Presse et revues
16 pages
Titre : La France littéraire, artistique, scientifique / dir. Adrien Peladan
Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1864-07-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327779296
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 8430 Nombre total de vues : 8430
Description : 09 juillet 1864 09 juillet 1864
Description : 1864/07/09 (A8,N41). 1864/07/09 (A8,N41).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6310933p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-4584
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2012
HUITIÈME iftNÉI. No 4 1. 9 JUILLET 1864.
LA FRANCE LITTÉRAIRE --
ARTISTIQUE, SCIENTIFIQUE, .-. 1-t'
ParaU tous les samedis. — Reproduction interdite à moins d'une convention spéciale._
SOMMAIRE. ■ h 1 ° 17 -
A la petite ville d'A. épître couronnée aux Jeux-Floraux (Auguste Lestourgie). — Les Deux Serments (suite).
(Jules Eris-EI).- Histoire de Jésus-Christ d'après la science. XV. Traditions messianiques dans la Grèce
antique (Adrien Peladan). — Mlle Eugénie de Guérin. Il. (Edouard Salvador). - Bienfait et reconnaissance
(M-a Georgette Ducrest). - La Voix de Toulouse (A. P.).- St-Gcrvais (Dr P.) — Bibliographie. Couronnes
académiques, par J. Lesguillon -, Saint Philibert, par Philibert Le Duc. — Voyages à travers les mondes
poétiques (Gaston Dargy).- Album. Poésies de MM. Paul Raynaud , Léun Robert, Grivet , Victor de Les-
tang Aubin, V. Ladet, J.-B. Gerraz; Louis Oppepin. — Notes et documents pour servir à l'histoire de Lyon
sous le règne de Louis XIV. (A. Përicaud rainé). — Letlre à M. Elie de Beaumont (Chr de Paravey).
~\-\ la petite ville d'A.
-'-:.' ; -J --
—iÏPrifVE COURgjNNÉÉ-rAjX JEUX FLORAUX DE 1864. (1)
-Est-ce un- bien 'ïâjéce un mal ? que répondre aujourd'hui?
Montai=gat-^ue sais-je ? et je fais comme lui !
ANCELOT.
Nous espérions pour toi le Rail-'Way fantastique ;
Pâlissant sur la carte et sur la statistique ,
Six mois on nous a vus prouver ingénument,
Et chacun apportait le chiffre ou l'argument,
Que de ton fleuve bleu les verdoyantes rives
S'aplaniraient bientôt pour les locomotives ;
Qu'il fallait, qu'on devait nous donner ce chemin :
Nous eussions dit : Trop tard, si l'on eût dit : Demain
Que de sauvages mots ont troublé ma mémoire 1
Le temps a fait tomber ma fièvre de grimoire ;
Je ne puis sans sourire ici me rappeler
Tels vocables savants que je dus épeler :
Balast, trafic, niveau, courbe, transit et tonne 1
De ce docte bagage aujourd'hui je m'étonne.
Humhlt servant d'Isaure, hélas 1 plus familier
A cueillir la fleurette aux champs que le laurier,
Mais à défaut de lyre ayant une musette.
A ce point ai-je pu farcir ma pauvre tête
D'un indigeste amas d'algèbre et de discours.
Car nous en avons fait de très-longs, de très-lourds J..
C'était pour toi, doux nid des chansons printanières ,
Par amour du clocher d'où montent nos prières,
De tes blanches maisons qui se mirent dans l'eau,
Que se formait ce vœu d'un avenir plus beau.
Puis, c'était le mot d'ordre, un mal épidémique,
Qui gagnait le rentier, entrait dans la boutique,
Mirage 1 rêve d'or 1.. on vend tout à souhait !
On achète pour rien I. C'était le pot au lait 1
Quelque hôtelier peut-être en aparté murmure ,
Mais le bien général. D'ailleurs, l'affaire est mûre;
Et déjà les jalons, surmontés d'un drapeau,
(1) Nous publions aujourd'hui l'Epître couronnée aux jeux
floraux, de M. Lestourgie. Nous rappellerons à cette occasion
le charmant volume de Rimes Limousines, du même autcur,
que nous avons précédemment analysé, et qui se vend au profit
de la reconstruction de l'église Saint-Pierre d'Argental, patrie
de M. Lestourgie. Demander cet ouvrage à un auteur, c'est
orner sa bibliothèque d'un excellent recueil de plus et concou-
rir à une bonne œuvre.
Adrien PELADE.
Tracent le cours béni de ce Sacramento 1
Victoire 1 avons-nous dit durant bien des semaines.
Et nous en serons donc, chers amis, pour nos peines ?
On ne nous parle plus de ce Rail-Way .charmant ! [ment !
On dit. Quoi donc ? — Pas même un pauvre embranche-
Protestons 1 — protestez ! — mais pour moi je proteste
Que j'en prends mon parti : Dieu 1 je me sens plus leste,
Plus heureux; mon cœur chante et vit comme autrefois,
J'étais fou ! l'on allait me gâter nos grands bois,
A mes rêves épars dans les fraîches clairières
Mettre à tout bout de champs d'insolentes barrières,
Effrayer l'hirondelle en son timide vol,
Assourdir de sifflets fauvette et rossignol,
Encaisser nos ruisseaux, broyer nos aubépines,
Souiller nos gazons verts, niveler nos collines,
D'une opaque fumée obscurcir notre azur,
Mêler la houille infecte à l'arôme si pur
De nos matins de mai ; pourquoi ? je le demande :
Pour la gloire, après tout, cette gloire est bien grande! —
D'avoir ton nom de ville écrit sur l'Almanacli
Et sur l'Indicateur, tout comme Graissessac !
Quoi 1 ma jeune cité, modeste batelière
Qui baignes tes pieds nus dans la calme rivière.
Qui vois sur le coteau mûrir le doux raisin,
Pour qui la plaine tisse, au temps du sarrazin ,
Ta robe nuptiale à la blancheur de neige,
Ainsi tu livrerais au trafic sacrilége
Ta beauté, tes trésors ? un conducteur banal
En- ferait les honneurs à son train infernal,
Jetant ton nom sonore et cher à mon oreille
Au voyageur grognon qui se plaint qu'on l'éveille !
Tu voudrais. Mais, pardon, notre rêve est fini.
Dans la feuillée épaisse on laissera mon nid,
Et si, séduit un jour, j'ai crié comme un autre,
Quand, de tes droits jaloux et se faisant l'apôtre.
Chacun de tes enfants sur la brèche est allé,
J'ai réfléchi depuis et je suis consolé.
Eh bien ! tu n'auras pas de buffet et de gare ;
Les colis entassés, l'insolente bagarre,
Les trucs et les signaux, tu ne les auras point :
Et tu ne verras pas dans ta vallée au loin
Se dérouler le soir un ondoyant panache.
Nous nous contenterons de l'antique patache.
Que de maigres coursiers, sur un tremblant essieu,
Comme un convoi funèbre amènent au chef-lieu.
Mais là, du moins, on cause, on rit et l'on voisiue :
LA FRANCE LITTÉRAIRE --
ARTISTIQUE, SCIENTIFIQUE, .-. 1-t'
ParaU tous les samedis. — Reproduction interdite à moins d'une convention spéciale._
SOMMAIRE. ■ h 1 ° 17 -
A la petite ville d'A. épître couronnée aux Jeux-Floraux (Auguste Lestourgie). — Les Deux Serments (suite).
(Jules Eris-EI).- Histoire de Jésus-Christ d'après la science. XV. Traditions messianiques dans la Grèce
antique (Adrien Peladan). — Mlle Eugénie de Guérin. Il. (Edouard Salvador). - Bienfait et reconnaissance
(M-a Georgette Ducrest). - La Voix de Toulouse (A. P.).- St-Gcrvais (Dr P.) — Bibliographie. Couronnes
académiques, par J. Lesguillon -, Saint Philibert, par Philibert Le Duc. — Voyages à travers les mondes
poétiques (Gaston Dargy).- Album. Poésies de MM. Paul Raynaud , Léun Robert, Grivet , Victor de Les-
tang Aubin, V. Ladet, J.-B. Gerraz; Louis Oppepin. — Notes et documents pour servir à l'histoire de Lyon
sous le règne de Louis XIV. (A. Përicaud rainé). — Letlre à M. Elie de Beaumont (Chr de Paravey).
~\-\ la petite ville d'A.
-'-:.' ; -J --
—iÏPrifVE COURgjNNÉÉ-rAjX JEUX FLORAUX DE 1864. (1)
-Est-ce un- bien 'ïâjéce un mal ? que répondre aujourd'hui?
Montai=gat-^ue sais-je ? et je fais comme lui !
ANCELOT.
Nous espérions pour toi le Rail-'Way fantastique ;
Pâlissant sur la carte et sur la statistique ,
Six mois on nous a vus prouver ingénument,
Et chacun apportait le chiffre ou l'argument,
Que de ton fleuve bleu les verdoyantes rives
S'aplaniraient bientôt pour les locomotives ;
Qu'il fallait, qu'on devait nous donner ce chemin :
Nous eussions dit : Trop tard, si l'on eût dit : Demain
Que de sauvages mots ont troublé ma mémoire 1
Le temps a fait tomber ma fièvre de grimoire ;
Je ne puis sans sourire ici me rappeler
Tels vocables savants que je dus épeler :
Balast, trafic, niveau, courbe, transit et tonne 1
De ce docte bagage aujourd'hui je m'étonne.
Humhlt servant d'Isaure, hélas 1 plus familier
A cueillir la fleurette aux champs que le laurier,
Mais à défaut de lyre ayant une musette.
A ce point ai-je pu farcir ma pauvre tête
D'un indigeste amas d'algèbre et de discours.
Car nous en avons fait de très-longs, de très-lourds J..
C'était pour toi, doux nid des chansons printanières ,
Par amour du clocher d'où montent nos prières,
De tes blanches maisons qui se mirent dans l'eau,
Que se formait ce vœu d'un avenir plus beau.
Puis, c'était le mot d'ordre, un mal épidémique,
Qui gagnait le rentier, entrait dans la boutique,
Mirage 1 rêve d'or 1.. on vend tout à souhait !
On achète pour rien I. C'était le pot au lait 1
Quelque hôtelier peut-être en aparté murmure ,
Mais le bien général. D'ailleurs, l'affaire est mûre;
Et déjà les jalons, surmontés d'un drapeau,
(1) Nous publions aujourd'hui l'Epître couronnée aux jeux
floraux, de M. Lestourgie. Nous rappellerons à cette occasion
le charmant volume de Rimes Limousines, du même autcur,
que nous avons précédemment analysé, et qui se vend au profit
de la reconstruction de l'église Saint-Pierre d'Argental, patrie
de M. Lestourgie. Demander cet ouvrage à un auteur, c'est
orner sa bibliothèque d'un excellent recueil de plus et concou-
rir à une bonne œuvre.
Adrien PELADE.
Tracent le cours béni de ce Sacramento 1
Victoire 1 avons-nous dit durant bien des semaines.
Et nous en serons donc, chers amis, pour nos peines ?
On ne nous parle plus de ce Rail-Way .charmant ! [ment !
On dit. Quoi donc ? — Pas même un pauvre embranche-
Protestons 1 — protestez ! — mais pour moi je proteste
Que j'en prends mon parti : Dieu 1 je me sens plus leste,
Plus heureux; mon cœur chante et vit comme autrefois,
J'étais fou ! l'on allait me gâter nos grands bois,
A mes rêves épars dans les fraîches clairières
Mettre à tout bout de champs d'insolentes barrières,
Effrayer l'hirondelle en son timide vol,
Assourdir de sifflets fauvette et rossignol,
Encaisser nos ruisseaux, broyer nos aubépines,
Souiller nos gazons verts, niveler nos collines,
D'une opaque fumée obscurcir notre azur,
Mêler la houille infecte à l'arôme si pur
De nos matins de mai ; pourquoi ? je le demande :
Pour la gloire, après tout, cette gloire est bien grande! —
D'avoir ton nom de ville écrit sur l'Almanacli
Et sur l'Indicateur, tout comme Graissessac !
Quoi 1 ma jeune cité, modeste batelière
Qui baignes tes pieds nus dans la calme rivière.
Qui vois sur le coteau mûrir le doux raisin,
Pour qui la plaine tisse, au temps du sarrazin ,
Ta robe nuptiale à la blancheur de neige,
Ainsi tu livrerais au trafic sacrilége
Ta beauté, tes trésors ? un conducteur banal
En- ferait les honneurs à son train infernal,
Jetant ton nom sonore et cher à mon oreille
Au voyageur grognon qui se plaint qu'on l'éveille !
Tu voudrais. Mais, pardon, notre rêve est fini.
Dans la feuillée épaisse on laissera mon nid,
Et si, séduit un jour, j'ai crié comme un autre,
Quand, de tes droits jaloux et se faisant l'apôtre.
Chacun de tes enfants sur la brèche est allé,
J'ai réfléchi depuis et je suis consolé.
Eh bien ! tu n'auras pas de buffet et de gare ;
Les colis entassés, l'insolente bagarre,
Les trucs et les signaux, tu ne les auras point :
Et tu ne verras pas dans ta vallée au loin
Se dérouler le soir un ondoyant panache.
Nous nous contenterons de l'antique patache.
Que de maigres coursiers, sur un tremblant essieu,
Comme un convoi funèbre amènent au chef-lieu.
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Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.52%.
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