Presse et revues
16 pages
Titre : La France littéraire, artistique, scientifique / dir. Adrien Peladan
Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1860-03-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327779296
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 8430 Nombre total de vues : 8430
Description : 03 mars 1860 03 mars 1860
Description : 1860/03/03 (A4,N23). 1860/03/03 (A4,N23).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63399064
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-4584
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
QUATRIÈME ANNÉE. N* Û3> 3 MARS 1860,
tW S'ABONNE
- ALYON,
AUX BUBEAUX,
- 13,
ttrî5eztoîs>4ti directeurs"
V de'pasres.
LA FRANCE
ABONNEMENT :
UNAN.9fr.
fi MOIS.. 5 fr.
(Pxtérieur, le port
en sus).
, LITTÉRAIRE, ARTISTIQUE, SCIENTIFIQUE.
- - - - PataR tous les samedi. — Reproduction interdite à moins d'une convention spéciale..
SOMMAIRE.
1 i ±'.i --
CoiStoent Jean de Courcy portait sa croix (C. de Nùgent).
— Le Psautier dn diable. XUV (suite) (Blanchot de
Brcqas).- Des droits respectifs de l'Eglise et de l'E-
tat, de M. Aug. du Peyrat (Adrien Peladan). — Les
Fantaisies littéraires du temps, VI. Limeur dans
Shakspeare (E. Wast). — CINQUIÈME CONCOÙKS
ils la France littéraire. Poésie. XIX. Méditations. Re-
grets du pays natal (Charles Breuil) ; Les Cloches (C.
Garnier); Rêverie (J. Ginod); Vanité humaine(Atigus-
tin Lepage).- Même Concours. Prose.XIX. Légendes.
Les Prisonniers" du Caire (Gillot de Kerhardène).-
Notes et Documents pour servir à l'histoire de Lyon
sous le règne de Louis XIV. 1662 (A. Perjcaud rainé).
— Fondements du spiritualisme (Besse des Larzes).
— La Croix de corail (G. tle- Chaumont). — Biblio-
graphie. Le Faux Paul III (Ch. de Sourdeval) ; La
Vérité sur Lamartine, par Jutes Forest (C. Antony
Rénal).— A travers hommes^t choses (J. N.)
(Jomneut Jean de Courcy portait
sa croix.
- Sous le règne d'Henri Il dAngleterre,,Ie chevalier
Jean de Courcy contribua vaillamment à soumettre à
la dominatlofi anglaise la province d'Ulster, en Irlande.
Celte conquête fut le prix de sept combats dans les-
quels Courcy, cinq fois vainqueur, ne subit que deux
échecs. Ses démêlés subséquents avec le roi Jean-Sans-
Terre, et le fameux Hugues de Lacy (le connétable de
Chester), furent marqués par de nouveaux faits d'ar-
mes , et il est uu des héros historiques de l'Irlande, si
riche en gloires militaires. La circousLauce qui donna
lieu au récit qu'on va lire est restée un souvenir popu-
laire encore vivant, même aujourd'hui, dans tout. la
contrée qui s'étend d'Innisshowen à Inisherkin.—
Un soir, après souper, dans son château de
Mainooth, le c-omte Gérald disait à son barde
Neelan : a Je suis las de tes légendes de saints
et d'ermites , de veuves inconsolables et de
nonnes austères: tu n'as pas égayé notre veillée
par 1er moindre récit d'aventures de chasse ou
de guerre. Voudrais-tu faire de moi un anacho-
rète ?., Laisse en repos les pieux personnages
du temps présent ou du temps passé,et raconte-
moi les exploits guerriers d-es vivants ou des
[ morts. a -
« — Seigneur comte , repartit là barde Nee-
lan , vous serez oMi et vous verrez que vbs re-
proches sont injtistes; je ne prétends pas trans:
otmer votre salle (le -banquet en réfectoire de
monastère. Des légendes de sainteté peuvent
L en même temps être des légendes de guerre ;
un chevalier peut être brave et dévot, dire son
chapelet et se battre comme le bon chevalier
normand Jean de Courcy se battait dans notre
pays, il y a bien des années. »
Les plus hardis champions auraient hésité à
se mesurer contre Jean de Courcy , à pied ou
à cheval, dans la lice d'un tournoi ou en rase
campagne , au milieu de mille archers ou der-
rière les créneaux d'une tour. Il maniait terri-
blement la massue et la préférait aux haches
de Nuremberg et aux épées de Tolède. Après
une bataille , quand on comptait sur le terrain
des centaines de irions dont les membres étaient
brisés et broyés, on se disait : « Voilà. les traces
du passage de Jean de Courcy. »
Tel était le seigneur suzerain de Chester:
Hugues de Lacy lui-même , le redouté conné-
table (1) fut si jaloux de fo:es succès qu'il devint
son ennemi mortel. Il l'assaillit la lance an
poing , il lui tendit des embuscades , il excita
contre lui le courroux du roi d'Angleterre;
mais l'intrépide Jean de Courcy , sa massue à la
main , défiait les attaques, méprisait les ruses,
.et chevauchait impunément de jour ou de nuit
à travers les domaines de son rival.
Le vaillant chevalier avait à s'accuser devant
Dieu de quelques péchés , et, pour les expier,
avait prononcé le vœu d'aller eu pélérinage fai-
re uneneuvaine au tombeau de saint Patrice..
Il quitta donc la cuirasse pour un froc de pénrr
tent et s'en alla habiter un cloître, au lieu d'un;
camp, écouter le tintement des cloches, au lieu-
du sofides trompettes, réciter le rosaire et s^a:-
genouiller au pied de chaque croix.
La nouvelle en fut transmise à Hugues de
Lacy de Durrogh, et aussitôt il fit partir àmi-
nuit vingt soldats armés de pied en cap, vingt
rudes soldats du comté de Meath , tons éprou-
vés dans les plus périlleuses rencontreset qui
tous jurèrent l'un après l'autre de lui amener
Courcy mort ou vif.
Déjà le soleil descendait à l'horizon r la bru-
me du crépuscule se déroulait sur lajville de
Dowenpatrick, et le pèlerin fatigué parde lon-
gues journées de jeûne et d'oraisons,, était assis
pensif sous le sombre porche de l'église, quand
tout-à-coup 'il entendit retentir au loin sur la
route un bruit qui le fit tressaillir , nn' bruit
(1) Les chroniques anglo-normandes outeu k s'orcu-
per des faits et gestes du connétable de Chester. Il con-
qui, au noin du roi Henri Plantagenet,le comté Je Meath,
en Irlande. Sa sceur , Rose de Lacy, épousa Gilbert de
Nugent,dont les fiefs formèrent le ccniilèTleWi'sl-VlCjih.
1P.63
tW S'ABONNE
- ALYON,
AUX BUBEAUX,
- 13,
ttrî5eztoîs>4ti directeurs"
V de'pasres.
LA FRANCE
ABONNEMENT :
UNAN.9fr.
fi MOIS.. 5 fr.
(Pxtérieur, le port
en sus).
, LITTÉRAIRE, ARTISTIQUE, SCIENTIFIQUE.
- - - - PataR tous les samedi. — Reproduction interdite à moins d'une convention spéciale..
SOMMAIRE.
1 i ±'.i --
CoiStoent Jean de Courcy portait sa croix (C. de Nùgent).
— Le Psautier dn diable. XUV (suite) (Blanchot de
Brcqas).- Des droits respectifs de l'Eglise et de l'E-
tat, de M. Aug. du Peyrat (Adrien Peladan). — Les
Fantaisies littéraires du temps, VI. Limeur dans
Shakspeare (E. Wast). — CINQUIÈME CONCOÙKS
ils la France littéraire. Poésie. XIX. Méditations. Re-
grets du pays natal (Charles Breuil) ; Les Cloches (C.
Garnier); Rêverie (J. Ginod); Vanité humaine(Atigus-
tin Lepage).- Même Concours. Prose.XIX. Légendes.
Les Prisonniers" du Caire (Gillot de Kerhardène).-
Notes et Documents pour servir à l'histoire de Lyon
sous le règne de Louis XIV. 1662 (A. Perjcaud rainé).
— Fondements du spiritualisme (Besse des Larzes).
— La Croix de corail (G. tle- Chaumont). — Biblio-
graphie. Le Faux Paul III (Ch. de Sourdeval) ; La
Vérité sur Lamartine, par Jutes Forest (C. Antony
Rénal).— A travers hommes^t choses (J. N.)
(Jomneut Jean de Courcy portait
sa croix.
- Sous le règne d'Henri Il dAngleterre,,Ie chevalier
Jean de Courcy contribua vaillamment à soumettre à
la dominatlofi anglaise la province d'Ulster, en Irlande.
Celte conquête fut le prix de sept combats dans les-
quels Courcy, cinq fois vainqueur, ne subit que deux
échecs. Ses démêlés subséquents avec le roi Jean-Sans-
Terre, et le fameux Hugues de Lacy (le connétable de
Chester), furent marqués par de nouveaux faits d'ar-
mes , et il est uu des héros historiques de l'Irlande, si
riche en gloires militaires. La circousLauce qui donna
lieu au récit qu'on va lire est restée un souvenir popu-
laire encore vivant, même aujourd'hui, dans tout. la
contrée qui s'étend d'Innisshowen à Inisherkin.—
Un soir, après souper, dans son château de
Mainooth, le c-omte Gérald disait à son barde
Neelan : a Je suis las de tes légendes de saints
et d'ermites , de veuves inconsolables et de
nonnes austères: tu n'as pas égayé notre veillée
par 1er moindre récit d'aventures de chasse ou
de guerre. Voudrais-tu faire de moi un anacho-
rète ?., Laisse en repos les pieux personnages
du temps présent ou du temps passé,et raconte-
moi les exploits guerriers d-es vivants ou des
[ morts. a -
« — Seigneur comte , repartit là barde Nee-
lan , vous serez oMi et vous verrez que vbs re-
proches sont injtistes; je ne prétends pas trans:
otmer votre salle (le -banquet en réfectoire de
monastère. Des légendes de sainteté peuvent
L en même temps être des légendes de guerre ;
un chevalier peut être brave et dévot, dire son
chapelet et se battre comme le bon chevalier
normand Jean de Courcy se battait dans notre
pays, il y a bien des années. »
Les plus hardis champions auraient hésité à
se mesurer contre Jean de Courcy , à pied ou
à cheval, dans la lice d'un tournoi ou en rase
campagne , au milieu de mille archers ou der-
rière les créneaux d'une tour. Il maniait terri-
blement la massue et la préférait aux haches
de Nuremberg et aux épées de Tolède. Après
une bataille , quand on comptait sur le terrain
des centaines de irions dont les membres étaient
brisés et broyés, on se disait : « Voilà. les traces
du passage de Jean de Courcy. »
Tel était le seigneur suzerain de Chester:
Hugues de Lacy lui-même , le redouté conné-
table (1) fut si jaloux de fo:es succès qu'il devint
son ennemi mortel. Il l'assaillit la lance an
poing , il lui tendit des embuscades , il excita
contre lui le courroux du roi d'Angleterre;
mais l'intrépide Jean de Courcy , sa massue à la
main , défiait les attaques, méprisait les ruses,
.et chevauchait impunément de jour ou de nuit
à travers les domaines de son rival.
Le vaillant chevalier avait à s'accuser devant
Dieu de quelques péchés , et, pour les expier,
avait prononcé le vœu d'aller eu pélérinage fai-
re uneneuvaine au tombeau de saint Patrice..
Il quitta donc la cuirasse pour un froc de pénrr
tent et s'en alla habiter un cloître, au lieu d'un;
camp, écouter le tintement des cloches, au lieu-
du sofides trompettes, réciter le rosaire et s^a:-
genouiller au pied de chaque croix.
La nouvelle en fut transmise à Hugues de
Lacy de Durrogh, et aussitôt il fit partir àmi-
nuit vingt soldats armés de pied en cap, vingt
rudes soldats du comté de Meath , tons éprou-
vés dans les plus périlleuses rencontreset qui
tous jurèrent l'un après l'autre de lui amener
Courcy mort ou vif.
Déjà le soleil descendait à l'horizon r la bru-
me du crépuscule se déroulait sur lajville de
Dowenpatrick, et le pèlerin fatigué parde lon-
gues journées de jeûne et d'oraisons,, était assis
pensif sous le sombre porche de l'église, quand
tout-à-coup 'il entendit retentir au loin sur la
route un bruit qui le fit tressaillir , nn' bruit
(1) Les chroniques anglo-normandes outeu k s'orcu-
per des faits et gestes du connétable de Chester. Il con-
qui, au noin du roi Henri Plantagenet,le comté Je Meath,
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