Titre : Le Nouvelliste d'Indochine. - Hebd. pol. économ. littéraire
Éditeur : [s.n.?] (Saïgon)
Date d'édition : 1936-09-19
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328269847
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2122 Nombre total de vues : 2122
Description : 19 septembre 1936 19 septembre 1936
Description : 1936/09/19 (A1,N4). 1936/09/19 (A1,N4).
Description : Collection numérique : France-Vietnam Collection numérique : France-Vietnam
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6356116c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-JO-1399
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/10/2012
PREMIERE ANNEE No 4 - SAMEDI 19 SEPTEMBRE 1936 ": 1- - ".- - * H LE NUMERO DIX CENTS
TARIF D ABOWŒMtNTt
A
IND OCHINI
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ANOUVELLISTE
= D'INDOCHINE=
HEBDOMADAIRE
Politique, Économique et Littéraire
", ,:,j.. - ':, .-., ':
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REDACTION
-1 et -
ADMINISTRATION
12. Qcrulev&rd Norodom
"SAIGON
Directeur:
A. Bre/on
e -
Ww 1
1-
̃ RADIO
Reçoit le monde entier
1 E" BOY-LANDRY
Boite postale n° 295
SAIGON -i
» J
La Roumanie
sans Titulesco
Il nous est encore aisé de réveiller l'amitié
roumaine que nous avons laissée
s'endormir un peu
L'activité de la propagande
hitlérienne
De Prédéal (Roumanie),
septembre 1936. Je passe
mes vacances en Roumanie,
aux pieds des Carpathes, à
Prédéal, non loin de la rési-
dence estivale du roi Carol :
Sinaïa.
Le pays, qui m'est cher,
m'apparaît plus beau que
jamais, mais je l'aime trop
pour qu'il lui soit possible de
me dissimuler l'inquiétude qui
tourmente cruellement, au-
jourd'hui, son esprit et son
cœur. Lui, qui fut toujours pas-
sionnément fidèle à la France,
commence à douter d'elle, à
se laisser troubler par la pro-
pagande hitlérienne de plus
en plus active, de plus en
plus audacieuse parmi les
siens.
La croix gammée orne le
titre de deux journaux et
maintes boutonnières, elle sa-
lit les murs des rues dans les
villes et dans les campagnes,,
aussi les glaces des autos qui
circulent à iravers le royau-
me. Constatation lamentable :
la presse hitlérophile roumai-
ne recommande la lecture de
plusieurs feuilles nationalistes
françaises en même temps que
celles du Volkischer Beobach-
teret de VA ngriff allemands !
Ici, comme en Belgique, le
nationalisme français < six
févriériste * travaille contre
la nation française : c'est un
fait éclatant.
Les Roumains se méfient
des juifs et des Russes qui
les ont souvent trahis dans le
passé, et dont le communis-
me les épouvante. Si donc
ceux qui, chez nous, se tar-
guent de parler au nom de
l'intérêt français leur disent :
« Le juif Léon Blum, prési-
dent du Conseil français, est
aux ordres de Moscou 1), ils
prêtent complaisamment l'o-
reille à leurs propos et se
demandent si notre pays est
encore digne de leur confian-
ce.
Le nouveau ministre des
Affaires étrangères roumain,
M. Antonesco, est certes aus-
si francophile que Titulesco,
son prédécesseur, mais aura-t-
il la même autorité que celui-
ci pour soutenir sa franco-
philie ? L'opposition roumai-
ne répond négativement a
cette question. Elle est dans
son rôle et on ne doit pas la
croire sur parole : il reste
cependant que dans l'état ac-
tuel de l'Europe, mieux eût
valu que Titulesco demeurât
à son poste. Les attaques dont
ce grand Roumain, ce grand
Européen dans le bon sens
du mot, fut l'objet de la part
de nos mussolinomanes fran-
çais, n'auront pas été pour
rien dans son «débarquement».
Un article de Philippe Hen-
riot, répandu par les soins
des adversaires de l'ancien
ministre des Affaires étran-
gères roumaine fait senution,
encore que le journal qui le
publia eut été saisi.
Fort heureusement, les hitlé-
rophiles roumains qui se sont
rendus à Berlin pour deman-
der au Führer de garantir les
frontières de leur pays
Goga, Georges Bratiano,-ont
été poliment éconduits. L'Al-
lemagne est révisionniste.
L'Allemagne est avec la Hon-
grie, elle n'abandonnera pas
cette dernière.
Ainsi la France ne saurait
désespérer de son alliée rou-
maine, toute imprégnée, d'ail-
leurs, de culture française. Un
des meilleurs diplomates rou-
mains me disait l'autre jour :
* Ici, depuis votre Révolution,
depuis surtout le milieu du
siècle dernier, vos poètes, vos
éerivains, vos philosophes tra-
vaillent pour vous : ne vous
alarmez donc pas. * Je ne
m'alarme pas, mais la jeunes-
se, en Roumanie comme ail-
leurs, semble avoir, mainte-
mant plus de goût pour la
Force que pour l'Idée, et il
est impossible que je m'émeu-
ve point aux spectacles san-
glants que m'offrent les jeu-
nes, les très jeunes Roumains
de la Garde de Fer qui pren-
nent pour modèles les terro-
ristes nationalistes de la Sain-
te-Vehme allemande.
La France estime encore
que la Roumanie l'aimant
pour elle-même, il lui est inu-
tile de faire aucun effort pour
garder son amour. Elle se
trompe lourdement. Les jour-
naux se multiplient ici, vingt-
sept quotidiens paraissent ré-
gulièrement à Bucarest et
Hitler n'est pas pour rien, je
vous l'assure, dans ce miracle
de la multiplication des teuil-
les. Un grand journal, un
grand théâtre de langue fran-
çaises seraient les bienvenus
dans la capitale roumaine,
mais notre gouvernement a de
l'argent pour tout, sauf pour
la défense des intérêts fran-
çais à l'étranger. L'Allema-
gne, par ailleurs, a - toujours
envoyé à Bucarest des diplo-
mates de premier plan. Il n'en
a pas toujours été de même
dans notre pays.
Je n'ai pas besoin de redire
que je ne suis pas, que je ne
serai jamais antisémite, mais
je considère que mon regretté
ami, Maurice Schwob, direc-
teur du Phare de la Loire,
avait quelque raison de dire :
« Il en est des Juifs comme de
certains médicaments ; a fai-
bles doses, ils fortifient, à trop
fortes doses, ils affaiblissent..
La Roumanie compte pres-
que dix pour cent de juifs,
dont un trop grand nombre
venus misérables de Pologne,
de Russie, paraissent rebelles
à l'assimilation. C'est contre
ceux-là que se dresse mon ami
Stelian Popesco, directeur du
plus grand journal quotidien
roumain, YUniversul, Mais an-
tisémite et anticommuniste,
L'Espagne fratricide
Les grèves françaises
Le discours de M. Blum
EN ESPAGNE
Séville, 18 Septembre. (A. R.
1. P.).
La radio de 13 heures indique
que l'armée nationale a continué
sa marche sur Tolède provoquant
des pertes considérables aux mi-
lices marxistes qui ont été fina-
lement encerclées et dont l'arriè-
re garde a eu plus de 1.000 tuéa
et a perdu un matériel considéra-
ble de canons, de nombreux fusils
et de munitions. Ces combats ont
permis la réalisation du projet
d'occupation des vallées de l'Al-
berche et du Tage. Dans ce trian-
gle, il semble que le Gouverne-
ment de Madrid se rendant comp-
te du danger ait voulu à tout prix
empêcher notre avance mais le
résultat contraire s'est produit.
Les échecs des marxistes ne
peuvent causer à Madrid qu'une
grande excitation à la suite de
l'arrivée des blessés toujours
plus nombreux ainsi que des
fugitifs démoralisés.
Au Nord les colonnes nationa-
les commencent à entourer Bil-
bao dont les défenseurs manquent
d'enthousiasme et où des diver-
gen es commencent à se produi-
re sur la question de la résistan-
ce. La ville manque de vivres de
première nécessité et de farine.
.!._et.-_.,,Bilb..
proclamations invitent la popu-
lation à s'enfuir en raison des
prochains bombardements. Ovie-
do continue à résister active-
ment, tout en faisant subir des
pertes importantes aux marxistes.
•
Gibraltar. - La situation à
Malaga est sérieuse. S00 mi-
liciens annon:ent qu'ils ne veu-
lent plus lutter contre les re-
belles et ont levé leurs armes
contre les communiâtes et les or-
ganisations ouvrières. Il y aurait
une centaine de morts et de bles-
sés. Les navires anglais Anihory
et Queen Elizabeth ont été en-
voyés à Malaga. Le Gouverne-
ment a demandé d'urgence des
renforts à Madrid.
Le cuirassé Queen Eflz beth
arrivé hier venant de Malaga et
qui devait partir vers Malte a été
à sa dernière minute. dirigé de
nouveau sur Malaga, accompa-
gné du destroyer Anthony. Oa
croit savoir que des combats de
rues ont lieu actuellement à Ma-
laga. Les maisons auraient été
incendiées. Ce matin, à la faveur
d'une brume -épaisse, des chalu-
tiers armés gouvernementaux ont
bombardé Lalinéa faisant quel-
aues blessés.
-,,---
Saint Jean de Luz. - Les
diplomates accrédités auprès du
Gouvernement de Madnd, ac-
tuellement en France, ont dé-
cidé contrairement à l'invi-
tation du Gouvernement de
Madrid qui leur demandait de
regagner les résidences à Madrid
de rester en France, attendant
le développement des événements.
Radio-Cadix diffuse que les na-
tionaux ont commencé aujour-
d'hui l'attaque de Santander dont
les défenseurs demandent des
renfort*. Il ajoute que de nom-
breuses arrestations ont eu lieu à
Madrid à la suite de la décou-
verte d'un complot ^contre M.
Azana qui ne quitte awde Palais
Nfctîonaf 61
vigilante. 7: • a
A Bilbao la population est
partiellement privée., de pain.
Le poste de Ràdio- T etouan
annon e que le navire de guerre
« Jaime Premier » et quatre
autres navires ont quitté leur
base se dirigeant vers Or an.
Madrid.
Le Ministre de la Guerre com-
munique que sur le Front Nord-
Ouest, une colonne d'insurgés
venant de Galice a tenté ce ma.
tin de progresser mais a été re-
poussée et obligée de reculer de
plusieurs kilomètres, et a subi
des pertes. Sur le ,front d'Ara-
son, l'artillerie poursuit le bom-
bardement de Teruel. Sur le
Front Sud, une petite colonne de
rebelles opérant dans le secteur
de Ronda a été anéantie. L'avia-
t;o i a bombardé Cordoue et
Grenade. Dans le secteur de Gu-
darrama, 7 déserteurs se sont
rendus aux républicains.
Les insurgés espagnols ont avan-
cé de 10 kilomètres vers Tolède
infligeant aux gouvernementaux
des pertes s'élevant à 750 morts.
Les gouvernementaux annon-
cent- la prise de deux villages
près de Teruel. 80 insurgés au-
raient été tués. Les insurgés se
sont emparés des localités envi-
ronnant Siguenza et ont attaqué
Talavera, infligeant aux gouver-
nementaux des pertes s'élevant à
1.000 morts.
Les gouvernementaux signalent
une menace de désordre parmi
les légionnaires et les troupes
indigènes marocaines qui n'ont
pas reçu leur solde. Par contre
les insurgés annoncent une muti-
nerie dans la flotte du Gouver-
nement qui a dû exécuter 250
mutins.
Le drapeau républicain flotte
sur l'Alcazar de Tolède.
La C.N.T. propose la création
^«vaailksf dfeguerr* ». *YSÇ
service obligatoire et Contrôlé,
de conseils ouvriers et de mili-
ces, d'une « direction militaire
unique » et « de commissaires
de guerre », désignés par le
Conseil National de défense.
Il propose enfin la socialisation
des banques et des biens de
l'Eglise, des biens des grands
propriétaires fonciers, le con-
trôle des ouvriers de l'industrie
et du commerce privé, le droit
de libre expérience pour les vil-
les et villages qui, par leur si-
tuation spéciale, n'influent pas
sur la marche normale de l'éco-
nomie du pays.
(Lire la suite en 2* page)
celui-ci, dont je suis l'hôte à
Prédéal, demeure ardemment
francophile. N'est-il pas pré-
sident de la Ligue Antirétii-
sionniste roumaine ? Nul plus
que lui ne s'est ému du « dé-
barquement Il de Titulesco,
Son article, lors de la publica-
tion de la liste des ministres
du nouveau cabinet Tataresco,
a -- secoué tout --- le pays. - C'est
un patriote de bon sens, de
mesure, et Hitler ne parvien-
dra pas à lui couler sa mar-
chandise pangermaniste, mê-
me en se présentant comme
le champion de l'antisémitis-
me et de l' anticommunisme.
--- 1-
Le nouveau ministre des
Affaires étrangères roumain,
Antonesco, que je connais de
longue date, a reconnu, lors-
que je lui ai rendu visite au
lendemain de sa nomination,
que l'entente roumano-russe
est présentement un impératif
géographique. C'est, au fond,
en dépit de certaines réserves,
l'opinion de Stelian Popesco,
qui a bien voulu me faire cette
déclaration que je reproduis
textuellement :
Notre politique étrangère nous
donne du souci à la suite des
coups répétés portés à la paix et
à l'ordre établi par les traités
qui ont mis fin à la guerre mon.
diale.
.(Lircla suite en 2BI page )
LA CRISE POLITIQUE EN ROUMANIE
A gauche. Le roi Carol qui, en laissant aller Titulesco,
a ouvert des possibilités pour des grands changements non
seulement dans la situation roumaine mais aussi européenne.
A droite. Titulesco, le ministre des affaires étrangè-
res, retiré, qui se trouve actuellement à la Riviera française en
vacances et d'où il a de longues conversations par téléphone
avcc dti partUmt en Rçtumoni^
A Luna-Park
important discours
de M. Léon Blum
Au cours de la cérémonie qui
s'est déroulée à Luna-Park pour
célébrer l'anniversaire de la pro-
clamation de la République, M.
Léon Blum a prononcé un im-
portant discours politique.
A 18 h. 20 M. Léon Blum,
accueilli par de vifs applaudisse-
ments, prend la parole. Voici les
principaux passages de son dis-
cours :
Le discours de M. Blum
a Mes chers amis,
« Je n'étais pas inscrit au pro-
gramme de cette fête. C'est moi
qui, hier soir, à la fin d'une
assez dure journée et après m'être
entretenu avec les camarades dé
légués des usines métallurgiques
de la Seine, ai demandé à la
Fédération de la Seine de m'accor-
der aujourd'hui son hospitalité.
Je m'étais entretenu avec mes
camarades des usines. J'éprouvais
le besoin, le besoin impérieux, je
vous l'assure, de m'entretenir
maintenant avec mes camarades
et avec mes amis de la Fédéra-
tion.
Un malentendu à dissiper
« Je n'ai pas besoin de vous
dire longuement pou-quoi. Je ne
ferme pas les yeux, croyez-le
bien, à la réalité. Il existe en ce
moment entre le gouvernement
de Front Populaire que je pré-
side et une partie, tout au moins,
des masses ouvrières, i n malen-
à. aucun
prix.^lâissèr" se continuer.
« Je suis ici, je ne sais pas si
je vous convaincrai, je suis ici
tout au moins pour m'expliquer
devant vous. On se demandera
peut-être pourquoi.
- « On verra si j'ai parlé en qua
lité de chef de gouvernement ou
en qualité de militant socialiste.
Qu'on se pose la question ailleurs
si l'on veut, mais 'pas ici. Du
reste, je vous avoue que je n'ar-
rive pas à distinguer très bien en
ce qui me concerne les deux qua.
lités. Je ne pourrais pas, bien en-
tendu, vous dire ici la vie que
j'ai menée comme chef de gouver.
nement, comme militant. Il n'y a
pas une seule de mes pensées
que j'entende aujourd'hui vous
dissimuler.
Et d abord, je voudrais vous
poser une question que chacun de
vous pourrait se poser à lui mê-
me : Y a-t-il ici un seul homme
qui croie que j'aie changé depuis
trois mois? (Vifs applaudissements
et nombreux cris répétés de : Vive
Blum 1 ) Y a-t-il un seul de vous
qui puisse douter de moi ? Est-ce
qu'il y a un seul de vous qui
puisse croire que trois mois d'exer-
cice du pouvoir aient fait de moi
un autre homme que celui que
vous connaissez depuis tant
d'anné s?
< Je n'ai pas changé »
« Car il y a trois mois tout juste
aujourd'hui même que nous nous
sommes présentés devant les
Chambres et je vous assure que
ces trois mois me paraissent à
moi, en ce moment, aussi longs
que je ne l'ais combien d'années,
non pas seulement par l'œuvre
accomplie mais par ce que vous
savez : cette suite de jours sans
répit et de nuite sans somme 1
sans trouver la course de temps
étrangement lente.
« Vous savez bien que je n'ai
pas changé et que je suis toujours
le même Est-ce que vous croyez
qu'il y. ait un seul de vos senti-
ments que je ne comprenne pas ?
Vous avez entendu l'autre soir au
Vélodrome d'Hiver les délégués
du Front populaire espagnol. Je
les avais vus le matin même.
« Croyez-vous quand je lisais
dans les dépêches le récit de la
prise dimn, l'agonie des derniers
miliciens, est-ce que vous croyez
par hasard que mon cœur n'était
pas ausi déchiré que le vôtre ?
[Vifs applaudissement» ),
« Est-ce que vous croyez que
j'ai été subitement privé de toute
in!elligence, de toute faculté. Si
j'agis encore comme j'estime qu'il
est nécessaire d'agir, alors il faut
bien que j'aie droit d'émettre un
plan. Alors, il faut bien qu'il y ait
tout de même à cette conduite des
motifs peut être valables. Je les
crois en tout cas intelligibles.
« 11 est prématuré de jeter sur
les événements un regard raison-
nable. Je vais essayer de vous
faire comprendre maintenant en
vous parlant moi, chef du gouver-
nement. Vous pensez bien qu'au-
cun des arguments qui vous sont
familiers ne m'échappe. Je sais
bien, dans cette affreuse aventu-
re, de quel côté vous devez vous
iucliner et quels souhaits doit
nous imposer l'intérêt national,
l'intérêt de notre pays, en dehors
de toute espèce d'affinité ou de
passion politique.
- « Je suis obligé aussi de mesu-
rer les mots et vous le compren.
drez.
« Je suis obligé aussi de mesu-
rer l'importance du maintien
du Gouvernement légal de la
République espagnole qui garanti.
rait peut-être en cas de complica-
tion européenne la sûreté de no-
tre frontière et la sûreté de nos
communications avec l'Afrique du
Nord.
« Je peux, pour le moins, dire
que du côté du gouvernement
militaire, il est impossible de
prévoir avec certitude quelles se.
raient les obligations ou les ambi-
tions de ses chefs.
r. « Je dis ^que d'un côté il y a
pour nous une sécurité et d un
autre côté il subsiste un risque.
« Quinconqueise place au point
de vue de l'intérêt immédiat du
pays constate que cet intérêt évi-
dent de la France a été méconnu
par une presse partiale jusqu'au
crime et jusqu'à la trahisou.
« Je ne sais pas comment,
dans d'autre pays, cette compa-
gne aurait été accueillie ou jus-
qu'à quel endroit précis elle
aurait pu conduire leurs auteurs.
Dès la rentrée des Chambres,
je tâcherai de trouver des mo-
yens de mettre fin à cela.
L'intérêt direct de la France
« Mais sur le fond des choses,
je le répète, je n'ai pas plus de
doutes que sur la question du
droit public, mais pas plus de
doute que sur la question de l'in-
térêt direct et national de la
France.
« Comme nous l'avons dit nous-
mêmes dans un document public,
le gouvernement constitué par le
président de la République Aza-
na, conformément aux directions
tracées par le suffrage universel,
continue à être le gouvernement
régulier d'une nation amie. Quand
il s'agit de ces mots : gouverne-
ment légal, gouvernement régu-
lier, j'aime mieux y ajouter quant
à moi ces mots, cette formule :
le gouvernement issu du suffrage
universel et correspondant à la
volonté et à la souveraineté pu-
bliques.
« Je dois aussi vous signaler
que si le gouvernement légal est
en face d'une rébellion militaire
mais je m'adresse ici à votre
imagination, pas autre chose qu'à
votre imagination vous pourriez,
à la rigueur, concevoir des cas où,
contre tel gouvernement qui n'exis
te pas, mais qui pourrait exister,
contre tel gouvernement disposant
de la légalité formelle un mou-
vement militaire pourrait re-
cueillir et attirer vos sympathies
profondes.
- « Par conséquent, employons
de préférence les formules dont je
me suis servi : gouvernement issu
du suffrage universel, gouverne.
ment répondant à la volonté et à
la souveraineté publiques, selon
une forme de majorité qui est la
dernière d'une démocratie.
Le droit international
« Pas de doute là-dessus, pas
de doute qm si nous nous plv
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La Roumanie
sans Titulesco
Il nous est encore aisé de réveiller l'amitié
roumaine que nous avons laissée
s'endormir un peu
L'activité de la propagande
hitlérienne
De Prédéal (Roumanie),
septembre 1936. Je passe
mes vacances en Roumanie,
aux pieds des Carpathes, à
Prédéal, non loin de la rési-
dence estivale du roi Carol :
Sinaïa.
Le pays, qui m'est cher,
m'apparaît plus beau que
jamais, mais je l'aime trop
pour qu'il lui soit possible de
me dissimuler l'inquiétude qui
tourmente cruellement, au-
jourd'hui, son esprit et son
cœur. Lui, qui fut toujours pas-
sionnément fidèle à la France,
commence à douter d'elle, à
se laisser troubler par la pro-
pagande hitlérienne de plus
en plus active, de plus en
plus audacieuse parmi les
siens.
La croix gammée orne le
titre de deux journaux et
maintes boutonnières, elle sa-
lit les murs des rues dans les
villes et dans les campagnes,,
aussi les glaces des autos qui
circulent à iravers le royau-
me. Constatation lamentable :
la presse hitlérophile roumai-
ne recommande la lecture de
plusieurs feuilles nationalistes
françaises en même temps que
celles du Volkischer Beobach-
teret de VA ngriff allemands !
Ici, comme en Belgique, le
nationalisme français < six
févriériste * travaille contre
la nation française : c'est un
fait éclatant.
Les Roumains se méfient
des juifs et des Russes qui
les ont souvent trahis dans le
passé, et dont le communis-
me les épouvante. Si donc
ceux qui, chez nous, se tar-
guent de parler au nom de
l'intérêt français leur disent :
« Le juif Léon Blum, prési-
dent du Conseil français, est
aux ordres de Moscou 1), ils
prêtent complaisamment l'o-
reille à leurs propos et se
demandent si notre pays est
encore digne de leur confian-
ce.
Le nouveau ministre des
Affaires étrangères roumain,
M. Antonesco, est certes aus-
si francophile que Titulesco,
son prédécesseur, mais aura-t-
il la même autorité que celui-
ci pour soutenir sa franco-
philie ? L'opposition roumai-
ne répond négativement a
cette question. Elle est dans
son rôle et on ne doit pas la
croire sur parole : il reste
cependant que dans l'état ac-
tuel de l'Europe, mieux eût
valu que Titulesco demeurât
à son poste. Les attaques dont
ce grand Roumain, ce grand
Européen dans le bon sens
du mot, fut l'objet de la part
de nos mussolinomanes fran-
çais, n'auront pas été pour
rien dans son «débarquement».
Un article de Philippe Hen-
riot, répandu par les soins
des adversaires de l'ancien
ministre des Affaires étran-
gères roumaine fait senution,
encore que le journal qui le
publia eut été saisi.
Fort heureusement, les hitlé-
rophiles roumains qui se sont
rendus à Berlin pour deman-
der au Führer de garantir les
frontières de leur pays
Goga, Georges Bratiano,-ont
été poliment éconduits. L'Al-
lemagne est révisionniste.
L'Allemagne est avec la Hon-
grie, elle n'abandonnera pas
cette dernière.
Ainsi la France ne saurait
désespérer de son alliée rou-
maine, toute imprégnée, d'ail-
leurs, de culture française. Un
des meilleurs diplomates rou-
mains me disait l'autre jour :
* Ici, depuis votre Révolution,
depuis surtout le milieu du
siècle dernier, vos poètes, vos
éerivains, vos philosophes tra-
vaillent pour vous : ne vous
alarmez donc pas. * Je ne
m'alarme pas, mais la jeunes-
se, en Roumanie comme ail-
leurs, semble avoir, mainte-
mant plus de goût pour la
Force que pour l'Idée, et il
est impossible que je m'émeu-
ve point aux spectacles san-
glants que m'offrent les jeu-
nes, les très jeunes Roumains
de la Garde de Fer qui pren-
nent pour modèles les terro-
ristes nationalistes de la Sain-
te-Vehme allemande.
La France estime encore
que la Roumanie l'aimant
pour elle-même, il lui est inu-
tile de faire aucun effort pour
garder son amour. Elle se
trompe lourdement. Les jour-
naux se multiplient ici, vingt-
sept quotidiens paraissent ré-
gulièrement à Bucarest et
Hitler n'est pas pour rien, je
vous l'assure, dans ce miracle
de la multiplication des teuil-
les. Un grand journal, un
grand théâtre de langue fran-
çaises seraient les bienvenus
dans la capitale roumaine,
mais notre gouvernement a de
l'argent pour tout, sauf pour
la défense des intérêts fran-
çais à l'étranger. L'Allema-
gne, par ailleurs, a - toujours
envoyé à Bucarest des diplo-
mates de premier plan. Il n'en
a pas toujours été de même
dans notre pays.
Je n'ai pas besoin de redire
que je ne suis pas, que je ne
serai jamais antisémite, mais
je considère que mon regretté
ami, Maurice Schwob, direc-
teur du Phare de la Loire,
avait quelque raison de dire :
« Il en est des Juifs comme de
certains médicaments ; a fai-
bles doses, ils fortifient, à trop
fortes doses, ils affaiblissent..
La Roumanie compte pres-
que dix pour cent de juifs,
dont un trop grand nombre
venus misérables de Pologne,
de Russie, paraissent rebelles
à l'assimilation. C'est contre
ceux-là que se dresse mon ami
Stelian Popesco, directeur du
plus grand journal quotidien
roumain, YUniversul, Mais an-
tisémite et anticommuniste,
L'Espagne fratricide
Les grèves françaises
Le discours de M. Blum
EN ESPAGNE
Séville, 18 Septembre. (A. R.
1. P.).
La radio de 13 heures indique
que l'armée nationale a continué
sa marche sur Tolède provoquant
des pertes considérables aux mi-
lices marxistes qui ont été fina-
lement encerclées et dont l'arriè-
re garde a eu plus de 1.000 tuéa
et a perdu un matériel considéra-
ble de canons, de nombreux fusils
et de munitions. Ces combats ont
permis la réalisation du projet
d'occupation des vallées de l'Al-
berche et du Tage. Dans ce trian-
gle, il semble que le Gouverne-
ment de Madrid se rendant comp-
te du danger ait voulu à tout prix
empêcher notre avance mais le
résultat contraire s'est produit.
Les échecs des marxistes ne
peuvent causer à Madrid qu'une
grande excitation à la suite de
l'arrivée des blessés toujours
plus nombreux ainsi que des
fugitifs démoralisés.
Au Nord les colonnes nationa-
les commencent à entourer Bil-
bao dont les défenseurs manquent
d'enthousiasme et où des diver-
gen es commencent à se produi-
re sur la question de la résistan-
ce. La ville manque de vivres de
première nécessité et de farine.
.!._et.-_.,,Bilb..
proclamations invitent la popu-
lation à s'enfuir en raison des
prochains bombardements. Ovie-
do continue à résister active-
ment, tout en faisant subir des
pertes importantes aux marxistes.
•
Gibraltar. - La situation à
Malaga est sérieuse. S00 mi-
liciens annon:ent qu'ils ne veu-
lent plus lutter contre les re-
belles et ont levé leurs armes
contre les communiâtes et les or-
ganisations ouvrières. Il y aurait
une centaine de morts et de bles-
sés. Les navires anglais Anihory
et Queen Elizabeth ont été en-
voyés à Malaga. Le Gouverne-
ment a demandé d'urgence des
renforts à Madrid.
Le cuirassé Queen Eflz beth
arrivé hier venant de Malaga et
qui devait partir vers Malte a été
à sa dernière minute. dirigé de
nouveau sur Malaga, accompa-
gné du destroyer Anthony. Oa
croit savoir que des combats de
rues ont lieu actuellement à Ma-
laga. Les maisons auraient été
incendiées. Ce matin, à la faveur
d'une brume -épaisse, des chalu-
tiers armés gouvernementaux ont
bombardé Lalinéa faisant quel-
aues blessés.
-,,---
Saint Jean de Luz. - Les
diplomates accrédités auprès du
Gouvernement de Madnd, ac-
tuellement en France, ont dé-
cidé contrairement à l'invi-
tation du Gouvernement de
Madrid qui leur demandait de
regagner les résidences à Madrid
de rester en France, attendant
le développement des événements.
Radio-Cadix diffuse que les na-
tionaux ont commencé aujour-
d'hui l'attaque de Santander dont
les défenseurs demandent des
renfort*. Il ajoute que de nom-
breuses arrestations ont eu lieu à
Madrid à la suite de la décou-
verte d'un complot ^contre M.
Azana qui ne quitte awde Palais
Nfctîonaf 61
vigilante. 7: • a
A Bilbao la population est
partiellement privée., de pain.
Le poste de Ràdio- T etouan
annon e que le navire de guerre
« Jaime Premier » et quatre
autres navires ont quitté leur
base se dirigeant vers Or an.
Madrid.
Le Ministre de la Guerre com-
munique que sur le Front Nord-
Ouest, une colonne d'insurgés
venant de Galice a tenté ce ma.
tin de progresser mais a été re-
poussée et obligée de reculer de
plusieurs kilomètres, et a subi
des pertes. Sur le ,front d'Ara-
son, l'artillerie poursuit le bom-
bardement de Teruel. Sur le
Front Sud, une petite colonne de
rebelles opérant dans le secteur
de Ronda a été anéantie. L'avia-
t;o i a bombardé Cordoue et
Grenade. Dans le secteur de Gu-
darrama, 7 déserteurs se sont
rendus aux républicains.
Les insurgés espagnols ont avan-
cé de 10 kilomètres vers Tolède
infligeant aux gouvernementaux
des pertes s'élevant à 750 morts.
Les gouvernementaux annon-
cent- la prise de deux villages
près de Teruel. 80 insurgés au-
raient été tués. Les insurgés se
sont emparés des localités envi-
ronnant Siguenza et ont attaqué
Talavera, infligeant aux gouver-
nementaux des pertes s'élevant à
1.000 morts.
Les gouvernementaux signalent
une menace de désordre parmi
les légionnaires et les troupes
indigènes marocaines qui n'ont
pas reçu leur solde. Par contre
les insurgés annoncent une muti-
nerie dans la flotte du Gouver-
nement qui a dû exécuter 250
mutins.
Le drapeau républicain flotte
sur l'Alcazar de Tolède.
La C.N.T. propose la création
^«vaailksf dfeguerr* ». *YSÇ
service obligatoire et Contrôlé,
de conseils ouvriers et de mili-
ces, d'une « direction militaire
unique » et « de commissaires
de guerre », désignés par le
Conseil National de défense.
Il propose enfin la socialisation
des banques et des biens de
l'Eglise, des biens des grands
propriétaires fonciers, le con-
trôle des ouvriers de l'industrie
et du commerce privé, le droit
de libre expérience pour les vil-
les et villages qui, par leur si-
tuation spéciale, n'influent pas
sur la marche normale de l'éco-
nomie du pays.
(Lire la suite en 2* page)
celui-ci, dont je suis l'hôte à
Prédéal, demeure ardemment
francophile. N'est-il pas pré-
sident de la Ligue Antirétii-
sionniste roumaine ? Nul plus
que lui ne s'est ému du « dé-
barquement Il de Titulesco,
Son article, lors de la publica-
tion de la liste des ministres
du nouveau cabinet Tataresco,
a -- secoué tout --- le pays. - C'est
un patriote de bon sens, de
mesure, et Hitler ne parvien-
dra pas à lui couler sa mar-
chandise pangermaniste, mê-
me en se présentant comme
le champion de l'antisémitis-
me et de l' anticommunisme.
--- 1-
Le nouveau ministre des
Affaires étrangères roumain,
Antonesco, que je connais de
longue date, a reconnu, lors-
que je lui ai rendu visite au
lendemain de sa nomination,
que l'entente roumano-russe
est présentement un impératif
géographique. C'est, au fond,
en dépit de certaines réserves,
l'opinion de Stelian Popesco,
qui a bien voulu me faire cette
déclaration que je reproduis
textuellement :
Notre politique étrangère nous
donne du souci à la suite des
coups répétés portés à la paix et
à l'ordre établi par les traités
qui ont mis fin à la guerre mon.
diale.
.(Lircla suite en 2BI page )
LA CRISE POLITIQUE EN ROUMANIE
A gauche. Le roi Carol qui, en laissant aller Titulesco,
a ouvert des possibilités pour des grands changements non
seulement dans la situation roumaine mais aussi européenne.
A droite. Titulesco, le ministre des affaires étrangè-
res, retiré, qui se trouve actuellement à la Riviera française en
vacances et d'où il a de longues conversations par téléphone
avcc dti partUmt en Rçtumoni^
A Luna-Park
important discours
de M. Léon Blum
Au cours de la cérémonie qui
s'est déroulée à Luna-Park pour
célébrer l'anniversaire de la pro-
clamation de la République, M.
Léon Blum a prononcé un im-
portant discours politique.
A 18 h. 20 M. Léon Blum,
accueilli par de vifs applaudisse-
ments, prend la parole. Voici les
principaux passages de son dis-
cours :
Le discours de M. Blum
a Mes chers amis,
« Je n'étais pas inscrit au pro-
gramme de cette fête. C'est moi
qui, hier soir, à la fin d'une
assez dure journée et après m'être
entretenu avec les camarades dé
légués des usines métallurgiques
de la Seine, ai demandé à la
Fédération de la Seine de m'accor-
der aujourd'hui son hospitalité.
Je m'étais entretenu avec mes
camarades des usines. J'éprouvais
le besoin, le besoin impérieux, je
vous l'assure, de m'entretenir
maintenant avec mes camarades
et avec mes amis de la Fédéra-
tion.
Un malentendu à dissiper
« Je n'ai pas besoin de vous
dire longuement pou-quoi. Je ne
ferme pas les yeux, croyez-le
bien, à la réalité. Il existe en ce
moment entre le gouvernement
de Front Populaire que je pré-
side et une partie, tout au moins,
des masses ouvrières, i n malen-
à. aucun
prix.^lâissèr" se continuer.
« Je suis ici, je ne sais pas si
je vous convaincrai, je suis ici
tout au moins pour m'expliquer
devant vous. On se demandera
peut-être pourquoi.
- « On verra si j'ai parlé en qua
lité de chef de gouvernement ou
en qualité de militant socialiste.
Qu'on se pose la question ailleurs
si l'on veut, mais 'pas ici. Du
reste, je vous avoue que je n'ar-
rive pas à distinguer très bien en
ce qui me concerne les deux qua.
lités. Je ne pourrais pas, bien en-
tendu, vous dire ici la vie que
j'ai menée comme chef de gouver.
nement, comme militant. Il n'y a
pas une seule de mes pensées
que j'entende aujourd'hui vous
dissimuler.
Et d abord, je voudrais vous
poser une question que chacun de
vous pourrait se poser à lui mê-
me : Y a-t-il ici un seul homme
qui croie que j'aie changé depuis
trois mois? (Vifs applaudissements
et nombreux cris répétés de : Vive
Blum 1 ) Y a-t-il un seul de vous
qui puisse douter de moi ? Est-ce
qu'il y a un seul de vous qui
puisse croire que trois mois d'exer-
cice du pouvoir aient fait de moi
un autre homme que celui que
vous connaissez depuis tant
d'anné s?
< Je n'ai pas changé »
« Car il y a trois mois tout juste
aujourd'hui même que nous nous
sommes présentés devant les
Chambres et je vous assure que
ces trois mois me paraissent à
moi, en ce moment, aussi longs
que je ne l'ais combien d'années,
non pas seulement par l'œuvre
accomplie mais par ce que vous
savez : cette suite de jours sans
répit et de nuite sans somme 1
sans trouver la course de temps
étrangement lente.
« Vous savez bien que je n'ai
pas changé et que je suis toujours
le même Est-ce que vous croyez
qu'il y. ait un seul de vos senti-
ments que je ne comprenne pas ?
Vous avez entendu l'autre soir au
Vélodrome d'Hiver les délégués
du Front populaire espagnol. Je
les avais vus le matin même.
« Croyez-vous quand je lisais
dans les dépêches le récit de la
prise dimn, l'agonie des derniers
miliciens, est-ce que vous croyez
par hasard que mon cœur n'était
pas ausi déchiré que le vôtre ?
[Vifs applaudissement» ),
« Est-ce que vous croyez que
j'ai été subitement privé de toute
in!elligence, de toute faculté. Si
j'agis encore comme j'estime qu'il
est nécessaire d'agir, alors il faut
bien que j'aie droit d'émettre un
plan. Alors, il faut bien qu'il y ait
tout de même à cette conduite des
motifs peut être valables. Je les
crois en tout cas intelligibles.
« 11 est prématuré de jeter sur
les événements un regard raison-
nable. Je vais essayer de vous
faire comprendre maintenant en
vous parlant moi, chef du gouver-
nement. Vous pensez bien qu'au-
cun des arguments qui vous sont
familiers ne m'échappe. Je sais
bien, dans cette affreuse aventu-
re, de quel côté vous devez vous
iucliner et quels souhaits doit
nous imposer l'intérêt national,
l'intérêt de notre pays, en dehors
de toute espèce d'affinité ou de
passion politique.
- « Je suis obligé aussi de mesu-
rer les mots et vous le compren.
drez.
« Je suis obligé aussi de mesu-
rer l'importance du maintien
du Gouvernement légal de la
République espagnole qui garanti.
rait peut-être en cas de complica-
tion européenne la sûreté de no-
tre frontière et la sûreté de nos
communications avec l'Afrique du
Nord.
« Je peux, pour le moins, dire
que du côté du gouvernement
militaire, il est impossible de
prévoir avec certitude quelles se.
raient les obligations ou les ambi-
tions de ses chefs.
r. « Je dis ^que d'un côté il y a
pour nous une sécurité et d un
autre côté il subsiste un risque.
« Quinconqueise place au point
de vue de l'intérêt immédiat du
pays constate que cet intérêt évi-
dent de la France a été méconnu
par une presse partiale jusqu'au
crime et jusqu'à la trahisou.
« Je ne sais pas comment,
dans d'autre pays, cette compa-
gne aurait été accueillie ou jus-
qu'à quel endroit précis elle
aurait pu conduire leurs auteurs.
Dès la rentrée des Chambres,
je tâcherai de trouver des mo-
yens de mettre fin à cela.
L'intérêt direct de la France
« Mais sur le fond des choses,
je le répète, je n'ai pas plus de
doutes que sur la question du
droit public, mais pas plus de
doute que sur la question de l'in-
térêt direct et national de la
France.
« Comme nous l'avons dit nous-
mêmes dans un document public,
le gouvernement constitué par le
président de la République Aza-
na, conformément aux directions
tracées par le suffrage universel,
continue à être le gouvernement
régulier d'une nation amie. Quand
il s'agit de ces mots : gouverne-
ment légal, gouvernement régu-
lier, j'aime mieux y ajouter quant
à moi ces mots, cette formule :
le gouvernement issu du suffrage
universel et correspondant à la
volonté et à la souveraineté pu-
bliques.
« Je dois aussi vous signaler
que si le gouvernement légal est
en face d'une rébellion militaire
mais je m'adresse ici à votre
imagination, pas autre chose qu'à
votre imagination vous pourriez,
à la rigueur, concevoir des cas où,
contre tel gouvernement qui n'exis
te pas, mais qui pourrait exister,
contre tel gouvernement disposant
de la légalité formelle un mou-
vement militaire pourrait re-
cueillir et attirer vos sympathies
profondes.
- « Par conséquent, employons
de préférence les formules dont je
me suis servi : gouvernement issu
du suffrage universel, gouverne.
ment répondant à la volonté et à
la souveraineté publiques, selon
une forme de majorité qui est la
dernière d'une démocratie.
Le droit international
« Pas de doute là-dessus, pas
de doute qm si nous nous plv
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