Titre : La France littéraire, artistique, scientifique / dir. Adrien Peladan
Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1858-01-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327779296
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 8430 Nombre total de vues : 8430
Description : 30 janvier 1858 30 janvier 1858
Description : 1858/01/30 (A2,N18). 1858/01/30 (A2,N18).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6341192x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-4584
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/12/2012
DEUXIÈME ANNÉE. N8 18. 30JANVIERS
ON S'ABONNE
A LYON,
AUX BUREAUX,
Rue dePozy,29,
la chez tans les directeurs
de postes.
LAFRANCE
PRIX
ttB L'ABOIOIEMIINT.
| an 9 fr
6 mois.. a
Avec primes..
LITTÉRAIRE, AHTISTIQUE, SCIENTIFIQUE.
Paraît Ions les samedis. — Reproduclion tealite à moins d'une convention spéciale.
- CONCOURS.
Le nombre des ouvrages que nous avons
reçus étant considérable , le jugement du
comité a dû être plus long, malgré l'activité
qu'il met dam ses examens. Nous ne donnons
donc pas aujourd'hui , comme nous l'espé-
rions, les noms des lauréats. Pour la Nou-
velle morale, nous les publierons au numéro
prochain, et pour l'Ode et le Sonnet, au
numéro suivant. A. P.
LE TABAC
CHEZ LES ANGLAIS ET AILLEURS.
EnFraace, le tabac compte encore quelques
adversaires attardés ; mais ou peut dire qu'ils
sont vaincus et acceptent leur défaite ; ils se
bornent à protester en silence; le tabac triom-
phe sur toute la ligne et quelque vaporeuse
que puisse paraitre la nature de ce progrès, la
régie juge que c'est bien le plus admirable et le
plus réel de tous les progrès. En Angleterre,
la bataille dure encore, et quoique les rangs
des anti fumeurs s'éclaircissent tous les jours
par de contagieuses désertions, la lutte n'a pas
cessé d'être vive. Les gentlemen qui ont fait
leur tour d'Europe reviennent imprégnés d'un
parfum dont l'origine est aisée à reconnaitre:
mais ils ne se permettent pas de fumer dans
Burlington-Arcade, et la pipe [fût-elle en écume
de mer) ne s'étale pas sur les balcons du rra.
vellers-Clubs ou les Verandalis de Brighton.
La question du tabac est dans les mœurs an-
glaises une question disputée, une question
brùlaule ; on ferait des centaines de volumes
ou plutôt on allumerait des milliers de pipes
ou de cigarres avec les articles de journaux,
les avertissements et les brochures, qui, à
Londres, persistent à anathématiser le tabac
comme une herbe infecte et vénéneuse , un
supplice pour les sens et un danger pour la
vie. Quoi qu'il en soit, disons un mot de son
histoire en Angleterre : son introduction n'est
pas précisément due à sir Walter Raleigh, si
célèbre par ses aventures et sa fin déplorable ;
mais elle se rattache à son expédition en Amé-
rique. Le savant Hariot (inventeur d'un nou-
veau système de signes algébriques), était un
des colons envoyés par Raleigh en Virginie, en
1584 ; il y remarqua la culture d'une certaine
plante dont les indigènes faisaient usage con-
tre les crudités d'estomac, adopta leurs idées,
vraies ou fausses, sur les vertus de cette plante,
s'habitua à l'employer comme eux et est,
sans doute, le premier européen qui ait jamais
fumé. C'est là le fait réel; mais il y a des usur-
pations qui réussissent : l'aventurier a fait ou-
blier le savant, et l'honneur (si honneur il y a)
d'avoir naturalisé aux bords de la Tamise un
narcotique jusque-là inconnu, est attribué à
Raleigh. On raconte que, retiré un jour dans
son cabinet pour savourer à loisir les exhalai-
sons dont il avait découvert le charme et le
mérite, il était plongé dans de profondes rê-
veries et entouré d'épais nuages de fumée ,
lorsque désirant humecter ce passe-temps un
peu sec et oubliant que c'était encore un se-
cret, il ordonna à un domestique de lui ap-
porter un pot de bière. Ce serviteur crut entrer
dans le vestibule de l'enfer, et au lieu de servir
à son maitre le breuvage demandé, il se hâta
de le lui jeter à la tête pour éteindre l'in-
cendie et prit la fuite en criant dans la
maison quedes torrents de fumée s'échappaient
des narines et de la bouche de sir Walter,
consumé d'un feu intérieur, métamorphosé en
volcan et possédé par Satanas lui-même.
Le roi Jacques 1er, ce triste monarque pé-
dant, que ses flatteurs nommaient le Salomon
anglais et qui prenait au sérieux ce litre déri-
soire, s'est armé de la plume contre le tabac,
le déclare odieux à la vue,insupportable à l'o-
dorat, nuisible au cerveau, funeste aux pou-
mons et compare les bouffées de tabac aux
vapeurs méphitiques des gouffres du Styx. Ce
que son livre (le Mysocupnus) a de plus curieux
aujourd'hui, c'est qu'il constate que de son
temps le plaisir de fumer était une jouissance
ruineuse. Le tabac se vendait pour l'équiva.
lent de son poids en argent, et le royal pam -
phlélaire affirme que des gentilshommes con-
sacraient chaque année une dépense de trois à
quatre cent livres sterling (7,000 et 10,000 fr.),
à payer cette drogue fétide.
Le tabac pulvérisé avait attiré sur lui les fou-
dres du Vatican, et en I624,ïe pape Urbain Vllf
menaça d'excommunication les chrétiens qui
faisaient usage de leur tabalière dans l'église ;
mais les priseurs l'emportèrent sur le pontife
orthodoxe, comme les fumeurs sur le prince
hérétique. Dix, ans plus tard, un ukase mosco-
vite condamnait à l'amputation du nez les su-
jets du czar atteints et convaincus d'avoir fumé ;
cependant les Russes fumèrent et gardèrent
ON S'ABONNE
A LYON,
AUX BUREAUX,
Rue dePozy,29,
la chez tans les directeurs
de postes.
LAFRANCE
PRIX
ttB L'ABOIOIEMIINT.
| an 9 fr
6 mois.. a
Avec primes..
LITTÉRAIRE, AHTISTIQUE, SCIENTIFIQUE.
Paraît Ions les samedis. — Reproduclion tealite à moins d'une convention spéciale.
- CONCOURS.
Le nombre des ouvrages que nous avons
reçus étant considérable , le jugement du
comité a dû être plus long, malgré l'activité
qu'il met dam ses examens. Nous ne donnons
donc pas aujourd'hui , comme nous l'espé-
rions, les noms des lauréats. Pour la Nou-
velle morale, nous les publierons au numéro
prochain, et pour l'Ode et le Sonnet, au
numéro suivant. A. P.
LE TABAC
CHEZ LES ANGLAIS ET AILLEURS.
EnFraace, le tabac compte encore quelques
adversaires attardés ; mais ou peut dire qu'ils
sont vaincus et acceptent leur défaite ; ils se
bornent à protester en silence; le tabac triom-
phe sur toute la ligne et quelque vaporeuse
que puisse paraitre la nature de ce progrès, la
régie juge que c'est bien le plus admirable et le
plus réel de tous les progrès. En Angleterre,
la bataille dure encore, et quoique les rangs
des anti fumeurs s'éclaircissent tous les jours
par de contagieuses désertions, la lutte n'a pas
cessé d'être vive. Les gentlemen qui ont fait
leur tour d'Europe reviennent imprégnés d'un
parfum dont l'origine est aisée à reconnaitre:
mais ils ne se permettent pas de fumer dans
Burlington-Arcade, et la pipe [fût-elle en écume
de mer) ne s'étale pas sur les balcons du rra.
vellers-Clubs ou les Verandalis de Brighton.
La question du tabac est dans les mœurs an-
glaises une question disputée, une question
brùlaule ; on ferait des centaines de volumes
ou plutôt on allumerait des milliers de pipes
ou de cigarres avec les articles de journaux,
les avertissements et les brochures, qui, à
Londres, persistent à anathématiser le tabac
comme une herbe infecte et vénéneuse , un
supplice pour les sens et un danger pour la
vie. Quoi qu'il en soit, disons un mot de son
histoire en Angleterre : son introduction n'est
pas précisément due à sir Walter Raleigh, si
célèbre par ses aventures et sa fin déplorable ;
mais elle se rattache à son expédition en Amé-
rique. Le savant Hariot (inventeur d'un nou-
veau système de signes algébriques), était un
des colons envoyés par Raleigh en Virginie, en
1584 ; il y remarqua la culture d'une certaine
plante dont les indigènes faisaient usage con-
tre les crudités d'estomac, adopta leurs idées,
vraies ou fausses, sur les vertus de cette plante,
s'habitua à l'employer comme eux et est,
sans doute, le premier européen qui ait jamais
fumé. C'est là le fait réel; mais il y a des usur-
pations qui réussissent : l'aventurier a fait ou-
blier le savant, et l'honneur (si honneur il y a)
d'avoir naturalisé aux bords de la Tamise un
narcotique jusque-là inconnu, est attribué à
Raleigh. On raconte que, retiré un jour dans
son cabinet pour savourer à loisir les exhalai-
sons dont il avait découvert le charme et le
mérite, il était plongé dans de profondes rê-
veries et entouré d'épais nuages de fumée ,
lorsque désirant humecter ce passe-temps un
peu sec et oubliant que c'était encore un se-
cret, il ordonna à un domestique de lui ap-
porter un pot de bière. Ce serviteur crut entrer
dans le vestibule de l'enfer, et au lieu de servir
à son maitre le breuvage demandé, il se hâta
de le lui jeter à la tête pour éteindre l'in-
cendie et prit la fuite en criant dans la
maison quedes torrents de fumée s'échappaient
des narines et de la bouche de sir Walter,
consumé d'un feu intérieur, métamorphosé en
volcan et possédé par Satanas lui-même.
Le roi Jacques 1er, ce triste monarque pé-
dant, que ses flatteurs nommaient le Salomon
anglais et qui prenait au sérieux ce litre déri-
soire, s'est armé de la plume contre le tabac,
le déclare odieux à la vue,insupportable à l'o-
dorat, nuisible au cerveau, funeste aux pou-
mons et compare les bouffées de tabac aux
vapeurs méphitiques des gouffres du Styx. Ce
que son livre (le Mysocupnus) a de plus curieux
aujourd'hui, c'est qu'il constate que de son
temps le plaisir de fumer était une jouissance
ruineuse. Le tabac se vendait pour l'équiva.
lent de son poids en argent, et le royal pam -
phlélaire affirme que des gentilshommes con-
sacraient chaque année une dépense de trois à
quatre cent livres sterling (7,000 et 10,000 fr.),
à payer cette drogue fétide.
Le tabac pulvérisé avait attiré sur lui les fou-
dres du Vatican, et en I624,ïe pape Urbain Vllf
menaça d'excommunication les chrétiens qui
faisaient usage de leur tabalière dans l'église ;
mais les priseurs l'emportèrent sur le pontife
orthodoxe, comme les fumeurs sur le prince
hérétique. Dix, ans plus tard, un ukase mosco-
vite condamnait à l'amputation du nez les su-
jets du czar atteints et convaincus d'avoir fumé ;
cependant les Russes fumèrent et gardèrent
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