Titre : La Bohême : journal artistique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Carpentras)
Date d'édition : 1866-04-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32713315n
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 96 Nombre total de vues : 96
Description : 22 avril 1866 22 avril 1866
Description : 1866/04/22 (A1,N11). 1866/04/22 (A1,N11).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG84 Collection numérique : BIPFPIG84
Description : Collection numérique : BIPFPIG84 Collection numérique : BIPFPIG84
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Provence-Alpes-Côte d'Azur
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6315066h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1622
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/12/2012
lre Année. ? 11.
15 CENTIMES LE NUMÉRO.
22 Avril 1866.
̃ -
CRITIQUE, ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE
Paraissant tous les Dimanches.
ON S'ABONNE
au Bureau du Journal
Place du Vieux-Fer, 7.
BUREAUX DE VENTE
A CARPENTRAS. Chez M. PINET, libraire, passage Boyer.
A AVIGNON. M. BAUME, débitant de tabacs.
CARPENTRAS
Trois mois 2 fr. -
EXTÉRIEUR
Six.lnois. 4
Carpentras, le 22 Avril 1866.
DANS LE MONDE.
L'hiver dernier, hardis, je ne dirai pas comme des pages,
nous n'en avons jamais vu, mais comme des becfigues,
nous résolûmes, Anastase et moi, de fréquenter le monde.
Le monde ! ce mot chatouillait délicatement notre oreille ;
c'est, en effet, le mystérieux inconnu qui, dans les rêves de
tout jeune homme, occupe le troisième rang, après les mous-
taches et les bottes. Nous n'avions pourtant ni bottes ni
moustaches.
Il faut dire que jusqu'alors nos soirées s'étaient passées
très-agréablement dans une société modeste d'où l'étiquette
était absolument bannie. On causait, on fumait, on se mettait
au piano, on disait une romance, on faisait un cent de piquet;
puis, à l'heure marquée, non pas par l'horloge, mais par une
satiété suffisante, chacun retournait chez soi, satisfait et
content.
Mais la curiosité qui fit, pour son malheur, avaler à Adam
une pomme indigeste, nous fit, pour le nôtre, avaler une
rude boulette. Nous nous laissâmes entraîner de bonne
grâce dans un salon ayant la réputation de recevoir du
monde !
- Vous verrez des dames charmantes, spirituelles, des
hommes instruits, distingués, nous disait notre interlocuteur.
Nous étions éblouis !
Nous entrâmes enfin. Soudain, toutes les personnes se
dressèrent devant nous comme une gerbe de points d'excla-
mation. La maitresse du logis s'avança galamment vers nous
et nous invita à nous asseoir, d'une voix qui rappelait les
chèvres de Virgile. Pendant un moment nous restâmes
absorbés dans une attention fébrile.
Hélas ! nos illusions tombaient une à une à chaque parole.
Dans un coin se débattait, entre trois messieurs, la question
du chemin de fer des Alpes.
La dame du lieu, petite masaraigne prétentieuse, voulant
attirer l'attention du cercle : Messieurs, leur cria-t-elle,
assez de vos problèmes industriels, de vos chemins de
fer; c'est à faire venir la vapeur 1
Et elle promena deux petits regards sur son entourage
pour y recueillir quelques sourires flatteurs. Comme les
autres, nous rimes. Tiens, fit sans préambule M. X., le
feu est près de s'éteindte; Baptiste, apportez des bûches!
A ce moment, M. et Mme Bilboquet parurent au seuil de
l'appartement.
Vous venez fort à propos, dit le maitre du logis, nous
allons prendre le thé.
Mme Bilboquet, après les compliments d'usage, alla se
placer sur un divan auprès de la spirituelle hôtesse. La
causerie changea de gamme, et tomba sur la prédication du
prochain carême.
Je voudrais bien un jésuite, soupira l'une.
Moi, un récollet.
Et moi, un dominicain, dit une dernière.
Là-dessus, grande discussion.
C'était vraiment intéressant.
- Si l'on faisait un peu de musique, s'écria brusque-
ment une vénérable matrone édentée, qui ne pouvait, comme
ses jeunes compagnes, déchirer le prochain à belles dénis.
C'est cela, repartit Mme Bilboquet. Allons, Amélia, ma
gentille, venez nous chanter la mélodie du Lac.
A ces mots, une longue demoiselle, que dans l'obscurité
j'avais prise jusque-là pour la canne du papa, s'approcha du
piano, préluda par quelques accords, et sifflota cette admi-
rable rêverie.
On ne reconnaissait du Lac que le roseau Amélia, qui gla-
pissait avec sensiblerie. On ne fut pas avare de compliments.
Le thé était servi.
J'ai là une bouteille de vieux rhum excellent; puis-je
vous en offrir, dit-il en s'adressant à Anastase?
Quelle naïveté ! repartit sa femme. Ignores-tu qu'en fait
de liqueur comme en fait de littérature, les jeunes gens ne
peuvent supporter que le rhum antique.
Je m'inclinai de défaillance.
Les autres admirèrent.
Peu à peu les sens me revinrent. Je me berçai du chimé-
rique espoir qu'après le thé et le calembourg la pièce était
jouée. Hélas ! il fallut encore endurer le supplice du loto.
Ce jeu honnête, renouvelé des épiciers, comme le jeu de
l'oie l'est des Grecs, enlevait toutes les sympathies de la
réunion. On distribua les cartons au prix modique de cinq
15 CENTIMES LE NUMÉRO.
22 Avril 1866.
̃ -
CRITIQUE, ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE
Paraissant tous les Dimanches.
ON S'ABONNE
au Bureau du Journal
Place du Vieux-Fer, 7.
BUREAUX DE VENTE
A CARPENTRAS. Chez M. PINET, libraire, passage Boyer.
A AVIGNON. M. BAUME, débitant de tabacs.
CARPENTRAS
Trois mois 2 fr. -
EXTÉRIEUR
Six.lnois. 4
Carpentras, le 22 Avril 1866.
DANS LE MONDE.
L'hiver dernier, hardis, je ne dirai pas comme des pages,
nous n'en avons jamais vu, mais comme des becfigues,
nous résolûmes, Anastase et moi, de fréquenter le monde.
Le monde ! ce mot chatouillait délicatement notre oreille ;
c'est, en effet, le mystérieux inconnu qui, dans les rêves de
tout jeune homme, occupe le troisième rang, après les mous-
taches et les bottes. Nous n'avions pourtant ni bottes ni
moustaches.
Il faut dire que jusqu'alors nos soirées s'étaient passées
très-agréablement dans une société modeste d'où l'étiquette
était absolument bannie. On causait, on fumait, on se mettait
au piano, on disait une romance, on faisait un cent de piquet;
puis, à l'heure marquée, non pas par l'horloge, mais par une
satiété suffisante, chacun retournait chez soi, satisfait et
content.
Mais la curiosité qui fit, pour son malheur, avaler à Adam
une pomme indigeste, nous fit, pour le nôtre, avaler une
rude boulette. Nous nous laissâmes entraîner de bonne
grâce dans un salon ayant la réputation de recevoir du
monde !
- Vous verrez des dames charmantes, spirituelles, des
hommes instruits, distingués, nous disait notre interlocuteur.
Nous étions éblouis !
Nous entrâmes enfin. Soudain, toutes les personnes se
dressèrent devant nous comme une gerbe de points d'excla-
mation. La maitresse du logis s'avança galamment vers nous
et nous invita à nous asseoir, d'une voix qui rappelait les
chèvres de Virgile. Pendant un moment nous restâmes
absorbés dans une attention fébrile.
Hélas ! nos illusions tombaient une à une à chaque parole.
Dans un coin se débattait, entre trois messieurs, la question
du chemin de fer des Alpes.
La dame du lieu, petite masaraigne prétentieuse, voulant
attirer l'attention du cercle : Messieurs, leur cria-t-elle,
assez de vos problèmes industriels, de vos chemins de
fer; c'est à faire venir la vapeur 1
Et elle promena deux petits regards sur son entourage
pour y recueillir quelques sourires flatteurs. Comme les
autres, nous rimes. Tiens, fit sans préambule M. X., le
feu est près de s'éteindte; Baptiste, apportez des bûches!
A ce moment, M. et Mme Bilboquet parurent au seuil de
l'appartement.
Vous venez fort à propos, dit le maitre du logis, nous
allons prendre le thé.
Mme Bilboquet, après les compliments d'usage, alla se
placer sur un divan auprès de la spirituelle hôtesse. La
causerie changea de gamme, et tomba sur la prédication du
prochain carême.
Je voudrais bien un jésuite, soupira l'une.
Moi, un récollet.
Et moi, un dominicain, dit une dernière.
Là-dessus, grande discussion.
C'était vraiment intéressant.
- Si l'on faisait un peu de musique, s'écria brusque-
ment une vénérable matrone édentée, qui ne pouvait, comme
ses jeunes compagnes, déchirer le prochain à belles dénis.
C'est cela, repartit Mme Bilboquet. Allons, Amélia, ma
gentille, venez nous chanter la mélodie du Lac.
A ces mots, une longue demoiselle, que dans l'obscurité
j'avais prise jusque-là pour la canne du papa, s'approcha du
piano, préluda par quelques accords, et sifflota cette admi-
rable rêverie.
On ne reconnaissait du Lac que le roseau Amélia, qui gla-
pissait avec sensiblerie. On ne fut pas avare de compliments.
Le thé était servi.
J'ai là une bouteille de vieux rhum excellent; puis-je
vous en offrir, dit-il en s'adressant à Anastase?
Quelle naïveté ! repartit sa femme. Ignores-tu qu'en fait
de liqueur comme en fait de littérature, les jeunes gens ne
peuvent supporter que le rhum antique.
Je m'inclinai de défaillance.
Les autres admirèrent.
Peu à peu les sens me revinrent. Je me berçai du chimé-
rique espoir qu'après le thé et le calembourg la pièce était
jouée. Hélas ! il fallut encore endurer le supplice du loto.
Ce jeu honnête, renouvelé des épiciers, comme le jeu de
l'oie l'est des Grecs, enlevait toutes les sympathies de la
réunion. On distribua les cartons au prix modique de cinq
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.85%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.85%.
- Collections numériques similaires Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1"Paris, Sèvres, Saint-Cloud, Versailles, Saint-Germain, Fontainebleau, Saint-Denis, Chantilly : avec la liste des rues de Paris / par Paul Joanne... /ark:/12148/bd6t5774757r.highres La comédie à la cour : les théâtres de société royale pendant le siècle dernier, la duchesse du Maine et les grandes nuits de Sceaux, Mme de Pompadour et le théâtre des petits cabinets, le théâtre de Marie-Antoinette à Trianon / Adolphe Jullien /ark:/12148/bd6t5773930r.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6315066h/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6315066h/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6315066h/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6315066h/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6315066h
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6315066h
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6315066h/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest