Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1913-06-14
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 juin 1913 14 juin 1913
Description : 1913/06/14 (A14,N69). 1913/06/14 (A14,N69).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6368154z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
Il
QUATORZIEME rANW¥>E. N ° ÏÏ3 CE NUMERO. FRANCE ET COLONIES 15 Centimes. SAMEDI 14 JUIN 1913
, ;
-
Les Annales Coloniales
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Les A nnals Coloniales ne publient que des articles inédits
Ma MANUSCRITS NON INSÉRÉS l E SONT PAS RENDUS
COLLA:SOR Tf;i::q FOXjITIQXJE
Vlotor AUttAtNEUVt, député du RhOnll, ancien mlD. ancien gouverneur général de Madagascar 1
H»nrl AURIOL, députô de la HautB-Garoïmer rHairry' BtnFNffÉ'R^ènateur de là GCaaelOtrjTe ; Almé BERTHOD, dépoté du Jura
(taoul BRPQUET, -député du Pas-de-Calais ; Henri tvQTSNiER, député de l'Indre ; Luolen CORNET, sénateur de lyonian
Félix OtiAUTIMPI, député de la Savote, délégué 'dê la Guinée au Conseil supérieur des Colonies ;
8. MMMOUM, député de la Gironde; L. MALAVlALiEt député de l'Aude 1 François IINIT, député de la Creuil 1
Albert DALIMIER, député de Selne-et Olse, délégué du Dahomey au Conseil supérieur des Colonies 1
Louis MARIN, député de Meurthe-et-Moselle ; Albert MITIN. député du Doubs ; Henri MIOHIL, sénateur des Baues-Alpes ;
Charles HUMBERT, sénateur de la Meuse, délégué- de. la Nouvelle-Calédonie au Conseil supérieur des Colonies ;
Albert PEYRONNET, sénateur de l'Allier ; Joseph PYTHÕN. député du Puy-de-DOme ; a. PICARD, député dei Vosges î
Maurloa VIOLLITT8, député d'Eure-et-Loir, rapporteur du Budget des ColonleJ.
Directeurs : Marcel KCEDEL et L.Q. IfiEBACLI
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L'indigénat en Algérie
1
L'heure est-elle venue1 de supprimer,
en Algérie,.. k code de l'indigénat? A
cette q.uestion} colons d'Algérie et indi-
génophi-les de France sont en complet
désaccord.. Les premiers se plaignent
de n'être pas protégés, réclament de
l'autorité p,us de sévérité, ne consen-
tent pas à la moindre atténuation des
textes desquels .dépend, croient-ils, la
sécurité de leurs biens et de leurs per-
sonnes. Les. autres, nos compatriotes
de France, plus théoriciens que prati-
ciens, voyant ks choses de très haut et
d'un peu loin, pensent que la suppres-
sion du code de l'indigénat, que le ré-
gime d-u droit commun, soit pour les
ventss, soit pour, les juridictions, se-
raient non seulement sans danger, mais
aufaient "'l' avantage de nous concilier
la confiance et la ndélité des Arabes.
La discussion, très aigre parfois, ne
se terminera jamais tant quelle mettra
en-présence des ,opinions absolues et,
par définition»^ -inconciliables. Entre
la doctrine ées partisans de la manière
perpétuellement fonte pt la religion des
apôtres de la confiance quand même,
il ite faut pas choisir ; l'une, et l'autre
sont dangereuses dans la pratique et
toute administration que se guiderait
aveuglément sur jelles aboutirait, par
des moyens opposés, au même résultat :
le .désordre et l'insécurité.
Pourquoi, qans toutes nos colonies,
avons-nous édicté des codes de l'indi-
génat, c'est-à-dire promulgué des lois
applicabres aux seuls indigènes et par
des tribunaux composés par des juges
autres que nos tribunaux de droit com-
- muÍr?
La première raison, c est qu avant le
moment où-nous procédâmes à l'orga-
nisation administrative et régulière du
pays, nous avions dû procéder à sa con-
, quête et à son occupation. Pendant tou-
te cette première phase, les populations
avaient été justiciables de l'autorité et
de la justice mHitaires, soumises à l'ac-
tion directe, indiscutable des officièrs,
sous le régime de l'état de siège. Ce
régime est. à la lois très rigide et, très
souple : très rigide par l'immédiate té
des sanctions,- très souple parce que les
prescriptions des chefs, limitées par au-
cun pouvoir, aucun droit, sont suscep-
tibles d'être variées à l'infini, de s'ap-
pliquer aux cas les plus divers.
Accorder les bénéfices. du droit com-
mun, sans transition, à- des indigènes
courbés la Yëife sous le joug des rè-
glements mnit9i(L,- eût été d'une folle
imprudence. De toute nécessité il fal-
liait continuer,-'pour, éviter les dangers
d'une brusque décompression, prolon-
ger le système en en adaptant les for-
mes à une situation moins tendue, à
une population .déjà modifiée par la
présence et.l'action des troupes.
L'indigénat .existe donc au début de
la colonisation, comme continuation des
pratiques imposées par la conquête.
Toute la question est de savoir pendant
combien de. temps ce régime d'ex-
ception est indispensable, ou simple-
ment utile.
H est évid.Últ que la pratique et l'ex-
périence seules et des considérations
de fait peuvent indiquer que le mo-
ment est venu du retour au droit, com-
mun. L'état d'esprit des indigènes,
leur degré d'assimilation, la densité ou
la dissémination -de la population, la
proximité ou l'éloignemient des juridic-
tions de droit .commun sont les élé-
ments, et ce ne sont gas les seuls, avec
lesquels l'autorité peut jug;:dl la me-
sure dans laquelle il est possible de re-
noncer aux dispositions de l'indigénat.
Nulle part, la transition d'un régime
à l'autre n'a été et -ne pouvait être
brusque. L'indigénat a été partout une
atténuation du régime -militaire et" pu
à peu, par dégradation insensible, par
la disposition de-c^Ftaines prescriptions,
par la réduction des pénalités, a tendu
vers le droit commun.
Ainsi en. a-t-il été en A. 0. F., à
Madagascar et en Algérie*.
En sommes-nous à ce point que l'Al-
gérie entière doive être, placée dans
le droit commun Non,, protestent les
colons; oui, affirment quelques indi-
génophUes. Contre les colons trop
apeurés, je soutiendrai que l'indigénat
peut subir des atténuations ; contre les
indigénophiles outranciers je maintien-
drai Je principe de l'indigénat et cer-
taines de ses dispositions. Nos Arabes
algériens, dans leur ensemble, sont-ils
arrivés à ce point d'européanisation que.
des lois faites pour des Français leur
soient applicables? En Tunisie, au Ma-
roc, il n'y eut pas besoin d'un code de
l'indigénat, parce que les Arabes ont
leurs tribunaux à eux, tunisiens ou ma-
rocains, composés de juges de leur ra-
ce, leur appliquant les lois faites par
eux et pour eux. Là, les impôts sont
recouvrés à l'arabe, par les fonction-
naires indigènes, usant de procédés
n'ayant aucune analogie avec les nô-
tres et illustrant le principe célébré que
la fin justifie les moyens. - ;
Il en est de même en matière de po-
lice, de sécurité publique.
Comment admettre que, même après
70 ans d'occupation, alors que nous
n'avons pas modifié la mentalité, le
fond intellectuel et moral des indigènes
algériens, nous puissions les soumettre
à nos lois, alors que les Tunisiens, par
exemple, - sont régis par des coutumes
spéciales,. adaptées aux tendances et
habitudes de leurs races?
Là où nous n'avons pas les avanta-
ges du protectorat, où une législation
et des .tribunaux indigènes font défaut,
il nous a bien fallu établir .un régime
autre que celui de nos lois et de nos
juridictions. C'était indispensable pour
notre sécurité et citait même, dans
bien ds, càs, avantageux pour les indi-
gènes eux-mêmes.
Les pénalités de .1 indigénat, de peu
de durée, n'ont pas le caractère infa-
mant des condamnations correction-
nelles ; cilles se rapprochent. plus des
peines disciplinaires, de la salle de po-
lice ou de la prison militaire que des
sanctions judiciaires. Condamné pour
condamné, il vaut autant l'être par un
tribunal de l'indigénat que par nos ju-
ges de paix ou une cour d'appel. Que
le nombre des infractions de l'indigénat
puisse et doive être réduit, que les pei-
nes soient atténuées, que surtout beau-
coup d'Arabes, instruits, fonctionnai-
res, notables et que l'intelligence, la
culture, l'habitude de nos mœurs pla-
cent dans une situation différente de
celle de la masse indigène, soient sous-
traits à 'l'indigénat et assimilés aux Eu-
ropéens, il est juste, indispensable de
l'admettre et de le réaliser.
Que les modifications les plus larges,
les plus libérales soient apportées au
code actuel, c'est équitable et indispen-
sable ; mais je ne crois pas que le mo-
ment soit venu de faire disparaître tout
le code de l'indigénat.
En y regardant de près, il est facile
de s'apercevoir, d'ailleurs, que les cri-
tiques passionnées adressées au systè-
me en vigueur s'adressent moins au
principe et aux textes qu'à l'applica-
tion, trop souvent arbitraire, qui en a
été faite..L'indigénat vaut ce que va-
lent les administrateurs qui -1 emploient.
Le Code n'est pas plus parfaH. ou mé-
diocre qu'une loi qUlconque: il vaut
suivant les juges. Le problème est
moins dans la lettre de la législation
que dans le choix et le contrôle des
hommes détenteurs de l'autorité. C'est
ce contrôle qu'il faut organiser -avec le
plus grand soin et la résolution de
l'exercer.
Victor AUGAGNEUR
Député du Rhône, ancien ministre,
ancien Gouverneur général de
Madagascar.
I «>
DENTELLES MALGACHES
«wwvwxwwww
37Administration, française avait créé,
bien avant l'arrivée de M. Picquié-à Ma-
dagascar, des écoles de dentellières, car
il avait été constaté que les potites ou-
vrières malgaches excellaient dans .Tarl
du point il l'aiguille. Ces écoles l'ont mer-
Hille.
Les dent filières de Tananarive, du ia-
junga et de Fianaranfsna se sonl appli-
quées avec tant de zèle et de goût au
point d'Alençon, au edunv et aux valen-
••icnnes, que l'art de. la dentelle est, lù-
bas, en pleine Huraison.
El ce' sera bientôt- une surprise vrai-
ment charmante de voir les Parisiennes
s'approvisionner à Madagascar des gui-
pures, des l'estons et des broderies les
plus rares.
(,<
L'Inquisition Religieuse en Océanie
Ce n'est rien apprendre à personne
de rappeler que presque toutes les îles
du Pacifique sont évangélisées par les
Missionnaires, catholiques surtout.
Parmi eux, les Maristes se sont parti-
culièrement distingués dans l'art de
faire peser, sur des populations d'ail-
leurs extrêmement douces, le joug re-
ligieux, dans ce qu'il offre de plus im-
pitoyable et de plus écrasant. Il fau-
drait remonter aux temps du moyen
âge pour trouver un terme de compa-
raison exact avec ce qui se passe au-
jourd'hui en Océanie. Menaces des
peines éternelles, attentats continuels
à la liberté individuelle, pluie de cor-
vées en travaux ou en argent ; quand
il le faut, révolutions cn règle, avec dis-
tributions de fusils et de cartouches,
tels sont les moyens usuellement em-
ployés et pratiqués dans ces îles par
les missionnaires français. Le résultat,
c'est l'abrutissement complet des popu-
lations, abrutissement voulu, à la fa-
veur duquel la Société de Marie voit
prospérer ses affaires commerciales,
lesquelles sont son unique raison d'ê-
tre en Océanie. Chaque île d'Océanie
n'est plus, sans exagération, qu'un
vaste et unique séminaire.
Les îles Waliis, sous notre Protec-
torat depuis vingt-sept ans, en sont un
parfait exemple. Toute la population
enfantine (et ils appellent « enfants »
des gaillards de vingt-cinq ans !) .sans
exception, est divisée en escouades, de
garçons ét de filles, lesquelles ont, à
chaque heure du jour, leur travail ad-
mirablement réglé : corvées de ba-
layage ou de fourbissage dans les pres-
bytères et églises ; corvées de nourrir
ture pour les animaux des Pères ; pu-
nitions de toute nature pour avoir,
par exemple, sommeillé à l'église ou
commis quelqu'autre crime aussi gra-
ve. Voilà le travail quotidien et l'exis-
tence de ces « enfants i). Si l'on songe
que les punitions spéciales consistent
invariablement à aller entretenir les
propriétés et les cocoteraies de la mis-
sion, on comprendra la raison d'une
sévérité à laquelle rien n'échappe et
tout rapporte. Les indigènes commen-
cent, d'ailleurs, à trouver le régime
odieux et voici une petite tragédie dont
tous les détails sont officiels et qui le
prouve surabondamment.
Le 15 janvier dernier, une pirogue
indigène montée par trois jeunes fil-
les de 16 à 23 ans, Brigitta, Maria et
Dominica, s'éloigna, vers quatre heu-
res du soir, du rivage de Hihifo, chef-
lieu de district, sous le prétexte d'aller
à la pêche. Mais elle disparut bientôt
dans la direction de la passe Nord-Est
de l'île, au delà des récifs situés à deux
milles de la côte. Trois pirogues, mon-
tées par des hommes, s'élancèrent aus-
sitôt du village à la recherche des jeu-
nes filles. Elles ne les atteignirent que
tout à fait au large, vers le soir, si loin
qu'on n'apercevait plus les Wallis.
Les hommes invitèrent les fugitives à
rentrer. Ils les sermonnèrent douce-
ment. Ce fut en vain, et, comme les
indigènes s'apprêtaient à entourer la
pirogue et à la ramener de gré où de
force, malgré les supplications des
'jeunes filles, tout à coup celles-ci s'élan-
cèrent d'un bond dans la mer et elles
disparurent pour toujours.
Or, ',ces trois jeunes filles apparte-
naient, comme toutes celles du district,
à ce soi-disant « collège » de la mis-
sion. Elles le fuyaient à cause de la
punition qui venait de leur être infli-
gée par le Supérieur actuel de la mis-
sion, leur curé, qui vient de succéder
- - -
au fameux Bazin, de racheuse mémoi-
re, et qui paraît ne pas valoir mieux
que son prédécesseur. Leur faute était
d'une gravité exceptionnelle, elle avait
consisté à parler avec des jeunes gns,
rien que parlé. Coût : 50 francs d'a-
mende, transformable à volonté en
UNE SEMAINE DE TRAVAIL SUR
LA PROPRIETE DU PERE. Or, les
jeunes filles trouvaient la punition bien
injuste, leur faute bien légère.
N'ayant, en ce pays d'une mentalité si
particulière, aucun appui à attendre de
personne, pas même de leurs parents,
elles ont préféré mourir que de revi-
vre la misérable existence qui les at-
tendait au collège.
Le fait, éloquent autant que véridi-
que dans tous ses détails, se passe de
commentaires. N'est-il pas bon que
semblables choses soient connues en
France ?
D'une statistique officielle, il résulte,
par ailleurs, que les exodes de ce gen-
re sont fréquents dans ces îles. On en
compte six dans les deux dernières
années, comprenant une trentaine de
jeunes gens, appartenant tous au col-
lège des Pères, et s'en allant toujours
pour le même motif que les pauvres
désespérées de Hihifo : punitions oc-
troyées généreusement par les bons
Pères. Naturellement, le silence est ri-
goureusement fait par les soins de
ceux-ci à chaque évasion. Notre Rési-
dent n'a connu celle de Hihifo que plus
de deux mois plus tard. La même pra-
tique existait d'ailleurs autrefois (et
peut-être bien toujours) aux Gambiers.
Voici, à ce sujet, comment s'exprime
M. P. Deschanel dans son livre Les
Intérêts français dans le Pacifique,
écrit il y a vingt ans, page 60 :
Le Père Tnisaii pécher In nacre par
]..s élèves du Ldllès'p ; ces enfants 11e ?n-
vai'.Mil pas 11 n moi de français, mais ils
travaillaient au cuvai], faisaient la chaux,
répara ici u les toitures d.' la .Mission, se
livraient au labour écrasant di fla plonpe,
et cela, a. l'à.u^ critique de la transforma-
tion. PLl'IELT>; KNFASTS DE L'ECOLE
l'IGPRRNT SLH TA LTSTK DKS EVA-
SIONS- Ces petits malheureux déclaraient
qu'ils souifl'vaiput {l'r:\r:l' de travail, , ÜfI
faim, do mauvais traitements. »
Rien n'est changé. 'Aux Waliis, les
pauvres indigènes n'osent même" pas
se plaindre et préfèrent la mort.
La congrégation est aussi redoutable
et aussi néfaste aux colonies qu'en
France.
Maurice VIOLLETTE
Député d'Eure-et-Loir,
Rapporteur du budget des
Colonies.
L'YONNE ET L'INDOCHINE
wwvwwwvvwv
On iinnunce qne M. Klobukowski, an-
cien gouverneur général derhKiochinc,
ministre plénipotentiaire de France à
Bruxelles ';.;lWfl candidat au siège sénato-
rial de l'Yonne, laissé vacant par la mort
de M. Besna'rd, maire de Joigny. ;
- On sait que M. Klohukowski est le gen-
dre de Paul Port. qui fut avant d'être
ministre de rinslrnction publique et gou-
verneur général de l'Indochine, député-de
l'Yonne et l'ami intime de M.. Eliennc
F'iandin, ancien député millionnaire d'A-
vallun, encore -conseiller général du can-
ton de-Yézelay, actuellement sénateur de
l'Inde.
Qiumd on se rappelle que M. Paul
Doumcr était député de l'Yonne quand il
fut appelé, à prendre le gouvernement gé-
néral de l'Indochine, ou ne 1niinqirerã
pns de constater que l'Yonne a, avec ho-
Ire grande colonie asiatique des attaches
exlraondiiiairement nombreuses.
M. LUTAUD A ALGER
'\I\V\I\I\,.
M. Lulaud" Gouverneur général de
l'Algérie, qui était venu passer quelques
juurs à Paris pour s'entretenir avec le
Gouvernement du problème de l'indigé-
nut, est repurli. pour Alger alin d'élre
présent à la lin de la session des déléga-
tions-financières et présider le Conseil su-
périeur.
Il sera de retour dans la capitale à la
fin du mois.
DANS LES SECRETARIATS
GENERAUX
WVWWVWWVWli
l'n mouvement dans le personnel des
secrétaires généraux aura lieu aux envi-
rons du lt jui'ilet. Par suilc de la nomina-
tion de MM. Fawtier et IBrunet au grade
de gouverneur et de quelques mises à la
retraite il sera procédé à quatre ou cinq
'nominations.
POUR LES ADMINISTRATEURS
EN CHEF
WVWWXWVVVWV
M..1.-1?. Morel. usant- de son droit strict
a nommé qui lui plaisait gouverneur des
colflnics,
Selon un USOg0 constant depuis' plu-
sieurs années, le ministre des Colonies
-IL la nomination
comme gouverneur d'un secrétaire géné-
ral et d'un administrateur en chef. C'est
ainsi que successivement nous avons vu
nommer gouverneurs : 1908, M. Cor, se-
crétatre général ; UJIO, M. Yergnes, admi-
nistrateur en chef ; LVJl 1, M. Poulet, se-
crétaire général ; HHI, M. Estèbe, adnii-
nislrateur m chef : 1911. M. Gai bit, se-
crétaire général ; lU!:!, M. Lucien Four-
neau, administrateur en chef ; 1913, M.
i-'awlier. secrétaire général. (Juels sont
les mérites .cachés qui ont permis, en nom-
mant M. A. Brunei, le plus jeune el le.
moins ancien et un des plus aimables
il faut être juste de tous les secrétaires
généraux, de léser tous les secrétaires
généraux actuels, dont quelques-uns
comme Henry, Poirel, Carde, Fournier,
comptent les plus beaux états de service,
de léser en outre cette phalange admira-
ble d'administrateurs en chef des colonies,
dont le moins pourvu de titres compte
trois l'ois plus d'années de service que le
nouveau gouverneur de la Nouvelle-Calé-
donie ?
L'AGITATION INDOCHINOISE
Quelques niais ont fait grand bruit
en France et aussi en Indochine, au-
tour de l'horrible scandale do la viola-
tion du tombeau de l'empereur Thu
Duc, à Hué. La population indigène de
l'Annam en pleine effervescence, la
sécurité de nos compatriotes en An-
nam menacée du fait de cette profana-
tion, etc., etc. ; on se rappelle encore
les énormes balourdises colportées ou
imprimées à ce sujet.
Or, les courriers qui nous, arrivent
régulièrement de Hué, de Tourane et
des autres centres importants établis-
sent que le crime dont se sont rendus
coupables MM. Albert Sarraut et
Mahé, est inexistant aux yeux des indi-
gènes.
In effet, alors que ',t0 bombes sont
lancées un peu partout, que des atten-
tats sont signalés en Coch in chine -et au
Tonkin, un seul pays reste calme :
l'Annan;, et cela suffit à mesurer
l'exactitude des informations qui ont
été publiées par quelques intéressés.
Les ANNALES COLONIALES publi eront m and L
1 un ninnéru ililuslré consacré à l'Enseigne-
ment en Afrique Occidentale Française.
Le statut de l'Armée coloniale
par Lucien CORNET, Sénateur de l'Yonne
La question, toujours posée, du sta-
tut définitif à imposer à l'armée colo-
niale, vient d'être à, nouveau soulevée
dans le très consciencieux et très beau
rapport sur les cn'.mi'-s que notre ho-
norable collègue M. Gervais a déposé
au nom de ta commission sénatoriale
des finances. M. Gervais n'a pas de
peine à établir, d'une part, qu'il est
illogique et funeste de confier, en fait,
à deux départements ministériels la
défense des colonies; d'autre part, que
l'armée coloniale n'a pas eu à se louer
de l'application de la loi de 1000, qui
la rattache au ministère de la Guerre.
Mais M. Gervais voit la solution des
difficultés dans une séparation radi-
cale entre l'armée coloniale et le mi-
nistère des Colonies, et c'est ici que
son argumentation nous semble prêter
à la critique.
Qu'une réforme soit nécessaire, la
chose est certaine : la portion euro-
péenne de l'armée coloniale est actuel-
lement recrutée. et instruite par le mi-
nistère qui ne l'emploie pas ; elle est
employée par un département qui ne
la connaît que du point de vue admi-
nistratif. Le ministère des Colonies est
chargé de la' défense des colonies ;
mais il ne dispose pour cela ni d'ar-
mée ni de flotte. On se désintéresse
dans une trop large mesure de l'ar-
mée coloniale, parce que chacun des
deux grands services à qui elle a af-
faire compte sur l'autre pour accom-
plir une tâche, mal répartie et. même
mal définie. Il, en résulte un désordre
profond qui pourrait être, un jour,
préjudiciable à l'intérêt public et dont
souffre, dès maintenant, la justice,
puisque l'avancement est plus lent, les
récompenses plus rares pour les hom-
mes dont le courage, l'endurance, tou-
tes les qualités du cœur et de l'esprit,
sont journellement mises à l'épreuve.
Pareille situation ne peut se prolon-
ger.
Mais s'il est nécessaire, que l'armée
coloniale dépende exclusivement d'un
seul ministère, il est douteux que le
ministère tout indiqué soit celui de la
Guerre.. On semble craindre comme
une calamité d'autant plus redou-
table qu'on en pourrait moins facile-
ment. énumérer les dangers d'avoir
un troisième ministère militaire. Il est
infiniment plus pénible d'attribuer à
un service qui plie déjà sous le faix
d'une besogne accablante. quoi ? un
monde, tout un monde nouveau pour
1 lui, multiforme, destiné à un dévelop-
pement prodigieux dans l'avenir.
On dit, avec raison, que la défense,
de la France et de ses colonies est
une. Mais a-t-on jamais, pour cela,
proposé de rattacher les services de la
Marine au ministère de la Guerre ?
Et pourtant il est bien certain que les
dispositions stratégiques arrêtées par
lo Conseil supérieur de la Guerre font
état de l'aide à recevoir de nos esca-
dres. Rien n'empêcherait que les trou-
pes coloniales fussent, en cas de dan-
ger européen, et Bans la même me-
sure, sous la direction du commande-
ment en chef, et que des dispositions
en ce sens fussent prises, d'un com-
mun accord, en temps de paix. Mais,
en Rumine, une armée coloniale doit,
par définition, être consacrée au ser-
vi'̃ e des colonies. Attribuer au minis-
tère de la Guerre tout ce qui concerne
l'armée coloniale reviendrait à peu
près à annexer le ministère des Colo-
nies à celui de la Guerre. Est-ce cela
que l'on veut ?
- Supposons le ministre de la Guerre
chargé du recrutement de l'armée colu-
niale. Celle-ci se compose, ne l'ou-
blions pas. de troupes indigènes, com-
'me de troupes européennes. Elle doit
même, dans l'avenir, se composer pres-
que uniquement de troupes indigènes.
L'armée coloniale blanche, Tancicnnc
infanterie de marine, n'a qu'une uti-
lité : celle d'être une pépinière pour les
cadres subalternes et un prétexte pour
les cadres supérieurs. Quiconque a
servi aux Colonies sait le faible cas
qu'il convient de faire des troupes
blanches venant d'Europe ; en temps
de guerre, si l'on commet l'impru-
dence de les faire marcher, on compte
une hécatombe de plus ; en temps de
paix, elles peuplent les infirmeries. Le
problème consiste justement à avoir
des cadres d'armée coloniale en se pas-
sant des troupes casernées en France ;
il n'est pas insoluble. Tôt ou tard, et le
plus tùt sera le mieux, nos Colonies se-
ront militairement occupées par des
troupes endurcies par un séjour préa-
lable en Algérie et par des troupes de
couleur. Ces troupes de couleur, est-ce
le ministre de la Guerre qui les recru-
tera ? Il lui faudra alors à chaque ins-
tant, le concours des services civils ; ce
concours lui sera nécessaire encore
pour assurer l'alimentation des trou-
pes. leur casernement, leurs canton-
nements en marche.
Nous retrouvons la dualité de res-
ponsabilités dans de< conditions où les
conflits seront journaliers «t presque
permanents. L'armée coloniale serait
comme un aveugle armé, qui ne peut
frapper que si les yeux d'autrui con-
sentent à le diriger.
Il est inadmissible que ce soit de la
rue Saint-Dominique que l'on décide,
au jour le jour, de ce qui se passera à
2.000 ou 3.000 lieues de France. Il
faudra bien compter avec les Gouver-
neurs, qui sont des fonctionnaires colo-
niaux. D'ailleurs, qui s'occuperait de
l'armée coloniale au. ministère de la
Guerre ? Est-ce un Conseil supérieur
recruté indifféremment dans tous les
cadres, métropolitains ou coloniaux?
C'est là ce 'qui se passerait un jour ou
l'autre pour le plus grand dommage
de l'armée, coloniale, si l'on ne s'y op-
pose pas par des dispositions organi-
QUATORZIEME rANW¥>E. N ° ÏÏ3 CE NUMERO. FRANCE ET COLONIES 15 Centimes. SAMEDI 14 JUIN 1913
, ;
-
Les Annales Coloniales
- --': .,
JOURNAL SÉMI-QUOTIDIEN
Directeurs : Marcel fiOEDËl et L-C. THHBàILT
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Les A nnals Coloniales ne publient que des articles inédits
Ma MANUSCRITS NON INSÉRÉS l E SONT PAS RENDUS
COLLA:SOR Tf;i::q FOXjITIQXJE
Vlotor AUttAtNEUVt, député du RhOnll, ancien mlD. ancien gouverneur général de Madagascar 1
H»nrl AURIOL, députô de la HautB-Garoïmer rHairry' BtnFNffÉ'R^ènateur de là GCaaelOtrjTe ; Almé BERTHOD, dépoté du Jura
(taoul BRPQUET, -député du Pas-de-Calais ; Henri tvQTSNiER, député de l'Indre ; Luolen CORNET, sénateur de lyonian
Félix OtiAUTIMPI, député de la Savote, délégué 'dê la Guinée au Conseil supérieur des Colonies ;
8. MMMOUM, député de la Gironde; L. MALAVlALiEt député de l'Aude 1 François IINIT, député de la Creuil 1
Albert DALIMIER, député de Selne-et Olse, délégué du Dahomey au Conseil supérieur des Colonies 1
Louis MARIN, député de Meurthe-et-Moselle ; Albert MITIN. député du Doubs ; Henri MIOHIL, sénateur des Baues-Alpes ;
Charles HUMBERT, sénateur de la Meuse, délégué- de. la Nouvelle-Calédonie au Conseil supérieur des Colonies ;
Albert PEYRONNET, sénateur de l'Allier ; Joseph PYTHÕN. député du Puy-de-DOme ; a. PICARD, député dei Vosges î
Maurloa VIOLLITT8, député d'Eure-et-Loir, rapporteur du Budget des ColonleJ.
Directeurs : Marcel KCEDEL et L.Q. IfiEBACLI
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L'indigénat en Algérie
1
L'heure est-elle venue1 de supprimer,
en Algérie,.. k code de l'indigénat? A
cette q.uestion} colons d'Algérie et indi-
génophi-les de France sont en complet
désaccord.. Les premiers se plaignent
de n'être pas protégés, réclament de
l'autorité p,us de sévérité, ne consen-
tent pas à la moindre atténuation des
textes desquels .dépend, croient-ils, la
sécurité de leurs biens et de leurs per-
sonnes. Les. autres, nos compatriotes
de France, plus théoriciens que prati-
ciens, voyant ks choses de très haut et
d'un peu loin, pensent que la suppres-
sion du code de l'indigénat, que le ré-
gime d-u droit commun, soit pour les
ventss, soit pour, les juridictions, se-
raient non seulement sans danger, mais
aufaient "'l' avantage de nous concilier
la confiance et la ndélité des Arabes.
La discussion, très aigre parfois, ne
se terminera jamais tant quelle mettra
en-présence des ,opinions absolues et,
par définition»^ -inconciliables. Entre
la doctrine ées partisans de la manière
perpétuellement fonte pt la religion des
apôtres de la confiance quand même,
il ite faut pas choisir ; l'une, et l'autre
sont dangereuses dans la pratique et
toute administration que se guiderait
aveuglément sur jelles aboutirait, par
des moyens opposés, au même résultat :
le .désordre et l'insécurité.
Pourquoi, qans toutes nos colonies,
avons-nous édicté des codes de l'indi-
génat, c'est-à-dire promulgué des lois
applicabres aux seuls indigènes et par
des tribunaux composés par des juges
autres que nos tribunaux de droit com-
- muÍr?
La première raison, c est qu avant le
moment où-nous procédâmes à l'orga-
nisation administrative et régulière du
pays, nous avions dû procéder à sa con-
, quête et à son occupation. Pendant tou-
te cette première phase, les populations
avaient été justiciables de l'autorité et
de la justice mHitaires, soumises à l'ac-
tion directe, indiscutable des officièrs,
sous le régime de l'état de siège. Ce
régime est. à la lois très rigide et, très
souple : très rigide par l'immédiate té
des sanctions,- très souple parce que les
prescriptions des chefs, limitées par au-
cun pouvoir, aucun droit, sont suscep-
tibles d'être variées à l'infini, de s'ap-
pliquer aux cas les plus divers.
Accorder les bénéfices. du droit com-
mun, sans transition, à- des indigènes
courbés la Yëife sous le joug des rè-
glements mnit9i(L,- eût été d'une folle
imprudence. De toute nécessité il fal-
liait continuer,-'pour, éviter les dangers
d'une brusque décompression, prolon-
ger le système en en adaptant les for-
mes à une situation moins tendue, à
une population .déjà modifiée par la
présence et.l'action des troupes.
L'indigénat .existe donc au début de
la colonisation, comme continuation des
pratiques imposées par la conquête.
Toute la question est de savoir pendant
combien de. temps ce régime d'ex-
ception est indispensable, ou simple-
ment utile.
H est évid.Últ que la pratique et l'ex-
périence seules et des considérations
de fait peuvent indiquer que le mo-
ment est venu du retour au droit, com-
mun. L'état d'esprit des indigènes,
leur degré d'assimilation, la densité ou
la dissémination -de la population, la
proximité ou l'éloignemient des juridic-
tions de droit .commun sont les élé-
ments, et ce ne sont gas les seuls, avec
lesquels l'autorité peut jug;:dl la me-
sure dans laquelle il est possible de re-
noncer aux dispositions de l'indigénat.
Nulle part, la transition d'un régime
à l'autre n'a été et -ne pouvait être
brusque. L'indigénat a été partout une
atténuation du régime -militaire et" pu
à peu, par dégradation insensible, par
la disposition de-c^Ftaines prescriptions,
par la réduction des pénalités, a tendu
vers le droit commun.
Ainsi en. a-t-il été en A. 0. F., à
Madagascar et en Algérie*.
En sommes-nous à ce point que l'Al-
gérie entière doive être, placée dans
le droit commun Non,, protestent les
colons; oui, affirment quelques indi-
génophUes. Contre les colons trop
apeurés, je soutiendrai que l'indigénat
peut subir des atténuations ; contre les
indigénophiles outranciers je maintien-
drai Je principe de l'indigénat et cer-
taines de ses dispositions. Nos Arabes
algériens, dans leur ensemble, sont-ils
arrivés à ce point d'européanisation que.
des lois faites pour des Français leur
soient applicables? En Tunisie, au Ma-
roc, il n'y eut pas besoin d'un code de
l'indigénat, parce que les Arabes ont
leurs tribunaux à eux, tunisiens ou ma-
rocains, composés de juges de leur ra-
ce, leur appliquant les lois faites par
eux et pour eux. Là, les impôts sont
recouvrés à l'arabe, par les fonction-
naires indigènes, usant de procédés
n'ayant aucune analogie avec les nô-
tres et illustrant le principe célébré que
la fin justifie les moyens. - ;
Il en est de même en matière de po-
lice, de sécurité publique.
Comment admettre que, même après
70 ans d'occupation, alors que nous
n'avons pas modifié la mentalité, le
fond intellectuel et moral des indigènes
algériens, nous puissions les soumettre
à nos lois, alors que les Tunisiens, par
exemple, - sont régis par des coutumes
spéciales,. adaptées aux tendances et
habitudes de leurs races?
Là où nous n'avons pas les avanta-
ges du protectorat, où une législation
et des .tribunaux indigènes font défaut,
il nous a bien fallu établir .un régime
autre que celui de nos lois et de nos
juridictions. C'était indispensable pour
notre sécurité et citait même, dans
bien ds, càs, avantageux pour les indi-
gènes eux-mêmes.
Les pénalités de .1 indigénat, de peu
de durée, n'ont pas le caractère infa-
mant des condamnations correction-
nelles ; cilles se rapprochent. plus des
peines disciplinaires, de la salle de po-
lice ou de la prison militaire que des
sanctions judiciaires. Condamné pour
condamné, il vaut autant l'être par un
tribunal de l'indigénat que par nos ju-
ges de paix ou une cour d'appel. Que
le nombre des infractions de l'indigénat
puisse et doive être réduit, que les pei-
nes soient atténuées, que surtout beau-
coup d'Arabes, instruits, fonctionnai-
res, notables et que l'intelligence, la
culture, l'habitude de nos mœurs pla-
cent dans une situation différente de
celle de la masse indigène, soient sous-
traits à 'l'indigénat et assimilés aux Eu-
ropéens, il est juste, indispensable de
l'admettre et de le réaliser.
Que les modifications les plus larges,
les plus libérales soient apportées au
code actuel, c'est équitable et indispen-
sable ; mais je ne crois pas que le mo-
ment soit venu de faire disparaître tout
le code de l'indigénat.
En y regardant de près, il est facile
de s'apercevoir, d'ailleurs, que les cri-
tiques passionnées adressées au systè-
me en vigueur s'adressent moins au
principe et aux textes qu'à l'applica-
tion, trop souvent arbitraire, qui en a
été faite..L'indigénat vaut ce que va-
lent les administrateurs qui -1 emploient.
Le Code n'est pas plus parfaH. ou mé-
diocre qu'une loi qUlconque: il vaut
suivant les juges. Le problème est
moins dans la lettre de la législation
que dans le choix et le contrôle des
hommes détenteurs de l'autorité. C'est
ce contrôle qu'il faut organiser -avec le
plus grand soin et la résolution de
l'exercer.
Victor AUGAGNEUR
Député du Rhône, ancien ministre,
ancien Gouverneur général de
Madagascar.
I «>
DENTELLES MALGACHES
«wwvwxwwww
37Administration, française avait créé,
bien avant l'arrivée de M. Picquié-à Ma-
dagascar, des écoles de dentellières, car
il avait été constaté que les potites ou-
vrières malgaches excellaient dans .Tarl
du point il l'aiguille. Ces écoles l'ont mer-
Hille.
Les dent filières de Tananarive, du ia-
junga et de Fianaranfsna se sonl appli-
quées avec tant de zèle et de goût au
point d'Alençon, au edunv et aux valen-
••icnnes, que l'art de. la dentelle est, lù-
bas, en pleine Huraison.
El ce' sera bientôt- une surprise vrai-
ment charmante de voir les Parisiennes
s'approvisionner à Madagascar des gui-
pures, des l'estons et des broderies les
plus rares.
(,<
L'Inquisition Religieuse en Océanie
Ce n'est rien apprendre à personne
de rappeler que presque toutes les îles
du Pacifique sont évangélisées par les
Missionnaires, catholiques surtout.
Parmi eux, les Maristes se sont parti-
culièrement distingués dans l'art de
faire peser, sur des populations d'ail-
leurs extrêmement douces, le joug re-
ligieux, dans ce qu'il offre de plus im-
pitoyable et de plus écrasant. Il fau-
drait remonter aux temps du moyen
âge pour trouver un terme de compa-
raison exact avec ce qui se passe au-
jourd'hui en Océanie. Menaces des
peines éternelles, attentats continuels
à la liberté individuelle, pluie de cor-
vées en travaux ou en argent ; quand
il le faut, révolutions cn règle, avec dis-
tributions de fusils et de cartouches,
tels sont les moyens usuellement em-
ployés et pratiqués dans ces îles par
les missionnaires français. Le résultat,
c'est l'abrutissement complet des popu-
lations, abrutissement voulu, à la fa-
veur duquel la Société de Marie voit
prospérer ses affaires commerciales,
lesquelles sont son unique raison d'ê-
tre en Océanie. Chaque île d'Océanie
n'est plus, sans exagération, qu'un
vaste et unique séminaire.
Les îles Waliis, sous notre Protec-
torat depuis vingt-sept ans, en sont un
parfait exemple. Toute la population
enfantine (et ils appellent « enfants »
des gaillards de vingt-cinq ans !) .sans
exception, est divisée en escouades, de
garçons ét de filles, lesquelles ont, à
chaque heure du jour, leur travail ad-
mirablement réglé : corvées de ba-
layage ou de fourbissage dans les pres-
bytères et églises ; corvées de nourrir
ture pour les animaux des Pères ; pu-
nitions de toute nature pour avoir,
par exemple, sommeillé à l'église ou
commis quelqu'autre crime aussi gra-
ve. Voilà le travail quotidien et l'exis-
tence de ces « enfants i). Si l'on songe
que les punitions spéciales consistent
invariablement à aller entretenir les
propriétés et les cocoteraies de la mis-
sion, on comprendra la raison d'une
sévérité à laquelle rien n'échappe et
tout rapporte. Les indigènes commen-
cent, d'ailleurs, à trouver le régime
odieux et voici une petite tragédie dont
tous les détails sont officiels et qui le
prouve surabondamment.
Le 15 janvier dernier, une pirogue
indigène montée par trois jeunes fil-
les de 16 à 23 ans, Brigitta, Maria et
Dominica, s'éloigna, vers quatre heu-
res du soir, du rivage de Hihifo, chef-
lieu de district, sous le prétexte d'aller
à la pêche. Mais elle disparut bientôt
dans la direction de la passe Nord-Est
de l'île, au delà des récifs situés à deux
milles de la côte. Trois pirogues, mon-
tées par des hommes, s'élancèrent aus-
sitôt du village à la recherche des jeu-
nes filles. Elles ne les atteignirent que
tout à fait au large, vers le soir, si loin
qu'on n'apercevait plus les Wallis.
Les hommes invitèrent les fugitives à
rentrer. Ils les sermonnèrent douce-
ment. Ce fut en vain, et, comme les
indigènes s'apprêtaient à entourer la
pirogue et à la ramener de gré où de
force, malgré les supplications des
'jeunes filles, tout à coup celles-ci s'élan-
cèrent d'un bond dans la mer et elles
disparurent pour toujours.
Or, ',ces trois jeunes filles apparte-
naient, comme toutes celles du district,
à ce soi-disant « collège » de la mis-
sion. Elles le fuyaient à cause de la
punition qui venait de leur être infli-
gée par le Supérieur actuel de la mis-
sion, leur curé, qui vient de succéder
- - -
au fameux Bazin, de racheuse mémoi-
re, et qui paraît ne pas valoir mieux
que son prédécesseur. Leur faute était
d'une gravité exceptionnelle, elle avait
consisté à parler avec des jeunes gns,
rien que parlé. Coût : 50 francs d'a-
mende, transformable à volonté en
UNE SEMAINE DE TRAVAIL SUR
LA PROPRIETE DU PERE. Or, les
jeunes filles trouvaient la punition bien
injuste, leur faute bien légère.
N'ayant, en ce pays d'une mentalité si
particulière, aucun appui à attendre de
personne, pas même de leurs parents,
elles ont préféré mourir que de revi-
vre la misérable existence qui les at-
tendait au collège.
Le fait, éloquent autant que véridi-
que dans tous ses détails, se passe de
commentaires. N'est-il pas bon que
semblables choses soient connues en
France ?
D'une statistique officielle, il résulte,
par ailleurs, que les exodes de ce gen-
re sont fréquents dans ces îles. On en
compte six dans les deux dernières
années, comprenant une trentaine de
jeunes gens, appartenant tous au col-
lège des Pères, et s'en allant toujours
pour le même motif que les pauvres
désespérées de Hihifo : punitions oc-
troyées généreusement par les bons
Pères. Naturellement, le silence est ri-
goureusement fait par les soins de
ceux-ci à chaque évasion. Notre Rési-
dent n'a connu celle de Hihifo que plus
de deux mois plus tard. La même pra-
tique existait d'ailleurs autrefois (et
peut-être bien toujours) aux Gambiers.
Voici, à ce sujet, comment s'exprime
M. P. Deschanel dans son livre Les
Intérêts français dans le Pacifique,
écrit il y a vingt ans, page 60 :
Le Père Tnisaii pécher In nacre par
]..s élèves du Ldllès'p ; ces enfants 11e ?n-
vai'.Mil pas 11 n moi de français, mais ils
travaillaient au cuvai], faisaient la chaux,
répara ici u les toitures d.' la .Mission, se
livraient au labour écrasant di fla plonpe,
et cela, a. l'à.u^ critique de la transforma-
tion. PLl'IELT>; KNFASTS DE L'ECOLE
l'IGPRRNT SLH TA LTSTK DKS EVA-
SIONS- Ces petits malheureux déclaraient
qu'ils souifl'vaiput {l'r:\r:l' de travail, , ÜfI
faim, do mauvais traitements. »
Rien n'est changé. 'Aux Waliis, les
pauvres indigènes n'osent même" pas
se plaindre et préfèrent la mort.
La congrégation est aussi redoutable
et aussi néfaste aux colonies qu'en
France.
Maurice VIOLLETTE
Député d'Eure-et-Loir,
Rapporteur du budget des
Colonies.
L'YONNE ET L'INDOCHINE
wwvwwwvvwv
On iinnunce qne M. Klobukowski, an-
cien gouverneur général derhKiochinc,
ministre plénipotentiaire de France à
Bruxelles ';.;lWfl candidat au siège sénato-
rial de l'Yonne, laissé vacant par la mort
de M. Besna'rd, maire de Joigny. ;
- On sait que M. Klohukowski est le gen-
dre de Paul Port. qui fut avant d'être
ministre de rinslrnction publique et gou-
verneur général de l'Indochine, député-de
l'Yonne et l'ami intime de M.. Eliennc
F'iandin, ancien député millionnaire d'A-
vallun, encore -conseiller général du can-
ton de-Yézelay, actuellement sénateur de
l'Inde.
Qiumd on se rappelle que M. Paul
Doumcr était député de l'Yonne quand il
fut appelé, à prendre le gouvernement gé-
néral de l'Indochine, ou ne 1niinqirerã
pns de constater que l'Yonne a, avec ho-
Ire grande colonie asiatique des attaches
exlraondiiiairement nombreuses.
M. LUTAUD A ALGER
'\I\V\I\I\,.
M. Lulaud" Gouverneur général de
l'Algérie, qui était venu passer quelques
juurs à Paris pour s'entretenir avec le
Gouvernement du problème de l'indigé-
nut, est repurli. pour Alger alin d'élre
présent à la lin de la session des déléga-
tions-financières et présider le Conseil su-
périeur.
Il sera de retour dans la capitale à la
fin du mois.
DANS LES SECRETARIATS
GENERAUX
WVWWVWWVWli
l'n mouvement dans le personnel des
secrétaires généraux aura lieu aux envi-
rons du lt jui'ilet. Par suilc de la nomina-
tion de MM. Fawtier et IBrunet au grade
de gouverneur et de quelques mises à la
retraite il sera procédé à quatre ou cinq
'nominations.
POUR LES ADMINISTRATEURS
EN CHEF
WVWWXWVVVWV
M..1.-1?. Morel. usant- de son droit strict
a nommé qui lui plaisait gouverneur des
colflnics,
Selon un USOg0 constant depuis' plu-
sieurs années, le ministre des Colonies
-IL la nomination
comme gouverneur d'un secrétaire géné-
ral et d'un administrateur en chef. C'est
ainsi que successivement nous avons vu
nommer gouverneurs : 1908, M. Cor, se-
crétatre général ; UJIO, M. Yergnes, admi-
nistrateur en chef ; LVJl 1, M. Poulet, se-
crétaire général ; HHI, M. Estèbe, adnii-
nislrateur m chef : 1911. M. Gai bit, se-
crétaire général ; lU!:!, M. Lucien Four-
neau, administrateur en chef ; 1913, M.
i-'awlier. secrétaire général. (Juels sont
les mérites .cachés qui ont permis, en nom-
mant M. A. Brunei, le plus jeune el le.
moins ancien et un des plus aimables
il faut être juste de tous les secrétaires
généraux, de léser tous les secrétaires
généraux actuels, dont quelques-uns
comme Henry, Poirel, Carde, Fournier,
comptent les plus beaux états de service,
de léser en outre cette phalange admira-
ble d'administrateurs en chef des colonies,
dont le moins pourvu de titres compte
trois l'ois plus d'années de service que le
nouveau gouverneur de la Nouvelle-Calé-
donie ?
L'AGITATION INDOCHINOISE
Quelques niais ont fait grand bruit
en France et aussi en Indochine, au-
tour de l'horrible scandale do la viola-
tion du tombeau de l'empereur Thu
Duc, à Hué. La population indigène de
l'Annam en pleine effervescence, la
sécurité de nos compatriotes en An-
nam menacée du fait de cette profana-
tion, etc., etc. ; on se rappelle encore
les énormes balourdises colportées ou
imprimées à ce sujet.
Or, les courriers qui nous, arrivent
régulièrement de Hué, de Tourane et
des autres centres importants établis-
sent que le crime dont se sont rendus
coupables MM. Albert Sarraut et
Mahé, est inexistant aux yeux des indi-
gènes.
In effet, alors que ',t0 bombes sont
lancées un peu partout, que des atten-
tats sont signalés en Coch in chine -et au
Tonkin, un seul pays reste calme :
l'Annan;, et cela suffit à mesurer
l'exactitude des informations qui ont
été publiées par quelques intéressés.
Les ANNALES COLONIALES publi eront m and L
1 un ninnéru ililuslré consacré à l'Enseigne-
ment en Afrique Occidentale Française.
Le statut de l'Armée coloniale
par Lucien CORNET, Sénateur de l'Yonne
La question, toujours posée, du sta-
tut définitif à imposer à l'armée colo-
niale, vient d'être à, nouveau soulevée
dans le très consciencieux et très beau
rapport sur les cn'.mi'-s que notre ho-
norable collègue M. Gervais a déposé
au nom de ta commission sénatoriale
des finances. M. Gervais n'a pas de
peine à établir, d'une part, qu'il est
illogique et funeste de confier, en fait,
à deux départements ministériels la
défense des colonies; d'autre part, que
l'armée coloniale n'a pas eu à se louer
de l'application de la loi de 1000, qui
la rattache au ministère de la Guerre.
Mais M. Gervais voit la solution des
difficultés dans une séparation radi-
cale entre l'armée coloniale et le mi-
nistère des Colonies, et c'est ici que
son argumentation nous semble prêter
à la critique.
Qu'une réforme soit nécessaire, la
chose est certaine : la portion euro-
péenne de l'armée coloniale est actuel-
lement recrutée. et instruite par le mi-
nistère qui ne l'emploie pas ; elle est
employée par un département qui ne
la connaît que du point de vue admi-
nistratif. Le ministère des Colonies est
chargé de la' défense des colonies ;
mais il ne dispose pour cela ni d'ar-
mée ni de flotte. On se désintéresse
dans une trop large mesure de l'ar-
mée coloniale, parce que chacun des
deux grands services à qui elle a af-
faire compte sur l'autre pour accom-
plir une tâche, mal répartie et. même
mal définie. Il, en résulte un désordre
profond qui pourrait être, un jour,
préjudiciable à l'intérêt public et dont
souffre, dès maintenant, la justice,
puisque l'avancement est plus lent, les
récompenses plus rares pour les hom-
mes dont le courage, l'endurance, tou-
tes les qualités du cœur et de l'esprit,
sont journellement mises à l'épreuve.
Pareille situation ne peut se prolon-
ger.
Mais s'il est nécessaire, que l'armée
coloniale dépende exclusivement d'un
seul ministère, il est douteux que le
ministère tout indiqué soit celui de la
Guerre.. On semble craindre comme
une calamité d'autant plus redou-
table qu'on en pourrait moins facile-
ment. énumérer les dangers d'avoir
un troisième ministère militaire. Il est
infiniment plus pénible d'attribuer à
un service qui plie déjà sous le faix
d'une besogne accablante. quoi ? un
monde, tout un monde nouveau pour
1 lui, multiforme, destiné à un dévelop-
pement prodigieux dans l'avenir.
On dit, avec raison, que la défense,
de la France et de ses colonies est
une. Mais a-t-on jamais, pour cela,
proposé de rattacher les services de la
Marine au ministère de la Guerre ?
Et pourtant il est bien certain que les
dispositions stratégiques arrêtées par
lo Conseil supérieur de la Guerre font
état de l'aide à recevoir de nos esca-
dres. Rien n'empêcherait que les trou-
pes coloniales fussent, en cas de dan-
ger européen, et Bans la même me-
sure, sous la direction du commande-
ment en chef, et que des dispositions
en ce sens fussent prises, d'un com-
mun accord, en temps de paix. Mais,
en Rumine, une armée coloniale doit,
par définition, être consacrée au ser-
vi'̃ e des colonies. Attribuer au minis-
tère de la Guerre tout ce qui concerne
l'armée coloniale reviendrait à peu
près à annexer le ministère des Colo-
nies à celui de la Guerre. Est-ce cela
que l'on veut ?
- Supposons le ministre de la Guerre
chargé du recrutement de l'armée colu-
niale. Celle-ci se compose, ne l'ou-
blions pas. de troupes indigènes, com-
'me de troupes européennes. Elle doit
même, dans l'avenir, se composer pres-
que uniquement de troupes indigènes.
L'armée coloniale blanche, Tancicnnc
infanterie de marine, n'a qu'une uti-
lité : celle d'être une pépinière pour les
cadres subalternes et un prétexte pour
les cadres supérieurs. Quiconque a
servi aux Colonies sait le faible cas
qu'il convient de faire des troupes
blanches venant d'Europe ; en temps
de guerre, si l'on commet l'impru-
dence de les faire marcher, on compte
une hécatombe de plus ; en temps de
paix, elles peuplent les infirmeries. Le
problème consiste justement à avoir
des cadres d'armée coloniale en se pas-
sant des troupes casernées en France ;
il n'est pas insoluble. Tôt ou tard, et le
plus tùt sera le mieux, nos Colonies se-
ront militairement occupées par des
troupes endurcies par un séjour préa-
lable en Algérie et par des troupes de
couleur. Ces troupes de couleur, est-ce
le ministre de la Guerre qui les recru-
tera ? Il lui faudra alors à chaque ins-
tant, le concours des services civils ; ce
concours lui sera nécessaire encore
pour assurer l'alimentation des trou-
pes. leur casernement, leurs canton-
nements en marche.
Nous retrouvons la dualité de res-
ponsabilités dans de< conditions où les
conflits seront journaliers «t presque
permanents. L'armée coloniale serait
comme un aveugle armé, qui ne peut
frapper que si les yeux d'autrui con-
sentent à le diriger.
Il est inadmissible que ce soit de la
rue Saint-Dominique que l'on décide,
au jour le jour, de ce qui se passera à
2.000 ou 3.000 lieues de France. Il
faudra bien compter avec les Gouver-
neurs, qui sont des fonctionnaires colo-
niaux. D'ailleurs, qui s'occuperait de
l'armée coloniale au. ministère de la
Guerre ? Est-ce un Conseil supérieur
recruté indifféremment dans tous les
cadres, métropolitains ou coloniaux?
C'est là ce 'qui se passerait un jour ou
l'autre pour le plus grand dommage
de l'armée, coloniale, si l'on ne s'y op-
pose pas par des dispositions organi-
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