Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1913-01-18
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 18 janvier 1913 18 janvier 1913
Description : 1913/01/18 (A14,N8). 1913/01/18 (A14,N8).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6368093q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
QUATORZIEME ANNEE. N° S LE NUMERO : FRANCE ET COLONIES ': 15 centimes. SAMEDI 18 JANVIER 1913
Les Annales Coloniales
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
Directeurs ; Marcel lWfDEL et L.-G. TiiÊBAUW
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
34, rue du Mont-Thabor, PARIS (1er)
Acïr. Télêgr.: AKCOBO Pa:,Îs - - Code Français : A“ Z.– Tél. 389 3*2
.Les Annales Coloniales ne publient que des articles inédits
LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
OOLL ABOR AT^XNT POLITIQUE
VICTOR AUGAGNEUR, député du Rhône, ancien ministre, ancien gouverneur général de Madagascar;
HENRI AURIOL, député de la Haute-Garonne; HENRY BELiENGER, sénateur de la Guadeloupe ;AiMÉ BERTHOD, député du Jura;
HAOlJI. HlJUET, député du Pas-de-Calais; HENRI COSNIER, député de l'Indre; LUCIEN LORNET, sénateur de l'Yonne:
FÉLIX CHAUTEMPS, député de la Savoie, délégué de la Guinée au Conseil supérieur des Colonies;
ALBERT DALll\UgH.. député de Seine-et-Oise, délégué du Dahomey au Conseil supérieur des Colonies;
G. COMBROUZE, député de la Gironde; JEAN JAVAL, député de l'Yonne; L. MALA MALLE, député de l'Aude:
Louis AlAluiN, ui'p-iié de ALeuriho-et Muselle; ALBERT MET1N, député du Doubs; JOSEPH PYTHUN, député du Puy-de-Dùaie;
U. PICARD, député des Vosges; Louis PUECH, député de Paris, vice-président de la Chambre;
, MAURICE VIOLLETTE, député d'Eure-et-Loir, rapporteur du Budeet des Colonies.
Directeurs : Marcel RUEDIL et L.:(j, TBËBAULT
T;n an 6 mois
( FRANCE ET COLONIES. 25 fr. (3 fr.
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et dans les Principales Agences de Publicité
LES FEMMES AUX COLONIES
Mon dernier article sur les métis et
les unions entre Français et fem-
mes indigènes, m'a fait adresser quel-
ques lettres par les lectrices des Anna-
les Coloniales. Avec des formes va-
riées, ces missives s'inspirent de la
même idée : le femmes disposées à par-
tager, sous tous les climats, la vie des
colons et des fonctionnaires sont nom-
breuses, mais. personne ne les y in-
vite. Des centaines de femmes intelli-
gentes, actives, dévouées, voient se pas-
ser leur jeunesse dans le célibat, qui
ne demanderaient qu'à suivre un mari
au bout du monde ; ce mari ne se pré-
sente pas. Que faudrait-il donc tenter
pour faciliter le mariage des coloniaux
avec des femmes de leur rnrc? La
question est assez importante, inté-
resse assez l'avenir de nos colonies
pour préoccuper l'opinion et s'imposer
à l'étude des pouvoirs publics.
La multiplication des métis prépa-
rerait, c'est incontestable, des troubles
et des discussions sans fin, dans nos
possessions coloniales ; j'en ai montré
les raisons, je n'y reviens pas. Pas da-
vantage je n'insisierai à nouveau, sur
les erreurs commises, au point de vue
administratif, ou tUns leurs fonctions
judiciaires par des amonts Lomijés sous
l'influence des femmes indigènes.
Par contre, je veux envisager l'état
moral tlë nos crmrp-aliioles, après des
années passées dans la cohabitation
des ramatoas ou des c-ongaïs. Combien
souvent j'ai été frappé et plus attristé
encore en constatant leur transforma-
tion psychique, leur état de déchéance
intellectuelle et morale. On suppose-
rait volontiers, au premier abord, que
le blanc apporte à la femme indigène
une part plus ou moins grande des
goûts, des habitudes, des mU'IIl'S, or-
gueil des Européens ; qu'il élève sa
compagne, la rapproche du type eu-
ropéen, qu'il est, à son égard, un pro-
fesseur de civilisation.
L'éducation, si éducdion il y a, se
réduit à quelques changements dans la
toilette, à des tentatives d'attitudes à
l'instar de l'Europe. Le plus souvent
ce rudiment d'européanisation n'existe
même pas. La femme indigène reste
totalement indigène. Bientôt elle s'en-
toure, dans la maison de son compa-
gnon, d'une famille sans nombre, le
blanc est plongé dans la vie indigène.
La femme ne se transforme pas en Eu-
ropéenne, c'est l'Européen qui peu à
peu se modifie, s'adapte, devient en
partie Malgache ou Annamite. Il faut
avoir pénétré dans quelque case de la
brousse, à de longues journées de mar-
che des villes, loin des yeux des chefs
ou des égaux, pour comprendre à quel
point descendent certains des nôtres,
officiers, fonctionnaires ou colons.
Isolés de tout contact européen, ils
roulent sur la pente sans s'en aperce-
voir, perdant chaque jour quelque
chose de leur dignité et de leur indé-
pendance. Je n'oublierai de longtemps
l'impression ressentie en face d'un
jeune officier, que j'avais connu bril-
lant, élégant, quelque dix-huit mois
auparavant. Seul dans son poste, de-
puis un an, il vivait entre une abomi-
nable ramatoa et un domestique, vi-
cieux comme le sont les indigènes qui
n'ont eu pour école que les cuisines des
Européens, pour professeurs de vertu
et de langue que certains lascars de
l'infanterie coloniale. Le malheureux
ne voyait que par sa ramatoa, com-
plice du domestique. 11 s'habillait a
peine, chiquait du tabac comme un
porteur de filanzana, Sa bibliothèque
ne contenait que deux ouvrages : une
théorie de l'officier d'infanterie, c'était
la source où se réconfortait son âme
et s'abreuvait son intelligence, et un
libelle, de ceux qui ne se vendent que
dans les boutiques de Port-Saïd, une
quelconque « Journée de Flora » ;
c'était le catéchisme de la ramatoa,.
Combien d'hommes intelligents, dé-
sireux d'action utile, se sont, dans
l'avilissement de cette existence, dé-
moralisés peu à peu ! Ils sentent leur
abjection et aussi l'impossibilité d'en
sortir à laquelle les condamne leur af-
faiblissement moral. Beaucoup, en-
chaînés par l'habitude, quelquefois par
des enfants, prolongent leurs séjours
coloniaux, ne veulent plus revoir la
France, s'enlisent de plus en plus. De
temps à autre un retour de conscience
leur fait entrevoir leur dénùment mo-
ral. Si ces lueurs deviennent plus fré-
quentes, le désespoir, l'ennui de la vie
s'installent dans des cerveaux souvent
affaiblis par les maladies tropicales.
Le suicide est fréquent aux colonies :
il n'est pas toujours provoqué par le
délire et la malaria ou "l'alcoolisme ;
le dégoût d'une existence dont le dé-
sespéré sent ne pouvoir s'évader en
fut plus d'une fois la cause détermi-
nante.
Il faut le reconnaître, les gouverne-
ments nu favorisent pas le mariage de
leurs fonctionnaires. Ils ont des excu-
ses. Un fonctionnaire marié coûte plus
cher à la colonie que le célibataire. Au
lieu du prix d'un seul voynge, quand
un agent marié se déplace, va en con-
gé ou en revient, la colonie doit en
payer plusieurs, celui de l'épouse et
des enfants. D'autre part, les fonction-
naires mariés ne peuvent être chargés
de certains postes, dont l'installation
est trop sommaire "pour abriter un mé-
nage, où le climat est trop insalubre
pour y exposer une femme ou des en-
fants.
Tout cela n'est qu'affaire d'argent,
et l'intérêt moral en jeu est au-dessus
d'une question financière. Les textes
réglementant les droits des familles
au transport de la colonie en France
et vice versa, ont besoin d'être faits
plus libéraux. La situation des fonc-
tionnaires mariés et malades, envoyés
en congé de* convalescence est parfois
cruelle. Le séjour normal dans la colo-
nie est de trois ans : la famille du fonc-
tionnaire n'a droit, pendant la durée
de chacune de ces périodes de trois
ans, qu'à un seul voyage d'aller et re-
tour. Si le chef de famille malade,
après sept ou huit mois, est renvoyé
en convalescence, sa femme sera rapa-
triée avec lui, mais ne pourra revenir
dans la colonie, qu'à ses frais, tant que
les trois années du séjour normal ne
seront pas écoulées. La maladie sépare
fatalement les ménages, ou les oblige,
s'ils veulent rester unis, à des dépen-
ses disproportionnées avec leurs res-
sources.
Il est à désirer que les gouverne-
ments établissent un régime différent,
permettant aux femmes de voyager
sans bourse délier, quand la santé du
mari fonctionnaire lui commande
d'abréger son séjour réglementaire.
Peut-être serait-il possible d'organiser,
avec le concours des colonies, quelque
assurance mutuelle, entre fonction-
naires réalisant ce programme.
Le confortable du logement est une
nécessité. Les dépenses consacrées à
l'assurer sont un excellent placement,
représentant même de véritables éco-
nomies. Partout les maladies colonia-
les ont rétrograLlé, quand le personnel
a été mieux logé, mis à l'abri du so-
lei] ardent, de la grande chaleur, de
l'humidité, des parasites, par des
constructions solides, spacieuses, subs-
tituées aux huttes et aux paillottes.
Les agents qui, au bien-être fourni par
le logement, uniraient la régularité de
vie, assurée par le mariage, devien-
draient plus résistants, causeraient au
Trésor moins de dépenses imposées
par l'hospitalisation, ou les voyages
do convalescence.
Rendons les voyages plus faciles aux
femmes de fonctionnaires, permettons
leur, en améliorant les conditions de.
vie, d'habiter sur tous les points des
colonies, et certainement nous verrons
augmenter le nombre des mariages ré-
guliers, diminuer la fréquence du con-
cubinage avec les indigènes.
Enfin multiplions le nombre des em-
plois coloniaux offerts aux femmes. A
part les services de l'enseignement, et
quelques emplois dans les postes et té-
léphones, tout appartient aux hom-
mes. Il serait facile d'appeler aux co-
lonies un plus grand nombre de jeu- !
nes femmes fonctionnaires. Pourquoi 1
ne pas les employer dans les bureaux
comme en France, à titre de dactylo-
graphes? pourquoi ne pas faire des-
servir certaines maternités par des
sage-femmes? pourquoi ne pas ouvrir
les hôpitaux à de nombreuses infir-
mières? Dans les bureaux de leurs
magasins, pour beaucoup de travaux,
les colons recourraient avec avantages
à des femmes employées. Toutes ces
femmes ou jeunes filles ne Larderaient
pas à se marier. Si les coloniaux, en
congé en France, hésitent souvent à
L si par
contracter mariage, et si par suib
beaucoup de femmes sont réduites au
célibat, par contre ces mêmes colo-
niaux, aux colonies, épousent avec fa-
cilité, bien peu de femmes là-bas ne
trouvent pas de mari.
Favoriser les fonctionnaires mariés
d'une part, de l'autre encourager, par
l'offre de situations, l'immigration fé-
minine, sont un devoir pour les gou-
vernements. Le mariage avec des Eu-
ropéennes rt le meilleur moyen pour
prévenir les conséquences déplorables
du métissage, et la démoralisation ré-
sultant des unions prolongées avec les
femmes indigènes.
Victor AUGAGNEUR
Depuis du Rhône,
anci"n- gouverneur général
Oc Madagascar.
L'Élection Présidentielle
M. Chaumet a tout organisé pour
que chacun fût renseigné au plus vite
sur l'élection. Des communications
directes fonctionnent entre Versailles
et le Poste Central de Brest, afin d'as-
surer le rapide acheminement des télé-
grammes vers l'Amérique du Sud, vers
Dakar et, par les voies les plus courtes,
vers toutes nos possessions d'outre-
mer.
*
* *
',1 VERSAILLES
Les résultats du premier tour du scru-
tin ont donné les chiffres suivants :
Poincaré 383 ; Pcnns 338 ; Vaillant 70 ;
Voix diverses, 50.
Les Agents de Culture de l'A.O.F.
l' 1
A la suite des démarches faites par
AI. Henri Cosnier, ingênieur-agrono-
nw, député de VIndre, en faveur du
cadre des agents de cultures de, l'et,
0. F., notre collaborateur a reçu de
M. Yves Henry la lettre suivante, qui
indique le plein succès de sa haute in-
tervention.
Dakar, le 18 décembre 1912.
t Monsieur le Député
et cher Camarade,
Je viens vous annoncer les heureux
résultats dûs a votre intervention au-
près de M. Ponty. J'ai prié notre ca-
marade Martin Claude de vous en en-
tretenir, mais je tenais personnelle-
ment à vous en remercier et à vous
assurer du service considérable que
vous avez rendu à notre cause en Afri-
que occidentale.
Avec les remerciements et la recon-
naissance de nos camarades africains
et les miens, je vous prie d'agréer
l'expression de mes sentiments les plus
dévoués..
-_--_ -,--_G:-- 5Tves HENRY,
La détaxe des Cafés Calédoniens
M. Henri Cosnier, député de l'Indre, a
reçu la. réponse suivante, de M. Albert
Lebrun, comme suite à la demande qu'il
avait formulée en faveur de la détaxe
des cafés calédoniens.
Il est à craindre que les modifications
renouvelées dans le personnel ministériel
ne permettent pas d'espérer line solution
aussi prompte que notre collaborateur la
désirait et que l'ancien ministre des colo-
nies la lui avait fait espérer :
Paris, le S janvier 1913.
Le Ministre des Colonies
à M. Henri Cosnier, député de l'Indre,
29, tiuai Saint-Michel, Paris (5e).
Monsieur le Député et cher Collègue,
Pur lettre du !j() novembre dernier, vous
m'avez demandé de vous faire connuitre
si, eu ulleudunt ïuchèvcmrr,L tics tra-
vaux de lui Commission des Douanes,
relatifs à la d.éla.re- des eafés coloniaux,
il ne serait pas possible de suspendre par
décret la perception, des druils qui frap-
pent les cafés calédoniens à l'entrée dans
la métropole. Celle mesure exceptionnelle
permettrait seule, à volrs avis, d'atté-
nuer\ en temps utile, le dommage, consi-
déri.ble qu'occasionne aux plaideurs de
la colonie « l'hémiléiu vaslulrix ».
J'ai l'honneur de vous faire savoir que,
le
aux produits originaires îles colonies
aiiaiit élé fixé par la loi du 72 janvier
tilb lie sttiil.(Iit lc;ilti le ?ri ('YI t
apparier une dérogaliuu, même provi-
soire.
Le projet de loi sur le régime douanier
de nos possessions d'out re-mer, que je
viens de déposer sur le bureau de la
Chambre, prévoit l'exonération totale à
leur entrée en France des denrées secon-
daires originaires des colonies assimilées
au point de vue douanier à la métropole.
Il prévoit également le déclassement de
la Nouvelle-Calédonie qui bénéficiera, si
celle mesure est udoplée, de la personna-
lité douanière. Mais dès que le projet de
lui dont il s'agit sera volé cl vous pou-
vez être assuré que je ferai tous mes
efforts pour en lutter le plus possible la
discussion je, m'empresserai de me
mettre d'accord avec M. le ministre des
finances pour exonérer, par décret, les
cafés calédoniens importés en France.
Agréez, Monsieur le Dépulé et cher
Collègue, les assurances de ma haute
considéra lien. A. LEBRUN.
CONFIRMATION
Il se confirme de plus en plus et
cela n'a rien d'étonnant sous le règne
du pieux Micromégas que les gens
de la police que paie et entretient ri-
chement le gouverneur général de Ma-
dagascar, n'ont qu'une fonction bien
nette : l'espionnage doublé de la déla-
tion.
C'est, uniquement pour cafarder et
trahir que les créatures de M. Picquié
croissent en nombre et en insolence et
grèvent lourdement le budget de la
colonie. Les honnêtes agents, protec-
teurs des honnêtes gens, n'ont aucune
chance de faire leur carrière là-bas.
En effet, dans les salons mêmes de la
Résidence, la sécurité n'existe point.
Au bal indigène du 30 novembre, de
nombreux bijoux ont « été perdus »
(mais pas pour tout le monde), et n'ont
pas été retrouvés !
Et ie vaillant petit état-major de M.
le Gouverneur général, lui, se félicitait
de n'avoir adressé d'invitations qu'aux
indigènes notables !
AU CONSEIL DtTA T
M. Emile Merwart, gouver'neur des
Colonies, a été, il y a quelques mois,
déplacé d'office alors qu'il était gou-
verneur du Dahomey.
Un pourvoi contre cette mesure a été
déposé au Conseil d'Etat par M. Mer-
wart. Ce pourvoi s'appuie sur la non
communication de son dossier à l'in-
téressé.
Sans préjuger des décisions du Con-
seil d'Etat, signalons que, tant que le
projet de statut des fonctionnaires ne
sera pas 'voté, les fonctionnaires de
tout grade conservent le droit de com-
munication de leur dossier
Les Iles Sous-le-Vent et la Colonisation
Mon excellent collègue Maurice Viol-
lette vient de publier dans ces colonnes,
deux articles sur le régime de la pro-
priété foncière des Iles-sous-le-Vent.
Sa bonne foi me semble avoir été com-
plètement surpris sur quelques points
et notamment sur le rôle de M. Adrien
Bonhoure, l'actuel gouverneur des Eta-
blissements Français d'Océanie. Ceux
qui connaissent ce très distingué fonc-
tionnaire 1e savaient en tout état de
cause, insoupçonnable des méfaits qui
lui ont été reprochés. Son passé, tout
entier de droiture et de probité, rendait
invraisemblables les accusations por-
tées contre lui. Les documents officiels
établissent péremptoirement qu'il n'est
pour rien dans la dépossession des in-
digènes et qu'il a tout fait pour y remé-
dier.
C'est le décret du 24 août 1887, pris
deux mois après l'arrivée de mon sym-
pathique collègue Eugène Etienne au
sous-secrétariat des Colonies, qui est en
quelque sorte la charte de la propriété
foncière dans nos Etablissements de
l'Océanie. Il serait trop long et peu in-
téressant de l'analyser ici. Son idée
maîtresse consiste à déposséder fictive-
ment les indigènes, et à attribuer au
Domaine, grâce à cette fiction juridi-
que, toutes les terres dont la propriété
ne repose sur aucun titre écrit, ou sur
aucune revendication antérieure au
24 août 1887; un délai d'un an avait
toutefois été accordé aux indigènes
pour produire leurs revendications. Ce
décret, dont l'application souleva des
difficultés sans nombre, ne fut jamais
promulgué aux Iles-sous-le-Vent, an-
nexées à la France en 1888.
Pour cet archipel, c'est un arrêté du
22 décembre 1898 qui prescrivit aux
propriétaires de revendiquer leurs ter-
res devant certaines Commissions ins-
tituées à cet effet, et dites Commissions
des terres. Les revendications étaient
rendues publiques par la voie du Jour-
nal officiel de la colonie et de l'affi-
chage, avec délai de six mois pour l'op-
position.
Ce qui différencie, dans sa princi-
pale disposition, ce texte du décret de
1887, applicable à Tahiti, c'est que la
propriété de la terre ne revient pas de
piano à celui qui l'a revendiquée, mê-
me lorsqu'il n'y a pas eu d'opposition
à sa revendication. L'intéressé est tenu
de faire la preuve de ses droits de pro-
priété devant la Commission; sinon
c'est le Domaine qui appréhende la
terre comme « bien sans maître ». C'est
dans ces conditions que fonctionnèrent
les Commissions de 1898. Dès que
leurs travaux commencèrent, plusieurs
agents d'affaires s'abattirent à Uturoa,
chef-lieu de Raiatea, la principale des
îles du groupe ; et grâce à leurs agisse-
ments, des réclamations nombreuses,
dont certaines durent encore, se produi-
sirent. On n'en tint aucun compte. Le
20 juillet 1910, le Département fit sa-
voir au Gouverneur de la colonie, que
conformément à l'avis de la Mission
d'inspection, il estimait utile de recons-
tituer et de convoquer de nouveau les
Commissions locales, telles qu'elles
existaient autrefois, à l'effet de statuer:
10 Sur les terres revendiquées, mais
non encore attribuées;
2" Sur les terres non revendiquées.
M. Bonhoure, qui était arrivé dans
la colonie en août 1910, soit quelques
semaines après l'envoi de ces instruc-
tions, et qui avait eu, sur les instruc-
tions mêmes du département, à s'oc-
cuper d'affaires importantes'dont plu-
sieurs relatives à l'exploitation des
phosphates de Makatea, ne perdit pas
de temps, et par arrêté du 4 février
1911, obéissant aux ordres reçus, re-
constitua les Commissions de terres.
Ces Commissions se mirent à l'œu-
vre immédiatement; c'est sur leurs opé-
rations que mon distingué collègue
Maurice Viollette a reçu des éclaircis-
sements erronés.
Grâce à la diligence apportée par
M. Bonhoure, ces travaux furent pres-
que partout rapidement achevés, et la
plus grande tranquillité présida à toutes
ces opérations, sauf à Uturoa (chef-
lieu de l'Archipel et principale ville de
l'île de Raïatea), où une bande d'aigre-
fins excita les indigènes à des revendi-
cations- ---sans fondement -pour partager
avec eux en cas de succès.
Certes des erreurs ont pu être com-
mises de ci de là, mais le zèle que M.
Bonhoure apporta à réparer les mala-
dresses de ses subordonnés prouve jus-
qu'à quel point il se soucia des droits
des indigènes.
Avant tout, M. Bonhoure a eu rai-
son de bien préciser que les décisions
des anciennes Commissions de 1898
avaient acquis l'autorité de la chose ju-
gée, qu'aucun recours ne pouvait main-
tenant être élevé contre elles, et que
par conséquent, elles seraient mainte-
nues intégralement par la Commission
d'appel, instituée au-dessus des Com-
missions d'attribution, en ce sens que
cette nouvelle juridiction devait infir-
mer toutes décisions contraires, ren-
dues par les nouvelles Commissions.
Ce n'est pas comme l'a cru M. Viollette
les décisions des Commissions de 1898
mais celles, entachées de nullité, de
1911, - que la Commission d !.a'ppel.. a
mission d'abolir.
En ce qui concerne Makatea et le ré-
gime des .phosphates, il ressort nette-
ment de tous les documents que M.
Bonhoure n'a eu qu'un désir, permettre
l'essor d'une affaire considérable et
toutes les mesures qu'il a prises l'ont
été sur les instructions expresses des
ministres qui se sont succédé rue Oudi-
not. Il suffira à mon ami Maurice Viol-
lette d'y demander le dossier complet
pour qu'il lui soit communiqué.
D'après les documents que j'ai sous
les yeux, rien n'a été fait d'ailleurs d'ir-
régulier en faveur de la Compagnie des
Phosphates qui a jeté douze millions de
francs à Tahiti sans avoir récupéré un
centime de bénéfices.
Il est temps qu'enfin des textes
définitifs fixent la question de la pro-
priété foncière aux Tuamotou et le ré-
gime minier de Makatea, et permettent
à nos compatriotes l'exploitation régu-
lière et méthodique de richesses natu-
relles pour lesquelles ils ont déjà fait
tant de sacrifices.
Henri COSNIER
Député de l'Indre.
Est-ce vrai ?
Nous recevons la lettre suivante :
Dakar, 8 janvier 1913 (Sénégal).
Monsieur le Directeur,
J'ai l'honneur de vous demander de
bien vouloir publier dans votre journal le
scandale colonial suivatll :
Avant-hier, G courant, à 2 heures de rlt-
près-midi, sans que nul en ait été avisé,
sauf 3 amis du receveur Puupard, 40.000
timbres surchargés ont été vendus au
guichet, en présence du receveur, et ce,
en moins d'une heure. Un de ces trois
privilégiés, le docteur Pichard, en a acheté
pour plus de 1.000 fruncs.
Arrivé là, par hasard, je n'ai pu rien
avoir de ces surcharges.
Est-il permis à un receveur des posiez
et à un médecin, fonctionnaires de l'Etal,
de faire du commerce ? J'attends la ré-
ponse de vos lecteurs.
Respectueuses salutations.-
UN MILITAIRE.
.Nous publions, sous toutes réserves,
cette lettre, car nous ne doutons pas
que les faits qu'elle contient soient er-
ronés, sinon ils entacheraient trop gra-
vement l'honorabilité professionnelle
de M. le Receveur Poupard, dont nous
serons heureux de publier le démenti
catégorique.
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LES FEMMES AUX COLONIES
Mon dernier article sur les métis et
les unions entre Français et fem-
mes indigènes, m'a fait adresser quel-
ques lettres par les lectrices des Anna-
les Coloniales. Avec des formes va-
riées, ces missives s'inspirent de la
même idée : le femmes disposées à par-
tager, sous tous les climats, la vie des
colons et des fonctionnaires sont nom-
breuses, mais. personne ne les y in-
vite. Des centaines de femmes intelli-
gentes, actives, dévouées, voient se pas-
ser leur jeunesse dans le célibat, qui
ne demanderaient qu'à suivre un mari
au bout du monde ; ce mari ne se pré-
sente pas. Que faudrait-il donc tenter
pour faciliter le mariage des coloniaux
avec des femmes de leur rnrc? La
question est assez importante, inté-
resse assez l'avenir de nos colonies
pour préoccuper l'opinion et s'imposer
à l'étude des pouvoirs publics.
La multiplication des métis prépa-
rerait, c'est incontestable, des troubles
et des discussions sans fin, dans nos
possessions coloniales ; j'en ai montré
les raisons, je n'y reviens pas. Pas da-
vantage je n'insisierai à nouveau, sur
les erreurs commises, au point de vue
administratif, ou tUns leurs fonctions
judiciaires par des amonts Lomijés sous
l'influence des femmes indigènes.
Par contre, je veux envisager l'état
moral tlë nos crmrp-aliioles, après des
années passées dans la cohabitation
des ramatoas ou des c-ongaïs. Combien
souvent j'ai été frappé et plus attristé
encore en constatant leur transforma-
tion psychique, leur état de déchéance
intellectuelle et morale. On suppose-
rait volontiers, au premier abord, que
le blanc apporte à la femme indigène
une part plus ou moins grande des
goûts, des habitudes, des mU'IIl'S, or-
gueil des Européens ; qu'il élève sa
compagne, la rapproche du type eu-
ropéen, qu'il est, à son égard, un pro-
fesseur de civilisation.
L'éducation, si éducdion il y a, se
réduit à quelques changements dans la
toilette, à des tentatives d'attitudes à
l'instar de l'Europe. Le plus souvent
ce rudiment d'européanisation n'existe
même pas. La femme indigène reste
totalement indigène. Bientôt elle s'en-
toure, dans la maison de son compa-
gnon, d'une famille sans nombre, le
blanc est plongé dans la vie indigène.
La femme ne se transforme pas en Eu-
ropéenne, c'est l'Européen qui peu à
peu se modifie, s'adapte, devient en
partie Malgache ou Annamite. Il faut
avoir pénétré dans quelque case de la
brousse, à de longues journées de mar-
che des villes, loin des yeux des chefs
ou des égaux, pour comprendre à quel
point descendent certains des nôtres,
officiers, fonctionnaires ou colons.
Isolés de tout contact européen, ils
roulent sur la pente sans s'en aperce-
voir, perdant chaque jour quelque
chose de leur dignité et de leur indé-
pendance. Je n'oublierai de longtemps
l'impression ressentie en face d'un
jeune officier, que j'avais connu bril-
lant, élégant, quelque dix-huit mois
auparavant. Seul dans son poste, de-
puis un an, il vivait entre une abomi-
nable ramatoa et un domestique, vi-
cieux comme le sont les indigènes qui
n'ont eu pour école que les cuisines des
Européens, pour professeurs de vertu
et de langue que certains lascars de
l'infanterie coloniale. Le malheureux
ne voyait que par sa ramatoa, com-
plice du domestique. 11 s'habillait a
peine, chiquait du tabac comme un
porteur de filanzana, Sa bibliothèque
ne contenait que deux ouvrages : une
théorie de l'officier d'infanterie, c'était
la source où se réconfortait son âme
et s'abreuvait son intelligence, et un
libelle, de ceux qui ne se vendent que
dans les boutiques de Port-Saïd, une
quelconque « Journée de Flora » ;
c'était le catéchisme de la ramatoa,.
Combien d'hommes intelligents, dé-
sireux d'action utile, se sont, dans
l'avilissement de cette existence, dé-
moralisés peu à peu ! Ils sentent leur
abjection et aussi l'impossibilité d'en
sortir à laquelle les condamne leur af-
faiblissement moral. Beaucoup, en-
chaînés par l'habitude, quelquefois par
des enfants, prolongent leurs séjours
coloniaux, ne veulent plus revoir la
France, s'enlisent de plus en plus. De
temps à autre un retour de conscience
leur fait entrevoir leur dénùment mo-
ral. Si ces lueurs deviennent plus fré-
quentes, le désespoir, l'ennui de la vie
s'installent dans des cerveaux souvent
affaiblis par les maladies tropicales.
Le suicide est fréquent aux colonies :
il n'est pas toujours provoqué par le
délire et la malaria ou "l'alcoolisme ;
le dégoût d'une existence dont le dé-
sespéré sent ne pouvoir s'évader en
fut plus d'une fois la cause détermi-
nante.
Il faut le reconnaître, les gouverne-
ments nu favorisent pas le mariage de
leurs fonctionnaires. Ils ont des excu-
ses. Un fonctionnaire marié coûte plus
cher à la colonie que le célibataire. Au
lieu du prix d'un seul voynge, quand
un agent marié se déplace, va en con-
gé ou en revient, la colonie doit en
payer plusieurs, celui de l'épouse et
des enfants. D'autre part, les fonction-
naires mariés ne peuvent être chargés
de certains postes, dont l'installation
est trop sommaire "pour abriter un mé-
nage, où le climat est trop insalubre
pour y exposer une femme ou des en-
fants.
Tout cela n'est qu'affaire d'argent,
et l'intérêt moral en jeu est au-dessus
d'une question financière. Les textes
réglementant les droits des familles
au transport de la colonie en France
et vice versa, ont besoin d'être faits
plus libéraux. La situation des fonc-
tionnaires mariés et malades, envoyés
en congé de* convalescence est parfois
cruelle. Le séjour normal dans la colo-
nie est de trois ans : la famille du fonc-
tionnaire n'a droit, pendant la durée
de chacune de ces périodes de trois
ans, qu'à un seul voyage d'aller et re-
tour. Si le chef de famille malade,
après sept ou huit mois, est renvoyé
en convalescence, sa femme sera rapa-
triée avec lui, mais ne pourra revenir
dans la colonie, qu'à ses frais, tant que
les trois années du séjour normal ne
seront pas écoulées. La maladie sépare
fatalement les ménages, ou les oblige,
s'ils veulent rester unis, à des dépen-
ses disproportionnées avec leurs res-
sources.
Il est à désirer que les gouverne-
ments établissent un régime différent,
permettant aux femmes de voyager
sans bourse délier, quand la santé du
mari fonctionnaire lui commande
d'abréger son séjour réglementaire.
Peut-être serait-il possible d'organiser,
avec le concours des colonies, quelque
assurance mutuelle, entre fonction-
naires réalisant ce programme.
Le confortable du logement est une
nécessité. Les dépenses consacrées à
l'assurer sont un excellent placement,
représentant même de véritables éco-
nomies. Partout les maladies colonia-
les ont rétrograLlé, quand le personnel
a été mieux logé, mis à l'abri du so-
lei] ardent, de la grande chaleur, de
l'humidité, des parasites, par des
constructions solides, spacieuses, subs-
tituées aux huttes et aux paillottes.
Les agents qui, au bien-être fourni par
le logement, uniraient la régularité de
vie, assurée par le mariage, devien-
draient plus résistants, causeraient au
Trésor moins de dépenses imposées
par l'hospitalisation, ou les voyages
do convalescence.
Rendons les voyages plus faciles aux
femmes de fonctionnaires, permettons
leur, en améliorant les conditions de.
vie, d'habiter sur tous les points des
colonies, et certainement nous verrons
augmenter le nombre des mariages ré-
guliers, diminuer la fréquence du con-
cubinage avec les indigènes.
Enfin multiplions le nombre des em-
plois coloniaux offerts aux femmes. A
part les services de l'enseignement, et
quelques emplois dans les postes et té-
léphones, tout appartient aux hom-
mes. Il serait facile d'appeler aux co-
lonies un plus grand nombre de jeu- !
nes femmes fonctionnaires. Pourquoi 1
ne pas les employer dans les bureaux
comme en France, à titre de dactylo-
graphes? pourquoi ne pas faire des-
servir certaines maternités par des
sage-femmes? pourquoi ne pas ouvrir
les hôpitaux à de nombreuses infir-
mières? Dans les bureaux de leurs
magasins, pour beaucoup de travaux,
les colons recourraient avec avantages
à des femmes employées. Toutes ces
femmes ou jeunes filles ne Larderaient
pas à se marier. Si les coloniaux, en
congé en France, hésitent souvent à
L si par
contracter mariage, et si par suib
beaucoup de femmes sont réduites au
célibat, par contre ces mêmes colo-
niaux, aux colonies, épousent avec fa-
cilité, bien peu de femmes là-bas ne
trouvent pas de mari.
Favoriser les fonctionnaires mariés
d'une part, de l'autre encourager, par
l'offre de situations, l'immigration fé-
minine, sont un devoir pour les gou-
vernements. Le mariage avec des Eu-
ropéennes rt le meilleur moyen pour
prévenir les conséquences déplorables
du métissage, et la démoralisation ré-
sultant des unions prolongées avec les
femmes indigènes.
Victor AUGAGNEUR
Depuis du Rhône,
anci"n- gouverneur général
Oc Madagascar.
L'Élection Présidentielle
M. Chaumet a tout organisé pour
que chacun fût renseigné au plus vite
sur l'élection. Des communications
directes fonctionnent entre Versailles
et le Poste Central de Brest, afin d'as-
surer le rapide acheminement des télé-
grammes vers l'Amérique du Sud, vers
Dakar et, par les voies les plus courtes,
vers toutes nos possessions d'outre-
mer.
*
* *
',1 VERSAILLES
Les résultats du premier tour du scru-
tin ont donné les chiffres suivants :
Poincaré 383 ; Pcnns 338 ; Vaillant 70 ;
Voix diverses, 50.
Les Agents de Culture de l'A.O.F.
l' 1
A la suite des démarches faites par
AI. Henri Cosnier, ingênieur-agrono-
nw, député de VIndre, en faveur du
cadre des agents de cultures de, l'et,
0. F., notre collaborateur a reçu de
M. Yves Henry la lettre suivante, qui
indique le plein succès de sa haute in-
tervention.
Dakar, le 18 décembre 1912.
t Monsieur le Député
et cher Camarade,
Je viens vous annoncer les heureux
résultats dûs a votre intervention au-
près de M. Ponty. J'ai prié notre ca-
marade Martin Claude de vous en en-
tretenir, mais je tenais personnelle-
ment à vous en remercier et à vous
assurer du service considérable que
vous avez rendu à notre cause en Afri-
que occidentale.
Avec les remerciements et la recon-
naissance de nos camarades africains
et les miens, je vous prie d'agréer
l'expression de mes sentiments les plus
dévoués..
-_--_ -,--_G:-- 5Tves HENRY,
La détaxe des Cafés Calédoniens
M. Henri Cosnier, député de l'Indre, a
reçu la. réponse suivante, de M. Albert
Lebrun, comme suite à la demande qu'il
avait formulée en faveur de la détaxe
des cafés calédoniens.
Il est à craindre que les modifications
renouvelées dans le personnel ministériel
ne permettent pas d'espérer line solution
aussi prompte que notre collaborateur la
désirait et que l'ancien ministre des colo-
nies la lui avait fait espérer :
Paris, le S janvier 1913.
Le Ministre des Colonies
à M. Henri Cosnier, député de l'Indre,
29, tiuai Saint-Michel, Paris (5e).
Monsieur le Député et cher Collègue,
Pur lettre du !j() novembre dernier, vous
m'avez demandé de vous faire connuitre
si, eu ulleudunt ïuchèvcmrr,L tics tra-
vaux de lui Commission des Douanes,
relatifs à la d.éla.re- des eafés coloniaux,
il ne serait pas possible de suspendre par
décret la perception, des druils qui frap-
pent les cafés calédoniens à l'entrée dans
la métropole. Celle mesure exceptionnelle
permettrait seule, à volrs avis, d'atté-
nuer\ en temps utile, le dommage, consi-
déri.ble qu'occasionne aux plaideurs de
la colonie « l'hémiléiu vaslulrix ».
J'ai l'honneur de vous faire savoir que,
le
aux produits originaires îles colonies
aiiaiit élé fixé par la loi du 72 janvier
tilb lie sttiil.(Iit lc;ilti le ?ri ('YI t
apparier une dérogaliuu, même provi-
soire.
Le projet de loi sur le régime douanier
de nos possessions d'out re-mer, que je
viens de déposer sur le bureau de la
Chambre, prévoit l'exonération totale à
leur entrée en France des denrées secon-
daires originaires des colonies assimilées
au point de vue douanier à la métropole.
Il prévoit également le déclassement de
la Nouvelle-Calédonie qui bénéficiera, si
celle mesure est udoplée, de la personna-
lité douanière. Mais dès que le projet de
lui dont il s'agit sera volé cl vous pou-
vez être assuré que je ferai tous mes
efforts pour en lutter le plus possible la
discussion je, m'empresserai de me
mettre d'accord avec M. le ministre des
finances pour exonérer, par décret, les
cafés calédoniens importés en France.
Agréez, Monsieur le Dépulé et cher
Collègue, les assurances de ma haute
considéra lien. A. LEBRUN.
CONFIRMATION
Il se confirme de plus en plus et
cela n'a rien d'étonnant sous le règne
du pieux Micromégas que les gens
de la police que paie et entretient ri-
chement le gouverneur général de Ma-
dagascar, n'ont qu'une fonction bien
nette : l'espionnage doublé de la déla-
tion.
C'est, uniquement pour cafarder et
trahir que les créatures de M. Picquié
croissent en nombre et en insolence et
grèvent lourdement le budget de la
colonie. Les honnêtes agents, protec-
teurs des honnêtes gens, n'ont aucune
chance de faire leur carrière là-bas.
En effet, dans les salons mêmes de la
Résidence, la sécurité n'existe point.
Au bal indigène du 30 novembre, de
nombreux bijoux ont « été perdus »
(mais pas pour tout le monde), et n'ont
pas été retrouvés !
Et ie vaillant petit état-major de M.
le Gouverneur général, lui, se félicitait
de n'avoir adressé d'invitations qu'aux
indigènes notables !
AU CONSEIL DtTA T
M. Emile Merwart, gouver'neur des
Colonies, a été, il y a quelques mois,
déplacé d'office alors qu'il était gou-
verneur du Dahomey.
Un pourvoi contre cette mesure a été
déposé au Conseil d'Etat par M. Mer-
wart. Ce pourvoi s'appuie sur la non
communication de son dossier à l'in-
téressé.
Sans préjuger des décisions du Con-
seil d'Etat, signalons que, tant que le
projet de statut des fonctionnaires ne
sera pas 'voté, les fonctionnaires de
tout grade conservent le droit de com-
munication de leur dossier
Les Iles Sous-le-Vent et la Colonisation
Mon excellent collègue Maurice Viol-
lette vient de publier dans ces colonnes,
deux articles sur le régime de la pro-
priété foncière des Iles-sous-le-Vent.
Sa bonne foi me semble avoir été com-
plètement surpris sur quelques points
et notamment sur le rôle de M. Adrien
Bonhoure, l'actuel gouverneur des Eta-
blissements Français d'Océanie. Ceux
qui connaissent ce très distingué fonc-
tionnaire 1e savaient en tout état de
cause, insoupçonnable des méfaits qui
lui ont été reprochés. Son passé, tout
entier de droiture et de probité, rendait
invraisemblables les accusations por-
tées contre lui. Les documents officiels
établissent péremptoirement qu'il n'est
pour rien dans la dépossession des in-
digènes et qu'il a tout fait pour y remé-
dier.
C'est le décret du 24 août 1887, pris
deux mois après l'arrivée de mon sym-
pathique collègue Eugène Etienne au
sous-secrétariat des Colonies, qui est en
quelque sorte la charte de la propriété
foncière dans nos Etablissements de
l'Océanie. Il serait trop long et peu in-
téressant de l'analyser ici. Son idée
maîtresse consiste à déposséder fictive-
ment les indigènes, et à attribuer au
Domaine, grâce à cette fiction juridi-
que, toutes les terres dont la propriété
ne repose sur aucun titre écrit, ou sur
aucune revendication antérieure au
24 août 1887; un délai d'un an avait
toutefois été accordé aux indigènes
pour produire leurs revendications. Ce
décret, dont l'application souleva des
difficultés sans nombre, ne fut jamais
promulgué aux Iles-sous-le-Vent, an-
nexées à la France en 1888.
Pour cet archipel, c'est un arrêté du
22 décembre 1898 qui prescrivit aux
propriétaires de revendiquer leurs ter-
res devant certaines Commissions ins-
tituées à cet effet, et dites Commissions
des terres. Les revendications étaient
rendues publiques par la voie du Jour-
nal officiel de la colonie et de l'affi-
chage, avec délai de six mois pour l'op-
position.
Ce qui différencie, dans sa princi-
pale disposition, ce texte du décret de
1887, applicable à Tahiti, c'est que la
propriété de la terre ne revient pas de
piano à celui qui l'a revendiquée, mê-
me lorsqu'il n'y a pas eu d'opposition
à sa revendication. L'intéressé est tenu
de faire la preuve de ses droits de pro-
priété devant la Commission; sinon
c'est le Domaine qui appréhende la
terre comme « bien sans maître ». C'est
dans ces conditions que fonctionnèrent
les Commissions de 1898. Dès que
leurs travaux commencèrent, plusieurs
agents d'affaires s'abattirent à Uturoa,
chef-lieu de Raiatea, la principale des
îles du groupe ; et grâce à leurs agisse-
ments, des réclamations nombreuses,
dont certaines durent encore, se produi-
sirent. On n'en tint aucun compte. Le
20 juillet 1910, le Département fit sa-
voir au Gouverneur de la colonie, que
conformément à l'avis de la Mission
d'inspection, il estimait utile de recons-
tituer et de convoquer de nouveau les
Commissions locales, telles qu'elles
existaient autrefois, à l'effet de statuer:
10 Sur les terres revendiquées, mais
non encore attribuées;
2" Sur les terres non revendiquées.
M. Bonhoure, qui était arrivé dans
la colonie en août 1910, soit quelques
semaines après l'envoi de ces instruc-
tions, et qui avait eu, sur les instruc-
tions mêmes du département, à s'oc-
cuper d'affaires importantes'dont plu-
sieurs relatives à l'exploitation des
phosphates de Makatea, ne perdit pas
de temps, et par arrêté du 4 février
1911, obéissant aux ordres reçus, re-
constitua les Commissions de terres.
Ces Commissions se mirent à l'œu-
vre immédiatement; c'est sur leurs opé-
rations que mon distingué collègue
Maurice Viollette a reçu des éclaircis-
sements erronés.
Grâce à la diligence apportée par
M. Bonhoure, ces travaux furent pres-
que partout rapidement achevés, et la
plus grande tranquillité présida à toutes
ces opérations, sauf à Uturoa (chef-
lieu de l'Archipel et principale ville de
l'île de Raïatea), où une bande d'aigre-
fins excita les indigènes à des revendi-
cations- ---sans fondement -pour partager
avec eux en cas de succès.
Certes des erreurs ont pu être com-
mises de ci de là, mais le zèle que M.
Bonhoure apporta à réparer les mala-
dresses de ses subordonnés prouve jus-
qu'à quel point il se soucia des droits
des indigènes.
Avant tout, M. Bonhoure a eu rai-
son de bien préciser que les décisions
des anciennes Commissions de 1898
avaient acquis l'autorité de la chose ju-
gée, qu'aucun recours ne pouvait main-
tenant être élevé contre elles, et que
par conséquent, elles seraient mainte-
nues intégralement par la Commission
d'appel, instituée au-dessus des Com-
missions d'attribution, en ce sens que
cette nouvelle juridiction devait infir-
mer toutes décisions contraires, ren-
dues par les nouvelles Commissions.
Ce n'est pas comme l'a cru M. Viollette
les décisions des Commissions de 1898
mais celles, entachées de nullité, de
1911, - que la Commission d !.a'ppel.. a
mission d'abolir.
En ce qui concerne Makatea et le ré-
gime des .phosphates, il ressort nette-
ment de tous les documents que M.
Bonhoure n'a eu qu'un désir, permettre
l'essor d'une affaire considérable et
toutes les mesures qu'il a prises l'ont
été sur les instructions expresses des
ministres qui se sont succédé rue Oudi-
not. Il suffira à mon ami Maurice Viol-
lette d'y demander le dossier complet
pour qu'il lui soit communiqué.
D'après les documents que j'ai sous
les yeux, rien n'a été fait d'ailleurs d'ir-
régulier en faveur de la Compagnie des
Phosphates qui a jeté douze millions de
francs à Tahiti sans avoir récupéré un
centime de bénéfices.
Il est temps qu'enfin des textes
définitifs fixent la question de la pro-
priété foncière aux Tuamotou et le ré-
gime minier de Makatea, et permettent
à nos compatriotes l'exploitation régu-
lière et méthodique de richesses natu-
relles pour lesquelles ils ont déjà fait
tant de sacrifices.
Henri COSNIER
Député de l'Indre.
Est-ce vrai ?
Nous recevons la lettre suivante :
Dakar, 8 janvier 1913 (Sénégal).
Monsieur le Directeur,
J'ai l'honneur de vous demander de
bien vouloir publier dans votre journal le
scandale colonial suivatll :
Avant-hier, G courant, à 2 heures de rlt-
près-midi, sans que nul en ait été avisé,
sauf 3 amis du receveur Puupard, 40.000
timbres surchargés ont été vendus au
guichet, en présence du receveur, et ce,
en moins d'une heure. Un de ces trois
privilégiés, le docteur Pichard, en a acheté
pour plus de 1.000 fruncs.
Arrivé là, par hasard, je n'ai pu rien
avoir de ces surcharges.
Est-il permis à un receveur des posiez
et à un médecin, fonctionnaires de l'Etal,
de faire du commerce ? J'attends la ré-
ponse de vos lecteurs.
Respectueuses salutations.-
UN MILITAIRE.
.Nous publions, sous toutes réserves,
cette lettre, car nous ne doutons pas
que les faits qu'elle contient soient er-
ronés, sinon ils entacheraient trop gra-
vement l'honorabilité professionnelle
de M. le Receveur Poupard, dont nous
serons heureux de publier le démenti
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