Presse et revues
4 pages
Titre : La Bohême : journal artistique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Carpentras)
Date d'édition : 1866-06-17
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32713315n
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 96 Nombre total de vues : 96
Description : 17 juin 1866 17 juin 1866
Description : 1866/06/17 (A1,N19). 1866/06/17 (A1,N19).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG84 Collection numérique : BIPFPIG84
Description : Collection numérique : BIPFPIG84 Collection numérique : BIPFPIG84
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Provence-Alpes-Côte d'Azur
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63150742
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1622
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/12/2012
1" Année. — No 19. 15 CENTIMES LE NUMÉRO.
17t Juin 1866.
ILLUSTRÉE, CRITIQUE, ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE
Paraissant tous les Dimanchelli.
Nous n'avons qu'un temps à vivre !
ON S'ABONNE
au Bureau du Journal
Place du Vieux-Fer, 7.
BUREAUX DE VENTE
A CARPENTRAS. Chez M. PINET, libraire, passage Boyer.
A A VIGNON. — M. BAUME, débitant de tabacs.
CARPENTRAS
Trois mois 2 fr.
EXTÉRIEUR
Six mois. 4
Carpentras, le 17 Juin 1866.
CHRONIQUE
Dimanche dernier, en compagnie de d'Artagnan, mon an-
cien collègue de pension (lisez d'hôtel) j'absorbais un de ces
(je ne dirai pas vieux) verres d'absinthe que X. seul a
le talent de vous servir plus ou moins bien.
Vous n'ignorez pas sans doute, lecteurs et vous char-
mantes lectrices, quel est le local où ma seule nonchalance
m'avait conduit. Et tout en attendant que le soleil eût re-
vêtu, comme le roi d 'Yvetot, son bonnet de coton, j'écou-
tais avec plaisir cette musique qui faisait bondir ces intré-
pides danseurs et danseuses du bal champêtre où j'étais.
Local non aéré, consommations assez mauvaises, rixes
en tous genres.
A ce dernier propos, voici : deux des camarades de
d'Artagnan étaient venus se joindre à nous et, paisiblement
ensemble nous dégustions cette liqueur qui vous énivre si
vite (surtout dans cet établissement), lorsque un cavalier
tout essouflé vint frapper sur l'épaule d'un des deux invités
et le somma de sortir sans nous faire la moindre excuse.
— Drôle de convenance, m'écriai-je.
Néanmoins les deux rivaux s'éloignèrent. D'Artagnan et
moi nous les suivîmes de près.
— Je te dis que L m'a dit que tu as dit , disait chau-
dement l'agresseur.
Et un tas d'autres balançoires que l'on entend fréquem-
ment sortir de la bouche de quelques minois plus ou moins
pommadés, danseurs hors ligne de ce taudis vieux chêne
parisien.
Hélas ! trois fois hélas ! ! !
La discussion n'amena aucune attaque. Les deux rivaux
se séparèrent et l'agresseur, d'une mine assez piteuse, se
retourna vers L.
Il fallait voir. c'était joli!
XX
Le même jour, vers les huit heures du soir, les Bohèmes
suivaient, avec cette gaieté naturelle qui les caractérise, la
musique municipale de notre ville qui, en exécutant une
marche, se dirigeait vers le Casino, où une soirée des plus
brillantes était annoncée. La salle de ce vaste établissement
que M. Roux-Collignon rend de plus en plus agréable, fut
envahie comme par enchantement.
Jeunes et beaux gandins, et vous fraîches et jolies filles,
la Bohême, qui vous contemplait elle aussi, vous adresse
ses félicitations les plus sincères et vous engage à profiter
comme elle : de vos vingt ans et de vos rires. Elle vous fait
penser encore que M. Roux-Colignon, qui ne néglige rien
pour vous être agréable, a droit à vos sympathies.
GUSDHIEU.
UNE RÉSURRECTION ANNONCÉE
L'âme du Grelot sentait dans le tartare les piqûres de la
Bohême.
— Il faut que je me venge, soupira-t-elle.
Et, toute barbouillée de fusain, elle demanda à Pluton un
passe-port en règle, lui promettant en acquit l'âme de dix
bohèmes.
Elle prit son vol sur Paris et alla directement frapper à la
porte d'Allan-Kardec, le souverain maître en spiritisme.
— Que veux-tu? lui demanda ce dernier d'une voix fa-
rouche.
— Ma résurrection. J'étais feuille de chou , fais-moi re-
vivre feuille de rave, mais il faut que je vive.
- Et ma récompense ?
- Tous les bénéfices du Méridional, cela te va-t-il?
- Hum! fit maître Kardec, c'est peu, mais j'accepte. Tope
là, — tu seras feuille de carotte.
Radi. euse, cette chouette d'âme reprit son vol en sui-
vant les cours de la Saône et du Rhône. Arrivée sur les tours
du Palais, elle s'orienta. Il était minuit, l'heure des reve-
nants.
Elle alla tirer fortement Bilboc par les cheveux, Duviolon
par les pieds, Rabatjoie par ses crocs, Bestiany par sa queue
et Rimaillon par sa mouche.
Ah ça! paresseux, suivez-moi. Et elle les traîna tous les
cinq sur son trou.
— Allan-Kardec m'a ressuscité, à vous de me faire vivre.
La Bohême me villipande, je veux que vous l'assommiez, leur
dit-elle.
17t Juin 1866.
ILLUSTRÉE, CRITIQUE, ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE
Paraissant tous les Dimanchelli.
Nous n'avons qu'un temps à vivre !
ON S'ABONNE
au Bureau du Journal
Place du Vieux-Fer, 7.
BUREAUX DE VENTE
A CARPENTRAS. Chez M. PINET, libraire, passage Boyer.
A A VIGNON. — M. BAUME, débitant de tabacs.
CARPENTRAS
Trois mois 2 fr.
EXTÉRIEUR
Six mois. 4
Carpentras, le 17 Juin 1866.
CHRONIQUE
Dimanche dernier, en compagnie de d'Artagnan, mon an-
cien collègue de pension (lisez d'hôtel) j'absorbais un de ces
(je ne dirai pas vieux) verres d'absinthe que X. seul a
le talent de vous servir plus ou moins bien.
Vous n'ignorez pas sans doute, lecteurs et vous char-
mantes lectrices, quel est le local où ma seule nonchalance
m'avait conduit. Et tout en attendant que le soleil eût re-
vêtu, comme le roi d 'Yvetot, son bonnet de coton, j'écou-
tais avec plaisir cette musique qui faisait bondir ces intré-
pides danseurs et danseuses du bal champêtre où j'étais.
Local non aéré, consommations assez mauvaises, rixes
en tous genres.
A ce dernier propos, voici : deux des camarades de
d'Artagnan étaient venus se joindre à nous et, paisiblement
ensemble nous dégustions cette liqueur qui vous énivre si
vite (surtout dans cet établissement), lorsque un cavalier
tout essouflé vint frapper sur l'épaule d'un des deux invités
et le somma de sortir sans nous faire la moindre excuse.
— Drôle de convenance, m'écriai-je.
Néanmoins les deux rivaux s'éloignèrent. D'Artagnan et
moi nous les suivîmes de près.
— Je te dis que L m'a dit que tu as dit , disait chau-
dement l'agresseur.
Et un tas d'autres balançoires que l'on entend fréquem-
ment sortir de la bouche de quelques minois plus ou moins
pommadés, danseurs hors ligne de ce taudis vieux chêne
parisien.
Hélas ! trois fois hélas ! ! !
La discussion n'amena aucune attaque. Les deux rivaux
se séparèrent et l'agresseur, d'une mine assez piteuse, se
retourna vers L.
Il fallait voir. c'était joli!
XX
Le même jour, vers les huit heures du soir, les Bohèmes
suivaient, avec cette gaieté naturelle qui les caractérise, la
musique municipale de notre ville qui, en exécutant une
marche, se dirigeait vers le Casino, où une soirée des plus
brillantes était annoncée. La salle de ce vaste établissement
que M. Roux-Collignon rend de plus en plus agréable, fut
envahie comme par enchantement.
Jeunes et beaux gandins, et vous fraîches et jolies filles,
la Bohême, qui vous contemplait elle aussi, vous adresse
ses félicitations les plus sincères et vous engage à profiter
comme elle : de vos vingt ans et de vos rires. Elle vous fait
penser encore que M. Roux-Colignon, qui ne néglige rien
pour vous être agréable, a droit à vos sympathies.
GUSDHIEU.
UNE RÉSURRECTION ANNONCÉE
L'âme du Grelot sentait dans le tartare les piqûres de la
Bohême.
— Il faut que je me venge, soupira-t-elle.
Et, toute barbouillée de fusain, elle demanda à Pluton un
passe-port en règle, lui promettant en acquit l'âme de dix
bohèmes.
Elle prit son vol sur Paris et alla directement frapper à la
porte d'Allan-Kardec, le souverain maître en spiritisme.
— Que veux-tu? lui demanda ce dernier d'une voix fa-
rouche.
— Ma résurrection. J'étais feuille de chou , fais-moi re-
vivre feuille de rave, mais il faut que je vive.
- Et ma récompense ?
- Tous les bénéfices du Méridional, cela te va-t-il?
- Hum! fit maître Kardec, c'est peu, mais j'accepte. Tope
là, — tu seras feuille de carotte.
Radi. euse, cette chouette d'âme reprit son vol en sui-
vant les cours de la Saône et du Rhône. Arrivée sur les tours
du Palais, elle s'orienta. Il était minuit, l'heure des reve-
nants.
Elle alla tirer fortement Bilboc par les cheveux, Duviolon
par les pieds, Rabatjoie par ses crocs, Bestiany par sa queue
et Rimaillon par sa mouche.
Ah ça! paresseux, suivez-moi. Et elle les traîna tous les
cinq sur son trou.
— Allan-Kardec m'a ressuscité, à vous de me faire vivre.
La Bohême me villipande, je veux que vous l'assommiez, leur
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