Titre : Patriote algérien : paraissant les mardi et samedi / directeur-gérant M. Vidal-Chalom
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1889-08-14
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32833915w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 août 1889 14 août 1889
Description : 1889/08/14 (A4,N308). 1889/08/14 (A4,N308).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63587785
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87303
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/10/2012
S» 308. Quatrième année. ;.\;;";':_" .,',' ,.,:",.; CINQ CENTIMES Mercredi, 14 Août 1889.
LE PATRIOTE ALGERIEN
JOURNAL REPUBLICAIN NATIONAL
PRIX DE L'ABONNEMENT
Trois mois : 4,50 fr. Six mois : 9 fr. Un an : 18 fr. ,
POUR LA RÉDACTION, S'ADRESSER à M. LE RÉDACTEUR EN CHEF
- Les manuscrits non insérés ne seront pas. rendus.
Rédacteur en, chef: LYS DU PAC
RÉDACTION & ADMINISTRATION ,.
4, Place de la Préfecture.
LES ANNONCES SONT REÇUES AU BUREAU DU JOURNAL
ADRESSER LETTRES ET MANDATS A M. L'ADMINISTRATEUR
Insertions des Annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 48 août 48S9.
LE PRIX
D'UNE
CEINTURE
Depuis la ceinture de Vénus et les
ceintnres de chasteté, dont quelques spé-
mens peuvent se voir encore au musée
de Cluny avis aux algériens mariés
qui vont à l'Exposition universelle il
n'en est aucune qui ait fait autant de
bruit que celle de Constans, le Benjamin
Constans du roi Norodom.
Elle est en or et vaut un million,.
ont dit les boulangistes qui ont appris à
demander eux aussi d'où vient l'argent.
Elle est en toc et vaut six mille:
francs au plus ont répondu les échos
ministériels.
La meilleure façon de trancher le dif-
férend était naturellement de demander
leur avis à une série d'experts.
On aurait su dans les vingt-quatre
heures à quoi s'en tenir.
Au iieu de cela, nous avons l'apprécia-
tion d'un certain Fernand Xau, qui pas:
sait jusqu'à ce jour pour le chef du re-
portage parisien et qui vien de se révé-
ler comme chef de repêchage, ce qni
n'est pas la même chose.
Demandez à Letellier.
Fernand Xau a interviewé un banquier
à désinance allemande ou hollandaise, un
nom en eyen quelconque, lequel ban-:
lesniams la JATRIOOSE CHTEP*
ture, et la réponse a été la suivante :
« La ceinture se compose d'un large
ruban d'or qui pèse 445 grammes d'or,
en comprenant l'agrafe du milieu ce
qui fait, à 2 fr. 50, une somme de
1,425 francs. L'agrafe est, en réalité,
une plaque dans laquelle figurent au
milieu une grosse pierre entourée de
quatre diamants moyens et, tout autour,
une assez grande quantité de roses et
de diamants.
« La pierre du milieu, un brillant
jaune, ne serait pas d'une réalisation fa-
cile à 1.500 francs.
» Quant au reste des diamants, il peut
Taloir 2,000 francs.
» En résumé, selon l'expertise de M.
Vanderheym, la ceinture est d'une va-
leur marchande de 5,500 à 6,000 fr. »
En admettant comme vraie la consul-
tation de M. Vanderheyem il faudrait en
conclure que M. Constans, que l'on re-
présente comme le plus madré des fonc-
tionnaires et le plus roublard des mi-
nistres, avait été fort au-dessous de sa
tâche.
« Dans un pays, comme le disait la
défunt Richaud, où la vénalité e|| à
l'ordre du jour », on ne comprendras
que le représentant de la France se soit
abaissé au point de vendre son influence
et de trafiquer de ses pouvoirs pour la
ridicule somme de six mille francs.
Si dans ce pays on achète un juge de
paix pour six mille francs, il était du
devoir du résident de fixer un taux plus
élevé. Sans quoi, quelle idée voulez-vous
que ce peuple ait de la France ? Il s'ima-
ginera que nous sommes à ce point une
nation infime: que nos fonctionnaires les
plus élevés n'atteignent pas à la hauteur
du plus avorté de leurs mandarins.
Et dans ce cas, au lieu d'accuser Cons-
tans de concussion, je j'accuserais, moi,
de trahison.
Mais, fort beusemnt, pour notre
influence surcés « races inférieures », la
version de Fernand Xau n'est pas exacte.
Constans est plus malin que cela. Et
quoique, dans son premier métier, en
Espagne, ce ne soit pas précisément de
l'or qu'il ait remué à la pelle, il n'est
pas homme à se laisser donner du dou-
blé pour de l'or et des culs de bouteille
- rien de celui de - Beaurepaire pour
des diamants à je ne sais combien de
carats. 'il
Constans qui a quelque littérature
Alorto fait bien des vers en attendant
l'IÎ!Í!ld n'est pas sans avpir tnjes
f
Rois Vn exil. Il s'est souvenu à propos
de l'exemple du petit souverain de Dal-
matie.
Il a donc enlevé à la ceinture les
diamants qui s'y trouvaient et les a rem-
placés par de vulgaires débris de cristal.
Et ce n'est qu'après avoir eu recours à
cette adroite substitution qu'il a fait esti-
mer le présent du roi Norodom.
La précaution est doublement bonne.
Elle n'est pas sans prudence à la veille
d'une restitution dé moins en moins
problématique.
Il reste en effet à savoir si les Fraon
çais qui ont assisté impassible au mar-
ché du jeu des trente-six-têtes voudront
se prêter à un autre jeu qui n'en comp-
terait alors pas moins de trente-six
millions.
LYS.
4
Une honteuse Fumisterie
On pouvait croire qu'après les révoca-
tions qu'il a prononcées, le gouvernement
aurait la pudeur de garder le silence.
On pouvait croire que les escarpes du
suffrage universel et de la liberté de pen-
sée se contenteraient de couvrir de leur
portefeuille, les ignominies qu'ils ont
commises, de donner pour toute raison
celle qui milite en leur maintien.
C'était mal juger l'outrecuidance des
hommes qui sont au pouvoir.
Voici que M. Yves Guyot a pris la pa-
role à Marennes, lieu bien fait peur y
parler devant un auditoire de choix et
tout à fait ministériel.
L'individu qui préside aux destinées
de notre agriculture et a qui seul appar-
tient le droit de distribuer le mérite
agricole, a prononcé les paroles sui-
vantes :
« Nous ne demandons pas aux fonc-
tionnaires de ne pas dire qu'ils sont
républicains. Nous considérons que c'est
leur devoir de manifester leurs sympathie
pour le gouvernement ».
Et le singulier pantin, continuant son
discours ostreicole, a ajouté :
« Dans tous pays libre on ne peut pas
demander que tous aient les mêmes
idées, mais ce que nous avons le droit de
demander, c'est le respect des institu-
tions. Si vous faites de l'opposition, fai-
tes-la constitutionnelle et non insurrec-
tionnelle ».
Ce qui revient à dire : Vous êtes libre
de penser ce que vous voulez, a la condi-
tion que votre façon de penser ne s'écarte
en aucune façon de celle professée par
les ministres. J,
C'est du moins la traduction qui res-
sort des faits.
Je me demande quel autre langage
aurait pu tenir un préfet de l'ordre moral
ou de l'empire.
.:::;;::':':':";':':1.1" .¡o"P-. ,,', ', t::'6; :',
L'OPIIÎION EN ZIG ZAG
J'ai donné il y a quelques jours l'opi-
nion du Républicain de Constantine sur
les révocations au moyen desquelles on
espère réduire le boulangisme ou plutôt
les boulangistes par la faim. Hier .je com-
mentais tout un article du Radical trai-
tant avec maestria Je même sujet.
Aujourd'hui, je suis heureux de voir
le Progrès de Sétif, suivre l'exemple de
son confrère de Constantine :
Dans notre dernier numéro, nous avons
fait part à nos lecteurs de la révocation de
M. Coly, conseiller de préfecture à Constan
tine.
Le Républicain, en commentant cette
mesure prise à l'égard d'un fonctionnaire
estimé de tous ceux qui l'approchaient re-
grette la décision du Gouvernement.
Nous joignons notre faible voix à celle de
notre confrère pour solliciter du gouverne-
ment qu'il revienne sur sa décision.
Le gouvernement ne reviendra pas sur
sa décision, mais nous ne sommes pas
moins heureux de voir des confrères qui
e partagent pas nos vues politiques,
mettre au-dessus de tout la vérité et la
justice.
L'incident du 1" zouaves n'est pas
clos.
Je croyais que les renseignements
fournis par plusieurs journaux seraient
suffisants pour réduire les faits à des
proportions moindres que celles four-
nies par la première version. Il n'en
est rien. Et le Radical de ce matin
écrit :
Notre récit était malheureusement exact
en tous points.
Deux zouaves sont bien morts de fati-
gue; qninze autres sont bien entrés à l'in-
firmerie, au retour de ces* fameux tirs de
combat.
Voilà le fait brutal.
Nos renseignements avaient d'ailleurs été
puisés à bonne source; ils défient la con-
tradiction.
Nous réclamons donc une enquête, qui
établira les responsabilités.
Au Patriote aussi nous sommes na-
turellement portés à prendre la défende
du faible. Aussi est-ce à des zouaves que
nous avons demandées renseignements
que nous avons fournis. Eux-mêmes ont
affirmé qu'un homme seul était mort
dans les conditions exposées par le Pe-
tit Colon et par nous.
Puisque nous nous trouvons devant
deux versions contradictoires, nous ne
nous opposons aucunement à ce qu'une
enquête soit ouverte. Nous nous joi-
gnons, au besoin, à notre confrère pour
la demander. ':.
- • ••̃ 4 • •; ̃
., :!Ln.j).OInttJ.y.!-,,:D'
es tt
ran. Jamais candidat malheureux ne sera
tombé ovec si peu de grâce, avec aussi
peu de grandeur. C'est plus qu'une
thute. C'est un aplatissement.
Voici quelles pelletées de terre on
pourrait écrire de cendre que le Ra-
dical jette sur M. Sabatier : :;I
Ce député est l'un des trois ou quatre
cents mandataires infidèles, traîtres à leur
mandat, qui ont eu l'audacieuse indignité
de rogner et tronçonner le suffrage univer-
sel par leur loi sur les candidatures multi-
ples et la mise en carte des candidats.
Ce n'est d'ailleurs là que le commen-
cement d'une hécatombe. Sabatier est le
premier d'une série qui sera longue.
Cette perspective donne à l'avance la
tremblotte aux Letellier et BourJier,
pour lequels la tribune d'une réunion
publique est une véritable butte de Mon-
te-à-regret.
L'exécution n'en est pas moins complète,
malgré la résistance du condamné ; et,
faut-il le dire, nous avons la dureté du
cœur de nous en réjouir et d'en féliciter les
exécuteurs, dans l'espoir4bndé que d'autres
et nombreuses exécutions ne tarderont pas
à suivre celle-ci :
Une dernière consolation reste à ces
peu intéressantes victimes de la gnilloti-
nade par le bulletin : C'est que M.
Constans, qui n'a pas toujours été mi-
nistre, leur montrera comment il faut
mettre le cou dans la lunette.
BRUNAY.
: *
.,,:' SIMPLE QUESTION
- Les règlements militaires interdisent,
on le sait, à tout officier d'écrire dans les
journaux, même pour démentir une ac-
cusation dont ils seraient l'objet.
Ils doiyent^ sous peine de punitions,
telles que les arrêts, demander à leur
chef hiérarchique, le ministre de la guer-
re, l'autorisation de poursuivre les diffa-
mateurs.
Cette autorisation n'est jamais refusée.
Dernièrement le eolonel Vincent était
puni non pour avoir écrit directement
à Y Intransigeant mais parce qu'une
lettre écrite confidentiellement à un ami
avait été reproduite par ce journal.
Dans ces conditions nous nous deman-
dons si la ministre de la guerre va ou ne
va pas sévir contre le général Thibaudin
qui vient d'écrire au Gil-Bkts une lettre
dont nos confrères algériens donnent un
résumé télégraphique.
Y aura-t H deux poids et deux mesu-
res ?
Devra-t-il être entendu que la corres-
pondance est autorisée avec les journaux
ministériels et interdite avec les autres ?
Nous attendons les évènements pour
le savoir. ,
i • ♦ , i. :–̃
CHOSgSaECTOflAJS
Un nos mis,. ;" ,
: Un de nos amis, qui "ne demeure pas ',:
loin d'Affreville, et qui est merveilleuse-
ment placé pour bien voir les choses,
nous écrit à propos du député Bourlier :
« Le n° de yotre journal du 7 août.
nous apprend que le mandat de conseil-
ler général de la circonscription d'Ai-
freville fera des jaloux ; déjà, le ban-
quier Jourdan se voit oblige de céder la
place à l'industriel Bourlier.
« Comme vous nous sommes persua-
dés que le potentat d'Affreville doit en
être fort affligé ; il est même probable
qu'il en fera nne sérieuse malaaie ; que
voulez-vous ; il y a si longtemps qu'il
cherche son bâton de maréchal, sans
pouvoir mettre la main dessus ;
« Il est fâcheux que notre voix ne
puisse être écoutée ; car nous donnerions
à M. Jourdan le conseil d'avoir moins
d'abnégation, s'il pe profite de l'oc-
casion qui lui est offerte, il ne la retrou-
vera certainement plus ;
Et puis on se fait vieux.
» D'ailleurs, qui l'oblige à courber
(11) FEUILLETON DU Patriote Algérien
PAR JULES MARY
̃S..̃; PREMIÈRE PARTIE,
":' Il' ,..:a ,.. J. 4 -' J:.
lie Château de la butte St-Louls.
,: - ,'" ..: VII - f
: ! 1 Moi aussi, je reposais. depuis si
longtemps je n'ai pas dormi. Pourquoi
m'asKtu: poussée ? .,; ';,
Pour te dire de ne pas être inquiète
•cette nuit* si tn ne me vois pas rentrer.
Je a* reviendrai peut-être que demain à
l'aube.
- Où vag.;.tu'
Tâcher de gagner un peu d'argents
Où? Comment 1 ,",
- C'est mon secret, la mère. Si
on te demande, tu diras que tu n'en sais
rien.
£ Ue n'insista pas et Guébriand sortit.
;f.'oJJI ^rigea vers Bois-lerBoy, longea
la grande rue, puis, au bout, prit une
deS& rueHe flanquée de pauvres maisons
et qui aboutissait à la campagne. Au rez-
e"'i a o
de-cbaussée d'une de ces maisons, une
fenêtre était éclairée et l'on entendait,
derrière, le bruit assourdi sur le cuir d'un
marteau de cordonnier.
Guébriand frappa au carreau.
La fenêtre s'ouvrit, laissant passer une
tête de paysan aux cheveux ras, toute ri-
dée, percée de deux petits yeux en vrille,
est vlfbrillants.
- Tiens, c'est vous, père Guébriand ?
- C'est moi, Lefoint.
Qu'est-ce que vous me voulez, si
tàrd ? *
- Vous dire deux mots.
Entrez, nous boirons une goutte
d'ean-de-vie. Ça fera descendre le
diner,,. hé I hé !
Guébriand sourit avec tristesse. Le
dîner. Quelle ironie 1 Pour faire la part
plus longue à Louise et à sa femme il
n'avait rien mangé.
Les logis où il entrait était presque
aussi pauvre,, aussi misérable que le
sien. Dans le fond, un lit en forme d'ar-
moire, un bahut, quelques mauvaises
chaises de paille. un grand baquet plein
d'eau dans lequel nageaient des pièces de
cuir, une petite table avec des outils de
cordonnier, et dans un coin, rangées
symétriquement, des formes en bois,
voilà tout ce qui composait l'ameuble-
ment de la chambre de Lefoint., Ajou-
tons, toutefois, qu'au-dessus de la che-
minée, sur la table de laquelle il y avait
des chandeliers, et des verres, était ac-
croché un fusil à deux coups, à piston,
très soigné, don; les canons d'acier lui-
saient comme de l'argent à la lumière
de la chandelle.
Lefoint rinça deux verres, les essuya,
dérangea les outils de sa table pour les
placer, et versa deux larges rasades
d'eau-de-vie,
- A la vôtre, père Guébriand.
- Ala vôtre, M. Lefoint.
Qu'est-ce que vous aviez à me dire?
Oh 1 je n'al rien à vous dire.. j'ai
seulement un service à vous demander.
- Demandez, faites-vous servir, père
Guébriand. Vous vous rappelez ce que
je vous ai dit l'année derniere : je bra-
connais dans la forêt, de votre côté, et
je venais de tuer un cnevreuu, quant
tout à coup j'entends le garde Frébaud.
Je décampe. laissant là mon che-
vreuil mais Frébaud me poursuit. Moi,
ça m'était égal d'être vu.. Braconner,
ça n'est pas légal, je le sais bien, mais
enfin, ce n'est pas un crime. - Mais ce
que je ne voulais pas, c'est qu'on me
prît mon fusil. Alors, je passe derrière
votre jardin. Vous étiez là, heureuse-
ment, en train de fumer votre pipe, je
vous jette mon fusils par-dessus la haie
criant : « Père Guébriand, cachez-le, »
Et prends; mes jambes à mon con, sou-
lage. Cet animal de Frébaud, qui est.iin
comme l'ambre, s'est douté de quelque
chose et vous a interrogé. vous n'avez
rien dit. père Guébriindi .,voilà ce que
je n'ai pas oublié.
Et le braconnier tendit la main à l'in-
firme qui ne fit aucune difficulté pour
.la serrer.
Et maintenant, dit Lefoint, voulez-
vous me dire comment je (pourrai vous
être utile ?.
Guébriand, chose bizare, hésitait.
Lefoint parut comprendre, et voulant
l'aider :
- Avez-vous besoin, pas vous, hé;
puisque vous n'avez point de place pour
les mettre, mais votre femme ou votre
fille. d'une paire de soulier à crédit ?
Non, ce n'est pas cela.
- Alors, quoi ? c'est donc rudement
grave, le service que vous sollicitez de
moi ?
Père Lefoint, prêtez-moi votre fu-
sil.
- Mon fusil ?. .'-
-¡Oui, pour une quinzaine, pas da-
vantage. -
Et qu'est-ce-que vous voulez en
faire, bonté de dieu ] Vous ne tenez pas
sur vos jambes, et vos mains tremblent
comme des 'feuilles quand le vent passe
dessus.
C'est égal, père Lefoint. autrefois
j'étais bon tireur. et peut-être bien
que maintenant avec peu de chan-
ce. en profitant d'unjmomeht ou mes
mains ne tremblent pas.
"Moi, vous savez, ce que en dis.
Vous ne refusez pas ?
Mais non, prenez mon fusil. ayez-
en soin par exemple. empêchez la
rouille en le graissant..
, Lefoint se tut, puis avec un cligne-
ment d'yeux et un sourire, en tendant
de nouveau la main à j'infirme :
Dites donc, père Guébriand ?
Quoi, monsieur Lefoint ?
- Nous vouions donc braconner un
peu ? ; • ,-,
Guiébriand baissa la t$e et rougit.
t Oui, dit-il. à la maison on a j £ ^m ;
- fille est malade etïng.peut travailler,
il faut bien qu'on la soigne, pas vrai ?.
Ma femme, non plus, n'est pas bien
portante. Il faut qu'elles, mangent !..
Quant à moi, je ne compte pas. Lors-
que je n'ai rien à mettre sous la dent,
comme hier et aujourd'hui, je serre ma
ceinture. diable 1 murmura Lifoint
- Pauvre diable 1 murmura Lefoint
ému.
Et tout haut ;
Et comment, vous en êtes réduit à
pareille misère ? Et vous comptez sur
quelques chevreuils pour vous remettre
à uot? Mais je vous le dis. vous ce
tuerez non vous tremblez trop.
Qui sait ?
Laissez-moi mon fusil, j'irai bracon-
ner à votre place. Nous partagerons.
Jamais, dit Goébriaod, avec Tiu- ,
cité. Ce que je vais faire est mai, je ne ,
LE PATRIOTE ALGERIEN
JOURNAL REPUBLICAIN NATIONAL
PRIX DE L'ABONNEMENT
Trois mois : 4,50 fr. Six mois : 9 fr. Un an : 18 fr. ,
POUR LA RÉDACTION, S'ADRESSER à M. LE RÉDACTEUR EN CHEF
- Les manuscrits non insérés ne seront pas. rendus.
Rédacteur en, chef: LYS DU PAC
RÉDACTION & ADMINISTRATION ,.
4, Place de la Préfecture.
LES ANNONCES SONT REÇUES AU BUREAU DU JOURNAL
ADRESSER LETTRES ET MANDATS A M. L'ADMINISTRATEUR
Insertions des Annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 48 août 48S9.
LE PRIX
D'UNE
CEINTURE
Depuis la ceinture de Vénus et les
ceintnres de chasteté, dont quelques spé-
mens peuvent se voir encore au musée
de Cluny avis aux algériens mariés
qui vont à l'Exposition universelle il
n'en est aucune qui ait fait autant de
bruit que celle de Constans, le Benjamin
Constans du roi Norodom.
Elle est en or et vaut un million,.
ont dit les boulangistes qui ont appris à
demander eux aussi d'où vient l'argent.
Elle est en toc et vaut six mille:
francs au plus ont répondu les échos
ministériels.
La meilleure façon de trancher le dif-
férend était naturellement de demander
leur avis à une série d'experts.
On aurait su dans les vingt-quatre
heures à quoi s'en tenir.
Au iieu de cela, nous avons l'apprécia-
tion d'un certain Fernand Xau, qui pas:
sait jusqu'à ce jour pour le chef du re-
portage parisien et qui vien de se révé-
ler comme chef de repêchage, ce qni
n'est pas la même chose.
Demandez à Letellier.
Fernand Xau a interviewé un banquier
à désinance allemande ou hollandaise, un
nom en eyen quelconque, lequel ban-:
lesniams la JATRIOOSE CHTEP*
ture, et la réponse a été la suivante :
« La ceinture se compose d'un large
ruban d'or qui pèse 445 grammes d'or,
en comprenant l'agrafe du milieu ce
qui fait, à 2 fr. 50, une somme de
1,425 francs. L'agrafe est, en réalité,
une plaque dans laquelle figurent au
milieu une grosse pierre entourée de
quatre diamants moyens et, tout autour,
une assez grande quantité de roses et
de diamants.
« La pierre du milieu, un brillant
jaune, ne serait pas d'une réalisation fa-
cile à 1.500 francs.
» Quant au reste des diamants, il peut
Taloir 2,000 francs.
» En résumé, selon l'expertise de M.
Vanderheym, la ceinture est d'une va-
leur marchande de 5,500 à 6,000 fr. »
En admettant comme vraie la consul-
tation de M. Vanderheyem il faudrait en
conclure que M. Constans, que l'on re-
présente comme le plus madré des fonc-
tionnaires et le plus roublard des mi-
nistres, avait été fort au-dessous de sa
tâche.
« Dans un pays, comme le disait la
défunt Richaud, où la vénalité e|| à
l'ordre du jour », on ne comprendras
que le représentant de la France se soit
abaissé au point de vendre son influence
et de trafiquer de ses pouvoirs pour la
ridicule somme de six mille francs.
Si dans ce pays on achète un juge de
paix pour six mille francs, il était du
devoir du résident de fixer un taux plus
élevé. Sans quoi, quelle idée voulez-vous
que ce peuple ait de la France ? Il s'ima-
ginera que nous sommes à ce point une
nation infime: que nos fonctionnaires les
plus élevés n'atteignent pas à la hauteur
du plus avorté de leurs mandarins.
Et dans ce cas, au lieu d'accuser Cons-
tans de concussion, je j'accuserais, moi,
de trahison.
Mais, fort beusemnt, pour notre
influence surcés « races inférieures », la
version de Fernand Xau n'est pas exacte.
Constans est plus malin que cela. Et
quoique, dans son premier métier, en
Espagne, ce ne soit pas précisément de
l'or qu'il ait remué à la pelle, il n'est
pas homme à se laisser donner du dou-
blé pour de l'or et des culs de bouteille
- rien de celui de - Beaurepaire pour
des diamants à je ne sais combien de
carats. 'il
Constans qui a quelque littérature
Alorto fait bien des vers en attendant
l'IÎ!Í!ld n'est pas sans avpir tnjes
f
Rois Vn exil. Il s'est souvenu à propos
de l'exemple du petit souverain de Dal-
matie.
Il a donc enlevé à la ceinture les
diamants qui s'y trouvaient et les a rem-
placés par de vulgaires débris de cristal.
Et ce n'est qu'après avoir eu recours à
cette adroite substitution qu'il a fait esti-
mer le présent du roi Norodom.
La précaution est doublement bonne.
Elle n'est pas sans prudence à la veille
d'une restitution dé moins en moins
problématique.
Il reste en effet à savoir si les Fraon
çais qui ont assisté impassible au mar-
ché du jeu des trente-six-têtes voudront
se prêter à un autre jeu qui n'en comp-
terait alors pas moins de trente-six
millions.
LYS.
4
Une honteuse Fumisterie
On pouvait croire qu'après les révoca-
tions qu'il a prononcées, le gouvernement
aurait la pudeur de garder le silence.
On pouvait croire que les escarpes du
suffrage universel et de la liberté de pen-
sée se contenteraient de couvrir de leur
portefeuille, les ignominies qu'ils ont
commises, de donner pour toute raison
celle qui milite en leur maintien.
C'était mal juger l'outrecuidance des
hommes qui sont au pouvoir.
Voici que M. Yves Guyot a pris la pa-
role à Marennes, lieu bien fait peur y
parler devant un auditoire de choix et
tout à fait ministériel.
L'individu qui préside aux destinées
de notre agriculture et a qui seul appar-
tient le droit de distribuer le mérite
agricole, a prononcé les paroles sui-
vantes :
« Nous ne demandons pas aux fonc-
tionnaires de ne pas dire qu'ils sont
républicains. Nous considérons que c'est
leur devoir de manifester leurs sympathie
pour le gouvernement ».
Et le singulier pantin, continuant son
discours ostreicole, a ajouté :
« Dans tous pays libre on ne peut pas
demander que tous aient les mêmes
idées, mais ce que nous avons le droit de
demander, c'est le respect des institu-
tions. Si vous faites de l'opposition, fai-
tes-la constitutionnelle et non insurrec-
tionnelle ».
Ce qui revient à dire : Vous êtes libre
de penser ce que vous voulez, a la condi-
tion que votre façon de penser ne s'écarte
en aucune façon de celle professée par
les ministres. J,
C'est du moins la traduction qui res-
sort des faits.
Je me demande quel autre langage
aurait pu tenir un préfet de l'ordre moral
ou de l'empire.
.:::;;::':':':";':':1.1" .¡o"P-. ,,', ', t::'6; :',
L'OPIIÎION EN ZIG ZAG
J'ai donné il y a quelques jours l'opi-
nion du Républicain de Constantine sur
les révocations au moyen desquelles on
espère réduire le boulangisme ou plutôt
les boulangistes par la faim. Hier .je com-
mentais tout un article du Radical trai-
tant avec maestria Je même sujet.
Aujourd'hui, je suis heureux de voir
le Progrès de Sétif, suivre l'exemple de
son confrère de Constantine :
Dans notre dernier numéro, nous avons
fait part à nos lecteurs de la révocation de
M. Coly, conseiller de préfecture à Constan
tine.
Le Républicain, en commentant cette
mesure prise à l'égard d'un fonctionnaire
estimé de tous ceux qui l'approchaient re-
grette la décision du Gouvernement.
Nous joignons notre faible voix à celle de
notre confrère pour solliciter du gouverne-
ment qu'il revienne sur sa décision.
Le gouvernement ne reviendra pas sur
sa décision, mais nous ne sommes pas
moins heureux de voir des confrères qui
e partagent pas nos vues politiques,
mettre au-dessus de tout la vérité et la
justice.
L'incident du 1" zouaves n'est pas
clos.
Je croyais que les renseignements
fournis par plusieurs journaux seraient
suffisants pour réduire les faits à des
proportions moindres que celles four-
nies par la première version. Il n'en
est rien. Et le Radical de ce matin
écrit :
Notre récit était malheureusement exact
en tous points.
Deux zouaves sont bien morts de fati-
gue; qninze autres sont bien entrés à l'in-
firmerie, au retour de ces* fameux tirs de
combat.
Voilà le fait brutal.
Nos renseignements avaient d'ailleurs été
puisés à bonne source; ils défient la con-
tradiction.
Nous réclamons donc une enquête, qui
établira les responsabilités.
Au Patriote aussi nous sommes na-
turellement portés à prendre la défende
du faible. Aussi est-ce à des zouaves que
nous avons demandées renseignements
que nous avons fournis. Eux-mêmes ont
affirmé qu'un homme seul était mort
dans les conditions exposées par le Pe-
tit Colon et par nous.
Puisque nous nous trouvons devant
deux versions contradictoires, nous ne
nous opposons aucunement à ce qu'une
enquête soit ouverte. Nous nous joi-
gnons, au besoin, à notre confrère pour
la demander. ':.
- • ••̃ 4 • •; ̃
., :!Ln.j).OInttJ.y.!-,,:D'
es tt
ran. Jamais candidat malheureux ne sera
tombé ovec si peu de grâce, avec aussi
peu de grandeur. C'est plus qu'une
thute. C'est un aplatissement.
Voici quelles pelletées de terre on
pourrait écrire de cendre que le Ra-
dical jette sur M. Sabatier : :;I
Ce député est l'un des trois ou quatre
cents mandataires infidèles, traîtres à leur
mandat, qui ont eu l'audacieuse indignité
de rogner et tronçonner le suffrage univer-
sel par leur loi sur les candidatures multi-
ples et la mise en carte des candidats.
Ce n'est d'ailleurs là que le commen-
cement d'une hécatombe. Sabatier est le
premier d'une série qui sera longue.
Cette perspective donne à l'avance la
tremblotte aux Letellier et BourJier,
pour lequels la tribune d'une réunion
publique est une véritable butte de Mon-
te-à-regret.
L'exécution n'en est pas moins complète,
malgré la résistance du condamné ; et,
faut-il le dire, nous avons la dureté du
cœur de nous en réjouir et d'en féliciter les
exécuteurs, dans l'espoir4bndé que d'autres
et nombreuses exécutions ne tarderont pas
à suivre celle-ci :
Une dernière consolation reste à ces
peu intéressantes victimes de la gnilloti-
nade par le bulletin : C'est que M.
Constans, qui n'a pas toujours été mi-
nistre, leur montrera comment il faut
mettre le cou dans la lunette.
BRUNAY.
: *
.,,:' SIMPLE QUESTION
- Les règlements militaires interdisent,
on le sait, à tout officier d'écrire dans les
journaux, même pour démentir une ac-
cusation dont ils seraient l'objet.
Ils doiyent^ sous peine de punitions,
telles que les arrêts, demander à leur
chef hiérarchique, le ministre de la guer-
re, l'autorisation de poursuivre les diffa-
mateurs.
Cette autorisation n'est jamais refusée.
Dernièrement le eolonel Vincent était
puni non pour avoir écrit directement
à Y Intransigeant mais parce qu'une
lettre écrite confidentiellement à un ami
avait été reproduite par ce journal.
Dans ces conditions nous nous deman-
dons si la ministre de la guerre va ou ne
va pas sévir contre le général Thibaudin
qui vient d'écrire au Gil-Bkts une lettre
dont nos confrères algériens donnent un
résumé télégraphique.
Y aura-t H deux poids et deux mesu-
res ?
Devra-t-il être entendu que la corres-
pondance est autorisée avec les journaux
ministériels et interdite avec les autres ?
Nous attendons les évènements pour
le savoir. ,
i • ♦ , i. :–̃
CHOSgSaECTOflAJS
Un nos mis,. ;" ,
: Un de nos amis, qui "ne demeure pas ',:
loin d'Affreville, et qui est merveilleuse-
ment placé pour bien voir les choses,
nous écrit à propos du député Bourlier :
« Le n° de yotre journal du 7 août.
nous apprend que le mandat de conseil-
ler général de la circonscription d'Ai-
freville fera des jaloux ; déjà, le ban-
quier Jourdan se voit oblige de céder la
place à l'industriel Bourlier.
« Comme vous nous sommes persua-
dés que le potentat d'Affreville doit en
être fort affligé ; il est même probable
qu'il en fera nne sérieuse malaaie ; que
voulez-vous ; il y a si longtemps qu'il
cherche son bâton de maréchal, sans
pouvoir mettre la main dessus ;
« Il est fâcheux que notre voix ne
puisse être écoutée ; car nous donnerions
à M. Jourdan le conseil d'avoir moins
d'abnégation, s'il pe profite de l'oc-
casion qui lui est offerte, il ne la retrou-
vera certainement plus ;
Et puis on se fait vieux.
» D'ailleurs, qui l'oblige à courber
(11) FEUILLETON DU Patriote Algérien
PAR JULES MARY
̃S..̃; PREMIÈRE PARTIE,
":' Il' ,..:a ,.. J. 4 -' J:.
lie Château de la butte St-Louls.
,: - ,'" ..: VII - f
: ! 1 Moi aussi, je reposais. depuis si
longtemps je n'ai pas dormi. Pourquoi
m'asKtu: poussée ? .,; ';,
Pour te dire de ne pas être inquiète
•cette nuit* si tn ne me vois pas rentrer.
Je a* reviendrai peut-être que demain à
l'aube.
- Où vag.;.tu'
Tâcher de gagner un peu d'argents
Où? Comment 1 ,",
- C'est mon secret, la mère. Si
on te demande, tu diras que tu n'en sais
rien.
£ Ue n'insista pas et Guébriand sortit.
;f.'oJJI ^rigea vers Bois-lerBoy, longea
la grande rue, puis, au bout, prit une
deS& rueHe flanquée de pauvres maisons
et qui aboutissait à la campagne. Au rez-
e"'i a o
de-cbaussée d'une de ces maisons, une
fenêtre était éclairée et l'on entendait,
derrière, le bruit assourdi sur le cuir d'un
marteau de cordonnier.
Guébriand frappa au carreau.
La fenêtre s'ouvrit, laissant passer une
tête de paysan aux cheveux ras, toute ri-
dée, percée de deux petits yeux en vrille,
est vlfbrillants.
- Tiens, c'est vous, père Guébriand ?
- C'est moi, Lefoint.
Qu'est-ce que vous me voulez, si
tàrd ? *
- Vous dire deux mots.
Entrez, nous boirons une goutte
d'ean-de-vie. Ça fera descendre le
diner,,. hé I hé !
Guébriand sourit avec tristesse. Le
dîner. Quelle ironie 1 Pour faire la part
plus longue à Louise et à sa femme il
n'avait rien mangé.
Les logis où il entrait était presque
aussi pauvre,, aussi misérable que le
sien. Dans le fond, un lit en forme d'ar-
moire, un bahut, quelques mauvaises
chaises de paille. un grand baquet plein
d'eau dans lequel nageaient des pièces de
cuir, une petite table avec des outils de
cordonnier, et dans un coin, rangées
symétriquement, des formes en bois,
voilà tout ce qui composait l'ameuble-
ment de la chambre de Lefoint., Ajou-
tons, toutefois, qu'au-dessus de la che-
minée, sur la table de laquelle il y avait
des chandeliers, et des verres, était ac-
croché un fusil à deux coups, à piston,
très soigné, don; les canons d'acier lui-
saient comme de l'argent à la lumière
de la chandelle.
Lefoint rinça deux verres, les essuya,
dérangea les outils de sa table pour les
placer, et versa deux larges rasades
d'eau-de-vie,
- A la vôtre, père Guébriand.
- Ala vôtre, M. Lefoint.
Qu'est-ce que vous aviez à me dire?
Oh 1 je n'al rien à vous dire.. j'ai
seulement un service à vous demander.
- Demandez, faites-vous servir, père
Guébriand. Vous vous rappelez ce que
je vous ai dit l'année derniere : je bra-
connais dans la forêt, de votre côté, et
je venais de tuer un cnevreuu, quant
tout à coup j'entends le garde Frébaud.
Je décampe. laissant là mon che-
vreuil mais Frébaud me poursuit. Moi,
ça m'était égal d'être vu.. Braconner,
ça n'est pas légal, je le sais bien, mais
enfin, ce n'est pas un crime. - Mais ce
que je ne voulais pas, c'est qu'on me
prît mon fusil. Alors, je passe derrière
votre jardin. Vous étiez là, heureuse-
ment, en train de fumer votre pipe, je
vous jette mon fusils par-dessus la haie
criant : « Père Guébriand, cachez-le, »
Et prends; mes jambes à mon con, sou-
lage. Cet animal de Frébaud, qui est.iin
comme l'ambre, s'est douté de quelque
chose et vous a interrogé. vous n'avez
rien dit. père Guébriindi .,voilà ce que
je n'ai pas oublié.
Et le braconnier tendit la main à l'in-
firme qui ne fit aucune difficulté pour
.la serrer.
Et maintenant, dit Lefoint, voulez-
vous me dire comment je (pourrai vous
être utile ?.
Guébriand, chose bizare, hésitait.
Lefoint parut comprendre, et voulant
l'aider :
- Avez-vous besoin, pas vous, hé;
puisque vous n'avez point de place pour
les mettre, mais votre femme ou votre
fille. d'une paire de soulier à crédit ?
Non, ce n'est pas cela.
- Alors, quoi ? c'est donc rudement
grave, le service que vous sollicitez de
moi ?
Père Lefoint, prêtez-moi votre fu-
sil.
- Mon fusil ?. .'-
-¡Oui, pour une quinzaine, pas da-
vantage. -
Et qu'est-ce-que vous voulez en
faire, bonté de dieu ] Vous ne tenez pas
sur vos jambes, et vos mains tremblent
comme des 'feuilles quand le vent passe
dessus.
C'est égal, père Lefoint. autrefois
j'étais bon tireur. et peut-être bien
que maintenant avec peu de chan-
ce. en profitant d'unjmomeht ou mes
mains ne tremblent pas.
"Moi, vous savez, ce que en dis.
Vous ne refusez pas ?
Mais non, prenez mon fusil. ayez-
en soin par exemple. empêchez la
rouille en le graissant..
, Lefoint se tut, puis avec un cligne-
ment d'yeux et un sourire, en tendant
de nouveau la main à j'infirme :
Dites donc, père Guébriand ?
Quoi, monsieur Lefoint ?
- Nous vouions donc braconner un
peu ? ; • ,-,
Guiébriand baissa la t$e et rougit.
t Oui, dit-il. à la maison on a j £ ^m ;
- fille est malade etïng.peut travailler,
il faut bien qu'on la soigne, pas vrai ?.
Ma femme, non plus, n'est pas bien
portante. Il faut qu'elles, mangent !..
Quant à moi, je ne compte pas. Lors-
que je n'ai rien à mettre sous la dent,
comme hier et aujourd'hui, je serre ma
ceinture. diable 1 murmura Lifoint
- Pauvre diable 1 murmura Lefoint
ému.
Et tout haut ;
Et comment, vous en êtes réduit à
pareille misère ? Et vous comptez sur
quelques chevreuils pour vous remettre
à uot? Mais je vous le dis. vous ce
tuerez non vous tremblez trop.
Qui sait ?
Laissez-moi mon fusil, j'irai bracon-
ner à votre place. Nous partagerons.
Jamais, dit Goébriaod, avec Tiu- ,
cité. Ce que je vais faire est mai, je ne ,
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