Vers la fin du XIVe siècle, le margraviat de Bade était échu de droit légitime et divin à un grand-duc qui avait nom Rodolphe.
Il était fort redouté dans ces contrées sauvages; son nom seul faisait trembler tous les habitans de la Forêt-Noire. On le dé- signait tout bas comme l'un des princes affiliés à l'archevêque de Cologne (1). Ce n'était pas sans raison; car, pendant long- temps, ce prélat fut reconnu chef suprême des tribunaux secrets qui couvrirent à cette époque et pendant des siècles, l'Allemagne de cent mille assassins appelés francs-juges, chargés de mettre à mort quiconque avait été condamné par leur tribunal. Ils ju- raient de n'épargner ni amis, ni parens ; de sorte que l'on vivait dans une anxiété continuelle. Un frère n'osait se fier à son propre frère; tous les liens de famille étaient rompus ; le plus profond mystère couvrait les opérations de cette armée invisible qui poursuivait partout ses victimes.
On n'a jamais su à quel signe ces prétendus sages (car ils se nommaient ainsi) se reconnaissaient entre eux ; à plus forte rai- son n'est-on pas instruit de leurs réglemens et de leurs statuts.
On ignore surtout le lieu de leurs réunions.
Tout ce que l'on sait, c'est qu'il n'y avait aucune objection à faire contre les sentences de ces tribunaux sanguinaires, il fallait
(i) Quoique étrangers à la présidence de fait, et surtout aux crimes nombreux dont on accme les francs-juges, les archevêques de Cologne, en leur qualité de ducs de Westphalie, conservèrent pendant long-temps, comme fief de l'empire, le titre de grands-maîtres des tribunaux secrets.
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