Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-08-30
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 30 août 1906 30 août 1906
Description : 1906/08/30 (A7,N34). 1906/08/30 (A7,N34).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6374954r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
78 ANNEE No 34.
- y
PRIX : 15 cent.
PRIX Etra/ngtr'ei Colonies 30 cent,
JEUDII30 AOUri906
j
Les Annales Coloniales
Tous les mandats doivent être adressès au nom
de M. I administrateur, toutes les communicQ-
tions concernant la rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef.
-
-
JOURNAL HEBDOMADAIRE
:.¡.;
Paraissantus les Jeudis
Directeur vJ^ftCEL RUEDEL
Gralerie d'Orléans (Palais=Royal, PARIS 1er)
ABONNEMENTS
Un an 6 moit
FRANCE. 8 fr. 4 fr. 50
ETRANGER ET COONIES. 12 » 8 fr.
On s'abonne sans frais dans tons les Boreanx de Poste
Le Travail aux Colonies
La loi du travail est égate pour tous ;
dans une collectivité, la répartition des la-
beurs doit se faire entre tous les membres
sans exception, selon les aptitudes de cha-
cun. Le rentier de naissance doit dispa-
raître ; l'on ne doit plus vivre sans rien
faire et cela ne peut vous être permis que
le jour, où la vieillesse et les infirmités
sonnent à la pendule de la vie, c'est-à-dire
à l'heure des retraites. Le travail égal pour
tous n'est pas une utopie ; trente ans nous
montrent que lo nombre des rentiers diminue
avec la rente et que le nombre des fils de
rentiers qui travaillent augmentent avec la
diffusion du capital. Tout le monde doit tra-
vailler, nos besoins nous y obligent ; le
travail nous apparaît alors comme la ran-
çon de la liberté acquise dans une civili-
sation policée. Il est évident,d'autre part,
que le développement normal d'un Etat
se trouve dans le développement de la for-
ce productive du travail.
Chacun choisit librement son labeur se-
lon ses aptitudes, ses goûts, son éducation
mais, comme chacun doit travailler sous
peine de mourir de faim, il existe un dé-
cret naturel nous condamnant au travail
forcé. Nous considérons le travail comme
une obligation naturelle, plus naturelle
même que celle de payer l'impôt du sang
au pays.
Aux colonies, les conditions de mœurs
sont changées ; les indigènes n'ont pas de
besoins ; ils trouvent facilement le strict
nécessaire pour vivre ; la loi du travail ne
leur parait qu'exceptionnel ; ils vivent
sans rien faire, la nature les pourvoyant
de tout, devons-nous les contraindre au
travail ?
Les coloniaux de doctrine disent : non.
Les coloniaux d'affaires hurlent : oui. Il
faut remarquer, en passant, que le colo-
nial de doctrine se trouve principa-
lement parmi les coloniaux en chambre ou
nos représentants ignares des choses colo-
niales ; ils ont tout loisir pour faire de
superbes théories et il serait nécessaire de
les envoyer pendant quelques semaines,
aux colonies pour les taire changer d'avis
et leur montrer que l'on n'applique pas
les mêmes théories aux races dans l'en-
fance qu'à celles dont l'éducation est para-
chevée.
Pour les indigènes,il faut une contrainte.
Elle ne doit pas être vexatoire, elle doit
être indirecte. Il faut les amener à tra-
vailler sous l'influence des besoins nou-
veaux que nous avons à leur créer, sous la
loi d'une bienveillance continuelle. Il faut
les allécher par l'apptit du salaire ; ne pas
les rebuter par la violence et les injustices,
Il faut les y contraindre sous la forme d'un
impôt qui peut remplacer celui du sang
que paient tous les colons.
Peu à peu, on développera ainsi chezl'in-
digène le sentiment du travail, celui de sa
dignité personnelle et la force moralisatrice
du travail sera un moyen de civilisation
qui fera la grandeur de notre domaine co-
lonial.
Quelques doctrinaires soutiennent qu'il
ne doit pas y avoir contrainte du tout. Un
patron, en France, ne peut contraindre un
ouvrier. mais l'ouvrier et le patron
sont citoyens au même titre, justiciables
des mêmes tribunaux, possédant des
moyens de défense semblables. En est-il
de même du colon et des indigènes :
Non. Le patron et l'ouvrier ont cons-
cience de leurs obligations contractuelles ;
ils ont une éducation morale quasi la mê-
me ; ils ont le respect de la liberté des
conventions passées. Aux colonies, tout
cela n'existe pas encore.
Donc, les conditions n'étant pas les mê-
mes en France et aux colonies, il est im-
possible de traiter la main-d'œuvre colo-
niale comme nous traitons la main d'œu-
vre métropolitaine.
La contrainte, impossible chez nous, doit
être de règle en certaines colonies. L'indi-
gène est un enfant, or, nous contraignons
nos enfants au travail. Les formes de
cette contrainte doivent être douces ; elles
ne seront que transitoires, marquant le
passage de l'esclavage à la liberté absolue
et cette contrainte devra disparaître quand
l'indigène sera suffisamment civilisé.
Nous avons émis l'idée que cette con-
trainte soit appliquée sous la forme d'un
impôt à payer, d'impôt du sang, puisque
les indigènes n'acquittent pas là dette du
service militaire et des mille fois plus en-
nuyeuses périodes d'exercices de 28 ou 13
jours qui sont pour nous une perte de temps
et d'argent. Elle doit se faire sous l'influence
de lois protectrices empêchant le colon d'ex-
ploiter le travailleur au moyen d'un mai-
gre salaire, afin d'édifier plus vite sa for-
tune.
Les indigènes doivent travailler. Le droit
au travail doit s'infiltrer dans les masses
en même temps que d'autres droits et sur-
tout d'autres devoirs. Le peuple éduca-
leur doit cependant enseigner les principes
avec beaucoup de précautions ; il nous
faudrait réfléchir à deux fois avant d'ap-
prendre les principes de 89 aux indigènes
inaptes à les comprendre. Il n'est pas seu-
lement nécessaire d'avaler les règles hu-
manitaires de la civilisation pour être à
même de les respecter et de les appliquer,
il faut les digérer et non en avoir de ces
indigestions éclatantes à éclabousser le
monde de théories sur les droits de l'indi-
vidu sans penser qu'ils correspondent à
des devoirs et que ceux-ci n'existant plus,
ceux-là sont supprimés.
Les Antillais nous donnent de nom-
breux exemples de ces indigestions de
principes ; nous avons donné le coup de
gràce à ces belles colonies, en infusant des
idées trop libertaires, car nous les avons
semées dans un terrain non préparé et
elles éclatent dans l'agonie de nos plus
vieilles possessions.
Nous ne devons pas oublier que la cul-
ture et la germination des idées appellent
une préparation par l'éducation, comme la
culture des plantes demande une terre
aménagée.
René DELAPORIE.
Relations politiques entre
le Japon et le Siam.
On lit. dans un récent numéro du
L. a. C. Telegraph :
Au cours des quelques dernières
années, le Japon et le Siam ont com-
mencé à effectuer un rapprochement
(en français dans le texte) qui semble
être encouragé des deux côtés. Il y a
peu d'années, la visite du prince héritier
de Siam attira l'attention sur ce sujet, et
le toujours actif et énergique représen-
tant japonais à Bangkok, M. Manjiro
Inagaki, a fait beaucoup ponr établir
entre les deux États des liens plus
étroits. La présence du prince royal,
commandant en chef de l'armée sia-
moise à Tokio, pour assistera la récente
grande revue militaire, est un autre fac-
teur qui compte. En même temps, les
relations commerciales sont devenues
plus étroites, et le fait que la Nippon
Yusen Kaïilia a maintenant établi
une ligne directe de vapeurs entre les
deux pays devra encourager l'échange
direct des commodités. Incidemment
aussi, cette ligne pourra rompre le
monopole de la navigation détenu par le
Lloyd de l'Allemagne du Nord, depuis
que les lignes llolt, de Singapour, et la
Scottish Oriental, de Hong-Kong, ont
été acquises par cette Compagnie.
Ces indications s'ajoutent à celles
que les Annales Coloniales ont publiées
dans leur numéro du 26 juillet sur les
relations du Japon et du Siam.
D'ailleurs, d'après une information
parue dernièrement, M. Inagaki quitte-
rait prochainement Bangkok pour aller
occuper le poste de Ministre en Espa-
gne. Dans son édition de 1905,1e Japon
Year Book consacre à cet agent distingué
du service diplomatique nippon une
notice qu'il paraît intéressant de re-
produire ici : « lnagaki Manjiro
Ministre Résident à Bangkok, né à
Hirado en 1861 ; est entré en 1882 à
l'Université de Tokio, où il ne prit pas
-- a a -
de grade ; est entre à Cambridge (Angle-
terre) en 1886 et obtint en 1889 le
degré de Bachelier-ès-Arts (B. A.). Pen-
dant une année ou deux après son retour
il fit des conférences à l'Ecole des Nobles
et à l'Ecole des Hautes Etudes Cummer-
ciales de Tokio, puis commencèrent ses
tournées de conférences à travers les
principaux districts « prêchant » sur le
sujet de vive actualité (catchy) « la
Politique Orientale». A la fin, ses dis-
cours pleins de souffle (breezy talks)
portèrent fruit et en 1897 il réussit à
déterminer le comte Matsakata, alors
premier Ministre, à le nommer Ministre
résident accrédité à Bangkok, poste
qu'il occupe toujours, après tous les
changements qui ont eu lieu dans le Gou-
vernement, à l'intérieur.
G.
: ,, ,
UN ESSAI ITALIEN
de colonisation agricole au Chili.
La colonisation agricole,par l'intermé-
diaire d'entrepreneurs ou de sociétés,
dûment autorisés par l'Etat italien, à
des conditions bien arrêtées, semble
devoir être le meilleur moyen de régler
et protéger l'émigration italienne, d'as-
surer aux émigrants les meilleures
garanties d'établissement et de pros-
périté. Rappelons notamment que la
grande majorité se compose d'agricul-
teurs et que cependant, dans l'état actuel
des choses, par les difficultés de se tirer
d'affaire en dehors des villes où ils trou-
vent des compatriotes, par le besoin d'un
gain immédiat, la plupart restent dans
les grands centres et sont par conséquent
obligés de se livrer à des occupations, à
un genre de vie, qui n'étaient pas les
leurs. Les Annales Coloniales ont à
plusieurs reprises entretenu le lecteur
des projets de colonisation agricole orga-
nisée en grand, de la faveur dont ils
jouissent en ce moment en Italie et des
premiers essais effectués. En Tunisie,
depuis déjà plusieurs années, de vastes
domaines achetés par des capitalistes
siciliens sont mis en culture par des
paysans du même pays qui, après une
série de versements, deviennent proprié-
taires du lot qu'ils ont cultivé ; mais le
voisinage de la Sicile, la sécurité du
placement, les liens entre propriétaires
et colons, donnent à ces heureuses ten-
tatives un caractère particulier. En
Amérique, par exemple, avec des inter-
médiaires moins connus, des conditions
climatiques, économiques, politiques
même, beaucoup plus aléatoires, des
expériences nombreuses seront sans
doute nécessaires. C'est ce qui donne un
intérêt sérieux à l'essai de colonisation
tenté au Chili dans la province de Malleco
ancienne Araucanie).
La concession, de 27.000 hectares
environ, fut faite en 1903 à M. Nicosia,
un Italien, qui la baptisa Nouvelle-
Italie, et s'associa, pour son exploitation,
avec des compatriotes établis également
au Chili, MM. Ricci. Il s'était engagé à
y établir,dans le laps de trois ans, cent
familles italiennes, qui, ayant rembour-
sé l'entreprise des frais d'établissement
et des avances en vivres, bétail, instru -
ments, etc., deviendraient propriétaires
de leurs lots. Le gouvernement italien
approuva et désigna, pour accompagner
les colons et en surveiller l'installation,
M. Lomonaco. La première troupe de
colons fut établie sans encom bre et se
mit résolument à l'ouvrage. -- La seconde
et la plus nombreuse, dont le voyage
eut lieu en mars 1905, se mit au con-
traire: à peine arrivée, à assaillir l'entre-
prise de plaintes et d'accusations et a
recourir immédiatement, non seulement
au commissaire Lomonaco, mais au con-
sul et au ministre italiens et même aux
autorités chiliennes. Le commissaire
reconnaît que l'entreprise avait montré
quelque négligence dans les préparatifs
de réception : la paille était en quantité
insuffisante, les bougies pour l'éclairage
avaient été égarées, la cuisine aurait
senti la fumée. Ce fut le commencement
des récriminations ; sans qu'aucun d'eux
eût pris la peine d'aller du moins exa-
miner les terrains qui devaient leur être
assignés, les mécontents les déclarèrent
mauvais, l'entreprise était un piège pour
recruter et exploiter des travailleurs.
Des réunions se forment, des meneurs
pérorent, on organise une « ligue de
résistance » ; comme à l'ordinaire, la
majorité calme et disposée au travail,est
dominée et en partie entraînée. Un des
organisateurs de l'entreprise est, à son
arrivée, accueilli par des inj ures. On va
manifester à la prochaine ville chi-
lienne, puis à Santiago même, devant la
maison du ministre italien, ce qui ne
pouvait être que d'un détestable effet
dans des pays où les Italiens ne sont pas
encore toujours bien vus des habitants.
Une enquête est ordonnée par le ministre,
mais ses effets sont faibles, bien entendu,
et trente-einq familles quittent bru-
yamment la concession pour se disperser,
en des occupations quelconques, à San-
tiago même ou au loin, rompant le con-
trat signé avec l'entreprise, qui en est
pour ses frais de transport et d'entre-
tien.
L'enquête consciencieuse faite par M.
Lomonaco, après cette grève et cet
exode auxquels, il avait assisté impuis-
sant, et dont il rend compte dans le n° 8
du Bolletlino delV Emigrazione de
1906, montre que les -colons établis
depuis 1903 sont dans de bonnes condi-
tions et satisfaits de leur sort. L'espèce
de mutinerie des nouveaux venus est
due à la présence de mauvais éléments,
d'artisans ignorants de l'agriculture et
incapables de se plier à la patience et
aux fatigues qu'elle exige ; la conclusion
est qu'il faut être plus sévère dans le
choix des colons. D'ailleurs, tous ceux
des arrivants qui sont restés sont dès à
présent installés ; l'entreprise va être
l' 'T l'
consolidée par la constitution ci une
société financière dont presque tous
les actionnaires sont des Italiens établis
au Chili. Enfin la bienveillance du gou-
vernement du pays n'a subi aucune
atteinte et s'affirme par la construction,
dans la Nouvelle-Italie, d'une école, la
première qui soit construite, au Chili,
dans une colonie d'émigrants.
Une observation que l'on peut ajou-
ter, et avec satisfaction, c'est que l'abus
même, qu'une partie des émigrants au
Chili ont fait de leur liberté, montre le
grand progrès accompli dans les condi-
tions générales de l'émigration italienne.
Jadis elle rappelait, disait-on, la traite
des esclaves.Naguère encore pullulaient
des entrepreneurs sans scrupule qui
racolaient de malheureux compatriotes
par de fausses promesses et, une fois à
l'étranger, les amenaient a s'endetter
envers eux et, par suite, les tenaient à leur
discrétion, louant les adultes comme
ouvriers, utilisant les enfants comme
vendeurs ambulants ou joueurs d'orgue,
faisant de l'émigrant italien à l'étranger
un objet de pitié ou de mépris. A pré-
sent, l'émigrant est protégé durant le
voyage et généralement pendant son
installation. Le Brésil, par contre, qui
était un des pays les plus suspects pour
les traitements aux émigrants, leur est
encore maintenant interdit. L'émigrant
italien prend peu à peu l'aspect d'homme
libre ; ceux du Malleco étaient même
armés de fusils, et nous avons vu qu'ils
avaient, -- avec plus de -- liberté - que de rai-
son, inauguré le droit de grève dans le
pays des Araucans.
Jacques RAMBAUD.
- -
Mouvement diplomatique japonais.
En dehors de la nomination de M.
Jnagaki, dont nous parlons plus haut,
quelques autres mouvements sont an-
noncés dans le corps diplomatique japo-
nais. C'est ainsi que M. Takahira,ancien
ministre à Washington, serail envoyé
en Italie, comme ambassadeur ; M. Sarto
irait en Hollande ; M. Nioki, ancien secré-
taire de la légation japonaise à Washing-
ton, remplacerait M. Inagaki au Siam;
M. Ijuin, ancien consul général à Tien-
Tsin, vient d'arriver à Londres comme
conseiller de l'ambassade.
--".J'\I"r
La Semaine Coloniale.
L'incident franco-turc.– Une dépê-
che de Constantinople annonçait, ces
jours-ci,que la Porte a ordonné aux trou-
pes ottomanes d'évacuer l'oasis de Dja-
net au cas où elles l'auraient occupée,
et, au cas où elles seraient seulement
en route pour Djanet, de s'arrêter dans
la ville tripolitaine la plus proche, ou
d'y revenir si elles l'avaient dépassée.
Jusqu'à présent cette information n'a
pas été confirmée officiellement.
L'Allemagne et les Pères Blancs.
Le gouvernement allemand vient d'au-
toriser la création, à Altkirch (Alsace),
d'un séminaire de Pères Blancs, qui
fournira des missionnaires pour l'Afri-
que. Cet établissement sera placé sous
la direction du R. Frohberger, provin-
cial de Trêves. Le séminaire compren-
dra, pour débuter,trente élèves mission-
naires et deux professeurs venus de Tu-
nisie. Les cours commenceront en oc-
tobre. -
Souhaitons que les Pères Blancs,
après avoir servi les intérêts français,
ne deviennent pas, entre les mains de
l'Allemagne, un instrument de lutte
contre l'influence française en Afrique
du Nord.
0
La situation à Tanger. La tribu
des Andjeras a envoyé à Mohammed El
Torrès une lettre d'excuses pour le com-
bat qui a eu lieu le 16 courant, sur la
place du Marché, entre les Andjeras et
les partisans de Raisuli. Dans cette let-
tre, les Andjeras disent qu'ils sont les
sujets fidèles du sultan. Ils ajoutent
qu'ils ne désirent pas marcher contre le
gouvernement et se soumettront à toute
indemnité que le gouvernement pourra
leur imposer. Ils demandent cependant
que leurs prisonniers et leurs morts leur
soient rendus. Ils promettent d'obéir à
l'avenir au gouvernement de Tanger.
Le gouverneur de Tanger a fait pro-
clamer dans la ville, par le crieur public,
que l'amnistie était accordée aux Andje-
ras cachés chez les Européens ou pri-
sonniers.
Cette mesure de clémence, ou de fai-
blesse, s'explique par la nécessité d'évi-
ter des représailles ; mais.pourempecher
le retour de pareils incidents, l'organi-
sation de la police, telle qu'elle a été
prévue par la Conférence d'Algésiras,
s'im pose avec urgence, surtout à Tan-
ger.
L'incident franco-marocain. Des
instructions ont été données au vice-
consul de France à Fez,par le ministère
des affaires étrangères, pour qu'il insiste
auprès du maghzen afin que satisfaction
soit donnée aux réclamationsformulées
par le gouverneur général de l'Algérie,
et qui ont motivé le blocus d'Oudjda.
Les caravanes au Soudan. Deux
importantes caravanes venant de Tom-
bouctou par In-Salah sont arrivées à.
Gabès, apportant des plumes d'autruche,
de l'ivoire, du benjoin, représentant une
grande valeur. D'autres caravanes sont
signalées à la frontière.
Plusieurs grands négociants auraient
formé une association pour acheter tou-
tes ces marchandises. La chambre de
commerce de Tunis aurait pris l'initia-
tive de traiter avec les caravanes, afin
d'attirer les convois de Tombouctou
vers le sud tunisien. De grandes transac-
tions sont en cours.
Inondations au Sénégal. Plu-
sieurs maisons de Bordeaux viennent
de recevoir, par càblogramme, la nou-
velle d'une inondation au Sénégal.
Le fleuve Sénégal a subitement grossi,
et la crue a atteint, à Kayes, une hau-
teur de 1 m. 50 à 2 mètres. Les dégâts
sont considérables. Les maisons étant
construites très légèrement, un certain
nombre ont été emportées par le cou-
rant.
On présume que les vapeurs partis de
Bordeaux et de Marseille ne sont pas
encore arrivés à destination. Leur char-
gement ne serait donc pas en péril.
6
La délimitation franco-anglaise du
Niger au Tcliad. Une note commu-
niquée aux journaux anglais, le 25 août,
dit :
« Une nouvelle commission anglo-
française va partir pour l'Ouest africain,
pour la nouvelle délimitation de fron-
tières dans la région du Niger et du lac
Tchad. Le travail des commissaires con-
sistera à délimiter de nouveau la frontière
au -- Nord -- du protectorat - - de -- la - Nigeria
septentrionale, frontière qui avait été
délimitée, il y a deux ans, par la commis-
sion commandée par le colonel Elliott.
« A la suite de la nouvelle convention
anglo-française du 8 avril, qui cède à la
France une grande partie du territoire,
la frontière qui a été fixéet cette époque
a été modifiée de telle sorte que l'ancien
relevé topographique n'a plus grand
intérêt, excepté au point de vue géogra-
phique. On s'attend à ce que le nouveau
relevé topographique procède rapide-
ment, car il peut se joindre aux limites
déjà fixées dans le relevé précédent. »
Un cyclone à Djibouti. Un cyclone
a passé sur Djibouti, détruisant plusieurs
maisons ; il n'y a eu aucun accident de
personnes.
Camille FIDEL.
–- -.", -
LA SEMAINE ÉCONOMIQUE
Le commerce de la Côte des Somalis
en 1905. Le commerce total (impor-
tation et exportation réunies de mar-
chandises de toutes sortes) s'est élevé à
une somme totale de 30.148.945 francs;
c'est une augmentation de 984.528
francs sur l'année précédente et de
17.560.442 francs sur la moyenne de la
période quinquennale antérieure à
1904.
La part de la France dans ce mouve-
ment commercial a été de 3.193.146
francs ; celle des autres colonies fran-
çaise de 288,386 francs et celle dey pays
étrangers de 26.667.413 francs.
Le commerce des établissements
français dans l'Inde en 1905. Le
commerce total (importation et exporta-
tion réunies de marchandises de toutes
sortes) s'est élevé à une somm e totale de
33.542.204 francs ; c'est une diminu-
tion de 2.630.236 francs sur 1904 et
une augmentation de 8.684.224 francs
sur la moyenne quinquennale antérieu-
re à 1904.
La part de la France a été de 14 mil-
lions 033.365 francs : celles des autres
colonies françaises de 2.211.724 francs
et celle des pays étrangers de 17.297.115
francs.
Le commerce de l'Indo-Chine en
1905. Le commerce total (importa-
tion et exportation réunies de marchan-
dises de toutes sortes) s'est élevé à une
somme totale de 423.317.932 francs ;
c'est une augmentation de 81.948.581
francs sur 1904 et de 106.673.020 francs
sur la moyenne de la période quinquen-
nale antérieure à 1904.
La part de la France a été de 138.697.
020francs ; celle des autres colonies
françaises de 6.010.578 francs, et celle
des pays étrangers de 278.610.334
francs
Le commerce de la Guadeloupe en
1905. Le commerce total (importa-
tion et exportation réunies de marchan-
dises de toutes sortes) s'est élevé à. une
somme totale de 29.075.890 francs :
c'est une augmentation de 2.882.239
francs sur 1904 et une diminution de
5.983.304 francs sur la moyenne quin-
quennale antérieure à 1904.
La part de la France a été de 21.936.
229 francs : celle des autres colonies
françaises de 360.034 francs et celle des
pays étrangers de 6.446.164 francs.
Le commerce de Saint-Pierre et Mi-
quelon en 1905. –Le commerce total
(importation et exportation réunies de
marchandises de toutes sortes) s'est
élevé à une somme totale de 12.558.
832 francs ; c'est une diminution de
1.332.239 francs sur 1904 et de 9.579.
737 francs sur la moyenne quinquen-
nale antérieure à 1904.
La part de la France a été de 8.690.
483 francs ; celle des autres colonies
françaises de 272.598 francs et celle des
pays étrangers de 3.595.751 francs.
Le commerce du Dahomey en 1905
Le commerce total (importation et
ex portation réunies de marchandises de
toutes sortes) s'est élevé à une somme to-
tale de 18.366.673 francs ; c'est une dimi-
nution de 3.470.574 francs sur 1904 et de
6.572.311 francs sur la moyenne de la
période quinquennale antérieure à 1904.
La part de la France a été de 5.170.
532 francs ; celles des autres 'colonies
françaises de 18.032 francs et celle des
pays étrangers de 13.178.109 francs.
Le commerce de la Nouvelle-Calédo-
nie en 1905.–Le commerce total (im-
portation et exportation réunies de mar-
chandises de toutes sortes) s'est élevé à
une somme totale de 21.797.035 francs;
c'est unediminution de 1.723.119 francs
sur 1904 et de 1.004.259 francs sur la
moyenne de la période quinquennale an
térieure à 1904.
La part de la France a été de 8.582.
687 francs ; celle des autres colonies
françaises de 193.318 francs, et celle des
autres pays étrangers de 13.021.030
francs.
H. E.C.
- ##,
- y
PRIX : 15 cent.
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j
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On s'abonne sans frais dans tons les Boreanx de Poste
Le Travail aux Colonies
La loi du travail est égate pour tous ;
dans une collectivité, la répartition des la-
beurs doit se faire entre tous les membres
sans exception, selon les aptitudes de cha-
cun. Le rentier de naissance doit dispa-
raître ; l'on ne doit plus vivre sans rien
faire et cela ne peut vous être permis que
le jour, où la vieillesse et les infirmités
sonnent à la pendule de la vie, c'est-à-dire
à l'heure des retraites. Le travail égal pour
tous n'est pas une utopie ; trente ans nous
montrent que lo nombre des rentiers diminue
avec la rente et que le nombre des fils de
rentiers qui travaillent augmentent avec la
diffusion du capital. Tout le monde doit tra-
vailler, nos besoins nous y obligent ; le
travail nous apparaît alors comme la ran-
çon de la liberté acquise dans une civili-
sation policée. Il est évident,d'autre part,
que le développement normal d'un Etat
se trouve dans le développement de la for-
ce productive du travail.
Chacun choisit librement son labeur se-
lon ses aptitudes, ses goûts, son éducation
mais, comme chacun doit travailler sous
peine de mourir de faim, il existe un dé-
cret naturel nous condamnant au travail
forcé. Nous considérons le travail comme
une obligation naturelle, plus naturelle
même que celle de payer l'impôt du sang
au pays.
Aux colonies, les conditions de mœurs
sont changées ; les indigènes n'ont pas de
besoins ; ils trouvent facilement le strict
nécessaire pour vivre ; la loi du travail ne
leur parait qu'exceptionnel ; ils vivent
sans rien faire, la nature les pourvoyant
de tout, devons-nous les contraindre au
travail ?
Les coloniaux de doctrine disent : non.
Les coloniaux d'affaires hurlent : oui. Il
faut remarquer, en passant, que le colo-
nial de doctrine se trouve principa-
lement parmi les coloniaux en chambre ou
nos représentants ignares des choses colo-
niales ; ils ont tout loisir pour faire de
superbes théories et il serait nécessaire de
les envoyer pendant quelques semaines,
aux colonies pour les taire changer d'avis
et leur montrer que l'on n'applique pas
les mêmes théories aux races dans l'en-
fance qu'à celles dont l'éducation est para-
chevée.
Pour les indigènes,il faut une contrainte.
Elle ne doit pas être vexatoire, elle doit
être indirecte. Il faut les amener à tra-
vailler sous l'influence des besoins nou-
veaux que nous avons à leur créer, sous la
loi d'une bienveillance continuelle. Il faut
les allécher par l'apptit du salaire ; ne pas
les rebuter par la violence et les injustices,
Il faut les y contraindre sous la forme d'un
impôt qui peut remplacer celui du sang
que paient tous les colons.
Peu à peu, on développera ainsi chezl'in-
digène le sentiment du travail, celui de sa
dignité personnelle et la force moralisatrice
du travail sera un moyen de civilisation
qui fera la grandeur de notre domaine co-
lonial.
Quelques doctrinaires soutiennent qu'il
ne doit pas y avoir contrainte du tout. Un
patron, en France, ne peut contraindre un
ouvrier. mais l'ouvrier et le patron
sont citoyens au même titre, justiciables
des mêmes tribunaux, possédant des
moyens de défense semblables. En est-il
de même du colon et des indigènes :
Non. Le patron et l'ouvrier ont cons-
cience de leurs obligations contractuelles ;
ils ont une éducation morale quasi la mê-
me ; ils ont le respect de la liberté des
conventions passées. Aux colonies, tout
cela n'existe pas encore.
Donc, les conditions n'étant pas les mê-
mes en France et aux colonies, il est im-
possible de traiter la main-d'œuvre colo-
niale comme nous traitons la main d'œu-
vre métropolitaine.
La contrainte, impossible chez nous, doit
être de règle en certaines colonies. L'indi-
gène est un enfant, or, nous contraignons
nos enfants au travail. Les formes de
cette contrainte doivent être douces ; elles
ne seront que transitoires, marquant le
passage de l'esclavage à la liberté absolue
et cette contrainte devra disparaître quand
l'indigène sera suffisamment civilisé.
Nous avons émis l'idée que cette con-
trainte soit appliquée sous la forme d'un
impôt à payer, d'impôt du sang, puisque
les indigènes n'acquittent pas là dette du
service militaire et des mille fois plus en-
nuyeuses périodes d'exercices de 28 ou 13
jours qui sont pour nous une perte de temps
et d'argent. Elle doit se faire sous l'influence
de lois protectrices empêchant le colon d'ex-
ploiter le travailleur au moyen d'un mai-
gre salaire, afin d'édifier plus vite sa for-
tune.
Les indigènes doivent travailler. Le droit
au travail doit s'infiltrer dans les masses
en même temps que d'autres droits et sur-
tout d'autres devoirs. Le peuple éduca-
leur doit cependant enseigner les principes
avec beaucoup de précautions ; il nous
faudrait réfléchir à deux fois avant d'ap-
prendre les principes de 89 aux indigènes
inaptes à les comprendre. Il n'est pas seu-
lement nécessaire d'avaler les règles hu-
manitaires de la civilisation pour être à
même de les respecter et de les appliquer,
il faut les digérer et non en avoir de ces
indigestions éclatantes à éclabousser le
monde de théories sur les droits de l'indi-
vidu sans penser qu'ils correspondent à
des devoirs et que ceux-ci n'existant plus,
ceux-là sont supprimés.
Les Antillais nous donnent de nom-
breux exemples de ces indigestions de
principes ; nous avons donné le coup de
gràce à ces belles colonies, en infusant des
idées trop libertaires, car nous les avons
semées dans un terrain non préparé et
elles éclatent dans l'agonie de nos plus
vieilles possessions.
Nous ne devons pas oublier que la cul-
ture et la germination des idées appellent
une préparation par l'éducation, comme la
culture des plantes demande une terre
aménagée.
René DELAPORIE.
Relations politiques entre
le Japon et le Siam.
On lit. dans un récent numéro du
L. a. C. Telegraph :
Au cours des quelques dernières
années, le Japon et le Siam ont com-
mencé à effectuer un rapprochement
(en français dans le texte) qui semble
être encouragé des deux côtés. Il y a
peu d'années, la visite du prince héritier
de Siam attira l'attention sur ce sujet, et
le toujours actif et énergique représen-
tant japonais à Bangkok, M. Manjiro
Inagaki, a fait beaucoup ponr établir
entre les deux États des liens plus
étroits. La présence du prince royal,
commandant en chef de l'armée sia-
moise à Tokio, pour assistera la récente
grande revue militaire, est un autre fac-
teur qui compte. En même temps, les
relations commerciales sont devenues
plus étroites, et le fait que la Nippon
Yusen Kaïilia a maintenant établi
une ligne directe de vapeurs entre les
deux pays devra encourager l'échange
direct des commodités. Incidemment
aussi, cette ligne pourra rompre le
monopole de la navigation détenu par le
Lloyd de l'Allemagne du Nord, depuis
que les lignes llolt, de Singapour, et la
Scottish Oriental, de Hong-Kong, ont
été acquises par cette Compagnie.
Ces indications s'ajoutent à celles
que les Annales Coloniales ont publiées
dans leur numéro du 26 juillet sur les
relations du Japon et du Siam.
D'ailleurs, d'après une information
parue dernièrement, M. Inagaki quitte-
rait prochainement Bangkok pour aller
occuper le poste de Ministre en Espa-
gne. Dans son édition de 1905,1e Japon
Year Book consacre à cet agent distingué
du service diplomatique nippon une
notice qu'il paraît intéressant de re-
produire ici : « lnagaki Manjiro
Ministre Résident à Bangkok, né à
Hirado en 1861 ; est entré en 1882 à
l'Université de Tokio, où il ne prit pas
-- a a -
de grade ; est entre à Cambridge (Angle-
terre) en 1886 et obtint en 1889 le
degré de Bachelier-ès-Arts (B. A.). Pen-
dant une année ou deux après son retour
il fit des conférences à l'Ecole des Nobles
et à l'Ecole des Hautes Etudes Cummer-
ciales de Tokio, puis commencèrent ses
tournées de conférences à travers les
principaux districts « prêchant » sur le
sujet de vive actualité (catchy) « la
Politique Orientale». A la fin, ses dis-
cours pleins de souffle (breezy talks)
portèrent fruit et en 1897 il réussit à
déterminer le comte Matsakata, alors
premier Ministre, à le nommer Ministre
résident accrédité à Bangkok, poste
qu'il occupe toujours, après tous les
changements qui ont eu lieu dans le Gou-
vernement, à l'intérieur.
G.
: ,, ,
UN ESSAI ITALIEN
de colonisation agricole au Chili.
La colonisation agricole,par l'intermé-
diaire d'entrepreneurs ou de sociétés,
dûment autorisés par l'Etat italien, à
des conditions bien arrêtées, semble
devoir être le meilleur moyen de régler
et protéger l'émigration italienne, d'as-
surer aux émigrants les meilleures
garanties d'établissement et de pros-
périté. Rappelons notamment que la
grande majorité se compose d'agricul-
teurs et que cependant, dans l'état actuel
des choses, par les difficultés de se tirer
d'affaire en dehors des villes où ils trou-
vent des compatriotes, par le besoin d'un
gain immédiat, la plupart restent dans
les grands centres et sont par conséquent
obligés de se livrer à des occupations, à
un genre de vie, qui n'étaient pas les
leurs. Les Annales Coloniales ont à
plusieurs reprises entretenu le lecteur
des projets de colonisation agricole orga-
nisée en grand, de la faveur dont ils
jouissent en ce moment en Italie et des
premiers essais effectués. En Tunisie,
depuis déjà plusieurs années, de vastes
domaines achetés par des capitalistes
siciliens sont mis en culture par des
paysans du même pays qui, après une
série de versements, deviennent proprié-
taires du lot qu'ils ont cultivé ; mais le
voisinage de la Sicile, la sécurité du
placement, les liens entre propriétaires
et colons, donnent à ces heureuses ten-
tatives un caractère particulier. En
Amérique, par exemple, avec des inter-
médiaires moins connus, des conditions
climatiques, économiques, politiques
même, beaucoup plus aléatoires, des
expériences nombreuses seront sans
doute nécessaires. C'est ce qui donne un
intérêt sérieux à l'essai de colonisation
tenté au Chili dans la province de Malleco
ancienne Araucanie).
La concession, de 27.000 hectares
environ, fut faite en 1903 à M. Nicosia,
un Italien, qui la baptisa Nouvelle-
Italie, et s'associa, pour son exploitation,
avec des compatriotes établis également
au Chili, MM. Ricci. Il s'était engagé à
y établir,dans le laps de trois ans, cent
familles italiennes, qui, ayant rembour-
sé l'entreprise des frais d'établissement
et des avances en vivres, bétail, instru -
ments, etc., deviendraient propriétaires
de leurs lots. Le gouvernement italien
approuva et désigna, pour accompagner
les colons et en surveiller l'installation,
M. Lomonaco. La première troupe de
colons fut établie sans encom bre et se
mit résolument à l'ouvrage. -- La seconde
et la plus nombreuse, dont le voyage
eut lieu en mars 1905, se mit au con-
traire: à peine arrivée, à assaillir l'entre-
prise de plaintes et d'accusations et a
recourir immédiatement, non seulement
au commissaire Lomonaco, mais au con-
sul et au ministre italiens et même aux
autorités chiliennes. Le commissaire
reconnaît que l'entreprise avait montré
quelque négligence dans les préparatifs
de réception : la paille était en quantité
insuffisante, les bougies pour l'éclairage
avaient été égarées, la cuisine aurait
senti la fumée. Ce fut le commencement
des récriminations ; sans qu'aucun d'eux
eût pris la peine d'aller du moins exa-
miner les terrains qui devaient leur être
assignés, les mécontents les déclarèrent
mauvais, l'entreprise était un piège pour
recruter et exploiter des travailleurs.
Des réunions se forment, des meneurs
pérorent, on organise une « ligue de
résistance » ; comme à l'ordinaire, la
majorité calme et disposée au travail,est
dominée et en partie entraînée. Un des
organisateurs de l'entreprise est, à son
arrivée, accueilli par des inj ures. On va
manifester à la prochaine ville chi-
lienne, puis à Santiago même, devant la
maison du ministre italien, ce qui ne
pouvait être que d'un détestable effet
dans des pays où les Italiens ne sont pas
encore toujours bien vus des habitants.
Une enquête est ordonnée par le ministre,
mais ses effets sont faibles, bien entendu,
et trente-einq familles quittent bru-
yamment la concession pour se disperser,
en des occupations quelconques, à San-
tiago même ou au loin, rompant le con-
trat signé avec l'entreprise, qui en est
pour ses frais de transport et d'entre-
tien.
L'enquête consciencieuse faite par M.
Lomonaco, après cette grève et cet
exode auxquels, il avait assisté impuis-
sant, et dont il rend compte dans le n° 8
du Bolletlino delV Emigrazione de
1906, montre que les -colons établis
depuis 1903 sont dans de bonnes condi-
tions et satisfaits de leur sort. L'espèce
de mutinerie des nouveaux venus est
due à la présence de mauvais éléments,
d'artisans ignorants de l'agriculture et
incapables de se plier à la patience et
aux fatigues qu'elle exige ; la conclusion
est qu'il faut être plus sévère dans le
choix des colons. D'ailleurs, tous ceux
des arrivants qui sont restés sont dès à
présent installés ; l'entreprise va être
l' 'T l'
consolidée par la constitution ci une
société financière dont presque tous
les actionnaires sont des Italiens établis
au Chili. Enfin la bienveillance du gou-
vernement du pays n'a subi aucune
atteinte et s'affirme par la construction,
dans la Nouvelle-Italie, d'une école, la
première qui soit construite, au Chili,
dans une colonie d'émigrants.
Une observation que l'on peut ajou-
ter, et avec satisfaction, c'est que l'abus
même, qu'une partie des émigrants au
Chili ont fait de leur liberté, montre le
grand progrès accompli dans les condi-
tions générales de l'émigration italienne.
Jadis elle rappelait, disait-on, la traite
des esclaves.Naguère encore pullulaient
des entrepreneurs sans scrupule qui
racolaient de malheureux compatriotes
par de fausses promesses et, une fois à
l'étranger, les amenaient a s'endetter
envers eux et, par suite, les tenaient à leur
discrétion, louant les adultes comme
ouvriers, utilisant les enfants comme
vendeurs ambulants ou joueurs d'orgue,
faisant de l'émigrant italien à l'étranger
un objet de pitié ou de mépris. A pré-
sent, l'émigrant est protégé durant le
voyage et généralement pendant son
installation. Le Brésil, par contre, qui
était un des pays les plus suspects pour
les traitements aux émigrants, leur est
encore maintenant interdit. L'émigrant
italien prend peu à peu l'aspect d'homme
libre ; ceux du Malleco étaient même
armés de fusils, et nous avons vu qu'ils
avaient, -- avec plus de -- liberté - que de rai-
son, inauguré le droit de grève dans le
pays des Araucans.
Jacques RAMBAUD.
- -
Mouvement diplomatique japonais.
En dehors de la nomination de M.
Jnagaki, dont nous parlons plus haut,
quelques autres mouvements sont an-
noncés dans le corps diplomatique japo-
nais. C'est ainsi que M. Takahira,ancien
ministre à Washington, serail envoyé
en Italie, comme ambassadeur ; M. Sarto
irait en Hollande ; M. Nioki, ancien secré-
taire de la légation japonaise à Washing-
ton, remplacerait M. Inagaki au Siam;
M. Ijuin, ancien consul général à Tien-
Tsin, vient d'arriver à Londres comme
conseiller de l'ambassade.
--".J'\I"r
La Semaine Coloniale.
L'incident franco-turc.– Une dépê-
che de Constantinople annonçait, ces
jours-ci,que la Porte a ordonné aux trou-
pes ottomanes d'évacuer l'oasis de Dja-
net au cas où elles l'auraient occupée,
et, au cas où elles seraient seulement
en route pour Djanet, de s'arrêter dans
la ville tripolitaine la plus proche, ou
d'y revenir si elles l'avaient dépassée.
Jusqu'à présent cette information n'a
pas été confirmée officiellement.
L'Allemagne et les Pères Blancs.
Le gouvernement allemand vient d'au-
toriser la création, à Altkirch (Alsace),
d'un séminaire de Pères Blancs, qui
fournira des missionnaires pour l'Afri-
que. Cet établissement sera placé sous
la direction du R. Frohberger, provin-
cial de Trêves. Le séminaire compren-
dra, pour débuter,trente élèves mission-
naires et deux professeurs venus de Tu-
nisie. Les cours commenceront en oc-
tobre. -
Souhaitons que les Pères Blancs,
après avoir servi les intérêts français,
ne deviennent pas, entre les mains de
l'Allemagne, un instrument de lutte
contre l'influence française en Afrique
du Nord.
0
La situation à Tanger. La tribu
des Andjeras a envoyé à Mohammed El
Torrès une lettre d'excuses pour le com-
bat qui a eu lieu le 16 courant, sur la
place du Marché, entre les Andjeras et
les partisans de Raisuli. Dans cette let-
tre, les Andjeras disent qu'ils sont les
sujets fidèles du sultan. Ils ajoutent
qu'ils ne désirent pas marcher contre le
gouvernement et se soumettront à toute
indemnité que le gouvernement pourra
leur imposer. Ils demandent cependant
que leurs prisonniers et leurs morts leur
soient rendus. Ils promettent d'obéir à
l'avenir au gouvernement de Tanger.
Le gouverneur de Tanger a fait pro-
clamer dans la ville, par le crieur public,
que l'amnistie était accordée aux Andje-
ras cachés chez les Européens ou pri-
sonniers.
Cette mesure de clémence, ou de fai-
blesse, s'explique par la nécessité d'évi-
ter des représailles ; mais.pourempecher
le retour de pareils incidents, l'organi-
sation de la police, telle qu'elle a été
prévue par la Conférence d'Algésiras,
s'im pose avec urgence, surtout à Tan-
ger.
L'incident franco-marocain. Des
instructions ont été données au vice-
consul de France à Fez,par le ministère
des affaires étrangères, pour qu'il insiste
auprès du maghzen afin que satisfaction
soit donnée aux réclamationsformulées
par le gouverneur général de l'Algérie,
et qui ont motivé le blocus d'Oudjda.
Les caravanes au Soudan. Deux
importantes caravanes venant de Tom-
bouctou par In-Salah sont arrivées à.
Gabès, apportant des plumes d'autruche,
de l'ivoire, du benjoin, représentant une
grande valeur. D'autres caravanes sont
signalées à la frontière.
Plusieurs grands négociants auraient
formé une association pour acheter tou-
tes ces marchandises. La chambre de
commerce de Tunis aurait pris l'initia-
tive de traiter avec les caravanes, afin
d'attirer les convois de Tombouctou
vers le sud tunisien. De grandes transac-
tions sont en cours.
Inondations au Sénégal. Plu-
sieurs maisons de Bordeaux viennent
de recevoir, par càblogramme, la nou-
velle d'une inondation au Sénégal.
Le fleuve Sénégal a subitement grossi,
et la crue a atteint, à Kayes, une hau-
teur de 1 m. 50 à 2 mètres. Les dégâts
sont considérables. Les maisons étant
construites très légèrement, un certain
nombre ont été emportées par le cou-
rant.
On présume que les vapeurs partis de
Bordeaux et de Marseille ne sont pas
encore arrivés à destination. Leur char-
gement ne serait donc pas en péril.
6
La délimitation franco-anglaise du
Niger au Tcliad. Une note commu-
niquée aux journaux anglais, le 25 août,
dit :
« Une nouvelle commission anglo-
française va partir pour l'Ouest africain,
pour la nouvelle délimitation de fron-
tières dans la région du Niger et du lac
Tchad. Le travail des commissaires con-
sistera à délimiter de nouveau la frontière
au -- Nord -- du protectorat - - de -- la - Nigeria
septentrionale, frontière qui avait été
délimitée, il y a deux ans, par la commis-
sion commandée par le colonel Elliott.
« A la suite de la nouvelle convention
anglo-française du 8 avril, qui cède à la
France une grande partie du territoire,
la frontière qui a été fixéet cette époque
a été modifiée de telle sorte que l'ancien
relevé topographique n'a plus grand
intérêt, excepté au point de vue géogra-
phique. On s'attend à ce que le nouveau
relevé topographique procède rapide-
ment, car il peut se joindre aux limites
déjà fixées dans le relevé précédent. »
Un cyclone à Djibouti. Un cyclone
a passé sur Djibouti, détruisant plusieurs
maisons ; il n'y a eu aucun accident de
personnes.
Camille FIDEL.
–- -.", -
LA SEMAINE ÉCONOMIQUE
Le commerce de la Côte des Somalis
en 1905. Le commerce total (impor-
tation et exportation réunies de mar-
chandises de toutes sortes) s'est élevé à
une somme totale de 30.148.945 francs;
c'est une augmentation de 984.528
francs sur l'année précédente et de
17.560.442 francs sur la moyenne de la
période quinquennale antérieure à
1904.
La part de la France dans ce mouve-
ment commercial a été de 3.193.146
francs ; celle des autres colonies fran-
çaise de 288,386 francs et celle dey pays
étrangers de 26.667.413 francs.
Le commerce des établissements
français dans l'Inde en 1905. Le
commerce total (importation et exporta-
tion réunies de marchandises de toutes
sortes) s'est élevé à une somm e totale de
33.542.204 francs ; c'est une diminu-
tion de 2.630.236 francs sur 1904 et
une augmentation de 8.684.224 francs
sur la moyenne quinquennale antérieu-
re à 1904.
La part de la France a été de 14 mil-
lions 033.365 francs : celles des autres
colonies françaises de 2.211.724 francs
et celle des pays étrangers de 17.297.115
francs.
Le commerce de l'Indo-Chine en
1905. Le commerce total (importa-
tion et exportation réunies de marchan-
dises de toutes sortes) s'est élevé à une
somme totale de 423.317.932 francs ;
c'est une augmentation de 81.948.581
francs sur 1904 et de 106.673.020 francs
sur la moyenne de la période quinquen-
nale antérieure à 1904.
La part de la France a été de 138.697.
020francs ; celle des autres colonies
françaises de 6.010.578 francs, et celle
des pays étrangers de 278.610.334
francs
Le commerce de la Guadeloupe en
1905. Le commerce total (importa-
tion et exportation réunies de marchan-
dises de toutes sortes) s'est élevé à. une
somme totale de 29.075.890 francs :
c'est une augmentation de 2.882.239
francs sur 1904 et une diminution de
5.983.304 francs sur la moyenne quin-
quennale antérieure à 1904.
La part de la France a été de 21.936.
229 francs : celle des autres colonies
françaises de 360.034 francs et celle des
pays étrangers de 6.446.164 francs.
Le commerce de Saint-Pierre et Mi-
quelon en 1905. –Le commerce total
(importation et exportation réunies de
marchandises de toutes sortes) s'est
élevé à une somme totale de 12.558.
832 francs ; c'est une diminution de
1.332.239 francs sur 1904 et de 9.579.
737 francs sur la moyenne quinquen-
nale antérieure à 1904.
La part de la France a été de 8.690.
483 francs ; celle des autres colonies
françaises de 272.598 francs et celle des
pays étrangers de 3.595.751 francs.
Le commerce du Dahomey en 1905
Le commerce total (importation et
ex portation réunies de marchandises de
toutes sortes) s'est élevé à une somme to-
tale de 18.366.673 francs ; c'est une dimi-
nution de 3.470.574 francs sur 1904 et de
6.572.311 francs sur la moyenne de la
période quinquennale antérieure à 1904.
La part de la France a été de 5.170.
532 francs ; celles des autres 'colonies
françaises de 18.032 francs et celle des
pays étrangers de 13.178.109 francs.
Le commerce de la Nouvelle-Calédo-
nie en 1905.–Le commerce total (im-
portation et exportation réunies de mar-
chandises de toutes sortes) s'est élevé à
une somme totale de 21.797.035 francs;
c'est unediminution de 1.723.119 francs
sur 1904 et de 1.004.259 francs sur la
moyenne de la période quinquennale an
térieure à 1904.
La part de la France a été de 8.582.
687 francs ; celle des autres colonies
françaises de 193.318 francs, et celle des
autres pays étrangers de 13.021.030
francs.
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