Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-10-26
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 octobre 1922 26 octobre 1922
Description : 1922/10/26 (A23,N160). 1922/10/26 (A23,N160).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63035062
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-TROISIEME ANNEE N" 100 19 NUMERO : 15 CENTIMES JEUDI SOIR, 26 OCTOBRE 1922
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Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR LES "ANNALES COLONlAUS- SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
La Annonca el Réclama «ont reçues aux Bureaux éujournaltliani la Agence»
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On dabonne dm - tou-" Banaa de potto et elle. prillci. libraires
les Sttamtires ConsullaUyeS ne Htfpar
- •
Les bureaux de M. le Gouverneur gé-
néral Garbit n'ont pas bien service
haut fonctionnaire, lorsqu'ils ont. rédigé
l'arrété du a mai ; c'est en effet au Titre.
XIII do cet arrêté -que l'on se dêcivke ell-
* fin à nous dire à quoi pourront servir
ces Chambres consultatives dont on
nous a déjà entretenus au cours de Xll
titres. Et cotte hésitation même a quel-
quo chose de symbolique. De toute évi-
dence, les bureaux étaient fort « em-
bêtés » d'avoir à créer ces instruments
de colonisation : « Quand on crée quel-
que chose, se disaient-ils, on ne sait
jamais jusqu'où cela. ira, et, comment
cela tournera. » Et dans cet esprit de
défiance, on a commencé par entortiller
les nourrissons de façon si serrée que
très certainement ils ne pourraient re-
muer sans qu'on s'en aperçut. Puis,
quand on eut ramassé dans tous les ti-
roirs administratifs tous les brins de fi-
cetlle propres à servir de. liens, on se
décida à donner aux Chambres des fonc-
tions, et, cet effort coûta moins, parce
qu'on avait conscience de n'avoir rien
négligé pour se prémunir contre sa pro-
pre création : Les Chambres consulta-
tives ont. pour mandat. »
Mais, par un étrange renversement
des r«Mes, les fonctionnaires de. M. Gar-
bit chargent les Chambres consultatives
de ce qui, selon une saine concep-
tion, d-es choses, devrait, être leur fonc-
tion, à eux, fonctionnaires.
Les- Chambres consultatives sont ap-
pelées : 1° à représenter les intérêts lo-
caux. Cela peut être fort décoratif si les
commerçants sont tir beaux hommes ;
mais pour cela une série de mannequins
les remplacerait encore avantageuse-
ment; 2° à participer aux enquêtes éco-
nomiques. Remarquez le mot, rien là
n'est dépourvu d'intention. Qu'une con-
férence consultative ne s'avise pas, sur-
tout, de Iiiiit, ou d'instituer une enquête.!
Cëila offrirait tous les symptômes d'un
abus de pouvoir, et cette usurpation de
fonction pourrait mener loin les coml-
merçants. Non. non. Evitons h'. péché et
l'occasion du péché : les Chambres con-
sultatives participeront. et ce sera très
bien comme cela.
Pour se distraire, elles établiront des
statistiques, car chacun sait que le com-
merçant, tel qu'on le comprend dans les
bureaux, est possédé par la passion des
statistiques à tel point qu'il s'est mis
commerçant, tout exprès pour en faire.
De beaux tableaux, avec des graphiques
et ses encadrements au double trait,
rién de tel pour amener à faire fortune,
et quand on en a fait comme cela assi-
dûment pendant plusieurs années en se
garantissant des insolations, on peut re-
venir en Europe: on a fait sa pelote.
Le petit jeu auquel se livreront
assidûment tes membres d«s Chambres
consultatives pour justifier le. § 4
consistera à désigner des gens pour tels
ou tels emplois, en choisissant toute-
fois, dans les catégories désignées par
l'arrêté, car le libéralisme des bureaux
ne va pas très loin..
Ne croyez pas, d'ailleurs, que ceux-là
, qui ont rédigé l'arrêté se soient laissé
égarer par leurs titres au point de s'illu-
sionner sut leurs aptitudes. Ainsi, on
pourrait, à ces Chambres consultatives
qu'on vient de créer, ne jamais deman-
der de conseils. Mais on condescend à
prêter aux -- murmures des consultations
une oreille indulgente, bien mieux, on
s'oblige soi-même, par un sacrifice re-
nouvelé du pélican, à se priver parfois
d'une partie de son libre arbitre pour en
gratifier sa créature : Il L'avis des Cham-
bres consultatives est obligatoirement
demandé, sauf le cas d'urgence expres-
sément spécifié. Sur -quoi ? Prêtons
l'oreille ! Toutes les fois qu'il ne verra
pas un cas d'urgence, le Gouvernement
général devra consulter les Cham-
bres, et sur des choses d'intérêt primor-
dial : établissement de mercuriales,
changements relatifs aux usages com-
merciaux (?), etc. Diable 1 voilà des as..
semblées qui vont rendre jalouse la
Chambre des Communes. Evidemment,
à Madagascar, la démocratie coule à
pleins bords.
Heureusement, un article 61 et un
autre article 62 s'opposent préventive-
ment aux abus que rendent toujours
possibles la perversité humaine et l'af-
freux besoin d'insubordination : « Toute
délibération d'ordre politique où concer-
nant des questions qui ne sont pas d'in-
térêt économique, est interdite aux
Chambres consultatives- » Puis les bu-
reaux ont éprouvé un remords ; il leur
a paru qu'ils n'avaient pas mastiqué
avec assez de sollicitude les fissures par
où pouvait se glisser le souffle empesté
de l'anarchie et ils ont trouva finis
coronat opus cette formule généraile
embrassant tous les cas généralement
quelconques et autres à l'avenant :
« Toute question non inscrite à l'ordre
du jour. peut motiver les sanctions
prévues, » Cette fois, on peut dormir
fran quille.
Et quand on pense qu'il s'agit là d'une
terre neuve, ouverte à toutes les initia-
tives, et qui les appelle, et qui les pro-
voque, et qui offre en échange. d'ingénio-
sité, d'audace et de courage, toutes les
plus splendides récompenses 1 Mais que
vont-ils faire, certains ronds-de-cuir, des
terres de promesses que leur ont con-
fiées l'habileté de nos hommes d'Etat,
l'héroïsme de nos soldats, les sacrifices
de nos contribuables ? Nous leur prê-
tons un empire, ils y rédigent les Mé-
moires d'un garçon de bureau !
Des colons sont là - ils sont arrivés
pleins d'ardeur et d'enthousiasme, ils
ont engagé leurs capitaux et d'un cœur
joyeux risqué leur vie. Ils admettent vo
lonTiers qu'on limite leurs pouvoirs,
qu'on leur impose un court Décalogue
de prescriptions négatives : « Tu ne
feras pas cela, ni cela. » Mais que tout
ce qui nest pas interdit soit permis.
Vous voulez, commerçants, associer vos
efforts pour trouver le moyen de facili-
ter votre tâche ou de multiplier les
fruits de vos peines ? Libre à vous.
Vous voulez avoir des savants qui,
pour vous et par conséquent pour
tous fassent des recherches ? Vous
voulez des laboratoires, vous voulez des
champs d'expériences 1 Nous vous ai-
derons de nos conseils et de notre ap-
pui ; nous sommes là pour cela. Vous
êtes les pionniers, nous enregistrerons
le résultat de votre initiative. Osez,
créez, marchez !.
Hélas ! Quelle déception quand la
plus belle jeunesse de France, débar-
quant aux rives prometteuses, ouvre les
bras à l'avenir.
Lucien Gasparin,
Député de Vile de la Réunion,
Membre de la Cojnmission
des Colonies.
Vues marocaines
-0-0
llier, le. Maréchal Lijauteij, Résident
général de France au Maroc, a présidé
l'inaugumtion de l'Exposition des Artistes
marocains, à Fà Galerie Georges Petit.
Ce tut une très belle manifestation pré-
sentée avec beaucoup de goût, et l'on peut
dire que si Edouard Doigneau. et Henry
Cayon avaient fait un envoi, aucun maître
ayant visité le Maroc et y ayant peipt. ne
manque à Vappel.
Suivons l'ordre- alphabétique :
C'est sous des couleurs moins gaies
que nous n'avons eu la joie de les voir que
M. Etienne Bouchaud nous montre le jar-
din de la Medersa et la. Kasbah des Ou-
daias. Le You-you des femmes qui assis-
tent, du haut de leurs terrasses, à un re-
tour des fêtes à Fez a été joliment rendu
par J.-F. Bouchor.
Les scènes de Maurice Bouviolle {mar-
ché marocain, conteur sous l'olivier, les
Pastèqties) méritent de retenir l'attention
par leur dessin et la sobriété de l'expres-
sion-
Les dessins de Mlle Suzanne Crépin
sont très poussés : ils sont d'une belle ori-
ginalité dans leur simplicité ; citons ses
Femmes berbères, ses Négrillons, ses ci-
tadines du Maroc.
C'est une véritable joie pour les ifeux
que de regarder les envois aux coloris
éllncelantde Dagnac-Rivière ; ses Mar-
chands de pastèques dans le port de Tan-
ger, la Porte bleue, les Raccommodeurs de
lapis, sont, ses les meil-
leures. Citons les panneaux de peintures
de Gaston Durel. d'un pinceau très stlr, et
ceux de Jules Galnnd, toujours un peu
sombres, aussi a-t-il choisi ses modèles
parmi les vieux murs, au Vieux Château
et au Cimetière. C'est un rare effet de
noir qu'a œuvré admirablement R. Haardt
avec sa place lïjemma cl Fna, à Marra-
Icecit, d'une très grande puissance. la Kou-
loubia et le Musicien chleuh. Henri Hour-
ta1 nous présente un intéressant jardin
l'asi. - - -
Ll':s envois de Marcel Lalaune, lauréat
de la Société Coloniale des artistes français
l'an dernier pour le Maroc et qui vient d'y
passer huit mois, ont été particulièrement
appréciés. Mais il faut mettre hors de pair
son superbe tabIBu;u. commandé par la Ville
de Casablanca et représentant l'arrivée du
président de la République à Casablanca le
;) avril dernier. Signalons aussi les vues
de Rabat d'Albert Laprade, les dessins
très poussés de Lucien de Malleville, les
projets d'affiches d'Edouard Marcel San
doz (la, Fontaine à Salé et la. Porte du Ma-
roc), les envois d'André Suréda d'une fac-
ture impeccable (campements de caïds, le
portrait de Glaoui, pacha de Manakerh.)
Mais voici des chevaux campés comme
personne ne les campe, de loin, j'ai re-
connu, ce sont les envois de Maurice Rom-
berg, le maître du Maroc, celui qui, il y a
trente ans, y fit un premier tableau et dont
lai tradition: et le beau talent sont dans la
mémoire de tous ceux qui, depuis un quart
de siljcle, suivent les peintres orientalistes
ft coloniaux.
Pour finir, saluons Jacques MajoreMe,
dont j'ai fait la. connaissance^ en, 1917 et
qui, depuis, n'a pas quitté le Maroc. Il s'est
installé à Marralrch et il y a fait une œu-
vre plus qu'utile. Il n'est pas donné à tout
le monde - de prendre ses - modèles dans le
Grand- Atlas, ses vues de Tinitine. de Dar
Abderrahman-O-MOn et d-e Tizi n'Tasgah,
confirment les helles espérances qu'il don-
nait alors. Mais que nous sommes loin de
Vanaj et des meubles qui ont fait la pre-
mière renommée de Major elle.
Marcel Ruedei
- Une conférence coloniale
en Sorbonne
En mie heure à peine,
avec utw voix chaude et
prenaiitc, en un langage
sobre et châtié, d'une fa-
çon lumineuse et attrayan-
te M. Gourdon, inspec-
teur général de l'Instruc-
tion publique en Indo-
chine, avec une précision
et une sûreté remarquables, a brossé, sa-
medi, en Sorbonne, un large tableau de ce
que sorti, et de ce que pourront être, demain,
au point, de vue économique, toutes nos pos-
sessions d'outre-mer. Le rapide et complet
inventaire qu'il a fait de leurs' multiples ri-
chesses, les espoirs qu'il fit naître et qui res-
sortent si puissamment de l'œm:re si vaste et
éminemment nationale accomplie par nos
riches colonies durant la grande guerre, ont
enthousiasme littéralement l'auditoire, qui
reçut finalement la promesse à apercevotr
quelques instants après, illustrées, matériali-
sées par l'écran, les visions suscitées par le
conférencier.
¡Nias!. les pauvres, les lamentables vi-
sions que nous avons eues. du moinsi en et
qui touche plus particulièrement nos colonies
africaincs.
D'abord, ce sont quelques vues de t Algé-
rie, die Maroc, déjà souvent of fertes dans de
nombreux cinémas, et qui ne nous appren-
nent rien sur le mouvement économique si
puissant du Nord-Africain.
Et nous passons à l'A. 0. F. Films flous,
se déroulant trop rapidement, où nous
voyons, de très loin, Varrivée, a Dakar, la
côte. Gorcc : dam un brouillard. le port
(sans un paquebot, sans le moindre cargo).
puis une vue d'ensemble de M ville, mau-
vaise. un coin dit marché, minuscule. un
autre coin pauvre d'un marché voisin. un
paysage du Cayor, baobabs vus d'une por-
tier e de wagon. puis nous passons en Gui-
lzée, à Kankan, où Ton nous présente la ri-
vière Milo, quelconque, comme étant le Ni-
ger, notre beau et large Niger. un tamlam,
tout à fait ordinaire. et c'est tout. Voilà
VA. O. F.
On passe ensuite à ï Indochine : beaucoup
1/l/:'llX certes, car, au moins, y montre-t-on
des monuments, des cérémonies fastueuses à
la Cour d'Annan. des rues de Saigon.
Mais on préférerait voir des rizières, des
usines, des quais encombrés de marchandises,
des scènes de la'-¿oie jurait, etc., etc. toutes
choses qui existent, et qui fixent les idées,
qui ouvrent des horizons aux profanes accou-
rus ce soir pour s'instruire.
Mais Jladagascar, l'A.. E. F., les Antilles,
la Nouvelle-Calédonie?. Mais les champs
de coton. d'arachides, de sisal, les forêts de
palmiers, les clndes d'eau, les plantations de
bananes et d'ananas, o-ù sont-ils? Où peut-on
les voir?
D'où pro'i.!iCnJ1CJrt. ces misérables documents
qui ne devraient plus avoir cours?. Nous
savons que les agences et offices de nos di-
verses colonies possèdent de merveilleux
films, et d'actualité. Peut-être étaient-ils
utilisés ailleurs? Dans ce cas mieux valait
ne rien faire voir, ou attendre d'avoir les
éléments nécessaires, car je crains, je suis
même sûr que la « jeunesse » qui assistait à
cette réunion n'a pas été emballée (comme il
eût fallu) par la vue de nos misérables et sor-
dides possessions..
Il ne faut pas jeter de la poudre aux yeux,
c'est entendu, mais de là à dégoûter, ou, ce
qui ne vaut guère mieux, à laisser indiffé-
rents les candidats éventuels à la vie colo-
niale.
Morale : soignons notre propagande. Ne
nous contentons plus, quand il s'aeit de per-
suader et de conquérir, de l'à peu près.
Sinon, nous ne ferons rien de bon et de du-
rable.
Or. l'autre soir, je suis parti navré, la tête
basse, et je n'étais pas le seul, d'autres vrais
et purs coloniaux autou; de moi n'étaient pas
satisfaits. « Belle conférence, murmurait-
cn, séduisante et des plus instructives. »
Mais pauvre et misérable illustration, pas du
tout faite pûte hausser les coeurs et provo-
quer les vocations coloniales. Cependant,
c'est ce que nous voulons à cette heure. et
c'est ce que nous réaliserons si nous savons
nous y prendre.
George. Barthélémy,
Député du Pas-de-Calais
Délégué du Soudan Français
et de la Îhvite-Volta
au Conseil Supérieur des Colonies
00
la loi de M heores et les serras ooleniaul
O-c-
Au Havre, le mot. d'ordre de la grève
générale des marins n'a pas été suivi. Jus-
qu'ici, la navigation continue comme à l'or-
dinaire. Cette décision n'avait été prise
d'ailleurs que par une minorité représen-
tant environ le douzième des marins du
port.
A Bordeaux, en signo de protestation
contre les condamnations infligées aux
membres de l'équipage du Lutetia, par le
tribunal maritime, les marins des vapeurs
Samara, Volubilis, Asie et Alba ont mis au-
jourd'hui sac h terre pour 23 heures, lais-
sant cependant à bord des équipes de sur-
veillance.
Cette grève a été rendue effective, sans
préavis aux Compagnies.
Adieu la verte !
00
Le Journal officiel publie ce matin un
décret qui ne va pas manquer de faire sen-
sation aux colonies. En effet. aux termes
de ce nouvel ukase, sont frappés les spiri-
tueux où dominent la saveur et l'odeur, de
l'anis et qui donnent (je cite le texte) « par
addition de quatre volumes d'eau distillée,
à 15°, un trouble qui ne disparaît pas com-
plètement par une nouvelle addition de trois
volumes d'eau distillée à 15° ».
Je vous défie de lire d'un trait cette
phrase où l'eau distillée occupe une place
importante et fait tant de. volume.
Mais continuons « Toutefois, doivent être
considérés comme liqueurs similaires les
spiritueux anisés ne donnant pas de trou-
ble par addition d'eau ». Ils ont pensé à
tout ! Ainsi fini le bon temps. Adieu vains
apéritifs, « Cressonnée, .4nis del Oso,
Amourette » et autres filles illégitimes du.
vieux Pernod,qui troublaient non seulement
Cea.n de notre verre mais parfois si aqréa-
blement le cerveau. et même la digestion.
Adieu, vous tous qui. sous le chaud so-
leil colonial, dans la lointaine brousse où
L'implacable cafard vous gtlette, veniez
nous procurer quelques instants de bonheur
et étancher notre soif.
Nos lecteurs n'ont pas oublié les articles
que notre brillant collaborateur G. Bartlté-
lemii a consacré à ce sujet.
Lui qui regrettait la. prohibition injuste de
l'absinthe, que va-t-il dire maintenant ?
Il ne nous reste rien que nos yeux pour
pleurer et des apéritifs insipides pour nous
désaltérer.
l'n arrêté du gouverneur général aux co-
luniis, comme en Algérie déterminera les
caractéristiques des liqueurs qui seront con-
sidérées <'n Algérie comme similaires d'ab-
sint/le. Il est accurt/é trois mois, pour
l'écoulement des sttJC/Ui,
L'Algérie a r-aincu l'absinthe.
L'amer est roi.
Joé Poyet.
Les origines de Dakar
--0-0.-
Dakar naquit dans une île. C'est ce que
M. l'administrateur en chef des colonies, Hen-
ry Hubert, a découvert au cours de ses re-
cherches de géophysique sur la presqu'île du
Cap Vert.
Au début du quaternaire, Dakar (le terrain
où se trouve actuellement Dakar) était une
île, comme Gorée, et se rattachait, géologi-
quement, aux différentes îles de l'Atlantique,
bien plus qu'au continent.
Les actions tectoniques qui avaient détaché
de celui-ci les Canaries, les îles du Cap Vert
et peut-être même les îles de l'Atlantique mé-
ridional, en avaient aussi séparé Dakar. Ces
actions avaient été précédées, et elles furent
accompagnées ou suivies d'éruptions volcaniques
qui ont laissé leurs traces dans toutes ces îles,
alors que de semblables phénomènes n'ont pas
été mis en évidence dans l'intérieur de l'Ouest
Africain.
C'est au moyen de dépôts récents que se
fit la soudure de l'île et du continent. Le cou-
rant marin se trouvant rejeté dans I ouest, la
rade de Dakar se forma à l'abri de l'ensable-
ment et de la grande houle.
Des falaises de basaltes que Ion aperçoit
du paquebot lorsqu'on arrive à hauteur des
Madeleines, protégèrent la nouvelle presqu'île
des érosions, et ces affleurements ont consti-
tué les môles, grâce auxquels ont pu être
creusées les baies.
Cette protection de Dakar serait quelque
peu compromise, d'après M. Henry Hubert,
par le décapage intensif auquel on se livre de-
puis plusieurs années pour avoir des matériaux
de construction.
Je signale ce tait à mon ami 1V1. Jacques
Bernard, l'architecte des Bâtiments civils, pour
qu'il n'ait pas plus tard à étayer ses constrpc-
tions comme il fallut le faire jadis pour le pa-
lais du Gouvernement général, autant que je ny
souvienne.
M. Henry Hubert cite plusieurs cas de fis-
sures du sol et des immeubles. La cathédrale
de Dakar ne s'est-elle pas écroulée, il y a
une quinzaine d années ? Il est à souhaiter que
les études de remplacement de la nouvelle ca-
thédrale soient poussées assez à fond pour évi-
ter une catastrophe.
Par son travail que j'ai analysé rapidement,
M. Henry Hubert a dbnc mis en garde con-
tre les caprices du sol de Dakar et rendu ser-
vice aux constructeurs qui ne voudraient pas voir
leurs maisons s'abattre comme un château de
cartes.
Eugène Devanx.
A la banque de la Réunion
M. A. Mas, ancien député, qui dirige depuis
de muiltîples années la Banque privilégiée de
la Réunion, va prendre sa retraite.
M. Albert Sarraut a choisi son successeur,
c'est un sympathique et distingué adminis-
trateur en chef des colonies, ft. Joseph Jou-
lia. M. Joulia qui a 60 ans a fait une longue
et laborieuse carrière. Après trois ans de ser-
vices militaires, il a débute en 1889 comme
agent auxiliaire au Congo. Il a été succes-
sivement en service à la Côte d'Ivoire, où il
est resté dix ans, au Haut-Sénégal, dans 1 In-
de et en Nouvelle-Calédonie dont il a été
pendant quatre ans secrétaire général et où il
a assuré l'intérim du Gouvernement.
Ajoutons pour être complet que M. Joseph
Joulia est originaire de Carcasonne, dont M.
Orner Sarraut .fut pendant de -longues années
le maire estimé et vénéré. Ses deux fils, Mau-
rice et Albert Sarraut, sont, l'un, sénateur et
l'autre, député du département de l'Aude.
Los lonYOlles-Búbrinos 08 dangBII
00
Depuis plusieurs mois il n'a été fait aucune
communication sur l'affaire des Nouvelles
Hébrides et ce silence a provoqué l'inquié-
tude de tous ceux qui montent la garde pour
surveiller cet archipel. Cependant, si nous
sommes bien informés, la Société française
des Nouvelles Hébrides (S.F.N.H.) va se
trouver d'ici peu de jours dans l'obligation
de déposer son bilan si personne ne vient à
son secours
On sait, comme nous l'avons fait connaître
dans les Annales Coloniales du 3 avril der-
nier que la S. F. N. H. a été condamnée à rem-
bcujrser à la Banque de l'Indochine une
somme de 1.673.042 francs 15 centimes avec
les intérêts de droit- et qu'elle n'a pour s'ac-
quitter d'autre ressource que l'aliénation de
son domaine foncier, celui-ci ne donnant
qu'un revenu insuffisant pour en payer la
'garde et l'Administration. C'est cette situa-
tion désespérée qui a déterminé la Société à
engager, il y a un an, des pourparlers avec
le Coummonwelt Australien pour lui en faire
la cession, après avoir fait en vain et à plu-
sieurs reprises des propositions au Gouverne-
ment francais dans le même but.
L'alerte provoquée au mois de novembre
dernier par les démarches qu'un intermé-
diaire faisait en Australie pour le compte de
la S.F.N.H. ont ému l'opinion publique
française et le Ministre des Colonies a envi-
sagé l'achat par le Gouvernement des actions
de la Société appartenant aux héritiers d'Hig
ginson qui en possèdent le plus grand nom-
bre (7.726 sur 0.000).
Une entente étant intervenue pour cette
opération entre la Banque de l'Indochine cf
le Ministre des Colonies, M. Sarraut en saisit
la Commission des Colonies et celle des Fi-
nances de la Chambre. Les explications qui y
furent données déterminèrent un projet de loi
ouvrant un crédit d 5.000.000 de fr. au Mi-
nistre des Colonies pour l'achat des actions
de la S. F. N. H. appartenant aux héritiers
d'Higeinson.
Dans l'une des ïéancoîj suivantes des Com-
missions donr il vient d'être question, M. le
député Ballande est intervenu pour déclarer
que les actions à acquérir ne valaient pas la
somme de 5.000.000 (cinq millions) et que
l'Etat ne devait pas les payer au-dessus de
leur valeur. Les arrangements que le Minis:
tre des Colonies proposait de prendre avec la
Banque de l'Indochine et le projet de loi de
M. Archimbaud furent ajournés et depuis on
n'en a plus entendu parler.
Il y a peu de temps une délégation ne com-
prenant que des personnes fort" au courant de
la situation des Nouvelles Hébrides a été
reçue par M. Sarraut auquel elle a exposé
la nécessité d'une action très urgente pour
éviter à la S.F.N .H. l'obligation de déposer
son bilan. Le Ministre lui a promis d'agir au
plus vite et depuis rien n'est venu interrom-
pre le silence qui est fait sur cette affaire
dont chaque jour augmente la gravité.
Cette délégation a remis en même temps
à M. Sarraut un mémoire dans lequel sont
exposés les faits et les documents concernant
l'affaire des Nouvelles Hébrides depuis son
origine jusqu'à ce jour. Un exemplaire a été
envoyé à chacun des membres de la Commis-
sion des Colonies. Ils pourront se rendre
compte ainsi des motifs de l'intervention de
M. Ballande, député de la Gironde, dans
une affaire où il sera difficile de justifier son
désintéressement.
La Banque de l'Indochine ne pouvant
ajourner indéfiniment l'exécution du juge-
ment établissant sa créance a mis la S.F.N.H.
en demeure de la payer D'après les arran-
gements intervenus entre le créancier et le
débiteur la Société doit effectuer à la fin du
mois d'octobre courant un paiement dont elle
n'a pas le premier centime. La gravité de la
situation impose l'intervention du Gouverne-
ment pour ne pas exposer la France à per-
dre le plus important de ses droits sur un
archipel dont la propriété ne peut lui être
contestée. « Là où sont les intérêts, là doit
être la souveraineté. »
Quant au prix demandé pour soustraire le
domaine de la S.F.N.H. à toute possession
étrangère il ne peut pas faire l'objet d'une
contestation,. malgré la vertu de M. Ballande,
puisqu'il en a offert lui-même huit millions
le 23 juin 1914. Il y a des acquisitions dont
le prix ne peut être évalué.
C'est le cas des titres de la S.F.N.H. à
acquérir par le Gouvernement.
Le moment est venu de mettre un terme
aux discussions de toute nature, entachées de
suspicion, au sujet de cette affaire des Nou-
velles Hébrides à laquelle une solution s'im-
pose d'urgence.
Commandant Laporte
«ob-
A l'Exposition Coloniale de Marseille!
--0-0--
La clôture de l'exposition
Malgré l'affluence toujours croissante des
visiteurs qui viennent maintenant non seu-
lement de la France entière, mais de
l'étranger, l'exposition coloniale de Mar-
seille, devant tenir compte des exigences
clfmatoiiqucs et les indigènes ne pouvant
prolonger leur séjour en France au delà de
cette date, fermera ses portes irrévocable-
ment le dimanche 19 novembre.
Les semaines qui restent à courir sont
déjà consacrées à des séries ininterrom-
pues de fêtes et de réceptions officielles
dont quelques-unes auront un éclat excep-
tionnel, telles la grande manifestation fran-
co-italienne du 28 octobre avec le concours
de la musique des carabiniers royaux d'Ita-
lie, et celle du 5 novembre avec le con-
cour de la musique de la garde républi-
caine.
Un cortège des industries marseillaises,
un bal costumé et de grandes fêtes indi-
gènes marqueront la fin de cette exposi-
tion magnifique, qui pendant sept mois a
permis à la France métropolitaine de se
rendre un compte exact des admirables
ressources et des richesses de toutes sor-
tes que détient en réserve pour elle notre
immense empire colonial.
; Le gtneral fijMljiiitte la Sjrii
Ainsi que les Annales Coloniales l'avaient
annoncé, il y a quelque temps, le général
Gouraud a informé le ministre des Affai-
res étrangères de son désir de résilier ses
fonctions de Haut Commissaire de la Répu-
blique française en Syrie.
Il était évident que si on lui refusait
les crédits relativement considérables qu^il
estimait nécessaires à l'exécution de soU
mandat, le général Gouraud ne pouvait que
céder la place
Pour qui connaît la situation exacte en
Syrie, la réduction à 20.000 hommes du
corps d'occupation qui compte actuelle-
ment 31.000 hommes est une mesure pré-
maturée.
A TANGER
Un avion de la ligne Séville-Larache, ue-
nant de Laroche, pris dans une tourmente
pendant la traversée du détroit, est tombé
dans la banlieue de Tanger.
Le pilote, Etegui, et un officier espagnol
qui était à bord comme passager, ont été
tués. Les corps ont été inhumés au cime-
tière de Tanger.
ARRIVÉES
–0–
M. Estèbe, gouverneur de la Réunion, a
débarqué du Général-Duchesne à Marseille *
le 8 octobre.
M. Gerbinis, gouverneur des Etablisse-
ments français dans l'Inde, a débarqué le
lendemain dans cette ville, du Cordillère.
on-
Courrier de l'Algérie
00
Les événements et les hommes
Un récent arrêté de M. Steeg a classé
au nombre des Monuments historiques, la
villa Abd-el-Tif, offerte, depuis M. Jonnart,
à la résidence de jeunes peintres de valeur.
La décision est des plus heureuses : « Que
ne peut-on protéger de même tant d'autres
villas intéressantes qu'attend l'infortune
d'être remplacées sur les collines par
d'affreux cubes de cinq étages tels qu on
en voit déjà parmi les bosquets de la ban-
lieue ! » écrit à ce propos la Dépêche Algé-
rienne.
Notre confrère cite ensuite les villas his-
toriques méritant quelque attention :
Dar-llocein, à Hussein-Dey (administra-
tion des tabacs) ; Ali-Raïs, chemin Ma-
cleay, si séduisante d'architecture et de
décor printanier ; Mustapha-Pacha, station
de Mustapha-Supérieur, aux proportions
de forteresse ; le Jardin du Dey, créé pour
Hassan-Pacha, en 1795, et transformé en
hôpital miltaire.
S'évoquent ensuite les résidences des
hauts personnages barbaresques : VAgho,
au quartier de ce nom, acquise par le ma-
réchal Clauzel (disparue) ; la villa du mi-
nistre des haras, devenue, en 1846, le Pa-
lais d'Eté auquel, en 1916, fut substitué le
Palais actuel ; le somptueux Bardo, au
prince Hadj-Omar, occupé autrefois par le
sous-gouvemeur ; Mahl-Eddin, au contrô-
leur de la Monnaie, quartier Fontaine-
Bleue ; le Château d'Hydra, à l'agha des
soahis.
Et ce sont encore : à Birkadem. la villa
des Ben-Siam ; Kaïd-el-Bab, au préfet de
la porte, qu'embellit Charles Arnould ;
Ben-Négro, au secrétaire du dey (campa-
gne Bonifay) ; Cheik-el-Bled, au maire
d'El-Djezaïè (propriété Simondant).
C'est aussi (pour mémoire) à Bouzaréah,
lieu d'estivage, sous les Turcs, des riches
familles israélites : la ruine de Ben-Zak-
heM, jadis campagne du célèbre Bacri, où,
hen-t. l'honneur du dey, furent données deSl
fêtes splendides.
Et ce sont, en outre, avec les villas Ro-
be, Olivier, qu'habitèrent des gouverneurs,
les maisons d'été des agents diplomati-
ques ; les consulats diEspagne, ae Hollan-
de, à l'entrée d'El-Biar : de Toscane, au
Bon-Pasteur, non loin de la villa du Traité,
choisie pour la Signature de la capitulation
d'Alger, et que restaura si heureusement,
M. Gérandal ; le consulat de Suède, à
Saint-Raphaël, détruit lors du glissement
des terres de 1845, et où fut, en juillet
1830, la batterie Henri IV ; aux Aqueducs,
le consulat de Danemark, dont le maréchal
Bugeaud et Mgr Dupuch firent un orhe-
Iinat : au-dessus de Saint-Eugène, près du
jardin de France (petit Séminaire), les
maisons de Sardaigne et d'Angleterre, et,
plus en hauteur, le consulat d'Amérique.
Nous avions annoncé que M. Steeg
avait reçu au Palais d'hiver les membres
du Conseil général et du Conseil municipal.
Cette invitation fut accueillie avec em-
pressement.
Sans apparat ni protocole, la réception-
agrémentée d'un lunch, fut cordiale et
familière. M. Steeg était heureux de se
retrouver parmi des élus et des personna-
lités conndes, dans le grand salon mau-
resque du Palais d'hiver et dans une atmos-
phère de sympathie générale et confiante
A sept heures, les invités se retirèrent cil
témoignant à M. le Gouverneur général
leurs sentiments de gratitude et de défé-
rente estime.
Les œuvres présentées par les can-
didats au Grand prix artistique de l'Algérie
seront exposées du 1er au 15 novembre pro-
chain au Palais d'Hiver.
Elles seront soumises à l'examen d'un
jury composé ainsi qu'il suit :
MM. Dinet, président ; Ardaillon, rec-
teur ; vi coprésident ; Mercier, délégué
financier ; Boivin, directeur de l'intérieur
au Gouvernement général ; de Galland,
ancien maire d'Alger ; Mançais, directeur
du Musée des Antiquités ; Alazard, profes-
seur d'histoire de l'art à la Faculté des
lettres ; Cauvy, directeur de l'Ecole natio-
nale des Beaux-Arts ; Ferrando, directeur
de l'Ecole des Beaux-Arts d'Oran ; Bruno,
président de la Société des Artistes Orien-
- - - - - - --- - .- - --- --- - - - - - - - -- -- -- - -- -- .-..-. -- -- -- -- -- -- -- --- - - - - - - - - - -- - - - - - - - .:. 1
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ÀÀI -- inr j e~s 1
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR LES "ANNALES COLONlAUS- SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
La Annonca el Réclama «ont reçues aux Bureaux éujournaltliani la Agence»
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Bédstlioa et Atahistnlion : 34, Rue du Mont-Thabor, PARIS-1* Téléphone : LOUVRI 19-37
u. M 6 mois 8 mois
ABOIIIEMENTS ( France M Colonie* 56 a 30 » 16 »
a9ft UûW | Etrange M 45 25 ,
On dabonne dm - tou-" Banaa de potto et elle. prillci. libraires
les Sttamtires ConsullaUyeS ne Htfpar
- •
Les bureaux de M. le Gouverneur gé-
néral Garbit n'ont pas bien service
haut fonctionnaire, lorsqu'ils ont. rédigé
l'arrété du a mai ; c'est en effet au Titre.
XIII do cet arrêté -que l'on se dêcivke ell-
* fin à nous dire à quoi pourront servir
ces Chambres consultatives dont on
nous a déjà entretenus au cours de Xll
titres. Et cotte hésitation même a quel-
quo chose de symbolique. De toute évi-
dence, les bureaux étaient fort « em-
bêtés » d'avoir à créer ces instruments
de colonisation : « Quand on crée quel-
que chose, se disaient-ils, on ne sait
jamais jusqu'où cela. ira, et, comment
cela tournera. » Et dans cet esprit de
défiance, on a commencé par entortiller
les nourrissons de façon si serrée que
très certainement ils ne pourraient re-
muer sans qu'on s'en aperçut. Puis,
quand on eut ramassé dans tous les ti-
roirs administratifs tous les brins de fi-
cetlle propres à servir de. liens, on se
décida à donner aux Chambres des fonc-
tions, et, cet effort coûta moins, parce
qu'on avait conscience de n'avoir rien
négligé pour se prémunir contre sa pro-
pre création : Les Chambres consulta-
tives ont. pour mandat. »
Mais, par un étrange renversement
des r«Mes, les fonctionnaires de. M. Gar-
bit chargent les Chambres consultatives
de ce qui, selon une saine concep-
tion, d-es choses, devrait, être leur fonc-
tion, à eux, fonctionnaires.
Les- Chambres consultatives sont ap-
pelées : 1° à représenter les intérêts lo-
caux. Cela peut être fort décoratif si les
commerçants sont tir beaux hommes ;
mais pour cela une série de mannequins
les remplacerait encore avantageuse-
ment; 2° à participer aux enquêtes éco-
nomiques. Remarquez le mot, rien là
n'est dépourvu d'intention. Qu'une con-
férence consultative ne s'avise pas, sur-
tout, de Iiiiit, ou d'instituer une enquête.!
Cëila offrirait tous les symptômes d'un
abus de pouvoir, et cette usurpation de
fonction pourrait mener loin les coml-
merçants. Non. non. Evitons h'. péché et
l'occasion du péché : les Chambres con-
sultatives participeront. et ce sera très
bien comme cela.
Pour se distraire, elles établiront des
statistiques, car chacun sait que le com-
merçant, tel qu'on le comprend dans les
bureaux, est possédé par la passion des
statistiques à tel point qu'il s'est mis
commerçant, tout exprès pour en faire.
De beaux tableaux, avec des graphiques
et ses encadrements au double trait,
rién de tel pour amener à faire fortune,
et quand on en a fait comme cela assi-
dûment pendant plusieurs années en se
garantissant des insolations, on peut re-
venir en Europe: on a fait sa pelote.
Le petit jeu auquel se livreront
assidûment tes membres d«s Chambres
consultatives pour justifier le. § 4
consistera à désigner des gens pour tels
ou tels emplois, en choisissant toute-
fois, dans les catégories désignées par
l'arrêté, car le libéralisme des bureaux
ne va pas très loin..
Ne croyez pas, d'ailleurs, que ceux-là
, qui ont rédigé l'arrêté se soient laissé
égarer par leurs titres au point de s'illu-
sionner sut leurs aptitudes. Ainsi, on
pourrait, à ces Chambres consultatives
qu'on vient de créer, ne jamais deman-
der de conseils. Mais on condescend à
prêter aux -- murmures des consultations
une oreille indulgente, bien mieux, on
s'oblige soi-même, par un sacrifice re-
nouvelé du pélican, à se priver parfois
d'une partie de son libre arbitre pour en
gratifier sa créature : Il L'avis des Cham-
bres consultatives est obligatoirement
demandé, sauf le cas d'urgence expres-
sément spécifié. Sur -quoi ? Prêtons
l'oreille ! Toutes les fois qu'il ne verra
pas un cas d'urgence, le Gouvernement
général devra consulter les Cham-
bres, et sur des choses d'intérêt primor-
dial : établissement de mercuriales,
changements relatifs aux usages com-
merciaux (?), etc. Diable 1 voilà des as..
semblées qui vont rendre jalouse la
Chambre des Communes. Evidemment,
à Madagascar, la démocratie coule à
pleins bords.
Heureusement, un article 61 et un
autre article 62 s'opposent préventive-
ment aux abus que rendent toujours
possibles la perversité humaine et l'af-
freux besoin d'insubordination : « Toute
délibération d'ordre politique où concer-
nant des questions qui ne sont pas d'in-
térêt économique, est interdite aux
Chambres consultatives- » Puis les bu-
reaux ont éprouvé un remords ; il leur
a paru qu'ils n'avaient pas mastiqué
avec assez de sollicitude les fissures par
où pouvait se glisser le souffle empesté
de l'anarchie et ils ont trouva finis
coronat opus cette formule généraile
embrassant tous les cas généralement
quelconques et autres à l'avenant :
« Toute question non inscrite à l'ordre
du jour. peut motiver les sanctions
prévues, » Cette fois, on peut dormir
fran quille.
Et quand on pense qu'il s'agit là d'une
terre neuve, ouverte à toutes les initia-
tives, et qui les appelle, et qui les pro-
voque, et qui offre en échange. d'ingénio-
sité, d'audace et de courage, toutes les
plus splendides récompenses 1 Mais que
vont-ils faire, certains ronds-de-cuir, des
terres de promesses que leur ont con-
fiées l'habileté de nos hommes d'Etat,
l'héroïsme de nos soldats, les sacrifices
de nos contribuables ? Nous leur prê-
tons un empire, ils y rédigent les Mé-
moires d'un garçon de bureau !
Des colons sont là - ils sont arrivés
pleins d'ardeur et d'enthousiasme, ils
ont engagé leurs capitaux et d'un cœur
joyeux risqué leur vie. Ils admettent vo
lonTiers qu'on limite leurs pouvoirs,
qu'on leur impose un court Décalogue
de prescriptions négatives : « Tu ne
feras pas cela, ni cela. » Mais que tout
ce qui nest pas interdit soit permis.
Vous voulez, commerçants, associer vos
efforts pour trouver le moyen de facili-
ter votre tâche ou de multiplier les
fruits de vos peines ? Libre à vous.
Vous voulez avoir des savants qui,
pour vous et par conséquent pour
tous fassent des recherches ? Vous
voulez des laboratoires, vous voulez des
champs d'expériences 1 Nous vous ai-
derons de nos conseils et de notre ap-
pui ; nous sommes là pour cela. Vous
êtes les pionniers, nous enregistrerons
le résultat de votre initiative. Osez,
créez, marchez !.
Hélas ! Quelle déception quand la
plus belle jeunesse de France, débar-
quant aux rives prometteuses, ouvre les
bras à l'avenir.
Lucien Gasparin,
Député de Vile de la Réunion,
Membre de la Cojnmission
des Colonies.
Vues marocaines
-0-0
llier, le. Maréchal Lijauteij, Résident
général de France au Maroc, a présidé
l'inaugumtion de l'Exposition des Artistes
marocains, à Fà Galerie Georges Petit.
Ce tut une très belle manifestation pré-
sentée avec beaucoup de goût, et l'on peut
dire que si Edouard Doigneau. et Henry
Cayon avaient fait un envoi, aucun maître
ayant visité le Maroc et y ayant peipt. ne
manque à Vappel.
Suivons l'ordre- alphabétique :
C'est sous des couleurs moins gaies
que nous n'avons eu la joie de les voir que
M. Etienne Bouchaud nous montre le jar-
din de la Medersa et la. Kasbah des Ou-
daias. Le You-you des femmes qui assis-
tent, du haut de leurs terrasses, à un re-
tour des fêtes à Fez a été joliment rendu
par J.-F. Bouchor.
Les scènes de Maurice Bouviolle {mar-
ché marocain, conteur sous l'olivier, les
Pastèqties) méritent de retenir l'attention
par leur dessin et la sobriété de l'expres-
sion-
Les dessins de Mlle Suzanne Crépin
sont très poussés : ils sont d'une belle ori-
ginalité dans leur simplicité ; citons ses
Femmes berbères, ses Négrillons, ses ci-
tadines du Maroc.
C'est une véritable joie pour les ifeux
que de regarder les envois aux coloris
éllncelantde Dagnac-Rivière ; ses Mar-
chands de pastèques dans le port de Tan-
ger, la Porte bleue, les Raccommodeurs de
lapis, sont, ses les meil-
leures. Citons les panneaux de peintures
de Gaston Durel. d'un pinceau très stlr, et
ceux de Jules Galnnd, toujours un peu
sombres, aussi a-t-il choisi ses modèles
parmi les vieux murs, au Vieux Château
et au Cimetière. C'est un rare effet de
noir qu'a œuvré admirablement R. Haardt
avec sa place lïjemma cl Fna, à Marra-
Icecit, d'une très grande puissance. la Kou-
loubia et le Musicien chleuh. Henri Hour-
ta1 nous présente un intéressant jardin
l'asi. - - -
Ll':s envois de Marcel Lalaune, lauréat
de la Société Coloniale des artistes français
l'an dernier pour le Maroc et qui vient d'y
passer huit mois, ont été particulièrement
appréciés. Mais il faut mettre hors de pair
son superbe tabIBu;u. commandé par la Ville
de Casablanca et représentant l'arrivée du
président de la République à Casablanca le
;) avril dernier. Signalons aussi les vues
de Rabat d'Albert Laprade, les dessins
très poussés de Lucien de Malleville, les
projets d'affiches d'Edouard Marcel San
doz (la, Fontaine à Salé et la. Porte du Ma-
roc), les envois d'André Suréda d'une fac-
ture impeccable (campements de caïds, le
portrait de Glaoui, pacha de Manakerh.)
Mais voici des chevaux campés comme
personne ne les campe, de loin, j'ai re-
connu, ce sont les envois de Maurice Rom-
berg, le maître du Maroc, celui qui, il y a
trente ans, y fit un premier tableau et dont
lai tradition: et le beau talent sont dans la
mémoire de tous ceux qui, depuis un quart
de siljcle, suivent les peintres orientalistes
ft coloniaux.
Pour finir, saluons Jacques MajoreMe,
dont j'ai fait la. connaissance^ en, 1917 et
qui, depuis, n'a pas quitté le Maroc. Il s'est
installé à Marralrch et il y a fait une œu-
vre plus qu'utile. Il n'est pas donné à tout
le monde - de prendre ses - modèles dans le
Grand- Atlas, ses vues de Tinitine. de Dar
Abderrahman-O-MOn et d-e Tizi n'Tasgah,
confirment les helles espérances qu'il don-
nait alors. Mais que nous sommes loin de
Vanaj et des meubles qui ont fait la pre-
mière renommée de Major elle.
Marcel Ruedei
- Une conférence coloniale
en Sorbonne
En mie heure à peine,
avec utw voix chaude et
prenaiitc, en un langage
sobre et châtié, d'une fa-
çon lumineuse et attrayan-
te M. Gourdon, inspec-
teur général de l'Instruc-
tion publique en Indo-
chine, avec une précision
et une sûreté remarquables, a brossé, sa-
medi, en Sorbonne, un large tableau de ce
que sorti, et de ce que pourront être, demain,
au point, de vue économique, toutes nos pos-
sessions d'outre-mer. Le rapide et complet
inventaire qu'il a fait de leurs' multiples ri-
chesses, les espoirs qu'il fit naître et qui res-
sortent si puissamment de l'œm:re si vaste et
éminemment nationale accomplie par nos
riches colonies durant la grande guerre, ont
enthousiasme littéralement l'auditoire, qui
reçut finalement la promesse à apercevotr
quelques instants après, illustrées, matériali-
sées par l'écran, les visions suscitées par le
conférencier.
¡Nias!. les pauvres, les lamentables vi-
sions que nous avons eues. du moinsi en et
qui touche plus particulièrement nos colonies
africaincs.
D'abord, ce sont quelques vues de t Algé-
rie, die Maroc, déjà souvent of fertes dans de
nombreux cinémas, et qui ne nous appren-
nent rien sur le mouvement économique si
puissant du Nord-Africain.
Et nous passons à l'A. 0. F. Films flous,
se déroulant trop rapidement, où nous
voyons, de très loin, Varrivée, a Dakar, la
côte. Gorcc : dam un brouillard. le port
(sans un paquebot, sans le moindre cargo).
puis une vue d'ensemble de M ville, mau-
vaise. un coin dit marché, minuscule. un
autre coin pauvre d'un marché voisin. un
paysage du Cayor, baobabs vus d'une por-
tier e de wagon. puis nous passons en Gui-
lzée, à Kankan, où Ton nous présente la ri-
vière Milo, quelconque, comme étant le Ni-
ger, notre beau et large Niger. un tamlam,
tout à fait ordinaire. et c'est tout. Voilà
VA. O. F.
On passe ensuite à ï Indochine : beaucoup
1/l/:'llX certes, car, au moins, y montre-t-on
des monuments, des cérémonies fastueuses à
la Cour d'Annan. des rues de Saigon.
Mais on préférerait voir des rizières, des
usines, des quais encombrés de marchandises,
des scènes de la'-¿oie jurait, etc., etc. toutes
choses qui existent, et qui fixent les idées,
qui ouvrent des horizons aux profanes accou-
rus ce soir pour s'instruire.
Mais Jladagascar, l'A.. E. F., les Antilles,
la Nouvelle-Calédonie?. Mais les champs
de coton. d'arachides, de sisal, les forêts de
palmiers, les clndes d'eau, les plantations de
bananes et d'ananas, o-ù sont-ils? Où peut-on
les voir?
D'où pro'i.!iCnJ1CJrt. ces misérables documents
qui ne devraient plus avoir cours?. Nous
savons que les agences et offices de nos di-
verses colonies possèdent de merveilleux
films, et d'actualité. Peut-être étaient-ils
utilisés ailleurs? Dans ce cas mieux valait
ne rien faire voir, ou attendre d'avoir les
éléments nécessaires, car je crains, je suis
même sûr que la « jeunesse » qui assistait à
cette réunion n'a pas été emballée (comme il
eût fallu) par la vue de nos misérables et sor-
dides possessions..
Il ne faut pas jeter de la poudre aux yeux,
c'est entendu, mais de là à dégoûter, ou, ce
qui ne vaut guère mieux, à laisser indiffé-
rents les candidats éventuels à la vie colo-
niale.
Morale : soignons notre propagande. Ne
nous contentons plus, quand il s'aeit de per-
suader et de conquérir, de l'à peu près.
Sinon, nous ne ferons rien de bon et de du-
rable.
Or. l'autre soir, je suis parti navré, la tête
basse, et je n'étais pas le seul, d'autres vrais
et purs coloniaux autou; de moi n'étaient pas
satisfaits. « Belle conférence, murmurait-
cn, séduisante et des plus instructives. »
Mais pauvre et misérable illustration, pas du
tout faite pûte hausser les coeurs et provo-
quer les vocations coloniales. Cependant,
c'est ce que nous voulons à cette heure. et
c'est ce que nous réaliserons si nous savons
nous y prendre.
George. Barthélémy,
Député du Pas-de-Calais
Délégué du Soudan Français
et de la Îhvite-Volta
au Conseil Supérieur des Colonies
00
la loi de M heores et les serras ooleniaul
O-c-
Au Havre, le mot. d'ordre de la grève
générale des marins n'a pas été suivi. Jus-
qu'ici, la navigation continue comme à l'or-
dinaire. Cette décision n'avait été prise
d'ailleurs que par une minorité représen-
tant environ le douzième des marins du
port.
A Bordeaux, en signo de protestation
contre les condamnations infligées aux
membres de l'équipage du Lutetia, par le
tribunal maritime, les marins des vapeurs
Samara, Volubilis, Asie et Alba ont mis au-
jourd'hui sac h terre pour 23 heures, lais-
sant cependant à bord des équipes de sur-
veillance.
Cette grève a été rendue effective, sans
préavis aux Compagnies.
Adieu la verte !
00
Le Journal officiel publie ce matin un
décret qui ne va pas manquer de faire sen-
sation aux colonies. En effet. aux termes
de ce nouvel ukase, sont frappés les spiri-
tueux où dominent la saveur et l'odeur, de
l'anis et qui donnent (je cite le texte) « par
addition de quatre volumes d'eau distillée,
à 15°, un trouble qui ne disparaît pas com-
plètement par une nouvelle addition de trois
volumes d'eau distillée à 15° ».
Je vous défie de lire d'un trait cette
phrase où l'eau distillée occupe une place
importante et fait tant de. volume.
Mais continuons « Toutefois, doivent être
considérés comme liqueurs similaires les
spiritueux anisés ne donnant pas de trou-
ble par addition d'eau ». Ils ont pensé à
tout ! Ainsi fini le bon temps. Adieu vains
apéritifs, « Cressonnée, .4nis del Oso,
Amourette » et autres filles illégitimes du.
vieux Pernod,qui troublaient non seulement
Cea.n de notre verre mais parfois si aqréa-
blement le cerveau. et même la digestion.
Adieu, vous tous qui. sous le chaud so-
leil colonial, dans la lointaine brousse où
L'implacable cafard vous gtlette, veniez
nous procurer quelques instants de bonheur
et étancher notre soif.
Nos lecteurs n'ont pas oublié les articles
que notre brillant collaborateur G. Bartlté-
lemii a consacré à ce sujet.
Lui qui regrettait la. prohibition injuste de
l'absinthe, que va-t-il dire maintenant ?
Il ne nous reste rien que nos yeux pour
pleurer et des apéritifs insipides pour nous
désaltérer.
l'n arrêté du gouverneur général aux co-
luniis, comme en Algérie déterminera les
caractéristiques des liqueurs qui seront con-
sidérées <'n Algérie comme similaires d'ab-
sint/le. Il est accurt/é trois mois, pour
l'écoulement des sttJC/Ui,
L'Algérie a r-aincu l'absinthe.
L'amer est roi.
Joé Poyet.
Les origines de Dakar
--0-0.-
Dakar naquit dans une île. C'est ce que
M. l'administrateur en chef des colonies, Hen-
ry Hubert, a découvert au cours de ses re-
cherches de géophysique sur la presqu'île du
Cap Vert.
Au début du quaternaire, Dakar (le terrain
où se trouve actuellement Dakar) était une
île, comme Gorée, et se rattachait, géologi-
quement, aux différentes îles de l'Atlantique,
bien plus qu'au continent.
Les actions tectoniques qui avaient détaché
de celui-ci les Canaries, les îles du Cap Vert
et peut-être même les îles de l'Atlantique mé-
ridional, en avaient aussi séparé Dakar. Ces
actions avaient été précédées, et elles furent
accompagnées ou suivies d'éruptions volcaniques
qui ont laissé leurs traces dans toutes ces îles,
alors que de semblables phénomènes n'ont pas
été mis en évidence dans l'intérieur de l'Ouest
Africain.
C'est au moyen de dépôts récents que se
fit la soudure de l'île et du continent. Le cou-
rant marin se trouvant rejeté dans I ouest, la
rade de Dakar se forma à l'abri de l'ensable-
ment et de la grande houle.
Des falaises de basaltes que Ion aperçoit
du paquebot lorsqu'on arrive à hauteur des
Madeleines, protégèrent la nouvelle presqu'île
des érosions, et ces affleurements ont consti-
tué les môles, grâce auxquels ont pu être
creusées les baies.
Cette protection de Dakar serait quelque
peu compromise, d'après M. Henry Hubert,
par le décapage intensif auquel on se livre de-
puis plusieurs années pour avoir des matériaux
de construction.
Je signale ce tait à mon ami 1V1. Jacques
Bernard, l'architecte des Bâtiments civils, pour
qu'il n'ait pas plus tard à étayer ses constrpc-
tions comme il fallut le faire jadis pour le pa-
lais du Gouvernement général, autant que je ny
souvienne.
M. Henry Hubert cite plusieurs cas de fis-
sures du sol et des immeubles. La cathédrale
de Dakar ne s'est-elle pas écroulée, il y a
une quinzaine d années ? Il est à souhaiter que
les études de remplacement de la nouvelle ca-
thédrale soient poussées assez à fond pour évi-
ter une catastrophe.
Par son travail que j'ai analysé rapidement,
M. Henry Hubert a dbnc mis en garde con-
tre les caprices du sol de Dakar et rendu ser-
vice aux constructeurs qui ne voudraient pas voir
leurs maisons s'abattre comme un château de
cartes.
Eugène Devanx.
A la banque de la Réunion
M. A. Mas, ancien député, qui dirige depuis
de muiltîples années la Banque privilégiée de
la Réunion, va prendre sa retraite.
M. Albert Sarraut a choisi son successeur,
c'est un sympathique et distingué adminis-
trateur en chef des colonies, ft. Joseph Jou-
lia. M. Joulia qui a 60 ans a fait une longue
et laborieuse carrière. Après trois ans de ser-
vices militaires, il a débute en 1889 comme
agent auxiliaire au Congo. Il a été succes-
sivement en service à la Côte d'Ivoire, où il
est resté dix ans, au Haut-Sénégal, dans 1 In-
de et en Nouvelle-Calédonie dont il a été
pendant quatre ans secrétaire général et où il
a assuré l'intérim du Gouvernement.
Ajoutons pour être complet que M. Joseph
Joulia est originaire de Carcasonne, dont M.
Orner Sarraut .fut pendant de -longues années
le maire estimé et vénéré. Ses deux fils, Mau-
rice et Albert Sarraut, sont, l'un, sénateur et
l'autre, député du département de l'Aude.
Los lonYOlles-Búbrinos 08 dangBII
00
Depuis plusieurs mois il n'a été fait aucune
communication sur l'affaire des Nouvelles
Hébrides et ce silence a provoqué l'inquié-
tude de tous ceux qui montent la garde pour
surveiller cet archipel. Cependant, si nous
sommes bien informés, la Société française
des Nouvelles Hébrides (S.F.N.H.) va se
trouver d'ici peu de jours dans l'obligation
de déposer son bilan si personne ne vient à
son secours
On sait, comme nous l'avons fait connaître
dans les Annales Coloniales du 3 avril der-
nier que la S. F. N. H. a été condamnée à rem-
bcujrser à la Banque de l'Indochine une
somme de 1.673.042 francs 15 centimes avec
les intérêts de droit- et qu'elle n'a pour s'ac-
quitter d'autre ressource que l'aliénation de
son domaine foncier, celui-ci ne donnant
qu'un revenu insuffisant pour en payer la
'garde et l'Administration. C'est cette situa-
tion désespérée qui a déterminé la Société à
engager, il y a un an, des pourparlers avec
le Coummonwelt Australien pour lui en faire
la cession, après avoir fait en vain et à plu-
sieurs reprises des propositions au Gouverne-
ment francais dans le même but.
L'alerte provoquée au mois de novembre
dernier par les démarches qu'un intermé-
diaire faisait en Australie pour le compte de
la S.F.N.H. ont ému l'opinion publique
française et le Ministre des Colonies a envi-
sagé l'achat par le Gouvernement des actions
de la Société appartenant aux héritiers d'Hig
ginson qui en possèdent le plus grand nom-
bre (7.726 sur 0.000).
Une entente étant intervenue pour cette
opération entre la Banque de l'Indochine cf
le Ministre des Colonies, M. Sarraut en saisit
la Commission des Colonies et celle des Fi-
nances de la Chambre. Les explications qui y
furent données déterminèrent un projet de loi
ouvrant un crédit d 5.000.000 de fr. au Mi-
nistre des Colonies pour l'achat des actions
de la S. F. N. H. appartenant aux héritiers
d'Higeinson.
Dans l'une des ïéancoîj suivantes des Com-
missions donr il vient d'être question, M. le
député Ballande est intervenu pour déclarer
que les actions à acquérir ne valaient pas la
somme de 5.000.000 (cinq millions) et que
l'Etat ne devait pas les payer au-dessus de
leur valeur. Les arrangements que le Minis:
tre des Colonies proposait de prendre avec la
Banque de l'Indochine et le projet de loi de
M. Archimbaud furent ajournés et depuis on
n'en a plus entendu parler.
Il y a peu de temps une délégation ne com-
prenant que des personnes fort" au courant de
la situation des Nouvelles Hébrides a été
reçue par M. Sarraut auquel elle a exposé
la nécessité d'une action très urgente pour
éviter à la S.F.N .H. l'obligation de déposer
son bilan. Le Ministre lui a promis d'agir au
plus vite et depuis rien n'est venu interrom-
pre le silence qui est fait sur cette affaire
dont chaque jour augmente la gravité.
Cette délégation a remis en même temps
à M. Sarraut un mémoire dans lequel sont
exposés les faits et les documents concernant
l'affaire des Nouvelles Hébrides depuis son
origine jusqu'à ce jour. Un exemplaire a été
envoyé à chacun des membres de la Commis-
sion des Colonies. Ils pourront se rendre
compte ainsi des motifs de l'intervention de
M. Ballande, député de la Gironde, dans
une affaire où il sera difficile de justifier son
désintéressement.
La Banque de l'Indochine ne pouvant
ajourner indéfiniment l'exécution du juge-
ment établissant sa créance a mis la S.F.N.H.
en demeure de la payer D'après les arran-
gements intervenus entre le créancier et le
débiteur la Société doit effectuer à la fin du
mois d'octobre courant un paiement dont elle
n'a pas le premier centime. La gravité de la
situation impose l'intervention du Gouverne-
ment pour ne pas exposer la France à per-
dre le plus important de ses droits sur un
archipel dont la propriété ne peut lui être
contestée. « Là où sont les intérêts, là doit
être la souveraineté. »
Quant au prix demandé pour soustraire le
domaine de la S.F.N.H. à toute possession
étrangère il ne peut pas faire l'objet d'une
contestation,. malgré la vertu de M. Ballande,
puisqu'il en a offert lui-même huit millions
le 23 juin 1914. Il y a des acquisitions dont
le prix ne peut être évalué.
C'est le cas des titres de la S.F.N.H. à
acquérir par le Gouvernement.
Le moment est venu de mettre un terme
aux discussions de toute nature, entachées de
suspicion, au sujet de cette affaire des Nou-
velles Hébrides à laquelle une solution s'im-
pose d'urgence.
Commandant Laporte
«ob-
A l'Exposition Coloniale de Marseille!
--0-0--
La clôture de l'exposition
Malgré l'affluence toujours croissante des
visiteurs qui viennent maintenant non seu-
lement de la France entière, mais de
l'étranger, l'exposition coloniale de Mar-
seille, devant tenir compte des exigences
clfmatoiiqucs et les indigènes ne pouvant
prolonger leur séjour en France au delà de
cette date, fermera ses portes irrévocable-
ment le dimanche 19 novembre.
Les semaines qui restent à courir sont
déjà consacrées à des séries ininterrom-
pues de fêtes et de réceptions officielles
dont quelques-unes auront un éclat excep-
tionnel, telles la grande manifestation fran-
co-italienne du 28 octobre avec le concours
de la musique des carabiniers royaux d'Ita-
lie, et celle du 5 novembre avec le con-
cour de la musique de la garde républi-
caine.
Un cortège des industries marseillaises,
un bal costumé et de grandes fêtes indi-
gènes marqueront la fin de cette exposi-
tion magnifique, qui pendant sept mois a
permis à la France métropolitaine de se
rendre un compte exact des admirables
ressources et des richesses de toutes sor-
tes que détient en réserve pour elle notre
immense empire colonial.
; Le gtneral fijMljiiitte la Sjrii
Ainsi que les Annales Coloniales l'avaient
annoncé, il y a quelque temps, le général
Gouraud a informé le ministre des Affai-
res étrangères de son désir de résilier ses
fonctions de Haut Commissaire de la Répu-
blique française en Syrie.
Il était évident que si on lui refusait
les crédits relativement considérables qu^il
estimait nécessaires à l'exécution de soU
mandat, le général Gouraud ne pouvait que
céder la place
Pour qui connaît la situation exacte en
Syrie, la réduction à 20.000 hommes du
corps d'occupation qui compte actuelle-
ment 31.000 hommes est une mesure pré-
maturée.
A TANGER
Un avion de la ligne Séville-Larache, ue-
nant de Laroche, pris dans une tourmente
pendant la traversée du détroit, est tombé
dans la banlieue de Tanger.
Le pilote, Etegui, et un officier espagnol
qui était à bord comme passager, ont été
tués. Les corps ont été inhumés au cime-
tière de Tanger.
ARRIVÉES
–0–
M. Estèbe, gouverneur de la Réunion, a
débarqué du Général-Duchesne à Marseille *
le 8 octobre.
M. Gerbinis, gouverneur des Etablisse-
ments français dans l'Inde, a débarqué le
lendemain dans cette ville, du Cordillère.
on-
Courrier de l'Algérie
00
Les événements et les hommes
Un récent arrêté de M. Steeg a classé
au nombre des Monuments historiques, la
villa Abd-el-Tif, offerte, depuis M. Jonnart,
à la résidence de jeunes peintres de valeur.
La décision est des plus heureuses : « Que
ne peut-on protéger de même tant d'autres
villas intéressantes qu'attend l'infortune
d'être remplacées sur les collines par
d'affreux cubes de cinq étages tels qu on
en voit déjà parmi les bosquets de la ban-
lieue ! » écrit à ce propos la Dépêche Algé-
rienne.
Notre confrère cite ensuite les villas his-
toriques méritant quelque attention :
Dar-llocein, à Hussein-Dey (administra-
tion des tabacs) ; Ali-Raïs, chemin Ma-
cleay, si séduisante d'architecture et de
décor printanier ; Mustapha-Pacha, station
de Mustapha-Supérieur, aux proportions
de forteresse ; le Jardin du Dey, créé pour
Hassan-Pacha, en 1795, et transformé en
hôpital miltaire.
S'évoquent ensuite les résidences des
hauts personnages barbaresques : VAgho,
au quartier de ce nom, acquise par le ma-
réchal Clauzel (disparue) ; la villa du mi-
nistre des haras, devenue, en 1846, le Pa-
lais d'Eté auquel, en 1916, fut substitué le
Palais actuel ; le somptueux Bardo, au
prince Hadj-Omar, occupé autrefois par le
sous-gouvemeur ; Mahl-Eddin, au contrô-
leur de la Monnaie, quartier Fontaine-
Bleue ; le Château d'Hydra, à l'agha des
soahis.
Et ce sont encore : à Birkadem. la villa
des Ben-Siam ; Kaïd-el-Bab, au préfet de
la porte, qu'embellit Charles Arnould ;
Ben-Négro, au secrétaire du dey (campa-
gne Bonifay) ; Cheik-el-Bled, au maire
d'El-Djezaïè (propriété Simondant).
C'est aussi (pour mémoire) à Bouzaréah,
lieu d'estivage, sous les Turcs, des riches
familles israélites : la ruine de Ben-Zak-
heM, jadis campagne du célèbre Bacri, où,
hen-t. l'honneur du dey, furent données deSl
fêtes splendides.
Et ce sont, en outre, avec les villas Ro-
be, Olivier, qu'habitèrent des gouverneurs,
les maisons d'été des agents diplomati-
ques ; les consulats diEspagne, ae Hollan-
de, à l'entrée d'El-Biar : de Toscane, au
Bon-Pasteur, non loin de la villa du Traité,
choisie pour la Signature de la capitulation
d'Alger, et que restaura si heureusement,
M. Gérandal ; le consulat de Suède, à
Saint-Raphaël, détruit lors du glissement
des terres de 1845, et où fut, en juillet
1830, la batterie Henri IV ; aux Aqueducs,
le consulat de Danemark, dont le maréchal
Bugeaud et Mgr Dupuch firent un orhe-
Iinat : au-dessus de Saint-Eugène, près du
jardin de France (petit Séminaire), les
maisons de Sardaigne et d'Angleterre, et,
plus en hauteur, le consulat d'Amérique.
Nous avions annoncé que M. Steeg
avait reçu au Palais d'hiver les membres
du Conseil général et du Conseil municipal.
Cette invitation fut accueillie avec em-
pressement.
Sans apparat ni protocole, la réception-
agrémentée d'un lunch, fut cordiale et
familière. M. Steeg était heureux de se
retrouver parmi des élus et des personna-
lités conndes, dans le grand salon mau-
resque du Palais d'hiver et dans une atmos-
phère de sympathie générale et confiante
A sept heures, les invités se retirèrent cil
témoignant à M. le Gouverneur général
leurs sentiments de gratitude et de défé-
rente estime.
Les œuvres présentées par les can-
didats au Grand prix artistique de l'Algérie
seront exposées du 1er au 15 novembre pro-
chain au Palais d'Hiver.
Elles seront soumises à l'examen d'un
jury composé ainsi qu'il suit :
MM. Dinet, président ; Ardaillon, rec-
teur ; vi coprésident ; Mercier, délégué
financier ; Boivin, directeur de l'intérieur
au Gouvernement général ; de Galland,
ancien maire d'Alger ; Mançais, directeur
du Musée des Antiquités ; Alazard, profes-
seur d'histoire de l'art à la Faculté des
lettres ; Cauvy, directeur de l'Ecole natio-
nale des Beaux-Arts ; Ferrando, directeur
de l'Ecole des Beaux-Arts d'Oran ; Bruno,
président de la Société des Artistes Orien-
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