Presse et revues
16 pages
Titre : La France littéraire, artistique, scientifique / dir. Adrien Peladan
Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1858-12-18
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327779296
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 8430 Nombre total de vues : 8430
Description : 18 décembre 1858 18 décembre 1858
Description : 1858/12/18 (A3,N12). 1858/12/18 (A3,N12).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6340054k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-4584
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/12/2012
TROISIÈME ANNÉfc. - N1, 48DÉCEMBRE 1$58.
ON S'ABONNE
A. LYON,
AUX BUREAtJX ,
nue st-inseph.29,
El riiez tous les directeurs
de postes.
LA FRANCE
ABONNEMENT :
UN AN. 9 fr.
6 MOis.i 5 fr. -
(Extérieur, lopurt
en sus). 1
LITTÉRAIRE, ARTISTIQUE, SCIENTIFIQUE.
Paratt tous les samedis. — Reproduction interdite à moins d'une convention spéciale.
SOMMAIRE.
ÀVEC MON AMI PtUX. III. (Blanchot de Brenas).— TROI-
SIÈME CONCOURS. Prose. XI. Légèndes. III. Le val-
lon de Roclmtaillée et la GYotte des fées (Truchet) ;
Les roches de la vierge (L. Alotte) ; Lé blanc fantô-
me (J. Ginod). — MÊME CONCOURS. Poésie. IX. Fa-
bles.IV. La feuille et la racine (T. Quinaud) ; La ri-
chesse et la vertu (Pierre Duzéa) ; Pas de prümesse
téméraire (Anselme) ; Réflexions (Adrien Peladan). —
Une rencontre sur la placé Impériale (Gh. Vermeil).
— .BIBLIOGRAPHIE. Ernest, ou la profession de foi
d'un autre vicaire savoyard, de Jules PauteÍ ; La
Presse et ses enfants , de J.-M. D. ; Lé port après
la tempête , de C. La Rivière ; Le repas de Satan ,
d'Abel Jeannet (Adrien Peladan). — Voyage dans la
vieille France. XIV. Béziers, Montpellier (Tbalès
Bernard). — Pensées diverses.
ÀVfiC MON AMI FÉLlX.
m.
Chère Madame ,
Il n'est pas donné à tout le monde d'aller
dans les Corbières , et on ne s'y rend pas aussi
commodément qu'à Versailles , auprès de la
comtesse, votre aimable et oublieuse amie.
* Malgré la persévérance, qui est la vertu do
minante de Félix , et l'engouement, qui est le
défaut-capital de votre serviteur, nous faillî-
mes dès les premiers pas renoncer à notre
beau projet.
* Grâce aux notes de son portefeuille * Félix
savait par cœur toutes les stations de l'itiné-
raire.
— Monsieur » dit-il à notre maître-d;hôtel;
faites-nous conduire au bureau de la voiture
de La Grasse.
- Ces Messieurs voudraient aller à La Gras-
se , fit le gargotier avec un geste de. terreur.
— Et pourquoi pas , s'il vous plait ?
— Ces messieurs se trompent ; ils ne savent
pas que La Grasse est le dernier pays du mon-
de. Un trou, Messieurs , un vrai trou ! et
quel chemin de l'enfer ; mieux que ceja ; dos
Corbiènes ; entendez-vous , des Corbières! et
pour des-parisiens, un tel voyage me semble,
pardonnez-moi de le dire, me semble drôle.-
Il m'est insupportable de m'enlendre appe
1er parisien, el il est tout-à fait contraire aux
habitudes de mon ami de ne pas obtenir de ré..
poase quand il h. demande.
Donc notre-gros maître d'hôtel eut une si
bonne rebuffade, qu'il fut tout interloqué et
nous accablanl.d'excuses , il nous mit entre les
mains d'un jeune décrotteur investi de sa cori"
fiance.
Le décrotteur joue un fort grand rôle dans
nps provinces méridionales. C'est un domes-
tique d'occasion , habile , alerte , sans scru-
pule, sachant tout faire, capable de tout faire.
Depuis le billet furtif jusqu'à la lourde valise ,
riçn ne l'étonné ; il peut tout porter , et avec lui
tout va directement à son adresse. C'est un
peu le gamin , un peu le lazarone ; c'est le fac-
totum de la ville, un Figaro au petit pied.
Notre décrotteur se montra digne de sa
haute mission, et avec un désintéressement
remarquable, il nous conduisit en droite ligne
à l'hôtel du Commerce, ancien hôtel des Trois-
Pigeous, où stationne le. véhicule du courrier
de La Grasse.
— Ohé, l'Hippolyte ! cria le décrotteur.
Unpoussah à la face rouge , à la trogne par-
semée de rubis bachiques , sortit de l'ombre
de la grande remise et se posta lourdement
devant nous, casquette en tête et les poings,
dans les poches.
Il jeta sur nous un regard de commisératroiî
et nous dit:
- Vous-voulez aller à La Grasse ?
— Oui , Monsieur , fépondis-je très poli- *
ment.
— Impossible.
— Et pourquoi ?
— Pas dé place aujourd'hui.,
- Nlais demain ?
— Demain non plus. ,
— Diable ! à ce compte, il nous faudra at-
tendre jusqu'à après-demain.
— Ho ! après-demain, c'est bien inutile d'y
penser, toute la voiture est retenue.—
Et le gracieux courrier envoya à trois pas
de distance un jet de salive et nous tourna M
dos.
J'étais furieux.
— Les conducteurs de dHigence de troisième
ordre, me dit gravement Félix, sont tous tail-
lés sur le même modèle* Vous avez tort de vous
fâcher. Offrez lui un verre de bière et vous
verrez l'ours devenir caniche. — 1
Je n'étais pas en état d'apprécier un bon con-
seil. Cependant il fut convenu que Félix ou-
vrirait les négociations, et, discrets domine
des diplopiaies , nous entrâmes dans la remi-
se, où notre homme graissait des harnais.
v
ON S'ABONNE
A. LYON,
AUX BUREAtJX ,
nue st-inseph.29,
El riiez tous les directeurs
de postes.
LA FRANCE
ABONNEMENT :
UN AN. 9 fr.
6 MOis.i 5 fr. -
(Extérieur, lopurt
en sus). 1
LITTÉRAIRE, ARTISTIQUE, SCIENTIFIQUE.
Paratt tous les samedis. — Reproduction interdite à moins d'une convention spéciale.
SOMMAIRE.
ÀVEC MON AMI PtUX. III. (Blanchot de Brenas).— TROI-
SIÈME CONCOURS. Prose. XI. Légèndes. III. Le val-
lon de Roclmtaillée et la GYotte des fées (Truchet) ;
Les roches de la vierge (L. Alotte) ; Lé blanc fantô-
me (J. Ginod). — MÊME CONCOURS. Poésie. IX. Fa-
bles.IV. La feuille et la racine (T. Quinaud) ; La ri-
chesse et la vertu (Pierre Duzéa) ; Pas de prümesse
téméraire (Anselme) ; Réflexions (Adrien Peladan). —
Une rencontre sur la placé Impériale (Gh. Vermeil).
— .BIBLIOGRAPHIE. Ernest, ou la profession de foi
d'un autre vicaire savoyard, de Jules PauteÍ ; La
Presse et ses enfants , de J.-M. D. ; Lé port après
la tempête , de C. La Rivière ; Le repas de Satan ,
d'Abel Jeannet (Adrien Peladan). — Voyage dans la
vieille France. XIV. Béziers, Montpellier (Tbalès
Bernard). — Pensées diverses.
ÀVfiC MON AMI FÉLlX.
m.
Chère Madame ,
Il n'est pas donné à tout le monde d'aller
dans les Corbières , et on ne s'y rend pas aussi
commodément qu'à Versailles , auprès de la
comtesse, votre aimable et oublieuse amie.
* Malgré la persévérance, qui est la vertu do
minante de Félix , et l'engouement, qui est le
défaut-capital de votre serviteur, nous faillî-
mes dès les premiers pas renoncer à notre
beau projet.
* Grâce aux notes de son portefeuille * Félix
savait par cœur toutes les stations de l'itiné-
raire.
— Monsieur » dit-il à notre maître-d;hôtel;
faites-nous conduire au bureau de la voiture
de La Grasse.
- Ces Messieurs voudraient aller à La Gras-
se , fit le gargotier avec un geste de. terreur.
— Et pourquoi pas , s'il vous plait ?
— Ces messieurs se trompent ; ils ne savent
pas que La Grasse est le dernier pays du mon-
de. Un trou, Messieurs , un vrai trou ! et
quel chemin de l'enfer ; mieux que ceja ; dos
Corbiènes ; entendez-vous , des Corbières! et
pour des-parisiens, un tel voyage me semble,
pardonnez-moi de le dire, me semble drôle.-
Il m'est insupportable de m'enlendre appe
1er parisien, el il est tout-à fait contraire aux
habitudes de mon ami de ne pas obtenir de ré..
poase quand il h. demande.
Donc notre-gros maître d'hôtel eut une si
bonne rebuffade, qu'il fut tout interloqué et
nous accablanl.d'excuses , il nous mit entre les
mains d'un jeune décrotteur investi de sa cori"
fiance.
Le décrotteur joue un fort grand rôle dans
nps provinces méridionales. C'est un domes-
tique d'occasion , habile , alerte , sans scru-
pule, sachant tout faire, capable de tout faire.
Depuis le billet furtif jusqu'à la lourde valise ,
riçn ne l'étonné ; il peut tout porter , et avec lui
tout va directement à son adresse. C'est un
peu le gamin , un peu le lazarone ; c'est le fac-
totum de la ville, un Figaro au petit pied.
Notre décrotteur se montra digne de sa
haute mission, et avec un désintéressement
remarquable, il nous conduisit en droite ligne
à l'hôtel du Commerce, ancien hôtel des Trois-
Pigeous, où stationne le. véhicule du courrier
de La Grasse.
— Ohé, l'Hippolyte ! cria le décrotteur.
Unpoussah à la face rouge , à la trogne par-
semée de rubis bachiques , sortit de l'ombre
de la grande remise et se posta lourdement
devant nous, casquette en tête et les poings,
dans les poches.
Il jeta sur nous un regard de commisératroiî
et nous dit:
- Vous-voulez aller à La Grasse ?
— Oui , Monsieur , fépondis-je très poli- *
ment.
— Impossible.
— Et pourquoi ?
— Pas dé place aujourd'hui.,
- Nlais demain ?
— Demain non plus. ,
— Diable ! à ce compte, il nous faudra at-
tendre jusqu'à après-demain.
— Ho ! après-demain, c'est bien inutile d'y
penser, toute la voiture est retenue.—
Et le gracieux courrier envoya à trois pas
de distance un jet de salive et nous tourna M
dos.
J'étais furieux.
— Les conducteurs de dHigence de troisième
ordre, me dit gravement Félix, sont tous tail-
lés sur le même modèle* Vous avez tort de vous
fâcher. Offrez lui un verre de bière et vous
verrez l'ours devenir caniche. — 1
Je n'étais pas en état d'apprécier un bon con-
seil. Cependant il fut convenu que Félix ou-
vrirait les négociations, et, discrets domine
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