La colonisation par le capital a
admirablement réussi à orienter la Tu-
nisie dans une voie de prospérité dura-
ble, et c'est le plus grand éloge que
l'on puisse faire de l'administration
française, qui a compris cela et l'a cher-
ché obstinément en ces vingt dernières
années ; mais aujourd'hui il est temps
d'arriver à la colonisation par le travail.
Il faut au besoin même donner des con-
cessions gratuites en choisissant minu-
tieusement les attributaires, ce qui est
difficile, mais non pas impossible, pour
implanter au milieu des indigènes des
familles françaises qui leur donneront
l'exemple du travail intelligent et un
peu de la pensée française parce qu'el-
les vivront en contact direct et perma-
nenl avec eux.
François BERNARD.
-#,.. .101,
Les Colonies et la Presse
La Politique coloniale, mauvaises
méthodes, par M. G. - L. DE LANESSAN
(dans le Siècle),
Depuis une dizaine d'années, sans qu'on
en puisse rejeter la responsabilité sur per-
sonne en particulier, on est revenu en Indo-
Chine à la politique d'assimilation qui règne
1 dans toutes nos autres colonies et qui paraît
bien être, malheureusement, la seule con-
forme à l'esprit français. Nes compatriotes
ont un goût si prononcé pour les fonctions
publiques qu'ils voient, presque exclusive-
ment, dans les colonies nouvelles, des
champs nouveaux ouverts devant les ama-
teurs de galons, de places bien rétribuées
et de retraites plantureuses. Aussi, est-ce
par milliers qu'affluent, chez tous les gou-
verneurs, les demandes d'emplois aposlil-
1 lées par les députés ou les sénateurs. Toute
place, si modeste soit-elle, est l'objet de
sollicitations multiples de la part d'électeurs
influents qui ne pardonneraient point à leur
députe ou sénateur de ne pas leur faire ob-
tenir ce qu'ils désirent.
Les gouverneurs de toutes nos grandes
colonies, particulièrement ceux de l'Indo-
Chine, de la Côte occidentale d'Afrique et
de Madagascar sont donc poussés, presque
irrésistiblement, vers la politique d'admi-
nistration directe et d'assimilation des colo-
nies à la métropole. Plus ils administrent
directement et plus ils peuvent satisfaire de
députés, de sénateurs ou de ministres.
*
Une Exposition.de Gouverneurs,
à propos de la présence de nombreux
gouverneurs coloniaux en France, par
M. Jpan AJALTRT (dans le Matin).
Une exposition de gouverneurs, voilà qui
s'imposait ! Mais on ne pen"e pas à tout.
Voici M. Roume, gouverneur de l'Afrique
occidentale, et M. Beau, gouverneur général
de l'Indo-Chine, qui accompagnent la cara-
vane présidentielle. 0
Pour M. Jonuarl, gouverneur de l'Algérie,
pour M. Pichon, résident supérieur en Tu-
nisie, qui ne cessent pas d'être des nôtres,
le déplacement est continu, d'Alger et de
Tunis. Ils ont plus vite fait d'apparaître au
ministère que d'échanger des courriers ;
puis ils se doivent au Parlement et à leurs
électeurs.
Après ces gouverneurs, hommes politi-
ques, voici des fonctionnaires de carrière.
Toujours fringant et nerveux et qui pour-
rait faire croire qu'il n'a jamais vécu que de
la Madeleine au Vaudeville, avec ses allures
boulevardièrcs–c'esi M.Boulloche, «l'abord
dans les douanes, puis résident supérieur
en Annam, au Cambodge, puis secrétaire
général en Indo-Chine, et qui revient de la
Guadeloupe, après la victoire électorale de
Gérault-Richard.
M. de Lamothe qui fut, au Congo et en
Cochinchinp, un de nos anciens confrères,
demeuré journaliste, à la veille de la retraite,
rentre d'une mission à Java et à Manille ; il
met la dernière main, assure-t-on, à ses
mémoires.
M. Bonhoure, précédemment à Djibouti,
est en France, occupé à prépares ses malles
pour la Réunion, tamis que M. Pascal -
rembarque pour la côte des Somalis, et que
M. Thérond revient de S'aint-Pierre. M. Mer-
laud-Ponty a laissé l'Inde, où doit se rendre
M. Angaulvant. Et nous possédons encore
M. Clozel, de la Côle-:fI\'oh'e, et M. "Fré-
zouls, de la Guinée, ancien directeur des
douanes indo-chinoises, véritable ministre
des finances de M. Doumer et promoteur de
la plupart de ses mesures fiscales Puis
M. Rodier qui, lui, a dépassé les délais de
service réglementaire, en congé après trois
ans et demi de séjour en Cochinchine.
Et tout à l'heure, débarquera M. Gentil,
du Congo.
A cette liste, il faut ajouter MM. Bollot et
Lardan, en disponibilité avec traitement ;
MM. M art in eau, Laffon, JoUet., en disponi-
bilité sans traitement.
Plus dix gouverneurs honoraires.
Encore M. Binger, gouverneur détaché au
Ministère, mais qui, jadis, bouclait la boucle
du Niger.
Aussi les gouverneurs qui n'ont pas encore
gouverné, tel M. Richaud, un plus que jeune,
nommé avant trente ans, et qui attend une
bonne désignation.
Et, dans son énumération, Jean Ajal-
bert a oublié M. Rey, gouVérneur des
colonies, hier encore, gouverneur de la
Guyane, aujourd'hui en congé.
#*#
L'opinion d'un grand homme de
Hambourg. (Interview prise par M.
Henri DE NOUSSANNE, dana l'Echo de
Paris,)
En vérité, Monsieur, la France est aveu-
gle. Tenez, puisqu'il est entendu que noas
parlons franchement et que vous n'attendez
pas de moi des compliments comme on
pourrait vous en faire partout ailleurs en
Allemagne, d& peur- de déplaire à un étran-
ger qui peut toujours être un client, je vais
vous dire une phrase que notre empereur se
plaît à répéter et qu'il a prononcée, il n'y a
pas encore très longtemps, devant Ballin et
moi et quelques autres, en parlant de la
France : « Un pays quf a les plus belles côtes
de l'Europe et pas un port franc.; une flotte
de guerre et pas de marine marchande ; des
colonies et pas de colons ; pas d'émigrants
autres que des fonctionnaires, et qui reste
indifférent, est abandonné de Dieu, car pour
ne pas voir qu'il court à sa perte, il est
frappé de cécité ». Je ne dis pas cela pour
vous offenser, je le dis parce que vous ne
voulez pas voir que votre avenir, comme le
nôtre, est sur la mer, et que, si vous aviez
marché avec nous la main dans la main,
comme la Belgique, par exemple, vous au-
riez orienté vers la vie extérieure toutes les
énergies mal employées qui fomentent au-
jourd'hui des troubles à l'intérieur de votre
pays ; NOUS auriez un présent plus calme et
plus prospère. Votre fortune serait plus
sûie. Elle est très belle. Nous savons que
vous êtes porteurs de près de 50 milliards
de valeurs étrangères et que vous encaissez
tous les ans 2 milliards de revenus, sans
compter plus d'un milliard de bénéfices sur
les innombrables étrangers vivant ou rési-
dant en France. Voilà la source principale
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