Titre : Patriote algérien : paraissant les mardi et samedi / directeur-gérant M. Vidal-Chalom
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1890-03-26
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32833915w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2430 Nombre total de vues : 2430
Description : 26 mars 1890 26 mars 1890
Description : 1890/03/26 (A5,N400). 1890/03/26 (A5,N400).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6358851v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87303
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/10/2012
N" 400 Cinquième année.
CINQ CENTIMES
6
Mercredi 26 Mars 1890
LE PATRIOTE MEME»
PARAISSANT LES MAaDI ET SAMEDI
ABONNEMENTS
ALGÉRIE.
J'BANCE ET ETRANGER..
Trois mois Six mois Un an
3 fr. 6 fr. 12 fr.
Port en sus.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
5, RUE CHARLES-QUINT, 5
Les Manuscrits non insérés ne sont pas rendus
Toute communication doit être adressée à l'Administration
INSERTIONS
Légales, 0,18 Diverses, 0,35 - Réclames, 1 fr.
Le PATRIOTE n'a traité avoc IUCUNE AGENCE
ALGER, LE 25 MARS 1890
PLUS DE CHARBON 1
Plus on réfléchit, plus on trouve in-
calculables les conséquences d'un arrêt
dans la production houillère de l'Eu-
lope.
J'ai démontré à la Chambre écrit
Francis Laur dans la France, que
la cause déterminante des rescrits de
Guillaume, c'était la crise houillère alle-
mande. Il avait voulut masquer sous
un grand appareil international les
préoccupations qui l'assaillaient au sujet
de la défense de l'Allemagne et surtout
de toute son industrie menacée. Aussi,
puisque je suis en train de vaticiner, je
puis le répéter ici comme à la Chambre,
deux ordres de question vont être posés
à la conférence.
Le premier comprendra les bagatelles
sociales, le repos du dimanche, régle-
mentation sur le travail des femmes et
des enfants, et puis c'est tout. Là-dessus
on s'entendra et les délégués se congra-
*?;– 'fariflyopt sur ce résultat, - -
.: - Mais je les attends sur le second ordre
d'idées, la réglementation du travail
dans les mines. Là, ce sera la tour de
Babel, personne ne s'entendra, car per-
sonne ne peut s'entendre. Chaque nation
a son régime industriel spécial, son
égoïsnae, si ion peut s'exprimer ainsi.
Chacun voudra conserver sa liberté pour
l' produire plus, pour concurrencer dans
4e meilleures conditions ses voisins.
Je l'ai dit, et peut de socialistes au-
raient peut-être eu ce courage, la produc-
tion houillère d'un pays c'est sa vie, son
arme, son levier, par conséquent il y a
quelque chose qui est au dessus de toutes
les théories, de toutes les popularités,
c'est la vérité matérielle, c'est l'intérêt
supérieur de la nation.
J'aurais préconisé la réduction de la
production houillère nationale en dimi-
nuant les heures de travail de nos mi-
sieurs que j'aurais cru commettre un
crims de lèse-patrie et nous exposer aux
plus grands dangers.
Mais est-ce que ce qui se passe au-
jourd'hui n'est pas la démonstration
éclatante de ma thèse. Qu'est-ce que si-
gnifie J'affolemeïit qui se produit en An-
gleterre, en Allemagne, dans toute
l'Europe, en présence des grèves de
bouilleurs ?
N'estrce pas un exemplè en petit de
ce que serait un abaissement de pro-
duction houillère puisqu'une grève,
c'est, au point de vue économique, un
abaissement de cette production houil-
lière.
Eh bien ! voii-on un pays condamné
à l'anémie ehaibpnnease chronique ?
:',',: '1 ," ,;
Mais les chemins de fer vont s'arrê-
ter, mais les prix de toutes choses vont
monter, mais les approvisionnements de
toutes sortes vont manquer ou se faire
rares. La spéculation va s'en mêler et
des mouvements désordonnés vont avoir
lieu sur tout ce qui se vend et s'achete.
Tout cela par crainte de la diminution
de production de la houille.
C'est un cataclysme nouveau, subit,
fin de siècle, dont depuis six mois je
vois arri ver le paroxysme.
Et nous irions méconnaître les lois
de ce phénomène inopiné à cause de
nos théories antérieures ?
Non, mes amis, je suis pour les solu-
tions pratiques et, croyez-moi, voici la
bonne :
Pendant que tous nos voisins vont se
débattre dand une crise effroyable, dis-
serter à perte de vue, se disputer et se
haïr, faisons une chose, nous, peuple
français, travaillons ferme.
Doublons les journées, au contraire,
produisons, gagnons de bons salaires,
exigeons le3, mais crachons sur l'Eu-
rope ded monceaux de houille, des pro-
duits de toute espèce, faisons payer cher
nos marchandises, servons bien, et re-
faisons notre clientèle si compromise. -
PfÓ1itons,,;',-etr'trn..trl6f"dÊi la TtàcliëP
, , ,
grasse que les événements nous offrent.
Assez longtemps nous avons eu la mai-
gre alors que fAllemagne bénéficiait de
nos misères.
Le vent a tourné, profitons-en. Pas
une minute à perdre. Il y a du, travail
pour tous les Français. Au travail donc.
Je l'ai dit : c'est la revanche industrielle
en attendant l'au;l'e.
Et, vive la France !
AFFÂMEBBS DE FEMMES
La conversion au socialisme de l'empe-
reur d'Allemagne a fait faire un bond pro-
digieux tri avant à nos gouvernants, figés
dans leur égoïsme
Aviez vous jamais vu, Mesdames, un mi-
nistère déclarer, en prenant le pouvoir,
qu'il voulait faire des réformes sociales et
que rien ne lui paraissait plus pressé que
de s'occuper de la condition des travail-
leurs ?
De quels travailleurs ?
Des hommes, car le noureau ministère ne
parle pas de la condition des femmes.
Alors, hommes malheureux, garùez-vous
d'espérer. Aussi longtemps qu'il ne portera
pas secours à l'opprimée d'entre les oppri-
més, le socialisme des gouvernants se tra-
duira pour vous par des discours, par des
promesses. Jamais par des actes ou par des
faits.
Ali! si par miracle, l'empereur Guillaume,
mascuiinisle à outrance, devenait rêministe,
on verrait les législateurs français s'émou-
voir de notl':! sort; s'étonner de ne pas avoir
encore proclamé l'égalité de l'homme et de
la femme, et nous trouver enfin dignes
d'exercer nos droits civils et politiques.
Mais l'empereur Guillaume, qui, entouré
de son armée formidable, frémit en enten-
dant le î sourds grondements des tfavati- j
leurs irrités, n'a pas peur des femmes qui
mewent à la peine sans bruit, parce qu'el les
sont sans voix au chapitre de leurs desti-
nées.
Il faut moins soutirir, Mesdames, il faut
voas plaindre plus haut, il faut plus éner-
giquement réclamer si vous voulez voir les
puissants, ministres ou empereurs, s'inté-
resser à votre sort.
A moment où, de tous côtés, i'on songe à
améliorer les conditions d'existence des ou-
vriers, n'êtes vous pas surprise de voir se
former entre hommes riches et pauvres une
j ligue formidable pour vous affamer ?
Pendant que les Chambres de commerce,
-comme celle de Lille, pétitionnent pour de-
mander d'assimiler les femmes de tout âge
aux fili* s mineures et de leur interdire le
travail rétriù 'é de nuit car la besogne pé-
nible qui ne rapporte rien que fatigue, est
naturellement dévolue la nuit comme le jour
à la femme.
Les ouvriers excédés de privations et qui,
-cependant, font par humanité, place à l'é-
tranger au râtelier, sont assez inconséquents
.pour accuser leurs sœurs, leurs mères,
leurs épouses, leurs filles, de manger le
morceau de pain qui leur manque.
Il ne faut pas, disent-ils, que les femmes
nous fassent concurrence 1
Malheureux ! ne faut-il donc plus que vos
soeurs, vos mères et vos filles mangent ?
Les gouvernants de tous pays exploitent
cette inconscience et lui prêtent main-forte.
Les délégués de la conférence de Berlin
jouteront d'èloquence pour évoquer la noire
fffiaîeSîr q ui-^s-'acTiarne aprts l'homme; -31,
bien qu'ils soient à l'avance d'aocord sur le
choîx de:)a',victime à lui immoler, ils se de-
manderont hypocritement : « Sur qui devra-
t-on prendre pour sustenter les hommes fa-
méliques f Tous répondront : « Sur la
femme. »
La femme exclue des délibérations ne
pourra sûrement pas réclamer. On tue qui
ne peut crier.
Pourquoi donc sussi, aucune femme n'a-
t-eile été déléguée à la Conférence de Ber-
lin, où la question si importante du travail
cics femmes était à l'ordre du jour ?
Parce que les femmes devaient y être les
boucs-émissaires.
*
Bien que les hommes soient inapies à re-
présenter les femmes, des hommes seuls
ont été délégués à Berlin ; et ces hommes,
en partant, ont déclaré être bien décidés à
réciamer'la limitation du travail des femmes
et la réduction des heures où elles peinent
moyennant maigre salaire.
Comme les besoins de celles-ci, même si
elles vivent de privations, ne se réduisent
pas, si dans la loi internationale qu'on
cherche à élaborer la limitation du travail
des femmes élait inscrite, la subordination
en ver J I homme, dont elles attendraient en-
core plus que maintenant leur nécessaire,
augmenterait; et ce serait une drôle de Ré-
publique que celle où la moitié de la nation
serait tenue par l'autre moitié, non seule-
ment par la loi, mais aussi par l'estomac.
Aller à Berlin enrayer la liberté des fem-
mes, ce n'est pas seulement se montrer af-
fameur de femmes devant un mangeur
d'hommes, c'est porter atteinte à notre di-
gnité nationale.
Nous avons peur que les accapareurs de
droits et de travail, si arrogants avec les
femmes, si humbles avec les têtes couron-
nées, soient devant l'ogre Guillaume de
plats valets.
Ce n'était pas-à l'Allemagne, c'était à la
France que devait appartenir l'initiative des
réformes socialistes.
',
Si les femmes avaient leur part de pou-
voir, elles auraient depuis longtemps pris la-
justice pour base Je 1 organisation sociale,
remplacé Uêtat-niiuolcuire qui dévore ses
enfants, par l';ifd -m;re qui allégerait leurs
maux, et. la République française n'aurait,
pas l'humiliation d'è:re devancée sur le ter-
rain humaniiaire par l'empire allemand.
LlBEiiTA.
Le « Patriote» en GomctMto;
C'est vendredi dernier, ainsi que Me
Corbeau l'a annoncé, dans un article
réclame de la Dépêche, que notre affaire
contre Herr lapierre a été appelée de-
vant la Chambre des appels Correction-
nels.
L'avocat noir a profité de. notre ab-
sence pour soutenir, avec son toupet de
fille publique, que les documents ancien.
nement produits, dans cette afiaire,.
par notre directeur étaient apocryphes.
Le Patriote a fait défaut à cette au-
dience, p¡rce qu'il savait que ni sa pré-
sence ni ses explications n'écartet-aient
la cosdamnhtioa que Lapierre et son
robin annonçaient par avance, à qui
voulait bien les entendre.
Ils étaient SURS (?) qu'on taperait
fier m p
Et de fait, nos bons juges à qui lés
allures libres du Patriote déplaisent,
ont doublé, sur les motifs de l'avocatde
barbarie (Maison Lapierre), les domma-
ges-intérêts prononcés en I" instance.
C'est donc à mille francs que natre:
excellent aini, M. Blankaërt a éva.
lué, avec ses conseillers, le préjudice que
nous avons occasionné au ma chand de
pianos et le désagrément qui pourrait
lui avoir été causé à lui-même par cer-
tains articles où il tst qu' stion des oreil.
les de la magistrature.
C'est ci] prévision de l'inutilité de•_
notre défen d q'io le Patriote ne s'est
pas fait représenter
Nous avions l'intention de ,'aisser faire,,,
en attendant des jours meilie,7l's
le patdotislliP. frauçaîs.
Nous sommes obligé, pour défendre"
notre probité suspectée, de faire opposi-:
tion au jugement rendu contre notre di.
recteur.
Si le polisson qui représentait La-
pierre s'était borné à dire, comme dans
les précédents procès, où nous assistions,
qu il fallait nous condamner Parei que
la loi ne permettait pap la preuve de
nos accusations, nous nous serions in.
cliné devant l'arrêt; mais du moment
que les documents fournis par notre
directeur ont été traitrs d'apocryphes,
il importe de rétablir 1a vérité et de con-
vaincre d imposture aU8i bien Lapierre
que son nègre.
L'Unité Allemande ̃
- Que dirait- m si je disparaissais tout
à coup ? demandait un jour Xapoléoa 1er 4
un de ses courtisans.
L intersocuteur se lançait dans un pané- :'
gyrique ampoulé, quand le conquérant l'ia-.'
terrompiL brusquement :
-- Pas du tout ! o i dira't oùf !
O'est co que disent les Allemands en per-
dan- M. de Bismarck. C'estau fond ce que^ :
disent tous les peuples qui ont eu le mal-
heur liêtre assoeiês à la gloire d'un grand
homme. : i, i,: ̃
V ̃' ̃" V - V
CINQ CENTIMES
6
Mercredi 26 Mars 1890
LE PATRIOTE MEME»
PARAISSANT LES MAaDI ET SAMEDI
ABONNEMENTS
ALGÉRIE.
J'BANCE ET ETRANGER..
Trois mois Six mois Un an
3 fr. 6 fr. 12 fr.
Port en sus.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
5, RUE CHARLES-QUINT, 5
Les Manuscrits non insérés ne sont pas rendus
Toute communication doit être adressée à l'Administration
INSERTIONS
Légales, 0,18 Diverses, 0,35 - Réclames, 1 fr.
Le PATRIOTE n'a traité avoc IUCUNE AGENCE
ALGER, LE 25 MARS 1890
PLUS DE CHARBON 1
Plus on réfléchit, plus on trouve in-
calculables les conséquences d'un arrêt
dans la production houillère de l'Eu-
lope.
J'ai démontré à la Chambre écrit
Francis Laur dans la France, que
la cause déterminante des rescrits de
Guillaume, c'était la crise houillère alle-
mande. Il avait voulut masquer sous
un grand appareil international les
préoccupations qui l'assaillaient au sujet
de la défense de l'Allemagne et surtout
de toute son industrie menacée. Aussi,
puisque je suis en train de vaticiner, je
puis le répéter ici comme à la Chambre,
deux ordres de question vont être posés
à la conférence.
Le premier comprendra les bagatelles
sociales, le repos du dimanche, régle-
mentation sur le travail des femmes et
des enfants, et puis c'est tout. Là-dessus
on s'entendra et les délégués se congra-
*?;– 'fariflyopt sur ce résultat, - -
.: - Mais je les attends sur le second ordre
d'idées, la réglementation du travail
dans les mines. Là, ce sera la tour de
Babel, personne ne s'entendra, car per-
sonne ne peut s'entendre. Chaque nation
a son régime industriel spécial, son
égoïsnae, si ion peut s'exprimer ainsi.
Chacun voudra conserver sa liberté pour
l' produire plus, pour concurrencer dans
4e meilleures conditions ses voisins.
Je l'ai dit, et peut de socialistes au-
raient peut-être eu ce courage, la produc-
tion houillère d'un pays c'est sa vie, son
arme, son levier, par conséquent il y a
quelque chose qui est au dessus de toutes
les théories, de toutes les popularités,
c'est la vérité matérielle, c'est l'intérêt
supérieur de la nation.
J'aurais préconisé la réduction de la
production houillère nationale en dimi-
nuant les heures de travail de nos mi-
sieurs que j'aurais cru commettre un
crims de lèse-patrie et nous exposer aux
plus grands dangers.
Mais est-ce que ce qui se passe au-
jourd'hui n'est pas la démonstration
éclatante de ma thèse. Qu'est-ce que si-
gnifie J'affolemeïit qui se produit en An-
gleterre, en Allemagne, dans toute
l'Europe, en présence des grèves de
bouilleurs ?
N'estrce pas un exemplè en petit de
ce que serait un abaissement de pro-
duction houillère puisqu'une grève,
c'est, au point de vue économique, un
abaissement de cette production houil-
lière.
Eh bien ! voii-on un pays condamné
à l'anémie ehaibpnnease chronique ?
:',',: '1 ," ,;
Mais les chemins de fer vont s'arrê-
ter, mais les prix de toutes choses vont
monter, mais les approvisionnements de
toutes sortes vont manquer ou se faire
rares. La spéculation va s'en mêler et
des mouvements désordonnés vont avoir
lieu sur tout ce qui se vend et s'achete.
Tout cela par crainte de la diminution
de production de la houille.
C'est un cataclysme nouveau, subit,
fin de siècle, dont depuis six mois je
vois arri ver le paroxysme.
Et nous irions méconnaître les lois
de ce phénomène inopiné à cause de
nos théories antérieures ?
Non, mes amis, je suis pour les solu-
tions pratiques et, croyez-moi, voici la
bonne :
Pendant que tous nos voisins vont se
débattre dand une crise effroyable, dis-
serter à perte de vue, se disputer et se
haïr, faisons une chose, nous, peuple
français, travaillons ferme.
Doublons les journées, au contraire,
produisons, gagnons de bons salaires,
exigeons le3, mais crachons sur l'Eu-
rope ded monceaux de houille, des pro-
duits de toute espèce, faisons payer cher
nos marchandises, servons bien, et re-
faisons notre clientèle si compromise. -
PfÓ1itons,,;',-etr'trn..trl6f"dÊi la TtàcliëP
, , ,
grasse que les événements nous offrent.
Assez longtemps nous avons eu la mai-
gre alors que fAllemagne bénéficiait de
nos misères.
Le vent a tourné, profitons-en. Pas
une minute à perdre. Il y a du, travail
pour tous les Français. Au travail donc.
Je l'ai dit : c'est la revanche industrielle
en attendant l'au;l'e.
Et, vive la France !
AFFÂMEBBS DE FEMMES
La conversion au socialisme de l'empe-
reur d'Allemagne a fait faire un bond pro-
digieux tri avant à nos gouvernants, figés
dans leur égoïsme
Aviez vous jamais vu, Mesdames, un mi-
nistère déclarer, en prenant le pouvoir,
qu'il voulait faire des réformes sociales et
que rien ne lui paraissait plus pressé que
de s'occuper de la condition des travail-
leurs ?
De quels travailleurs ?
Des hommes, car le noureau ministère ne
parle pas de la condition des femmes.
Alors, hommes malheureux, garùez-vous
d'espérer. Aussi longtemps qu'il ne portera
pas secours à l'opprimée d'entre les oppri-
més, le socialisme des gouvernants se tra-
duira pour vous par des discours, par des
promesses. Jamais par des actes ou par des
faits.
Ali! si par miracle, l'empereur Guillaume,
mascuiinisle à outrance, devenait rêministe,
on verrait les législateurs français s'émou-
voir de notl':! sort; s'étonner de ne pas avoir
encore proclamé l'égalité de l'homme et de
la femme, et nous trouver enfin dignes
d'exercer nos droits civils et politiques.
Mais l'empereur Guillaume, qui, entouré
de son armée formidable, frémit en enten-
dant le î sourds grondements des tfavati- j
leurs irrités, n'a pas peur des femmes qui
mewent à la peine sans bruit, parce qu'el les
sont sans voix au chapitre de leurs desti-
nées.
Il faut moins soutirir, Mesdames, il faut
voas plaindre plus haut, il faut plus éner-
giquement réclamer si vous voulez voir les
puissants, ministres ou empereurs, s'inté-
resser à votre sort.
A moment où, de tous côtés, i'on songe à
améliorer les conditions d'existence des ou-
vriers, n'êtes vous pas surprise de voir se
former entre hommes riches et pauvres une
j ligue formidable pour vous affamer ?
Pendant que les Chambres de commerce,
-comme celle de Lille, pétitionnent pour de-
mander d'assimiler les femmes de tout âge
aux fili* s mineures et de leur interdire le
travail rétriù 'é de nuit car la besogne pé-
nible qui ne rapporte rien que fatigue, est
naturellement dévolue la nuit comme le jour
à la femme.
Les ouvriers excédés de privations et qui,
-cependant, font par humanité, place à l'é-
tranger au râtelier, sont assez inconséquents
.pour accuser leurs sœurs, leurs mères,
leurs épouses, leurs filles, de manger le
morceau de pain qui leur manque.
Il ne faut pas, disent-ils, que les femmes
nous fassent concurrence 1
Malheureux ! ne faut-il donc plus que vos
soeurs, vos mères et vos filles mangent ?
Les gouvernants de tous pays exploitent
cette inconscience et lui prêtent main-forte.
Les délégués de la conférence de Berlin
jouteront d'èloquence pour évoquer la noire
fffiaîeSîr q ui-^s-'acTiarne aprts l'homme; -31,
bien qu'ils soient à l'avance d'aocord sur le
choîx de:)a',victime à lui immoler, ils se de-
manderont hypocritement : « Sur qui devra-
t-on prendre pour sustenter les hommes fa-
méliques f Tous répondront : « Sur la
femme. »
La femme exclue des délibérations ne
pourra sûrement pas réclamer. On tue qui
ne peut crier.
Pourquoi donc sussi, aucune femme n'a-
t-eile été déléguée à la Conférence de Ber-
lin, où la question si importante du travail
cics femmes était à l'ordre du jour ?
Parce que les femmes devaient y être les
boucs-émissaires.
*
Bien que les hommes soient inapies à re-
présenter les femmes, des hommes seuls
ont été délégués à Berlin ; et ces hommes,
en partant, ont déclaré être bien décidés à
réciamer'la limitation du travail des femmes
et la réduction des heures où elles peinent
moyennant maigre salaire.
Comme les besoins de celles-ci, même si
elles vivent de privations, ne se réduisent
pas, si dans la loi internationale qu'on
cherche à élaborer la limitation du travail
des femmes élait inscrite, la subordination
en ver J I homme, dont elles attendraient en-
core plus que maintenant leur nécessaire,
augmenterait; et ce serait une drôle de Ré-
publique que celle où la moitié de la nation
serait tenue par l'autre moitié, non seule-
ment par la loi, mais aussi par l'estomac.
Aller à Berlin enrayer la liberté des fem-
mes, ce n'est pas seulement se montrer af-
fameur de femmes devant un mangeur
d'hommes, c'est porter atteinte à notre di-
gnité nationale.
Nous avons peur que les accapareurs de
droits et de travail, si arrogants avec les
femmes, si humbles avec les têtes couron-
nées, soient devant l'ogre Guillaume de
plats valets.
Ce n'était pas-à l'Allemagne, c'était à la
France que devait appartenir l'initiative des
réformes socialistes.
',
Si les femmes avaient leur part de pou-
voir, elles auraient depuis longtemps pris la-
justice pour base Je 1 organisation sociale,
remplacé Uêtat-niiuolcuire qui dévore ses
enfants, par l';ifd -m;re qui allégerait leurs
maux, et. la République française n'aurait,
pas l'humiliation d'è:re devancée sur le ter-
rain humaniiaire par l'empire allemand.
LlBEiiTA.
Le « Patriote» en GomctMto;
C'est vendredi dernier, ainsi que Me
Corbeau l'a annoncé, dans un article
réclame de la Dépêche, que notre affaire
contre Herr lapierre a été appelée de-
vant la Chambre des appels Correction-
nels.
L'avocat noir a profité de. notre ab-
sence pour soutenir, avec son toupet de
fille publique, que les documents ancien.
nement produits, dans cette afiaire,.
par notre directeur étaient apocryphes.
Le Patriote a fait défaut à cette au-
dience, p¡rce qu'il savait que ni sa pré-
sence ni ses explications n'écartet-aient
la cosdamnhtioa que Lapierre et son
robin annonçaient par avance, à qui
voulait bien les entendre.
Ils étaient SURS (?) qu'on taperait
fier m p
Et de fait, nos bons juges à qui lés
allures libres du Patriote déplaisent,
ont doublé, sur les motifs de l'avocatde
barbarie (Maison Lapierre), les domma-
ges-intérêts prononcés en I" instance.
C'est donc à mille francs que natre:
excellent aini, M. Blankaërt a éva.
lué, avec ses conseillers, le préjudice que
nous avons occasionné au ma chand de
pianos et le désagrément qui pourrait
lui avoir été causé à lui-même par cer-
tains articles où il tst qu' stion des oreil.
les de la magistrature.
C'est ci] prévision de l'inutilité de•_
notre défen d q'io le Patriote ne s'est
pas fait représenter
Nous avions l'intention de ,'aisser faire,,,
en attendant des jours meilie,7l's
le patdotislliP. frauçaîs.
Nous sommes obligé, pour défendre"
notre probité suspectée, de faire opposi-:
tion au jugement rendu contre notre di.
recteur.
Si le polisson qui représentait La-
pierre s'était borné à dire, comme dans
les précédents procès, où nous assistions,
qu il fallait nous condamner Parei que
la loi ne permettait pap la preuve de
nos accusations, nous nous serions in.
cliné devant l'arrêt; mais du moment
que les documents fournis par notre
directeur ont été traitrs d'apocryphes,
il importe de rétablir 1a vérité et de con-
vaincre d imposture aU8i bien Lapierre
que son nègre.
L'Unité Allemande ̃
- Que dirait- m si je disparaissais tout
à coup ? demandait un jour Xapoléoa 1er 4
un de ses courtisans.
L intersocuteur se lançait dans un pané- :'
gyrique ampoulé, quand le conquérant l'ia-.'
terrompiL brusquement :
-- Pas du tout ! o i dira't oùf !
O'est co que disent les Allemands en per-
dan- M. de Bismarck. C'estau fond ce que^ :
disent tous les peuples qui ont eu le mal-
heur liêtre assoeiês à la gloire d'un grand
homme. : i, i,: ̃
V ̃' ̃" V - V
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