Titre : La France littéraire, artistique, scientifique / dir. Adrien Peladan
Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1865-12-31
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327779296
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 décembre 1865 31 décembre 1865
Description : 1865/12/31 (A10). 1865/12/31 (A10).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63104811
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-4584
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/12/2012
DIXIÈME ANNÉE LIVRAISON DU 31 DÉCEMBRE 1865.
LA FRANCE LITTÉRAIRJL,
ARTISTIQUE, SCIENTIFIQUE.
tous les mois. — Reproduction interdite à moins d'une convention spéciale. s 8 yf ,
(w ..-;':' ¡:.', '-;
! 3 i^^4u( £ rlNDlMUS.
Jrexpression de la société ;
les^^vai/^d^Jlespm reflétent essentiellement
l'état 6 bien 1 pour le sage qui ob-
serve les livres et les journaux , quelles tristes
réflexions à faire ! Nous n'irons pas jusqu'à in-
terpeller l'homme qui a pénétré plus avant dans
les mystères de la presse, celui qui connaît ce que
nous nommerons l'intérieur de beaucoup d'en-
treprises intellectuelles et de directions littérai-
res; ce que cet homme initié nous révélerait, se-
rait difficilement cru ; car, - quelle déception ac-
cablante, lorsqu'à la place des pontifes de l'idée,
il nous serait offert des habiles, des exploiteurs,
peut-être des histrions. Ne pénétrons donc pas si
avant, et contentons-nous de ce que nous pou-
vons en quelque sorte atteindre avec la main;
nous n'y trouverons que trop matière à gémir sur
le chaos social.
Et d'abord, demandez à des centaines d'écri-
vains d'où leur vient leur mission ? Qui leur a
donné le droit de dérober au public des moments
toujours précieux, et de lui servir une pâture
littéraire où rien d'étbéré ne palpite, où rien de
généreux n'a gravé son empreinte , où trop sou-
vent le besoin d'attirer l'attention fait sacrifier
au scandale, à l'immoralité, à l'immolation de la
vérité historique, au réalisme , cette destruction
de l'idéal, cet auxiliaire de toutes les mauvaises
passions.
D'où viennent ces aberrations ? Comment ex-
pliquer cet oubli flagrant des convenances et
du respect de l'honnêteté ? D'une situation géné-
rale où les principes sont altérés, sinon détruits ;
où l'égoïsme a, de proche en proche , tout en-
vahi. Il y a sans doute encore une large agréga-
tion d'hommes dévoués au bien ; mais examinez-
les de près , et vous reconnaîtrez que, presque
sans qu'ils s'en doutent, ils ont l'esprit de leur
époque , l'étroitesse. Ils ne savent ni regarder
hant , ni atteindre au loin ; ce sont des âmes
bonnes, mais vulgaires. Pour l'esprit supérieur,
qu'il serit dans l'obscurité, ou qu'il occupe une
position sociale, quand donc a-t-il été plus seul?
Quand donc a-t-il moins trouvé de sympathie ?
Ce que la providence lui a départi-de préroga-
tives, ce que son amour de la vérité lui a légué
de chevaleresque , effraie ce qui l'entoure ; il y
a chez lui quelque chose de cette majesté du
saint des saints, qui terrifiait les adorateurs du
Dieu d'Israël ; seulement cette crainte est injus-
tifiée, car on devrait se rapprocher de ce feu sa-
cré, inconnu de la presqu'unanimité des indi-
vidus , et comme survivant à l'écart dans l'âme
de ce croyant.
On parle de progrès, de liberté, de triomphes
philosophiques : grands mots que tout cela et
trompeur mirage, au fond. C'est dans les résul-
tats que les choses s'apprécient, non autrement.
Hé bien ! croyez-vous avoir tout dit, quand vous
aurez vanté vos théories utilitaires ? Donnez-nous
le bien-être tant promis par les faux sages, et
nous croirons en vous. Donnez le calme à notre
esprit, la joie à notre cœur ; restaurez le culte
des affections, l'amour du beau, et ce sera le
progrès.
Que voulez-vous que nous fassions des hommes
et des livres qui nous corrompent, qui nous affai-
blissent, qui nous - courbent vers la terre ? A quoi
peuvent vous servir ces aspirations qui vous con-
sument. qui vous précipitent vers le lucre , qui
vous enfièvrent pour l'argent? Vousavez foulé aux
pieds la foi jurée , le droit de l'innocence , et
fait de la justice un instrument de mensonge.
Quel abîme! -
Les sciences exactes ont avancé, elles ont créé
des établissements qui étonnent et qui distancent
les travaux énormes de l'antiquité; nous le vou-
lons bien ; mais avez-vous conservé la pensée de
Dieu dans vos machines, dans vos chars de feu,
dans vos fils merveilleux qui transmettent la pa-
role à des milliers de lieues avec la rapidité de
la pensée ? Non, vous avez élevé un panthéon ;
mais vous y avez convié toutes les divinités, moins
celle qui est la vérité , la voie et la vie, et qui
demeure éternellement. La poésie comme la
foi a été proscrite de vos usines et de vos ré-
seaux de chemins ferrés ; or où la poésie , c'est-
à-dire l'élévation , n'habite pas , Dieu ne saurait
se rencontrer, et partout la merveille de votre
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LA FRANCE LITTÉRAIRJL,
ARTISTIQUE, SCIENTIFIQUE.
tous les mois. — Reproduction interdite à moins d'une convention spéciale. s 8 yf ,
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Jrexpression de la société ;
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serve les livres et les journaux , quelles tristes
réflexions à faire ! Nous n'irons pas jusqu'à in-
terpeller l'homme qui a pénétré plus avant dans
les mystères de la presse, celui qui connaît ce que
nous nommerons l'intérieur de beaucoup d'en-
treprises intellectuelles et de directions littérai-
res; ce que cet homme initié nous révélerait, se-
rait difficilement cru ; car, - quelle déception ac-
cablante, lorsqu'à la place des pontifes de l'idée,
il nous serait offert des habiles, des exploiteurs,
peut-être des histrions. Ne pénétrons donc pas si
avant, et contentons-nous de ce que nous pou-
vons en quelque sorte atteindre avec la main;
nous n'y trouverons que trop matière à gémir sur
le chaos social.
Et d'abord, demandez à des centaines d'écri-
vains d'où leur vient leur mission ? Qui leur a
donné le droit de dérober au public des moments
toujours précieux, et de lui servir une pâture
littéraire où rien d'étbéré ne palpite, où rien de
généreux n'a gravé son empreinte , où trop sou-
vent le besoin d'attirer l'attention fait sacrifier
au scandale, à l'immoralité, à l'immolation de la
vérité historique, au réalisme , cette destruction
de l'idéal, cet auxiliaire de toutes les mauvaises
passions.
D'où viennent ces aberrations ? Comment ex-
pliquer cet oubli flagrant des convenances et
du respect de l'honnêteté ? D'une situation géné-
rale où les principes sont altérés, sinon détruits ;
où l'égoïsme a, de proche en proche , tout en-
vahi. Il y a sans doute encore une large agréga-
tion d'hommes dévoués au bien ; mais examinez-
les de près , et vous reconnaîtrez que, presque
sans qu'ils s'en doutent, ils ont l'esprit de leur
époque , l'étroitesse. Ils ne savent ni regarder
hant , ni atteindre au loin ; ce sont des âmes
bonnes, mais vulgaires. Pour l'esprit supérieur,
qu'il serit dans l'obscurité, ou qu'il occupe une
position sociale, quand donc a-t-il été plus seul?
Quand donc a-t-il moins trouvé de sympathie ?
Ce que la providence lui a départi-de préroga-
tives, ce que son amour de la vérité lui a légué
de chevaleresque , effraie ce qui l'entoure ; il y
a chez lui quelque chose de cette majesté du
saint des saints, qui terrifiait les adorateurs du
Dieu d'Israël ; seulement cette crainte est injus-
tifiée, car on devrait se rapprocher de ce feu sa-
cré, inconnu de la presqu'unanimité des indi-
vidus , et comme survivant à l'écart dans l'âme
de ce croyant.
On parle de progrès, de liberté, de triomphes
philosophiques : grands mots que tout cela et
trompeur mirage, au fond. C'est dans les résul-
tats que les choses s'apprécient, non autrement.
Hé bien ! croyez-vous avoir tout dit, quand vous
aurez vanté vos théories utilitaires ? Donnez-nous
le bien-être tant promis par les faux sages, et
nous croirons en vous. Donnez le calme à notre
esprit, la joie à notre cœur ; restaurez le culte
des affections, l'amour du beau, et ce sera le
progrès.
Que voulez-vous que nous fassions des hommes
et des livres qui nous corrompent, qui nous affai-
blissent, qui nous - courbent vers la terre ? A quoi
peuvent vous servir ces aspirations qui vous con-
sument. qui vous précipitent vers le lucre , qui
vous enfièvrent pour l'argent? Vousavez foulé aux
pieds la foi jurée , le droit de l'innocence , et
fait de la justice un instrument de mensonge.
Quel abîme! -
Les sciences exactes ont avancé, elles ont créé
des établissements qui étonnent et qui distancent
les travaux énormes de l'antiquité; nous le vou-
lons bien ; mais avez-vous conservé la pensée de
Dieu dans vos machines, dans vos chars de feu,
dans vos fils merveilleux qui transmettent la pa-
role à des milliers de lieues avec la rapidité de
la pensée ? Non, vous avez élevé un panthéon ;
mais vous y avez convié toutes les divinités, moins
celle qui est la vérité , la voie et la vie, et qui
demeure éternellement. La poésie comme la
foi a été proscrite de vos usines et de vos ré-
seaux de chemins ferrés ; or où la poésie , c'est-
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