Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1917-06-23
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 23 juin 1917 23 juin 1917
Description : 1917/06/23 (A18,N25). 1917/06/23 (A18,N25).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6358004f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
MX-HUITIEME ANNEE. N° 25.
LE NUMERO : 95 CENTIMES
SAMEDI 23 JUIN 1917.
Les Annales Coloniales
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
"IN
LES ANNALES COLONIALES sont le seul Journal Colonial
, ne publiant que des articles inédits.
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Lejj Tourisme au Maroc
O-O-O-O-O-O -
Le Maroc est appelé de plus en plus
à devenir un pays de tourisme, non
pas que ce soit ison avenir essentiel, il
possède, au contraire, d'admirables
ressources chaque année mises un peu
plus en valeur ; mais le Maroc offrira
aux gens épris d'exotisme un champ
nouveau à leurs investigations, com-
plètement différent de ce qu'ils auront
vu au début de leur voyage, car le
Maroc sera un pays de tourisme, sur-
tout pour ceux qui, venant de France
ou des pays du Nord, auront d'abord
traversé l'Espagne en flânant. Après
avoir visité Séville, Grenade, Cordoue,
on franchira le détroit de Gibraltair et
l'on touchera au Maroc par Tanger.
Tanger
Tanger, tête de ligne du Maroc, est
appelée certainement au plus grand
avenir. Son port, inexistant aujour-
dvhui, ne demandera que peu de tra-
vaux pour offrir en tous temps aux ba-
teaux une rade bien abritée.
L'arrivée à Tanger présente aux tou-
ristes, comme toutes les arrivées dans
les cités du Nord 'de l'Afrique, une
très heureuse impression. La ville se
déploie en éventail tout au bord de
l'eau et l'on a bien vite fait de s'accli-
mater aux ruelles arabes, à la rue
Blanche, à la rue Bleue, au grand et
.au } -ebit Sokko, qui vous deviennent
rapidement familiers. Quelques palais
arabes y sont à visiter.
Tahfc que. le chemin de fer ne fonc-
tîoniiir pas, il in'y a que deux moyens
pour rejoindre par voie de terre, de la
zone internationale, le Maroc français,
en traversant la zone espagnole, soit la
caravane, soit l'automobile.
La caravane offre un certain pitto-
resque, mais elle présente le gros in-
convénient de perdre un temps consi-
dérable dans une région d'intérêt rela-
tif ; c'est pourquoi ce système est de
plus en plus abandonné.
L'automobile, au contraire, utilisa-
ble seulement en belle saison, rallie
presque tous les suffrages. Certes, on
étonnerait bien les Français de la Mé-
tropole, si on leur montrait tout ce que
les automobiles au Maroc sont dres-
sées à faire : sauts périlleux, traversée
des oueds, soit par les propres moyens
du moteur, soit remorqués par des
boeufs ; steeples dans la brousse ; en-
sablements, tout y est, et on est émer-
veillé du. et des. ressorts de la mon-
ture.
La zone espagnole
Les Espagnols ont fait un assez gros
effort, il faut leur rendre cette justice.
Les pistes qui traversent leur zone sont
assez convenablement aménagées ; les
poteaux indicateurs montrent aux car-
refours les directions de Larache, d'Ar-
zila, d'El Ksar, de Tanger. Aujour-
d'hui, on peut réaliser les 300 kilomè-
tres qui séparent Tanger de Rabat en
une journée. Certains les ont franchis
en dix heures. Dans la zone espagnole,
la où il faut traverser les oueds impor-
tants, les Espagnols ont construit des
ponts, assez souvent enlevés en hiver,
d'ailleurs, par les pluies. Dans la zone
française, deux bacs traversent, le pre-
mier, le iSebou à Kernitra, le second le
Boui Regred à RabatiSalé.
.).
Les hôtels au Maroc
Le confort est une des choses que les
touristes ne méprisent pas, sans re-
chercher uniquement cela au cours de
leurs pérégrinations.
« Excusez-moi, Messieurs, nous dit le
général Lyautey lors de la foire de Fès,
-si je n'ai pas réussi malgré mes effoHs
à régler le problème hôtelier. Je me
rends compte de l'insuffisance de nos
palaces. Ce que je cherche, c'est à faire
ouvrir à. Fès, à Meknès, et dans quel-
ques villes des hôtels genre Touring,
propres, nets, simples. J'espère y réus-
sir bientôt ».
Certes le général Lyautey avait rai-
son et il avait même soin de nous rap-
peler tout ce qui avait déjà, été fait. Le
Maroc possède dans son ensemble un
certain nombre de villes pourvues d'hô-
tels honorables. Rabat et Casablan-
ca sont les mieux servies des villes du
Maroc français. Tanger possédait avant
l,a guerre un hôtel allemand, qui était
très apprécié. Les autres, ceux qui res-
tent ouverts dans cette ville, rempla-
cent heureusement le confort par la
vue. Mazagan, Saffi, Settat, Marra-
kech, possèdent ce que nous appelons
la bonne auberge de campagne propre-
ment tenue. On n'en pourrait pas dire
autant de "Meknès et de Fès, malgré le
concours de l'administration pour do-
ter ces deux villes, non pas de pala-
ces, mais d'hôtels propres. Le prix
comme celui des voitures et des auto-
mobiles, en est légèrement plus élevé
qu'en France ; mais le voyageur qui
vient d'Espagne, où il a eu à subir un
change avec 30 0/0 de perte, se trouve
traité au Maroc avec ménagements.
Dans le Maroc espagnol Arztila pos-
sède une auberge ; Larache, un hôtel
à peu près convenable et el Ksar, des
chambres meublées pour ceux qui s'y
égarent.
Rabat
C'est Rabat l'étape définitive de la
randonnée à travers le Maroc espagnol
et le Maroc septentrional français.
Rabat, qui est séparé uniquement de
Salé par le Bou Regred, est une jolie
petite ville, dominée par la Tour Has-
san et les ruines de l'ancienne mos-
quée, détruite par un tremblement de
terre au Moyen Age. La Tour Hassan
a été construite par le même architecte
qui fit à Marrakech la Koutoubia, et à.
Séville la Tour de la Giralda.
Hors de la ville de Rabat, se trouve
le Chella, ruines phéniciennes au mi-
lieu desquelles se trouvent des sour-
ces qui alimentent encore la ville de
Rabat. Fait à noter, à Rabat comme à
Salé, comme à Casablanca, comme a.
Marrakbùh, le système Eno qui oblige
les voitures à marcher toujours dans le
même sens sur les voies publiques est
appliqué dans les ruelles arabes et
évite ainsi des encombrements dont on
n'arriverait, pas à se tirer.
La Medersa, la kasba des Oul.aya, le
Boulevard El-Alou, la promenade du
Bord de la Mer, la Rue des Consuls, le
panorama d'ensemble sur Rabat, que
l'on peut voir de la plupart des ter-
rasses de la ville européenne, sont à
retenir.
Salé a conservé son cachet indigène
dans toute son intégralité.
Casablanca
Casablanca, sur la côte à 100 kilo-
mètres au sud de Rabat, est surtout
une ville européenne, c'est l'efferves-
cence, c'est le mouvement. Tous les
jours une maison nouvelle sort de ter-
re et la guerre n'a presque point ra-
lenti cette activité. Ici, on vous mon-
tre le Restaurant de l'Alhambra, où,
au début de 1914, s'étendaient encore
des marécages, et qui, maintenant,
peut contenir avec son cinéma en plein
air, trois ou quatre cents personnes.
Plus loin, d'immenses terrains à bâtir
reçoivent des constructions sans cesse
plus nombreuses.
Casablanca, c'est la ville champi-
gnon, la seule de ce genre offrant cette
envergure au Maroc. En suivant de
très loin, on peut citer le petit port de
Kenitra sur le Sebou, et le centre agri-
cole de Petitjean.
Mazagan et Saffi
En descendant vers le Sud, on trou-
ve sur le bord de la mer la ville de
Mazagan, ancien port portugais, dont
la Citerne construite par les occupants,
est encore un énorme monument que
l'on visite ; le port de Saffi, très
pittoresque, sur une côte assez décou-
pée, mais inaccessible pendant une
grande partie de l'année.
Marrakech
Marrakech sera toujours au Maroc
la ville du tourisme par excellence.
Elle est .reliée à Casablanca par une
̃route de 240 kilom., que Les autos peu-
vent mettre 5 à 6 h. à faire, à travers
d'abord la riche plaine de la Chaouïa,
puis un pays désolé aussitôt qu'on a
franchi l'Oum-Rbia, puisque pendant
100 kilomètres on ne voit que l'arbre
de Bell-Guérir et les innombrables
mirages de soleil dans le bled.
Marrakech, la métropole du Sud,
offre cette particularité de n'être pas
une ville arabe, mais presque exclusi-
vement une ville soudanaise.
Fès, Rabat, Salé, Mazagan sont
des villes ara.bes et Fès occupe, sans
contredit, la primauté de Loutes les
villes arabes du Maroc par ses ruelles
étroites, ses souks bien ordonnés, ses
palais, ses monuments anciens, resr
taures avec beaucoup de soin, ses
sources, qui en font la ville la
mieux irriguée de tout le Maroc et,
peut-être, de bien d'autres pays aussi.
Mais Marrakech offre cette parl-kula-
rité de vous ouvrir un horizon sur la
vie du Soudan, tout en étant encore
en Afrique du Nord. Les souks y ont
un cachet, un caractère, une origina-
liLé que l'on ne retrouve nulle part,
ailleurs. Les industries locales du
cuir, dos teintures, du 1er, du cuivre
se sont. conservées et développées
sous la protection française.
Djeniaa-El-Fna est In grande place
de Marrakech ; un marché s'y tient
tous Les jours le matin et l'après-midi.
̃Son nom, dit Bardon, dans une inté
ressante brochure, « A travers le Ma-
roc », veut dire : « Mosquée du Tré-
pas ». C'est là qu'étaient exposées à la
cu-riosilé et à la réflexion du peuple
tes tètes des rebelles. Très animée,
Lres. passagère, elle sert de lien entre
le quartier juif du Mellah à la Kasba
eL celui de la Medina, la ville du com-
merce. Le soir, elle est livrée aux jon-
gleurs, aux charmeurs de serpent,
aux ephèbc-s, aux sorciers et aux .trou-
badours. Toutes les nouvelles du
Sous et du Nord arrivent ln. ; elles y
sont exposées, discutées, amplifiées
et colportées dans la ville et dans les
pays environnants. Aucune télégra-
phie sans fil ne vaut la rapidité d'in-
formation de la caravane du bled.
De Djemaa-El-Fna, on a une vue
superbe sur le Haut-Atlas. Les neiges
éternelles s'y voient en toute saison et
c'est un spectacle vraiment, féerique
que celui de cette ville saharienne
ceinturée de palmiers, dont l'horizon,
sur un "vaste demi-cercle, est borné
d'un paysage alpestre-
Des murailles de -'i.OOO mètre§, des
lacs glacés, des neiges élerllclles, un
climat d'Egypte, avec, en plus, une
végétation merveilleuse, voilà, n'est-
il pas vrai, de quoi séduire cil. attirer
les touristes ? Ils pourront jouir san
réserve de la beau Lé du pays, de son
charme, de son climat et contribuer
ainsi au développement et à la riches-
se de Marrakech. L'hiver à Marra-
kech, à quatre jours de Paris,
quand les relations normales par voie
ferrée seront rétablies en Europe,
où l'on trouvera réunis par un petit
chemin de fer de montagne de 60 ki-
lomètres environ le charme de Khar-
toum et celui de Chamonix, prome-
nades à .chameau, visites dans les jar-
dins, ascensions alpestres, concours
de skis, de luges, voilà, je crois, plus
qu'il n'en faut pour créer à Marra-
kech un centre de tourisme difficile-
ment rcmplaçable.
En ville même, il faut citer, dans la
vaste ceinture des triples murs qui
l'entourent les palais et jardins de
l'Aquedal, de construction assez ré-
cente, abandonnée par Abd-Et-Aziz
en 1901 jusqu'au moment où, le 7 sep-
tembre 1912, nous en avons pris pos-
session. Ce sont, plusieurs palais dis-
posés autour d'une cour, dans des
jardins immenses et splendides, où
l'eau coule, à profusion et où l'on trou-
ve toute la gamme des arbres fruitiers
du pays. Le palais de l'Aquedal. ou
Dar-Beida, a été utilisé pour l'hôpital
mintaire, la manutention et le Trésor
et Postes aux années.
C'est encore un monument récent
que la Baihia, également ancien palais
du sultan, avec ses beaux jardins a
eau courante, el. qui est. affectée à la
résidence générale de Marrakech. 11
y a, dans ce de très belles
salles avec rles plinthes e.n bois de cè-
dre à peinture poli chromo du plus
joli eUet. Cela rappelle un peu, mais
en petit, l'architecture des palais
assyriens, et ce qu'il faut voir, c'est,
quelque temps après le lever du so-
leil, du haut de la terrasse de la Ba-
hia, le panorama splendide sur Mar-
rakech, sur le Gucliz (colline qui com-
mande la ville indigène de Marrakech
et au pied de laquelle se construit la
ville européenne sur un plan très
heureusement conçu), le Djebilat, au
Nord, et le Haut-Atlas, au Sud.
A Marrakech,, un hôtel avec tout le
confort moderne, installé dans la ville
nouvelle, au milieu de vastes jardins,
aurait les plus grandes chances de
réussir et d'attirer, du mois d'oc-
tobre au mois de mai, la clientèle in-
ternationale des villes hivernales.
De quelques autres villes
En revenant de Marrakech sur Casa-
blanca, on traverse l'Oum-Rbia, qui
possède, à une cinquantaine de kilo-
mètres au-dessous, de très importantes
chutes d'eau dont la force motrice est
appelée à rendre de grands services au
Maroc.
Puis, on arrive à Settat, au centre
de la Chaouïa, petite ville au milieu
d'une importante et riche région
confiée aujourd'hui à la direction d'un
vétéran du Maroc, le docteur Weisger-
ber, dont l'essor se développera lors-
que le chemin de fer l'atteindra et
qu'elle sera en relations plus constan-
tes avec la mer.
De Casablanca à Rabat., si, au lieu
de prendre la grande route, on suit les
pistes de la côte, on trouve, à 25 kilo-
mètres environ de Casablanca, le petit
port de Fedalah, qui bénéficiera peut-
être un jour des expéditions des phos-
phates d'El-Boroug, et qui possède, à
l'embouchure- de l'oued Meta, des ins-
tallations de sècheries de poissons, qui
donnaront, dans un avenir prochain,
des résultats intéressants.
Fès et Meknès
Il ne faut pas quitter le Maroc sans
aller à Meknès et Fès. Meknès est une
ville maghzen, c'est-à-dire de celles où
le sultanl peut résider, ville un peu
morte aujourd'hui, mais que l'occupa-
tion française revivifie, et qui bénéfi-
ciera, dans un avenir prochain, d'être
le centre d'excursions très intéres-
santes.
De Meknès, on va, en effet, à Volu-
bilis, l'ancien Ksar Pharaoun des Ara-
bes, qui se trouve à 3 kilomètres du
sanctuaire vénéré de Moulay-Idris.
Volubilis, vieille cité romaine, a été
la carrière dans laquelle a puisé Mou-
lay-Ismaïl pour les constructions nou-
velles ; il reste cependant encore des
vestiges intéressants, et il ne se passe
pas de mois que M. Châtelain, le dis-
tingué archéologue, n'y retrouve des
pièces intéressantes.
Il reste, à Volubilis, deux édifices
de vastes proportions : l'Arc de Triom-
phe de Caracalla et le Temple
d'Adrien.
Pour bien comprendre la séduction
de Fès, il faut y passer un certain
temps ; ce n'esi qu'à la longue qu'on
apprécie l'homme et la ville. Le « Fa-
si Il, de physionomie fine, peau, très
blanche, recherché dans son costume
et soigné dans sa personne, à l'esprit
fin et pénétrant, prétend formeir l'élite
intellectuelle du Maroc et traite avec
un certain mépris ses compagnons
moi.ns civilisés.
Fès, entre autres choses, possède
surtout des fabriques de poteries d'un
genre très spécial, de fusils indigènes
aux crosses incrustées d'argent.
Vingt jours suffisent pour se ren-
dre rapidement compte du Maroc.
Mais pour apprécier les richesses en-
core 'imparfaitement connues de ses
côtes, de son sol et de son sous-sol, ce
sont des mois entiers qu'il faudrait.
Quiconque va une première fois au
Maroc en touriste y retourne pour se
rendre compte des possibilités d'action
et de développement que le Maroc of-
fre à son initiative et à son activité. Le
Maroc n'attend que l'effort de l'hom-
,me pour produire chaque jour davan-
tage. Les résultats déjà obtenus au Ma-
roc, grâce à l'intelligence des indigè-
nes, l'initiative et le travail des colons,
secondés et encouragés par le général
Lyautey, sont considérables : ils ne
sont rien à côté de ce qui se fera de-
'1 main.
Marcel RUEDEL.
=:= Marseille Colonial =:=
ir *T fr
Je viens de prendre connaissance du
rapport substantiel présenté par la
Chambre de commerce de Marseille
sur la situation commerciale el indus
trielle de la circonscription de Mar-
seille, et mon attention s'est portée sur
un chapitre consacré à Marseille colo-
nial
Les efforts qui ont été faits pour
favoriser nos possessions d'outre-mer
par le grand port méditerranéen ont
été trop actifs ces dernières années, et,
depuis le début des hostilités, l'acti-
vité y a été trop grande, soit en vue
de maintenir, malgré les difficultés de
l'heure présente les relations existan-
tes, soit en vue d'en créer de nouvel-
les, pour ne pas tenir compte à Mar-
seille et de son ardeuir et de sa bonne
volonté.
E 1915, si le commerce général exté-
rieur du port de Marseille a subi une
diminution très sensible, qui n'est pas
inférieure à un million de tonnes, par
contre le commerce ma.rseillais avec
les colonies présente une augmenta-
tion appréciable, puisqu'il a passé
de 1.416.855 tonnes en 1914 (soit 20 0/0
du commerce marseillais général) à I
1.651.632 tonnes en 1915 (soit 38.4 0/0
du commerce marseillais général).
Ce dernier chiffre se décompose en
4.996.501 tonnes aux importations et
1.953.124 tonnes aux exportations.
En considérant nos colonies par
groupements géographiques, dans l'or-
dre d'importance de leurs relations
commerciales avec le port de Mar-
seille, on remarque que ce sont nos
possessions de l'Afrique du Nord qui
tiennent la plus haute place de ces
relations: 65,3 du mouvement géné-
ral de Marseille en 1914 et 66.2 0/0
en 1915). Lu sixième rang, ce sont les
possessions de l'Inde et de l'Afrique
Occidentale ; viennent ensuite les îles
de Madagascar et de la Réunion, et
les possessions de l'Amérique centrale.
La part des autres colonies est insi-
gnifiante.
Les importations coloniales à Mar-
seille sont constituées presque en to-
talité par les matières premières
matières animales, végétales et miné-
rales, tandis que, à l'exportation de
Marseille, les matières premières don-
nant 72.8 0/0 et 27.2 0/0 sont attribuées
aux produits fabriqués.
L'Algérie tient la première place
parmi les colonies d'importations avec
439.025 tonnes du total des marchan-
dises importées en 1915. Marseille re-
çoit surtout les farineux alimentaires
de l'Algérie, des vins, des moutons vi-
vants, des fruits de table, en parlicu-
lier des raisins et des légumes frais.
L'Indochine, qui se classait en 1914
au deuxième rang, conserve sa place
avec 241.224 tonnes, doublant large-
ment son chiffre d'affaires avec Mar-
seille. L'augmentation porte princi-
palement sur le riz, le maïs et le mi-
nerai de zinc.
Le Sénégal passe, cette année, du
quatrième au troisième rang et la
presque exclusivité de ses envois con-
siste en arachides. La Tunisie s'ins-
crit ensuite, ayant expédié à Marseille
82.480 tonnes contre 45.671 tonnes en
1914 ; l'augmentation porte principa-
lement sur les animaux vivants et les
farineux alimentaires.
Madagascar a envoyé ses viandes
fraîches et congelées, son manioc, ses
légumes secs ; le Maroc, son maïs, ses
graines de lin, ses laines ; les colonies
de l'Afrique occidentales, leurs pal-
mistes, leurs arachides, leurs graines
de coton ; la Guadeloupe, la Martini-
que et la Réunion, leurs marcs et leura
rhums ; la Nouvelle-Calédonie, tes mi-
nerais et ses amandes de coprah.
Notre grande colonie de l'Afrique
Equatoriale actuellement importe
1.229 tonnes au lieu de 4.804 en
1914 -, la diminution .portant entiè-
rement sur les bois d'acajou et
d'Okoumé. Il n'est pas douteux qu'il
faille chercher la cause de cet état de
choses dans l'absence complète de
relations maritimes entre Marseille et
la côte équatoriale, et des plumes au-
torisées ont maintes fois, dans ces
colonnes, signalé les inconvénients
d'une situation qui en arrive aujour-
d'hui, à placer l'un de nos grands
Gouvernements généraux au 15e rang
des colonies ayant des relations d'im-
portation avec l'un des grands ports
fiançais, c'est-à-dire après la Nouvelle-
Calédonie, Mayote et la côte française
de Somalis 1. , •* - « 4 4
Les exportations du '.pGrt de M\-f.,
seille donnent lieu aux mêmes consta-
tations. Comme toujours et bien que
le chiffre des envois soit tombé de
365.521 tonnes en 1914 à 260.117 ton-
nes en 1915, l'Algérie occupe le pre-
mier rang parmi les clients de Mar-
seille. Si les diminutions ont porté sur
les métaux, les bois communs, les ci-
ments, les ouvrages en métaux, etc.,
par contre, il y a eu augmentation sur
les meubles et ouvrages en bois, les
tissus, les riz, les fruits de table, les
denrées coloniales, etc. Le Maroc se
classe encore au deuxième rang des
acheteurs coloniaux et a reçu notam-
ment du sucre, des ciments, des bois-
sons, des denrées coloniales. La Tuni-
sie a conservé avec Marseille les mê-
mes relations d'exportation et a pris
dans le grand port méditerranéen ses
maïs, ses denrées coloniales, ses pom-
mes de terre, ses tissus, etc.
Si les exportations vers le Sénégal
ont subi une diminution sensible, le
chiffre des envois en Indochine subi
de moins fortes variations, et, de mê-
me si Madagascar et Sainte Marie de
Madagascar ont vu fléchir les envois
marseillais, les expéditions aux éta-:
hlissements de la Côte occidentale
d'Afrique restent à peu près sans chan-
gement comme chiffre global.
Dans l'ensemble, le commerce de
Marseille avec les colonies françaiss,
tout en ayant fléchi sur certains points
de notre entreprise d'outre-mer, a subi
une progression au cours de l'année
1915.
Ces résultats, obtenus pendant la
crise que nos traversons, sont pro-
metteurs de fructueux lendemains, et
laissent place à de légitimes espéran-
ces, surtout au jour où, comme on l'a
souvent réclamé, Marseille sera ame-
née à contrebalancer l'influence ham-
bourgeuise dans toute l'Europe méri-
dionale.
A l'heure où le port du Havre a pris
un sérieux essor, où le port de Bor-
deaux va trouver un regain d'activité
dans l'organisation prochaine qui le
mettra en contact plus direct avec les
Ètats-Ums d'Amérique, le port de
Marseille doit, lui aussi, tirer un pro-
fit des circonstances présentes. Il y a.
une place plus grande à prendre dans
l'Europe du Sud, mais, pour y par-
venir, il -ne suffit point de l'ardeur
dont les Marseillais ont fait preuve et
qui a donné d'indubitables résultats
au point de vue colonial. Il est néces-
saire que le contact devienne - plus
étroit avec nos divers groupes de co-
lonies, et, en particulier, avec notre
grande possession de l'Afrique ftqua-
toriale Française, et que, résolument,
on cherche à atteindre par Marseille
les marchés et débouchés de l'Europe
du Sud, qui étaient, jusqu'ici et
surtout en dehors de leur volonté
inféodés à l'influence allemande. ,
Albert PEYRONNET.
Sénateur de VAllier.
«*•
POUR LA METROPOLE
PAR LES COLONIES
M. André Maginot, ministre des Colo-
nies, a décidé de constituer une impor-
tante Commission en vue d'examiner daius
quelle mesure nos Colonies pourront
apporter à la Métropole une contribution
beaucoup plus large en denrées d'alimen-
tation.
La première conférence se tiendra sous
la présidence de M. Maginot à l'Ecole Co-
loniale, 1, avenue de l'Observatoire, le
samedi 30 juin, à 3 heures de l'après-
midi.
Les personnalités les plus qualifiées dn
monde colonial parmi lesquelles nous
sommes heureux de citer notre directeur,
M. L.-G. Thébault ont été convoquées à
l cette réunion dont il est inutile de souli-
gner toute l'importance. -.
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Lejj Tourisme au Maroc
O-O-O-O-O-O -
Le Maroc est appelé de plus en plus
à devenir un pays de tourisme, non
pas que ce soit ison avenir essentiel, il
possède, au contraire, d'admirables
ressources chaque année mises un peu
plus en valeur ; mais le Maroc offrira
aux gens épris d'exotisme un champ
nouveau à leurs investigations, com-
plètement différent de ce qu'ils auront
vu au début de leur voyage, car le
Maroc sera un pays de tourisme, sur-
tout pour ceux qui, venant de France
ou des pays du Nord, auront d'abord
traversé l'Espagne en flânant. Après
avoir visité Séville, Grenade, Cordoue,
on franchira le détroit de Gibraltair et
l'on touchera au Maroc par Tanger.
Tanger
Tanger, tête de ligne du Maroc, est
appelée certainement au plus grand
avenir. Son port, inexistant aujour-
dvhui, ne demandera que peu de tra-
vaux pour offrir en tous temps aux ba-
teaux une rade bien abritée.
L'arrivée à Tanger présente aux tou-
ristes, comme toutes les arrivées dans
les cités du Nord 'de l'Afrique, une
très heureuse impression. La ville se
déploie en éventail tout au bord de
l'eau et l'on a bien vite fait de s'accli-
mater aux ruelles arabes, à la rue
Blanche, à la rue Bleue, au grand et
.au } -ebit Sokko, qui vous deviennent
rapidement familiers. Quelques palais
arabes y sont à visiter.
Tahfc que. le chemin de fer ne fonc-
tîoniiir pas, il in'y a que deux moyens
pour rejoindre par voie de terre, de la
zone internationale, le Maroc français,
en traversant la zone espagnole, soit la
caravane, soit l'automobile.
La caravane offre un certain pitto-
resque, mais elle présente le gros in-
convénient de perdre un temps consi-
dérable dans une région d'intérêt rela-
tif ; c'est pourquoi ce système est de
plus en plus abandonné.
L'automobile, au contraire, utilisa-
ble seulement en belle saison, rallie
presque tous les suffrages. Certes, on
étonnerait bien les Français de la Mé-
tropole, si on leur montrait tout ce que
les automobiles au Maroc sont dres-
sées à faire : sauts périlleux, traversée
des oueds, soit par les propres moyens
du moteur, soit remorqués par des
boeufs ; steeples dans la brousse ; en-
sablements, tout y est, et on est émer-
veillé du. et des. ressorts de la mon-
ture.
La zone espagnole
Les Espagnols ont fait un assez gros
effort, il faut leur rendre cette justice.
Les pistes qui traversent leur zone sont
assez convenablement aménagées ; les
poteaux indicateurs montrent aux car-
refours les directions de Larache, d'Ar-
zila, d'El Ksar, de Tanger. Aujour-
d'hui, on peut réaliser les 300 kilomè-
tres qui séparent Tanger de Rabat en
une journée. Certains les ont franchis
en dix heures. Dans la zone espagnole,
la où il faut traverser les oueds impor-
tants, les Espagnols ont construit des
ponts, assez souvent enlevés en hiver,
d'ailleurs, par les pluies. Dans la zone
française, deux bacs traversent, le pre-
mier, le iSebou à Kernitra, le second le
Boui Regred à RabatiSalé.
.).
Les hôtels au Maroc
Le confort est une des choses que les
touristes ne méprisent pas, sans re-
chercher uniquement cela au cours de
leurs pérégrinations.
« Excusez-moi, Messieurs, nous dit le
général Lyautey lors de la foire de Fès,
-si je n'ai pas réussi malgré mes effoHs
à régler le problème hôtelier. Je me
rends compte de l'insuffisance de nos
palaces. Ce que je cherche, c'est à faire
ouvrir à. Fès, à Meknès, et dans quel-
ques villes des hôtels genre Touring,
propres, nets, simples. J'espère y réus-
sir bientôt ».
Certes le général Lyautey avait rai-
son et il avait même soin de nous rap-
peler tout ce qui avait déjà, été fait. Le
Maroc possède dans son ensemble un
certain nombre de villes pourvues d'hô-
tels honorables. Rabat et Casablan-
ca sont les mieux servies des villes du
Maroc français. Tanger possédait avant
l,a guerre un hôtel allemand, qui était
très apprécié. Les autres, ceux qui res-
tent ouverts dans cette ville, rempla-
cent heureusement le confort par la
vue. Mazagan, Saffi, Settat, Marra-
kech, possèdent ce que nous appelons
la bonne auberge de campagne propre-
ment tenue. On n'en pourrait pas dire
autant de "Meknès et de Fès, malgré le
concours de l'administration pour do-
ter ces deux villes, non pas de pala-
ces, mais d'hôtels propres. Le prix
comme celui des voitures et des auto-
mobiles, en est légèrement plus élevé
qu'en France ; mais le voyageur qui
vient d'Espagne, où il a eu à subir un
change avec 30 0/0 de perte, se trouve
traité au Maroc avec ménagements.
Dans le Maroc espagnol Arztila pos-
sède une auberge ; Larache, un hôtel
à peu près convenable et el Ksar, des
chambres meublées pour ceux qui s'y
égarent.
Rabat
C'est Rabat l'étape définitive de la
randonnée à travers le Maroc espagnol
et le Maroc septentrional français.
Rabat, qui est séparé uniquement de
Salé par le Bou Regred, est une jolie
petite ville, dominée par la Tour Has-
san et les ruines de l'ancienne mos-
quée, détruite par un tremblement de
terre au Moyen Age. La Tour Hassan
a été construite par le même architecte
qui fit à Marrakech la Koutoubia, et à.
Séville la Tour de la Giralda.
Hors de la ville de Rabat, se trouve
le Chella, ruines phéniciennes au mi-
lieu desquelles se trouvent des sour-
ces qui alimentent encore la ville de
Rabat. Fait à noter, à Rabat comme à
Salé, comme à Casablanca, comme a.
Marrakbùh, le système Eno qui oblige
les voitures à marcher toujours dans le
même sens sur les voies publiques est
appliqué dans les ruelles arabes et
évite ainsi des encombrements dont on
n'arriverait, pas à se tirer.
La Medersa, la kasba des Oul.aya, le
Boulevard El-Alou, la promenade du
Bord de la Mer, la Rue des Consuls, le
panorama d'ensemble sur Rabat, que
l'on peut voir de la plupart des ter-
rasses de la ville européenne, sont à
retenir.
Salé a conservé son cachet indigène
dans toute son intégralité.
Casablanca
Casablanca, sur la côte à 100 kilo-
mètres au sud de Rabat, est surtout
une ville européenne, c'est l'efferves-
cence, c'est le mouvement. Tous les
jours une maison nouvelle sort de ter-
re et la guerre n'a presque point ra-
lenti cette activité. Ici, on vous mon-
tre le Restaurant de l'Alhambra, où,
au début de 1914, s'étendaient encore
des marécages, et qui, maintenant,
peut contenir avec son cinéma en plein
air, trois ou quatre cents personnes.
Plus loin, d'immenses terrains à bâtir
reçoivent des constructions sans cesse
plus nombreuses.
Casablanca, c'est la ville champi-
gnon, la seule de ce genre offrant cette
envergure au Maroc. En suivant de
très loin, on peut citer le petit port de
Kenitra sur le Sebou, et le centre agri-
cole de Petitjean.
Mazagan et Saffi
En descendant vers le Sud, on trou-
ve sur le bord de la mer la ville de
Mazagan, ancien port portugais, dont
la Citerne construite par les occupants,
est encore un énorme monument que
l'on visite ; le port de Saffi, très
pittoresque, sur une côte assez décou-
pée, mais inaccessible pendant une
grande partie de l'année.
Marrakech
Marrakech sera toujours au Maroc
la ville du tourisme par excellence.
Elle est .reliée à Casablanca par une
̃route de 240 kilom., que Les autos peu-
vent mettre 5 à 6 h. à faire, à travers
d'abord la riche plaine de la Chaouïa,
puis un pays désolé aussitôt qu'on a
franchi l'Oum-Rbia, puisque pendant
100 kilomètres on ne voit que l'arbre
de Bell-Guérir et les innombrables
mirages de soleil dans le bled.
Marrakech, la métropole du Sud,
offre cette particularité de n'être pas
une ville arabe, mais presque exclusi-
vement une ville soudanaise.
Fès, Rabat, Salé, Mazagan sont
des villes ara.bes et Fès occupe, sans
contredit, la primauté de Loutes les
villes arabes du Maroc par ses ruelles
étroites, ses souks bien ordonnés, ses
palais, ses monuments anciens, resr
taures avec beaucoup de soin, ses
sources, qui en font la ville la
mieux irriguée de tout le Maroc et,
peut-être, de bien d'autres pays aussi.
Mais Marrakech offre cette parl-kula-
rité de vous ouvrir un horizon sur la
vie du Soudan, tout en étant encore
en Afrique du Nord. Les souks y ont
un cachet, un caractère, une origina-
liLé que l'on ne retrouve nulle part,
ailleurs. Les industries locales du
cuir, dos teintures, du 1er, du cuivre
se sont. conservées et développées
sous la protection française.
Djeniaa-El-Fna est In grande place
de Marrakech ; un marché s'y tient
tous Les jours le matin et l'après-midi.
̃Son nom, dit Bardon, dans une inté
ressante brochure, « A travers le Ma-
roc », veut dire : « Mosquée du Tré-
pas ». C'est là qu'étaient exposées à la
cu-riosilé et à la réflexion du peuple
tes tètes des rebelles. Très animée,
Lres. passagère, elle sert de lien entre
le quartier juif du Mellah à la Kasba
eL celui de la Medina, la ville du com-
merce. Le soir, elle est livrée aux jon-
gleurs, aux charmeurs de serpent,
aux ephèbc-s, aux sorciers et aux .trou-
badours. Toutes les nouvelles du
Sous et du Nord arrivent ln. ; elles y
sont exposées, discutées, amplifiées
et colportées dans la ville et dans les
pays environnants. Aucune télégra-
phie sans fil ne vaut la rapidité d'in-
formation de la caravane du bled.
De Djemaa-El-Fna, on a une vue
superbe sur le Haut-Atlas. Les neiges
éternelles s'y voient en toute saison et
c'est un spectacle vraiment, féerique
que celui de cette ville saharienne
ceinturée de palmiers, dont l'horizon,
sur un "vaste demi-cercle, est borné
d'un paysage alpestre-
Des murailles de -'i.OOO mètre§, des
lacs glacés, des neiges élerllclles, un
climat d'Egypte, avec, en plus, une
végétation merveilleuse, voilà, n'est-
il pas vrai, de quoi séduire cil. attirer
les touristes ? Ils pourront jouir san
réserve de la beau Lé du pays, de son
charme, de son climat et contribuer
ainsi au développement et à la riches-
se de Marrakech. L'hiver à Marra-
kech, à quatre jours de Paris,
quand les relations normales par voie
ferrée seront rétablies en Europe,
où l'on trouvera réunis par un petit
chemin de fer de montagne de 60 ki-
lomètres environ le charme de Khar-
toum et celui de Chamonix, prome-
nades à .chameau, visites dans les jar-
dins, ascensions alpestres, concours
de skis, de luges, voilà, je crois, plus
qu'il n'en faut pour créer à Marra-
kech un centre de tourisme difficile-
ment rcmplaçable.
En ville même, il faut citer, dans la
vaste ceinture des triples murs qui
l'entourent les palais et jardins de
l'Aquedal, de construction assez ré-
cente, abandonnée par Abd-Et-Aziz
en 1901 jusqu'au moment où, le 7 sep-
tembre 1912, nous en avons pris pos-
session. Ce sont, plusieurs palais dis-
posés autour d'une cour, dans des
jardins immenses et splendides, où
l'eau coule, à profusion et où l'on trou-
ve toute la gamme des arbres fruitiers
du pays. Le palais de l'Aquedal. ou
Dar-Beida, a été utilisé pour l'hôpital
mintaire, la manutention et le Trésor
et Postes aux années.
C'est encore un monument récent
que la Baihia, également ancien palais
du sultan, avec ses beaux jardins a
eau courante, el. qui est. affectée à la
résidence générale de Marrakech. 11
y a, dans ce de très belles
salles avec rles plinthes e.n bois de cè-
dre à peinture poli chromo du plus
joli eUet. Cela rappelle un peu, mais
en petit, l'architecture des palais
assyriens, et ce qu'il faut voir, c'est,
quelque temps après le lever du so-
leil, du haut de la terrasse de la Ba-
hia, le panorama splendide sur Mar-
rakech, sur le Gucliz (colline qui com-
mande la ville indigène de Marrakech
et au pied de laquelle se construit la
ville européenne sur un plan très
heureusement conçu), le Djebilat, au
Nord, et le Haut-Atlas, au Sud.
A Marrakech,, un hôtel avec tout le
confort moderne, installé dans la ville
nouvelle, au milieu de vastes jardins,
aurait les plus grandes chances de
réussir et d'attirer, du mois d'oc-
tobre au mois de mai, la clientèle in-
ternationale des villes hivernales.
De quelques autres villes
En revenant de Marrakech sur Casa-
blanca, on traverse l'Oum-Rbia, qui
possède, à une cinquantaine de kilo-
mètres au-dessous, de très importantes
chutes d'eau dont la force motrice est
appelée à rendre de grands services au
Maroc.
Puis, on arrive à Settat, au centre
de la Chaouïa, petite ville au milieu
d'une importante et riche région
confiée aujourd'hui à la direction d'un
vétéran du Maroc, le docteur Weisger-
ber, dont l'essor se développera lors-
que le chemin de fer l'atteindra et
qu'elle sera en relations plus constan-
tes avec la mer.
De Casablanca à Rabat., si, au lieu
de prendre la grande route, on suit les
pistes de la côte, on trouve, à 25 kilo-
mètres environ de Casablanca, le petit
port de Fedalah, qui bénéficiera peut-
être un jour des expéditions des phos-
phates d'El-Boroug, et qui possède, à
l'embouchure- de l'oued Meta, des ins-
tallations de sècheries de poissons, qui
donnaront, dans un avenir prochain,
des résultats intéressants.
Fès et Meknès
Il ne faut pas quitter le Maroc sans
aller à Meknès et Fès. Meknès est une
ville maghzen, c'est-à-dire de celles où
le sultanl peut résider, ville un peu
morte aujourd'hui, mais que l'occupa-
tion française revivifie, et qui bénéfi-
ciera, dans un avenir prochain, d'être
le centre d'excursions très intéres-
santes.
De Meknès, on va, en effet, à Volu-
bilis, l'ancien Ksar Pharaoun des Ara-
bes, qui se trouve à 3 kilomètres du
sanctuaire vénéré de Moulay-Idris.
Volubilis, vieille cité romaine, a été
la carrière dans laquelle a puisé Mou-
lay-Ismaïl pour les constructions nou-
velles ; il reste cependant encore des
vestiges intéressants, et il ne se passe
pas de mois que M. Châtelain, le dis-
tingué archéologue, n'y retrouve des
pièces intéressantes.
Il reste, à Volubilis, deux édifices
de vastes proportions : l'Arc de Triom-
phe de Caracalla et le Temple
d'Adrien.
Pour bien comprendre la séduction
de Fès, il faut y passer un certain
temps ; ce n'esi qu'à la longue qu'on
apprécie l'homme et la ville. Le « Fa-
si Il, de physionomie fine, peau, très
blanche, recherché dans son costume
et soigné dans sa personne, à l'esprit
fin et pénétrant, prétend formeir l'élite
intellectuelle du Maroc et traite avec
un certain mépris ses compagnons
moi.ns civilisés.
Fès, entre autres choses, possède
surtout des fabriques de poteries d'un
genre très spécial, de fusils indigènes
aux crosses incrustées d'argent.
Vingt jours suffisent pour se ren-
dre rapidement compte du Maroc.
Mais pour apprécier les richesses en-
core 'imparfaitement connues de ses
côtes, de son sol et de son sous-sol, ce
sont des mois entiers qu'il faudrait.
Quiconque va une première fois au
Maroc en touriste y retourne pour se
rendre compte des possibilités d'action
et de développement que le Maroc of-
fre à son initiative et à son activité. Le
Maroc n'attend que l'effort de l'hom-
,me pour produire chaque jour davan-
tage. Les résultats déjà obtenus au Ma-
roc, grâce à l'intelligence des indigè-
nes, l'initiative et le travail des colons,
secondés et encouragés par le général
Lyautey, sont considérables : ils ne
sont rien à côté de ce qui se fera de-
'1 main.
Marcel RUEDEL.
=:= Marseille Colonial =:=
ir *T fr
Je viens de prendre connaissance du
rapport substantiel présenté par la
Chambre de commerce de Marseille
sur la situation commerciale el indus
trielle de la circonscription de Mar-
seille, et mon attention s'est portée sur
un chapitre consacré à Marseille colo-
nial
Les efforts qui ont été faits pour
favoriser nos possessions d'outre-mer
par le grand port méditerranéen ont
été trop actifs ces dernières années, et,
depuis le début des hostilités, l'acti-
vité y a été trop grande, soit en vue
de maintenir, malgré les difficultés de
l'heure présente les relations existan-
tes, soit en vue d'en créer de nouvel-
les, pour ne pas tenir compte à Mar-
seille et de son ardeuir et de sa bonne
volonté.
E 1915, si le commerce général exté-
rieur du port de Marseille a subi une
diminution très sensible, qui n'est pas
inférieure à un million de tonnes, par
contre le commerce ma.rseillais avec
les colonies présente une augmenta-
tion appréciable, puisqu'il a passé
de 1.416.855 tonnes en 1914 (soit 20 0/0
du commerce marseillais général) à I
1.651.632 tonnes en 1915 (soit 38.4 0/0
du commerce marseillais général).
Ce dernier chiffre se décompose en
4.996.501 tonnes aux importations et
1.953.124 tonnes aux exportations.
En considérant nos colonies par
groupements géographiques, dans l'or-
dre d'importance de leurs relations
commerciales avec le port de Mar-
seille, on remarque que ce sont nos
possessions de l'Afrique du Nord qui
tiennent la plus haute place de ces
relations: 65,3 du mouvement géné-
ral de Marseille en 1914 et 66.2 0/0
en 1915). Lu sixième rang, ce sont les
possessions de l'Inde et de l'Afrique
Occidentale ; viennent ensuite les îles
de Madagascar et de la Réunion, et
les possessions de l'Amérique centrale.
La part des autres colonies est insi-
gnifiante.
Les importations coloniales à Mar-
seille sont constituées presque en to-
talité par les matières premières
matières animales, végétales et miné-
rales, tandis que, à l'exportation de
Marseille, les matières premières don-
nant 72.8 0/0 et 27.2 0/0 sont attribuées
aux produits fabriqués.
L'Algérie tient la première place
parmi les colonies d'importations avec
439.025 tonnes du total des marchan-
dises importées en 1915. Marseille re-
çoit surtout les farineux alimentaires
de l'Algérie, des vins, des moutons vi-
vants, des fruits de table, en parlicu-
lier des raisins et des légumes frais.
L'Indochine, qui se classait en 1914
au deuxième rang, conserve sa place
avec 241.224 tonnes, doublant large-
ment son chiffre d'affaires avec Mar-
seille. L'augmentation porte princi-
palement sur le riz, le maïs et le mi-
nerai de zinc.
Le Sénégal passe, cette année, du
quatrième au troisième rang et la
presque exclusivité de ses envois con-
siste en arachides. La Tunisie s'ins-
crit ensuite, ayant expédié à Marseille
82.480 tonnes contre 45.671 tonnes en
1914 ; l'augmentation porte principa-
lement sur les animaux vivants et les
farineux alimentaires.
Madagascar a envoyé ses viandes
fraîches et congelées, son manioc, ses
légumes secs ; le Maroc, son maïs, ses
graines de lin, ses laines ; les colonies
de l'Afrique occidentales, leurs pal-
mistes, leurs arachides, leurs graines
de coton ; la Guadeloupe, la Martini-
que et la Réunion, leurs marcs et leura
rhums ; la Nouvelle-Calédonie, tes mi-
nerais et ses amandes de coprah.
Notre grande colonie de l'Afrique
Equatoriale actuellement importe
1.229 tonnes au lieu de 4.804 en
1914 -, la diminution .portant entiè-
rement sur les bois d'acajou et
d'Okoumé. Il n'est pas douteux qu'il
faille chercher la cause de cet état de
choses dans l'absence complète de
relations maritimes entre Marseille et
la côte équatoriale, et des plumes au-
torisées ont maintes fois, dans ces
colonnes, signalé les inconvénients
d'une situation qui en arrive aujour-
d'hui, à placer l'un de nos grands
Gouvernements généraux au 15e rang
des colonies ayant des relations d'im-
portation avec l'un des grands ports
fiançais, c'est-à-dire après la Nouvelle-
Calédonie, Mayote et la côte française
de Somalis 1. , •* - « 4 4
Les exportations du '.pGrt de M\-f.,
seille donnent lieu aux mêmes consta-
tations. Comme toujours et bien que
le chiffre des envois soit tombé de
365.521 tonnes en 1914 à 260.117 ton-
nes en 1915, l'Algérie occupe le pre-
mier rang parmi les clients de Mar-
seille. Si les diminutions ont porté sur
les métaux, les bois communs, les ci-
ments, les ouvrages en métaux, etc.,
par contre, il y a eu augmentation sur
les meubles et ouvrages en bois, les
tissus, les riz, les fruits de table, les
denrées coloniales, etc. Le Maroc se
classe encore au deuxième rang des
acheteurs coloniaux et a reçu notam-
ment du sucre, des ciments, des bois-
sons, des denrées coloniales. La Tuni-
sie a conservé avec Marseille les mê-
mes relations d'exportation et a pris
dans le grand port méditerranéen ses
maïs, ses denrées coloniales, ses pom-
mes de terre, ses tissus, etc.
Si les exportations vers le Sénégal
ont subi une diminution sensible, le
chiffre des envois en Indochine subi
de moins fortes variations, et, de mê-
me si Madagascar et Sainte Marie de
Madagascar ont vu fléchir les envois
marseillais, les expéditions aux éta-:
hlissements de la Côte occidentale
d'Afrique restent à peu près sans chan-
gement comme chiffre global.
Dans l'ensemble, le commerce de
Marseille avec les colonies françaiss,
tout en ayant fléchi sur certains points
de notre entreprise d'outre-mer, a subi
une progression au cours de l'année
1915.
Ces résultats, obtenus pendant la
crise que nos traversons, sont pro-
metteurs de fructueux lendemains, et
laissent place à de légitimes espéran-
ces, surtout au jour où, comme on l'a
souvent réclamé, Marseille sera ame-
née à contrebalancer l'influence ham-
bourgeuise dans toute l'Europe méri-
dionale.
A l'heure où le port du Havre a pris
un sérieux essor, où le port de Bor-
deaux va trouver un regain d'activité
dans l'organisation prochaine qui le
mettra en contact plus direct avec les
Ètats-Ums d'Amérique, le port de
Marseille doit, lui aussi, tirer un pro-
fit des circonstances présentes. Il y a.
une place plus grande à prendre dans
l'Europe du Sud, mais, pour y par-
venir, il -ne suffit point de l'ardeur
dont les Marseillais ont fait preuve et
qui a donné d'indubitables résultats
au point de vue colonial. Il est néces-
saire que le contact devienne - plus
étroit avec nos divers groupes de co-
lonies, et, en particulier, avec notre
grande possession de l'Afrique ftqua-
toriale Française, et que, résolument,
on cherche à atteindre par Marseille
les marchés et débouchés de l'Europe
du Sud, qui étaient, jusqu'ici et
surtout en dehors de leur volonté
inféodés à l'influence allemande. ,
Albert PEYRONNET.
Sénateur de VAllier.
«*•
POUR LA METROPOLE
PAR LES COLONIES
M. André Maginot, ministre des Colo-
nies, a décidé de constituer une impor-
tante Commission en vue d'examiner daius
quelle mesure nos Colonies pourront
apporter à la Métropole une contribution
beaucoup plus large en denrées d'alimen-
tation.
La première conférence se tiendra sous
la présidence de M. Maginot à l'Ecole Co-
loniale, 1, avenue de l'Observatoire, le
samedi 30 juin, à 3 heures de l'après-
midi.
Les personnalités les plus qualifiées dn
monde colonial parmi lesquelles nous
sommes heureux de citer notre directeur,
M. L.-G. Thébault ont été convoquées à
l cette réunion dont il est inutile de souli-
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