Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-12-06
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 décembre 1921 06 décembre 1921
Description : 1921/12/06 (A22,N147). 1921/12/06 (A22,N147).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6358110h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
- iNo 147
VLN-GT-DEUX1 EAU': ANNEE. N° 147
LE NUMERO 15 CENTIMES
MARDI SOIR, 6 DECEMBRE 1921
0
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR LES "ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
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flhutré ( Ktrangtr M» 45 1 M i
On s'abonna dans (oui Im Bonus d* porte et cIaa hm prfawipan BWmlraa
unE RtUBIBE QUI S'IMPOSE D'UR&EnCE!
Les produits allemands continuent à entrer en Cote-d'lvoire et au Dahomey
aux tarifs applicables aux produits français.., et angiais
,
On sait qu'aux termes de la COHven-
tion; passée le. 14 juin 1898 entrei l'An-
gleterre" et la. France, la Cote-d'Ivoire
et le Dahonie-y avaient été compris au
nombre des territoires dans lesquels les
sujets britanniques,, les produits impor-
tés d'Angileterrci ou de ses. colonies de-
vaient jouir de tous les avant.a.g-e&.:-
servés aux sujets et aux produits fran-
çais.
A lu, suite de cette convention, les
différents pays qui avaient des traités
de commerce avec la France et jouis-
saient chez nous du traitement de la
nation la plus favorisée, demandèrent
lei bénéfice, des avantages accordés à
a\ng'let.err dans nos possessions de
la Gôtel d'Afrique. On en vint bientôt
à ne plus, faire aucune, distinction' entre
les différentes nations et le régime
do'uanier établi pour la Côte-d'IvoIre et
le Dahomey est applicable imiformé-
încint à toutes les provenances. II n'est
par suitel perçu aucun droit tICI douane,
mia,is un simple droit d'importation qui
frappe au interne titre produits natio-
naux et prodiuits étrangers.
Or, si ce fait pouvait se justifier à la
rigueur avant la. guerre etl même pen-
dant) ton Ici la. période des hostilités, FA1-
leuiiagne ne pouvant plus en fait impor-
ter quo'i que ce soit dans nos colonies
pendant cotte période, il ne se justifie
plus depuis UliS. Et pourtant, rien n'a
été encore changé.. Lcu tariiicaliO'n des
droits d'importation s'applique toujours
nnifoirmiôm-ènt aux produits allemands
comme à ceux provenant des autres
pays, commue à ceux venant de Franco.
Est-ce oubli ou indifférence ?
Nous comprenons parfaitement qu'on
maintienne, non seulement à l'Angle-
terre, mais aux nations qui ont coopé-
ré avec nous à la victoire sur l'allemand,
les prik'ilè,g'js. que nous leur avions re-
connus avant la. guerre. Mais à l'Alle-
magne ? ce serait un défi a.u bons sens !
Il serait donc gra.ndl temps do modi-
fier sur ce point île décret Üu 14 avril
1905 qui reste la. charte douanière de
,I'Afriqua Occidentale. A la. faveur de
son change extrêmement bas, l'Aile-
magne fabrique, tt des. prix incontesta-
blement meilleur marche- que chez nous !
ou chez nos aMiés, tous les articles ou
produits industrialisés. Déjà en Europe,
en Asie, en Amérique, elle a conquis,
malgré les barrières douanières, tous
les marchés- ouverts aux importation.
L'industrie angolaise chôme ; certaines
industries françaises sont dans le mlê-
me cas. Nous arrivons chez nous, par
une' réglementation rigoureuse, à limi-
ter l'entréel des articles d'outre-Rhin.
Mais pour nos colonies qu'aton fait
jusqu'à présent ? On s'est borné à su-
bordonner les importations d-ei produits
pharmaceutiques et matières colorantes
allemands à une autorisation ministé-
rielle (1). Un point c'est tout. Rien pour
les tissus, rien pour l'outillage mécani-
que, rien pour les produits "liinen tai-
l'es, la parfumerie, les' matériaux de
construction, e-tc.
Il n'est pas- dans; notre pensée de de-
mander l'interdiction des importations
allemandes dans nos colonies ; pas mè-
mie de les, subordonner à des autorisa-
tions ministérielles ou autres, accor-
dées un peu à tort. et à travers. GI que
nous demandons, c'est qu'on applique
à ces importations, en plus des- dlroits
qui frappent les marchandises françaj-
ses, un droit de ,thuanC'! assez élevé qui
rétablisse:, tout au molns dans* une
ccrfaino mesure, un équilibre dans les
prix de revient des pro.venn.nccs natio-
nales et celles des provenances alle-
mandes. Le résultai obtenu serait-il in-
suffisant' à cet égard, qu'il aurait néan-
moins une conséquence heureuse :
celle d'augmenter fos recettes douaniè-
res du Gouvernement général, an
moyen desquelles cehÜ-ri peut dévelop-
per ses institutions d'htye'iene- et d'as-
sistance médicale aux indigènes.
Nous' voulons supposer que l'oubli,
s'il v a oubli, sera bientôt réparé. Ce ne
serait vraiment pas la peine d'avoir ga-
gné la guerre, d'avoir pris ses colonies
à l'Allemagne si nous lui permettons de
conquérir les nôtres !
Ernest Haudos,
Député de la Manie.
(1) Décret du 20 juin lO. Loi du 7 novem-
bre 1919.
LES ALLAOUITES
Parmi les territoires dont se. compose- la
Syrie, pïacé-e sens le mandat français en
.vcrtu' du traité de Sun-Rcmc, celui des Al-
laouites que vient d'organiser ct il'a,chni-
nistrer Ici colonel Niéger était, certainement
le moins connu et 'le moins facile à disci-
pliner en raison du caractère; quelque peu
farouche de s os hubilunts.
Fidèle disciple-de Laperrine ot de Char-
les de Foucauld, à l'expérience de qui il
ne manqua pas do rendre hommuge, le
colonel Nie-ger sut » apprivoiser » ses nfl-
ministrés dunt l'état social diffère peu du
système; féodal des Touareg.
Délivrés par les Français du joug otto-
man, les Allaouites ont renoncé à Iciur ap-
pellation turque qui, dans son sens péjo-
ratif, los désignait comme des parias et
des bandits. Ils veulent être, placés sous
le protectorat de la Franco qui seul ros-
pectera leur religion absolument secrète,
leurs moeurs, et qui surtout leur donnera
l'instruction et l'education qui leur sont
nécessaires pour prendre une parL eflec-
tive à l'administration de la Syrie.
Bien que la ligne de faite entre la côte
et l'Oronte, soit restée, inviolable,. les prin-
cipaux chefs Allaouites descendent volon-
tiers de leurs hautes altitudes (2.000 mé-
tres), pour venir à Latakieh (ancir-ane
trésLaocidée) ), et leurs relations avec l'admi-
nistration françaiso furent des plus cor-
diales. Ks réservèrent du reste jadis un
exctllent accueil aux rares voyageurs eu-
ropéens (général de Torcy, Mauiriee Bar-
rés). w ,
La France des croisades y construisit
des châteaux-forts dont les vestiges déno-
tent l'importance ; nous n'étions donc pas
des inconnus en Syrie septentrionale et si
les Allaouites se révoltèrent dernièrement
la situation international de la Syrie de-
puis trois ans en est la soûle cause.
Devant un nombreux auditoire, le colonel
Nieger, exposa à la Société de Géographie
la nécessité impérieuse de l'exécution de
l'accord d'Angora. La paix loyale avec la
Turquie mettra fin aux dissensions syrie-n-
Des dont la répercussion serait fâcheuse
dans notro Afrique du Nord. Les Syriens
ont dispersé leur élite intellectuelle dans
les grandes puissances européennes, mais
cette élite, est française de cïeur. elle ne
veuit pas recevoir d'ordre i-iii de la Mecque,
ni de Constantinoplo. Par la diversité mè.
mie die ses racés ('sphère propre, la Syrie ne sera jamais
unifté-o : seule l'administration française
lui garantit ies statuts conformes à son
système fédéral.
Problème bien différent de celui que
nous eûmes à résoudre en Afrique du Nord
mais qui ne découragea ni le Haut-Com-
missaire de la République française, le gé-
néral Goura ud, ni ses collaborate-urs ctont
le distingué conférencier fut un des meil-
leurs comme un des plus compétents.
« Restons en Syrie,conclut le colonel Nie-
ger, développons là, au point de vue écono-
miques, car la sol en est fertile et exécu-
tons loyalement l'accord d'Angora. »
Eugène Devaux.
LES QUESTION S ALGÊBIEtiBES
dotant la CommiHi interministÓriello
1 OO
La grande Commission constituée par M.
Douiner pour examiner la question de ga-
rantie d'intérêt des chemins de fer et de
la contribution militaire de l'Algérie s'est
̃réunie hier matin aitt Ministère des Finan-
ces sous la présidence de M. Leclère, ins-
pecteur des Finances. Les ministères des
Finances, des Travaux publics et de l'In-
térieur étaient représentés. M. Sabatier,
président de délégation, assistait à la
séance ainsi que MM. Thomson, Morinaud,
Roux-Freissineng, députés ; Casser, sé-
nateur.
M. Leclère a fait l'exposé des deux queb-
tions et du programme soumis à la. Com-
mission. Lecture fut donnée d'une lettre
de M. Duroux, sénateur, protestant contre
toute augmentation des charges de l'Al-
gérie, littéralement écrasée sous les im-
pôts actuels. Les deux délégués des minis-
tères des Finances et des Travaux publics
ont ensuite présenté le point de vue de
leurs départements respectifs d'après le-
quel la loi de 1904 .sur la garantie forfai-
taire par la métropôle des chemins de Ter
algériens ne se comprendrait plus dans lu
nouveau régime de chemin de fer voté
pour la métropole et qui doit être appli-
que à l'Algérie puisque les chemins de fer
doivent se suffire à eux-mêmes.
Une longue discussion a eu lieu à ce
sujet il laquelle ont pris jrart MM. Saba-
tier, Thornson, Morinaud, Gas-scr, Roux-
Freyssinong, qui tous- ont soutenu : 1° que
le nouveau régime des chemins de fer fran-
çais n'étant pas encore appliqué à l'Algérie
il n'y avait pas lieu pour le moment de
raisonner comme s'il l'était ; 2° que la loi
de 190-i.- forme un contrat synallagmatlque
entre la Métropole et l'Algérie et que l'ac-
cord des doux parties est nécessaire pour
la supprimer ou la modifier ; 3° qu'il n'a
jamais été dit aux délégations financières
que l'application du. réflim nouveau des
chemins de 1er à l'Algérie aurait pour con-
séquence de faire tomber la loi de 1904 et
avec elle la subvention forfaitaire de la
métropole et que dnns ces conditions, il n'y
avait pas lieu les consulter ci nouveau.
L'argumentation des représ en taintts cle
l'Algérie a donné lieu à un échange de vues
avec 1er, représentants des ministères.
Une sous-commission dont fait partie M.
Sabatie.r a été chargée de rechercher une
solution permettant à la fois d'appliquer le
nouveau régime ù l'Algérie et de maintenir
la loi de 1901, le sentiment commun étant
qu'n raison des charges énormes que l'Al-
gérie va supporter dû fait de la garantie
du grand emprunt et des subventions aux
services maritimes il ne peut être' ques-
tion de demander à l'Algérie une charge
nouvcHe qui entraînera des impôts a pré-
lever mir une population déiA surchargée.
E. M.
Fantaisies administratives
U y a un an environ, le
Ministre des Coûtes,pdr
une circulaire adressée
anux chefs de service de
l'Instruction publique aux
Colo nies, les priait de por-
ter à la connaissance de
leur personnel « que très
satisfait des efforts dé-
voués fournis par chacun
en (les circonstances difficiles, il envisa-
geait !̃amélioration de la situation pécu-
naire, rendue pénible par la hausse des vi-
vres et des loyers ».
Nos professeurs coloniaux furent tout a
la juie. Enfin, l'administration de la rue
Oudinnt songeait à eux et allait enfin rele-
vei1 leur traitement., comme elle lavant fait
pour les autres catégories de fonctionnaires
coloniaux.
Ils attendirent, d'abord de longs mon,
puis virent enfin promulguer un décret,
le 27 juin 1921 inspiré par un exposé des
motifs où se trouvait indiquée tii néces-
sité de relever les soldes universitaires 6t
Wassurer le recrutement colonial.
Et ce fut alors la déception !. Jusqu'a.
lors les professeurs de nos Lycées coloniaux
appartenaient à deux cadres : le cadre mé-
troipolibain dans lequel ils gardaient leur ti-
tre d'origine, avec avancement à fancien
neté et le cadre colonial où ils avaient le
titre de chargé de côws avec avancement
au choix.
Or, que leur apportait la bienveillance dit.
Ministre des Colonies ?
Jusqu'ici la délégation aux colonies pour
les métropolitains était un avancement,
puisqu'à leur retour on les nommait char.
(lés de cours dans un lycée de France.
Maintenant. il n'en était plus ainsi, le cn-
dre colonial étant supprimé pour les délé-
gués qui rep'rennent leur titre métropolitain
avec, bien entendu, une solde coirespon-
dante. Aussi voit-on actuellement, dans les
limées anWlais, des chargés de cours de
puis vins de 20 années, redevenir répéti-
teurs et des professeurs rétrograder de plu-
sieurs classes !
rendant ce temps, les professeurs enga
gés directement par la Colonie, assurant les
mômes fonctions et munis des mêmes di-
plômes gardent leur titre et jouissent d'une
amélioration de traitement.
- a
Cette injustice a été signalée successive
ment au Ministre des Colonies et au Minis-
tre de l'Instruction pubUqlle. Mais, me de
Grenelle et rue Oudinot, les bureaux, tout
en reconnaissant l'erreur, s'en lavent les
mains !. ̃
Il faudrait modifier le décret et prévoir
des mesures réparatrices. C'est vraiment
trou !.
Et voilà la récompense que reçoivent tou.
te une catégorie d'universitaires, qtd, sur
la garantie d'avantages solennellement re-
connus. mit apporté leur concours au dé-
veloppement du domaine colonial de la
France.
L.-G. Thébault
.,
vovage de personnalités mamuantes
en Afrique OCCidentale Française
00
L'Afriquo Occidentale qui dans la pério-
de d'avant-guerre apparaissait aux Fran-
çais comme une colonie éloignée et offrant
un in té rôt tout à fait relatif reçoit depuis
quelque temps là visite de nombreuses pur-
sonnalités.
L'an dernier los baverai lis Belges et
leur suite de retour de l'Amérique du Sud
touchaient. Dakar où ils recevaient le plus
cordial accueil.
Cette année le Ministre des Colonies, M'.
Albert Sarrau*, vient d'accomplir le voyage
que l'on sait en Mauritanie, en Guinée et
au -Sénégal où il a reçu un accueil enthor-
siaste.
Le général Mangin venant drt l'Amérique
du Su:d et chargé d'une mission militaire
a débarqué le 2 novembre en Guinée et
visite actuellement le Sénégal et le Sour
dan. '- ,
Les derniers paquenots de l'ranco ont
amené le aénéi-all Messimy, ancien minis-
tre do la Guerre et des Colonies, l'ingénieur
Bérengier qui viennent du su rendre comp-
te sua* place de divers projets concernant
les travaux publics, la culture dui coton,
l'édification d'immeubles, etc.
M. Barthélémy, député du Pas-de-Calais
et délégué du Soudan est actuellement à
Dakar d'où il compte rayonner en A. O. F.
D'autre part MM. Pierre Vaiude, Proust
et. Boussenot s'embarqueront à Marseille
lo 10 de ce mois pour Dakar, toute l'A. O.
F. et le Cameroun.
MM. CombraixQ et Gasparin partiront
un peu plus tard pour Dakar, le but de
leur voyage étant principalement le Togo
et le Cameroun.
Rapports et Décrets j
Décret accordant la médaille d'honneur des
Contributions diverses en Algérie.
Décret permettant de conférer 1 honorariai
aux anciens membres des commissions
municipales de la colonie de Madagascar
et dépendances.
Décret approuvant diverses taxes posta-
les, télégraphiques, téléphoniques et ra-
diographiques intérieures créées par
des arrêtés du gouverneur général de
d'Indo-Chine.
0. du i décembre 1921.
Loi relevant aux mêmes taux qu'en France
les droits de douane gui frappent les cen-
rées coloniales importées en Algerie.
Par décret en date du 29 novembre 1921,
rendu sur la proposition du Ministre des.
Colonies, le traitement de disponibilité ae
M. Nouiflard (Charles-Henri-Adrien),
gouverneur de 20 classe des Colonies, a
été porté à 8.000 fr., à compter du 21 juil-
let 1921.
J. O. du 6 décembre 1901.
La conscription indigène en Algérie
Importante interview de M. Gabriel Abbo, l
député d'Alger
Une grave et importante question est ac-
tuellement pendante devant la Commission
de l'armée Il s'agit de la conscription des
indigènes d'Algérie. D'aucuns voudraient
qu'ils soient incorporés au même titre que
les Français. D'autres plus avisés cher-
chent à démontrer par un judicieux raison-
nement que ce serait une grosse faute.
Nous axons consulté à ce sujet le nou-
veau député. d'Alger, M. Gabriel Abbo qui
s'est fortement occupé de cette question en
sa qualité de président de la Fédération
des municipalités d'Algérie.
M. Gabriel Abbo a bien voulu nous faire
des déclarations qui auront une portée con-
sidérable, lorsquù cette question viendra en
discussion devant le Parlement.
Quoi qu'il en soit, nous déclare le
sympathique député d'Alger, j'ai cm de
mon devoir de soumettre par avance à la
Commission parlementaire do l'armée quel-
ques-uns des arguments qui s'opposent à
cette incorporation des sujets indigènes
dans l'armée française.
Je viens d'adresser une lettre à M. le gé-
néral de Castelnau. président de la Com-
mission de - l'armée, dans laquelle le le
mets ei garde contre un tel danger. Il faut
que la Commission de l'armée soit au cou-
rant de la discussion qui vient d'avoir lieu
au cours de la deuxième session du Conseil
général, lequel a voté le rapport Mourgues
dont, les Annales Coloniales ont. publié ie
texte. Ce rapport très expressif conduit
neltomrnt, au rejet de la proposition d'm-
corporution des indigènes.
Kn définitive, continue le député d'Al-
ler, j'estime que le système de la conscrip-
tion ne donne pas de résultats pratiques
suffisants pour compenser les inconvénients
politiques qui en découleront obligatoire-
ment.
D'autre part, nous nous trouvons pmer-
més dans ce dilemme irréfutable. Ou bien
la conscription rie nous procure qu'un nom-
bre d'hommes infime, un recrutement mau-
vais d, dans ce eas, il paraît peu intéres-
sant, à tous les points de vue. d'en pour-
suivre l'application : ou bien 18J conscrip-
tion étendue, intensifiée, réussit à nou's
donner le nombre de conscrits que le chif-
fre de la population indigène avait pu nous
laisser espérer, et alors nous constituons
dans la colonie uno armée de réserve im-
portante. composée d'hommes de toutes ar-
mes, avec des cadres complets, suscepti-
bles d^étre mobilisée, spontanément un jour
et dressée contre la domination française,
a l'appel de quelque descendant de grande
famille religieuse ou de quelque chef arabe,
oue nous aurons nous-mêmes" désigné à
l'attention de ses coreligionnaires, en lui
permettant d'accéder aux situations politi-
ques les plus élevées de la Colonie.
Voilà, poursuit, l'aimable député, le
danger que je viens de signaler à la Com-
mission de l'année. Elle pourra en tout état
de cause se prononcer sur cette importante
question de nature à perturber notre in-
fluença en Algérie.
Au surplus j'ai joint à ma missive, le
rapport que j'ai fait voter à l'unanimité
par la Fédération des municipalités algé-
riennes.
Dans ce'rapport j'ai soulevé tous les ar-
guments susceptibles d'être un obstacle a
la conscriplion «n masse des indigènes.
Dans ce rapport j'indique que l'idée pre-
mière de cette constcription remonte au Se-
cond Empire
En 1855, l'Empereur demandait a son
ministre do la Guerre d'établir un projet
de promulgation dans la Colonie de la loi
de 1832 sur le recrutement. Ainsi, c'est à
un Gouvernement purement militaire, dont
la France a condamné les tendances, que
revient l'initiative première d'appliquer la
conscription à la Colonie. Ce projet neut
",., , , ----1. ,- ----':-1.-
pas ae suite : on recuia (levant ia ci-mne
d'augmenter outre mesure l'effectif des
troupes indigènes.
La même raison fit rejeter un projet de
recrutement forcé en Algérie imaginé par
lo général Esterhazy, en 1857. #
M. Gabriel Abbo relate ensuite les diver-
ses phases subies par cette question qui
fut portée plusieurs fois devant le Parle-
ment, mais qui échoua toujours.
En 1889, MM. Gaulier et MiTchelin la pré-
sentèrent à "la tribune du Parlement.
L'année suivante ce fut M. Martineau qw
reprenait cette question pour son compte.
J'ajoute que le projet fut combattu à cet-
te époque par M. Gaston Thomson.
En 1901, ce fut M. Raiberti qui la souimt
de nouveau au Parlement.
Ensuite, une Commission interministériel-
le fut chargée d'.étudier ce grave problème.
Cette Commission après une longue enquê-
te a conclu qu'il est indéniable que le pro-
jet considéré (conscnpt'wn), devrait - être
ccarlc San8 autre examen, si son adoption
était subordonnée à la concession aux indi-
gènes de droits civiques dont ils rouu-
iuik.vt î-Arur: un m:nOl'T.BLE usagf.. Assuré-
ment l.K Ivri.r.KTIN DK VOIT, A LA MAIN DE 1,'lN-
DKîKNK SKKAir r; ONT RE (lTnE SUPRÉMATIE UNE
-\R\IF: AUTREMENT REDOUTABLE QUI-: LE FCSIL A
TIR RAPIDE.
M. Gabriel Abbo fait suivre sou expose
de longues considérations plus sérieuses
les unes que les autres pour arriver à cet-
te conclusion technique que l'effectif de
50.000 hommes avec le service de deux an-
nées et celui de 90.000 hommes sur pied do
guerre (réserves comprises, 7 classes) sont
exagérés.- r
- Je note, termine le sympathique dé-
puté d'Alger, que les statistiques seules
•sont expressives.
A ce sujet laissez-moi vous dire que pen-
dant la guerre on a tiré lé maximum pos-
sible de la conscription, parce qu'on y a
tout incorporé, même les inaptes.
Savez-vous ce que ces chiffres ont pro-
duit ? exactement du 2 août 1914 au 30 no-
vembre 1918 : 61.467 hommes.
Dans ces conditions, il apparaît que les
chiffres envisagés par la Commission de
l'armée ne sont qu'un mirage dangereux
pour notre sécurité nationale.
Sur cet avertissement redoutable, nous
prenons congé du sympathique député d'Al-
ger, non sans l'assurer que ses idées sur
cette grave question cadraient en plein
avec celles des Annales Coloniales.
Eugène Masson
LA PREMIÈRE SESSION j
du Conseil Colonial du Sénégal
Le Conseil colonial du Sénégal, cI'éé par
le décret du 4 décembre 1920, s'est réuni
le 15 novembre sous la présidence de M.
le Gouverneur des Colonies Didelot, Lieu-
tenant-gouverneur de la colonie.
Dans son discours d'ouverture de celte
session extraordinaire, M. le Gouverneur
Didelot rappela tout d'abord que la plus
importante des prérogatives de oette hau-
te assemblée, est de délibérer sous réserve
de r-approbation du Gouverneur général,
en Conseil de Gouvernement, sur le mode
d'assiette, les tarifs et les règles de per-
ception et die répartition des taxes on
contributions directes ou indirectes, à per-
cevoir au profit de la Colonie.
Il prie, en outre les conseillers de remar-
quer qu'une période de transition s'impose
pour passer du régime antérieur, à celui
dans lequel les deux administrations di-
recte et des pays de protectorat, vont fu-
sionner 1enrs prévisions en vue de donner
au Sénégal une vie financière désormais
unifiée. Les voles de l'assemblée serviront
donc uniquement de bruse légale aux per-
ceptions à effectuer en 1922, sans engager
l'avenir.
Le Gouverneur attire l'attention des
conseillers suir la nécessité d'assurer l'éga-
lité de Lous devant l'impôt qui a motivé
l'élévation du taux de la contribution per-
sonnelle-mobilière dans les centres et. aux
citoyens français.
Jusqu'à présent on a pu dire, ajouta. M1.
Didelot, non sans apparence diei raison,:
que les contribuables des Territoires d'ad-
ministration directe jouissaient d'un ré-
gime de faveur, puisque, par tête d'ha-
bitant, ils payaient une quiotiflé moindre
d'impôts directs, qn:e: les populations des
campagnes. Cette différence semblerait se
justifier difficilement. Si te coût de la vie
est plus élevé dans les villes et les es-
cales, il faut reconnaître en effet que ceux
qui s'y groupent, bénéficient des nnm-
breux avantages que leur procure Il l'ur-
banisme )). et qu'en outre, ils y sont gé-
néralement attachés par un travail beau-
coup plus largement rémunéré.
Il a fallu étendre la réglementation des
prestations à tout le Sénégal. Cette impo-
sition qui existe en France et dans pres-
que toutes nos Colonies, est un besoin in-
disculaible ici, où le réseau routier n'est
qu'à l'état embryonnaire. A l'heure où il
convient de rechercher, partout où elles
se trouvent, les sommes de richesses et
d'assurer aussi l'évacuation très prompte
des produits du sol, il serait abolument
contraire à l'intérêt général de refuser
une participation convenable die tous les
contribuables mules et valides, à l'entre-
tien des routes et des postes, ou de cer-
tains ouvrages d'utilité première. Il ap-
partiendra au Conseil, adoptant le prin-
cipe, de délibérer sur Le nombre de jour-
nées de 'trav.ail dû par le prestataire, ain-
si que de déterminer l'évaluation du prix
de ses journées et les conditions de leuT
rachat. 'Le.s chiffres qui sont proposés
n'ont, rien d'excessif, si l'on tient compte
du faible rendement de la main-d'œuvre
dans la plupart des cas.
En ce qui concerne plus particulière-
ment la taxe additionnelle sur le chiffre
d'affaires, elle -a donné lieu à de multi-
ples réclamations de la part de certains
groupements commerciaux, qui la discu-
Lent dans soin principe et dans son appli-
cation. Ces questions seront étudiées et
trtinchéels par les juridictions compéten-
tes.
Nous devons retenir la fin du discours
do M. le .rinm"!e.nWUl' Didot. qui fait ap-
pel à l'esprit de concorde et de concilia-
tion dans les débats pour que cette as-
semblée se montre digne de la confiance
de ceux qui ont collaboré à sa création
et qui la considèrent comme capable de me-
ner île Sénégal vers un magnifique Œve-
nir digne de son titre de doyen des Colo-
nies du groupe de l'A O. F.
Le tribunal maritime spécial
des colonies pénitentiaires
Dans nus colonies pénitentiaires, la Nou-
velle-CaF-donie et la Guyane, les crimes et
délits commis par les .condamnés, sont défé-
rés ;\ un tribunal spécial, appelé « Tribunal
Maritime JI, qui est présidé par un officier
do la guerre ou de la marine, et qui com-
prend, comme membres, des représentants
de l'administration pénitentiaire. Ces tribu-
naux sont dans les attributions de la ma-
rine.
La réduction du personnel de l'adminis-
tration pénitentiaire en Nouvelle-Calédonie,
ne lui permettant plus de fournir les juges
prévus pour ce tribunal spécial et d'autre
part, l'organisai ion actuelle de nos colonies
ne permettant pas de laisser ces tribunaux
dans les attributions de la marine, le Gou-
vernement vient de présenter un projet de
loi pour la réorganisation de ces tribunaux
qui, sous le no in de tribunaux pénitentiai-
res des Colonies, seront rattachées au mi-
nistère des Colonies, et leur compétence
sera étendue aux déportés.
Le Congrès de la Santé pcbitque
à fexposition Coloniale de Marseille
--0-0--.--
Un des Cong-Is les plus importants de
l'Exposition Nationale Coloniale de Marseil-
le 1922 sera celui de la Santé Publique et
do la Prévoyance Sociale.
M. Adrien Artaud/résident général des
Congrès, vient de décider qu'il tiendra ses
assises à Marseille chi Il au 17 septembre
1922, M. Paul Gouzien médecin inspec-
teur général, président du Conseil supérieur
do Santé des Colonies est appelé par 'te
•commissaire général à en diriger les tra-
vatux qui se (répartiront en quatre sections.
Section de Médecine
C'est il M. Le Dantee, professeur des ma-
ladies exotiques à l'Université de Bordeaux,
qu'a été donnée la présidence de-cette sec-
tion dont les rapports viennent d'être ainsi
distribués :
A. Les Spirochétoses dans les colonies
françaises. Rapporteur : Dr Noc, médecin-
major do lre classe dos- troupes coloniales,
directeur du Laboratoire de Bactériologie (ïe
l'A. O. F.
13. Les Helminthkises : indications de
recherches intéressantes à effectuer aux lp-
lonies. Rapporteur : D* Joyerux, agrégé de
la Facilité de Médecine de Paris.
C. - Les Maladies vénériennes dans les
colonies françaises. Rapporteur : Dr Tm-
roux, médecin principal de lr0 .classe, direc-
teur de, l'Ecole d'application du Service ae
Santé des troupes coloniales à. Marseille.
D. Les Bilharzioses ou Schistosomoses
dans les franîaisu. Géograiplfie
médicale. Epidémiologie. - Traitement.
Rapporteurs : Dr G'. Reynanld, médecin pinn-
fina) de 2° classe des troupes colonialoo, en
retraite, professeur à l'Ecole de Médecine
de Marseille ; Dr M. Léger, médecin-major
de 1ro classe des troupes «)!o:maJes, direc-
teur du Laboratoire de "Recherches scienti-
fiques de. J'A. O. F.
E.- Les Amibiases :
a) Les indications de l'Emétine. -Rappor-
teur : Dr Mattei, professeur à l'Ecole de
Médecine de Marseille.
b) Les séquelles de ItAmihiase. Rappor-
teur : Dr Monges, professeur à l'Ecole de
Médecine de Marseille.
F. La Tuberculose chez les indigènes
dans les colonies françaises. Formes et
évolution suivant les races. Rapporteur :
Dr Korandet, médecin-major de lro classa,
professeur à l'Ecole d'application du serVi.
ce de Santé des troupes coloniales.
Des communications .seront également
faites par les personnalités suivantes :
Les nouveaux traitements' de la Lèpre.
Dr Pringarnit, chef de clinique exotique.
Etiologie et. Prophylaxie du Trachom,.
TY Aubare aigrégé des Facultés, professeur
à l'Ecole die Médecine de Marseille.
Les l's g choses sous les tropiques : Etiolo-
gie. - (Syphilis. - Alcoolisme. - Paludis-
me. 'Maladie du sommeil. Influences
climatiques). - Formes. Hygiène men-
tale. - l)r Roussy. directeur-adjoint à.
l'Ecole pratique nationale des Hautes Etu-
des. au Collège de France. Dr G. Martin,
médecin principal de 2° classe, ancien pro-
fesseur à r Ecole d'application du Service de
Santé des troupes coloniales. Dr Robert, di-
recteur de l'Institut Pasteur do Bangkok.
Dr Cazànovc. médecin-major de 1" classe
de.s troupes coloniales.
Section d'Hygiène
Le président sera M A. Thiroux, méde-
cin principal de lro classe des troupes co-
loniales, directeur de lcole d'application
du service de santé à Marseille.
Les rapports sont 'répartis de la ma-
nière suivante :
A. Topographie et prophylaxje: de la
Maladie du Sommeil dans les Colonies
françaises. Rapporteur : Dr G. Martin, mé-
decin principal de 2° classe des troupes
coloniales, clieT de la Mission française de
la Maladie du sommeil, en A. E. F.
B. Prophylaxie et traitement de la
Peste. Rapporteur : Dr Heckemroth. méde-
cin-major de irt classe, ex-directeur du La-
boratoire d'Hygiène des j'A. O. F.
C. Hygiène urbaine et rurale. Ur-
banisme aux Colonies. Types d'habita-
tions hygiéniques européennes et indigè-'
nés. Rapporteurs : Dr Abbatucci, médecin
principal elle - 2e classe - des - troupes - colonia-
les ; M. Dervaux, architecte) urbaniste';
M. Parenty, architecte urbaniste, prési-
dent de la Société d'Hygiène ; M. Prost,
directeur du Plan des villes au Maroc.
D. Navires convoyeurs et Transports
Hôpitaux, et toutes questions se rappor-
tant au transport des collectivités par voie
de mer. Rapporteurs : D' Chastang, méde-
cin en chef de la .Marine, -et Dr Brunei
E. Rôle et traitement des Porteurs de
germes en prophylaxie internationale: Rap-
porteur : Dr Natlan-Larrier, chargé- de cours
au Collège de France.
Les communications seront les suivan-
tes :
Prophylaxie du Paludisme ;por les moyens
agricoles. (IUzipisciciËtui-e. Animaux do-
mestiques.) Professeur Rouba.ud, chef de
service à rfnstitut Pasteur" de Paris ; Dr J.
Legendrc, médecin principal do' 2° classe
des troupes coloniales.
Prophylaxie du Paludisme dans les villa-
ges ; équipes itinérantes.
Hygiène scolaire dans les a.gglomél'o.tion
indigènes, urbaines et rurales.
Réfrigération des habitations.
Aviaiion sanitaire aux colonies.
Les Coloniaux aux eaux thermales : Stth -
Huns luidrominéraies en France et aux Co-
lunies. Dr Matignon, de Plombières, France,
Dr Abbatuc:-i, médecin principal de 2° clas-
se des troupes coloniales, colonies.
Section de l'Assistance médicale indigène
On a fait appel à M. le Roy (tes, Bairea,
directeur de la Santé au Tonfcin,pour pré-
sider oette section.
Les rapporteurs sont les Suivants :
A. - a) Protection et développement de
la inain-cl'reuvre indigène chez l'adulte. Rap.
VLN-GT-DEUX1 EAU': ANNEE. N° 147
LE NUMERO 15 CENTIMES
MARDI SOIR, 6 DECEMBRE 1921
0
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR LES "ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
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..2'e j SïïSJÏcw^" 2 •"» -"S".
flhutré ( Ktrangtr M» 45 1 M i
On s'abonna dans (oui Im Bonus d* porte et cIaa hm prfawipan BWmlraa
unE RtUBIBE QUI S'IMPOSE D'UR&EnCE!
Les produits allemands continuent à entrer en Cote-d'lvoire et au Dahomey
aux tarifs applicables aux produits français.., et angiais
,
On sait qu'aux termes de la COHven-
tion; passée le. 14 juin 1898 entrei l'An-
gleterre" et la. France, la Cote-d'Ivoire
et le Dahonie-y avaient été compris au
nombre des territoires dans lesquels les
sujets britanniques,, les produits impor-
tés d'Angileterrci ou de ses. colonies de-
vaient jouir de tous les avant.a.g-e&.:-
servés aux sujets et aux produits fran-
çais.
A lu, suite de cette convention, les
différents pays qui avaient des traités
de commerce avec la France et jouis-
saient chez nous du traitement de la
nation la plus favorisée, demandèrent
lei bénéfice, des avantages accordés à
a\ng'let.err dans nos possessions de
la Gôtel d'Afrique. On en vint bientôt
à ne plus, faire aucune, distinction' entre
les différentes nations et le régime
do'uanier établi pour la Côte-d'IvoIre et
le Dahomey est applicable imiformé-
încint à toutes les provenances. II n'est
par suitel perçu aucun droit tICI douane,
mia,is un simple droit d'importation qui
frappe au interne titre produits natio-
naux et prodiuits étrangers.
Or, si ce fait pouvait se justifier à la
rigueur avant la. guerre etl même pen-
dant) ton Ici la. période des hostilités, FA1-
leuiiagne ne pouvant plus en fait impor-
ter quo'i que ce soit dans nos colonies
pendant cotte période, il ne se justifie
plus depuis UliS. Et pourtant, rien n'a
été encore changé.. Lcu tariiicaliO'n des
droits d'importation s'applique toujours
nnifoirmiôm-ènt aux produits allemands
comme à ceux provenant des autres
pays, commue à ceux venant de Franco.
Est-ce oubli ou indifférence ?
Nous comprenons parfaitement qu'on
maintienne, non seulement à l'Angle-
terre, mais aux nations qui ont coopé-
ré avec nous à la victoire sur l'allemand,
les prik'ilè,g'js. que nous leur avions re-
connus avant la. guerre. Mais à l'Alle-
magne ? ce serait un défi a.u bons sens !
Il serait donc gra.ndl temps do modi-
fier sur ce point île décret Üu 14 avril
1905 qui reste la. charte douanière de
,I'Afriqua Occidentale. A la. faveur de
son change extrêmement bas, l'Aile-
magne fabrique, tt des. prix incontesta-
blement meilleur marche- que chez nous !
ou chez nos aMiés, tous les articles ou
produits industrialisés. Déjà en Europe,
en Asie, en Amérique, elle a conquis,
malgré les barrières douanières, tous
les marchés- ouverts aux importation.
L'industrie angolaise chôme ; certaines
industries françaises sont dans le mlê-
me cas. Nous arrivons chez nous, par
une' réglementation rigoureuse, à limi-
ter l'entréel des articles d'outre-Rhin.
Mais pour nos colonies qu'aton fait
jusqu'à présent ? On s'est borné à su-
bordonner les importations d-ei produits
pharmaceutiques et matières colorantes
allemands à une autorisation ministé-
rielle (1). Un point c'est tout. Rien pour
les tissus, rien pour l'outillage mécani-
que, rien pour les produits "liinen tai-
l'es, la parfumerie, les' matériaux de
construction, e-tc.
Il n'est pas- dans; notre pensée de de-
mander l'interdiction des importations
allemandes dans nos colonies ; pas mè-
mie de les, subordonner à des autorisa-
tions ministérielles ou autres, accor-
dées un peu à tort. et à travers. GI que
nous demandons, c'est qu'on applique
à ces importations, en plus des- dlroits
qui frappent les marchandises françaj-
ses, un droit de ,thuanC'! assez élevé qui
rétablisse:, tout au molns dans* une
ccrfaino mesure, un équilibre dans les
prix de revient des pro.venn.nccs natio-
nales et celles des provenances alle-
mandes. Le résultai obtenu serait-il in-
suffisant' à cet égard, qu'il aurait néan-
moins une conséquence heureuse :
celle d'augmenter fos recettes douaniè-
res du Gouvernement général, an
moyen desquelles cehÜ-ri peut dévelop-
per ses institutions d'htye'iene- et d'as-
sistance médicale aux indigènes.
Nous' voulons supposer que l'oubli,
s'il v a oubli, sera bientôt réparé. Ce ne
serait vraiment pas la peine d'avoir ga-
gné la guerre, d'avoir pris ses colonies
à l'Allemagne si nous lui permettons de
conquérir les nôtres !
Ernest Haudos,
Député de la Manie.
(1) Décret du 20 juin lO. Loi du 7 novem-
bre 1919.
LES ALLAOUITES
Parmi les territoires dont se. compose- la
Syrie, pïacé-e sens le mandat français en
.vcrtu' du traité de Sun-Rcmc, celui des Al-
laouites que vient d'organiser ct il'a,chni-
nistrer Ici colonel Niéger était, certainement
le moins connu et 'le moins facile à disci-
pliner en raison du caractère; quelque peu
farouche de s os hubilunts.
Fidèle disciple-de Laperrine ot de Char-
les de Foucauld, à l'expérience de qui il
ne manqua pas do rendre hommuge, le
colonel Nie-ger sut » apprivoiser » ses nfl-
ministrés dunt l'état social diffère peu du
système; féodal des Touareg.
Délivrés par les Français du joug otto-
man, les Allaouites ont renoncé à Iciur ap-
pellation turque qui, dans son sens péjo-
ratif, los désignait comme des parias et
des bandits. Ils veulent être, placés sous
le protectorat de la Franco qui seul ros-
pectera leur religion absolument secrète,
leurs moeurs, et qui surtout leur donnera
l'instruction et l'education qui leur sont
nécessaires pour prendre une parL eflec-
tive à l'administration de la Syrie.
Bien que la ligne de faite entre la côte
et l'Oronte, soit restée, inviolable,. les prin-
cipaux chefs Allaouites descendent volon-
tiers de leurs hautes altitudes (2.000 mé-
tres), pour venir à Latakieh (ancir-ane
trésLaocidée) ), et leurs relations avec l'admi-
nistration françaiso furent des plus cor-
diales. Ks réservèrent du reste jadis un
exctllent accueil aux rares voyageurs eu-
ropéens (général de Torcy, Mauiriee Bar-
rés). w ,
La France des croisades y construisit
des châteaux-forts dont les vestiges déno-
tent l'importance ; nous n'étions donc pas
des inconnus en Syrie septentrionale et si
les Allaouites se révoltèrent dernièrement
la situation international de la Syrie de-
puis trois ans en est la soûle cause.
Devant un nombreux auditoire, le colonel
Nieger, exposa à la Société de Géographie
la nécessité impérieuse de l'exécution de
l'accord d'Angora. La paix loyale avec la
Turquie mettra fin aux dissensions syrie-n-
Des dont la répercussion serait fâcheuse
dans notro Afrique du Nord. Les Syriens
ont dispersé leur élite intellectuelle dans
les grandes puissances européennes, mais
cette élite, est française de cïeur. elle ne
veuit pas recevoir d'ordre i-iii de la Mecque,
ni de Constantinoplo. Par la diversité mè.
mie die ses racés ('
unifté-o : seule l'administration française
lui garantit ies statuts conformes à son
système fédéral.
Problème bien différent de celui que
nous eûmes à résoudre en Afrique du Nord
mais qui ne découragea ni le Haut-Com-
missaire de la République française, le gé-
néral Goura ud, ni ses collaborate-urs ctont
le distingué conférencier fut un des meil-
leurs comme un des plus compétents.
« Restons en Syrie,conclut le colonel Nie-
ger, développons là, au point de vue écono-
miques, car la sol en est fertile et exécu-
tons loyalement l'accord d'Angora. »
Eugène Devaux.
LES QUESTION S ALGÊBIEtiBES
dotant la CommiHi interministÓriello
1 OO
La grande Commission constituée par M.
Douiner pour examiner la question de ga-
rantie d'intérêt des chemins de fer et de
la contribution militaire de l'Algérie s'est
̃réunie hier matin aitt Ministère des Finan-
ces sous la présidence de M. Leclère, ins-
pecteur des Finances. Les ministères des
Finances, des Travaux publics et de l'In-
térieur étaient représentés. M. Sabatier,
président de délégation, assistait à la
séance ainsi que MM. Thomson, Morinaud,
Roux-Freissineng, députés ; Casser, sé-
nateur.
M. Leclère a fait l'exposé des deux queb-
tions et du programme soumis à la. Com-
mission. Lecture fut donnée d'une lettre
de M. Duroux, sénateur, protestant contre
toute augmentation des charges de l'Al-
gérie, littéralement écrasée sous les im-
pôts actuels. Les deux délégués des minis-
tères des Finances et des Travaux publics
ont ensuite présenté le point de vue de
leurs départements respectifs d'après le-
quel la loi de 1904 .sur la garantie forfai-
taire par la métropôle des chemins de Ter
algériens ne se comprendrait plus dans lu
nouveau régime de chemin de fer voté
pour la métropole et qui doit être appli-
que à l'Algérie puisque les chemins de fer
doivent se suffire à eux-mêmes.
Une longue discussion a eu lieu à ce
sujet il laquelle ont pris jrart MM. Saba-
tier, Thornson, Morinaud, Gas-scr, Roux-
Freyssinong, qui tous- ont soutenu : 1° que
le nouveau régime des chemins de fer fran-
çais n'étant pas encore appliqué à l'Algérie
il n'y avait pas lieu pour le moment de
raisonner comme s'il l'était ; 2° que la loi
de 190-i.- forme un contrat synallagmatlque
entre la Métropole et l'Algérie et que l'ac-
cord des doux parties est nécessaire pour
la supprimer ou la modifier ; 3° qu'il n'a
jamais été dit aux délégations financières
que l'application du. réflim nouveau des
chemins de 1er à l'Algérie aurait pour con-
séquence de faire tomber la loi de 1904 et
avec elle la subvention forfaitaire de la
métropole et que dnns ces conditions, il n'y
avait pas lieu les consulter ci nouveau.
L'argumentation des représ en taintts cle
l'Algérie a donné lieu à un échange de vues
avec 1er, représentants des ministères.
Une sous-commission dont fait partie M.
Sabatie.r a été chargée de rechercher une
solution permettant à la fois d'appliquer le
nouveau régime ù l'Algérie et de maintenir
la loi de 1901, le sentiment commun étant
qu'n raison des charges énormes que l'Al-
gérie va supporter dû fait de la garantie
du grand emprunt et des subventions aux
services maritimes il ne peut être' ques-
tion de demander à l'Algérie une charge
nouvcHe qui entraînera des impôts a pré-
lever mir une population déiA surchargée.
E. M.
Fantaisies administratives
U y a un an environ, le
Ministre des Coûtes,pdr
une circulaire adressée
anux chefs de service de
l'Instruction publique aux
Colo nies, les priait de por-
ter à la connaissance de
leur personnel « que très
satisfait des efforts dé-
voués fournis par chacun
en (les circonstances difficiles, il envisa-
geait !̃amélioration de la situation pécu-
naire, rendue pénible par la hausse des vi-
vres et des loyers ».
Nos professeurs coloniaux furent tout a
la juie. Enfin, l'administration de la rue
Oudinnt songeait à eux et allait enfin rele-
vei1 leur traitement., comme elle lavant fait
pour les autres catégories de fonctionnaires
coloniaux.
Ils attendirent, d'abord de longs mon,
puis virent enfin promulguer un décret,
le 27 juin 1921 inspiré par un exposé des
motifs où se trouvait indiquée tii néces-
sité de relever les soldes universitaires 6t
Wassurer le recrutement colonial.
Et ce fut alors la déception !. Jusqu'a.
lors les professeurs de nos Lycées coloniaux
appartenaient à deux cadres : le cadre mé-
troipolibain dans lequel ils gardaient leur ti-
tre d'origine, avec avancement à fancien
neté et le cadre colonial où ils avaient le
titre de chargé de côws avec avancement
au choix.
Or, que leur apportait la bienveillance dit.
Ministre des Colonies ?
Jusqu'ici la délégation aux colonies pour
les métropolitains était un avancement,
puisqu'à leur retour on les nommait char.
(lés de cours dans un lycée de France.
Maintenant. il n'en était plus ainsi, le cn-
dre colonial étant supprimé pour les délé-
gués qui rep'rennent leur titre métropolitain
avec, bien entendu, une solde coirespon-
dante. Aussi voit-on actuellement, dans les
limées anWlais, des chargés de cours de
puis vins de 20 années, redevenir répéti-
teurs et des professeurs rétrograder de plu-
sieurs classes !
rendant ce temps, les professeurs enga
gés directement par la Colonie, assurant les
mômes fonctions et munis des mêmes di-
plômes gardent leur titre et jouissent d'une
amélioration de traitement.
- a
Cette injustice a été signalée successive
ment au Ministre des Colonies et au Minis-
tre de l'Instruction pubUqlle. Mais, me de
Grenelle et rue Oudinot, les bureaux, tout
en reconnaissant l'erreur, s'en lavent les
mains !. ̃
Il faudrait modifier le décret et prévoir
des mesures réparatrices. C'est vraiment
trou !.
Et voilà la récompense que reçoivent tou.
te une catégorie d'universitaires, qtd, sur
la garantie d'avantages solennellement re-
connus. mit apporté leur concours au dé-
veloppement du domaine colonial de la
France.
L.-G. Thébault
.,
vovage de personnalités mamuantes
en Afrique OCCidentale Française
00
L'Afriquo Occidentale qui dans la pério-
de d'avant-guerre apparaissait aux Fran-
çais comme une colonie éloignée et offrant
un in té rôt tout à fait relatif reçoit depuis
quelque temps là visite de nombreuses pur-
sonnalités.
L'an dernier los baverai lis Belges et
leur suite de retour de l'Amérique du Sud
touchaient. Dakar où ils recevaient le plus
cordial accueil.
Cette année le Ministre des Colonies, M'.
Albert Sarrau*, vient d'accomplir le voyage
que l'on sait en Mauritanie, en Guinée et
au -Sénégal où il a reçu un accueil enthor-
siaste.
Le général Mangin venant drt l'Amérique
du Su:d et chargé d'une mission militaire
a débarqué le 2 novembre en Guinée et
visite actuellement le Sénégal et le Sour
dan. '- ,
Les derniers paquenots de l'ranco ont
amené le aénéi-all Messimy, ancien minis-
tre do la Guerre et des Colonies, l'ingénieur
Bérengier qui viennent du su rendre comp-
te sua* place de divers projets concernant
les travaux publics, la culture dui coton,
l'édification d'immeubles, etc.
M. Barthélémy, député du Pas-de-Calais
et délégué du Soudan est actuellement à
Dakar d'où il compte rayonner en A. O. F.
D'autre part MM. Pierre Vaiude, Proust
et. Boussenot s'embarqueront à Marseille
lo 10 de ce mois pour Dakar, toute l'A. O.
F. et le Cameroun.
MM. CombraixQ et Gasparin partiront
un peu plus tard pour Dakar, le but de
leur voyage étant principalement le Togo
et le Cameroun.
Rapports et Décrets j
Décret accordant la médaille d'honneur des
Contributions diverses en Algérie.
Décret permettant de conférer 1 honorariai
aux anciens membres des commissions
municipales de la colonie de Madagascar
et dépendances.
Décret approuvant diverses taxes posta-
les, télégraphiques, téléphoniques et ra-
diographiques intérieures créées par
des arrêtés du gouverneur général de
d'Indo-Chine.
0. du i décembre 1921.
Loi relevant aux mêmes taux qu'en France
les droits de douane gui frappent les cen-
rées coloniales importées en Algerie.
Par décret en date du 29 novembre 1921,
rendu sur la proposition du Ministre des.
Colonies, le traitement de disponibilité ae
M. Nouiflard (Charles-Henri-Adrien),
gouverneur de 20 classe des Colonies, a
été porté à 8.000 fr., à compter du 21 juil-
let 1921.
J. O. du 6 décembre 1901.
La conscription indigène en Algérie
Importante interview de M. Gabriel Abbo, l
député d'Alger
Une grave et importante question est ac-
tuellement pendante devant la Commission
de l'armée Il s'agit de la conscription des
indigènes d'Algérie. D'aucuns voudraient
qu'ils soient incorporés au même titre que
les Français. D'autres plus avisés cher-
chent à démontrer par un judicieux raison-
nement que ce serait une grosse faute.
Nous axons consulté à ce sujet le nou-
veau député. d'Alger, M. Gabriel Abbo qui
s'est fortement occupé de cette question en
sa qualité de président de la Fédération
des municipalités d'Algérie.
M. Gabriel Abbo a bien voulu nous faire
des déclarations qui auront une portée con-
sidérable, lorsquù cette question viendra en
discussion devant le Parlement.
Quoi qu'il en soit, nous déclare le
sympathique député d'Alger, j'ai cm de
mon devoir de soumettre par avance à la
Commission parlementaire do l'armée quel-
ques-uns des arguments qui s'opposent à
cette incorporation des sujets indigènes
dans l'armée française.
Je viens d'adresser une lettre à M. le gé-
néral de Castelnau. président de la Com-
mission de - l'armée, dans laquelle le le
mets ei garde contre un tel danger. Il faut
que la Commission de l'armée soit au cou-
rant de la discussion qui vient d'avoir lieu
au cours de la deuxième session du Conseil
général, lequel a voté le rapport Mourgues
dont, les Annales Coloniales ont. publié ie
texte. Ce rapport très expressif conduit
neltomrnt, au rejet de la proposition d'm-
corporution des indigènes.
Kn définitive, continue le député d'Al-
ler, j'estime que le système de la conscrip-
tion ne donne pas de résultats pratiques
suffisants pour compenser les inconvénients
politiques qui en découleront obligatoire-
ment.
D'autre part, nous nous trouvons pmer-
més dans ce dilemme irréfutable. Ou bien
la conscription rie nous procure qu'un nom-
bre d'hommes infime, un recrutement mau-
vais d, dans ce eas, il paraît peu intéres-
sant, à tous les points de vue. d'en pour-
suivre l'application : ou bien 18J conscrip-
tion étendue, intensifiée, réussit à nou's
donner le nombre de conscrits que le chif-
fre de la population indigène avait pu nous
laisser espérer, et alors nous constituons
dans la colonie uno armée de réserve im-
portante. composée d'hommes de toutes ar-
mes, avec des cadres complets, suscepti-
bles d^étre mobilisée, spontanément un jour
et dressée contre la domination française,
a l'appel de quelque descendant de grande
famille religieuse ou de quelque chef arabe,
oue nous aurons nous-mêmes" désigné à
l'attention de ses coreligionnaires, en lui
permettant d'accéder aux situations politi-
ques les plus élevées de la Colonie.
Voilà, poursuit, l'aimable député, le
danger que je viens de signaler à la Com-
mission de l'année. Elle pourra en tout état
de cause se prononcer sur cette importante
question de nature à perturber notre in-
fluença en Algérie.
Au surplus j'ai joint à ma missive, le
rapport que j'ai fait voter à l'unanimité
par la Fédération des municipalités algé-
riennes.
Dans ce'rapport j'ai soulevé tous les ar-
guments susceptibles d'être un obstacle a
la conscriplion «n masse des indigènes.
Dans ce rapport j'indique que l'idée pre-
mière de cette constcription remonte au Se-
cond Empire
En 1855, l'Empereur demandait a son
ministre do la Guerre d'établir un projet
de promulgation dans la Colonie de la loi
de 1832 sur le recrutement. Ainsi, c'est à
un Gouvernement purement militaire, dont
la France a condamné les tendances, que
revient l'initiative première d'appliquer la
conscription à la Colonie. Ce projet neut
",., , , ----1. ,- ----':-1.-
pas ae suite : on recuia (levant ia ci-mne
d'augmenter outre mesure l'effectif des
troupes indigènes.
La même raison fit rejeter un projet de
recrutement forcé en Algérie imaginé par
lo général Esterhazy, en 1857. #
M. Gabriel Abbo relate ensuite les diver-
ses phases subies par cette question qui
fut portée plusieurs fois devant le Parle-
ment, mais qui échoua toujours.
En 1889, MM. Gaulier et MiTchelin la pré-
sentèrent à "la tribune du Parlement.
L'année suivante ce fut M. Martineau qw
reprenait cette question pour son compte.
J'ajoute que le projet fut combattu à cet-
te époque par M. Gaston Thomson.
En 1901, ce fut M. Raiberti qui la souimt
de nouveau au Parlement.
Ensuite, une Commission interministériel-
le fut chargée d'.étudier ce grave problème.
Cette Commission après une longue enquê-
te a conclu qu'il est indéniable que le pro-
jet considéré (conscnpt'wn), devrait - être
ccarlc San8 autre examen, si son adoption
était subordonnée à la concession aux indi-
gènes de droits civiques dont ils rouu-
iuik.vt î-Arur: un m:nOl'T.BLE usagf.. Assuré-
ment l.K Ivri.r.KTIN DK VOIT, A LA MAIN DE 1,'lN-
DKîKNK SKKAir r; ONT RE (lTnE SUPRÉMATIE UNE
-\R\IF: AUTREMENT REDOUTABLE QUI-: LE FCSIL A
TIR RAPIDE.
M. Gabriel Abbo fait suivre sou expose
de longues considérations plus sérieuses
les unes que les autres pour arriver à cet-
te conclusion technique que l'effectif de
50.000 hommes avec le service de deux an-
nées et celui de 90.000 hommes sur pied do
guerre (réserves comprises, 7 classes) sont
exagérés.- r
- Je note, termine le sympathique dé-
puté d'Alger, que les statistiques seules
•sont expressives.
A ce sujet laissez-moi vous dire que pen-
dant la guerre on a tiré lé maximum pos-
sible de la conscription, parce qu'on y a
tout incorporé, même les inaptes.
Savez-vous ce que ces chiffres ont pro-
duit ? exactement du 2 août 1914 au 30 no-
vembre 1918 : 61.467 hommes.
Dans ces conditions, il apparaît que les
chiffres envisagés par la Commission de
l'armée ne sont qu'un mirage dangereux
pour notre sécurité nationale.
Sur cet avertissement redoutable, nous
prenons congé du sympathique député d'Al-
ger, non sans l'assurer que ses idées sur
cette grave question cadraient en plein
avec celles des Annales Coloniales.
Eugène Masson
LA PREMIÈRE SESSION j
du Conseil Colonial du Sénégal
Le Conseil colonial du Sénégal, cI'éé par
le décret du 4 décembre 1920, s'est réuni
le 15 novembre sous la présidence de M.
le Gouverneur des Colonies Didelot, Lieu-
tenant-gouverneur de la colonie.
Dans son discours d'ouverture de celte
session extraordinaire, M. le Gouverneur
Didelot rappela tout d'abord que la plus
importante des prérogatives de oette hau-
te assemblée, est de délibérer sous réserve
de r-approbation du Gouverneur général,
en Conseil de Gouvernement, sur le mode
d'assiette, les tarifs et les règles de per-
ception et die répartition des taxes on
contributions directes ou indirectes, à per-
cevoir au profit de la Colonie.
Il prie, en outre les conseillers de remar-
quer qu'une période de transition s'impose
pour passer du régime antérieur, à celui
dans lequel les deux administrations di-
recte et des pays de protectorat, vont fu-
sionner 1enrs prévisions en vue de donner
au Sénégal une vie financière désormais
unifiée. Les voles de l'assemblée serviront
donc uniquement de bruse légale aux per-
ceptions à effectuer en 1922, sans engager
l'avenir.
Le Gouverneur attire l'attention des
conseillers suir la nécessité d'assurer l'éga-
lité de Lous devant l'impôt qui a motivé
l'élévation du taux de la contribution per-
sonnelle-mobilière dans les centres et. aux
citoyens français.
Jusqu'à présent on a pu dire, ajouta. M1.
Didelot, non sans apparence diei raison,:
que les contribuables des Territoires d'ad-
ministration directe jouissaient d'un ré-
gime de faveur, puisque, par tête d'ha-
bitant, ils payaient une quiotiflé moindre
d'impôts directs, qn:e: les populations des
campagnes. Cette différence semblerait se
justifier difficilement. Si te coût de la vie
est plus élevé dans les villes et les es-
cales, il faut reconnaître en effet que ceux
qui s'y groupent, bénéficient des nnm-
breux avantages que leur procure Il l'ur-
banisme )). et qu'en outre, ils y sont gé-
néralement attachés par un travail beau-
coup plus largement rémunéré.
Il a fallu étendre la réglementation des
prestations à tout le Sénégal. Cette impo-
sition qui existe en France et dans pres-
que toutes nos Colonies, est un besoin in-
disculaible ici, où le réseau routier n'est
qu'à l'état embryonnaire. A l'heure où il
convient de rechercher, partout où elles
se trouvent, les sommes de richesses et
d'assurer aussi l'évacuation très prompte
des produits du sol, il serait abolument
contraire à l'intérêt général de refuser
une participation convenable die tous les
contribuables mules et valides, à l'entre-
tien des routes et des postes, ou de cer-
tains ouvrages d'utilité première. Il ap-
partiendra au Conseil, adoptant le prin-
cipe, de délibérer sur Le nombre de jour-
nées de 'trav.ail dû par le prestataire, ain-
si que de déterminer l'évaluation du prix
de ses journées et les conditions de leuT
rachat. 'Le.s chiffres qui sont proposés
n'ont, rien d'excessif, si l'on tient compte
du faible rendement de la main-d'œuvre
dans la plupart des cas.
En ce qui concerne plus particulière-
ment la taxe additionnelle sur le chiffre
d'affaires, elle -a donné lieu à de multi-
ples réclamations de la part de certains
groupements commerciaux, qui la discu-
Lent dans soin principe et dans son appli-
cation. Ces questions seront étudiées et
trtinchéels par les juridictions compéten-
tes.
Nous devons retenir la fin du discours
do M. le .rinm"!e.nWUl' Didot. qui fait ap-
pel à l'esprit de concorde et de concilia-
tion dans les débats pour que cette as-
semblée se montre digne de la confiance
de ceux qui ont collaboré à sa création
et qui la considèrent comme capable de me-
ner île Sénégal vers un magnifique Œve-
nir digne de son titre de doyen des Colo-
nies du groupe de l'A O. F.
Le tribunal maritime spécial
des colonies pénitentiaires
Dans nus colonies pénitentiaires, la Nou-
velle-CaF-donie et la Guyane, les crimes et
délits commis par les .condamnés, sont défé-
rés ;\ un tribunal spécial, appelé « Tribunal
Maritime JI, qui est présidé par un officier
do la guerre ou de la marine, et qui com-
prend, comme membres, des représentants
de l'administration pénitentiaire. Ces tribu-
naux sont dans les attributions de la ma-
rine.
La réduction du personnel de l'adminis-
tration pénitentiaire en Nouvelle-Calédonie,
ne lui permettant plus de fournir les juges
prévus pour ce tribunal spécial et d'autre
part, l'organisai ion actuelle de nos colonies
ne permettant pas de laisser ces tribunaux
dans les attributions de la marine, le Gou-
vernement vient de présenter un projet de
loi pour la réorganisation de ces tribunaux
qui, sous le no in de tribunaux pénitentiai-
res des Colonies, seront rattachées au mi-
nistère des Colonies, et leur compétence
sera étendue aux déportés.
Le Congrès de la Santé pcbitque
à fexposition Coloniale de Marseille
--0-0--.--
Un des Cong-Is les plus importants de
l'Exposition Nationale Coloniale de Marseil-
le 1922 sera celui de la Santé Publique et
do la Prévoyance Sociale.
M. Adrien Artaud/résident général des
Congrès, vient de décider qu'il tiendra ses
assises à Marseille chi Il au 17 septembre
1922, M. Paul Gouzien médecin inspec-
teur général, président du Conseil supérieur
do Santé des Colonies est appelé par 'te
•commissaire général à en diriger les tra-
vatux qui se (répartiront en quatre sections.
Section de Médecine
C'est il M. Le Dantee, professeur des ma-
ladies exotiques à l'Université de Bordeaux,
qu'a été donnée la présidence de-cette sec-
tion dont les rapports viennent d'être ainsi
distribués :
A. Les Spirochétoses dans les colonies
françaises. Rapporteur : Dr Noc, médecin-
major do lre classe dos- troupes coloniales,
directeur du Laboratoire de Bactériologie (ïe
l'A. O. F.
13. Les Helminthkises : indications de
recherches intéressantes à effectuer aux lp-
lonies. Rapporteur : D* Joyerux, agrégé de
la Facilité de Médecine de Paris.
C. - Les Maladies vénériennes dans les
colonies françaises. Rapporteur : Dr Tm-
roux, médecin principal de lr0 .classe, direc-
teur de, l'Ecole d'application du Service ae
Santé des troupes coloniales à. Marseille.
D. Les Bilharzioses ou Schistosomoses
dans les franîaisu. Géograiplfie
médicale. Epidémiologie. - Traitement.
Rapporteurs : Dr G'. Reynanld, médecin pinn-
fina) de 2° classe des troupes colonialoo, en
retraite, professeur à l'Ecole de Médecine
de Marseille ; Dr M. Léger, médecin-major
de 1ro classe des troupes «)!o:maJes, direc-
teur du Laboratoire de "Recherches scienti-
fiques de. J'A. O. F.
E.- Les Amibiases :
a) Les indications de l'Emétine. -Rappor-
teur : Dr Mattei, professeur à l'Ecole de
Médecine de Marseille.
b) Les séquelles de ItAmihiase. Rappor-
teur : Dr Monges, professeur à l'Ecole de
Médecine de Marseille.
F. La Tuberculose chez les indigènes
dans les colonies françaises. Formes et
évolution suivant les races. Rapporteur :
Dr Korandet, médecin-major de lro classa,
professeur à l'Ecole d'application du serVi.
ce de Santé des troupes coloniales.
Des communications .seront également
faites par les personnalités suivantes :
Les nouveaux traitements' de la Lèpre.
Dr Pringarnit, chef de clinique exotique.
Etiologie et. Prophylaxie du Trachom,.
TY Aubare aigrégé des Facultés, professeur
à l'Ecole die Médecine de Marseille.
Les l's g choses sous les tropiques : Etiolo-
gie. - (Syphilis. - Alcoolisme. - Paludis-
me. 'Maladie du sommeil. Influences
climatiques). - Formes. Hygiène men-
tale. - l)r Roussy. directeur-adjoint à.
l'Ecole pratique nationale des Hautes Etu-
des. au Collège de France. Dr G. Martin,
médecin principal de 2° classe, ancien pro-
fesseur à r Ecole d'application du Service de
Santé des troupes coloniales. Dr Robert, di-
recteur de l'Institut Pasteur do Bangkok.
Dr Cazànovc. médecin-major de 1" classe
de.s troupes coloniales.
Section d'Hygiène
Le président sera M A. Thiroux, méde-
cin principal de lro classe des troupes co-
loniales, directeur de lcole d'application
du service de santé à Marseille.
Les rapports sont 'répartis de la ma-
nière suivante :
A. Topographie et prophylaxje: de la
Maladie du Sommeil dans les Colonies
françaises. Rapporteur : Dr G. Martin, mé-
decin principal de 2° classe des troupes
coloniales, clieT de la Mission française de
la Maladie du sommeil, en A. E. F.
B. Prophylaxie et traitement de la
Peste. Rapporteur : Dr Heckemroth. méde-
cin-major de irt classe, ex-directeur du La-
boratoire d'Hygiène des j'A. O. F.
C. Hygiène urbaine et rurale. Ur-
banisme aux Colonies. Types d'habita-
tions hygiéniques européennes et indigè-'
nés. Rapporteurs : Dr Abbatucci, médecin
principal elle - 2e classe - des - troupes - colonia-
les ; M. Dervaux, architecte) urbaniste';
M. Parenty, architecte urbaniste, prési-
dent de la Société d'Hygiène ; M. Prost,
directeur du Plan des villes au Maroc.
D. Navires convoyeurs et Transports
Hôpitaux, et toutes questions se rappor-
tant au transport des collectivités par voie
de mer. Rapporteurs : D' Chastang, méde-
cin en chef de la .Marine, -et Dr Brunei
E. Rôle et traitement des Porteurs de
germes en prophylaxie internationale: Rap-
porteur : Dr Natlan-Larrier, chargé- de cours
au Collège de France.
Les communications seront les suivan-
tes :
Prophylaxie du Paludisme ;por les moyens
agricoles. (IUzipisciciËtui-e. Animaux do-
mestiques.) Professeur Rouba.ud, chef de
service à rfnstitut Pasteur" de Paris ; Dr J.
Legendrc, médecin principal do' 2° classe
des troupes coloniales.
Prophylaxie du Paludisme dans les villa-
ges ; équipes itinérantes.
Hygiène scolaire dans les a.gglomél'o.tion
indigènes, urbaines et rurales.
Réfrigération des habitations.
Aviaiion sanitaire aux colonies.
Les Coloniaux aux eaux thermales : Stth -
Huns luidrominéraies en France et aux Co-
lunies. Dr Matignon, de Plombières, France,
Dr Abbatuc:-i, médecin principal de 2° clas-
se des troupes coloniales, colonies.
Section de l'Assistance médicale indigène
On a fait appel à M. le Roy (tes, Bairea,
directeur de la Santé au Tonfcin,pour pré-
sider oette section.
Les rapporteurs sont les Suivants :
A. - a) Protection et développement de
la inain-cl'reuvre indigène chez l'adulte. Rap.
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