Titre : La France littéraire, artistique, scientifique / dir. Adrien Peladan
Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1864-08-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327779296
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 août 1864 07 août 1864
Description : 1864/08/07 (A8,N45). 1864/08/07 (A8,N45).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6310937b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-4584
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/10/2012
HUITIÈME ANNÉE. N° 45. - 7 AOUT <8fiA
LA FRANCE LITTERAIRE
ARTISTIQUE, SCIENTIFIQUE.
---------------------1-------
Parait tous les samedis. — Reproduction interdite à moins d'une convention spéciale"
SOMMAIRE. ~J-~
Lacroix de Pirotin (Jcanniard du Dot). — Histoire de Jésus-Christ d'après la science. XVIII. La Cabbale est
un des monuments historiques des traditions messianiques universelles (Adrien Peladan). — Ecrivains et
poètes de Nîmes (Luuis de Lnincel). - Les eonvulsionnaims de Farcins (Adrien Peladan).— De la création
de l'homme comme androgyne et de la création de la femme (suite) (Chr de Paravey). — Notre-Dame de
Poirius (Marie de IL) — Notice sur ie trophée de Qiiintus Fabius (Fernand de St-Andéol). — Voyages à
travers les mondes poétiques (Gaston Dargy). — Les deux époques. Poème (Mme Hermance Lesguillon). -
Eaux de Challes.
/9
COUTES DU PAYS NANTAIS.
-"!4 - daVtlOIX DE PIROTIN.
Légende.
0 crux, ave. spes unica.
Asseyons-nous au pied de la croix , dit le curé
David à ses quatre auditeurs ; asseyons-nous au
pied de la croix de PiroLin. Qu'il est doux de re-
connaître à chaque pas, lorsqu'on se promène dans
nos campagnes, le signe sacré de notre rédemp-
tion ! Ce signe-là n'est pas muet pour qui sait
l'entendre. Il est là seul debout au milieu des
ruines de toutes sortes. C'est une belle chose que
La foi, mes enfants. J'ai vu le temps où l'on abat-
tait les croix. Les hommes qui les abattaient sont
couchés dans la tombe ; et la croix s'est relevée
comme un arbre immortel qui se forlilie et croît
sous les coups de la hache.
La croix de pierre qui nous protège en ce mo-
ment de son ombre a été respectée en quatre-
vingt-treize. Je ne m'en étonne pas : c'était pré-
dit, el vous allez voir à quelle occasion. Pour moi,
j'ai toujours eu tant de confiance dans cette pré-
diction, que bien des fois, alors même qu'on bat-
taLl la campagne pour me dépister, je récitais tran-
quillement mon bréviaire ici où nous sommes. Je
l'aime de tout mon cœur, la bonne vieille croix de
Pirotin. Cet liumble monument, toul entouré de
prés boisés, joint au charme de la riante solitude
le charme plus vivant encore d'une petite légende
que je vais vous conter.
— Ali ! firent les quatre évangélistes surpris et
attenlifs.
— Vous avez sans doute ouï dire, mes enfants,
reprit le pasteur, que les fidèles défuntsdu bourg,
ainsi que de"- villages de la Gaborlais, de la Hayc-
Meriais et de la Gicquelais, sur l'heure de minuit,
débouchent par ces quatre sentiers , véritable
croix horizontale, et viennent se réunir à Pirotin
pour y chanter le De profundis ou le Dies inx,
ou bien encore des chants mystérieux et vagues
quepersonne ne comprend, pas même lemagister.
— En effet, dit Rolland, qui était presque tou-
jours le coryphée de la bande, j'ai ouï dire cela,
sauf toutefois ce qui regarde M. le magisler ; car
on assure qu'il est savant, non-seulement sur la
latine, la grecque et la mathématique, mais en-
core sur la langue des Hébreux. Il connaît tant de
choses! Enfin, on ne peut savoir !.
— Tais-toi donc, imbécille, dit Jacques. M. le
curé est bien plus savant que lui.
— Je ne veux point mettre- en doute, reprit
l'abbé David , le savoir de M. le magister. C'est
lui, m'assure-t-on, qui a trouvé que Herpin venait
du grec Herpo, aussi bien que serpent, et encore
serpe et serpette, deux objets arrondis comme le
serpent. Mais ce que je nie absolument, ce sont
les apparitions nocturnes des morts à Pirolin.
Qu'on me jette des pierres, si l'on veut ! St. Etien-
ne en a bien vu d'autres.
— Et vous aussi, Monsieur le curé, dit Jacques
le flatteur, tandis qu'il pensait en lui-même
Qu'on ne s'attendait guère
A voir Etienne en cette affaire.
Le bon curé, souriantdansson innocent amour-
propre, continua sans faire semblant d'avoir rien
entendu :
Voici l'histoire très-authentique d'où cette fable
a tiré son origine. Car le mensonge est toujours
ainsi : l'on peut dire qu'il n'a pas de source qui
lui soit propre, et qu'en remontant incessamment
son cours vagabond, nous arrivons presque tou-
jours à la vérité dont il dérive.
Il y avait au village de St-Victor un jeune
homme très-riche, appelé Fortuné. Cette époque
est déjà si loin, qu'on ne peut savoir combien
d'années se sont écoulées depuis. La grande pas-
sion de Forluné, c'était de tout voir et de tout
connaître. Comme il ignorait que patience est
mère de science et sœur de sapience, il voulait
LA FRANCE LITTERAIRE
ARTISTIQUE, SCIENTIFIQUE.
---------------------1-------
Parait tous les samedis. — Reproduction interdite à moins d'une convention spéciale"
SOMMAIRE. ~J-~
Lacroix de Pirotin (Jcanniard du Dot). — Histoire de Jésus-Christ d'après la science. XVIII. La Cabbale est
un des monuments historiques des traditions messianiques universelles (Adrien Peladan). — Ecrivains et
poètes de Nîmes (Luuis de Lnincel). - Les eonvulsionnaims de Farcins (Adrien Peladan).— De la création
de l'homme comme androgyne et de la création de la femme (suite) (Chr de Paravey). — Notre-Dame de
Poirius (Marie de IL) — Notice sur ie trophée de Qiiintus Fabius (Fernand de St-Andéol). — Voyages à
travers les mondes poétiques (Gaston Dargy). — Les deux époques. Poème (Mme Hermance Lesguillon). -
Eaux de Challes.
/9
COUTES DU PAYS NANTAIS.
-"!4 - daVtlOIX DE PIROTIN.
Légende.
0 crux, ave. spes unica.
Asseyons-nous au pied de la croix , dit le curé
David à ses quatre auditeurs ; asseyons-nous au
pied de la croix de PiroLin. Qu'il est doux de re-
connaître à chaque pas, lorsqu'on se promène dans
nos campagnes, le signe sacré de notre rédemp-
tion ! Ce signe-là n'est pas muet pour qui sait
l'entendre. Il est là seul debout au milieu des
ruines de toutes sortes. C'est une belle chose que
La foi, mes enfants. J'ai vu le temps où l'on abat-
tait les croix. Les hommes qui les abattaient sont
couchés dans la tombe ; et la croix s'est relevée
comme un arbre immortel qui se forlilie et croît
sous les coups de la hache.
La croix de pierre qui nous protège en ce mo-
ment de son ombre a été respectée en quatre-
vingt-treize. Je ne m'en étonne pas : c'était pré-
dit, el vous allez voir à quelle occasion. Pour moi,
j'ai toujours eu tant de confiance dans cette pré-
diction, que bien des fois, alors même qu'on bat-
taLl la campagne pour me dépister, je récitais tran-
quillement mon bréviaire ici où nous sommes. Je
l'aime de tout mon cœur, la bonne vieille croix de
Pirotin. Cet liumble monument, toul entouré de
prés boisés, joint au charme de la riante solitude
le charme plus vivant encore d'une petite légende
que je vais vous conter.
— Ali ! firent les quatre évangélistes surpris et
attenlifs.
— Vous avez sans doute ouï dire, mes enfants,
reprit le pasteur, que les fidèles défuntsdu bourg,
ainsi que de"- villages de la Gaborlais, de la Hayc-
Meriais et de la Gicquelais, sur l'heure de minuit,
débouchent par ces quatre sentiers , véritable
croix horizontale, et viennent se réunir à Pirotin
pour y chanter le De profundis ou le Dies inx,
ou bien encore des chants mystérieux et vagues
quepersonne ne comprend, pas même lemagister.
— En effet, dit Rolland, qui était presque tou-
jours le coryphée de la bande, j'ai ouï dire cela,
sauf toutefois ce qui regarde M. le magisler ; car
on assure qu'il est savant, non-seulement sur la
latine, la grecque et la mathématique, mais en-
core sur la langue des Hébreux. Il connaît tant de
choses! Enfin, on ne peut savoir !.
— Tais-toi donc, imbécille, dit Jacques. M. le
curé est bien plus savant que lui.
— Je ne veux point mettre- en doute, reprit
l'abbé David , le savoir de M. le magister. C'est
lui, m'assure-t-on, qui a trouvé que Herpin venait
du grec Herpo, aussi bien que serpent, et encore
serpe et serpette, deux objets arrondis comme le
serpent. Mais ce que je nie absolument, ce sont
les apparitions nocturnes des morts à Pirolin.
Qu'on me jette des pierres, si l'on veut ! St. Etien-
ne en a bien vu d'autres.
— Et vous aussi, Monsieur le curé, dit Jacques
le flatteur, tandis qu'il pensait en lui-même
Qu'on ne s'attendait guère
A voir Etienne en cette affaire.
Le bon curé, souriantdansson innocent amour-
propre, continua sans faire semblant d'avoir rien
entendu :
Voici l'histoire très-authentique d'où cette fable
a tiré son origine. Car le mensonge est toujours
ainsi : l'on peut dire qu'il n'a pas de source qui
lui soit propre, et qu'en remontant incessamment
son cours vagabond, nous arrivons presque tou-
jours à la vérité dont il dérive.
Il y avait au village de St-Victor un jeune
homme très-riche, appelé Fortuné. Cette époque
est déjà si loin, qu'on ne peut savoir combien
d'années se sont écoulées depuis. La grande pas-
sion de Forluné, c'était de tout voir et de tout
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