Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1913-06-24
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 24 juin 1913 24 juin 1913
Description : 1913/06/24 (A14,N73). 1913/06/24 (A14,N73).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6368158m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
(JÏ'AToli/lKMK AXXKK. - - N° 73 FRANCK ET CnLoXIKS, LE N L'AIE RU : 1 FRANC MARDI 24 JUIN 1913
0
Les Annales Coloniales
1 JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
Directeurs : Marcel Bit DEL et L.-fi. THÊBAULT
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
34, rue du Mont-Thabor, PARIS (1er)
kdr. Télégr..- Ancolo Paris.- Code Français :A. Z.- Tél. 319 31
Les Annales Coloniales ne publient que des articles inédits
LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
COLLABORATION POLITIQUE
Ylotor AUBAftNKUR, député du Rhône, ancien minlstrvr ancien gouverneur général de Madagascar ;
Henri AURIOL, député de la Haute-Garonne ; Henry IIRINGIR, sénateur de la Guadeloupe ; Aimé IIIITHOD. député du Jura
Raoul BRIQUET, député du Pas-de-Calais ; Henri DalNIER, député de l'Indre ; Lucien CORNET, sénateur de l'Yonne ;
Félix CHAUTIMPI, député de la Savoie, délégué de la Guinée au Conseil supérieur des Colonies ;
4. BOMBROUZE, député de la Gironde; L. MALAVIALLE, député de l'Aude | François BINET, député de la Créas* i
Albert DALIMIIII. député de Seine-et-Otse, délégué du Dahomey au Conseil supérieur des Colonies -
Louis MARIN, député de Meurthe-et-Moselle ; Albert MITIN, député du Doubs ; Henri MIOHIL, sénateur des Basses-Alpes ;
Charles HUMBERT, sénateur de la Meuse, délégué de la Nouvelle-Calédonie au Conseil supérieur des Colonies ;
Albert PEYRONNET, sénateur de l'Allier ; Joseph PYTHON, député du Puy-de-Dôme ; 8. PICARD, député des Vosges !
Maurice VIOLLETTE. député d'Eure-et-Loir, rapporteur du Budget des Colonie?. -
Directeurs : Marcel RUEDEL et L-6. THÊBAULT
Un an 6 mois
( FRANCK ET COLONIES 25 h*. )3 tr.
Abonnements FRANCE ET COLONIES 25 fr. 13 fr.
-
Abonnements ( ETRANGER. 35 H 20 »
On s'abonne
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et dans les Principales Agences de Publicité
Le Territoire militaire ilii TGtiaii en 1913
Notre action au Ouadaï
On a autrefois beaucoup médit de
toute la région du Tchad et de l'Oua-
daï. Je crois qu'aujourd'hui il n'y a
plus débat ni sur sa valeur politique ni
sur sa valeur économique.
Il est certain que, que nous le vou-
lions ou non, la France se trouve con-
damnée par la force même des choses
à constituer un immense empire afri-
cain. Et quand je dis qu'elle y est con-
damnée, je veux dire et j'y insiste
qu'elle n'a même plus le moyen de
discuter l'hypothèse, aujourd'hui qu'on
peut aller à Brazzaville en ligne droite
d'un point quelconque de la Méditerra-
née* pris entre Tunis et l'embouchure
de la Moulouya, et cela sans quitter le
territoire français.
Il est évident que, puisqu'il en est
ainsi, nous avons l'obligation de prefl-
dre comme frontières effectives celles
mêmes des grandes nations européen-
nes qui nous voisinent, ie veux dire
l'Angleterre et l'Italie, puisque la Tur-
quie n'a plus voix au chapitre dans
cette région. Le contraire serait de la
démence pure, puisque nous créerions
ainsi dans nos possessions de véritables
trous et qu'à la faveur d'une souverai-
neté qui ne s'exercerait que de façon
équivoque, d'autres pourraient venir se
- -
glisser sur notre flanc, acquérir des
droits plus ou moins problématiques
mais qui, cependant, seraient de consis-
tance suffisante pour créer ce monstre
juridique qu'est en droit international
« un territoire contesté ». Avoir sur ses
frontières un territoire contesté, c'est
la pire des situations pour un Etat: il
n'en peut résulter que des conflits dont
le règlement se fera bien ou mal. Nous
avons déjà éprouvé en d'autres parties
du monde que ce règlement pouvait se
faire très mal, je veux dire très mal
pour nous, bien entendu.
Il était donc fatal qu'une fois installés
au Tchad nous tendions vers le Dar-
jour et que nous occupions Abéché
Comme il est fatal que nous occupions
Bardai et Ain-Galaka de façon perma-
nente. Le plus tôt sera le mieux. La si-
tuation du Tibesti et de l'Ennedi ne peut
pas rester en effet plus longtemps en
suspens. La préoccupation de cimenter
fortement toutes les parties de notre
bloc africain nous y conduit logique-
ment comme, je le répète, elle nous a
conduits à Abéche et au Ouadaï.
Il suffit de considérer la carte pour
se rendre compte que si nous ne pou-
viens pas être en mesure de faire la
police dans ces territoires, ils servi-
raient de refuge aux tribus les plus tur-
bulentes refoulées des possessions fran-
çaises ou des possessions anglaises.
Elit s pourraient ainsi tout à loisir y cal-
culer l'heure favorable pour de nouvel
les entreprises guerrières dirigées con-
tre nous. C'est d'ailleurs ce qui s'est
produit en fait et no!re tranquillité ne
sera pleinement assurée que lorsque
nous pourrons partout donner la main
à l'Angleterre, et pour cela il faut ré-
soudre la question du Tama et du Mas-
sant.
Ce n'est qu'alors que nous serons
définitivement venus à bout de la puis-
sance Senoussiste. A cet égard, nous
nous sommes longtemps leurrés. Nous
avons cru qu'on pourrait causer utile-
ment avec Ali-Dinar par Le Caire, et
cette diplomatie un peu occulte que
nous avons ainsi entretenue, n'a pas
donné de bons résultats, il faut le re-
connaître. Il ne peut plus aujourd'hui
être question de négociations de ce
genre que par l'intermédiaire de l'ad-
ministration régulière du territoire mi-
litaire du Tchad. L'oeuvre du colonel
Largeau, qui repart dans ces régions, a
été si heureuse et si fructueuse, qu'on
peut lui faire la confiance la plus abso-
lue. Il a montré qu'il savait la mériter.
Au point de vue politique donc, cette
région peut être considérée comme le
nœud central de notre établissement
dans l'Afrique centrale. Elle commande
à la fois l'Afrique Occidentale et l'Afri-
que Equatoriale, et par le désert, se re-
lie au Sahara Algérien et Tunisien. Elle
a donc une importance essentielle. Je
crois du reste, que même au point de
vue économique, le pays vaut qu'on
s'y arrête. Certes ce ne sera jamais un
pays de colonisation européenne, et
pour mon compte je m'en félicite, mais
maintenant qu'on le connaît bien, on
sait que c'est tout à fait à tort qu'on
avait parlé d'une contrée désertique et
presque saharienne. C'est au contraire
un très beau pays d'élevage, et s'il est
vrai qu'en dépit de tous les prélève-
ments qui y ont été faits depuis quel-
ques années, il y reste une vingtaine de
mille chameaux, on peut considérer
quel réservoir inappréciable il constitue
pour nos possessions d'Afrique.
Au surplus, il faut considérer que ce
1erritoire commence seulement à s'or-
ganiser. Son budget qui, en 1912, était
de !)U().oou francs, n'était encore en
Mjio que de 371.000 francs.
Les travaux publics en kjio étaient
inscrits pour 9.000 francs. En nu 2 on
relevait au même chapitre 32.000 fr.
Evidemment, ce n'est rien encore. Mais
cependant la progression est sensible et
montre bien que le pays commence « à
être en mains ». Et si d'autre part je
constate que les droits de colportage
qui n'étaient que de 25.000 francs en
H) 10, ont passé à 74.500 francs en
l q 12, et que les droits de place et de
stationnement ont passé de 4.500 à
12.()()() francs dans ces trois mêmes an-
fiJes, je ne suis peut-être pas autrement
téméraire en considérant que non seule-
ment le pays commence « à être en
EI/ luitil, ili' jtiuifhf à ilrtiilr : MM. le
lieutenant .1 fii 11 Lerrandi. ildjll!¡iI illl "Idll-
lit'l Laryeau ; capitaine André LilIiZillll"',
("Illllllllll«1illil Iii i i'' ('i'' iln i< i11n 111 du
Tchad it'niiiliùi'c ( iiiiikiï-M.issiilil ; "(I[lIII"!
I.arceau, commandant le i. ri iI<Tchad ; c • 11 * • 1 di- h; 11 ; i i ! I< 111 llilaire. com-
mandant lu circonscription du Ouadaï :
*
1 i • - M t • > 11 ; 1111 biM'loS. de lil ci illlpil.miic mobile
du Ouadaï.
l.'n luis : MM. If 1 i < • 111 < ̃ lia i il-< < mel Mail-
laid. commandant inh'Tiinaitv du T. M.
au Tchad : capitaine Lanc. cuiiimaiidaiil
la ci rci ii isi • n j >! i i il i du 15as-< '.liari. chef du
Service des Travaux publics.
mains », mais aussi qu'il commence à
rendre.
N'oublions pas que jusqu'à présent
cel immense territoire, assez peuplé
d'ailleurs, n'a guère connu que la guer-
re, ses razzias et ses pillages. Grâce à
la paix désormais assurée, il ne peut
manquer de rebondir très haut et de
prendre dans l'ensemble de nos instal-
lations en Afrique une valeur indiscu-
table.
Maurice VIOLLETTE
Député d'Eure-et-Loir,
Rapporteur du budget
des Colonies.
Quand, dans un groupe de Français
cultivés, on prononce ces deux mots:
Chari-Tchad, on constate aussitôt sur
les visages un certain étonnement. Les
plus avertis des questions coloniales
disent d'un air entendu: « Le Tchad?
nous connaissons cela: un effroyable
marécage dans le centre de l'Afrique. »
D'autres protestent aussitôt: << Un dé-
sert, voulez-vous dire, un affreux dé-
sert sans eau. » Il en est enfin qui, plus
modestes, se taisent, ignorant les noms
barbares ainsi jetés dans la conversa-
tion. Cependant, le Territoire militaire
du Tchad s'est parfois révélé brutale-
ment à l'opinion publique, mais le plus
souvent sous une forme désagréable
pour elle: guerre, revers ou demande
d'argent. Quand le capitaine Fiegen-
schuh disparut avec sa compagnie tout
entière au combat de l'Ouadi Kadja,
en janvier 1910, ou lorsque, dix mois
après, le lieutenant-colonel Moll fut tué
à Doroté, les Français eurent ainsi l'at-
tention appelée sur cette partie de
l'Afrique où se jouaient les terribles
drames dont leur arrivaient les échos
tardifs.
Examinons ensemble si le Territoire
militaire du Tchad ne doit être encore
Abderrahmaii, Sultan du Médogu
Le Sullaii Acy] fait photographier une do .ses femmes
L'Alita Mohammed, grand chef Bayuirmien
considéré que comme le champ clos de
luttes lointaines ou si l'heure -1 jnfir
sonnée de sa mise en ,I \.1[ ; :cifhl
SITUATION GENIALE
ET VOIES D'ACCÈS
Situé entre les S" et 18" degrés de lati-
tude nord et les 12" et 20e degrés de
longitude orientale, le Territoire mili-
taire du Tchad a cette heureuie fortune
de comprendre des pays de climats dif-
férents dont la faune et la flore se com-
plètent. On y irouve, en effet, des élé-
phants,des fromagers et du caoutchouc,
comme sur les rives de l'Oubangui et
du Congo, et aussi des chameaux, des
dattiers et du hâd, comme dans les
oaEis sahariennes. Dans sa partie cen-
trale, c'est-à-dire du 11 au 15" degré
de latitude nord, se rencontrent toutes
les productions des plus riches centrées
soudanaises, comme nous le verrons
plus loin.
Mais, à côté de c:s avantages, h
teriteire militaire souffre d'un inconvé-
nient redoutable : son isolement, con-
séquence de la mauvaise organisation
de ses voies d'accès.
Limité au Nord par la Triprj^aine
itali-nhc, à 1 Est pai ie Soudait anglo-
égyptien, aj Sud par l'Oubangui-Chari
français, à l'Ouest par le Cameroun
allemand - et -- le Territoire -- du - - Niger, - - il
n'est maître d'aucune de ses voies de
ravitaillement, hors celle de Zinder et
celle du Congo, les plus longues. La
plus rapide et la moins chère, celle de
la Bénoué, nous est, en l'état actuel
des choses, à peu près fermée, puisque
l'évacuation des charges de Léré sur le
Logone ne serait possible qu'avec le
concours des autorités allemandes pour
la réquisition sur place des porteurs.
Les Anglais, en construisant leur che-
min de fer de la Nigeria jusqu'à Kano,
avec comme objectif futur le Tchad, ar-
riveront un jour à la frontière occiden-
tale de notre Territoire, de même que,
plus tard, avec leur voie ferrée Kar-
thoum-El Obéid-el Fâcher, ils en at-
teindront les limites orientales. Mais
nous parlons là d'un avenir encore
lointain, et aucun de ces projets n'est,
d'ailleurs, susceptible de nous dispenser
de chercher chez nous la solution du
problème posé. Cette solution existe.
Nous ne la trouvons point dans l'amé-
lioration de la voie de Zinder, qui, bien
qu'entièrement en terre française, est
trop longue et trop onéreuse pour être
préconisée. Mais nous la trouverons
plus simplement en aménageant la
vieille route du Congo, celle qui nous
a conduits au Tchad et qu'un minimum
d'efforts rendra la plus commode et la
moins coûteuse de toutes celles qde
nous avons envisagées.
Cette vois du Congo a, en effet, cet
admirable avantage d'être, sauf "ur
trois cents kilomètres, une voie de fer
ou d'eau. A l'heure actuelle, sur les
mille lieues environ qui séparent Ba-
nana, premier port qu'on rencontre en
venant d'Europe dans l'estuaire du
grand fleuve, du lac Tchad, on peut en
toute saison acheminer vers le haut les
1 passagers et les marchandises, sans
avoir recours au portage autrement que
! sur le tout petit tronçon de route con-
duisant du bassin de l'Oubangui dans
celui du Chari.
Etre les maîtres d'une telle artère ne
suffit pas; il faut l'aménager pour en
tirer le meilleur parti possible et lui
permettre de soutenir la lutte contre les
concurrences prochaines allemandes et
anglaises.
Comme nous le verrons en termi-
nant, la prospérité du Territoire mili-
taire du Tchad est liée à celle des au-
0
Les Annales Coloniales
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Directeurs : Marcel Bit DEL et L.-fi. THÊBAULT
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
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kdr. Télégr..- Ancolo Paris.- Code Français :A. Z.- Tél. 319 31
Les Annales Coloniales ne publient que des articles inédits
LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
COLLABORATION POLITIQUE
Ylotor AUBAftNKUR, député du Rhône, ancien minlstrvr ancien gouverneur général de Madagascar ;
Henri AURIOL, député de la Haute-Garonne ; Henry IIRINGIR, sénateur de la Guadeloupe ; Aimé IIIITHOD. député du Jura
Raoul BRIQUET, député du Pas-de-Calais ; Henri DalNIER, député de l'Indre ; Lucien CORNET, sénateur de l'Yonne ;
Félix CHAUTIMPI, député de la Savoie, délégué de la Guinée au Conseil supérieur des Colonies ;
4. BOMBROUZE, député de la Gironde; L. MALAVIALLE, député de l'Aude | François BINET, député de la Créas* i
Albert DALIMIIII. député de Seine-et-Otse, délégué du Dahomey au Conseil supérieur des Colonies -
Louis MARIN, député de Meurthe-et-Moselle ; Albert MITIN, député du Doubs ; Henri MIOHIL, sénateur des Basses-Alpes ;
Charles HUMBERT, sénateur de la Meuse, délégué de la Nouvelle-Calédonie au Conseil supérieur des Colonies ;
Albert PEYRONNET, sénateur de l'Allier ; Joseph PYTHON, député du Puy-de-Dôme ; 8. PICARD, député des Vosges !
Maurice VIOLLETTE. député d'Eure-et-Loir, rapporteur du Budget des Colonie?. -
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Un an 6 mois
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Le Territoire militaire ilii TGtiaii en 1913
Notre action au Ouadaï
On a autrefois beaucoup médit de
toute la région du Tchad et de l'Oua-
daï. Je crois qu'aujourd'hui il n'y a
plus débat ni sur sa valeur politique ni
sur sa valeur économique.
Il est certain que, que nous le vou-
lions ou non, la France se trouve con-
damnée par la force même des choses
à constituer un immense empire afri-
cain. Et quand je dis qu'elle y est con-
damnée, je veux dire et j'y insiste
qu'elle n'a même plus le moyen de
discuter l'hypothèse, aujourd'hui qu'on
peut aller à Brazzaville en ligne droite
d'un point quelconque de la Méditerra-
née* pris entre Tunis et l'embouchure
de la Moulouya, et cela sans quitter le
territoire français.
Il est évident que, puisqu'il en est
ainsi, nous avons l'obligation de prefl-
dre comme frontières effectives celles
mêmes des grandes nations européen-
nes qui nous voisinent, ie veux dire
l'Angleterre et l'Italie, puisque la Tur-
quie n'a plus voix au chapitre dans
cette région. Le contraire serait de la
démence pure, puisque nous créerions
ainsi dans nos possessions de véritables
trous et qu'à la faveur d'une souverai-
neté qui ne s'exercerait que de façon
équivoque, d'autres pourraient venir se
- -
glisser sur notre flanc, acquérir des
droits plus ou moins problématiques
mais qui, cependant, seraient de consis-
tance suffisante pour créer ce monstre
juridique qu'est en droit international
« un territoire contesté ». Avoir sur ses
frontières un territoire contesté, c'est
la pire des situations pour un Etat: il
n'en peut résulter que des conflits dont
le règlement se fera bien ou mal. Nous
avons déjà éprouvé en d'autres parties
du monde que ce règlement pouvait se
faire très mal, je veux dire très mal
pour nous, bien entendu.
Il était donc fatal qu'une fois installés
au Tchad nous tendions vers le Dar-
jour et que nous occupions Abéché
Comme il est fatal que nous occupions
Bardai et Ain-Galaka de façon perma-
nente. Le plus tôt sera le mieux. La si-
tuation du Tibesti et de l'Ennedi ne peut
pas rester en effet plus longtemps en
suspens. La préoccupation de cimenter
fortement toutes les parties de notre
bloc africain nous y conduit logique-
ment comme, je le répète, elle nous a
conduits à Abéche et au Ouadaï.
Il suffit de considérer la carte pour
se rendre compte que si nous ne pou-
viens pas être en mesure de faire la
police dans ces territoires, ils servi-
raient de refuge aux tribus les plus tur-
bulentes refoulées des possessions fran-
çaises ou des possessions anglaises.
Elit s pourraient ainsi tout à loisir y cal-
culer l'heure favorable pour de nouvel
les entreprises guerrières dirigées con-
tre nous. C'est d'ailleurs ce qui s'est
produit en fait et no!re tranquillité ne
sera pleinement assurée que lorsque
nous pourrons partout donner la main
à l'Angleterre, et pour cela il faut ré-
soudre la question du Tama et du Mas-
sant.
Ce n'est qu'alors que nous serons
définitivement venus à bout de la puis-
sance Senoussiste. A cet égard, nous
nous sommes longtemps leurrés. Nous
avons cru qu'on pourrait causer utile-
ment avec Ali-Dinar par Le Caire, et
cette diplomatie un peu occulte que
nous avons ainsi entretenue, n'a pas
donné de bons résultats, il faut le re-
connaître. Il ne peut plus aujourd'hui
être question de négociations de ce
genre que par l'intermédiaire de l'ad-
ministration régulière du territoire mi-
litaire du Tchad. L'oeuvre du colonel
Largeau, qui repart dans ces régions, a
été si heureuse et si fructueuse, qu'on
peut lui faire la confiance la plus abso-
lue. Il a montré qu'il savait la mériter.
Au point de vue politique donc, cette
région peut être considérée comme le
nœud central de notre établissement
dans l'Afrique centrale. Elle commande
à la fois l'Afrique Occidentale et l'Afri-
que Equatoriale, et par le désert, se re-
lie au Sahara Algérien et Tunisien. Elle
a donc une importance essentielle. Je
crois du reste, que même au point de
vue économique, le pays vaut qu'on
s'y arrête. Certes ce ne sera jamais un
pays de colonisation européenne, et
pour mon compte je m'en félicite, mais
maintenant qu'on le connaît bien, on
sait que c'est tout à fait à tort qu'on
avait parlé d'une contrée désertique et
presque saharienne. C'est au contraire
un très beau pays d'élevage, et s'il est
vrai qu'en dépit de tous les prélève-
ments qui y ont été faits depuis quel-
ques années, il y reste une vingtaine de
mille chameaux, on peut considérer
quel réservoir inappréciable il constitue
pour nos possessions d'Afrique.
Au surplus, il faut considérer que ce
1erritoire commence seulement à s'or-
ganiser. Son budget qui, en 1912, était
de !)U().oou francs, n'était encore en
Mjio que de 371.000 francs.
Les travaux publics en kjio étaient
inscrits pour 9.000 francs. En nu 2 on
relevait au même chapitre 32.000 fr.
Evidemment, ce n'est rien encore. Mais
cependant la progression est sensible et
montre bien que le pays commence « à
être en mains ». Et si d'autre part je
constate que les droits de colportage
qui n'étaient que de 25.000 francs en
H) 10, ont passé à 74.500 francs en
l q 12, et que les droits de place et de
stationnement ont passé de 4.500 à
12.()()() francs dans ces trois mêmes an-
fiJes, je ne suis peut-être pas autrement
téméraire en considérant que non seule-
ment le pays commence « à être en
EI/ luitil, ili' jtiuifhf à ilrtiilr : MM. le
lieutenant .1 fii 11 Lerrandi. ildjll!¡iI illl "Idll-
lit'l Laryeau ; capitaine André LilIiZillll"',
("Illllllllll«1illil Iii i i'' ('i'' iln i< i11n 111 du
Tchad it'niiiliùi'c ( iiiiikiï-M.issiilil ; "(I[lIII"!
I.arceau, commandant le i. ri iI<Tchad ; c • 11 * • 1 di- h; 11 ; i i ! I< 111 llilaire. com-
mandant lu circonscription du Ouadaï :
*
1 i • - M t • > 11 ; 1111 biM'loS. de lil ci illlpil.miic mobile
du Ouadaï.
l.'n luis : MM. If 1 i < • 111 < ̃ lia i il-< < mel Mail-
laid. commandant inh'Tiinaitv du T. M.
au Tchad : capitaine Lanc. cuiiimaiidaiil
la ci rci ii isi • n j >! i i il i du 15as-< '.liari. chef du
Service des Travaux publics.
mains », mais aussi qu'il commence à
rendre.
N'oublions pas que jusqu'à présent
cel immense territoire, assez peuplé
d'ailleurs, n'a guère connu que la guer-
re, ses razzias et ses pillages. Grâce à
la paix désormais assurée, il ne peut
manquer de rebondir très haut et de
prendre dans l'ensemble de nos instal-
lations en Afrique une valeur indiscu-
table.
Maurice VIOLLETTE
Député d'Eure-et-Loir,
Rapporteur du budget
des Colonies.
Quand, dans un groupe de Français
cultivés, on prononce ces deux mots:
Chari-Tchad, on constate aussitôt sur
les visages un certain étonnement. Les
plus avertis des questions coloniales
disent d'un air entendu: « Le Tchad?
nous connaissons cela: un effroyable
marécage dans le centre de l'Afrique. »
D'autres protestent aussitôt: << Un dé-
sert, voulez-vous dire, un affreux dé-
sert sans eau. » Il en est enfin qui, plus
modestes, se taisent, ignorant les noms
barbares ainsi jetés dans la conversa-
tion. Cependant, le Territoire militaire
du Tchad s'est parfois révélé brutale-
ment à l'opinion publique, mais le plus
souvent sous une forme désagréable
pour elle: guerre, revers ou demande
d'argent. Quand le capitaine Fiegen-
schuh disparut avec sa compagnie tout
entière au combat de l'Ouadi Kadja,
en janvier 1910, ou lorsque, dix mois
après, le lieutenant-colonel Moll fut tué
à Doroté, les Français eurent ainsi l'at-
tention appelée sur cette partie de
l'Afrique où se jouaient les terribles
drames dont leur arrivaient les échos
tardifs.
Examinons ensemble si le Territoire
militaire du Tchad ne doit être encore
Abderrahmaii, Sultan du Médogu
Le Sullaii Acy] fait photographier une do .ses femmes
L'Alita Mohammed, grand chef Bayuirmien
considéré que comme le champ clos de
luttes lointaines ou si l'heure -1 jnfir
sonnée de sa mise en ,I \.1[ ; :cifhl
SITUATION GENIALE
ET VOIES D'ACCÈS
Situé entre les S" et 18" degrés de lati-
tude nord et les 12" et 20e degrés de
longitude orientale, le Territoire mili-
taire du Tchad a cette heureuie fortune
de comprendre des pays de climats dif-
férents dont la faune et la flore se com-
plètent. On y irouve, en effet, des élé-
phants,des fromagers et du caoutchouc,
comme sur les rives de l'Oubangui et
du Congo, et aussi des chameaux, des
dattiers et du hâd, comme dans les
oaEis sahariennes. Dans sa partie cen-
trale, c'est-à-dire du 11 au 15" degré
de latitude nord, se rencontrent toutes
les productions des plus riches centrées
soudanaises, comme nous le verrons
plus loin.
Mais, à côté de c:s avantages, h
teriteire militaire souffre d'un inconvé-
nient redoutable : son isolement, con-
séquence de la mauvaise organisation
de ses voies d'accès.
Limité au Nord par la Triprj^aine
itali-nhc, à 1 Est pai ie Soudait anglo-
égyptien, aj Sud par l'Oubangui-Chari
français, à l'Ouest par le Cameroun
allemand - et -- le Territoire -- du - - Niger, - - il
n'est maître d'aucune de ses voies de
ravitaillement, hors celle de Zinder et
celle du Congo, les plus longues. La
plus rapide et la moins chère, celle de
la Bénoué, nous est, en l'état actuel
des choses, à peu près fermée, puisque
l'évacuation des charges de Léré sur le
Logone ne serait possible qu'avec le
concours des autorités allemandes pour
la réquisition sur place des porteurs.
Les Anglais, en construisant leur che-
min de fer de la Nigeria jusqu'à Kano,
avec comme objectif futur le Tchad, ar-
riveront un jour à la frontière occiden-
tale de notre Territoire, de même que,
plus tard, avec leur voie ferrée Kar-
thoum-El Obéid-el Fâcher, ils en at-
teindront les limites orientales. Mais
nous parlons là d'un avenir encore
lointain, et aucun de ces projets n'est,
d'ailleurs, susceptible de nous dispenser
de chercher chez nous la solution du
problème posé. Cette solution existe.
Nous ne la trouvons point dans l'amé-
lioration de la voie de Zinder, qui, bien
qu'entièrement en terre française, est
trop longue et trop onéreuse pour être
préconisée. Mais nous la trouverons
plus simplement en aménageant la
vieille route du Congo, celle qui nous
a conduits au Tchad et qu'un minimum
d'efforts rendra la plus commode et la
moins coûteuse de toutes celles qde
nous avons envisagées.
Cette vois du Congo a, en effet, cet
admirable avantage d'être, sauf "ur
trois cents kilomètres, une voie de fer
ou d'eau. A l'heure actuelle, sur les
mille lieues environ qui séparent Ba-
nana, premier port qu'on rencontre en
venant d'Europe dans l'estuaire du
grand fleuve, du lac Tchad, on peut en
toute saison acheminer vers le haut les
1 passagers et les marchandises, sans
avoir recours au portage autrement que
! sur le tout petit tronçon de route con-
duisant du bassin de l'Oubangui dans
celui du Chari.
Etre les maîtres d'une telle artère ne
suffit pas; il faut l'aménager pour en
tirer le meilleur parti possible et lui
permettre de soutenir la lutte contre les
concurrences prochaines allemandes et
anglaises.
Comme nous le verrons en termi-
nant, la prospérité du Territoire mili-
taire du Tchad est liée à celle des au-
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