Titre : Patriote algérien : paraissant les mardi et samedi / directeur-gérant M. Vidal-Chalom
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1889-08-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32833915w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 août 1889 11 août 1889
Description : 1889/08/11 (A4,N305). 1889/08/11 (A4,N305).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6358775x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87303
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/10/2012
- - -' - -
Nt) 30S. Quatrième année. -,. CINO CENTIMES Dimanche, 11 Août 1889.
LE MM i Ti MKKAMTË F U fiERIEV
JOURNAL REPUBLICAIN'----NA'i"IONAL
PRIX DE ti'ABOXIVEMElVT
Trois mois : 4,50 fr. Six mois : 9 fr. Un an : 18 fr.
POUR LA RÉDACTION, S'ADRESSER à M. LE RÉDACTEUR EN CHEF
Les manuscrits non insérés ne seront pas rendus.
Rédacteur en olief : LYS DU PAC
RÉDACTIOJV & ADMINISTRATION
4, Place de la Préfecture.
LES ANNONCES SONT REÇUES AU BUREAU DU JOURNAL
ADRESSER LETTRES ET MANDATS A M. L'ADMINISTRATEUR
Insertions des Annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité, des procédures et contrats
Alger, le 10 août 4889.
UH MANDAT
La constatation vaut la peine d'être
faite : de tous les députés d'Algérie, le
seul qui ait songé à rendre compte de
son mandat est celui qui a décidé de ne
plus se reporter devant ses électeurs,
pour leur demander leurs suffrages.
Les autres, ceux qui voudraient
renouveler pour quatre années encore
un bail qui leur a été profitable, se tien-
nent prudemment sur la réserve. Agis-
sant au rebours de certains particuliers,
ce n'est pas déménager qu'ils veulent,
mais emmenager à la cloche de bois.
Ils guettent donc l'occasion de rentrer
au Palais-Bourbon avec leur clique et
leurs claques. Comment cela se fera, ils
n'en savent rien eux-mêmes. Mais ils
ont tellement vu distribuer de pots-de-
vin autour d'eux, qu'ils comptent, sans
̃ doute, sur la protection du Dieu des
ivrognes leur arrivant par ricochet.
En y réfléchissant bien, je ne m'expli-
que pas cette terreur qu'ont les élus de
jadis pour leurs électeurs. Il leur serait
aisé d'en réunir un couple de mille dans
une salle, et de leur dire en prenant cet
air bonhomme, « bon garçon », qui a
toujours été tout droit au cœur des
masses :
« Mes chers concitoyens,
» Des journaux mal intentionnés me
demandent quotidiennement ce que j'ai
fait pendant mes longues années de lé-
gislature. Il faut vraiment leur mauvaise
foi et ieur parti-pris de ne rien vouloir
connaître pour me poser de pareilles in-
terrogations.
» C'est à eux de me dire, et votre ver-
dict vous le prouvera en toute connais-
sance de cause, si j'ai rempli mon man-
dat, si j'ai été fidèle à mes engagements,
si j'ai tenu mes promesses. Ce que je
sais, c'est que pas un jour, pas une
heure, pas un moment ne se sont écou-
lés sans que j'aie pensé à vous.
« Mon oeuvre, je la résume en quel-
ques mots : J'ai relevé la famille; je me
suis occupé de la question toujours si
palpitante de la séparation de l'Eglise et
de l'Etat ; l'agriculture, question de vie
ou de mort pour notre belle Algérie, a
été l'objet de toutes mes sollicitudes :
j'ai demandé la justice pour tous, la
vraie, la bonne, la grande justice, etc.
» Je dis ele., car vous comprenez bien
qu'il m'est difficile en quelques heures
de feuilleter avec vous la collection de
l'Officiel pendant quatre ans.
» Lisez-la, et vous m'en direz des nou-
velles. »
Il est certain que si les électeurs pre-
naient à la lettre le conseil contenu
dans la dernière phrase du discours de
leur député sortant, ils verraient passer
de l'eau sous le pont de l'Harrach avant
d'avoir pu prendre une détermination.
Ce travail de lecture, en plus qu'il leur
prendrait une série de mois, aurait pour
effet immédiat de les plonger dans un
état d'ahurissement suffisant pour les
convaincre d'opportunisme.
Il vaut donc mieux s'en rapporter aux
affirmations du député, quitte à voir
dans quelle mesure il a fait ce qu'il an-
nonce et comment ses paroles doivent
être interprétées.
IL A RELEVÉ LA FAMILLE. C'est-à-dire il
a casé avantageusement tous ceux qui,
par alliance ou par naissance, lui tenaient
de près. C'est ainsi que l'Officiel a enre-
gistré une série de nominations contre
lesquelles il a été vivement protesté. Le
résultat de ce culte pour la famille a été
de semer l'aisance là où la gène était
voisine de la misère.
Ceux qui ont agi différemment et qui
s'en font un brevet d'anti-népotisme, sont
ceux qui, célibataires ou à peu près,
n'ont eu personne à oaser.
JE ME SUIS OCCUPÉ .-.DE LA QUESTION SI
IMPORTANTE PE U SÉPARATION DE L'EGLISE
,.- - .-. .--= - K S a'. -, ---- -f
ET DE I ETAT.
Cette question n'a pas été résolue.
Voici pourquoi : le moment n'était pas
encore opportun.
Bien entendu, s'il ne s'était agi que
des églises catholique, protestante, is-
raélite, musulmane, la chose eut été ra-
pidement faite. Mais un culte nouveau
avaitsurgi, dont personneine parlait et que
beaucoup pratiquaient : le culte du Veau
d'Or. Ce culte ayant pour dogme princi-
pal l'entretien de ses adeptes, et cet en-
tretien devant incomber à l'Etat, on s'est
bien gardé de prononcer une séparation,
et de supprimer un budget dont on vivait
après tout.
La séparation ne sera jamais impé-
rieusement exigée que par les candidats
blakboules auxquels aucune compensa-
tion n'aura été attribuée.
L'AGRICULTURE, QUESTION DE VIE ET DE
MORT POUR NOTRE BELLE ALGÉRIE ,A ÉTÉ
L'OBJET DE TOUTES MES SOLLICITUDES.
J'te crois ! Il suffit de voir quelle
quantité de terrain a été achetée par
certains députés au cours de leur man-
dat.
Maintenant, ils peuvent objecter qu'en
travaillant pour eux ils travaillent pour
le pays. Le prêteur à la petite semaine
dit bien aussi et aussi bien, que ce qu'il
fait c'est pour rendre service.
J'AI DEMANDÉ LA JUSTICE. Le fait est
que le député sortant a été vu place Ven-
dôme. Il ne regardait pas la colonne
afin d'être fier d'être français, mais il
allait voir le ministre. Et ses demandes
concernant la justice ont toutes porté
sur des nominations d'huissiers, de ju-
ges de paix, d'avoués, de notaires.
Etc.
Voilà, résumé en quelques lignes, le
mandat des députés algériens.
Je passe sur certains détails, dont
l'importance est secondaire. Exemples :
les coups échangés salle des Pas-Perdus
(de la Chambre, ne pas confondre) ; la
nomination de Richard, l'histoire du se-
cret de l'octroi de mer.
Où irions-nous en cherchant la petite
bête ?
Qnand un ministre tel que Constans
en met trente-six d'un coup en circula-
tion, et des grosses encore, s'il faut en
juger parce qu'elles lui ont -rapporté, il
est malséant Je se montrer trop méticu-
leux
LYS.
I
LA FIN B'Ùfl DÉPOTÉ
";",'::."! ,'" .;\-?;;, ,,:.>,-j;,,",-"":r.
M. Sabatier a rendu compte de son
mandat A Oran, on a pu voir par nos
dépêches quel accueil il avait été fait à
ses déclarations.
Ce sont ses adversaires politiques qui
ont été acclamés.
A Bel-Abbés, paraît-il, les électeurs
ont montré moins d'entêtement. Ils se
sont laissé convaincre, presque toucher.
Ce sont les journaux amis de M. Sabatier
qui parlent et pourtant j'accepte leurs
raisons sans difficulté.
Mais ces mêmes journaux m ont fait
quelque peu sourire. Vous allez voir
pourquoi
Voici l'Avenir de Bel-Abbès qui écrit:
M, Sabatier se retire de la vie politique
et, loyalement, il a expliqué le motif de sa
retraite. « Je n'ai pas, a-t-il dit, tes six
mille francs nécessaires pour subvenir aux
frais de mon élection. »
Un point. C'est tout.
Comment, l'Avenir de Bel-A bbès re-
eonnaît toutes les qualités au député
sortant, il estime que M. Sabatier peut
faire beaucoup pour l'Algérie ; et quand
il apprend par le député lui-même, que
la seule raison qui l'dmpêche de se re-
présenter est le manque de six mille
francs, de six billets de mille francs, pas
plus, il ne met pas la main à la poche
et ne convie pas ses lecteurs à en faire
autant ?
L'A venir de Bel-Abbès parle du suc-
cès obtenu par M. Sabatier en réunion
publique. Que ne profite-t-il de cette ex-
cellente disposition d'esprit pour ouvrir
une souscription. A moins d'admettre
que tant d'électeurs ne soient amis que
jusqu'à la bourse exclusivemènt, c'est le
diable si l'on ne parviendrait pas, dans
toute une circonscription, à réunir six
mille francs: cinquante centimes par tête.
Mais il paraît que c'est au gouverne-
ment qu'il appartient de payer les servi-
ces rendus par M. Sabatier à la bonne
cause.
L'Avenir de Bel-Abbès le dit :
Il espère rentrer dans l'administration et
obtenir la récompense à laquelle lui donnent
droit ses 12 années de service.
La même thèse est soutenue par la
Tafna qui,après avoir fait connaître que
les Bel-Abbésiens ont voté un ordre du
jour de confiance ou plutôt de remer-
ciments au député sortant, ajoute :
Nous espérons bien lui voir obtenir à bref
délai la juste récompense que mérite son
dévouement à la République et à la France.
Ma foi, qu'on lui donne un emploi,
je n'y vois pas d'inconvénient. Mais pour
deux mois, est-ce réellement la peine ?
A la place de mon confrère oranais, je
ferais une souscription, ou bien je don-
nerais une représentation à bénéfice au
cirque Benayan, n'importe où. La chose
serait originale eî>ne "p.{Ae'
succès. ; • : -' - -'
Six mille francs 1 Est-ce que pour six
mille francs les électeurs vont lâcher leur
député ?
Un jour, M. Sabatier descendait de la
tribune. Il venait de faire, à sa façon, le
procès du général Boulanger. Il avait
mis dans ses expressions une telle cru-
dité, une telle grossièreté, qu'un de ses
collègues ne put s'empêcher de l'appeler
« chacal puant. »
Ayant omis de lire le Journal officiel,
j'en étais encore à me demander si cette
épithète accolée au nom du député ora-
nais n'était pas exagérée.
Aujourd'hui j'ai sous les yeux le
compte rendu fait par le Sud Oranais,
de la réunion publique de Bel-Abbès.
Ce renseignement complètera les rensei-
gnements déjà donnés :
Il fait l'historique et le procès de ce parti
avec une violence et une dureté d'expressions
peu communes. Les boulangistes sont des
crapules, le produit de la boue infecte des
égouts de Paris. Ceux qui les soutiennent,
des souteneurs et des journalistes vendus.
Le journal Bel-Abbésien ajoute avec un
sang-froid dont je le remerçie de me
donner l'exemple :
Les électeurs ont, en outre, trouvé de très
mauvais goût les violentes attaques de M.
Sabatier contre le boulangisme. Nous ne
sommes pas boulangistes, surtout depuis le
départ du général à l'étranger, mais nous
avons éprouvé un grand écœurement en
voyant trainer dans la boue un homme dont
le seul crime, somme toute, consiste à n'a-
voir pas les mêmes opinions que ceux qui
sont au pouvoir.
- Je serai sobre de commentaires.
M. Sabatier dit qu'il a besoin d'une
place pour vivre, qu'il est pauvre'.
Cette considération n'est pas suffisante
pour l'excuser. Il pouvait s'aplatir
moins durement pour sa dignité–devant
le gouvernement dont il attend du pain.
L'OPINIONJN ZIG ZAG
L'Akhbar écrit : « nous avons enfin
sous les yeux le long factum que Bou-
langer adresse à la lune. » Cette entrée
en matière peut faire croire que J'Akhbar
a été chercher bien loin, en une excur-
sion selenique, un document qu'il pou-
vait trouver plus près.
Les impressions et appréciations se
ressentent de ce lointain voyage. Elles
sont quelque peu cahotées. Et comme,
quoi qu'on fasse, on subit forcément l'in-
fluence du milieu, les conclusions de
mon confrère sont un peu comme la
lune, dont il dit revenir.
C'est ainsi, en effet, qu'il termine son
article :
Heureusement que le Peuple commence à ,
.iJ'- ,l.;û;> , 'æ,'tiJIet l''
prouvé. : *
Or, il s'est écoulé tellement de temps
depuis le scrutin auquel il est fait allu-
sion, que même en étant abonné à
l'Agence Havas on n'est plus excusable
de ne pas connaître la vérité. Les jour-
naux de France nous l'ont apportée à
des milliers d'exemplaires.
Nous disons, nous boulangistes, qne
le scrutin du 28 juillet n'a rien prouvé.
Nous soutenons, respectueux que nous
sommes de la République, que des élec-
tions faites sur d'étroites questions lo-
cales ne sauraient avoir aucune portée
politique. Si elles ont servi à débarras-
ser le pays des Wilson, des Trarieux,
des Dauphin et d'une quantité de Rey-
nal, c'est que dans certaines circons-
criotions la souci de l'honneur national
- -- -
l'a emporté sur toute autre considération.
Maintenant, YAkhbar veut-il à toute
force attribuer une portée politique aux
élections du 28 ?
Dans ce cas, ce n'est plus nous qui
répondrons, ce n'est pas moi surtout ; :
ce seront les journaux réactionnaires
qui chantent victoire, et qui prennent
(8) FEUILLETON DU Patriote Algérien
MHMAm)M
PAR JULES MARY
PREMIÈRE PARTIE
Le Château de la batte St-Lonis.
1
- Assez sur ce sujet. j'ai dit ja-
mais I.
Il passa. Un mot de Maurice l'arrêta,
fondrové.
C'est bien, mon père, disait le
jeune homme, j'attendrai qu'après vingt-
cinq ans la loi me donne le droit de
me marier sans votre consentement.
Fargeas était pâle comme un mort.
Heureusement les lumières du château
n'arrivaient pas jusque-là. Son fils ne
remarqua rien.
Il balbutia :
Je ne crois pas que vous me man-
querez de respect au point de m'envoyer
des sommations légaies. Non, Mau-
rice, je ne le crois pas.
Il fit quelques pas pour s'éloigner,
puis, tout à coup, il revint :
- Retenez bien ce que je vais vous
dire. monsieur. ne me poussez pas
à bout, car s'il vous arrivait d'oubliers
vos devoirs envers moi. je saurais
mettre un obstacle à votre mariage.
même après vos sommations respec-
tueuses.
Et cette fois il partit.
VI
Deux jours après la perte de son pro-
cès, Guébriand vit entrer chez lui
Chatouret.
L'huissier avait un sourire un peu
contraint.
Il garda son chapeau sur la tête.
Bonjour, monsieur Chatouret, dit
l'infirme avec un serrement de cœur.
Les rôles avaient changé.
Huit jours avant, Guébriand appelait
l'huissier; « père Chatouret » et lui pro-
mettait ses affaires, une fois le procès
gagné Maintenant, c'était Chatouret qui
le saluait à peine et le traitait avec fa-
miliarité. Le vieux était trop accablé
pour saisir la nuance.
Vous êtes gentil de venir me voir,
dans un moment ou je suis dans la
peine. Car on vous a certainement dit
que j'avais perdu mon procès ?.
Oui, dit l'huissier avec une cer-
taine hésitation, et si je suis ici, c'est
un peu pour ça.
- Ah 1 est-ce que vous auriez un con-
seil à me donner ?. -est-ce que vous
croyez possible de.
Oh 1 là, là, père Guébriand, .ne
vous enflammez pas. il ne s'agit pas
de conseil, au moins pour l'instant.
mais d'une petite réclamation.
- De qui ?
- De votre propriétaire.
- De M. Ternaire ?
- Oui.
- Et qu'est-ce qu'il demande, M.
Ternaire ?
Dam 1 vous le savez aussi bien que
moi, père Guébriand. Vous louez cette
maison pour cent cinquante francs par
an. Il y a deux ans que vous l'occupez
et vous avez donné cinquante francs
d'acompte. C'est donc deux cent cin-
quante francs que vous redevez à M.
Ternaire.
C'est parfaitement exact. Je re-
mercie mon propriétaire d'avoir attendu
jusqu'aujourd'hui.
Je transmettrai vos remerciements
à mon Client, mais je dois vous dire
qu'ils le toucheront très peu. M. Ter-
naire est actuellement gêné dans ses
affaires. il a pour la fin du mois.
- , Un versement considérable ?.
des b, illets payer ?. Et il lui manqua
deux cent cinquante francs, juste ce que
je lui dois. C'est bien cela ?.
Oui, dit Chatouret étonné, qui vous
l'a dit?
L'infirme lui demanda :
Femme, tu entends ?. on va nous
saisir.
Il vaut mieux payer.
- As-tu de l'argent ? Reste-t-il quel-
que chose?
Je ne sais pas : c'est Louise qui a
les clés.
- Où est-elle ?
- A travailler sous la charmille du
jardin.
Guébriand sorti sur le seuil et cria :
-- Louise ! Louise ! - --
Celle-ci accourut. Quand elle aperçut
Chatouret, elle eut comme un pressen-
timent de ce qui se passait.
Avons-nous encore un peu d'argent
lui demanda son père.
Elle secoua la tête.
- Non.
- Rien ?. Rien ?.
- Voici de l'ouvrage que je termine,
dit-elle, et qui devait nous faire vivre ce
soir et les jours suivants.
Quand aura-tu fini ?
- Dans une heure.
- Et cela te rapportera ?.
- Une vingtaine de francs
- Vinst francs 1
Guébriand baissa là tété. L'huissier oui
écoutait eut un mouvement d'épaulés
qui disait ; «Ils se moquent de moi.« et
faisant un signe à son petit clerc :
- Assieds-toi à cette table et écris..
C'est connu, fit l'infirme goguenard.
Quand un propriétaire réclame cent sous
qu'on lui doit, c'est qu'il y est forcé par
une catastrophe.
Enfin, dit l'huissier impatienté,vous
n'espérez pas vivre toute votre vie chez
M. Ternaire sans le payer ?.
Non, ce serait trop cher.
Je suis chargé de vous présenter la
quittance des deux années et de vous
donner congé.
Je n ai pas d'argent. Que M.
Ternaire m'en prête et.
- Vous ne pouvez payer, bien. Com-
me j'en étais sûr, voici un commande-
ment.
- Parlant à ma personne ?.
- Un commandement précédant une
saisie.
Je le suis d'étonnement, monsieur
Chatouret.
Et puisque je vous vois en excel-
lentes et joyeuses dispositions, père Gué-
briand, je vais, avec votre permission,
opérer ma saisie à l'instant même.
Ah ! fit Guébriand, qui pâlit.
Chatouret sortit et siffla un gamin de
quinze ans qui s'amusait à jeter des pier- -
res sur là route.
Jean-Louis, dit-il, à l'ouvrage l
\, C'était son clerc.
La mère Guébriand avait écouté cette
scène les yeux clos, sans y prendre part
et comme endormie.
Nt) 30S. Quatrième année. -,. CINO CENTIMES Dimanche, 11 Août 1889.
LE MM i Ti MKKAMTË F U fiERIEV
JOURNAL REPUBLICAIN'----NA'i"IONAL
PRIX DE ti'ABOXIVEMElVT
Trois mois : 4,50 fr. Six mois : 9 fr. Un an : 18 fr.
POUR LA RÉDACTION, S'ADRESSER à M. LE RÉDACTEUR EN CHEF
Les manuscrits non insérés ne seront pas rendus.
Rédacteur en olief : LYS DU PAC
RÉDACTIOJV & ADMINISTRATION
4, Place de la Préfecture.
LES ANNONCES SONT REÇUES AU BUREAU DU JOURNAL
ADRESSER LETTRES ET MANDATS A M. L'ADMINISTRATEUR
Insertions des Annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité, des procédures et contrats
Alger, le 10 août 4889.
UH MANDAT
La constatation vaut la peine d'être
faite : de tous les députés d'Algérie, le
seul qui ait songé à rendre compte de
son mandat est celui qui a décidé de ne
plus se reporter devant ses électeurs,
pour leur demander leurs suffrages.
Les autres, ceux qui voudraient
renouveler pour quatre années encore
un bail qui leur a été profitable, se tien-
nent prudemment sur la réserve. Agis-
sant au rebours de certains particuliers,
ce n'est pas déménager qu'ils veulent,
mais emmenager à la cloche de bois.
Ils guettent donc l'occasion de rentrer
au Palais-Bourbon avec leur clique et
leurs claques. Comment cela se fera, ils
n'en savent rien eux-mêmes. Mais ils
ont tellement vu distribuer de pots-de-
vin autour d'eux, qu'ils comptent, sans
̃ doute, sur la protection du Dieu des
ivrognes leur arrivant par ricochet.
En y réfléchissant bien, je ne m'expli-
que pas cette terreur qu'ont les élus de
jadis pour leurs électeurs. Il leur serait
aisé d'en réunir un couple de mille dans
une salle, et de leur dire en prenant cet
air bonhomme, « bon garçon », qui a
toujours été tout droit au cœur des
masses :
« Mes chers concitoyens,
» Des journaux mal intentionnés me
demandent quotidiennement ce que j'ai
fait pendant mes longues années de lé-
gislature. Il faut vraiment leur mauvaise
foi et ieur parti-pris de ne rien vouloir
connaître pour me poser de pareilles in-
terrogations.
» C'est à eux de me dire, et votre ver-
dict vous le prouvera en toute connais-
sance de cause, si j'ai rempli mon man-
dat, si j'ai été fidèle à mes engagements,
si j'ai tenu mes promesses. Ce que je
sais, c'est que pas un jour, pas une
heure, pas un moment ne se sont écou-
lés sans que j'aie pensé à vous.
« Mon oeuvre, je la résume en quel-
ques mots : J'ai relevé la famille; je me
suis occupé de la question toujours si
palpitante de la séparation de l'Eglise et
de l'Etat ; l'agriculture, question de vie
ou de mort pour notre belle Algérie, a
été l'objet de toutes mes sollicitudes :
j'ai demandé la justice pour tous, la
vraie, la bonne, la grande justice, etc.
» Je dis ele., car vous comprenez bien
qu'il m'est difficile en quelques heures
de feuilleter avec vous la collection de
l'Officiel pendant quatre ans.
» Lisez-la, et vous m'en direz des nou-
velles. »
Il est certain que si les électeurs pre-
naient à la lettre le conseil contenu
dans la dernière phrase du discours de
leur député sortant, ils verraient passer
de l'eau sous le pont de l'Harrach avant
d'avoir pu prendre une détermination.
Ce travail de lecture, en plus qu'il leur
prendrait une série de mois, aurait pour
effet immédiat de les plonger dans un
état d'ahurissement suffisant pour les
convaincre d'opportunisme.
Il vaut donc mieux s'en rapporter aux
affirmations du député, quitte à voir
dans quelle mesure il a fait ce qu'il an-
nonce et comment ses paroles doivent
être interprétées.
IL A RELEVÉ LA FAMILLE. C'est-à-dire il
a casé avantageusement tous ceux qui,
par alliance ou par naissance, lui tenaient
de près. C'est ainsi que l'Officiel a enre-
gistré une série de nominations contre
lesquelles il a été vivement protesté. Le
résultat de ce culte pour la famille a été
de semer l'aisance là où la gène était
voisine de la misère.
Ceux qui ont agi différemment et qui
s'en font un brevet d'anti-népotisme, sont
ceux qui, célibataires ou à peu près,
n'ont eu personne à oaser.
JE ME SUIS OCCUPÉ .-.DE LA QUESTION SI
IMPORTANTE PE U SÉPARATION DE L'EGLISE
,.- - .-. .--= - K S a'. -, ---- -f
ET DE I ETAT.
Cette question n'a pas été résolue.
Voici pourquoi : le moment n'était pas
encore opportun.
Bien entendu, s'il ne s'était agi que
des églises catholique, protestante, is-
raélite, musulmane, la chose eut été ra-
pidement faite. Mais un culte nouveau
avaitsurgi, dont personneine parlait et que
beaucoup pratiquaient : le culte du Veau
d'Or. Ce culte ayant pour dogme princi-
pal l'entretien de ses adeptes, et cet en-
tretien devant incomber à l'Etat, on s'est
bien gardé de prononcer une séparation,
et de supprimer un budget dont on vivait
après tout.
La séparation ne sera jamais impé-
rieusement exigée que par les candidats
blakboules auxquels aucune compensa-
tion n'aura été attribuée.
L'AGRICULTURE, QUESTION DE VIE ET DE
MORT POUR NOTRE BELLE ALGÉRIE ,A ÉTÉ
L'OBJET DE TOUTES MES SOLLICITUDES.
J'te crois ! Il suffit de voir quelle
quantité de terrain a été achetée par
certains députés au cours de leur man-
dat.
Maintenant, ils peuvent objecter qu'en
travaillant pour eux ils travaillent pour
le pays. Le prêteur à la petite semaine
dit bien aussi et aussi bien, que ce qu'il
fait c'est pour rendre service.
J'AI DEMANDÉ LA JUSTICE. Le fait est
que le député sortant a été vu place Ven-
dôme. Il ne regardait pas la colonne
afin d'être fier d'être français, mais il
allait voir le ministre. Et ses demandes
concernant la justice ont toutes porté
sur des nominations d'huissiers, de ju-
ges de paix, d'avoués, de notaires.
Etc.
Voilà, résumé en quelques lignes, le
mandat des députés algériens.
Je passe sur certains détails, dont
l'importance est secondaire. Exemples :
les coups échangés salle des Pas-Perdus
(de la Chambre, ne pas confondre) ; la
nomination de Richard, l'histoire du se-
cret de l'octroi de mer.
Où irions-nous en cherchant la petite
bête ?
Qnand un ministre tel que Constans
en met trente-six d'un coup en circula-
tion, et des grosses encore, s'il faut en
juger parce qu'elles lui ont -rapporté, il
est malséant Je se montrer trop méticu-
leux
LYS.
I
LA FIN B'Ùfl DÉPOTÉ
";",'::."! ,'" .;\-?;;, ,,:.>,-j;,,",-"":r.
M. Sabatier a rendu compte de son
mandat A Oran, on a pu voir par nos
dépêches quel accueil il avait été fait à
ses déclarations.
Ce sont ses adversaires politiques qui
ont été acclamés.
A Bel-Abbés, paraît-il, les électeurs
ont montré moins d'entêtement. Ils se
sont laissé convaincre, presque toucher.
Ce sont les journaux amis de M. Sabatier
qui parlent et pourtant j'accepte leurs
raisons sans difficulté.
Mais ces mêmes journaux m ont fait
quelque peu sourire. Vous allez voir
pourquoi
Voici l'Avenir de Bel-Abbès qui écrit:
M, Sabatier se retire de la vie politique
et, loyalement, il a expliqué le motif de sa
retraite. « Je n'ai pas, a-t-il dit, tes six
mille francs nécessaires pour subvenir aux
frais de mon élection. »
Un point. C'est tout.
Comment, l'Avenir de Bel-A bbès re-
eonnaît toutes les qualités au député
sortant, il estime que M. Sabatier peut
faire beaucoup pour l'Algérie ; et quand
il apprend par le député lui-même, que
la seule raison qui l'dmpêche de se re-
présenter est le manque de six mille
francs, de six billets de mille francs, pas
plus, il ne met pas la main à la poche
et ne convie pas ses lecteurs à en faire
autant ?
L'A venir de Bel-Abbès parle du suc-
cès obtenu par M. Sabatier en réunion
publique. Que ne profite-t-il de cette ex-
cellente disposition d'esprit pour ouvrir
une souscription. A moins d'admettre
que tant d'électeurs ne soient amis que
jusqu'à la bourse exclusivemènt, c'est le
diable si l'on ne parviendrait pas, dans
toute une circonscription, à réunir six
mille francs: cinquante centimes par tête.
Mais il paraît que c'est au gouverne-
ment qu'il appartient de payer les servi-
ces rendus par M. Sabatier à la bonne
cause.
L'Avenir de Bel-Abbès le dit :
Il espère rentrer dans l'administration et
obtenir la récompense à laquelle lui donnent
droit ses 12 années de service.
La même thèse est soutenue par la
Tafna qui,après avoir fait connaître que
les Bel-Abbésiens ont voté un ordre du
jour de confiance ou plutôt de remer-
ciments au député sortant, ajoute :
Nous espérons bien lui voir obtenir à bref
délai la juste récompense que mérite son
dévouement à la République et à la France.
Ma foi, qu'on lui donne un emploi,
je n'y vois pas d'inconvénient. Mais pour
deux mois, est-ce réellement la peine ?
A la place de mon confrère oranais, je
ferais une souscription, ou bien je don-
nerais une représentation à bénéfice au
cirque Benayan, n'importe où. La chose
serait originale eî>ne "p.{Ae'
succès. ; • : -' - -'
Six mille francs 1 Est-ce que pour six
mille francs les électeurs vont lâcher leur
député ?
Un jour, M. Sabatier descendait de la
tribune. Il venait de faire, à sa façon, le
procès du général Boulanger. Il avait
mis dans ses expressions une telle cru-
dité, une telle grossièreté, qu'un de ses
collègues ne put s'empêcher de l'appeler
« chacal puant. »
Ayant omis de lire le Journal officiel,
j'en étais encore à me demander si cette
épithète accolée au nom du député ora-
nais n'était pas exagérée.
Aujourd'hui j'ai sous les yeux le
compte rendu fait par le Sud Oranais,
de la réunion publique de Bel-Abbès.
Ce renseignement complètera les rensei-
gnements déjà donnés :
Il fait l'historique et le procès de ce parti
avec une violence et une dureté d'expressions
peu communes. Les boulangistes sont des
crapules, le produit de la boue infecte des
égouts de Paris. Ceux qui les soutiennent,
des souteneurs et des journalistes vendus.
Le journal Bel-Abbésien ajoute avec un
sang-froid dont je le remerçie de me
donner l'exemple :
Les électeurs ont, en outre, trouvé de très
mauvais goût les violentes attaques de M.
Sabatier contre le boulangisme. Nous ne
sommes pas boulangistes, surtout depuis le
départ du général à l'étranger, mais nous
avons éprouvé un grand écœurement en
voyant trainer dans la boue un homme dont
le seul crime, somme toute, consiste à n'a-
voir pas les mêmes opinions que ceux qui
sont au pouvoir.
- Je serai sobre de commentaires.
M. Sabatier dit qu'il a besoin d'une
place pour vivre, qu'il est pauvre'.
Cette considération n'est pas suffisante
pour l'excuser. Il pouvait s'aplatir
moins durement pour sa dignité–devant
le gouvernement dont il attend du pain.
L'OPINIONJN ZIG ZAG
L'Akhbar écrit : « nous avons enfin
sous les yeux le long factum que Bou-
langer adresse à la lune. » Cette entrée
en matière peut faire croire que J'Akhbar
a été chercher bien loin, en une excur-
sion selenique, un document qu'il pou-
vait trouver plus près.
Les impressions et appréciations se
ressentent de ce lointain voyage. Elles
sont quelque peu cahotées. Et comme,
quoi qu'on fasse, on subit forcément l'in-
fluence du milieu, les conclusions de
mon confrère sont un peu comme la
lune, dont il dit revenir.
C'est ainsi, en effet, qu'il termine son
article :
Heureusement que le Peuple commence à ,
.iJ'- ,l.;û;> , 'æ,'tiJIet l''
prouvé. : *
Or, il s'est écoulé tellement de temps
depuis le scrutin auquel il est fait allu-
sion, que même en étant abonné à
l'Agence Havas on n'est plus excusable
de ne pas connaître la vérité. Les jour-
naux de France nous l'ont apportée à
des milliers d'exemplaires.
Nous disons, nous boulangistes, qne
le scrutin du 28 juillet n'a rien prouvé.
Nous soutenons, respectueux que nous
sommes de la République, que des élec-
tions faites sur d'étroites questions lo-
cales ne sauraient avoir aucune portée
politique. Si elles ont servi à débarras-
ser le pays des Wilson, des Trarieux,
des Dauphin et d'une quantité de Rey-
nal, c'est que dans certaines circons-
criotions la souci de l'honneur national
- -- -
l'a emporté sur toute autre considération.
Maintenant, YAkhbar veut-il à toute
force attribuer une portée politique aux
élections du 28 ?
Dans ce cas, ce n'est plus nous qui
répondrons, ce n'est pas moi surtout ; :
ce seront les journaux réactionnaires
qui chantent victoire, et qui prennent
(8) FEUILLETON DU Patriote Algérien
MHMAm)M
PAR JULES MARY
PREMIÈRE PARTIE
Le Château de la batte St-Lonis.
1
- Assez sur ce sujet. j'ai dit ja-
mais I.
Il passa. Un mot de Maurice l'arrêta,
fondrové.
C'est bien, mon père, disait le
jeune homme, j'attendrai qu'après vingt-
cinq ans la loi me donne le droit de
me marier sans votre consentement.
Fargeas était pâle comme un mort.
Heureusement les lumières du château
n'arrivaient pas jusque-là. Son fils ne
remarqua rien.
Il balbutia :
Je ne crois pas que vous me man-
querez de respect au point de m'envoyer
des sommations légaies. Non, Mau-
rice, je ne le crois pas.
Il fit quelques pas pour s'éloigner,
puis, tout à coup, il revint :
- Retenez bien ce que je vais vous
dire. monsieur. ne me poussez pas
à bout, car s'il vous arrivait d'oubliers
vos devoirs envers moi. je saurais
mettre un obstacle à votre mariage.
même après vos sommations respec-
tueuses.
Et cette fois il partit.
VI
Deux jours après la perte de son pro-
cès, Guébriand vit entrer chez lui
Chatouret.
L'huissier avait un sourire un peu
contraint.
Il garda son chapeau sur la tête.
Bonjour, monsieur Chatouret, dit
l'infirme avec un serrement de cœur.
Les rôles avaient changé.
Huit jours avant, Guébriand appelait
l'huissier; « père Chatouret » et lui pro-
mettait ses affaires, une fois le procès
gagné Maintenant, c'était Chatouret qui
le saluait à peine et le traitait avec fa-
miliarité. Le vieux était trop accablé
pour saisir la nuance.
Vous êtes gentil de venir me voir,
dans un moment ou je suis dans la
peine. Car on vous a certainement dit
que j'avais perdu mon procès ?.
Oui, dit l'huissier avec une cer-
taine hésitation, et si je suis ici, c'est
un peu pour ça.
- Ah 1 est-ce que vous auriez un con-
seil à me donner ?. -est-ce que vous
croyez possible de.
Oh 1 là, là, père Guébriand, .ne
vous enflammez pas. il ne s'agit pas
de conseil, au moins pour l'instant.
mais d'une petite réclamation.
- De qui ?
- De votre propriétaire.
- De M. Ternaire ?
- Oui.
- Et qu'est-ce qu'il demande, M.
Ternaire ?
Dam 1 vous le savez aussi bien que
moi, père Guébriand. Vous louez cette
maison pour cent cinquante francs par
an. Il y a deux ans que vous l'occupez
et vous avez donné cinquante francs
d'acompte. C'est donc deux cent cin-
quante francs que vous redevez à M.
Ternaire.
C'est parfaitement exact. Je re-
mercie mon propriétaire d'avoir attendu
jusqu'aujourd'hui.
Je transmettrai vos remerciements
à mon Client, mais je dois vous dire
qu'ils le toucheront très peu. M. Ter-
naire est actuellement gêné dans ses
affaires. il a pour la fin du mois.
- , Un versement considérable ?.
des b, illets payer ?. Et il lui manqua
deux cent cinquante francs, juste ce que
je lui dois. C'est bien cela ?.
Oui, dit Chatouret étonné, qui vous
l'a dit?
L'infirme lui demanda :
Femme, tu entends ?. on va nous
saisir.
Il vaut mieux payer.
- As-tu de l'argent ? Reste-t-il quel-
que chose?
Je ne sais pas : c'est Louise qui a
les clés.
- Où est-elle ?
- A travailler sous la charmille du
jardin.
Guébriand sorti sur le seuil et cria :
-- Louise ! Louise ! - --
Celle-ci accourut. Quand elle aperçut
Chatouret, elle eut comme un pressen-
timent de ce qui se passait.
Avons-nous encore un peu d'argent
lui demanda son père.
Elle secoua la tête.
- Non.
- Rien ?. Rien ?.
- Voici de l'ouvrage que je termine,
dit-elle, et qui devait nous faire vivre ce
soir et les jours suivants.
Quand aura-tu fini ?
- Dans une heure.
- Et cela te rapportera ?.
- Une vingtaine de francs
- Vinst francs 1
Guébriand baissa là tété. L'huissier oui
écoutait eut un mouvement d'épaulés
qui disait ; «Ils se moquent de moi.« et
faisant un signe à son petit clerc :
- Assieds-toi à cette table et écris..
C'est connu, fit l'infirme goguenard.
Quand un propriétaire réclame cent sous
qu'on lui doit, c'est qu'il y est forcé par
une catastrophe.
Enfin, dit l'huissier impatienté,vous
n'espérez pas vivre toute votre vie chez
M. Ternaire sans le payer ?.
Non, ce serait trop cher.
Je suis chargé de vous présenter la
quittance des deux années et de vous
donner congé.
Je n ai pas d'argent. Que M.
Ternaire m'en prête et.
- Vous ne pouvez payer, bien. Com-
me j'en étais sûr, voici un commande-
ment.
- Parlant à ma personne ?.
- Un commandement précédant une
saisie.
Je le suis d'étonnement, monsieur
Chatouret.
Et puisque je vous vois en excel-
lentes et joyeuses dispositions, père Gué-
briand, je vais, avec votre permission,
opérer ma saisie à l'instant même.
Ah ! fit Guébriand, qui pâlit.
Chatouret sortit et siffla un gamin de
quinze ans qui s'amusait à jeter des pier- -
res sur là route.
Jean-Louis, dit-il, à l'ouvrage l
\, C'était son clerc.
La mère Guébriand avait écouté cette
scène les yeux clos, sans y prendre part
et comme endormie.
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