Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1917-07-21
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 21 juillet 1917 21 juillet 1917
Description : 1917/07/21 (A18,N29). 1917/07/21 (A18,N29).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6358007p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
e V -f-. r.. [ - r - - La i , à" -i SAMEDI 21 JUILLET igi7.
DIX-HUITIEME ANNEE. N" 29, "':!.T'' -'-t'. U HUME*!)! M «M'iBU# '-' SAMEDI 2i JUILLET i9i7.
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JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
LES ANNALES COLONIALES sont le seul Journal Colonial
ne publiant que des articles inédits.
Les Manuscrit* non inséré* ne sont pa* rendus.
1 Tëlépb. Louvre 19-37 * Adr. tél. Ancolo-Pafis « Coae français A Z
DIRECTEURS: MARCEL RUEPEL & L.-G. THÉBAULT
HfiDRCTIOfl ET Afi|HlHlSTHRT10]4
PARIS-1 er a:. 34, Rue du Mont-Tfmbor .:. VARIS-l"
Un an fi mois 5 Mois
ABONnZBIqTg i France et Colonies. H. 13 » 7 »
ABONNEMENTS l Etranger, 35» 20 10*
On s'abonna dans tous les Bureaux de Poste et chez les principaux Libraires
Les Annonces et Réclames sont reçues
l aux Bureaux du Journal et dans les principales Agences de Publicité A
La, Censure et Gibraltar
1
-
Quand, il y a quelques mois, le nou-
veau Président au uonseil, M. RIbot,
eùt annoncé la transformation de la
censure dans un sens libéral, il appa-
rut, au contraire, avec force que si,
d'un côté, la censure faisait preuve
du plus lamentable laisser-aller en
laissant passer une foule de nouvelles
plus ou moins exactes, dangereuses
pour le moral de la Nation, elle &e re-
lusait, d'autre part, avec plus d'éner-
gie que jamais, à nous laisser lire ce
qui paraissait dons tous les journaux
de nos alliés.
Au point de vue des questions colo-
ni.ales 'intéressant plus particulière-
ment la France, les journaux anglais
et italiens, par exemple, étaient pleins
de polémiques où i'intérêt de notre
pays était de faire entendre sa voix.
L'imbécilité de la censure s'accentuant
encore à ce sujet, les éminents prési-
dents des Sociétés de Géographie, des
Sociétés de Colonisation et des Sociétés
intéressant notre commerce extérieur
vinrent présenter leurs doléances k M.
Ribot, introduits par M. Jonnart et par
moi-même.
Ces savants éminents, qui sont l'hon-
neur de la Science française, n'eurent
pas de peine, par les exemples qu'ils
donnèrent, à convaincre M. Ribot, au
moins pour la minute présente, des
méfaits de la censure, et M. Ribot vou-
lut bien promettre solennellement qu'à
partir de ce jour la censure, en ces ma-
tières, serait « modérée et intelli-
gente n.
« Modérée », c'est bien difficile pour
un ciseau autocratique ; « intelli-
gente », c'est bien difficile pour des
cervelles qui, craignant toutes les res-
ponsabilités, suppriment tout, afin de
n'twoir ainsi aucune responsabilité à
redouter, et n'ont ainsi aucun effort
intellectuel à fournir.
Aussi les choses, depuis trois mois,
ont empiré de jour en jour au point
que la presse coloni,ale est celle qui,
sur les sujets les plus 'utiles, est la plus
blanchie.
Par exemple aucun de nos journaux
ne peut mettre les citoyens français au
courant des polémiques retentissantes
des journaux anglais ou espagnols sur
la question de Gibraltar à laquelle,
pourtant, ils nous convient à nous in-
téresser.
Certainement la France ne pouvait,
par sa délicatesse et sa réserve tradi-
tionnelles, soulever el-le-même le pro-
blème ; mais puisqu'il est posé en de-
hors d'elle devant l'opinion univer-
, selle, et surtout devant l'opinion des
Espagnols et des Anglais principale-
ment intéressés, il est absurde désor-
mais que la France ne connaisse pas
une question qui l'intéresse autant que
ses voisins.
D'une part, la campagne poursuivie
en Espagne par le général Miguel Pri-
mo de Riviera, neveu du général Pri-
mo de Riviera, ministre de la Guerre
du Cabinet actuel, a posé nettement
dans la Péninsule et vis-à-vis de
l'étranger la question de Gibraltar. -
Le généra Primo de Riviera deman-
de qu'on recherche avec l'Angleterre
un échange qui, par l'intermédiaire
de la France, restitue Gibraltar à l'Es-
pagne contre la cession de Ceuta à
l'Angleterre et la zône espagnole du
Maroc à notre pays.
Le général pose en principe que rAn-
gleterre n'abandonnera jamais la posi-
tion dominante qu'elle détient depuis
deux siècles sur le Détroit, sauf à trou-
ver une position équivalente ou supé-
rieure, celle, justement, que pour-
raient offrir en face la citadelle et la
baie de Ceuta.
Cet échange met en question tout le
problème marocalin. Le général Primo
de Riviera l'aborde avec une hauteur
de vues et une franchise remarquables.
Il n'hésite pas à déclarer que l'inter-
vention de l'Espagne au Maroc fut
une erreur fatale ; il conclut à son
échec, à sa faillite dans la mission
qu'elle réclam.a ; il invite son pays à
réfléchir et l'exhorte, sans fausse
honte, à abandonner avec Ceuta aux
Anglais, « la zone espagnole à qui la
désire », à la France, par conséquent.
Et « bénie, dit-il, soit la terre d'Afri-
que, si, en l'abandonnant, elle pouvait
être le prix de notre reconstitution na-
tionale. » Il montre que la Maro est
un poids lourd attaché aux pas tré-
buchants de sa patrie ; que celle-ci,
outre les sacrifices mutiles de vies"hu-
mainels, jette par le Maroc plus de
150 millions de pesetas par an sans au-
cun profit. « Ce serait, dit-il, la ruine
pour l'Espagne que de persévérer dans
cette funeste aventure ; détachoIlJs-
nous des liens qui nous unissent à
l'Afrique avant qu'en se resserrant ils
nous étranglent. »
D'autre part, hier, l'homme politique
qui peut être considéré comme étant,
dans la presse anglaise, le porte-parole
des idées britanniques au Maroc et qui
« répandu depuis plus de 20 ans dans
le monde diplomatique européen H,
peut traiter les questions du Détroit
de Gibraltar en anglais européen aussi
bien qu'en anglais colonial, a résumé
devant les cercles politiques de Lon-
dres, par une étude admirable, l'en-
semble des raisons par lesquelles
l'échange de Gibraltar contre Geuta
peut être recherché et pourquoi il in-
combe à la France de .recueillir, en en-
tier, l'héritage marocain.
Nous exposerons plus en deiail ce
sujet, mais nous signalons tout de suite
que les protagonistes espagnols ou an-
glais de cette question montrent tous
le caractère urgent des négociations 8
entamer.
Ils mettent particulièrement en
avant que la liquidation définitive de
la question marocaine est affaire exclu-
sive entre la France, l'Espagne et .l'An-
gleterre ; qu'un accord nouveau sur le
Maroc, étant indépendant de 'la guerre
actuelle et n'intéressant aucun des buts
de guerre énoncés par les alliés, peut
donc être recherché dès maintenant
sans attendre un Congrès de la Paix ;
que les trois pays auraient intérêt à
prendre part à ce Congrès en ayant
préalablement résolu la question maro-
caine ; que, pour toutes les nations, la
tâche et l'effort de la discussion au
Congrès de la paix seraient allégés
d'autant.
Du côté de l'Espagne, l'échec absolu 1
de l'entreprise espagnole au Maroc
maintenant évident, les difficultés fi-
nancières et sociales que cet échec mul-
tiplie dans la Péninsule, la campagne
des Gauches, la rancune et le chagrin
de ne pas posséder Gibraltar, la néces-
sité d'une après - guerre amicale avec
F Angleterre et la France, etc. Du côté
de Y Angleterre, l'impossibilité de chan-
ger le principe de sa domination dans
le détroit, l'affaiblissement de la posi-
tion stratégique de Gibraltar avec l'ar-
tillerie actuelle et les sous-marins aussi
bien comme forteresse que comme base
navale ; l'avantage immense, à cet
égard, de Ceuta à l'abri des menaces
du côté de la terre par les hautes mon-
tagnes qui l'entourent, l'affection crois-
sante de l'Angleterre pour la France,
etc. Du côté de notre pays, la position
géographique que nous occupons au
Maroc, l'admirable organisation de no-
tre protectorat, la participation héroï-
que des troupes marocaines à la guer-
re, etc. :–tout concourt à créer un ins-
tant favorable à des négociations ra-
pides et décisives.
Louis MARIN,
Député de Nancy.
- ♦
Les Annales Coloniales pubHBront,
samedi prochain, les articles de MM. :
ALBERT PEYRONNET, sénateur de l'Al-
lier ;
LUCIEN CORNET, sénateur de VYonne ;
GABRIEL CÔMBROUZE, député de la Gi-
ronde. -
Les Négociants Allemands en Abyssinie
Q-O-O-O-O-O
Dans mes précédents articles, j'ai
montré aux lecteurs des Annales Co-
loniales combien vigilante et féconde
était l'action des représentants officiels
de l'Allemagne en Abyssinie, surtout
si on la compare à l'apathie du Quai
d'Orsay et à la molle incompétence
d'un trop grand nombre des représen-
tants que nous avons entretenus jus-
qu'ici à Addis-Ababa.
Aujourd'hui, je voudrais mettre en
lumière l'action concertée, vigoureuse
olL redoutable à nos intérêts des négo-
ciants allemands et autrichiens dans
ce navs-là.
r-ù - ----
Il n'y a guère qu'une vingtaine d'an-
nées que le commerce allemand a fait
son apparition en Abyssinie. Mais en
très peu de temps, ses représentants ont
développé leur chiffre d'affaires et leur
influence, qu'il s'agisse d'imporlaliuns
ou d'exportations. Avant les hostilités,
le port de Hambourg recevait en abon-
dance des cafés, des cuirs, de la cire
d'Abyssinie, etc. De son côté, Triesle
y exportait surtout des colonnades, du
sucre cristallisé, de l'alcool pur, de la
verrerie, des produits émaillés.
Deux grosses maisons prédomi-
naient là-bas. l'une, la maison alle-
mnnde Max Klein, l'autre, la maison
autrichienne Aloi.s Sclnveiger et Cie.
Tuus les représentants de la maison
Klein en Abyssinie étaient de jeunes
allemands, que la légation d'Allema-
gne protégait avec zèle. Ceux de la
maison Schweiger étaient tous autri-
chiens, sauf un, italien, et le Consulat
d'Autriche facilitait de non mieux leurs
affaires.
Le chiffre d'affaires de ces deux
maisons était considérable ; il surpas-
sait celui de toutes les autres maisons
européennes. En outre, grâce à l'im-
portance des crédits qu'elles consen-
taient, elles étaient parvenues à se
créer des intérêts et, par suite, de l'in-
fluence, jusque dans les plus grosses
maisons concurrentes.
Au mois d'aoûf 1914, ces commer-
çants possédaient en Abyssinie de très
gros stocks de cuirs. Ils avaient aussi
plusieurs millions de francs de créan-
ces disséminés chez plusieurs négo-
ciants d'Abyssinie.
L'ouverture des hostilités et le blo-
cus relatif qui s'ensuivit n'arrêtèrent
pas leur commerce. Ils n'eurent d'ail-
leurs pas à recourir à des moyens bien
compliqués, car ils trouvèrent le plus
souvent des intermédiaires assez fai-
bles et assez maladroits pour faciliter
leurs affaires.
A vrai dire, en novembre 1914, la
justice française mit sous séquestre la
maison Max Klein ; mais, en septem-
bre 1915, sur l'instance du gou-
vernement des Etats-Unis, qui n'était
pas encore nobre allié, ce séquestre fut
partiellement levé, à Marseille,, sous
prétexte qu'un des Klein était natu-
ralisé américain. Les juges de Djibou-
ti n'en formulèrent pas moins de sé-
rieuses réserves sur l'origine et les
attaches allemandes de la maison
Klein : tous les employés étaient alle-
martels, la correspondance était faite
en allemand, l'agent de Djibouti, un
certain Veit, était vice-consul d'Alle-
magne, et son successeur intérimaire,
Hermann-Loeb, exerçait l'intérim du
vice-consulat. Toutes ces preuves ré-
sultèrent d'une perquisition qui fut
opérée à Djibouti.
A Aden, l'agent des Klein, un nom-
mé Schoerer, fut arrêté par les auto-
rités anglaises pour avoir favorisé une
tentative d'évasion de deux prison-
niers allemands. A Djibouti, un de
leurs agents d'Abyssinie, du nom de
Gurck, a été arrêté récemment tn ter-
ritoire français, par les soins des au-
torités françaises : il avait organisé
une expédition armée avec l'aide des
fonds de la maison Max Klein.
La noble nation américaine, qui
combat aujourd'hui à nos côtés, ne
voudra certainement pas protége'r les
auteurs de tels agissements ; peut-être
même, à l'heure actuelle, a-t-elle retiré
sa protection à ces Allemands, nos en-
nemis communs.
D'autre part, les ministres alliés à
Addis-Ababa se doivent de protester
énergiquement auprès du Gouverne-
ment Abyssin, afin que ce gouverne-
ment consente enfin à surveille!* de
près les agissements politiques de ces
gens-là. Il est inadmissible qu'aujour-
d'hui encore une nouvelle expédition
allemande, fortement armée, circule
librement en Abyssinie et se dirige
vers nos frontières du pays des Soma-
lis, munie d'une autorisation officielle
-du gouvernement Abyssin.
Nous ne saurions admettre que la
neutralité de ce gouvernement se tein-
tât de malveillance à notre égard. Que
ce gouvernement ne prenne pas notire
mansuétude pour de la faiblesse, eau
qu'il ne s'imagine pas qu'après la vic-
toire triomphale qui couronnera l'ef-
fort de nos armes, nous soyons capa-
bles d'oublier les agissements suspects
de soi-disant neutres, insoucieux de
leurs propres intérêts non moins que
de leurs devoirs les plus élémentaires.
Dès maintenant, puisque les Alle-
mands d'Abyssinie cherchent à nous
nuire, même par les armes, et puis-
qu'ils sont. officiellement protégés par
le gouvernement abyssin, il est temps
de faire savoir à ce gouvernement que,
tant que cette protection durera, au-
cune arme, aucune munition ne péné-
trera par nos ports en Abyssinie, et
que, lors du règlement de certaines
affaires, nous nous rapellerons cette
manière d'agir inamicale et contraire
au droit des gens. Le gouvernement
Abyssin devrait se rendre compte qu'à
l'heure même où j'écris, il a grand be-
soin de nous, et que nous n'avons pas
besoin de lui.
A bon entendeur, salut !
Henri LABROUE.
Député de la Gironde.
LES TRAVAUX RECENTS
DE L'INSTITUT IMPERIAL COLONIAL
DE LONDRES
0 010-
Des échantillons de coprah du. Quccns-
land ont été examinés à l'Institut impérial
do Londres pour la seconde l'ois, et ils ont
été trouvés excellents et d'une valeur mar-
chande de 44 livres sterling la tonne c. i. f.
Ainsi tombe l'opinion que 1e coprah du
(Juecnsland était de pauvre qualité.
Pour répondre à une suggestion dudit
Institut impérial un a essayé -dans les lies
Seychelles la cuit lire de l' « ajuwan » et
du « mosquilo » d'où l'on extrait le thymol
antiseptique qu'on recevait uénéralcuient
- - - -
d'Allemagne, l'analyse des grains d'aju-
wa.n et de l'huile de inosquito distillée sur
place a démontré leur richesse en thymol,
De plus, une découverte s'est révélée
qui concerne grandement la prospérité de
Zanzibar et de l'lle voisine de Pemba : les
'plli:lnLations qui produisaient le clou de gi-
rofle, d'où découle cette prospérité, ont élé
depuis quelques années affectées d'une
maladie qui ne provient ni d'un champi-
gnon, ni d'un insecte ; en étudiant le sol
où poussaient ces arbres on a trouvé qu'il
manquait de chaux et de phosphates à la
;suite d'une culture négligée, et l'on va y
remédier sous les auspices de l'Institut
impérial.
Enfin à la demande de divers indus-
triels qui désiraient voir donner de l'ex-
tension à la culture du cacaotier de Guaya-
quil, renommé pour sa puissance et son
arôme, l'Institut impérial a distribué dans
plusieurs colonies anglaises des échantil-
lons des deux principaux types de ce ca-
caotier, et ces industriels se sont engagés
pour encourager cette culture, à donner
des commandes régulières.
Vu la pénurie de la potasse, qui venait
d'Allemagne et d'Alsace en grande partie,
on a cherché à récupérer celle qui se per-
dait dans les lavages de la ik-dne : on s'en
occupe à la fois dans l'Afrique du Sud, en
Australie et en Nouvelle-Zélande.
L'exposition qui a lieu dans les galeries
die l'Institut a grandement augmenté les
collections qui y figuraient déjà ; san
compter fleur intérêt -au. point de vue die
l'éducation du public, elles contiennent des
échantillons des graines envoyées aux
agriculteurs et des noix utilisées dans la
fabrication ds tourteaux pour l'alimenta-
tion du bétoor A. D.
Le Papier d'Alfa
0-0-0-0-0-0
La campagne pour la récolte de
l'alfa dans les territoires du Sud-Algé-
rien vient de s'ouvrir. Conformément
à l'arrêté du 17 novembre dernier, le
Mobacker a fixé les limites des zones
alfatières qui devront être respectées
ainsi que les quantités d'alfa qui pour-
ront être tirées des régions exploita-
bles.
En proportionnant la production à
la demande, cette réglementation em-
pêche les. destructions inutiles et per-
mettra, dans l'avenir, de développer la
production au fur et à mesure des be-
soins croissants de l'industrie.
Actuellement, on le sait, en dehors
des faibles quantités absorbées par la
sparterie, la presque totalité de l'alfa
algérien est exporté en Angleterre.
Malgré les efforLs de l'Office Algérien
à Paris, les papetiers français n'ont
pas encore adopté l'emploi de la pâte
d'alfa. Ils utilisent à peu près unique-
ment soit la pâte de chiffons, soit de
la pâte de bois, qui fournissent, la pre-
mière, des papiers de choix, la secon-
de, des papiers communs, et nous lais-
sent ainsi tributaires de l'ét range i
pour les papiers intermédiaires fort
employés cependant dans l'imprime-
rie.
Le papier, dans la composition du-
quel il entre 75 d'alfa, du chiffon ou
quelques autres matières, convient
particulièrement au tirage des photo-
typies. Mélangée à celle du bois et à
un peu de chiffon, la pâte d'alfa donne
des livres très légers dont les caractè-
res typographiques ont une très gran-
de netteté.
L'alfa, enfin, fournit le moins coû-
teux des papiers employés pour les
impressions musicales.
Notre industrie paipetière aurait
donc le plus grand intérêt à introduire
l'emploi de l'alfa dans sa fabrication.
Elle nous libérerait a un important
tribut envers l'étranger, en même
temps qu'elle faciliterait la conquête
des débouchés abandonnés, malgré
eux, par les Austro-Allemands.
La substitution d'éditions musicales
françaises aux éditions allemandes, la
diilusion île nos publications nius-
irees, ue nos magazines uans le monde
entier eL particulièrement uans les
pays ilUëlU-;:,t.LÀuÜ;:), ou ils seraient- très
goui.es, presenteiaient un avantage
morai au^si peu négligeante que 1 a-
vantage matériel quen retirerait notre
industrie.
Aussi ne faut-il pas se lasser de re-
venir sur cette question de l'alfa.
Mais où établir les usines pour la fa-
brication des pâtes d'alfa Y
Dans son ouvrage « Alfa et papier
d'Alfa », M. Montessus de Bailore con-
damne nettement leur établissement
en Algérie et se prononce pour leur
installation en France, à proxinrté
d'un port de mer. La pâte d'alta ne de-
vant pas être séchée pour conserver
ses qualités, il trouve insuffisante l'é-
conomie qui résulterait du transport
de la pâte au lieu de la graminée pour
compenser les frais plus considérables.
de fabrication en Algérie. L'insuccès
des essais tentés jusqu'en 1912, à l'usi-
ne de Medj ez, semble confirmer ses
corwlusions,
11 résulte, cependant, d'une enquête
très sérieusement conduite par le di-
iccteur de l'Office Algérien, qu'aucune
raison sérieuse ne s'oppose à la créa-
tion d'usines en Algérie, à condition
toutefois de les placer à proximité
d'un grand port, comme Bône, Alger
ou Oran. Les défectuosités de la pâte
fournie par l'usine de Medjez tenaient
non à sa situation géographique, maxs .-
à une insuffisance de connaissances
techniques.
Dans ces conditions, l'administra-
tion algérienne qui, nous le savons, sa
préoccupe de cette question, a le de-
voir d'encourager et de favoriser les
initiatives, de les susciter même, s'il
est nécessaire, et de fournir aux inté-
ressés tous les renseignements qui peu-
vent contribuer à la réussite d'une en-
treprise susceptible de développer à la
fois la richesse algérienne et l'indus-
trie de la Métropole.
E. LEBEAU
Au Haut - Sénégal - Niger
-----0-0-0-0-0.0
M. Périquet prend possession de son
poste. 1
M. Périquet, Lieutenant-Gouverneur p. i.
du Haut-Sénégal-Niger, est arrivé dans
la Colonie le 14 juin 1917.
Il a été reçu par M. l'administrateur en
chef Nebout, as,sisté de M. l'ingénieur en
chef Michel, chef du service des Travaux
publics et directeur p. i. du Chemin de
fer Kayes-Niger.
A son passage à Kayes, le 14 juin,
M. l'administrateur Maillet, délégué et
commandant le cercle .de Kayes, lui a sou-
haité la bienvenue devant les fonction-
naires, militaires et notables de la ville.
A son arrivée à Bamako, le 16 juin, il a
été reçu par M. l'administrateur en chef
Portes, commandant le cercle de Ba-
mako, qui lui a souhaité la bienvenue
devant les fonctionnaires et notables de
Bamako et de Koulouba.
Au Palais, à Kayes et à Koulouba, les
autorités et délégations civiles et militaires
ont élé présentées au Lieutenant-Gouver-
neur p. i. qui a prononcé, la présenta-
tion terminée, un discours d'une très belle
venue, dont nous reproduisons quelques
passages essentiels :
De la saqesse et du bon sens
Il Nous pouvons, Messieurs, aider no-
tre pays. Notre sol est fertile, nous pro-
duisons des céréales, des oléagineux.
Allons-nouis les garder ? allons-nous rester
neutres ?
« Non, vous ne le voulez pas. Produi-
sons donc au maximum : voilà notre
moyen d'entrer dans là lutte et vous
voyez bien, ainsi que c'est notre devoir.
« C'est aussi, Messieurs, notre intérêt.
La criise n'est pas près de cesser, que la
paix soit proche ou lointaine. Après sa
conclusion, on cessera de détruire des vies
humaines, de détruire de la richesse, on
cessera peut-être d'immobiliser toutes les
forces vives de la Nation pour fabriquer
des engins de guerre, mais on ne cessera
pas de se débattre dans des difficultés
économiques. Les Alliés d'aujourd'hui se-
ra ni devenus concui vents. L'ennemi lui-
même, nous devrons le nourrir : ce sera
de la pUlre: humanité. Donc la crise actuel-
le se prolongera dans l'après-guerre et la
lutte sera pluis âpre que maintenant peut-
être, parce qu'elle pourra paraître plus
inattendue aux imprévoyants.
« Organisons-nous pour butter et pour
lutter avec nos propres ressources. Ces-
sons de végéter ; prenons de la force en
créant dès maintenant des mouvements
commerciaux qui nous permettront de
soutenir l'effort sans faiblir ; sans cela,
Messieurs, nous serions vaincus.
« Voilà donc à la fois notre devoir et
notre intérêt qui nous commandent de
pousser nutre production au maximum.
Ce n'est pas, tout : c'est un ordre et un
ordre formel comme vous allez le voir.
« Le Ministre français du Ravitaille-
ment s'est adressé au Ministre des-Colo-
nies pour lui demander toute la récolte
de l'Afrique occidentale française en cé-
réales et oléagineux. Le Ministre des Co-
lonies s'est engagé à la lui fournir et a
donné ordre à notre Gouverneur général
d'orienter ses efforts vers la production
ma.ximum des Colonies du Groupe dans les
denrées demandées : céréales et oléagi-
neùx.
« je me suis porté garant de 1 exécution
de cet ordre devant le Gouverneur géné-
ral, en votre nom, pour le Soudan, certain
à l'avance que vous serez avec moi. Ainsi,
que ce soit par Devoir, par Intérêt ou par
Discipline, nous produirons aiu maximum :
ce sera notre arme de combat.
« Certes, nous allons nous trouver de-
vant des difficultésL Je ne le méconnais
pas. Nous avons à organiser, à réfléchir,
à transformer bien des choses, à changer
notre mentaltté. Nous n'avons pas à nous
décourager. Ne perdons pas de vue le but
à atteindre et surtout-ne voyons pas d'im-
possibilités. Croyez-vous que le soldat de-
la tranchée qui vient de recevoir l'orgre-
DIX-HUITIEME ANNEE. N" 29, "':!.T'' -'-t'. U HUME*!)! M «M'iBU# '-' SAMEDI 2i JUILLET i9i7.
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lusait, d'autre part, avec plus d'éner-
gie que jamais, à nous laisser lire ce
qui paraissait dons tous les journaux
de nos alliés.
Au point de vue des questions colo-
ni.ales 'intéressant plus particulière-
ment la France, les journaux anglais
et italiens, par exemple, étaient pleins
de polémiques où i'intérêt de notre
pays était de faire entendre sa voix.
L'imbécilité de la censure s'accentuant
encore à ce sujet, les éminents prési-
dents des Sociétés de Géographie, des
Sociétés de Colonisation et des Sociétés
intéressant notre commerce extérieur
vinrent présenter leurs doléances k M.
Ribot, introduits par M. Jonnart et par
moi-même.
Ces savants éminents, qui sont l'hon-
neur de la Science française, n'eurent
pas de peine, par les exemples qu'ils
donnèrent, à convaincre M. Ribot, au
moins pour la minute présente, des
méfaits de la censure, et M. Ribot vou-
lut bien promettre solennellement qu'à
partir de ce jour la censure, en ces ma-
tières, serait « modérée et intelli-
gente n.
« Modérée », c'est bien difficile pour
un ciseau autocratique ; « intelli-
gente », c'est bien difficile pour des
cervelles qui, craignant toutes les res-
ponsabilités, suppriment tout, afin de
n'twoir ainsi aucune responsabilité à
redouter, et n'ont ainsi aucun effort
intellectuel à fournir.
Aussi les choses, depuis trois mois,
ont empiré de jour en jour au point
que la presse coloni,ale est celle qui,
sur les sujets les plus 'utiles, est la plus
blanchie.
Par exemple aucun de nos journaux
ne peut mettre les citoyens français au
courant des polémiques retentissantes
des journaux anglais ou espagnols sur
la question de Gibraltar à laquelle,
pourtant, ils nous convient à nous in-
téresser.
Certainement la France ne pouvait,
par sa délicatesse et sa réserve tradi-
tionnelles, soulever el-le-même le pro-
blème ; mais puisqu'il est posé en de-
hors d'elle devant l'opinion univer-
, selle, et surtout devant l'opinion des
Espagnols et des Anglais principale-
ment intéressés, il est absurde désor-
mais que la France ne connaisse pas
une question qui l'intéresse autant que
ses voisins.
D'une part, la campagne poursuivie
en Espagne par le général Miguel Pri-
mo de Riviera, neveu du général Pri-
mo de Riviera, ministre de la Guerre
du Cabinet actuel, a posé nettement
dans la Péninsule et vis-à-vis de
l'étranger la question de Gibraltar. -
Le généra Primo de Riviera deman-
de qu'on recherche avec l'Angleterre
un échange qui, par l'intermédiaire
de la France, restitue Gibraltar à l'Es-
pagne contre la cession de Ceuta à
l'Angleterre et la zône espagnole du
Maroc à notre pays.
Le général pose en principe que rAn-
gleterre n'abandonnera jamais la posi-
tion dominante qu'elle détient depuis
deux siècles sur le Détroit, sauf à trou-
ver une position équivalente ou supé-
rieure, celle, justement, que pour-
raient offrir en face la citadelle et la
baie de Ceuta.
Cet échange met en question tout le
problème marocalin. Le général Primo
de Riviera l'aborde avec une hauteur
de vues et une franchise remarquables.
Il n'hésite pas à déclarer que l'inter-
vention de l'Espagne au Maroc fut
une erreur fatale ; il conclut à son
échec, à sa faillite dans la mission
qu'elle réclam.a ; il invite son pays à
réfléchir et l'exhorte, sans fausse
honte, à abandonner avec Ceuta aux
Anglais, « la zone espagnole à qui la
désire », à la France, par conséquent.
Et « bénie, dit-il, soit la terre d'Afri-
que, si, en l'abandonnant, elle pouvait
être le prix de notre reconstitution na-
tionale. » Il montre que la Maro est
un poids lourd attaché aux pas tré-
buchants de sa patrie ; que celle-ci,
outre les sacrifices mutiles de vies"hu-
mainels, jette par le Maroc plus de
150 millions de pesetas par an sans au-
cun profit. « Ce serait, dit-il, la ruine
pour l'Espagne que de persévérer dans
cette funeste aventure ; détachoIlJs-
nous des liens qui nous unissent à
l'Afrique avant qu'en se resserrant ils
nous étranglent. »
D'autre part, hier, l'homme politique
qui peut être considéré comme étant,
dans la presse anglaise, le porte-parole
des idées britanniques au Maroc et qui
« répandu depuis plus de 20 ans dans
le monde diplomatique européen H,
peut traiter les questions du Détroit
de Gibraltar en anglais européen aussi
bien qu'en anglais colonial, a résumé
devant les cercles politiques de Lon-
dres, par une étude admirable, l'en-
semble des raisons par lesquelles
l'échange de Gibraltar contre Geuta
peut être recherché et pourquoi il in-
combe à la France de .recueillir, en en-
tier, l'héritage marocain.
Nous exposerons plus en deiail ce
sujet, mais nous signalons tout de suite
que les protagonistes espagnols ou an-
glais de cette question montrent tous
le caractère urgent des négociations 8
entamer.
Ils mettent particulièrement en
avant que la liquidation définitive de
la question marocaine est affaire exclu-
sive entre la France, l'Espagne et .l'An-
gleterre ; qu'un accord nouveau sur le
Maroc, étant indépendant de 'la guerre
actuelle et n'intéressant aucun des buts
de guerre énoncés par les alliés, peut
donc être recherché dès maintenant
sans attendre un Congrès de la Paix ;
que les trois pays auraient intérêt à
prendre part à ce Congrès en ayant
préalablement résolu la question maro-
caine ; que, pour toutes les nations, la
tâche et l'effort de la discussion au
Congrès de la paix seraient allégés
d'autant.
Du côté de l'Espagne, l'échec absolu 1
de l'entreprise espagnole au Maroc
maintenant évident, les difficultés fi-
nancières et sociales que cet échec mul-
tiplie dans la Péninsule, la campagne
des Gauches, la rancune et le chagrin
de ne pas posséder Gibraltar, la néces-
sité d'une après - guerre amicale avec
F Angleterre et la France, etc. Du côté
de Y Angleterre, l'impossibilité de chan-
ger le principe de sa domination dans
le détroit, l'affaiblissement de la posi-
tion stratégique de Gibraltar avec l'ar-
tillerie actuelle et les sous-marins aussi
bien comme forteresse que comme base
navale ; l'avantage immense, à cet
égard, de Ceuta à l'abri des menaces
du côté de la terre par les hautes mon-
tagnes qui l'entourent, l'affection crois-
sante de l'Angleterre pour la France,
etc. Du côté de notre pays, la position
géographique que nous occupons au
Maroc, l'admirable organisation de no-
tre protectorat, la participation héroï-
que des troupes marocaines à la guer-
re, etc. :–tout concourt à créer un ins-
tant favorable à des négociations ra-
pides et décisives.
Louis MARIN,
Député de Nancy.
- ♦
Les Annales Coloniales pubHBront,
samedi prochain, les articles de MM. :
ALBERT PEYRONNET, sénateur de l'Al-
lier ;
LUCIEN CORNET, sénateur de VYonne ;
GABRIEL CÔMBROUZE, député de la Gi-
ronde. -
Les Négociants Allemands en Abyssinie
Q-O-O-O-O-O
Dans mes précédents articles, j'ai
montré aux lecteurs des Annales Co-
loniales combien vigilante et féconde
était l'action des représentants officiels
de l'Allemagne en Abyssinie, surtout
si on la compare à l'apathie du Quai
d'Orsay et à la molle incompétence
d'un trop grand nombre des représen-
tants que nous avons entretenus jus-
qu'ici à Addis-Ababa.
Aujourd'hui, je voudrais mettre en
lumière l'action concertée, vigoureuse
olL redoutable à nos intérêts des négo-
ciants allemands et autrichiens dans
ce navs-là.
r-ù - ----
Il n'y a guère qu'une vingtaine d'an-
nées que le commerce allemand a fait
son apparition en Abyssinie. Mais en
très peu de temps, ses représentants ont
développé leur chiffre d'affaires et leur
influence, qu'il s'agisse d'imporlaliuns
ou d'exportations. Avant les hostilités,
le port de Hambourg recevait en abon-
dance des cafés, des cuirs, de la cire
d'Abyssinie, etc. De son côté, Triesle
y exportait surtout des colonnades, du
sucre cristallisé, de l'alcool pur, de la
verrerie, des produits émaillés.
Deux grosses maisons prédomi-
naient là-bas. l'une, la maison alle-
mnnde Max Klein, l'autre, la maison
autrichienne Aloi.s Sclnveiger et Cie.
Tuus les représentants de la maison
Klein en Abyssinie étaient de jeunes
allemands, que la légation d'Allema-
gne protégait avec zèle. Ceux de la
maison Schweiger étaient tous autri-
chiens, sauf un, italien, et le Consulat
d'Autriche facilitait de non mieux leurs
affaires.
Le chiffre d'affaires de ces deux
maisons était considérable ; il surpas-
sait celui de toutes les autres maisons
européennes. En outre, grâce à l'im-
portance des crédits qu'elles consen-
taient, elles étaient parvenues à se
créer des intérêts et, par suite, de l'in-
fluence, jusque dans les plus grosses
maisons concurrentes.
Au mois d'aoûf 1914, ces commer-
çants possédaient en Abyssinie de très
gros stocks de cuirs. Ils avaient aussi
plusieurs millions de francs de créan-
ces disséminés chez plusieurs négo-
ciants d'Abyssinie.
L'ouverture des hostilités et le blo-
cus relatif qui s'ensuivit n'arrêtèrent
pas leur commerce. Ils n'eurent d'ail-
leurs pas à recourir à des moyens bien
compliqués, car ils trouvèrent le plus
souvent des intermédiaires assez fai-
bles et assez maladroits pour faciliter
leurs affaires.
A vrai dire, en novembre 1914, la
justice française mit sous séquestre la
maison Max Klein ; mais, en septem-
bre 1915, sur l'instance du gou-
vernement des Etats-Unis, qui n'était
pas encore nobre allié, ce séquestre fut
partiellement levé, à Marseille,, sous
prétexte qu'un des Klein était natu-
ralisé américain. Les juges de Djibou-
ti n'en formulèrent pas moins de sé-
rieuses réserves sur l'origine et les
attaches allemandes de la maison
Klein : tous les employés étaient alle-
martels, la correspondance était faite
en allemand, l'agent de Djibouti, un
certain Veit, était vice-consul d'Alle-
magne, et son successeur intérimaire,
Hermann-Loeb, exerçait l'intérim du
vice-consulat. Toutes ces preuves ré-
sultèrent d'une perquisition qui fut
opérée à Djibouti.
A Aden, l'agent des Klein, un nom-
mé Schoerer, fut arrêté par les auto-
rités anglaises pour avoir favorisé une
tentative d'évasion de deux prison-
niers allemands. A Djibouti, un de
leurs agents d'Abyssinie, du nom de
Gurck, a été arrêté récemment tn ter-
ritoire français, par les soins des au-
torités françaises : il avait organisé
une expédition armée avec l'aide des
fonds de la maison Max Klein.
La noble nation américaine, qui
combat aujourd'hui à nos côtés, ne
voudra certainement pas protége'r les
auteurs de tels agissements ; peut-être
même, à l'heure actuelle, a-t-elle retiré
sa protection à ces Allemands, nos en-
nemis communs.
D'autre part, les ministres alliés à
Addis-Ababa se doivent de protester
énergiquement auprès du Gouverne-
ment Abyssin, afin que ce gouverne-
ment consente enfin à surveille!* de
près les agissements politiques de ces
gens-là. Il est inadmissible qu'aujour-
d'hui encore une nouvelle expédition
allemande, fortement armée, circule
librement en Abyssinie et se dirige
vers nos frontières du pays des Soma-
lis, munie d'une autorisation officielle
-du gouvernement Abyssin.
Nous ne saurions admettre que la
neutralité de ce gouvernement se tein-
tât de malveillance à notre égard. Que
ce gouvernement ne prenne pas notire
mansuétude pour de la faiblesse, eau
qu'il ne s'imagine pas qu'après la vic-
toire triomphale qui couronnera l'ef-
fort de nos armes, nous soyons capa-
bles d'oublier les agissements suspects
de soi-disant neutres, insoucieux de
leurs propres intérêts non moins que
de leurs devoirs les plus élémentaires.
Dès maintenant, puisque les Alle-
mands d'Abyssinie cherchent à nous
nuire, même par les armes, et puis-
qu'ils sont. officiellement protégés par
le gouvernement abyssin, il est temps
de faire savoir à ce gouvernement que,
tant que cette protection durera, au-
cune arme, aucune munition ne péné-
trera par nos ports en Abyssinie, et
que, lors du règlement de certaines
affaires, nous nous rapellerons cette
manière d'agir inamicale et contraire
au droit des gens. Le gouvernement
Abyssin devrait se rendre compte qu'à
l'heure même où j'écris, il a grand be-
soin de nous, et que nous n'avons pas
besoin de lui.
A bon entendeur, salut !
Henri LABROUE.
Député de la Gironde.
LES TRAVAUX RECENTS
DE L'INSTITUT IMPERIAL COLONIAL
DE LONDRES
0 010-
Des échantillons de coprah du. Quccns-
land ont été examinés à l'Institut impérial
do Londres pour la seconde l'ois, et ils ont
été trouvés excellents et d'une valeur mar-
chande de 44 livres sterling la tonne c. i. f.
Ainsi tombe l'opinion que 1e coprah du
(Juecnsland était de pauvre qualité.
Pour répondre à une suggestion dudit
Institut impérial un a essayé -dans les lies
Seychelles la cuit lire de l' « ajuwan » et
du « mosquilo » d'où l'on extrait le thymol
antiseptique qu'on recevait uénéralcuient
- - - -
d'Allemagne, l'analyse des grains d'aju-
wa.n et de l'huile de inosquito distillée sur
place a démontré leur richesse en thymol,
De plus, une découverte s'est révélée
qui concerne grandement la prospérité de
Zanzibar et de l'lle voisine de Pemba : les
'plli:lnLations qui produisaient le clou de gi-
rofle, d'où découle cette prospérité, ont élé
depuis quelques années affectées d'une
maladie qui ne provient ni d'un champi-
gnon, ni d'un insecte ; en étudiant le sol
où poussaient ces arbres on a trouvé qu'il
manquait de chaux et de phosphates à la
;suite d'une culture négligée, et l'on va y
remédier sous les auspices de l'Institut
impérial.
Enfin à la demande de divers indus-
triels qui désiraient voir donner de l'ex-
tension à la culture du cacaotier de Guaya-
quil, renommé pour sa puissance et son
arôme, l'Institut impérial a distribué dans
plusieurs colonies anglaises des échantil-
lons des deux principaux types de ce ca-
caotier, et ces industriels se sont engagés
pour encourager cette culture, à donner
des commandes régulières.
Vu la pénurie de la potasse, qui venait
d'Allemagne et d'Alsace en grande partie,
on a cherché à récupérer celle qui se per-
dait dans les lavages de la ik-dne : on s'en
occupe à la fois dans l'Afrique du Sud, en
Australie et en Nouvelle-Zélande.
L'exposition qui a lieu dans les galeries
die l'Institut a grandement augmenté les
collections qui y figuraient déjà ; san
compter fleur intérêt -au. point de vue die
l'éducation du public, elles contiennent des
échantillons des graines envoyées aux
agriculteurs et des noix utilisées dans la
fabrication ds tourteaux pour l'alimenta-
tion du bétoor A. D.
Le Papier d'Alfa
0-0-0-0-0-0
La campagne pour la récolte de
l'alfa dans les territoires du Sud-Algé-
rien vient de s'ouvrir. Conformément
à l'arrêté du 17 novembre dernier, le
Mobacker a fixé les limites des zones
alfatières qui devront être respectées
ainsi que les quantités d'alfa qui pour-
ront être tirées des régions exploita-
bles.
En proportionnant la production à
la demande, cette réglementation em-
pêche les. destructions inutiles et per-
mettra, dans l'avenir, de développer la
production au fur et à mesure des be-
soins croissants de l'industrie.
Actuellement, on le sait, en dehors
des faibles quantités absorbées par la
sparterie, la presque totalité de l'alfa
algérien est exporté en Angleterre.
Malgré les efforLs de l'Office Algérien
à Paris, les papetiers français n'ont
pas encore adopté l'emploi de la pâte
d'alfa. Ils utilisent à peu près unique-
ment soit la pâte de chiffons, soit de
la pâte de bois, qui fournissent, la pre-
mière, des papiers de choix, la secon-
de, des papiers communs, et nous lais-
sent ainsi tributaires de l'ét range i
pour les papiers intermédiaires fort
employés cependant dans l'imprime-
rie.
Le papier, dans la composition du-
quel il entre 75 d'alfa, du chiffon ou
quelques autres matières, convient
particulièrement au tirage des photo-
typies. Mélangée à celle du bois et à
un peu de chiffon, la pâte d'alfa donne
des livres très légers dont les caractè-
res typographiques ont une très gran-
de netteté.
L'alfa, enfin, fournit le moins coû-
teux des papiers employés pour les
impressions musicales.
Notre industrie paipetière aurait
donc le plus grand intérêt à introduire
l'emploi de l'alfa dans sa fabrication.
Elle nous libérerait a un important
tribut envers l'étranger, en même
temps qu'elle faciliterait la conquête
des débouchés abandonnés, malgré
eux, par les Austro-Allemands.
La substitution d'éditions musicales
françaises aux éditions allemandes, la
diilusion île nos publications nius-
irees, ue nos magazines uans le monde
entier eL particulièrement uans les
pays ilUëlU-;:,t.LÀuÜ;:), ou ils seraient- très
goui.es, presenteiaient un avantage
morai au^si peu négligeante que 1 a-
vantage matériel quen retirerait notre
industrie.
Aussi ne faut-il pas se lasser de re-
venir sur cette question de l'alfa.
Mais où établir les usines pour la fa-
brication des pâtes d'alfa Y
Dans son ouvrage « Alfa et papier
d'Alfa », M. Montessus de Bailore con-
damne nettement leur établissement
en Algérie et se prononce pour leur
installation en France, à proxinrté
d'un port de mer. La pâte d'alta ne de-
vant pas être séchée pour conserver
ses qualités, il trouve insuffisante l'é-
conomie qui résulterait du transport
de la pâte au lieu de la graminée pour
compenser les frais plus considérables.
de fabrication en Algérie. L'insuccès
des essais tentés jusqu'en 1912, à l'usi-
ne de Medj ez, semble confirmer ses
corwlusions,
11 résulte, cependant, d'une enquête
très sérieusement conduite par le di-
iccteur de l'Office Algérien, qu'aucune
raison sérieuse ne s'oppose à la créa-
tion d'usines en Algérie, à condition
toutefois de les placer à proximité
d'un grand port, comme Bône, Alger
ou Oran. Les défectuosités de la pâte
fournie par l'usine de Medjez tenaient
non à sa situation géographique, maxs .-
à une insuffisance de connaissances
techniques.
Dans ces conditions, l'administra-
tion algérienne qui, nous le savons, sa
préoccupe de cette question, a le de-
voir d'encourager et de favoriser les
initiatives, de les susciter même, s'il
est nécessaire, et de fournir aux inté-
ressés tous les renseignements qui peu-
vent contribuer à la réussite d'une en-
treprise susceptible de développer à la
fois la richesse algérienne et l'indus-
trie de la Métropole.
E. LEBEAU
Au Haut - Sénégal - Niger
-----0-0-0-0-0.0
M. Périquet prend possession de son
poste. 1
M. Périquet, Lieutenant-Gouverneur p. i.
du Haut-Sénégal-Niger, est arrivé dans
la Colonie le 14 juin 1917.
Il a été reçu par M. l'administrateur en
chef Nebout, as,sisté de M. l'ingénieur en
chef Michel, chef du service des Travaux
publics et directeur p. i. du Chemin de
fer Kayes-Niger.
A son passage à Kayes, le 14 juin,
M. l'administrateur Maillet, délégué et
commandant le cercle .de Kayes, lui a sou-
haité la bienvenue devant les fonction-
naires, militaires et notables de la ville.
A son arrivée à Bamako, le 16 juin, il a
été reçu par M. l'administrateur en chef
Portes, commandant le cercle de Ba-
mako, qui lui a souhaité la bienvenue
devant les fonctionnaires et notables de
Bamako et de Koulouba.
Au Palais, à Kayes et à Koulouba, les
autorités et délégations civiles et militaires
ont élé présentées au Lieutenant-Gouver-
neur p. i. qui a prononcé, la présenta-
tion terminée, un discours d'une très belle
venue, dont nous reproduisons quelques
passages essentiels :
De la saqesse et du bon sens
Il Nous pouvons, Messieurs, aider no-
tre pays. Notre sol est fertile, nous pro-
duisons des céréales, des oléagineux.
Allons-nouis les garder ? allons-nous rester
neutres ?
« Non, vous ne le voulez pas. Produi-
sons donc au maximum : voilà notre
moyen d'entrer dans là lutte et vous
voyez bien, ainsi que c'est notre devoir.
« C'est aussi, Messieurs, notre intérêt.
La criise n'est pas près de cesser, que la
paix soit proche ou lointaine. Après sa
conclusion, on cessera de détruire des vies
humaines, de détruire de la richesse, on
cessera peut-être d'immobiliser toutes les
forces vives de la Nation pour fabriquer
des engins de guerre, mais on ne cessera
pas de se débattre dans des difficultés
économiques. Les Alliés d'aujourd'hui se-
ra ni devenus concui vents. L'ennemi lui-
même, nous devrons le nourrir : ce sera
de la pUlre: humanité. Donc la crise actuel-
le se prolongera dans l'après-guerre et la
lutte sera pluis âpre que maintenant peut-
être, parce qu'elle pourra paraître plus
inattendue aux imprévoyants.
« Organisons-nous pour butter et pour
lutter avec nos propres ressources. Ces-
sons de végéter ; prenons de la force en
créant dès maintenant des mouvements
commerciaux qui nous permettront de
soutenir l'effort sans faiblir ; sans cela,
Messieurs, nous serions vaincus.
« Voilà donc à la fois notre devoir et
notre intérêt qui nous commandent de
pousser nutre production au maximum.
Ce n'est pas, tout : c'est un ordre et un
ordre formel comme vous allez le voir.
« Le Ministre français du Ravitaille-
ment s'est adressé au Ministre des-Colo-
nies pour lui demander toute la récolte
de l'Afrique occidentale française en cé-
réales et oléagineux. Le Ministre des Co-
lonies s'est engagé à la lui fournir et a
donné ordre à notre Gouverneur général
d'orienter ses efforts vers la production
ma.ximum des Colonies du Groupe dans les
denrées demandées : céréales et oléagi-
neùx.
« je me suis porté garant de 1 exécution
de cet ordre devant le Gouverneur géné-
ral, en votre nom, pour le Soudan, certain
à l'avance que vous serez avec moi. Ainsi,
que ce soit par Devoir, par Intérêt ou par
Discipline, nous produirons aiu maximum :
ce sera notre arme de combat.
« Certes, nous allons nous trouver de-
vant des difficultésL Je ne le méconnais
pas. Nous avons à organiser, à réfléchir,
à transformer bien des choses, à changer
notre mentaltté. Nous n'avons pas à nous
décourager. Ne perdons pas de vue le but
à atteindre et surtout-ne voyons pas d'im-
possibilités. Croyez-vous que le soldat de-
la tranchée qui vient de recevoir l'orgre-
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