Titre : La France littéraire, artistique, scientifique / dir. Adrien Peladan
Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1858-07-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327779296
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 8430 Nombre total de vues : 8430
Description : 10 juillet 1858 10 juillet 1858
Description : 1858/07/10 (A2,N41). 1858/07/10 (A2,N41).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6341215g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-4584
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/12/2012
DEUXIÈME ANNÉE.
.n
îNfiK"
10 JUILLET IK58
ON S'ABONNE
A LYON,
1IJX BUBEAllX,
Rue dePiut. 29.
LA FRANCE
PRIX
1
HII. , ÎMr.
<) IHOÎS 6 .- 1
hy^SSSS^um'
^LITTÉRAIRE, AUTISTIQUE, SCIENTIFIQUE.
iffir 8 samedis. - Reproduction interdite à - moins d'une convention spéciale.
WYAGE EN ORIENT.
UNE SEMAINE A TABARIÉH.
1.
L'HOSPITALITÉ.
Après avoir séjourné à Nazareth, je résolus
o aller visiter Tibériade et les ruines des villes
antiques qui bordent le lac.Ayant rencontré.dans
le couvent latin que j'habitais , deux pélerins
allemands et un officier italien nommé signor
Joseph , je leur fis part de mes projets u'explo-
ration. Ils s'adjoignirent à moi pour cette ex-
cnrsion religieuse et scientifique.
Nous partîmes tous les quatre a-vant le jour,
accompagnés d'un guide de Nazareth. Après
avoir gravi la cime du mont Tliabor et traver-
sé le bazar qui se tient tous les lundis au pied
de la montagne évangélique,nous atteignîmes,
après quatre heures de marche, les bords du
Jourdain. Nous fîmes une halte sous Par-
che ruinée du pont romain, qui établissait au-
trefois les communications entre la Galilée et
la Décapole, et ensuite nous nous dirigeâmes
vers la ville moderne de Tabariéh qui remplace
Lantique cité du tétrarque Hérode Antipas.
Sur les rives du lac nous rencontràme l'aga de
Tabariéh, qui allait, à la tête de ses cavaliers,
lever l'impôt dans la vallée du Jourdain. A
mesure que nous nous rapproctiions,en suivant
tes bords du lac,de la .petite ville moderne, ses
murailles , ses tours , les minarets des mos-
quées se dessinaient plus clairement dans le
bassin limpide , au sein de l'ombre à demi-lu-
mineu.se que projettaient les hauteurs de l'oc-
cident , à l'heure où le soleil descendait vers
1 horizon. Que ce lac évangélique est admira-
ble , à cause de la variété des elTcts de lumière
au milieu de la monotonie du paysage, privé
de bois verdoyants et de l'inconstante mobilité
des plages vivifiées par la richésse des cultures
et l'aspect des villages et des villes répandus
sur les coteaux d'alentour !
A 5 heures, nous arrivâmes à la porte de la
ville, à l'ouest , et je présenlai au gardien la
Blourdi du Mulselim de Nazareth. C'était un
renégat russe qui, sachant que j'étais Français,
s'était empressé de me donner cet ordre pour
Tibériade. Il n'y eut pas de baguechiche à don-
ner et la porte nous fut ouverte.
Le procureur du couvent latin m'avait donné
une lettre de lucommandation pour t'écrivuin
de l'aga,et le guide nous conduisit à sa maison,
à droite du Ghetto. Il nous accueillit avec em-
pressement et nous offrit l'hospitalité.
Un gtte et le couvert, que faut-il davantage?
LAFONTAJNE.
C'était un bon vieillard maronite , ayant à
sa ceinture l'écritoire, emblème de sa profes-
sion. Il se nommait Saba et avait l'air vénéra-
ble. En nous faisant les honueurs de sa maison
neuve, je la dois, nous dit-il, à la Terre-Sainte; -
aussi par reconnaissance, je suis l'hôte des pè-
lerins. Aussitôt que nous fûmes installés dans
la salle qui composait toute la maison,car elle
n'avait qu'un étage entre une petite cour et un
petit jardin , sa jeune femme se mit à préparer
un copieux repas. On envoya chercher du via
au Ghetto, et , en attendant que le pilau fut
prêt,on nous présenta des pipes Turques et du
tabac des montagnes de Tyr. Outre la femme
du vieillard qui allaitait son enfant, il y avait
dans la maison la femme de son fils ainé, âgée
de 16 ans à peine, et dont le mariage était tout ré-
cent. Pour faire honneur aux frangis, ces deux
femmes se parèrent de leurs plus beaux atours;
et quand un serviteur eut placé les mets, non
sur une table, mais sur une natte, à terre,elles
parurent toutes deux avec des aiguières de cui-
vre et du savon de Jaffa ; l'une nous versait
l'eau pour laver nos mains, l'autre nous pré-
sentait la serviette de coton pour les essuyer.
Nous nous assîmes à terre et on nous servit
un énorme pilau de riz et de mouton au safran
et aux épices. Il était risible de voir les deux
maronites, le père et le fils, essayer , pour se
conformera l'usage franc, de se servir de four-
chettes. On avait préparé différents mèts levan-
tains»elltre autres des brochettes de viande rôtie
etdes concombres remplis de hachis de mouton.
Tout était bon dans ce festin oriental, excepté
le vin que font les Juifs et qui a un goùt désa-
gréable de térébenthine. Les femmes se tenaient
debout et nous regardaient en silence.On nous
interrogea sur l'Occident ; et comme il se trou-
vait que nous étions là un Espagnol, un Italien,
deux Allemands et un Français, on ne pouvait
comprendre cette variété de nation et de lan-
gue que par la comparaison avec la Syrie, c~.
il y a des Grecs, des Syriens , des Arabef, des
Maronites, des Druses, etc. Ellfia vous êtes
tous Francs - nous disait-on. -
Il nous vint,après le repas, plusieurs visiteurs
indigènes , pour savoir des nouvelles de Saint-
Joan-d'Acre et de Nazareth ; car plusieu s faux
.n
îNfiK"
10 JUILLET IK58
ON S'ABONNE
A LYON,
1IJX BUBEAllX,
Rue dePiut. 29.
LA FRANCE
PRIX
1
HII. , ÎMr.
<) IHOÎS 6 .- 1
hy^SSSS^um'
^LITTÉRAIRE, AUTISTIQUE, SCIENTIFIQUE.
iffir 8 samedis. - Reproduction interdite à - moins d'une convention spéciale.
WYAGE EN ORIENT.
UNE SEMAINE A TABARIÉH.
1.
L'HOSPITALITÉ.
Après avoir séjourné à Nazareth, je résolus
o aller visiter Tibériade et les ruines des villes
antiques qui bordent le lac.Ayant rencontré.dans
le couvent latin que j'habitais , deux pélerins
allemands et un officier italien nommé signor
Joseph , je leur fis part de mes projets u'explo-
ration. Ils s'adjoignirent à moi pour cette ex-
cnrsion religieuse et scientifique.
Nous partîmes tous les quatre a-vant le jour,
accompagnés d'un guide de Nazareth. Après
avoir gravi la cime du mont Tliabor et traver-
sé le bazar qui se tient tous les lundis au pied
de la montagne évangélique,nous atteignîmes,
après quatre heures de marche, les bords du
Jourdain. Nous fîmes une halte sous Par-
che ruinée du pont romain, qui établissait au-
trefois les communications entre la Galilée et
la Décapole, et ensuite nous nous dirigeâmes
vers la ville moderne de Tabariéh qui remplace
Lantique cité du tétrarque Hérode Antipas.
Sur les rives du lac nous rencontràme l'aga de
Tabariéh, qui allait, à la tête de ses cavaliers,
lever l'impôt dans la vallée du Jourdain. A
mesure que nous nous rapproctiions,en suivant
tes bords du lac,de la .petite ville moderne, ses
murailles , ses tours , les minarets des mos-
quées se dessinaient plus clairement dans le
bassin limpide , au sein de l'ombre à demi-lu-
mineu.se que projettaient les hauteurs de l'oc-
cident , à l'heure où le soleil descendait vers
1 horizon. Que ce lac évangélique est admira-
ble , à cause de la variété des elTcts de lumière
au milieu de la monotonie du paysage, privé
de bois verdoyants et de l'inconstante mobilité
des plages vivifiées par la richésse des cultures
et l'aspect des villages et des villes répandus
sur les coteaux d'alentour !
A 5 heures, nous arrivâmes à la porte de la
ville, à l'ouest , et je présenlai au gardien la
Blourdi du Mulselim de Nazareth. C'était un
renégat russe qui, sachant que j'étais Français,
s'était empressé de me donner cet ordre pour
Tibériade. Il n'y eut pas de baguechiche à don-
ner et la porte nous fut ouverte.
Le procureur du couvent latin m'avait donné
une lettre de lucommandation pour t'écrivuin
de l'aga,et le guide nous conduisit à sa maison,
à droite du Ghetto. Il nous accueillit avec em-
pressement et nous offrit l'hospitalité.
Un gtte et le couvert, que faut-il davantage?
LAFONTAJNE.
C'était un bon vieillard maronite , ayant à
sa ceinture l'écritoire, emblème de sa profes-
sion. Il se nommait Saba et avait l'air vénéra-
ble. En nous faisant les honueurs de sa maison
neuve, je la dois, nous dit-il, à la Terre-Sainte; -
aussi par reconnaissance, je suis l'hôte des pè-
lerins. Aussitôt que nous fûmes installés dans
la salle qui composait toute la maison,car elle
n'avait qu'un étage entre une petite cour et un
petit jardin , sa jeune femme se mit à préparer
un copieux repas. On envoya chercher du via
au Ghetto, et , en attendant que le pilau fut
prêt,on nous présenta des pipes Turques et du
tabac des montagnes de Tyr. Outre la femme
du vieillard qui allaitait son enfant, il y avait
dans la maison la femme de son fils ainé, âgée
de 16 ans à peine, et dont le mariage était tout ré-
cent. Pour faire honneur aux frangis, ces deux
femmes se parèrent de leurs plus beaux atours;
et quand un serviteur eut placé les mets, non
sur une table, mais sur une natte, à terre,elles
parurent toutes deux avec des aiguières de cui-
vre et du savon de Jaffa ; l'une nous versait
l'eau pour laver nos mains, l'autre nous pré-
sentait la serviette de coton pour les essuyer.
Nous nous assîmes à terre et on nous servit
un énorme pilau de riz et de mouton au safran
et aux épices. Il était risible de voir les deux
maronites, le père et le fils, essayer , pour se
conformera l'usage franc, de se servir de four-
chettes. On avait préparé différents mèts levan-
tains»elltre autres des brochettes de viande rôtie
etdes concombres remplis de hachis de mouton.
Tout était bon dans ce festin oriental, excepté
le vin que font les Juifs et qui a un goùt désa-
gréable de térébenthine. Les femmes se tenaient
debout et nous regardaient en silence.On nous
interrogea sur l'Occident ; et comme il se trou-
vait que nous étions là un Espagnol, un Italien,
deux Allemands et un Français, on ne pouvait
comprendre cette variété de nation et de lan-
gue que par la comparaison avec la Syrie, c~.
il y a des Grecs, des Syriens , des Arabef, des
Maronites, des Druses, etc. Ellfia vous êtes
tous Francs - nous disait-on. -
Il nous vint,après le repas, plusieurs visiteurs
indigènes , pour savoir des nouvelles de Saint-
Joan-d'Acre et de Nazareth ; car plusieu s faux
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.29%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.29%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6341215g/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6341215g/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6341215g/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6341215g/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6341215g
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6341215g
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6341215g/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest