Titre : Patriote algérien : paraissant les mardi et samedi / directeur-gérant M. Vidal-Chalom
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1889-08-19
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32833915w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 août 1889 19 août 1889
Description : 1889/08/19 (A4,N312). 1889/08/19 (A4,N312).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63587822
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87303
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/10/2012
., N. 3.1. - Ouatrième année.
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.- ; - el~ ',..
Cl NO CENTIMES
Lundi, 19 Août 4989. '0"
JOURNAL RÉPUBLICAIN NATIONAL
PRIX DE l'ABOIVIVEMENT
Trois mois : 4,50 fr. Six mois : 9 fr. Un an : 18 fr.
POUR LA RÉDACTION, S'ADRESSER à M. LE RÉDACTEUR EN CHEF
Les mamuerits non intirés ne feront pas rendus.
>
Rédacteur en Ohef: LYS DU PAC
RÉDACTION & ADMINISTRATION
4, Place de la Préfecture.
LES ANNONCES SONT RECUES AU BUREAU DU JOURNAL
ADRESSER LETTRES ET MANDATS A M. L'ADMINISTRATEUR
Insertions des Annonces légrales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
i I == -, ; à , ̃ \.; I ;.. t =^==S=^=^=S=-
Alger, le 48 août 4889. 1
LES LEÇONS
:1:) EC
L'HISTOIRE
Reinach le Reinach à la Républi-
que Française et le n vea du Kohn de
, Reinach qui voulait faire du petit com-
merce au détriment de la santé de nos
soldats a fait tellement de potin au-
tour de ses Petites Catilinaires que
personne n'a voulu lire a tellement
dit, écrit, ressassé, que l'histoire- se
recommençait et que nous rééditons
l'histoire romaine, que l'idée m est venue
à mon tour de me souvenir des vieux
livres classiques.
J'ai donc pris Drioux (1), je l'ai feuil-
leté. Et voici ce que j'ai trouvé, qiâ se
passait sous le régne de Tibère :
Tout en faisant appel aux lu-
mières du Sénat, il s'appliqua à restrein-
dre son activité et à le rendre l'instru-
ment docile de ses propres volonté.
Et moins d'une page plus loin :
«. Cette assemblée se fil tellement
l'esclave de ses désirs, qu'il avait cou-
tume de dire en sortant de la curié :
« 0 hommes faits pour la servitude.'»
Est-ce (Ine, par hasard, par le plus
grand et le plus fortuit des hasards,
Reinach aurait raison ? Est-ce que iéeJ-
lement les destinées des peupJes ne se-
raient que de continuels recommence-^
-D,.'1)n -s;r¡ir,,': nt
le Sénat de Fa République française res-
semble au Sénat de la Home antique.
Egale servitude chez les uns et chez
les autres. À dix-neuf siècles de dis-
tance, on retrouve la même tendance à
l'obéissance passive. ,'-"
Et cette constatation que je fais, les
sénateurs érigés en Haute Cour sem-
blent l'avoir nrpssfintifi.
Trouvant qu'il n'était pas suffisant de
,"" ressembler moralement aux esclaves de
Tibère, ils voulaient pousser l'imitation
jusqu'au bout. C'est ainsi qu'un certain
nombre d'entre eux avaient demandé à
troquer l'babit contre la robe. Ils vou-
laient porter la toge, comme les Patres
Ccripti.
(t) Cours abrégé d'histoire. Histoire ro-
1 maine. Drioux. Edition de 1875. Pages 225,
226, 227, 228.
Mais la comparaison entre les fleux
époques ne s'arrête pas là. Il en est une
plus saisissante encore. Je continue mes
citations :
a Sous prétexte qu'il (Tibère) était
le représentant du peuple, il s'appliqua
à lui-même la loi contre ceux qui offen-
saient la majesté du peuple romain. »
La même chose vient de se produire
chez nous. Le gouvernement des Cons-
tans s'est identifié avec la forme du gou-
vernement, Combattre Constans, Rou-
vier, Tirard, ce n'est plus combattre un
ministère, combattre des ministres, mais
combattre la République elle-même.
Provoquer une crise ministérielle, se-
rait tout simplement comploter contre
la République. D'où il s'en suit qu'être
boulangiste, c'est-à-dire anti gouverne-
mental, équivaut à être anti-républicain.
Sous un régime de liberté, les procédés
sont exactement les mêmes que sous un
régime despotique. Il est bon qu'on le
sache et je remercie Reinach de m'avoir
fait renouveler connaissance avec l'his-
toire romaine.
Mais d'où venait cette haine de Tibère ?
Drioux nous le dit quelques lignes
plus loin :
« Le mérite, la naissance, la ri-
chesse, devinrent autant de crimes qu'il
poursuivit avec acharnement et fureur »
En vérité, tout cela ne semble-t-il pas
écrit pour l'époque présente ?
Nous avons vu - notre génération n'a
pas lieu d'en être fière le procureur
général de la Seine, sorte de Sejan' si-
miesque, bayer pendant trois, jours con-
sécutifs sùrJout ce qu'il y avait en France
,.l_iers_:.
pèrieurs de notre àriffée, sur les plus
du suffrage universel, sur les industriels
qui font la gloire et la richesse de la
France, sur les femmes, qui n'ont pas
trouvé grâce auprès de cet androgyne.
Ce n'est pas fini. L'histoire de Tibère
ne s'arrête pas là et le rôle du Sénat
n'est point terminé. Je poursuis :
« .Il encouragea ouvertement les dé-
lateurs, et sans prendre la peine d'exa-
miner la cause de chaque accusé, il les
condamnait en masse. »
N'est-ce pas de l'histoire contempo-
raine? Que fait notre gouvernement, si
ce n'est d'encourager les mouchards ?
Buret touche 7,000 fr. d'un coup. Ali-
bert est devenu un familier des minis-
tères, et les journalistes, qui jouent les
polonais à la Sigismond-Lacroix sont en
faveur et peuvent émarger aux fonds se- 1
crets.
Quant aux condamnés, c'est sans
les entendre qu'on les frappe de radia-
tion, de suspension, ou de révocation.
Comment finit le Sénat tibérien, on
s'en souvient. Absolument démonétisé,
on poussa l'ironie jusqu'à lui faire déci-
der en séance publique à quelle sauce
devait être accomodé un turbot.
_fI -- 11 - -. - -
L est amsi que unira ie benat ac-
tuel. Il décidera lui-même à quelle
sauce il devra être mangé.
Lorsque Tibère mourut.
« Le peuple se réjouit de sa mort
et s'écria : « Tibère dans le Tibre 1 Ti-
bère aux gémonies 1
Lorsque Constans tombera, le peuple
de Paris lui fera la conduite qu'il fit à
Ferry après Lang- Son.
On ne le jettera pas à la Seine pour
ne pas empoisonner les gens qui veulent
boire. et ne pas dégoûter ceux qui veu-
lent se noyer.
LYS.
4
LE RÈGNE DE L'ARBITRAIRE
A ALGER
Nous voici décidément en plein règne
de l'arbitraire.
La loi sur la liberté de la presse ?
Fadaises !
La loi sur le colportage ? Vielles lunes.
Le ministère Constans à changé tout
cela. t
Ordre a été donné à tous les fonction-
naires de France et d'Algérie de faire
saisir le manifeste du général Boulanger.
A Alger, certains fonctionnaires met-
tent à exécuter lès ordres reçus un em-
pressement qui. Bpest pas sans les expo-
,g, urt ËfîtOycirt
peu disposés à se prêter à toutes ces com-
plaisances. ;,
Depuis deux jours, un agent de police
descend au courrier et essaie de mettre
la main sur les numéros de la Presse et
deffntransigeant qui sont adressés aux
dépositaires.
Avant-hier la tentative d'intrusion a
été timide. Il est des besognes auxquel-
les nos agents de police ne sont pas ac-
coutumés, et rien de surprenant à ce
qu'ils mettent une grande gaucherie dans
leur exécution.
Mais hier, en raison sans doute d'or-
dres donnés par des supérieurs prudents
qui, comme pour l'affaire du drapeau
rouge du Radical, savent se tenir dans
les coulisses, les agents ont été plus en-
treprenants.
Ils ont voulu à toute force fourrer leurs
mains et leur nez dans les paquets de
journaux arrivés.
Les dépositaires s'y sont formellement
opposés.
L'un d'eux a demandé la production
d'un ordre écrit et a déclaré que, même
en présence de cet ordre, il ferait cons-
tater la violence dont il serait l'objet.
Après quelques essais d'intimidation
force est restée à la loi contre l'agent de
police.
Nous protestons contre de pareils agis-
sements, aujourd'hui très posément,
bien que nous sachions que le ministre
Constans et ses subordonnés sont décidés
pour se maintenir au pouvoir, à commet-
tre illéglité sur illéglité.
Reste à savoir si les intéressés feront
toujours preuve de la même magnani-
mité.
ftil y a de juges à Angonlême et à
Bordeaux, il y en a à Alger aussi, Dieu
merci.
Faisons seulement remarquer aux sous-
Constans de la Préfecture qu'ils ne con-
naissent pas le premier mot du triste mé-
tier auquel leurs fonctions les oblige.
Les dépêches ont annoncé que le ma-
nifeste du général Boulanger a paru
ce matin dans la Presse et dans l'In-
transigeant. 11 ne pouvait donc parve-
nir à Alger par le courrier de ce soir.
Quand on veut faire du zèle, encore
faut-il le faire intelligemment.
4
L'OPINION EN ZIG ZAG
J'apprends avec plaisir qu'une lacune
vient d'être comblée dans le journalis-
me algérien. Jusqu'à ce jour il manquait
un journal de statistique. Maintenant
nous l'avons. Par ces temps de période
électorale, pendant lesquels nous serons
exposés à toutes les éloqnenees, l'élo-
quence des chiffres aura sa place. !
Un contrere du soir qui, jusqua ce
jour semblait vouloir s occuper de po-
litique a trouvé sur son chemin de Da-
lâquëffe
il vient de s'attabler
Le dernier numéro de ce journal ne
contient pas moins de 5 statistiques. 1°
Statistique à propos du réquisitoire ; 2°
A propos de l'armée allemande ; 3° Sta-
tistique algérienne ; 4° A propos du di-
vorce ; 5° A propos de la température.
Que de chiffres 1 Que de chiffres, di-
rait le maréchal.
L'A khbar a entrepris contre les fonc-
tionnaires qui prennent le paquebot dès
les premières chaleurs et abandonnent
leurs administrés, une campagne des
plus judicieuses. Il dit avec beaucoup de
bon sens :
Il ne peut être admis comme règle qu'à une
même époque, et chaque année sans excep-
tion,tout ce qui est à la tête de notre adminis-
tration s'enfuie comme une volée de moi-
neaux renvoyant à deux ou trois mois de là
le souci des intérêts coloniaux.
La philippiques de notre confrère n'est
pas du goat de tout le monde. du
monde fonctionnaire surtout.
Ce n'est d'ailleurs pas d'aujourd'hui
qu'il est difficile de contenter tout le
monde et son père.
Un fonctionnaire qui répond, fait va-
loir entre autres arguments, l'argument
suivant :
Mais, Monsieur, vous vous trompez ; ce
quart colonial, ils le demandent, ils le ré-
réclament justement, pour pouvoir prendre
les congés qui vous offusquent. Sans ce
quart colonial, comment pourraient-ils
faire des économies qui leur permissent de
se payer un voyage en France, aux eaux, à
Vichy, dans leur pays natal ou à l'Expo-
sition.
On pouvait croire jusqu'ici que le quart
colonial n'était donné que comme com-
pensation de certains petits ennuis inhé-
rents à la vie algérienne. 11 paraît que
non, que ce supplément de traitement
est fait pour permettre aux fonctionnai-
res d'aller en France,
Dans ces conditions, je ne vois pas
pourquoi, dans certaines villes, où il
neige la moitié de l'hiver, où il fait un -
froid de loup, on ne donnerait pas un
quart continental aux fonctionnaires de
France, oour leur Dermettre de nasser
- ---- - -
la mauvaise saison en Algérie. n.n --
Le Petit Colon d'hier déclarait qu'il
fallait jeter au même panier les juges de
la Haute-Cour et les condamnés, les bou-
langistes et leurs juses.
Aujourd'hui mon confrère semble re-
venu à de meilleurs sentiments. Publiant
une lettre au général Boulanger, il la
fait précéder des réflexions suivantes :
Les griefs principaux à l'aide desquels on
a voula déshonorer le général Boulanger
portant sur des détournements de fonds, il
est d'une justice élémentaire de faire con- *
.:.-"" 1<':
naître, sur ce Po nt câïiîaa,,r réponse de ,
l'accusé.
On verra, par cette réponse, quel cas il
faut faire de la valeur morale des accusa-
teurs. -
L'article du Radical serait à citer en
entier. A mon grand regret, je ne puis
en donner faute de place que la
conclusion.
Nous le disions pendant cette longue co-
médie de poursuites et d'instruction : ces
gens-là sont fous et ne voient pas même
qu'ils dépassent le but, et font le jeu de
Boulanger en redorant sa légende ; on ne
les croit plus, quoi qu'ils disent et quoi
qu'ils fassent. Nous le disons bien plus en-
core après la condamnation, préparée, cou-
venue d'avance. L'inepte réquisitoire reste
criblé des mille démentis qui l'ont réduit
en miettes, et, par cela seul, la condamna-
tion s'en trouve, dans le sentiment public,
atteinte en plein cœur. On ne croit plue
rien, l'effet s'efface et la légende reste, Voilà
le résultat.
(<5) FEOiHETON DU Patriote Algérien
:, ': - '.:' J
JULGS MARY
PBEMLÈRE PARTIE
lie Château de la batte St-Lonig.
tY
, Il écouta plus attentivement. Il lui
- semblait qu'un cri venait de s'élever, un
gémissement du côté d'où était partie la
détonation. Mais après s'être arrêté un
moment il repartit.
- C'est le vent dans les arbres, mur-
mura-t-it. ,-' ;'"
'• Y! se trompait.
Au moment où, sur les conseils de
Lefoiot" il avait gagné la forêt, Maurice,
et raait aux alentours de la maison,
âvaitvu et s'était jété dans le jardin. 11
n'avait pas eu de rendez-vous avec Louise
depuis îejOuf'ûùGaébriaadTavâit chas-
sé en lui refjiéan? brutalement la main
desafliîë. * ":i" * '•
"¡' Triâ d'inquiétude, il n'avait pas, voulu
attendrépruslongtemps. Et 11 «tait tenu*
irap'pé mb càrreatix de là fené-
v re laquelle il voyait trembler
une lumière qui éclairait la silhouette
élégante de celle qu'il aimait. Louise, un
instant interdite, effrayée du danger au-
quel s'exposait son amant si Guebriand
le surprenait, Louise avait fini par ou-
vrir. Les reproches qu'elle lui adressa
s'évanouirent dans les baisers dont il lui
couvrit les mains. La jeune fille avait vu
partir son pere, tout en ignorant où il
était allé. Elle était agitée de pressenti-
ments sinistres, de craintes quelle ne
pouvait s'expliquer et que ne pouvaient
dissiper les paroles rassurantes de Mau-
rice.
A la fin, celui-ci céda à ses instances
et la quitta.
Comme la soirée était très calme et le
ciel splendide, il prit par le bois pour
rentrer à la Butte-Saint-Louis. Il se sen-
tait un peu attristé par tous les obstacles
que cet amour allait jeter sur sa route,
et il cherchait, mais vainement les moyens
d'en triompher. -
Fargeas, à coup sûr, seraif inflexible
et Guébriand avait bien montré que lui
même ne se laisserait pas aisément con-
vaincre.
Maurice était donc réduit à ses seules
forces. >
tout en se faisant ces réflexions, il
ayatt pénétré dans la forêt. Il avait fait
peioe quelqpes pas dans Je fourré,
q&uun homme dont l'obscurité l'empêcha
de distinguer le visage. Il continua d'a-
VanCJr. L'homme ne bougea pas.
A un mouvement qu'il fit, Maurice crut
voir reluire le canon d'un fusil et instinc-
tivement se baissa.
Mais il était trop tard ; une vive c'arté
illumina les ténèbres et Maurice roula
sur les feuilles mortes du chemin.
Un homme se précipita sur lui et l'exa-
mina, les bras tendus, les mains fouil-
lant ses vêtements, puis tout à coup se
jeta dans le couvert, en entendant les
voix de plusieurs paysans qui se diri-
geaient de ce côté.
Les paysans rencontrèrent Maurice
évanoui, lé reconnurent et coururent au
château prévenir Fargeas, pendant que
d'eux d'entre eux coupaient des bran-
ches et faisaient un brancard en toute
hâte.. -
Un paysan murmura :
, - Il a une balle en pleine poitrine.
C'est un homme mort. Qu'est-ce qui
peut bien avoir fait le coup ?.
Au château, tout le monde était dans
la consternation.
Langrave, appelé aussitôt, avait sondé
la plaie et hochait la tête, sans vouloir
rassurer personne.
Dans la nuit, Fargeas sortit, se rendit
à la gendarmerie.
Et le matin, au lever du spleil, les
gendarmes frappaient à la porte de la
maison habitée par Guébriand.
l..
- Ouvrez au nom de la loi !
Ce fut la mère Guébriand qui obéit,
tremblante.
Les gendarmes entrèrent dans la
maison, et Guébriand, visiblement im-
pressionné, les attendit sans se lever.
- Que me veut-on ? demanda-t-il.
- Vous vous en doutez bien un peu ?
Ma foi, non, et vous me rendriez
service si vous vouliez m expliquer votre
présence chez moi.
C'est bien simple. Nous avons l'or-
dre de vous arrêter.
- Moi l -
Vous, Guébriand, accusé d'avoir,
cette nuit, dans la partie de la forêt qui
avoisine votre maison, assassiné M.
Maurice de Fargeas de Montfaure.
Est-ce clair ?
Moi ? moi ? bégaya l'infirme.
Et anéanti, sentant que le terrain se
perdait sous lui, il ne pouvait trouver
d'autre mot pour exprimer sa colère,
son indignation.
Moi 1 moi ! répétait-il.
Mais les gendarmes s'impatientaient :
Suivez-nous 1
Alors, Guébriand se révolta :
Je suis innocent, dit-il ; il y a là
une erreur qu'on ne peut tarder à re-
connaître. Sur quoi se base-t-on, en
§qmme, pour m'accuser I
Cela ne nous regarde pas. Sui-
vez-nous 1 ;
Toute résistance était inutile. Gué-
briand le savait.
Il dit seulement:
- Laissez-moi embrasser ma femme
et ma fille. *
Dépêchez-vous 1
Il attira sa femme dans ses bras et
lui mit deux baisers sur les joues. Elle
se laissait faire, passivement, et n'avait
même pas la force de se lamenter. Gué-
briand la rassurait en répétant :
- On - se trompe. Des explications
vont suffire. Je vais être relâché dans
quelques minutes.
Aux premiers mots des gendarmes,
Louise, qui était dans sa chambre, était
accourue et, en comprenant, était restée
anéantie.
Maurice assassiné 1
Et tout de suite la dernière menace
de Guébriand, le jour où Maurice avait
demandé sa main, lui était revenue à la
mémoire : « Allez-vous-en, avait dit le
vieux, ne rôdez plus dans le bois, aux
environs, car je ne répondrais pas de
votre vie 1 1. »
Et cette horrible pensée lui traversa
l'esprit :
Mon père a exécuté sa menace.
mon père a vu Maurice sortir du jardin.
il l'a suivi. il l'a tué. 1
Et elle regardait Guébriand avec des
yeux épouvantés.
L'infirme s'approche de sa fille ;
t -
"'-- ..:"
.- ; - el~ ',..
Cl NO CENTIMES
Lundi, 19 Août 4989. '0"
JOURNAL RÉPUBLICAIN NATIONAL
PRIX DE l'ABOIVIVEMENT
Trois mois : 4,50 fr. Six mois : 9 fr. Un an : 18 fr.
POUR LA RÉDACTION, S'ADRESSER à M. LE RÉDACTEUR EN CHEF
Les mamuerits non intirés ne feront pas rendus.
>
Rédacteur en Ohef: LYS DU PAC
RÉDACTION & ADMINISTRATION
4, Place de la Préfecture.
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ADRESSER LETTRES ET MANDATS A M. L'ADMINISTRATEUR
Insertions des Annonces légrales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
i I == -, ; à , ̃ \.; I ;.. t =^==S=^=^=S=-
Alger, le 48 août 4889. 1
LES LEÇONS
:1:) EC
L'HISTOIRE
Reinach le Reinach à la Républi-
que Française et le n vea du Kohn de
, Reinach qui voulait faire du petit com-
merce au détriment de la santé de nos
soldats a fait tellement de potin au-
tour de ses Petites Catilinaires que
personne n'a voulu lire a tellement
dit, écrit, ressassé, que l'histoire- se
recommençait et que nous rééditons
l'histoire romaine, que l'idée m est venue
à mon tour de me souvenir des vieux
livres classiques.
J'ai donc pris Drioux (1), je l'ai feuil-
leté. Et voici ce que j'ai trouvé, qiâ se
passait sous le régne de Tibère :
Tout en faisant appel aux lu-
mières du Sénat, il s'appliqua à restrein-
dre son activité et à le rendre l'instru-
ment docile de ses propres volonté.
Et moins d'une page plus loin :
«. Cette assemblée se fil tellement
l'esclave de ses désirs, qu'il avait cou-
tume de dire en sortant de la curié :
« 0 hommes faits pour la servitude.'»
Est-ce (Ine, par hasard, par le plus
grand et le plus fortuit des hasards,
Reinach aurait raison ? Est-ce que iéeJ-
lement les destinées des peupJes ne se-
raient que de continuels recommence-^
-D,.'1)n -s;r¡ir,,': nt
le Sénat de Fa République française res-
semble au Sénat de la Home antique.
Egale servitude chez les uns et chez
les autres. À dix-neuf siècles de dis-
tance, on retrouve la même tendance à
l'obéissance passive. ,'-"
Et cette constatation que je fais, les
sénateurs érigés en Haute Cour sem-
blent l'avoir nrpssfintifi.
Trouvant qu'il n'était pas suffisant de
,"" ressembler moralement aux esclaves de
Tibère, ils voulaient pousser l'imitation
jusqu'au bout. C'est ainsi qu'un certain
nombre d'entre eux avaient demandé à
troquer l'babit contre la robe. Ils vou-
laient porter la toge, comme les Patres
Ccripti.
(t) Cours abrégé d'histoire. Histoire ro-
1 maine. Drioux. Edition de 1875. Pages 225,
226, 227, 228.
Mais la comparaison entre les fleux
époques ne s'arrête pas là. Il en est une
plus saisissante encore. Je continue mes
citations :
a Sous prétexte qu'il (Tibère) était
le représentant du peuple, il s'appliqua
à lui-même la loi contre ceux qui offen-
saient la majesté du peuple romain. »
La même chose vient de se produire
chez nous. Le gouvernement des Cons-
tans s'est identifié avec la forme du gou-
vernement, Combattre Constans, Rou-
vier, Tirard, ce n'est plus combattre un
ministère, combattre des ministres, mais
combattre la République elle-même.
Provoquer une crise ministérielle, se-
rait tout simplement comploter contre
la République. D'où il s'en suit qu'être
boulangiste, c'est-à-dire anti gouverne-
mental, équivaut à être anti-républicain.
Sous un régime de liberté, les procédés
sont exactement les mêmes que sous un
régime despotique. Il est bon qu'on le
sache et je remercie Reinach de m'avoir
fait renouveler connaissance avec l'his-
toire romaine.
Mais d'où venait cette haine de Tibère ?
Drioux nous le dit quelques lignes
plus loin :
« Le mérite, la naissance, la ri-
chesse, devinrent autant de crimes qu'il
poursuivit avec acharnement et fureur »
En vérité, tout cela ne semble-t-il pas
écrit pour l'époque présente ?
Nous avons vu - notre génération n'a
pas lieu d'en être fière le procureur
général de la Seine, sorte de Sejan' si-
miesque, bayer pendant trois, jours con-
sécutifs sùrJout ce qu'il y avait en France
,.l_iers_:.
pèrieurs de notre àriffée, sur les plus
du suffrage universel, sur les industriels
qui font la gloire et la richesse de la
France, sur les femmes, qui n'ont pas
trouvé grâce auprès de cet androgyne.
Ce n'est pas fini. L'histoire de Tibère
ne s'arrête pas là et le rôle du Sénat
n'est point terminé. Je poursuis :
« .Il encouragea ouvertement les dé-
lateurs, et sans prendre la peine d'exa-
miner la cause de chaque accusé, il les
condamnait en masse. »
N'est-ce pas de l'histoire contempo-
raine? Que fait notre gouvernement, si
ce n'est d'encourager les mouchards ?
Buret touche 7,000 fr. d'un coup. Ali-
bert est devenu un familier des minis-
tères, et les journalistes, qui jouent les
polonais à la Sigismond-Lacroix sont en
faveur et peuvent émarger aux fonds se- 1
crets.
Quant aux condamnés, c'est sans
les entendre qu'on les frappe de radia-
tion, de suspension, ou de révocation.
Comment finit le Sénat tibérien, on
s'en souvient. Absolument démonétisé,
on poussa l'ironie jusqu'à lui faire déci-
der en séance publique à quelle sauce
devait être accomodé un turbot.
_fI -- 11 - -. - -
L est amsi que unira ie benat ac-
tuel. Il décidera lui-même à quelle
sauce il devra être mangé.
Lorsque Tibère mourut.
« Le peuple se réjouit de sa mort
et s'écria : « Tibère dans le Tibre 1 Ti-
bère aux gémonies 1
Lorsque Constans tombera, le peuple
de Paris lui fera la conduite qu'il fit à
Ferry après Lang- Son.
On ne le jettera pas à la Seine pour
ne pas empoisonner les gens qui veulent
boire. et ne pas dégoûter ceux qui veu-
lent se noyer.
LYS.
4
LE RÈGNE DE L'ARBITRAIRE
A ALGER
Nous voici décidément en plein règne
de l'arbitraire.
La loi sur la liberté de la presse ?
Fadaises !
La loi sur le colportage ? Vielles lunes.
Le ministère Constans à changé tout
cela. t
Ordre a été donné à tous les fonction-
naires de France et d'Algérie de faire
saisir le manifeste du général Boulanger.
A Alger, certains fonctionnaires met-
tent à exécuter lès ordres reçus un em-
pressement qui. Bpest pas sans les expo-
,g, urt ËfîtOycirt
peu disposés à se prêter à toutes ces com-
plaisances. ;,
Depuis deux jours, un agent de police
descend au courrier et essaie de mettre
la main sur les numéros de la Presse et
deffntransigeant qui sont adressés aux
dépositaires.
Avant-hier la tentative d'intrusion a
été timide. Il est des besognes auxquel-
les nos agents de police ne sont pas ac-
coutumés, et rien de surprenant à ce
qu'ils mettent une grande gaucherie dans
leur exécution.
Mais hier, en raison sans doute d'or-
dres donnés par des supérieurs prudents
qui, comme pour l'affaire du drapeau
rouge du Radical, savent se tenir dans
les coulisses, les agents ont été plus en-
treprenants.
Ils ont voulu à toute force fourrer leurs
mains et leur nez dans les paquets de
journaux arrivés.
Les dépositaires s'y sont formellement
opposés.
L'un d'eux a demandé la production
d'un ordre écrit et a déclaré que, même
en présence de cet ordre, il ferait cons-
tater la violence dont il serait l'objet.
Après quelques essais d'intimidation
force est restée à la loi contre l'agent de
police.
Nous protestons contre de pareils agis-
sements, aujourd'hui très posément,
bien que nous sachions que le ministre
Constans et ses subordonnés sont décidés
pour se maintenir au pouvoir, à commet-
tre illéglité sur illéglité.
Reste à savoir si les intéressés feront
toujours preuve de la même magnani-
mité.
ftil y a de juges à Angonlême et à
Bordeaux, il y en a à Alger aussi, Dieu
merci.
Faisons seulement remarquer aux sous-
Constans de la Préfecture qu'ils ne con-
naissent pas le premier mot du triste mé-
tier auquel leurs fonctions les oblige.
Les dépêches ont annoncé que le ma-
nifeste du général Boulanger a paru
ce matin dans la Presse et dans l'In-
transigeant. 11 ne pouvait donc parve-
nir à Alger par le courrier de ce soir.
Quand on veut faire du zèle, encore
faut-il le faire intelligemment.
4
L'OPINION EN ZIG ZAG
J'apprends avec plaisir qu'une lacune
vient d'être comblée dans le journalis-
me algérien. Jusqu'à ce jour il manquait
un journal de statistique. Maintenant
nous l'avons. Par ces temps de période
électorale, pendant lesquels nous serons
exposés à toutes les éloqnenees, l'élo-
quence des chiffres aura sa place. !
Un contrere du soir qui, jusqua ce
jour semblait vouloir s occuper de po-
litique a trouvé sur son chemin de Da-
lâquëffe
il vient de s'attabler
Le dernier numéro de ce journal ne
contient pas moins de 5 statistiques. 1°
Statistique à propos du réquisitoire ; 2°
A propos de l'armée allemande ; 3° Sta-
tistique algérienne ; 4° A propos du di-
vorce ; 5° A propos de la température.
Que de chiffres 1 Que de chiffres, di-
rait le maréchal.
L'A khbar a entrepris contre les fonc-
tionnaires qui prennent le paquebot dès
les premières chaleurs et abandonnent
leurs administrés, une campagne des
plus judicieuses. Il dit avec beaucoup de
bon sens :
Il ne peut être admis comme règle qu'à une
même époque, et chaque année sans excep-
tion,tout ce qui est à la tête de notre adminis-
tration s'enfuie comme une volée de moi-
neaux renvoyant à deux ou trois mois de là
le souci des intérêts coloniaux.
La philippiques de notre confrère n'est
pas du goat de tout le monde. du
monde fonctionnaire surtout.
Ce n'est d'ailleurs pas d'aujourd'hui
qu'il est difficile de contenter tout le
monde et son père.
Un fonctionnaire qui répond, fait va-
loir entre autres arguments, l'argument
suivant :
Mais, Monsieur, vous vous trompez ; ce
quart colonial, ils le demandent, ils le ré-
réclament justement, pour pouvoir prendre
les congés qui vous offusquent. Sans ce
quart colonial, comment pourraient-ils
faire des économies qui leur permissent de
se payer un voyage en France, aux eaux, à
Vichy, dans leur pays natal ou à l'Expo-
sition.
On pouvait croire jusqu'ici que le quart
colonial n'était donné que comme com-
pensation de certains petits ennuis inhé-
rents à la vie algérienne. 11 paraît que
non, que ce supplément de traitement
est fait pour permettre aux fonctionnai-
res d'aller en France,
Dans ces conditions, je ne vois pas
pourquoi, dans certaines villes, où il
neige la moitié de l'hiver, où il fait un -
froid de loup, on ne donnerait pas un
quart continental aux fonctionnaires de
France, oour leur Dermettre de nasser
- ---- - -
la mauvaise saison en Algérie. n.n --
Le Petit Colon d'hier déclarait qu'il
fallait jeter au même panier les juges de
la Haute-Cour et les condamnés, les bou-
langistes et leurs juses.
Aujourd'hui mon confrère semble re-
venu à de meilleurs sentiments. Publiant
une lettre au général Boulanger, il la
fait précéder des réflexions suivantes :
Les griefs principaux à l'aide desquels on
a voula déshonorer le général Boulanger
portant sur des détournements de fonds, il
est d'une justice élémentaire de faire con- *
.:.-"" 1<':
naître, sur ce Po nt câïiîaa,,r réponse de ,
l'accusé.
On verra, par cette réponse, quel cas il
faut faire de la valeur morale des accusa-
teurs. -
L'article du Radical serait à citer en
entier. A mon grand regret, je ne puis
en donner faute de place que la
conclusion.
Nous le disions pendant cette longue co-
médie de poursuites et d'instruction : ces
gens-là sont fous et ne voient pas même
qu'ils dépassent le but, et font le jeu de
Boulanger en redorant sa légende ; on ne
les croit plus, quoi qu'ils disent et quoi
qu'ils fassent. Nous le disons bien plus en-
core après la condamnation, préparée, cou-
venue d'avance. L'inepte réquisitoire reste
criblé des mille démentis qui l'ont réduit
en miettes, et, par cela seul, la condamna-
tion s'en trouve, dans le sentiment public,
atteinte en plein cœur. On ne croit plue
rien, l'effet s'efface et la légende reste, Voilà
le résultat.
(<5) FEOiHETON DU Patriote Algérien
JULGS MARY
PBEMLÈRE PARTIE
lie Château de la batte St-Lonig.
tY
, Il écouta plus attentivement. Il lui
- semblait qu'un cri venait de s'élever, un
gémissement du côté d'où était partie la
détonation. Mais après s'être arrêté un
moment il repartit.
- C'est le vent dans les arbres, mur-
mura-t-it. ,-' ;'"
'• Y! se trompait.
Au moment où, sur les conseils de
Lefoiot" il avait gagné la forêt, Maurice,
et raait aux alentours de la maison,
âvaitvu et s'était jété dans le jardin. 11
n'avait pas eu de rendez-vous avec Louise
depuis îejOuf'ûùGaébriaadTavâit chas-
sé en lui refjiéan? brutalement la main
desafliîë. * ":i" * '•
"¡' Triâ d'inquiétude, il n'avait pas, voulu
attendrépruslongtemps. Et 11 «tait tenu*
irap'pé mb càrreatix de là fené-
v re laquelle il voyait trembler
une lumière qui éclairait la silhouette
élégante de celle qu'il aimait. Louise, un
instant interdite, effrayée du danger au-
quel s'exposait son amant si Guebriand
le surprenait, Louise avait fini par ou-
vrir. Les reproches qu'elle lui adressa
s'évanouirent dans les baisers dont il lui
couvrit les mains. La jeune fille avait vu
partir son pere, tout en ignorant où il
était allé. Elle était agitée de pressenti-
ments sinistres, de craintes quelle ne
pouvait s'expliquer et que ne pouvaient
dissiper les paroles rassurantes de Mau-
rice.
A la fin, celui-ci céda à ses instances
et la quitta.
Comme la soirée était très calme et le
ciel splendide, il prit par le bois pour
rentrer à la Butte-Saint-Louis. Il se sen-
tait un peu attristé par tous les obstacles
que cet amour allait jeter sur sa route,
et il cherchait, mais vainement les moyens
d'en triompher. -
Fargeas, à coup sûr, seraif inflexible
et Guébriand avait bien montré que lui
même ne se laisserait pas aisément con-
vaincre.
Maurice était donc réduit à ses seules
forces. >
tout en se faisant ces réflexions, il
ayatt pénétré dans la forêt. Il avait fait
peioe quelqpes pas dans Je fourré,
q&u
de distinguer le visage. Il continua d'a-
VanCJr. L'homme ne bougea pas.
A un mouvement qu'il fit, Maurice crut
voir reluire le canon d'un fusil et instinc-
tivement se baissa.
Mais il était trop tard ; une vive c'arté
illumina les ténèbres et Maurice roula
sur les feuilles mortes du chemin.
Un homme se précipita sur lui et l'exa-
mina, les bras tendus, les mains fouil-
lant ses vêtements, puis tout à coup se
jeta dans le couvert, en entendant les
voix de plusieurs paysans qui se diri-
geaient de ce côté.
Les paysans rencontrèrent Maurice
évanoui, lé reconnurent et coururent au
château prévenir Fargeas, pendant que
d'eux d'entre eux coupaient des bran-
ches et faisaient un brancard en toute
hâte.. -
Un paysan murmura :
, - Il a une balle en pleine poitrine.
C'est un homme mort. Qu'est-ce qui
peut bien avoir fait le coup ?.
Au château, tout le monde était dans
la consternation.
Langrave, appelé aussitôt, avait sondé
la plaie et hochait la tête, sans vouloir
rassurer personne.
Dans la nuit, Fargeas sortit, se rendit
à la gendarmerie.
Et le matin, au lever du spleil, les
gendarmes frappaient à la porte de la
maison habitée par Guébriand.
l..
- Ouvrez au nom de la loi !
Ce fut la mère Guébriand qui obéit,
tremblante.
Les gendarmes entrèrent dans la
maison, et Guébriand, visiblement im-
pressionné, les attendit sans se lever.
- Que me veut-on ? demanda-t-il.
- Vous vous en doutez bien un peu ?
Ma foi, non, et vous me rendriez
service si vous vouliez m expliquer votre
présence chez moi.
C'est bien simple. Nous avons l'or-
dre de vous arrêter.
- Moi l -
Vous, Guébriand, accusé d'avoir,
cette nuit, dans la partie de la forêt qui
avoisine votre maison, assassiné M.
Maurice de Fargeas de Montfaure.
Est-ce clair ?
Moi ? moi ? bégaya l'infirme.
Et anéanti, sentant que le terrain se
perdait sous lui, il ne pouvait trouver
d'autre mot pour exprimer sa colère,
son indignation.
Moi 1 moi ! répétait-il.
Mais les gendarmes s'impatientaient :
Suivez-nous 1
Alors, Guébriand se révolta :
Je suis innocent, dit-il ; il y a là
une erreur qu'on ne peut tarder à re-
connaître. Sur quoi se base-t-on, en
§qmme, pour m'accuser I
Cela ne nous regarde pas. Sui-
vez-nous 1 ;
Toute résistance était inutile. Gué-
briand le savait.
Il dit seulement:
- Laissez-moi embrasser ma femme
et ma fille. *
Dépêchez-vous 1
Il attira sa femme dans ses bras et
lui mit deux baisers sur les joues. Elle
se laissait faire, passivement, et n'avait
même pas la force de se lamenter. Gué-
briand la rassurait en répétant :
- On - se trompe. Des explications
vont suffire. Je vais être relâché dans
quelques minutes.
Aux premiers mots des gendarmes,
Louise, qui était dans sa chambre, était
accourue et, en comprenant, était restée
anéantie.
Maurice assassiné 1
Et tout de suite la dernière menace
de Guébriand, le jour où Maurice avait
demandé sa main, lui était revenue à la
mémoire : « Allez-vous-en, avait dit le
vieux, ne rôdez plus dans le bois, aux
environs, car je ne répondrais pas de
votre vie 1 1. »
Et cette horrible pensée lui traversa
l'esprit :
Mon père a exécuté sa menace.
mon père a vu Maurice sortir du jardin.
il l'a suivi. il l'a tué. 1
Et elle regardait Guébriand avec des
yeux épouvantés.
L'infirme s'approche de sa fille ;
t -
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