Titre : Revue de France / directeur-gérant Léonce Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1871-09-30
Contributeur : Dumont, Léonce (18..-1...). Directeur de publication
Contributeur : Dalloz, Paul (1829-1887). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32857072m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 septembre 1871 30 septembre 1871
Description : 1871/09/30 (A1,N21). 1871/09/30 (A1,N21).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6349151g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-422
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
Première Année. — N° 21. Samedi 30 Septembre 1871.
REVUE DE FRANCE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS ;
SOMMAIRE. E : Chronique politique, p. 585. — L. DERÔME : De l'enseignement supérieur. Deuxième article : l'Université
impérialè, p. 588.— X., LIEUTEXAI\T : Neuf mois de captivité en Allemagne, p. 592. — PIERRE COEUR : Héautontimoroumenos (now
vellc), p." 599. - E. M..: Le mouvement artistitique à Londres en 1871. Deuxième article: Expositions, p. 605. —-AX(»KI? SAÎ^OS :
Semaine scientifique. Chaleùr et travail mécanique. Le sous-sol et les affections typhoïdes. Absorption de l'eau par les feuilles
des plantes. Phosphorescence du ver luisant, p. 609.-- BARON ERNOUF : Bulletin bibliographique, p. 313. — P. NICOLE : Courrier
industriel, p. 615. — Documents historiques : Rescrit impérial à la Diète de Prague. Nomiuations, p. 616.
CHRONIQUE POLITIQUE
Une locomotive a traversé le tunnel du Mont-Cenis.
L'inauguration de cette voie internationale conviait,
il y a quelques Jours, plusieurs personnages poli-
tiques. Deux ministres de Versailles, M. Victor Le-
franc et M. le comte de Rémusat rencontraient à Bar-
donnèche M. Visconti-Veuosta, ministre des affaires
étrangères, MM. Vicenzi et Castagnola, membres du
cabinet italien, le président du sénat, comte Casati.
Puis; un banquet réunissait tous ces hommes à la
même table au palais Carignan à Turin. Victor-Emma-
nuel y assistait. On rapporte même qu'il aurait dit, avec
son apparente bonhomie, à l'un de nos ministres :
« Il y a, en ce moment, des nuages entre la France et
l'Italie, il faut que ces nuages disparaissent/La France
et l'Italie sont des nations sœurs, il faut qu'elles vi-
vent en parfait accord, en un accord fraternel. Toutes
deux latines, elles doivent être alliées envers et contre
tous. » Des discours ont ensuite été prononcés et
des toasts portés à l'Italie et à la France: M. Victor
Lefranc, tout en effeuillant les fleurs d'un lan-
gage un peu démoder a mis un certain soin à écarter
les allusions politiques. Mais la confidence royale a
servi de thème à la réponse que M. de Hémusat a faite
à l'allocution du comte Rignon, syndic de Turin. M. de
Rémusat est fort épris de l'alliance des races latines.
Son enthousiasme lui a même fait dire que ce moment
était « le mieux choisi pour exprimer les sentiments de
bienveillance et d'union qui doivent resserrer les liens
entre l'Italie et la France, » sans songer que ce mo-
ment était l'anniversaire du jour où les Italiens sont
entrés dans Rome au mépris de la Convention de sep-
tembre. M. Visconti-Venosta, élève de M. de Cavour,
a été plus réservé. La discrétion du cabinet italien'et
l'avance très-nette du Roi, se neutralisant, ne donnent
donc, ni l'une ni l'autre, la note exacte de la politique
italienne.
L'Italie n'est peut-être pas notre ennemie, mais nous
serions bien- confiants si nous comptions sur son ami-
tié. La plupart des hommes d'Etat d'au delà des Alpes
préfèrent, en effet, l'alliance prussienne. Voyez, di-
sent-ils, la situation de l'Italie Ses intérêts sont iden-
tiques aux intérêts de l'Allemagne. Les voies commer-
ciales de la péninsule rayonneront toujours plus vers
le sud, le sud-est et le sud-ouest, que vers le nord; tan-
dis que les intérêts de l'Allemagne ont leur route natu-
relle dans la direction du nord, de l'est et de l'ouest.
Il n'y a pas de conflit à redouter entre les deux nations
avant de longues années. Au contraire, une alliance
les rendant maîtresses de la zone centrale de l'Europe,
de la Baltique à la mer Ionienne, elles deviennent
toutes-puissantes. Maisquel fruitrètireraitl'Italie d'une
ligue latine ! L'Italie, l'Espagne et la France ont un
champ de bataille trop commun entre elles : la Médi-
terranée. La France est un corps dont le cœur se trouve
au golfe de Lyon et dont les deux bras sont l'Espagne
et l'Italie. Elle ne négligera rien pour s'assurer, au
préjudice de ses sœurs latines, la domination d'une
mer qui est comme une corbeille où tombent les ri-
chesses de l'Orient. Ce calcul parait résumer l'opinion
italienne. Nos voisins, cela est probible, désirent vi-
vre en paix avec nous ; mais il est plus que douteux
qu'ils contractent avec nous une alliance offensive et
défensive. Il eut donc mieux valu que M. le comte de
Rémusat eut suivi une politique de recueillement. D'ail
leurs, les déclarations d'amour, ni les traités d'alliance
ne se font pas ainsi en public. Cet événement important
excité" peu d'enthousiasme en France. La perspective
d'une alliance avec l'Italie n'a pu arracher le pays à ses
sombres préoccupations. Tout le monde sait bien qu'il
REVUE DE FRANCE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS ;
SOMMAIRE. E : Chronique politique, p. 585. — L. DERÔME : De l'enseignement supérieur. Deuxième article : l'Université
impérialè, p. 588.— X., LIEUTEXAI\T : Neuf mois de captivité en Allemagne, p. 592. — PIERRE COEUR : Héautontimoroumenos (now
vellc), p." 599. - E. M..: Le mouvement artistitique à Londres en 1871. Deuxième article: Expositions, p. 605. —-AX(»KI? SAÎ^OS :
Semaine scientifique. Chaleùr et travail mécanique. Le sous-sol et les affections typhoïdes. Absorption de l'eau par les feuilles
des plantes. Phosphorescence du ver luisant, p. 609.-- BARON ERNOUF : Bulletin bibliographique, p. 313. — P. NICOLE : Courrier
industriel, p. 615. — Documents historiques : Rescrit impérial à la Diète de Prague. Nomiuations, p. 616.
CHRONIQUE POLITIQUE
Une locomotive a traversé le tunnel du Mont-Cenis.
L'inauguration de cette voie internationale conviait,
il y a quelques Jours, plusieurs personnages poli-
tiques. Deux ministres de Versailles, M. Victor Le-
franc et M. le comte de Rémusat rencontraient à Bar-
donnèche M. Visconti-Veuosta, ministre des affaires
étrangères, MM. Vicenzi et Castagnola, membres du
cabinet italien, le président du sénat, comte Casati.
Puis; un banquet réunissait tous ces hommes à la
même table au palais Carignan à Turin. Victor-Emma-
nuel y assistait. On rapporte même qu'il aurait dit, avec
son apparente bonhomie, à l'un de nos ministres :
« Il y a, en ce moment, des nuages entre la France et
l'Italie, il faut que ces nuages disparaissent/La France
et l'Italie sont des nations sœurs, il faut qu'elles vi-
vent en parfait accord, en un accord fraternel. Toutes
deux latines, elles doivent être alliées envers et contre
tous. » Des discours ont ensuite été prononcés et
des toasts portés à l'Italie et à la France: M. Victor
Lefranc, tout en effeuillant les fleurs d'un lan-
gage un peu démoder a mis un certain soin à écarter
les allusions politiques. Mais la confidence royale a
servi de thème à la réponse que M. de Hémusat a faite
à l'allocution du comte Rignon, syndic de Turin. M. de
Rémusat est fort épris de l'alliance des races latines.
Son enthousiasme lui a même fait dire que ce moment
était « le mieux choisi pour exprimer les sentiments de
bienveillance et d'union qui doivent resserrer les liens
entre l'Italie et la France, » sans songer que ce mo-
ment était l'anniversaire du jour où les Italiens sont
entrés dans Rome au mépris de la Convention de sep-
tembre. M. Visconti-Venosta, élève de M. de Cavour,
a été plus réservé. La discrétion du cabinet italien'et
l'avance très-nette du Roi, se neutralisant, ne donnent
donc, ni l'une ni l'autre, la note exacte de la politique
italienne.
L'Italie n'est peut-être pas notre ennemie, mais nous
serions bien- confiants si nous comptions sur son ami-
tié. La plupart des hommes d'Etat d'au delà des Alpes
préfèrent, en effet, l'alliance prussienne. Voyez, di-
sent-ils, la situation de l'Italie Ses intérêts sont iden-
tiques aux intérêts de l'Allemagne. Les voies commer-
ciales de la péninsule rayonneront toujours plus vers
le sud, le sud-est et le sud-ouest, que vers le nord; tan-
dis que les intérêts de l'Allemagne ont leur route natu-
relle dans la direction du nord, de l'est et de l'ouest.
Il n'y a pas de conflit à redouter entre les deux nations
avant de longues années. Au contraire, une alliance
les rendant maîtresses de la zone centrale de l'Europe,
de la Baltique à la mer Ionienne, elles deviennent
toutes-puissantes. Maisquel fruitrètireraitl'Italie d'une
ligue latine ! L'Italie, l'Espagne et la France ont un
champ de bataille trop commun entre elles : la Médi-
terranée. La France est un corps dont le cœur se trouve
au golfe de Lyon et dont les deux bras sont l'Espagne
et l'Italie. Elle ne négligera rien pour s'assurer, au
préjudice de ses sœurs latines, la domination d'une
mer qui est comme une corbeille où tombent les ri-
chesses de l'Orient. Ce calcul parait résumer l'opinion
italienne. Nos voisins, cela est probible, désirent vi-
vre en paix avec nous ; mais il est plus que douteux
qu'ils contractent avec nous une alliance offensive et
défensive. Il eut donc mieux valu que M. le comte de
Rémusat eut suivi une politique de recueillement. D'ail
leurs, les déclarations d'amour, ni les traités d'alliance
ne se font pas ainsi en public. Cet événement important
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