Titre : La France littéraire, artistique, scientifique / dir. Adrien Peladan
Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1858-10-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327779296
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 8430 Nombre total de vues : 8430
Description : 23 octobre 1858 23 octobre 1858
Description : 1858/10/23 (A3,N4). 1858/10/23 (A3,N4).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63400461
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-4584
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/12/2012
TROISIÈME ANNÉE. Nu 4 25 OCTOBRE 1SKK
ON S'ABONNE
ALYON,
AUX BUREAUX »
Hue St-Joseph, 29,
l/l ehez tous les directeurs
de postes.
LA FRANCE
LITTÉRAIRE, ARTISTIQUE) SCIENTiFIQUE.
ABONNEMENT :
UN AN. 9 rr.
6 MOIS.. 3 fr.
(Extérieur, lo port
en sus).
Parait tous les samedis. — Reproduction interdite à moins d'une convention spéciale.
EXCURSION EN SUISSE. ,
- 'te Currente calamo. »
On vient en Suisse pour admirer des mœurs
simples et des sentiers escarpés, et à force d'y
venir on a détruit les mœurs et les sentiers.
M y a des corruptions bernoises qui ne - cédent
en rien -aux corruptions parisiennes , et on
monte en voiture aux plateaux du St-Gothard
et à l'hospice du St-Bernardt -
Quel que soit le mérite des Genevois (ét cer-
tes ils en ont), si on le compare à leur orgueil,il
est ce que serait un goujon comparé à la masse
des eaux du Léman.
A Bâle, le coup d'œil sur le Rhin est des plus
pittoresques ; mais il n'y a de poésie qu'à la
surface du tableau; Bâle montre de nobles dé-
bris de fortiflcatiéns gothiques; mais Bâle a pris
des goûts et des habitudes mercantiles: Bâle a
de grands souvenirs catholiques; mais le pro-
testantisme y a chassé de ses temples le Dieu
vivant. Bâle est une lourelle changée en comp-
toir et un sanctuaire transformé en auberge.
Les eofctumes nationaux et les vertus prlmi"
tives des cantons suisses disparaissent gra-
duellement et simultanément ; mais ou signale
une notable différence entre les premiers et les
seconds : les anciens costumes reparaissent
encore les dimanches et les jours de- fêtes so-
lennelles , et c'est surtout dans les grandes
occasions que les anciennes vertus font défaut.
Au milieu des spectacles grandioses de l'O-
berland, lorsqu'on quitte une cime pour gravir
une autre cime, et qu'au sortir d'un précipice
on se suspend aux flancs d'un autre précipice,
les impressions sont trop vives et trop multi-
pliées,trop lortes et trop imprévucs;pour qu'on
puisse clairemenfen rendre compte au moment
même où on les éprouve : il en est des pays
de montagnes comme des batailles , des tem-
pêtes, des passions, et pour les bien décrire il
faut en être revenu.
Les montagnes comme les flots parlent élo-
quemment de Dieu : ce sont deux des grandes
voix du Créateur: aussi la population des Alpes
comme celle des bords de l'Océan montre en
général une foi vive et sincère : cette remar-
que ne s'applique cependant pas aux habitants
des cantons de Genève et Lausanne; où il y a
beaucoup de pm itanisme»mais peu ou point de
religion. -
L'histoire nationale et patriotique delà Suisse
finit,à vrai dire,à la page du 40 août; les feuil-
lets qui suivent ne contiennent guères que
d'assez mauvaises contrefaçons de l'étranger ;
mais cette page héroïque et sanglante termine
noblement des annales qui débutent par les
glorieuses luttes de Morgarten , Sampach et
Moral. Des Français saluent avec une respec-
tueuse douleur et une admiration pleine de re-
grets et d'angoisses le monument élevé à Lu-
cerné à la mémoire des Suisses massacrés dans
les cours du Carrousel et sur les marches des
Tuileries : ce monument,dû au ciseau de Thor-
wàldsen, est taillé dans le roc même et repré-
sente. on le sait, un lion mortellement blessé
qui vient expirer en protégeant encore l'écus-
son fleurdelisé confié à sa garde. L'idée et l'e-
xécution sont simples et sublimes et digues des
soldats qui,ilans cette fatale journée ont été à
la fois plus-grands que le peuple qu'ils repous- -
salent et que le roi qu'ils défendaient.
On ne rencontre dans le canton de Fribourg
rien de comparable aux glaciers de l'Oberland,
nt-au panorarrta du Righi, ni aux romantiques
encadrements du lac des Waldslatten , ni au
cristal azuré du Léman : ce n'est donc pas le
canton de là Suisse le plus curieux a visiter,
mais c'est peut-être le meilleur à habiter : la
vie sociale y est bien comprise , bien prati-
qnoo, et quant on veut y faire un bon dîner avec
d'honnêtes gens,il n'est pas nécessaire d'y ame-
ner le cuisinier et les convives.
La chute du Rhin à Schaffausen est un digne
prélude aux scènes qui - gé déploient sur ses-
rives, depuis la Suisse jusqu'à Cologne. Les
Allemands sont à bon droit tiers de ce fleuve,
et le fleuve peut aussi être fier de l'Allemagne
qui sait l'apprécier; il vivifie et décore le pays,
etia population reconnaissante lui a voué une
espèce de culte. Suivre son oourp, c'est déroiir
1er les fastes de l'histoire nationale: le.Rhin
écoute 4e clairon des camps, et la cloche des
monastères; il roule majestueux et reflète dans
ses eaux de vieilles tours et des vignes fécon-
des , de vastes cités et de joyeux villages ; à
écume au pied de roches altières et baigne de
riantes prairies : c'est un poème sublime entre-
mêlé de gracieux épisodes; des chants épiques
s'y joignent-à de fraîches idylles , et desniui -
mures d'amour à des hymnes d'une piété ai^,
tère. Le Rhin est une magnifique personnifica-
tion de la race germanique elle-même dans la
grandeur de son ensemble imposai eijie ses
ON S'ABONNE
ALYON,
AUX BUREAUX »
Hue St-Joseph, 29,
l/l ehez tous les directeurs
de postes.
LA FRANCE
LITTÉRAIRE, ARTISTIQUE) SCIENTiFIQUE.
ABONNEMENT :
UN AN. 9 rr.
6 MOIS.. 3 fr.
(Extérieur, lo port
en sus).
Parait tous les samedis. — Reproduction interdite à moins d'une convention spéciale.
EXCURSION EN SUISSE. ,
- 'te Currente calamo. »
On vient en Suisse pour admirer des mœurs
simples et des sentiers escarpés, et à force d'y
venir on a détruit les mœurs et les sentiers.
M y a des corruptions bernoises qui ne - cédent
en rien -aux corruptions parisiennes , et on
monte en voiture aux plateaux du St-Gothard
et à l'hospice du St-Bernardt -
Quel que soit le mérite des Genevois (ét cer-
tes ils en ont), si on le compare à leur orgueil,il
est ce que serait un goujon comparé à la masse
des eaux du Léman.
A Bâle, le coup d'œil sur le Rhin est des plus
pittoresques ; mais il n'y a de poésie qu'à la
surface du tableau; Bâle montre de nobles dé-
bris de fortiflcatiéns gothiques; mais Bâle a pris
des goûts et des habitudes mercantiles: Bâle a
de grands souvenirs catholiques; mais le pro-
testantisme y a chassé de ses temples le Dieu
vivant. Bâle est une lourelle changée en comp-
toir et un sanctuaire transformé en auberge.
Les eofctumes nationaux et les vertus prlmi"
tives des cantons suisses disparaissent gra-
duellement et simultanément ; mais ou signale
une notable différence entre les premiers et les
seconds : les anciens costumes reparaissent
encore les dimanches et les jours de- fêtes so-
lennelles , et c'est surtout dans les grandes
occasions que les anciennes vertus font défaut.
Au milieu des spectacles grandioses de l'O-
berland, lorsqu'on quitte une cime pour gravir
une autre cime, et qu'au sortir d'un précipice
on se suspend aux flancs d'un autre précipice,
les impressions sont trop vives et trop multi-
pliées,trop lortes et trop imprévucs;pour qu'on
puisse clairemenfen rendre compte au moment
même où on les éprouve : il en est des pays
de montagnes comme des batailles , des tem-
pêtes, des passions, et pour les bien décrire il
faut en être revenu.
Les montagnes comme les flots parlent élo-
quemment de Dieu : ce sont deux des grandes
voix du Créateur: aussi la population des Alpes
comme celle des bords de l'Océan montre en
général une foi vive et sincère : cette remar-
que ne s'applique cependant pas aux habitants
des cantons de Genève et Lausanne; où il y a
beaucoup de pm itanisme»mais peu ou point de
religion. -
L'histoire nationale et patriotique delà Suisse
finit,à vrai dire,à la page du 40 août; les feuil-
lets qui suivent ne contiennent guères que
d'assez mauvaises contrefaçons de l'étranger ;
mais cette page héroïque et sanglante termine
noblement des annales qui débutent par les
glorieuses luttes de Morgarten , Sampach et
Moral. Des Français saluent avec une respec-
tueuse douleur et une admiration pleine de re-
grets et d'angoisses le monument élevé à Lu-
cerné à la mémoire des Suisses massacrés dans
les cours du Carrousel et sur les marches des
Tuileries : ce monument,dû au ciseau de Thor-
wàldsen, est taillé dans le roc même et repré-
sente. on le sait, un lion mortellement blessé
qui vient expirer en protégeant encore l'écus-
son fleurdelisé confié à sa garde. L'idée et l'e-
xécution sont simples et sublimes et digues des
soldats qui,ilans cette fatale journée ont été à
la fois plus-grands que le peuple qu'ils repous- -
salent et que le roi qu'ils défendaient.
On ne rencontre dans le canton de Fribourg
rien de comparable aux glaciers de l'Oberland,
nt-au panorarrta du Righi, ni aux romantiques
encadrements du lac des Waldslatten , ni au
cristal azuré du Léman : ce n'est donc pas le
canton de là Suisse le plus curieux a visiter,
mais c'est peut-être le meilleur à habiter : la
vie sociale y est bien comprise , bien prati-
qnoo, et quant on veut y faire un bon dîner avec
d'honnêtes gens,il n'est pas nécessaire d'y ame-
ner le cuisinier et les convives.
La chute du Rhin à Schaffausen est un digne
prélude aux scènes qui - gé déploient sur ses-
rives, depuis la Suisse jusqu'à Cologne. Les
Allemands sont à bon droit tiers de ce fleuve,
et le fleuve peut aussi être fier de l'Allemagne
qui sait l'apprécier; il vivifie et décore le pays,
etia population reconnaissante lui a voué une
espèce de culte. Suivre son oourp, c'est déroiir
1er les fastes de l'histoire nationale: le.Rhin
écoute 4e clairon des camps, et la cloche des
monastères; il roule majestueux et reflète dans
ses eaux de vieilles tours et des vignes fécon-
des , de vastes cités et de joyeux villages ; à
écume au pied de roches altières et baigne de
riantes prairies : c'est un poème sublime entre-
mêlé de gracieux épisodes; des chants épiques
s'y joignent-à de fraîches idylles , et desniui -
mures d'amour à des hymnes d'une piété ai^,
tère. Le Rhin est une magnifique personnifica-
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