Titre : La France littéraire, artistique, scientifique / dir. Adrien Peladan
Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1858-06-26
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327779296
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 8430 Nombre total de vues : 8430
Description : 26 juin 1858 26 juin 1858
Description : 1858/06/26 (A2,N39). 1858/06/26 (A2,N39).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6341213n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-4584
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/12/2012
DEUXIÈME ANNÉE. Nu 59.
20 JUIN 4X58.
ON S'ABONNE
A LYON,
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LA FRANCE
PRIX
M L'ABONNIMBDT.
1 an 8 tr.
€ mois 5
Alhtérame, artistique, scientifique.
ParaitiolJs les samedis. — Reproduction interdite à moins d'une convention spéciale.
MUYEÛES BRISES ET AQllLONS.
V
LES RÉALISTES,
Ombres de Bossuet, de Pascal, de Racine,
Princes de l'idéal, dont la voix fut divine)
Le visage indigné, l'œil ardent de courroux,
Au seuil de vos tombeaux pourquoi vous dressez-vous ?
Vous avex aperçu cet essaim de barbares
Affublant à l'envi de vêtements bizarres
Cette reine des cœurs, cette mâle beauté,
La langue qui vous dut un jour sa majesté.
Les chantres, les penseurs de la Grèce et de Rome
Ne s'élevèrent pas jusqu'à votre idiome.
A peine l'Occident vous eut-il entendu,
Qu'à ces accents nbuveaux il resta suspendu,
Et la France par vous venait d'être placée
A l'immense hauteur qu'atteint votre pensée.
La gloire qu'avant tout la sagesse approuva,
C'est un puissant génie aimé de Jéhova.
Peuples, quelque puissants que vous rasse le glaiv.,
Votre grandeur n'est rien si l'art ne la relève.
L'art ! mais c'est la pensée, à ce vaste univers,
Chaque jour, arrachant ses mystères divers;
L'art, c'est le firmament inondé de lumière ;
Ce sont les champs, les flots, c'est la nature entière,
Avec ses frais tableaux, ses grands aspects, ses chants;
C'est la lyre poète avec ses sons touchants;
C'est la conception qui, d'un esprit sublimc)
I!clate dans le marbre ou l'airain qu'il anime;
C'est de nos Raphaëls l'éblouissant pinceau
Par le jeu des couleurs interprétant le beau;
L'art, c'est la vérité, le temple, la prière ;
C'est le ciel, à nos yeux abaissant sa barrière;
C'est le Verbe incréé, c'est la brise de feu
Qui dans un sein mortel met le souffle de Dieu.
Qu'a-t-on fait aujourd'hui de cette colipe pleine
Où se désaltérait a longs traits l'âme humaine?
On répand sur le sol le breuvage embaumé,
Pour produire à la place un mélange innommé
D'amertume et de miel, d'onde pure et de boue :
Art auguste, à plaisir le siècle te bafoue;
Sur tes autels sacrés éteignant tes flambeaux,-
Il court les rallumer sur d'ignobles tréteaux.
L'idéal du bandit, du bourreau, du sicaire ;
Falstaff ressuscité sous le nom de Macaire;
Les bas-fonds de l'histoire à plein-ciel évoqués ;
Les droits et les devoirs pèle-nièle attaqués ;
Lecrime, l'adultère honorés sur la scène ;
Des drames où le laid le dispute à l'obscène ;
L'amour du monstrueux, la fièvre d'innover;
L impuissance surtout au beau de s'élever;
De la prose et eus vers, des romans, des poèmes,
Justement appc es enfantements bohèmes;
Les insignes rivaux dévoués à l'égout;
La dépravation du l'idée et du goût;
Les croyances enfin, de l'orgueil ennemies,
Par les profanateurs mises aux gémonies;
Voilîi ce que rencontre, effrayé, le regard,
Dans les hideux travaux des pirates de l'art.
Et qu'espèreriez-vous qu'il restât au génie
D'élan supérieur, de grâce, d'harmonie ?
N'a-t-il pas déserté les célestes parvis
Où l'auraient inspiré les séraphins ravis ?
N'a-t-il pas apporté la lyre des prophètes
Dans les temples impurs où Moloch tient ses fêtes !
N'a-t-il pas reconou pour dogmes de sa foi
L'esclavage des sens et la culte du moi ?
N'a-t-il pas, s'arrangeant d'une morale obtuse,
A qui peut l'acheter prostitué la muse ?
N'a-t-il pas, supputant les instincts du publie,
De l'immoralité fait an honteux trafic ?
N'a-t-il pas, devant tous, cuirassé d'arrogance,
Exploité le mensonge , affiché l'ignorance ?
N'a-t-il pas, boutiquier avide de chalands,
Comme une marchandise escompté le talent,
Et de tous les transports qu'ait ciel l'ange vénère
Fait un objet hideux de lucre sur la terre ?
-S'échappant du trésor, Seigneur, de tes bontés,
Quel souffle passera sur ces impuretés ?
Mais je ne dirai pas le miasme fétide
Qui, pour l'homme de bien, sort de ce Méotide,
Et qui semblant tarir la sève des esprits,
Par des œuvres sans fin, par une mer d'écrits,
A du milieu de nous banni les mœurs aflstères,
Aplati peu à peu les fermes caractères,
Et ne laisse debout, pour croyance et pour Dieu,
Que deux amours sans frein, l'or et le pot au feu
0 temps de nos aïeux où narrateurs, artistes,
N'étaient ni des vendeurs ni d'ignares sophistes,
Temps où l'on respectait les esprits ingénus,
Temps à jamais bénis, qu'êtes-vous devenus ?
France, l'Europe alors, de ta splendeur surprise,
Admirait ton éclat, dont elle était éprise,
Ecoutait des accents dont la solennité
Paraissait retentir dans l'immortalité.
0 France,graude encor par la force des armes,
Tes inspirés n'ont plus le secret de ces charmes
Qui dilataient le cœur, comme un vin généreux;
L'infiuence d'en-haut ne descend plus sur eux !
Parole, maintenant veuve de ta magie,
D'où me viendront les mots pour dire l'élégie
Que demandent de moi tes rayons éclipsés,
Et ces ternes réseaux autour d'eux amassés 1
J'étais fait pour chanter sur la lyre d'ivoire
Les amabilités du Dieu qu'il nous faut croire,
Dans le recueillement, pour dire les douceurt
Que les affections font germer dans les cœur>;
Mais voilà que le mal qui ronge un siècle infâme,
A son calme natif vient arracher mon âme,
20 JUIN 4X58.
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LA FRANCE
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1 an 8 tr.
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Alhtérame, artistique, scientifique.
ParaitiolJs les samedis. — Reproduction interdite à moins d'une convention spéciale.
MUYEÛES BRISES ET AQllLONS.
V
LES RÉALISTES,
Ombres de Bossuet, de Pascal, de Racine,
Princes de l'idéal, dont la voix fut divine)
Le visage indigné, l'œil ardent de courroux,
Au seuil de vos tombeaux pourquoi vous dressez-vous ?
Vous avex aperçu cet essaim de barbares
Affublant à l'envi de vêtements bizarres
Cette reine des cœurs, cette mâle beauté,
La langue qui vous dut un jour sa majesté.
Les chantres, les penseurs de la Grèce et de Rome
Ne s'élevèrent pas jusqu'à votre idiome.
A peine l'Occident vous eut-il entendu,
Qu'à ces accents nbuveaux il resta suspendu,
Et la France par vous venait d'être placée
A l'immense hauteur qu'atteint votre pensée.
La gloire qu'avant tout la sagesse approuva,
C'est un puissant génie aimé de Jéhova.
Peuples, quelque puissants que vous rasse le glaiv.,
Votre grandeur n'est rien si l'art ne la relève.
L'art ! mais c'est la pensée, à ce vaste univers,
Chaque jour, arrachant ses mystères divers;
L'art, c'est le firmament inondé de lumière ;
Ce sont les champs, les flots, c'est la nature entière,
Avec ses frais tableaux, ses grands aspects, ses chants;
C'est la lyre poète avec ses sons touchants;
C'est la conception qui, d'un esprit sublimc)
I!clate dans le marbre ou l'airain qu'il anime;
C'est de nos Raphaëls l'éblouissant pinceau
Par le jeu des couleurs interprétant le beau;
L'art, c'est la vérité, le temple, la prière ;
C'est le ciel, à nos yeux abaissant sa barrière;
C'est le Verbe incréé, c'est la brise de feu
Qui dans un sein mortel met le souffle de Dieu.
Qu'a-t-on fait aujourd'hui de cette colipe pleine
Où se désaltérait a longs traits l'âme humaine?
On répand sur le sol le breuvage embaumé,
Pour produire à la place un mélange innommé
D'amertume et de miel, d'onde pure et de boue :
Art auguste, à plaisir le siècle te bafoue;
Sur tes autels sacrés éteignant tes flambeaux,-
Il court les rallumer sur d'ignobles tréteaux.
L'idéal du bandit, du bourreau, du sicaire ;
Falstaff ressuscité sous le nom de Macaire;
Les bas-fonds de l'histoire à plein-ciel évoqués ;
Les droits et les devoirs pèle-nièle attaqués ;
Lecrime, l'adultère honorés sur la scène ;
Des drames où le laid le dispute à l'obscène ;
L'amour du monstrueux, la fièvre d'innover;
L impuissance surtout au beau de s'élever;
De la prose et eus vers, des romans, des poèmes,
Justement appc es enfantements bohèmes;
Les insignes rivaux dévoués à l'égout;
La dépravation du l'idée et du goût;
Les croyances enfin, de l'orgueil ennemies,
Par les profanateurs mises aux gémonies;
Voilîi ce que rencontre, effrayé, le regard,
Dans les hideux travaux des pirates de l'art.
Et qu'espèreriez-vous qu'il restât au génie
D'élan supérieur, de grâce, d'harmonie ?
N'a-t-il pas déserté les célestes parvis
Où l'auraient inspiré les séraphins ravis ?
N'a-t-il pas apporté la lyre des prophètes
Dans les temples impurs où Moloch tient ses fêtes !
N'a-t-il pas reconou pour dogmes de sa foi
L'esclavage des sens et la culte du moi ?
N'a-t-il pas, s'arrangeant d'une morale obtuse,
A qui peut l'acheter prostitué la muse ?
N'a-t-il pas, supputant les instincts du publie,
De l'immoralité fait an honteux trafic ?
N'a-t-il pas, devant tous, cuirassé d'arrogance,
Exploité le mensonge , affiché l'ignorance ?
N'a-t-il pas, boutiquier avide de chalands,
Comme une marchandise escompté le talent,
Et de tous les transports qu'ait ciel l'ange vénère
Fait un objet hideux de lucre sur la terre ?
-S'échappant du trésor, Seigneur, de tes bontés,
Quel souffle passera sur ces impuretés ?
Mais je ne dirai pas le miasme fétide
Qui, pour l'homme de bien, sort de ce Méotide,
Et qui semblant tarir la sève des esprits,
Par des œuvres sans fin, par une mer d'écrits,
A du milieu de nous banni les mœurs aflstères,
Aplati peu à peu les fermes caractères,
Et ne laisse debout, pour croyance et pour Dieu,
Que deux amours sans frein, l'or et le pot au feu
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N'étaient ni des vendeurs ni d'ignares sophistes,
Temps où l'on respectait les esprits ingénus,
Temps à jamais bénis, qu'êtes-vous devenus ?
France, l'Europe alors, de ta splendeur surprise,
Admirait ton éclat, dont elle était éprise,
Ecoutait des accents dont la solennité
Paraissait retentir dans l'immortalité.
0 France,graude encor par la force des armes,
Tes inspirés n'ont plus le secret de ces charmes
Qui dilataient le cœur, comme un vin généreux;
L'infiuence d'en-haut ne descend plus sur eux !
Parole, maintenant veuve de ta magie,
D'où me viendront les mots pour dire l'élégie
Que demandent de moi tes rayons éclipsés,
Et ces ternes réseaux autour d'eux amassés 1
J'étais fait pour chanter sur la lyre d'ivoire
Les amabilités du Dieu qu'il nous faut croire,
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