Titre : Journal officiel de la République française. Lois et décrets
Éditeur : Journaux officiels (Paris)
Date d'édition : 1918-12-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34378481r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 décembre 1918 05 décembre 1918
Description : 1918/12/05 (A50,N331). 1918/12/05 (A50,N331).
Description : Note : GG14181. Note : GG14181.
Description : Collection numérique : Documents consacrés à la... Collection numérique : Documents consacrés à la Première Guerre mondiale
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Ministères des Affaires... Collection numérique : Ministères des Affaires étrangères
Description : Collection numérique : Traités, accords et... Collection numérique : Traités, accords et conventions
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IVe République (1946-1958)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63709837
Source : DILA, 2009-100524
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
- Aller à la page de la table des matières10467
- SOMMAIRE
- PARTIE OFFICIELLE
- .......... Page(s) .......... 10468
- .......... Page(s) .......... 10468
- .......... Page(s) .......... 10469
- .......... Page(s) .......... 10469
- .......... Page(s) .......... 10469
- .......... Page(s) .......... 10470
- .......... Page(s) .......... 10470
- Décret et décisions portant promotions, nominations, affectations:
- .......... Page(s) .......... 10487
- .......... Page(s) .......... 10488
- .......... Page(s) .......... 10489
- .......... Page(s) .......... 10489
- .......... Page(s) .......... 10489
- .......... Page(s) .......... 10490
- .......... Page(s) .......... 10490
- Ministère de l'agriculture et du ravitaillement.
- .......... Page(s) .......... 10496
- .......... Page(s) .......... 10497
- .......... Page(s) .......... 10497
- .......... Page(s) .......... 10497
- .......... Page(s) .......... 10503
- PARTIE NON OFFICIELLE
- .......... Page(s) .......... 10516
10508
JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
5 Décembre 1918
certaines classes de vers plats, sur la matura-
tion des œufs sont également remarquables.
il a publié un grand traité d'histologie auquel
il a consacré trente ans de sa vie.
Cette belle existence de labeur s'est malheu-
reusement achevée sous l'occupation alle-
mande, dans des conditions qui nous sbnt en-
core complètement inconnues.
Au nom de l'Académie, j'exprime les regrets
que nous fait éprouver la disparition de ces
hommes éminents, de ces infatigables tra-
qui ont contribué si efficacement,
de toute leur intelligence et toute leur ardeur,
4 de précieuses découvertes. Mais la science
éternelle, par delà les tombeaux, continue sa
marche en avant. Avant d'élire le maréchal
Foch, ] Académie avait, en 1918, appelé dans
son sein deux membres titulaires, MM. Kœnigs
et Favé ; un membre non résident, M. Flahaut ;
treize correspondants : MM. W.-W. Campbell,
Roald Anmundsen, Tilho, George Lecointe, sir
Philip Watts, Georges Friedel, Charles-D. Wal-
çott, Georges Neumann, Trabut, A. Brachet,
Cuénot, Yayssière, Auguste Lameere.
Les nouveaux élus — leur nom nous en est
un sûr garant — sauront tenir d'une main
ferme le flambeau qu'ils ont reçu de la main
défaillante de leurs prédécesseurs.
: Messieurs,
Au cours de l'année 1918, l'Académie a réa-
lise une innovation de haute importance : elle
a créé une division des applications de la
science à 1 industrie, division qui devra se
composer de six membres.
Pendant la guerre, l'union de la science et
de l'industrie a produit des résultats remar-
quables et parfois éclatants : c'est pour sceller
cette union dans l'avenir que l'Académie a
voulu former cette section nouvelle.
La science française a collaboré à la défense
nationale, non seulement par ses recherches,
études et inventions directes, mais aussi par
i esprit dont elle a animé nos ingénieurs et nos
industriels. Notre enseignement scientifique,
trop enclin peut-être aux théories générales, est
depuis longtemps l'objet de critiques, justes
parfois dans leur esprit, mais excessives et pas-
sionnées. Ses hautes vertus, l'outrecuidance
des méthodes germaniques finissait par nous
les faire oublier : la guerre nous les a rappe-
lées. Nv ot,re « culture. à nous, nous l'indi-
quions plus haut, n'est pas une culture sèche-
ment utilitaire et sans âme: si quelquefois elle
n'est pas assez soucieuse des applications im-
médiates, elle respecte, elle développe et sti-
mule 1 individualité, les facultés originelles et
instructives des intelligences. Ce sont ces qua-
lités qui industriellement ont sauvé la France -
c'est parce qu'ils étaient doués d'imagination,
de connaissances générales et de facultés créa-
trices que nos ingénieurs et nos savants ont
pu faire face a unfi situation
reRorte par la pensée à de
l'année 41m 91,1. Que voyons-nous ? D'un côté, l'Al-
lemagne, immense fabrique de produits mé-
tallurgiques et chimiques, l'Allemagne dont les
stocks préventivement accumulés, commen-
cent a peine à s'épuiser, dont les usines, par
leur nature même, ont pu se transformer,
comme sur un coup de baguette magique, en
usine de guerre fonctionnant à plein - l'Alle-
magne qui, grâce à son exubérante natalité, a
pu laisser, là où il fallait, ses savants ses
mgénieurs, ses ouvriers. — De l'autre côté, la
France envahie, meurtrie, menacée dans sa
capitale, privée des neuf dixièmes de ses aciéries
et d'une partie de ses quelques fabriques chimi-
ques, désorganisée à 1 intérieur par la mobilisa-
tion qui a vidé, des les premiers jours, ses ateliers,
ses arsenaux, ses laboratoires. Et pourtant, sur
les champs de bataille industriels, comme sur
les champs de bataille militaires, la France —
passez-moi une expression vulgaire mais .ex-
pressive —la France « a tenu le coup ». Elle
a décuplé sa production métallurgique, impro-
visé une-colossale industrie chimique ; une
mervetlleuse floraison d'usines a jailli jde son
eol. Chaque mois, c'est par millions qu'il a
* fallu compter les projectiles d'artillerie qu'elle
a livrés a ses armées et aux armées alliées ;
par milliers et milliers les tonnes d'explosifs
et de produits asphyxiants ; par centaines et
centaines les canons ; par milliers les mo-
teurs d'avions, par centaines les tanks, in-
croyables prodiges, — incroyables par leur
ampleur et leur rapidité, — qu'aucun techni-
cipn n'aurait jugé possibles et qu'aucun pays
au monde n'a égalés.
> Messieurs, la contribution directe des rc-
cherches scientifiques et des inventions pro-
prement dites à la défense nationale n'est pas
moins digne d'admiration. Tous les problèmes
que posent la guerre sur terre, sur mer ou
dans les airs, la guerre de mines, la guerre
sous-marine, tous les moyens d'attaque et de
défense dans la guerre de tranchées, etc., ont
été étudiés, fouillés, approfondis par une mul-
titude de chercheurs, savants, ingénieurs, ar-
tisans, ouvriers. Applications et perfectionne-
ments de la T. S. F.: communications à
distance par le sol ; repérage par le. son des
batteries ou des sapes ennemies ; repérage
des avions par le son la nuit ; repérage des
sous-marins, repérage ou guidage par les ondes
hertziennes des dirigeables ou des avions ; re-.
pérage des positions ennemies par photogra-
phies aériennes; explosifs souveaux; projec
tiles fulmigènes ; gaz toxiques (moyens
d'attaque ou de protection) ; moteurs d'avions ;
mortiers de tranchées; canons d'infanterie;
canons d'avions ; enfin tanks, autant de sujets
(et combien j'en oublie 1) qui ont sollicité les
intelligences les plus diverses et mis a con-
tribution toutes les sciences : chimie, méca-
nique, thermodynamique, optique, acoustique,
électricité, météorologie, jusqu'à l'étude de
phénomènes nouveaux dont l'intérêt apparai,
ira dans l'avenir. Les mathématiques les piub
abstraites ou les plus subtiles ont participé a
la solution des problèmes de repérage et au
calcul des tables de tir toutes nouvelles qui
ont accru de 25 p. 100 l'efficacité de l'artillerie.
Tous les établissements de science pure,
jusqu'aux observatoires, ont mis au service de
la guerre leur outillage, leurs ressources, les
cerveaux de leurs chercheurs. Des instruments
délicats, qui semblaient voués à de minutieu-
ses mesures en chambre close, ont contribué
sur la ligne de feu à détruire des batteries en-
nemies. Ainsi, malgré toutes les difficultés, la
liaison a été établie entre le laboratoire et le
champ de bataille ; et par laboratoire je n'en-
tends pas seulement le laboratoire classique
du chimiste ou du physicien, mais tout endroit
où un homme peut réfléchir, inventer et expe-
rimenter, que ce soit le cabinet du savant,
l'atelier de l'usine ou l'établi de l'ouvrier. Cette
« mobilisation de la science » au service de la
défense nationale, tentée fragmentairement
dès le début de la guerre par des initiatives
éparses et à laquelle vous avez apporté tout
votre concours, a été réalisée systématique-
ment par la direction des inventions, créée en
octobre 1915. Cette initiative française a pro-
voqué, peu de temps après, chez nos alliés, des
créations analogues. Des relations perma-
nentes et effectives établies entre ces divers
organes ont réalisé, depuis près de trois ans,
une véritable liaison interalliée des inventions
de guerre.
En janvier 1917, notre président M. d'Arson-
val, parlant du génie inventif reconnu par tous
à notre race, évoquait l'effort tenté pour « l'or-
ganiser en faveur de la victoire », et il me fai-
sait le trop grand honneur d'attacher mon nom
à cet effort. S'il est vrai que depuis le début de
la guerre jusqu'à la fin de 1916, je me suis
donné tout entier à la grande œuvre de la mo-
bilisation scientifique, je n'en ai été pourtant
qu'un des nombreux ouvriers. Le mérite re-
monte a cette légion de chercheurs qui, durant
ces quatre années de guerre, silencieusement,
ont trouvé, réalisé, créé ; à vous tout d'abord
mes chers confrères, qui par vos propres re-
cherches, comme par vos conseils et par les
encouragements que vous avez prodigués
avez collaboré a la solution de ces problèmes
que j'énumérais tout à l'heure ; à vos élèves
dont beaucoup sont des maîtres et qui peuplent
aujourd'hui nos armes et services techniques,
nos 1 nos usines. Le temps approche
où l'on pourra, sinon tout dire, du moins sou-
lever l voile du secret qui recouvre les décou-
vertes intéressant la défense nationale. Le pays
connaîtra alors la part que la science a prise à
son salut.
Ainsi, messieurs, la guerre a rendu plus étroite
1 industrie et de la scien-
ce ; elle a mobilisé la science au service de la
patrie ; elle a créé entre les alliés un service
commun des inventions. Ce sont là de grandes
leçons qui ne doivent pas être perdues, de
grands résultats qui doivent survivre à la pé-
riode des batailles. C'est pourquoi, dans vos
résolutions de Londres complétées à Paris,
vous demandez que, dans chacun des pays en
guerre avec l'Allemagne, soit créé un conseil
national, dont l'objet soit l'avancement des
recherches scientifiques et industrielles, et
qu'un conseil international soit constitué par
la fédération de ces conseils nationaux.
D'autre part, nous n'en sommes plus au
temps où il suffisait de gratter les murs d'une
cave pour bouleverser l'industrie des explosifs ;
les recherches scientifiques et industrielles
pouvaient se contenter autrefois de moyens
d'action rudimentaires; il leur faut aujourd'hui
de puissants laboratoires. Vous réclamez des
laboratoires nationaux de sciences expérimen-
tales. _a"'- - - -------
Messieurs, quelque dilhcuite que rencontra
la réalisation de vos vœux, si délicate que
puisse être la conciliation des tendances diver-
ses qui devront être représentées dans les con-
seils nationaux que vous préconisez, il importe
d'aboutir. La tâche d'après-guerre qui s'impose
à l'activité de chacun des peuples alliés est im-
mense. Pour que la France, qui a sacrifié à la
victoire des genérations entières, le meilleur
de sa race, ne risque pas de succomber sous sa
gloire, il faut intensifier, stimuler, exalter par
tous les moyens ses facultés de production. Il
faut que tout ce qui existe dans le pays : cer-
veaux, muscles et outils, collabore avec le
meilleur rendement à l'effort national. S'il en
doit être ainsi, — et il en sera ainsi — l'avenir
dira qu'après la paix comme pendant la guerre,
la science française a bien mérité de la patrie.
Notice historique sur Déodat Dolomieu, mem-
bre de la section de minéralogie, de la pre-
mière classe de l'Institut national, lue dans
la séance publique annuelle dit 2 décembre
1918, par M. Alfred Lacroix, secrétaire perpé-
tuel.
Messieurs,
Au cours des dures années que nous venons
de vivre, alors qu'avec une inébranlable con-
fiance, nous attendions l'heure de la victoire
qui aujourd'hui, radieuse, plane au-dessus de
nous, bien souvent, penchés sur la carte du
vaste front, vos yeux, fouillant les Alpes, ont
rencontré le mot de « dolomite », et à côté de
visions de guerre ce mot a certainement fait
dresser devant vous bien des images, a évoqué
bien des souvenirs complexes.
Hautes montagnes escarpées aux formes pro-
digieuses, dominant de vertes et riantes vallées
de leur masse pesante et désolée, hautes mon-
tagnes, chères à tous ceux qui aiment les
beaux spectacles de la nature! ., 'L .-
Problèmes passionnants que souieve i eiuae
des faunes successives qui ont peuplé les
océans! Brûlante énigme de la genèse des
chaînes de montagnes !
Figure sympathique de l'un des premiers
membres de cette Académie dont, sans méta-
phore, l'immortalité est gravée sur ces rochers
de dolomite. Dolomieu, l'un des précurseurs
dans la connaissance des volcans et des séis-
mes et aussi dans celle de la composition des
minéraux et des roches constituant l'écorce
terrestre ! Dolomieu, le membre de l'expédition
d'Egypte, le prisonnier de Messine dont, pen-
dant deux ans, l'infortune occupa les chancel-
leries et les sociétés savantes de l'Europe et
remua jusqu'à l'âme populaire !
Au lendemain de sa mise en liberté, Dolo-
mieu revint s'asseoir parmi ses confrères et
occuper la place de Daubenton qui lui avait
été attribuée au Jardin des Plantes devenu le
Muséum d'histoire naturelle, mais il ne tardait
pas à succomber aux suites des épreuves en-
durées dans son cachot. - -.- --' L- -"-
Quelques mois plus tard, le 17 messiaor ue
l'an X, Lacepède, secrétaire semestriel de la
première classe lut, en séance publique de
l'Institut national tout entier, l'éloge ému de
son confrère. Cet hommage lui était dû, mais
il venait peut-être trop tôt pour être définitif.
Il est, en effet, difficile et délicat d'apprécier
librement les hommes et les événements trop
rapprochés de soi ; le recul du temps est né-
cessaire aussi pour juger avec équité les tra-
vaux scientifiques, surtout quand il s'agit de
ceux de la période héroïque des sciences d'ob-
servation au cours de laquelle a vécu Dolo-
mieu.
Pour toutes ces raisons, auxquelles je pour-
rais joindre l'attirance qu'exercent sur moi nos
grands précurseurs de la fin du dix-huitième
siècle, j'ai cru pouvoir me permettre de re-
prendre la vie de l'illustre savant dont j'ai
l'honneur d'occuper la chaire au muféum.
Pour reconstituer l'histoire de ce minéralo-
giste, je me suis attaché à suivre la marche
JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
5 Décembre 1918
certaines classes de vers plats, sur la matura-
tion des œufs sont également remarquables.
il a publié un grand traité d'histologie auquel
il a consacré trente ans de sa vie.
Cette belle existence de labeur s'est malheu-
reusement achevée sous l'occupation alle-
mande, dans des conditions qui nous sbnt en-
core complètement inconnues.
Au nom de l'Académie, j'exprime les regrets
que nous fait éprouver la disparition de ces
hommes éminents, de ces infatigables tra-
qui ont contribué si efficacement,
de toute leur intelligence et toute leur ardeur,
4 de précieuses découvertes. Mais la science
éternelle, par delà les tombeaux, continue sa
marche en avant. Avant d'élire le maréchal
Foch, ] Académie avait, en 1918, appelé dans
son sein deux membres titulaires, MM. Kœnigs
et Favé ; un membre non résident, M. Flahaut ;
treize correspondants : MM. W.-W. Campbell,
Roald Anmundsen, Tilho, George Lecointe, sir
Philip Watts, Georges Friedel, Charles-D. Wal-
çott, Georges Neumann, Trabut, A. Brachet,
Cuénot, Yayssière, Auguste Lameere.
Les nouveaux élus — leur nom nous en est
un sûr garant — sauront tenir d'une main
ferme le flambeau qu'ils ont reçu de la main
défaillante de leurs prédécesseurs.
: Messieurs,
Au cours de l'année 1918, l'Académie a réa-
lise une innovation de haute importance : elle
a créé une division des applications de la
science à 1 industrie, division qui devra se
composer de six membres.
Pendant la guerre, l'union de la science et
de l'industrie a produit des résultats remar-
quables et parfois éclatants : c'est pour sceller
cette union dans l'avenir que l'Académie a
voulu former cette section nouvelle.
La science française a collaboré à la défense
nationale, non seulement par ses recherches,
études et inventions directes, mais aussi par
i esprit dont elle a animé nos ingénieurs et nos
industriels. Notre enseignement scientifique,
trop enclin peut-être aux théories générales, est
depuis longtemps l'objet de critiques, justes
parfois dans leur esprit, mais excessives et pas-
sionnées. Ses hautes vertus, l'outrecuidance
des méthodes germaniques finissait par nous
les faire oublier : la guerre nous les a rappe-
lées. Nv ot,re « culture. à nous, nous l'indi-
quions plus haut, n'est pas une culture sèche-
ment utilitaire et sans âme: si quelquefois elle
n'est pas assez soucieuse des applications im-
médiates, elle respecte, elle développe et sti-
mule 1 individualité, les facultés originelles et
instructives des intelligences. Ce sont ces qua-
lités qui industriellement ont sauvé la France -
c'est parce qu'ils étaient doués d'imagination,
de connaissances générales et de facultés créa-
trices que nos ingénieurs et nos savants ont
pu faire face a unfi situation
reRorte par la pensée à de
l'année 41m 91,1. Que voyons-nous ? D'un côté, l'Al-
lemagne, immense fabrique de produits mé-
tallurgiques et chimiques, l'Allemagne dont les
stocks préventivement accumulés, commen-
cent a peine à s'épuiser, dont les usines, par
leur nature même, ont pu se transformer,
comme sur un coup de baguette magique, en
usine de guerre fonctionnant à plein - l'Alle-
magne qui, grâce à son exubérante natalité, a
pu laisser, là où il fallait, ses savants ses
mgénieurs, ses ouvriers. — De l'autre côté, la
France envahie, meurtrie, menacée dans sa
capitale, privée des neuf dixièmes de ses aciéries
et d'une partie de ses quelques fabriques chimi-
ques, désorganisée à 1 intérieur par la mobilisa-
tion qui a vidé, des les premiers jours, ses ateliers,
ses arsenaux, ses laboratoires. Et pourtant, sur
les champs de bataille industriels, comme sur
les champs de bataille militaires, la France —
passez-moi une expression vulgaire mais .ex-
pressive —la France « a tenu le coup ». Elle
a décuplé sa production métallurgique, impro-
visé une-colossale industrie chimique ; une
mervetlleuse floraison d'usines a jailli jde son
eol. Chaque mois, c'est par millions qu'il a
* fallu compter les projectiles d'artillerie qu'elle
a livrés a ses armées et aux armées alliées ;
par milliers et milliers les tonnes d'explosifs
et de produits asphyxiants ; par centaines et
centaines les canons ; par milliers les mo-
teurs d'avions, par centaines les tanks, in-
croyables prodiges, — incroyables par leur
ampleur et leur rapidité, — qu'aucun techni-
cipn n'aurait jugé possibles et qu'aucun pays
au monde n'a égalés.
> Messieurs, la contribution directe des rc-
cherches scientifiques et des inventions pro-
prement dites à la défense nationale n'est pas
moins digne d'admiration. Tous les problèmes
que posent la guerre sur terre, sur mer ou
dans les airs, la guerre de mines, la guerre
sous-marine, tous les moyens d'attaque et de
défense dans la guerre de tranchées, etc., ont
été étudiés, fouillés, approfondis par une mul-
titude de chercheurs, savants, ingénieurs, ar-
tisans, ouvriers. Applications et perfectionne-
ments de la T. S. F.: communications à
distance par le sol ; repérage par le. son des
batteries ou des sapes ennemies ; repérage
des avions par le son la nuit ; repérage des
sous-marins, repérage ou guidage par les ondes
hertziennes des dirigeables ou des avions ; re-.
pérage des positions ennemies par photogra-
phies aériennes; explosifs souveaux; projec
tiles fulmigènes ; gaz toxiques (moyens
d'attaque ou de protection) ; moteurs d'avions ;
mortiers de tranchées; canons d'infanterie;
canons d'avions ; enfin tanks, autant de sujets
(et combien j'en oublie 1) qui ont sollicité les
intelligences les plus diverses et mis a con-
tribution toutes les sciences : chimie, méca-
nique, thermodynamique, optique, acoustique,
électricité, météorologie, jusqu'à l'étude de
phénomènes nouveaux dont l'intérêt apparai,
ira dans l'avenir. Les mathématiques les piub
abstraites ou les plus subtiles ont participé a
la solution des problèmes de repérage et au
calcul des tables de tir toutes nouvelles qui
ont accru de 25 p. 100 l'efficacité de l'artillerie.
Tous les établissements de science pure,
jusqu'aux observatoires, ont mis au service de
la guerre leur outillage, leurs ressources, les
cerveaux de leurs chercheurs. Des instruments
délicats, qui semblaient voués à de minutieu-
ses mesures en chambre close, ont contribué
sur la ligne de feu à détruire des batteries en-
nemies. Ainsi, malgré toutes les difficultés, la
liaison a été établie entre le laboratoire et le
champ de bataille ; et par laboratoire je n'en-
tends pas seulement le laboratoire classique
du chimiste ou du physicien, mais tout endroit
où un homme peut réfléchir, inventer et expe-
rimenter, que ce soit le cabinet du savant,
l'atelier de l'usine ou l'établi de l'ouvrier. Cette
« mobilisation de la science » au service de la
défense nationale, tentée fragmentairement
dès le début de la guerre par des initiatives
éparses et à laquelle vous avez apporté tout
votre concours, a été réalisée systématique-
ment par la direction des inventions, créée en
octobre 1915. Cette initiative française a pro-
voqué, peu de temps après, chez nos alliés, des
créations analogues. Des relations perma-
nentes et effectives établies entre ces divers
organes ont réalisé, depuis près de trois ans,
une véritable liaison interalliée des inventions
de guerre.
En janvier 1917, notre président M. d'Arson-
val, parlant du génie inventif reconnu par tous
à notre race, évoquait l'effort tenté pour « l'or-
ganiser en faveur de la victoire », et il me fai-
sait le trop grand honneur d'attacher mon nom
à cet effort. S'il est vrai que depuis le début de
la guerre jusqu'à la fin de 1916, je me suis
donné tout entier à la grande œuvre de la mo-
bilisation scientifique, je n'en ai été pourtant
qu'un des nombreux ouvriers. Le mérite re-
monte a cette légion de chercheurs qui, durant
ces quatre années de guerre, silencieusement,
ont trouvé, réalisé, créé ; à vous tout d'abord
mes chers confrères, qui par vos propres re-
cherches, comme par vos conseils et par les
encouragements que vous avez prodigués
avez collaboré a la solution de ces problèmes
que j'énumérais tout à l'heure ; à vos élèves
dont beaucoup sont des maîtres et qui peuplent
aujourd'hui nos armes et services techniques,
nos 1 nos usines. Le temps approche
où l'on pourra, sinon tout dire, du moins sou-
lever l voile du secret qui recouvre les décou-
vertes intéressant la défense nationale. Le pays
connaîtra alors la part que la science a prise à
son salut.
Ainsi, messieurs, la guerre a rendu plus étroite
1 industrie et de la scien-
ce ; elle a mobilisé la science au service de la
patrie ; elle a créé entre les alliés un service
commun des inventions. Ce sont là de grandes
leçons qui ne doivent pas être perdues, de
grands résultats qui doivent survivre à la pé-
riode des batailles. C'est pourquoi, dans vos
résolutions de Londres complétées à Paris,
vous demandez que, dans chacun des pays en
guerre avec l'Allemagne, soit créé un conseil
national, dont l'objet soit l'avancement des
recherches scientifiques et industrielles, et
qu'un conseil international soit constitué par
la fédération de ces conseils nationaux.
D'autre part, nous n'en sommes plus au
temps où il suffisait de gratter les murs d'une
cave pour bouleverser l'industrie des explosifs ;
les recherches scientifiques et industrielles
pouvaient se contenter autrefois de moyens
d'action rudimentaires; il leur faut aujourd'hui
de puissants laboratoires. Vous réclamez des
laboratoires nationaux de sciences expérimen-
tales. _a"'- - - -------
Messieurs, quelque dilhcuite que rencontra
la réalisation de vos vœux, si délicate que
puisse être la conciliation des tendances diver-
ses qui devront être représentées dans les con-
seils nationaux que vous préconisez, il importe
d'aboutir. La tâche d'après-guerre qui s'impose
à l'activité de chacun des peuples alliés est im-
mense. Pour que la France, qui a sacrifié à la
victoire des genérations entières, le meilleur
de sa race, ne risque pas de succomber sous sa
gloire, il faut intensifier, stimuler, exalter par
tous les moyens ses facultés de production. Il
faut que tout ce qui existe dans le pays : cer-
veaux, muscles et outils, collabore avec le
meilleur rendement à l'effort national. S'il en
doit être ainsi, — et il en sera ainsi — l'avenir
dira qu'après la paix comme pendant la guerre,
la science française a bien mérité de la patrie.
Notice historique sur Déodat Dolomieu, mem-
bre de la section de minéralogie, de la pre-
mière classe de l'Institut national, lue dans
la séance publique annuelle dit 2 décembre
1918, par M. Alfred Lacroix, secrétaire perpé-
tuel.
Messieurs,
Au cours des dures années que nous venons
de vivre, alors qu'avec une inébranlable con-
fiance, nous attendions l'heure de la victoire
qui aujourd'hui, radieuse, plane au-dessus de
nous, bien souvent, penchés sur la carte du
vaste front, vos yeux, fouillant les Alpes, ont
rencontré le mot de « dolomite », et à côté de
visions de guerre ce mot a certainement fait
dresser devant vous bien des images, a évoqué
bien des souvenirs complexes.
Hautes montagnes escarpées aux formes pro-
digieuses, dominant de vertes et riantes vallées
de leur masse pesante et désolée, hautes mon-
tagnes, chères à tous ceux qui aiment les
beaux spectacles de la nature! ., 'L .-
Problèmes passionnants que souieve i eiuae
des faunes successives qui ont peuplé les
océans! Brûlante énigme de la genèse des
chaînes de montagnes !
Figure sympathique de l'un des premiers
membres de cette Académie dont, sans méta-
phore, l'immortalité est gravée sur ces rochers
de dolomite. Dolomieu, l'un des précurseurs
dans la connaissance des volcans et des séis-
mes et aussi dans celle de la composition des
minéraux et des roches constituant l'écorce
terrestre ! Dolomieu, le membre de l'expédition
d'Egypte, le prisonnier de Messine dont, pen-
dant deux ans, l'infortune occupa les chancel-
leries et les sociétés savantes de l'Europe et
remua jusqu'à l'âme populaire !
Au lendemain de sa mise en liberté, Dolo-
mieu revint s'asseoir parmi ses confrères et
occuper la place de Daubenton qui lui avait
été attribuée au Jardin des Plantes devenu le
Muséum d'histoire naturelle, mais il ne tardait
pas à succomber aux suites des épreuves en-
durées dans son cachot. - -.- --' L- -"-
Quelques mois plus tard, le 17 messiaor ue
l'an X, Lacepède, secrétaire semestriel de la
première classe lut, en séance publique de
l'Institut national tout entier, l'éloge ému de
son confrère. Cet hommage lui était dû, mais
il venait peut-être trop tôt pour être définitif.
Il est, en effet, difficile et délicat d'apprécier
librement les hommes et les événements trop
rapprochés de soi ; le recul du temps est né-
cessaire aussi pour juger avec équité les tra-
vaux scientifiques, surtout quand il s'agit de
ceux de la période héroïque des sciences d'ob-
servation au cours de laquelle a vécu Dolo-
mieu.
Pour toutes ces raisons, auxquelles je pour-
rais joindre l'attirance qu'exercent sur moi nos
grands précurseurs de la fin du dix-huitième
siècle, j'ai cru pouvoir me permettre de re-
prendre la vie de l'illustre savant dont j'ai
l'honneur d'occuper la chaire au muféum.
Pour reconstituer l'histoire de ce minéralo-
giste, je me suis attaché à suivre la marche
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