Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-04-26
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 26 avril 1906 26 avril 1906
Description : 1906/04/26 (A7,N15)- (A7,N16). 1906/04/26 (A7,N15)- (A7,N16).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6374942j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
7' ANNÉE N- 15-16.
PRIX
France : 15 cent. JEUDI 26 AVRIL 1906.
Etranger et Colonies : 30 cent. JETIDI 26 A V-RIL 106.
Les Annales Coloniales
es nna .es
0
Tous les mandats doivent être adressés att nom
de M. Vadministrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef.
JOU-:R.N".AL :E;3:EB:DOl\l.[.A:D.AIR.E
l
Paraissant tous les Jeudis
Directeur : MARCEt. RUEDEL
l' -
4, Galerie d'Orléans (Palais-Royal, PARIS 1er)
ABONNEMENTS
Un an 6 mois
FRANCE 8 fr. 4 fr. 50
ETRANGER ET COLONIES.,. 12 » 8 fr,
On s'abonne sans frais dans tous les Bureaux de Poste
LA SITUATION ÉCONOMIQUE
DE L'ALGÈRIE
Au point de vue économique, l'Algé-
rie continue à donner les résultats les
plus satisfaisants et ce, grâce à l'inces-
sante activité de M. Jonnart, dont l'ad-
ministration intelligente a été si féconde
pour notre-colonie. Comme on le verra,
il y a tout à fait lieu de se féliciter des
résultats obtenus pendant les dernières
années.
Le commerce spécial de l'Algérie, en
effet, accuse, tant en importations qu'en
exportations, un total de o3o.l28fr.
pour 1900. Ce chiffre a été de 580.538fr.
en 1901, de 624. 858 fr. en 1902,
de 633. 814 fr. en 1903. - En 1904, il
s'est élevé à 630.609 fr.
De même, ou constate une plus-value
de près de 500.000 francs dans les recet-
tes que produit l'exploitation des forêts,
- recettes qui atteignaient 3.334.853 fr.
en 1903, et 3.821.000 fr. en 1904. On
a prévu, pour 1905, une recette de
4.200.000 fr. environ. Ainsi, l'Algé-
rie est appelée à tirer, chaque année,
des revenus de plus en plus élevés de ses
forêts. - Qunt aux incendies qui, en
1902 et en 1903, ont causé des dégâts
tels que l'on pût avoir quelque crainte
pour l'avenir, ils semblent aujourd'hui
devoir être écartés : à cet égard encore,
il y à lieu de se féliciter des mesures prises
par le Gouyerneur général. Comme
l'a fait remarquer l'honorable rappor-
teur du budget spécial de l'Algérie, M.
Jules Legrand (rapport pour l'exercice
1905), ces incendies étaient dus, en grande
partie,au renouvellement des pâturages :
« les indigènes mettent le feu aux brous-
sailles qui leur servent de parcours indi-
viduel ou collectif et le feu gagne la
forêt où ils ont l'habitude de pacager en
délit. La Commission, convaincue de
l'impossibilité de faire renoncer les indi-
gènes à ce mode de régénération des
pâturages par le feu, a demandé que les
communaux de parcours broussailleux
soient incinérés méthodiquement avec
le concours des populations et sous la
direction de l'administration. Cette in-
novation est de la plus haute importan-
ce ; elle a été consacrée par l'arrêté
gpuvernemental du 20 août 1904 sur les
incendies. » On a évité, de la sorte, le
renouvellement des désastres survenus
les années précédentes, et les chiffres
permettent de constater les résultats
obtenus : Depuis 1890, le chiffre des
recettes a décuplé : il était, en 1890, de
354.601 fr., en 1895 de 794.252 fr., –en
1900de 1.861.494 fr.,–en 1901, de2.433.
902 fr. en 1902, de 2,503.279 fr.,
en 1903, de 3.334.851 fr, en 1904,
de 3.821.000 fr. Et, comme on l'a
dit, les recettes prévues pour 1905 sont
de 4. 200. 000 fr. Le chiffre des dé-
penses ordinaires du service forestier
s'élevant à 3 millions de francs environ,
on voit que la colonie tire des ressour-
ces réelles de l'exploitation de ses fo-
..Af.
lUtSi
Si l'on se demande, d'aulre part, quel
a été le développement de notre colonie
au point de vue de la pêche côtière, on
constate, en gros, que la pêche du pois -
son etdu corail représente une valeur de
3.200.000 fr. A ce sujet les difficul-
té résultant de la réglementation de la
pêche (composition des équipages, dates
d'ouverture et de fermeture, prohibition
de certains engins,etc. )In'ont pas échappé
à M. Jonnart : une Commission, nom-
mée parle gouverneur général, cherche
les moyens d'arriver à une exploitation
meilleure de la côte algérienne, et, en
attendant, on a paré à l'insuffisance de
la surveillance. Il a été décidé (décret
du gouverneur général dul5 mai 1905)
que les agents du service des douanes
collaboreraient à la surveillance de la
pèche. - Seulement, ainsi que la fait
remarquer l'honorable M. Jules Legrand
dans son rapport si documenté, s'il y a
là un progrès très sensible, il y a lieu de
compléter la réforme en faisant « parti-
ciper tout le personnel des officiers de la
défense mobile de l'Algérie à la répres-
sion des délits commis par les pêch eurs. »
Enfin et surtout il convient d'étudier-
M. Jonnart s'est préoccupé de cette ques-
tion un projet de création d'une cais-
se de crédit en vue de consentir aux pê-
cheurs les avances indispensables pour
achat de barques, filets etc.. On évite-
tera de la sorte l'exploitation des petits
pêcheurs par certains intermédiaires qui
prêtent sous réserve du monopole de la
vente, achètent en bloc le poisson à bas
prix, partagent avec les pêcheurs sur ce
prix et revendent ensuite au détail en réa-
lisant de gros bénéfices. C'est donc de
l'organisation des caisses de crédit qu'il
faut attendre, là encore, un progrès sen-
sible Aussi bien, l'organisation des cais-
ses régionales de crédit agricole mutuel
LES PEINTRES ORIENTALISTES ET COLONIAUX.
JW. Paal Iiefoy
M. Paul Leroy, par la vigueur de ses couleurs, l'expression magique de ses figu-
res, la sincérité de ses impressions, la puissance de ses interprétations, a su rapide-
ment conquérir la faveur du grand public et l'estime des connaissseurs.
Né à Paris le 27 décembre 1860, d'un père originaire de Douai et d'une mère née
à Odessa, il a passé les premières années de sa vie, de 1864 à 1877, dans cette ville
enchanteresse, qui était à cette époque, plus encore qu'aujourd'hui, le carrefour
de toutes les civilisations de l'Orient. Devant de tels mirages, Paul Leroy commença
de bonne heure à tenir le pi nceau et à dix-huit ans, de retour en France, il
entrait à l'atelier de Cabanel. Les succès d'ailleurs lui arrivèrent adolescent; en
1882, il obtenait au salon une troisième médaille, et une bourse de voyage ; en
1888, il recevait une deuxième médaille avec le portrait de son père ; la même
année, il enlevait le Prix du Salon et partait immédiatement pour la Turquie et
l'Egypte et commençait la série de ses voyages en Algérie d'où il rapporta depuis
d'amples et précieuses moissons.
En 1889, avec Léonce Bénédite, Dinet, L.-A. Girardot, il fondait la Société des
peintres orientalistes français et dix-huit ans après, ce printemps-ci, c'était encore
lui qui contribuait le plus puissamment au succès de leur 14e exposition avec l'en-
voi de 29 tableaux ou études qui étaient autant de petits chefs-d'œuvre, et parmi
eux me reviennent en mémoire: La mère et la fille à Biskra, –La porte de la
mosquée au Caire, Ben Nour, jeune Arabe de Biskra, - Ali et une Fellahine
pris au Caire, le désert en fieursà Fougala (Zibans),
Parmi ses principales œuvres, citons : Jésus chez Marthe et Marie au musée
de Rluen, - Samf)n tow'nant la meule, au [alléc de Cambrai, l'Oasis d'El-
Kantara et Fileuse, au musée du Luxembourg, le Bain au Palais-Bourbon
(Hôtel de la Présidence),– une Marine au Musée d'Aj accio, au musée d'Odessa,
Mardochée, - Les filles d'Atlas à Buenos-Ayrea, la Décoration de l'Eglise
Arménienne de Paris, etc., etc.
Enfin cette année, au Salon, Paul Leroy a envoyé un superbe panneau décoratif
inspiré en Egypte et destiné au Palais d'un des princes les plus connus de ce pays.
R.
-- .,..,.,..-
en France, dont le fonctionnement a
donné des résultats si remarquables,
constituera l'exemple le plus encoura-
geant.
IV. LES MINES. L'industrie mi-
nière se développe de plus en plus en
Algérie, dans le département de
Constantine notamment où, en 1904, de
janvier à septembre, on compte huit
concessions nouvelles de mines, l'une
de cuivre, les sept autres pour l'extrac-
tion du zinc et du plomb.
Pour le minerai de fer, il semble que
l'exploitation qui se faisait à proximité
delà côte soit épuisée et c'està l'intérieur
même du pays que portent les recherches.
A ce sujet, il convient de rappeler
qu'il a été déposé sur le bureau de la
Chambre des Députés (2e Eéance du 12
juillet 1905) un projet de loi présenté
par les ministres des finances, de l'In-
térieur, de l'Agriculture et des Travaux
publics : ce projet a pour but d'approu-
ver les conventions passées entre le
gouvernement général de l'Algérie et la
Société d'Etudes del'Ouenzapour l'amo-
diation des minières du Djebel-Ouenza.
Il vise également la concession d'un
chemin de fer à voie étroite reliant ces
minières à Bône, et, dans ce port, la
concession de divers emplacements né-
cessaires à l'exploitation des minerais.
On prévoit que la minière, mise en
œuvre, assurera au budget local, dans
quelques années, une recette annuelle
de plus de 600,000 francs.
• Dans ces conditions et comme le tai-
sait remarquer déjà dans son rapport,
l'année dernière, l'honorable M. Jules
Legrand si les recherches minières
entreprisesen Algérie presque au lende-
main de la conquête sont demeurées
longtemps infructueuses, depuis 1895,
au moins, elles ont pris un sérieux déve-
loppement et ont abouti à des résultats
des plus satisfaisants.
V. LA. QUESTION FONCIÈRE. Le
but de la législation foncière, en Algé-
rie, c'est de favoriser, d'une part, le
peuplement de la colonie par des élé-
ments français et de donner aux indigè-
nes, d'autre part, les mêmes garanties
qu'aux Européens ; mais on sait en pré-
sence de quelles difficultés la législation
foncière se trouve. depuis longtemps, à
raison dès coutumes musulmanes : en
effet, sur les neuf millions d'hectares
environ détenus par les particuliers
dans l'Algérie colonisable, trois millions
sontsoumis à laloi française, quatre mil-
lions à la loi musulmane, et deux mil-
lions aux coutumes locales. Or l'acqui-
sition de terres placées sous l'empire de
la loi musulmane est sujette à caution:
il est difficile de déterminer les titres
des ayants droit avec lesquels on traite,
« de telle sorte que, ainsi que le déclare
« M. Jules Legrand, un acquéreur euro-
« péen d'une terre melk n'est jamais
«certain, quelque précaution qu'il ait
« prise, de se trouver à l'abri de toutdan-
« ger d'éviction. » On a essayé de remé-
dier à cet état de choses et les lois des
6 juillet 1873 et 28 avril 1887 ont eu
pour but de pourvoir chaque indigène
d'un titre individuel constatant ses droits
de propriété : on se rappelle l'échec de
ces deux lois, impuissantes à établir
l'asisette de la propriété sur des bases
définitives. C'est en 1901 seulement
qu'on élabora un nouveau projet portant
réorganisation delà législation fonciè-
re. A la suite d'un vœu des délégations
financières, une commission fut chargée
de présenter un plan de réformes,adopté,
à l'unanimité par les assemblées al-
gériennes dans leur session ordinaire de
1904.
Il est créé des livres fonciers sur les-
quels on indique, pour chaque immeu-
ble, les droits et charges constituant
son individualité juridique, tandis qu'un
plan annexé détermine son individualité
physique. L'ensemble de ces renseigne-
ments forme le titre de propriété dont
une copie littérale et authentique est re-
mise au propriétaire. Cette réforme de
lalégislation foncière en Algérie est donc
appelée à donner à la propriété euro-
péenne et indigène la fixité qui lui a fait
défaut jusqu'alors, et à « ouvrir aux
« propriétaires fonciers, européens ou
« indigènes, un large crédit agricole
« par la création de bons ou cédules
« hypothécaires et l'institution d'une
« procédure permettant au créancier d'o-
« Dérer rapidement et sans frais P.Yl'.p",,,,jf
£ - --- ------ -------.--
« la réalisation de son gage. »
VI. AGRICULTURE, On voit quel est
l'intérêt de l'amélioration de la législa-
tion foncière dans une colonie où la ter-
ra est la principale richesse. Il suffit,
pour s'en rendre compte, de jeter un
coup d'oeil sur les productions agricoles
de l'Algérie.
Céréales. Les céréales s'étendent
sur trois millions d'hectares environ. Le
rendement agricole a pu se trouver en
Le Salon de la Société
Nationale des Beaux-Arts
L'excellent décorateur qu'est M. Du-
bufe a présenté, cette année, l'ensemble
du Salon de la Société Nationale sous
une forme particulièrement attrayante.
Il a aménagé d'une manière analogue à
celle qu'il avait installée à l'Exposition
de Saint-Louis, une salle contenant, avec
des objets d'art et quelques statues, de
jolis décors signés par lui et trois pan-
neaux décoratifs, que tout le monde
voudra voir, de M. Gaston La Touche.
Si nous ajoutons que ce Salon con-
tientune salle entièrement consacrée aux
œuvres du regretté maître Carrière, Une
toile magistrale de A. Besnard, deux
beaux panneaux décoratifs de René Mé-
nard et de bonnes peintures de Blanche,
Montenard, Simon et Lagarde, on voit
qûel intérêt il offre cette année.
Mais nous devons ici nous occuper
surtout des Coloniaux et des Orientalis-
tes. C'est par eux que nous commence-
rons.
Les
COLONIAUX ET LES ORIENTALISTES
Il faut citer en première ligne l'expo-
sition que fait M. Dinet.
Ce peintre, qui a consacré son talent
d'une manière exclusive aux sujets al-
gériens, expose quatre toiles qui sont
parmi ses meilleures; mais le plus inté-
ressant de son exposition, ce sont qua-
rante petites gouaches intitulées Mira-
ges, tableaux de la vie arabe qui doi-
vent être reproduits dans une édition
d'art et commentés pàr Sliman ben Ibra-
him. Les quatre cadres qui les contien-
nent sont modestement placés dans une
petite salle du rez-de-chaussée, mais
tous ceux qui s'intéressent aux choses
coloniales devront faire une longue sta-
tion devant ces petits chefs:d'œuvre,
où se trouvent reproduits la plupart des
tableaux célèbres du peintre.
M. Albert Aublet nous montre une
Bedouine de la frontière de Tunis en robe
rayée d'un beau rouge et d'un mouve-
ment plein de souplesse.
M. J. de la Nézière a un curieux ta-
bleau, les Boxers, dans un paysage aux
statues hiératiques dont l'effet est sai-
sissant, le sujet plein d'intérêt, mais
malheureusement la couleur demeure
lourde et d'un vilain ton. Nous ne
ferqns pas le même reproche à. la Fian-
cée deBénimamet de M. Anglada,. avec
son cheval aux ornements rutilants. Si
la figuré de la femme est mauvaise, les
roses, les rouges et les violets de sa robe
semblent obtenus avec des pierres pré-
cieuses. D'une bien belle couleur égale-
ment, sont la Fontaine et le Marché
arabe du bon peintre Dagnac-Rivière.
M. Louis Dumoulin expose une Pa-
gode à Hong-Kong, les vieux remparts
de Constantinople et la colline dePnom-
Penh en Cochinchine. Ses peintures sont,
comme toujours, d'unesûretéde touche
qui atteint souvent la brutalité.
M. Anthonissen a un très bon envoi :
Undouar dans le Sahara, le soir d'hi-
ver autour d'une ville saharienne, une
t'lue à Figuig sont trois tableaux aux tons
d'un jaune doré très finement et très
justement observés.
M. Girardot expose trois peintures et
six crayons de couleurs, où il retrace la
vie des nomades sous le chaud soleil,
avec un dessin très consciencieux. M.
Havet a un bon port cTAlger ; M. Emile
Bernard des égyptiennes dont la facture
est un peu lourde. Trop empâtées égale-
ment sont les femmes du Levant espa-
gnol de M. Planells, bien que d'une cou-
leur lumineuse et robuste.
Citons enfin dans ce chapitre les Dan-
seuses à Séville de M. Canals ; le Tango
de M. Castelucho ; le Souk des étoffes à
Tunis, de M. Paillard,qui sait bien aussi
faire éclater les reflets d'eau dans le
port des Martigues ; les vues d'Andalou-
sie et les courses de Tauraux de M.
Gustave Colin, à qui une salle entière a
été réservée, la Baigneuse catalane de
M Barrau, qui s'inspire de son compa-
- - -
triote Sorolla y Bastida et, pour terminer
les délicieuses vues crépusculaires de
Capri que son auteur,M. Dubufe, a mo-
destement accrochées dans une petite
salle du rez-de-chaussée.
LES PEINTRES DE MARINE
Venise a, comme toujours, ses nom-
breux admirateurs : M. Gillot y a cher-
ché les maisons rouges sous des ciels
rutilants avec des retlets d'eau solide-
ment peints ; M. Le Sidaner y a mis
l'enveloppe ouatée qu'il sait si bien ré-
pandre à, l'heure du crépuscule où le
contour des lignes se fond dans l'atmos-
phère ; M. Eugène Nail l'a vue avec des
gris pleins de délicatesse ; M. A. Smith
a fixé les impressions du matin et M.
Iwill les effets argentés qu'il pourrait
varier davantage.
M. Léon Couturier nous montre la
première attaque de Port-Arthur sur
une mer où des cuirassés projettent leur
lumière électrique.
M. Dauphin ne s'éloigne pas de Tou-
- - - - -
lon dont il nous montre la rue du port
pendant la nuit, d'une vérité très exacte.
M. Legont-Gérard, abandonnant Con-
carneau, va jusq'ùà Audierne, dont il a
fort bien rendu la baie par Un effet du
soir avec, au premier plan, les femmes
des pêcheurs dont les coiffes blanches
deviennent d'un bleu violet quand elles
se détachent sur le couchant.
M. Alex. Harrisson nous fait voir son
effet bien connu de « mer symphoni-
que ».
M. Chevallier expose plusieurs mari-
nes de la baie de Douarnenez très jus-
tes et très vraies ; M. Ste-Fare Garnot,
un soir d'orage d'un puissant effet ; M.
Prouvé, une vue de la baie d'Andagaria
et deux estuaires de la Bidassoa ; M.
Guillaume Roger des plages de Hollande
à la couleur délicate.
Citons enfin les marines de MM. L.
Sonnier, Ulmann, Caillot (effet de lune),
Souillet, Hagborg, Chabanian, Mesdag,
J.-J. Rousseau et enfin Henri Rivière
dont les quatre lithographies en cou-
leurs pour la série « au vent de noroît »,
resteront comme de belles synthèses,
où l'on sent passer le souffle du large.
PORTRAITS ET SUJETS DE GENRE
Nous sommes obligés de nous arrêter
peu de temps sur ces sujets qui ne ren-
trent pas dans le cadre de ce compte ren-
du rapide. Nous ne pouvons que citer ra-
pidement la page maîtresse de À. Besnard
avec le portrait de Mme M., et de ses
enfants ; J.-E. Blanche toujours excel-
lent peintre ; Lucien Simon,qui n'a mal-
heureusement qu'un envoi très beau
d'ailleurs ; Cottet dont la peinture reste
énergique, mais dont la couleur n'em-
bellit pas ; Henry-Laurent, avec une
élégante vision d'Armenonvillc ; Lave-
ry, Morisset, Dagnan-Bouveret, Carolus
Duran, Roll, A. Fourié, Garrido, Caro-
Delvaille, Gari Melchers, Jeanniot,tou-
jours si bon dessinateur ; Guiraud de
Scœvola avec le portrait de la duchesse
d'ljzès ; Boldini, toujours étincelant ;
R.Woog,Rolshovenavec un portrait en
vert ; Abel Faivre et ses délicieux mi-
nois ; Herman Richir avec une petite
amàzone en rouge et une petite fille en
blanc exquise ; Prinet dont « le Balcon »
montre un effet curieusement cherché ;
Bernard Boutet de Monvel avec ses hà-
leurs et un Versailles un peu âcre de ton;
Brissaud,J.Pinchon; Lebasque avec des
enfants quijouent sur la balançoire, dans
le soleil ; Aman-Jean qui reste un déli-
cat et harmonieux décorateur.
F.Borchard a signé un portrait de
l'empereur d'Allemagne d'un impres-
sionnisme un peu naïf.
Si l'Etat a été bien inspiré en corn
mandant les décors de MM. La TOllch
et Ménard, il l'a été beaucoup moins en
demandant deux panneaux àM. Friant
et surtout, à M. Levy-Dhurmer,un juge
destiné au Palais de Justice de Paris.
PAYSAGES
Le Salon de la Société nationale a
quelques beaux paysages. Citons d'abord
M. Lagardc dont les impressions de trou-
pes en déroute par la pluie et le vent
sont pleines d'émotion ; M. Moutenard
qui, dans sa magnanerie, en -- Provence,
reste le peintre du soleil, même quand
les volets sont fermés; M. René Billotte
avec des crépuscules après la pluie
pleins de mélancolie ; M. Lhermite avec
ses paysans d'un dessin sérieux ; Walter
Gay avec ses intérieurs de style si spiri-
tuellement vus; MM. Lemains, Dau-
chez, G. Guignard, Muenier très méticu-
leux. Thaulow avec ses beaux effets de
- neige, où les tons verts et roses vibrent
si finement.
Arrêtons-nous encore devant les mou-
tons de M. Duhem, les vues de Russie,
de Morrice, les toiles de Waidmann,
celles très empàtées deBœrtsœn, repré-
sentant la Hollande ; les coins de places
de M. Piet et un joli paysage de neige
où passe un grand bateau de M. Buysse
dont la vision est pleine de délicatesse.
M. Berteaux a représenté sur une
grande toile le retour d'un cercueil traîné
par des bœufs au milieu des rochers de
Bretagne et M.Auburtin, dans un pan-
neau décoratif plus grand encore, re-
présente Orphée qui s'est enfui dans la
solitude et là, « insensible à la lumière
du ciel et au sourire innombrable de la
mer, donne libre cours à sa douleur,
exhalant sa plainte en un chant si doux
que toute la nature se fait silencieuse
et que les tigres viennent se coucher à
ses pieds. »
La foule se pressera moins devant ces
grandes co m positions que devant le petit
tableau que M. A. Guillaume appelle :
Vers l'au - dela ou devant la petite
inconvenance que M. Jean Véber inti-
tule, Les joies de la famille.
Parmi les dessins on regardera avec
plaisir ceux que M. Renouard expose
dans une salle particulière à côté de la
salle réservée aux auditions musica-
les : puis les pastels de M. Marandat,
les peintures à l'eau de M. Luigini, de
Mlles Marie Carpentier et Elisabeth
Nourse ; les eaux fortes en couleurs de
M. H. Jourdain et Waidmann et les li-
thographies de Moreau-Nélaton.
A la* sculpture, on s'arrêtera devant
les envois de M. de Saint-Marceaux, Mi-
chel Cazin,Dampt,Escoul a,Fix Masseau,
les petites statuettes de Carabin, les
éléphants de C. Millès les chevaux avant
la corrida de Froment-Meurice, ceux de
E. Pinchon, la statue en marbre de M.
Vernhes, les bronzes de R. Bugatti et,
comme objets d'arts, on admirera les
vitrines de C. Boutet, de Monvel, Ca-
rabin, Walgren, Dammouse et Steinlen.
TAMARIS.
PRIX
France : 15 cent. JEUDI 26 AVRIL 1906.
Etranger et Colonies : 30 cent. JETIDI 26 A V-RIL 106.
Les Annales Coloniales
es nna .es
0
Tous les mandats doivent être adressés att nom
de M. Vadministrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef.
JOU-:R.N".AL :E;3:EB:DOl\l.[.A:D.AIR.E
l
Paraissant tous les Jeudis
Directeur : MARCEt. RUEDEL
l' -
4, Galerie d'Orléans (Palais-Royal, PARIS 1er)
ABONNEMENTS
Un an 6 mois
FRANCE 8 fr. 4 fr. 50
ETRANGER ET COLONIES.,. 12 » 8 fr,
On s'abonne sans frais dans tous les Bureaux de Poste
LA SITUATION ÉCONOMIQUE
DE L'ALGÈRIE
Au point de vue économique, l'Algé-
rie continue à donner les résultats les
plus satisfaisants et ce, grâce à l'inces-
sante activité de M. Jonnart, dont l'ad-
ministration intelligente a été si féconde
pour notre-colonie. Comme on le verra,
il y a tout à fait lieu de se féliciter des
résultats obtenus pendant les dernières
années.
Le commerce spécial de l'Algérie, en
effet, accuse, tant en importations qu'en
exportations, un total de o3o.l28fr.
pour 1900. Ce chiffre a été de 580.538fr.
en 1901, de 624. 858 fr. en 1902,
de 633. 814 fr. en 1903. - En 1904, il
s'est élevé à 630.609 fr.
De même, ou constate une plus-value
de près de 500.000 francs dans les recet-
tes que produit l'exploitation des forêts,
- recettes qui atteignaient 3.334.853 fr.
en 1903, et 3.821.000 fr. en 1904. On
a prévu, pour 1905, une recette de
4.200.000 fr. environ. Ainsi, l'Algé-
rie est appelée à tirer, chaque année,
des revenus de plus en plus élevés de ses
forêts. - Qunt aux incendies qui, en
1902 et en 1903, ont causé des dégâts
tels que l'on pût avoir quelque crainte
pour l'avenir, ils semblent aujourd'hui
devoir être écartés : à cet égard encore,
il y à lieu de se féliciter des mesures prises
par le Gouyerneur général. Comme
l'a fait remarquer l'honorable rappor-
teur du budget spécial de l'Algérie, M.
Jules Legrand (rapport pour l'exercice
1905), ces incendies étaient dus, en grande
partie,au renouvellement des pâturages :
« les indigènes mettent le feu aux brous-
sailles qui leur servent de parcours indi-
viduel ou collectif et le feu gagne la
forêt où ils ont l'habitude de pacager en
délit. La Commission, convaincue de
l'impossibilité de faire renoncer les indi-
gènes à ce mode de régénération des
pâturages par le feu, a demandé que les
communaux de parcours broussailleux
soient incinérés méthodiquement avec
le concours des populations et sous la
direction de l'administration. Cette in-
novation est de la plus haute importan-
ce ; elle a été consacrée par l'arrêté
gpuvernemental du 20 août 1904 sur les
incendies. » On a évité, de la sorte, le
renouvellement des désastres survenus
les années précédentes, et les chiffres
permettent de constater les résultats
obtenus : Depuis 1890, le chiffre des
recettes a décuplé : il était, en 1890, de
354.601 fr., en 1895 de 794.252 fr., –en
1900de 1.861.494 fr.,–en 1901, de2.433.
902 fr. en 1902, de 2,503.279 fr.,
en 1903, de 3.334.851 fr, en 1904,
de 3.821.000 fr. Et, comme on l'a
dit, les recettes prévues pour 1905 sont
de 4. 200. 000 fr. Le chiffre des dé-
penses ordinaires du service forestier
s'élevant à 3 millions de francs environ,
on voit que la colonie tire des ressour-
ces réelles de l'exploitation de ses fo-
..Af.
lUtSi
Si l'on se demande, d'aulre part, quel
a été le développement de notre colonie
au point de vue de la pêche côtière, on
constate, en gros, que la pêche du pois -
son etdu corail représente une valeur de
3.200.000 fr. A ce sujet les difficul-
té résultant de la réglementation de la
pêche (composition des équipages, dates
d'ouverture et de fermeture, prohibition
de certains engins,etc. )In'ont pas échappé
à M. Jonnart : une Commission, nom-
mée parle gouverneur général, cherche
les moyens d'arriver à une exploitation
meilleure de la côte algérienne, et, en
attendant, on a paré à l'insuffisance de
la surveillance. Il a été décidé (décret
du gouverneur général dul5 mai 1905)
que les agents du service des douanes
collaboreraient à la surveillance de la
pèche. - Seulement, ainsi que la fait
remarquer l'honorable M. Jules Legrand
dans son rapport si documenté, s'il y a
là un progrès très sensible, il y a lieu de
compléter la réforme en faisant « parti-
ciper tout le personnel des officiers de la
défense mobile de l'Algérie à la répres-
sion des délits commis par les pêch eurs. »
Enfin et surtout il convient d'étudier-
M. Jonnart s'est préoccupé de cette ques-
tion un projet de création d'une cais-
se de crédit en vue de consentir aux pê-
cheurs les avances indispensables pour
achat de barques, filets etc.. On évite-
tera de la sorte l'exploitation des petits
pêcheurs par certains intermédiaires qui
prêtent sous réserve du monopole de la
vente, achètent en bloc le poisson à bas
prix, partagent avec les pêcheurs sur ce
prix et revendent ensuite au détail en réa-
lisant de gros bénéfices. C'est donc de
l'organisation des caisses de crédit qu'il
faut attendre, là encore, un progrès sen-
sible Aussi bien, l'organisation des cais-
ses régionales de crédit agricole mutuel
LES PEINTRES ORIENTALISTES ET COLONIAUX.
JW. Paal Iiefoy
M. Paul Leroy, par la vigueur de ses couleurs, l'expression magique de ses figu-
res, la sincérité de ses impressions, la puissance de ses interprétations, a su rapide-
ment conquérir la faveur du grand public et l'estime des connaissseurs.
Né à Paris le 27 décembre 1860, d'un père originaire de Douai et d'une mère née
à Odessa, il a passé les premières années de sa vie, de 1864 à 1877, dans cette ville
enchanteresse, qui était à cette époque, plus encore qu'aujourd'hui, le carrefour
de toutes les civilisations de l'Orient. Devant de tels mirages, Paul Leroy commença
de bonne heure à tenir le pi nceau et à dix-huit ans, de retour en France, il
entrait à l'atelier de Cabanel. Les succès d'ailleurs lui arrivèrent adolescent; en
1882, il obtenait au salon une troisième médaille, et une bourse de voyage ; en
1888, il recevait une deuxième médaille avec le portrait de son père ; la même
année, il enlevait le Prix du Salon et partait immédiatement pour la Turquie et
l'Egypte et commençait la série de ses voyages en Algérie d'où il rapporta depuis
d'amples et précieuses moissons.
En 1889, avec Léonce Bénédite, Dinet, L.-A. Girardot, il fondait la Société des
peintres orientalistes français et dix-huit ans après, ce printemps-ci, c'était encore
lui qui contribuait le plus puissamment au succès de leur 14e exposition avec l'en-
voi de 29 tableaux ou études qui étaient autant de petits chefs-d'œuvre, et parmi
eux me reviennent en mémoire: La mère et la fille à Biskra, –La porte de la
mosquée au Caire, Ben Nour, jeune Arabe de Biskra, - Ali et une Fellahine
pris au Caire, le désert en fieursà Fougala (Zibans),
Parmi ses principales œuvres, citons : Jésus chez Marthe et Marie au musée
de Rluen, - Samf)n tow'nant la meule, au [alléc de Cambrai, l'Oasis d'El-
Kantara et Fileuse, au musée du Luxembourg, le Bain au Palais-Bourbon
(Hôtel de la Présidence),– une Marine au Musée d'Aj accio, au musée d'Odessa,
Mardochée, - Les filles d'Atlas à Buenos-Ayrea, la Décoration de l'Eglise
Arménienne de Paris, etc., etc.
Enfin cette année, au Salon, Paul Leroy a envoyé un superbe panneau décoratif
inspiré en Egypte et destiné au Palais d'un des princes les plus connus de ce pays.
R.
-- .,..,.,..-
en France, dont le fonctionnement a
donné des résultats si remarquables,
constituera l'exemple le plus encoura-
geant.
IV. LES MINES. L'industrie mi-
nière se développe de plus en plus en
Algérie, dans le département de
Constantine notamment où, en 1904, de
janvier à septembre, on compte huit
concessions nouvelles de mines, l'une
de cuivre, les sept autres pour l'extrac-
tion du zinc et du plomb.
Pour le minerai de fer, il semble que
l'exploitation qui se faisait à proximité
delà côte soit épuisée et c'està l'intérieur
même du pays que portent les recherches.
A ce sujet, il convient de rappeler
qu'il a été déposé sur le bureau de la
Chambre des Députés (2e Eéance du 12
juillet 1905) un projet de loi présenté
par les ministres des finances, de l'In-
térieur, de l'Agriculture et des Travaux
publics : ce projet a pour but d'approu-
ver les conventions passées entre le
gouvernement général de l'Algérie et la
Société d'Etudes del'Ouenzapour l'amo-
diation des minières du Djebel-Ouenza.
Il vise également la concession d'un
chemin de fer à voie étroite reliant ces
minières à Bône, et, dans ce port, la
concession de divers emplacements né-
cessaires à l'exploitation des minerais.
On prévoit que la minière, mise en
œuvre, assurera au budget local, dans
quelques années, une recette annuelle
de plus de 600,000 francs.
• Dans ces conditions et comme le tai-
sait remarquer déjà dans son rapport,
l'année dernière, l'honorable M. Jules
Legrand si les recherches minières
entreprisesen Algérie presque au lende-
main de la conquête sont demeurées
longtemps infructueuses, depuis 1895,
au moins, elles ont pris un sérieux déve-
loppement et ont abouti à des résultats
des plus satisfaisants.
V. LA. QUESTION FONCIÈRE. Le
but de la législation foncière, en Algé-
rie, c'est de favoriser, d'une part, le
peuplement de la colonie par des élé-
ments français et de donner aux indigè-
nes, d'autre part, les mêmes garanties
qu'aux Européens ; mais on sait en pré-
sence de quelles difficultés la législation
foncière se trouve. depuis longtemps, à
raison dès coutumes musulmanes : en
effet, sur les neuf millions d'hectares
environ détenus par les particuliers
dans l'Algérie colonisable, trois millions
sontsoumis à laloi française, quatre mil-
lions à la loi musulmane, et deux mil-
lions aux coutumes locales. Or l'acqui-
sition de terres placées sous l'empire de
la loi musulmane est sujette à caution:
il est difficile de déterminer les titres
des ayants droit avec lesquels on traite,
« de telle sorte que, ainsi que le déclare
« M. Jules Legrand, un acquéreur euro-
« péen d'une terre melk n'est jamais
«certain, quelque précaution qu'il ait
« prise, de se trouver à l'abri de toutdan-
« ger d'éviction. » On a essayé de remé-
dier à cet état de choses et les lois des
6 juillet 1873 et 28 avril 1887 ont eu
pour but de pourvoir chaque indigène
d'un titre individuel constatant ses droits
de propriété : on se rappelle l'échec de
ces deux lois, impuissantes à établir
l'asisette de la propriété sur des bases
définitives. C'est en 1901 seulement
qu'on élabora un nouveau projet portant
réorganisation delà législation fonciè-
re. A la suite d'un vœu des délégations
financières, une commission fut chargée
de présenter un plan de réformes,adopté,
à l'unanimité par les assemblées al-
gériennes dans leur session ordinaire de
1904.
Il est créé des livres fonciers sur les-
quels on indique, pour chaque immeu-
ble, les droits et charges constituant
son individualité juridique, tandis qu'un
plan annexé détermine son individualité
physique. L'ensemble de ces renseigne-
ments forme le titre de propriété dont
une copie littérale et authentique est re-
mise au propriétaire. Cette réforme de
lalégislation foncière en Algérie est donc
appelée à donner à la propriété euro-
péenne et indigène la fixité qui lui a fait
défaut jusqu'alors, et à « ouvrir aux
« propriétaires fonciers, européens ou
« indigènes, un large crédit agricole
« par la création de bons ou cédules
« hypothécaires et l'institution d'une
« procédure permettant au créancier d'o-
« Dérer rapidement et sans frais P.Yl'.p",,,,jf
£ - --- ------ -------.--
« la réalisation de son gage. »
VI. AGRICULTURE, On voit quel est
l'intérêt de l'amélioration de la législa-
tion foncière dans une colonie où la ter-
ra est la principale richesse. Il suffit,
pour s'en rendre compte, de jeter un
coup d'oeil sur les productions agricoles
de l'Algérie.
Céréales. Les céréales s'étendent
sur trois millions d'hectares environ. Le
rendement agricole a pu se trouver en
Le Salon de la Société
Nationale des Beaux-Arts
L'excellent décorateur qu'est M. Du-
bufe a présenté, cette année, l'ensemble
du Salon de la Société Nationale sous
une forme particulièrement attrayante.
Il a aménagé d'une manière analogue à
celle qu'il avait installée à l'Exposition
de Saint-Louis, une salle contenant, avec
des objets d'art et quelques statues, de
jolis décors signés par lui et trois pan-
neaux décoratifs, que tout le monde
voudra voir, de M. Gaston La Touche.
Si nous ajoutons que ce Salon con-
tientune salle entièrement consacrée aux
œuvres du regretté maître Carrière, Une
toile magistrale de A. Besnard, deux
beaux panneaux décoratifs de René Mé-
nard et de bonnes peintures de Blanche,
Montenard, Simon et Lagarde, on voit
qûel intérêt il offre cette année.
Mais nous devons ici nous occuper
surtout des Coloniaux et des Orientalis-
tes. C'est par eux que nous commence-
rons.
Les
COLONIAUX ET LES ORIENTALISTES
Il faut citer en première ligne l'expo-
sition que fait M. Dinet.
Ce peintre, qui a consacré son talent
d'une manière exclusive aux sujets al-
gériens, expose quatre toiles qui sont
parmi ses meilleures; mais le plus inté-
ressant de son exposition, ce sont qua-
rante petites gouaches intitulées Mira-
ges, tableaux de la vie arabe qui doi-
vent être reproduits dans une édition
d'art et commentés pàr Sliman ben Ibra-
him. Les quatre cadres qui les contien-
nent sont modestement placés dans une
petite salle du rez-de-chaussée, mais
tous ceux qui s'intéressent aux choses
coloniales devront faire une longue sta-
tion devant ces petits chefs:d'œuvre,
où se trouvent reproduits la plupart des
tableaux célèbres du peintre.
M. Albert Aublet nous montre une
Bedouine de la frontière de Tunis en robe
rayée d'un beau rouge et d'un mouve-
ment plein de souplesse.
M. J. de la Nézière a un curieux ta-
bleau, les Boxers, dans un paysage aux
statues hiératiques dont l'effet est sai-
sissant, le sujet plein d'intérêt, mais
malheureusement la couleur demeure
lourde et d'un vilain ton. Nous ne
ferqns pas le même reproche à. la Fian-
cée deBénimamet de M. Anglada,. avec
son cheval aux ornements rutilants. Si
la figuré de la femme est mauvaise, les
roses, les rouges et les violets de sa robe
semblent obtenus avec des pierres pré-
cieuses. D'une bien belle couleur égale-
ment, sont la Fontaine et le Marché
arabe du bon peintre Dagnac-Rivière.
M. Louis Dumoulin expose une Pa-
gode à Hong-Kong, les vieux remparts
de Constantinople et la colline dePnom-
Penh en Cochinchine. Ses peintures sont,
comme toujours, d'unesûretéde touche
qui atteint souvent la brutalité.
M. Anthonissen a un très bon envoi :
Undouar dans le Sahara, le soir d'hi-
ver autour d'une ville saharienne, une
t'lue à Figuig sont trois tableaux aux tons
d'un jaune doré très finement et très
justement observés.
M. Girardot expose trois peintures et
six crayons de couleurs, où il retrace la
vie des nomades sous le chaud soleil,
avec un dessin très consciencieux. M.
Havet a un bon port cTAlger ; M. Emile
Bernard des égyptiennes dont la facture
est un peu lourde. Trop empâtées égale-
ment sont les femmes du Levant espa-
gnol de M. Planells, bien que d'une cou-
leur lumineuse et robuste.
Citons enfin dans ce chapitre les Dan-
seuses à Séville de M. Canals ; le Tango
de M. Castelucho ; le Souk des étoffes à
Tunis, de M. Paillard,qui sait bien aussi
faire éclater les reflets d'eau dans le
port des Martigues ; les vues d'Andalou-
sie et les courses de Tauraux de M.
Gustave Colin, à qui une salle entière a
été réservée, la Baigneuse catalane de
M Barrau, qui s'inspire de son compa-
- - -
triote Sorolla y Bastida et, pour terminer
les délicieuses vues crépusculaires de
Capri que son auteur,M. Dubufe, a mo-
destement accrochées dans une petite
salle du rez-de-chaussée.
LES PEINTRES DE MARINE
Venise a, comme toujours, ses nom-
breux admirateurs : M. Gillot y a cher-
ché les maisons rouges sous des ciels
rutilants avec des retlets d'eau solide-
ment peints ; M. Le Sidaner y a mis
l'enveloppe ouatée qu'il sait si bien ré-
pandre à, l'heure du crépuscule où le
contour des lignes se fond dans l'atmos-
phère ; M. Eugène Nail l'a vue avec des
gris pleins de délicatesse ; M. A. Smith
a fixé les impressions du matin et M.
Iwill les effets argentés qu'il pourrait
varier davantage.
M. Léon Couturier nous montre la
première attaque de Port-Arthur sur
une mer où des cuirassés projettent leur
lumière électrique.
M. Dauphin ne s'éloigne pas de Tou-
- - - - -
lon dont il nous montre la rue du port
pendant la nuit, d'une vérité très exacte.
M. Legont-Gérard, abandonnant Con-
carneau, va jusq'ùà Audierne, dont il a
fort bien rendu la baie par Un effet du
soir avec, au premier plan, les femmes
des pêcheurs dont les coiffes blanches
deviennent d'un bleu violet quand elles
se détachent sur le couchant.
M. Alex. Harrisson nous fait voir son
effet bien connu de « mer symphoni-
que ».
M. Chevallier expose plusieurs mari-
nes de la baie de Douarnenez très jus-
tes et très vraies ; M. Ste-Fare Garnot,
un soir d'orage d'un puissant effet ; M.
Prouvé, une vue de la baie d'Andagaria
et deux estuaires de la Bidassoa ; M.
Guillaume Roger des plages de Hollande
à la couleur délicate.
Citons enfin les marines de MM. L.
Sonnier, Ulmann, Caillot (effet de lune),
Souillet, Hagborg, Chabanian, Mesdag,
J.-J. Rousseau et enfin Henri Rivière
dont les quatre lithographies en cou-
leurs pour la série « au vent de noroît »,
resteront comme de belles synthèses,
où l'on sent passer le souffle du large.
PORTRAITS ET SUJETS DE GENRE
Nous sommes obligés de nous arrêter
peu de temps sur ces sujets qui ne ren-
trent pas dans le cadre de ce compte ren-
du rapide. Nous ne pouvons que citer ra-
pidement la page maîtresse de À. Besnard
avec le portrait de Mme M., et de ses
enfants ; J.-E. Blanche toujours excel-
lent peintre ; Lucien Simon,qui n'a mal-
heureusement qu'un envoi très beau
d'ailleurs ; Cottet dont la peinture reste
énergique, mais dont la couleur n'em-
bellit pas ; Henry-Laurent, avec une
élégante vision d'Armenonvillc ; Lave-
ry, Morisset, Dagnan-Bouveret, Carolus
Duran, Roll, A. Fourié, Garrido, Caro-
Delvaille, Gari Melchers, Jeanniot,tou-
jours si bon dessinateur ; Guiraud de
Scœvola avec le portrait de la duchesse
d'ljzès ; Boldini, toujours étincelant ;
R.Woog,Rolshovenavec un portrait en
vert ; Abel Faivre et ses délicieux mi-
nois ; Herman Richir avec une petite
amàzone en rouge et une petite fille en
blanc exquise ; Prinet dont « le Balcon »
montre un effet curieusement cherché ;
Bernard Boutet de Monvel avec ses hà-
leurs et un Versailles un peu âcre de ton;
Brissaud,J.Pinchon; Lebasque avec des
enfants quijouent sur la balançoire, dans
le soleil ; Aman-Jean qui reste un déli-
cat et harmonieux décorateur.
F.Borchard a signé un portrait de
l'empereur d'Allemagne d'un impres-
sionnisme un peu naïf.
Si l'Etat a été bien inspiré en corn
mandant les décors de MM. La TOllch
et Ménard, il l'a été beaucoup moins en
demandant deux panneaux àM. Friant
et surtout, à M. Levy-Dhurmer,un juge
destiné au Palais de Justice de Paris.
PAYSAGES
Le Salon de la Société nationale a
quelques beaux paysages. Citons d'abord
M. Lagardc dont les impressions de trou-
pes en déroute par la pluie et le vent
sont pleines d'émotion ; M. Moutenard
qui, dans sa magnanerie, en -- Provence,
reste le peintre du soleil, même quand
les volets sont fermés; M. René Billotte
avec des crépuscules après la pluie
pleins de mélancolie ; M. Lhermite avec
ses paysans d'un dessin sérieux ; Walter
Gay avec ses intérieurs de style si spiri-
tuellement vus; MM. Lemains, Dau-
chez, G. Guignard, Muenier très méticu-
leux. Thaulow avec ses beaux effets de
- neige, où les tons verts et roses vibrent
si finement.
Arrêtons-nous encore devant les mou-
tons de M. Duhem, les vues de Russie,
de Morrice, les toiles de Waidmann,
celles très empàtées deBœrtsœn, repré-
sentant la Hollande ; les coins de places
de M. Piet et un joli paysage de neige
où passe un grand bateau de M. Buysse
dont la vision est pleine de délicatesse.
M. Berteaux a représenté sur une
grande toile le retour d'un cercueil traîné
par des bœufs au milieu des rochers de
Bretagne et M.Auburtin, dans un pan-
neau décoratif plus grand encore, re-
présente Orphée qui s'est enfui dans la
solitude et là, « insensible à la lumière
du ciel et au sourire innombrable de la
mer, donne libre cours à sa douleur,
exhalant sa plainte en un chant si doux
que toute la nature se fait silencieuse
et que les tigres viennent se coucher à
ses pieds. »
La foule se pressera moins devant ces
grandes co m positions que devant le petit
tableau que M. A. Guillaume appelle :
Vers l'au - dela ou devant la petite
inconvenance que M. Jean Véber inti-
tule, Les joies de la famille.
Parmi les dessins on regardera avec
plaisir ceux que M. Renouard expose
dans une salle particulière à côté de la
salle réservée aux auditions musica-
les : puis les pastels de M. Marandat,
les peintures à l'eau de M. Luigini, de
Mlles Marie Carpentier et Elisabeth
Nourse ; les eaux fortes en couleurs de
M. H. Jourdain et Waidmann et les li-
thographies de Moreau-Nélaton.
A la* sculpture, on s'arrêtera devant
les envois de M. de Saint-Marceaux, Mi-
chel Cazin,Dampt,Escoul a,Fix Masseau,
les petites statuettes de Carabin, les
éléphants de C. Millès les chevaux avant
la corrida de Froment-Meurice, ceux de
E. Pinchon, la statue en marbre de M.
Vernhes, les bronzes de R. Bugatti et,
comme objets d'arts, on admirera les
vitrines de C. Boutet, de Monvel, Ca-
rabin, Walgren, Dammouse et Steinlen.
TAMARIS.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 95.35%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 95.35%.
- Collections numériques similaires Bibliothèque nationale Bibliothèque nationale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Bibliothèque nationale" or dc.contributor adj "Bibliothèque nationale")Amulettes de Chine : catalogue / [Bibliothèque nationale de France, Département des monnaies, médailles et antiques] ; [rédigé par] François Thierry /ark:/12148/bd6t542045148.highres La musique française du Moyen âge à la Révolution : [exposition, Paris, Bibliothèque nationale, 1934] / catalogue réd. par Amédée Gastoué, l'abbé V. Leroquais, André Pirro, Henry Expert, Henry Prunières ; publ. par Émile Dacier ; [préface de Julien Cain] /ark:/12148/bd6t542006040.highres
- Auteurs similaires Bibliothèque nationale Bibliothèque nationale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Bibliothèque nationale" or dc.contributor adj "Bibliothèque nationale")Amulettes de Chine : catalogue / [Bibliothèque nationale de France, Département des monnaies, médailles et antiques] ; [rédigé par] François Thierry /ark:/12148/bd6t542045148.highres La musique française du Moyen âge à la Révolution : [exposition, Paris, Bibliothèque nationale, 1934] / catalogue réd. par Amédée Gastoué, l'abbé V. Leroquais, André Pirro, Henry Expert, Henry Prunières ; publ. par Émile Dacier ; [préface de Julien Cain] /ark:/12148/bd6t542006040.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/3
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6374942j/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6374942j/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6374942j/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6374942j/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6374942j
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6374942j
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6374942j/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest