Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-10-20
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 octobre 1922 20 octobre 1922
Description : 1922/10/20 (A23,N157). 1922/10/20 (A23,N157).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6303503t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-TROISIEME ANNEE. N° 157
LE NUMERO : 15 CENTIMES
VENDREDI SOIR, 20 OCTOBRE 1922
Les Annales Coloniales
- JOURNAL QUOTIDIEN -
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inuaba
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L'influence française en Chine
La victoire du général Ou SUT ses deux
adversaires Tchang et Sun-Y at-Sen a eu
pour résultat d'amener en Chine des tendan-
ces à une unification fort désirable. Le retour
au pouvoir du président de la République
Li et la sagesse dont il a lait preuve en rap-
pelant le Parlement qu'il avait dissous lui-
même en 1917 doivent avoir pour consé-
quence de pacifier les esprits; les circons-
tances semblent donc être favorables à la
conclusion d'accords entre la France et la
Chine.
Par contre, l'anarchie générale dont a
souffert la Chine pendant tant d'années a eu
sa conséquence inévitable: des bandes se sont
constituées un peu partout dans ce pays, et
les paysans qui avaient pu échapper aux dé-
prédations des soldats des Tokums suu
combent aux pillages dont se rendent cou-
pables ces grandes Compagnies. Les régions
chinoises les plus voisines de notre Empire
asiatique ne sont pas épargnées par ces
épreuves, et elles y sont d'autant plus sen-
sibles que la proximité de nos possessions
leur permet, de comparer leur détresse à la
prospérité que procure la paix française.
Nous avons ainsi, simultanément, et un
contractant autorisé, et un objet de tracta-
tion. Profitons de l'occasion que nous fournit
la victoire du général Ou; et engageons
des négociations avec les gouverneurs du
Kouang-si, du Kouang-Toung, du Yunnan,
et demandons l'autorisation de rétablir la
paix publique dans cet> provinces, pour le
plus grand profit de la Chine.
On pense bien que nous ne songeons en
aucune manière à entreprendre en Chine une
expédition. En vérité, nous avons d'autres
chats à fouetter, en supposant même que
nous n'ayons aucun scrupule à envahir un
pays qui nous traite avec une prédilection
marquée. Ce serait en même temps malhon-
nête et maladroit. Non. Mais nous pourrions
instruire et commander dans la Chine méri-
dionale une gendarmerie analogue à celle que
dressa en Macédoine, le général Baumann,
et qui a laissé en Turquie de si bons souve-
nirs. Nul n'a songé à nous prêter l'intention
de conquérir la Turquie, et nul ne serait
assez malavisé pour nous supposer l'honnête
dessein de conquérir la Chine.
La gendarmerie dont nous envisageons la
création ne comprendrait d'autres Français
que les officiers et les sous-officiers, qui
commenceraient par former des instructeurs
chinois; progressivement, les sous-officiers
français pourraient- être retirés" pour que
notre intervention fût réduite au minimum.
En aucun cas, et même au début, il n'y
aurait pas plus de cent Français par pro-
vince. *
Nous trouverions dans les provinces à pa-
cifier tous les appuis nécessaires. Au Yun-
nan, le maréchal Tang, qui vient de repren-
dre le gouvernement, est un homme pondéré
ét sage, tout plein d'idées modernes, très
favorable aux Français, dont il apprécie
Foeuvre merveilleuse, et dont il connaît
de longue date l'infaillible bonne foi. Au
Kouang-Si, c'est bien mieux; on nous ap-
pelle, et si nous avons à engager une lutte,
ce sera contre des gens qui voudraient nous
engager dans des voies où nous refusons
d'entrer. L'Avertir du Tonhin rapporte, en
effet, que de nombreux Chinois lui tiennent
les propos suivants : ;
: « Notre Kouang-Si est dans un état de
désordre aussi inouï qu'incurable. Ne pour-
riez-vous pas faire venir des soldais fran-
çais ( ! !) pour anéantir la piraterie et réta-
blir la paix? Quel que puisse être le prix
d'une intervention étrangère, tout, plutôt
que l'anarchie et le chaos qui règnent ac-
tuellement avec la famine en perspective. 11
Les mêmes doléances sont exprimées dans
une pétition récenta signée de 25 chefs de
pays. Peu importerait aux signataires que
leur pays devînt une colonie, pourvu que
l'ordre y fût rétabli.
Il y a là une tentation à laquelle nous
resterons totalement insensibles. Ce sont les
Chinois eux-mêmes, disciplinés seulement
par des Français, qui doivent rétablir l'ordre
en Chine. -
: Comme prix de notre intervention, nous
n'aurons même pas à demander de nouvel-
les concessions économiques, monnaie ordi-
naire dont on paye en Chine les services de
toutes sortes. Nous n'aurons rien à deman-
der, parce que dans ce domainq, nous
avons tout ce qu'il nous faut, et il convient
exclusivement de mettre à profit, dans un
pays enfin unifié, et qu'il est de notre de-
voir d'arracher aux restes d'anarchie, les
droits que. nous assurent des conventions déjà
lointaines.
Rappelons-les pour mémoire: Le 20 juin
>895, convention complétant un traité com-
mercial dui 26 juin 1887 : les voies ferrées
existantes ou en projet en Annam, pour-
ront, après entente, êtr\ prolongées sur le
territoire chinois. Cette clause visait un
prolongement de notre ligne Hanoï-Nam-
Quan pour atteindre Long-Tchéou, puis
Nenning et Canton. Ce prolongement n'a
jamais été exécuté, bien que des travaux
d'études eussent été faits.
Accord du 26 mai 1898. d'après lequel
$eules des lignes françaises peuvent abou-
tir à Pakhoï, et notamment rejoindre Pa-
khoï au Si-Kiang.
En 1899, convention nous obtenant le
droit de relier Kouang-Tcheou à un port
situé sut le gôlfë de Tonkin, coupant ainsi
la presqu'île de Lei-Tcheou.
En 1899, convention; nous donnant le
droit de construire le chemin de fer
Laokay-Yunnanfou, avec prolongement de
cette ligne jusqu'au Setchouen. En jan-
vier 1914, en vertu de la nrécédente
convention, un contrat était signé pour
la construction d'une ligne Yunnanfou-
Chung-Kin. Il semble aujourd'hui qu'il
serait préférable de construire une ligne
reliant Na-cham à Pé-Sé, cette dernière
ville étant le terminus de la navigation pour
les grandes jonques. Sans prendre parti,
il importe toutefois de prolonger jusqu'au
Se-tchouen l'influence que nous avons ac-
quise au Yunnan, et de pénétrer économi-
quement aussitôt que possible dans une pro-
vince peuplée de 12 millions d'habitants, et
où se trouve l'origine de la navigation fur
le Nang-tsé.
Pierre Taittinger;
Député de la Charente-Inférieure
Vice-Président de la Commission
des Colonies et Pro-tectorats.
-IO>
A la Commission des Colonies
---0-0--
C'est le 8 novembre prochain que la Com-
mission des Colonies doit examiner le projet
du Gouvernement tendant au renouvellement
du privilège de la Banque de l'Indochine.
«M
A rËxposition Coloniale de Marseille
00
Notre excellent collaborateur et ami M.
Taittinger, député de la Charente-Inférieure,
vice-président de la Commission des Colo-
nies, a représenté dimanche cette. Commis-
sion à l'a distribution solennelle de récom-
penses de l'Exposition Coloniale de Mar-
seille.
Après les discours de M. Artaud, commis-
saire général et Paul Masson, rapporteur
du; Jury, M. Taittinger a, eh termes élo-
quents, salué la France Coloniale, apportant
au nom de la Commission parlementaire
des Colonies, les félicitations de celle-ci à
M. Artaud et à ses collaborateurs, ainsi
qu'aux commissaires coloniaux. S'adressant
ensuite aux exposants, il leur dit : « Les
prix et les médailles ne: sont rien. Ce qui
compte, c'est que vous avez concouru à là
réussite de cette belle Exposition et, que,
ainsi, vous avez été les bons serviteurs du
pays : voilà votre vraie récompense. »
M. TaiLtinger a terminé en donnant l'as-
surance que le Parlement-, malgré les diffi-
cultés budgétaires actuelles, ne lésinera pas
pour que nos belles colonies voient se lever
des moissons fécondes et prospèrent davan-
tage encore.
De chaleureux applaudissements ont
accueilli la péroraison du discours du dis-
tingué député de la Charente-Inférieure.
Ressentiment familial
--0-0--.
M. Col rat chargé officiellement de feJpré-
senter le Gouvernement. à l'inauguration de
la Mosquée, n'y a pas paru. Il a fait appel
à l' « indisposition soudaine » pour justifier
son absence. Mais il semble qu'il s'agissait
plutôt d'une maladie « toute diplomati-
que Il, -
M. Colrat tient rigueur au maréchal
Lyautey d'avoir en 1915 justement sévi con-
tre .son frère alors au corps d'occupation
du Maroc. Depuis, l'actuel Ministre de la
Justice mène campagne dans les milieux
politiques contre le Résident général et
évite toutes occasions de rencontre.
Dans l'Angola
00
Un décret, récent a remplacé le système
aictuel des droits d'exportation en vigueur
dans la colonie portugaise de l'Angola, pair
des droits ad valorem établis de la façon
suivante :
Produits destinés au Portugal ou aux co-
lonies portugaises et transportés par na-
vires portugais, 3 ;
Produits destinés au Portugal ou aux co
lonies portugaises et transportés par na-
vires étrangers, 6 ;
'Produits-destinés à l'étranger et trans-
portés par navires portugais 5 ;
Produits destinés à l'étranger et transpor-
tés par navires étrangers ou acheminés par
voie de terre, 10
La mission de délimitation belgo-portù-
gaise continue ses travaux.
Elle a établi une base à Tshitatu ; les
longitudes ont été vérifiées par TSF
Il reste environ 400 kilomètre de fron-
tière à délimiter.
-6.
Rapports et Décrets
-. a 0
Décret du 10 octobre 1922 portant création
d'un service d'échange de virements pos-
taux entre la France et la réaence de Tu-
rus à partir du 1 Gr novembre 1922.
Décret du 18 octobre 1922 en vertu duquel
le directeur de l'Instruction publique en
Indochine est nommé par décret pris sur
le rapport du ministre des Colonies. Nul
ne peut être nomme directeur s'il n'est
pourvu du nrade de docteur. Toutefois,
peuvent ugrade de docteur. les inspecteurs géné-
raux de l'Instruction publique et les ins-
pecteurs de l'Académie de Paris.
J. 0. du 20 octobre 1922.
Le Transmauritanien
0
Nous avons reçu, au
journal, la communication
suivante :
« Il vient de se former à
Paris un Comité qui, répu-
diant toute idée de spécu-
lation et d'opération finan-
cière, se propose de faire
connaître au grand - public
l'utilité qu'il y a pour la France a relier ra-
pidement notre domaine de l'Ouest-Africain
à l'Algérie.
On sait les services rendus pendant et de-
puis la guerre par les troupes noires. Nul ne
peut plus ignorer la valeur économique du
Maroc et de l'A. O. F.
La seuls voie permettant de mettre vite,
sûrement et sans dépenses exagérées, à la
disposition de la France, ces magnifiques
ressources en hommes et en matières pre-
mières est celle 'du Transmauritanien.
Evitant les immenses étendues désertiques
du Saihara central, le Transmauritanien doit
relier l'Algérie à l'Ouest-Africain en passant
par le Maroc "et la Mauritanie. -'
Le siège de ce comité est à Paris, 5-4,.-rue
Saint-Lazare. C'est là que doivent être adres-
sées toutes les demandes Ide renseignements
e. les adhésions. »
Depuis quelques mois, l'attention du
grand public a été attirée par la presse sur
la question de construction du Transsaha-
rien. faê déjà eu Voccasion d'exposer les
raisons qui font que je ne suis pas partisan
de la construction « immédiate » d'une-
telle voie ferrée. Son utilité économique est
bien faible et ne saurait répondre en rien
aux frais élevés qtientraînerait la construc-
tion de ce long ruban d'acier.
Notre effort de construction, en matière
de voies ferrées coloniales doit se porter
tout d'abord sur Vachèvement du réseau co-
lonial proprement dit, tel qu'il a été élaboré
depuis de longues années, et dont les gran-
des lignes sont incluses au projet de mise
en valeur des Colonies.
En ce qui concerne spécialement l'Ouest-
Africain, les produits d'exportation. en rai-
son des longueurs de parcours, tant par voie
ferrée que par mer, et aussi, parce qu'ils ont
petù de valeur intrinsèque, devront rejoindre
les ports d'embarquement, depuis lej lieu de
production, par le chemin le plus court.
Ce chemin n'est ni celui projeté sous le ̃
nom du Transsaharien (projets Berthelot et
Fontaneilles), iû le Transmauritallien (pio-
jet du, général Calmel). De tels chemins de
fer ne peuvent être constnnts que dans un
but impérial, pour répondre au désir que l'on
peut avoir de créer, pour les périodes de
conflits internationaux, une voie de trafil.
entre nos Colories de l'Ouest-Africain et
l'Afrique du Nord, telle qu'elle n'exige
qu'une communication maritime avec la mé-
tropole aussi courte que possible et relative-
ment facile à garder.
Donc, si l'horizon international devait
rester sombre, la construction d'une voie fer-
rée stratégique unissant l'A. 0. F. à l'Afri-
que du Nord pourrait devenir nécessaire
pour assurer la sécurité défensive de la mé-
tropole.
j'exaiiiiiierai donc, dans un second arti-
cle, en envisageant cette éventualité la
seule potivant justifier une dépense aussi
considérable et aussi improductive quelle
serait la plus avantageuse de l'une ou l'au-
tre voie : Transsaharien ou Transmaurita-
nien.
Georges Barthélemy,
Député du Pas-de-Calais
Délégué du Soudan Français
et de la lIaute-Volta
au Conseil Supérieur des Colonies
̃ »i.–»
La lei de huit bourés et les cornière coloniaux
Des inscrits venus de Sainl-Nazaire à
Marseille et embarqués à bord du Tafna
ont débarqué hier après-midi.
Le navire, qui devait appareiller pour
VAlgérie, n'a pu partir.
Vingt-quatre hommes du Lutétia. ac-
cusés d'avoir quitté brusquement le bord
au moment du départ du paquebot, ont com-
paru hier devant le Tribunal maritime de
Bordeaux. Le jugement sera rendu aujour-
d'hui:
A LA. CH AMBHB
Les troupes auxiliaires marocaines
La 'Chambre a voté sans débat un projet
relatif à. la transformation- des troupes
auxiliaires marocaines en corps réguliers.
Le texte de loi décide-que les troupes auxi-
liaires marocaines, à l'exception de la,
garde chérifienne et de la compagnie auxcf
liaire détachée à Tanger," sont incorporées
dans l'armée métropolitaine, v-
La ligne Trumelet-Bogihari
La Chambre a voté sans débat un projet
déclarant d'utilité publique l'établissement,
dans les départements d'Alger et d'Oran,
d'un chemin de fer d'intérêt général, à voie
de 1 m. 035 à 1. m. 06 de largeur, entre Tru-
melet et Boghari, par ou près Bourlier,
Burdeau et Victor-Hugo.
AX3 SÉNA.T,
o n-
DANS LES COMMISSIONS
,. M. H. Lémery, sénateur de la Martinique,
a été désigné, hier, par le Groupe d'e la
fauche démocratique comme membre de
lp Commission sénatoriale de Législation
civile.
hi PSQOEEOE PAfylS
---(M)--
La seconde manifestation franco-musul-
mane qui a eu lieu hier en présence de M.
Albert Sarraut, ministre des Colonies et du
commandant Deredinger, représentant le
Président de la République, à l'occasion de
la pose de la première pierre de la mosquée
de Paris devait, dans les circonstances pré.
sentes. au lendemain, de l'accord de Mou-
daia dépasser de 'beaucoup l'a "fête de
l'orientation de la mosquée à laquelle nous
avions assisté le 1er mars de cette année.
L'empressement avec lequel les hauts di-
gnitaires de l'Islam dans l'Afrique du Nord
avaient répondu à l'invitation de S. E. Ben
Gabrit et les nombreuses hautes personna-
lités politiques et coloniales qui se pres-
saient autour du maréchal Lyautey attes-
tèrent plus que jamais l'union franco-mu-
sulmane. -
Parmi les assistants, il faut noter tout
particulièrement en plus des coloniaux de
Paris que nous retrouvons à toutes ces
manifestations: M. Martial Merlin, Gou-
vern'eur Général de l'A. 0. F. dont les su-
jets africains n'étaient représentés que par
quelques Sénégalais qui ont fort, bien com-
pris la grandeur de la cérémonie.
M. Edmond Doutté, le grand islamisant ,
M. Paradis, directeur des Affaires politi-
ques aux » Colonies » ; le général de cava-
lerie Boulaire, représentant le ministre de
la Guerre, des généraux anciens marocains
et plusieurs officiers coloniaux, anciens col-
laborateurs dui maréchal Lyautey à sa
grande oeuvre marocaine.
Si Kaddoijr ben Gabrit prit le premier la
parole au nom de la Société des Habous
pour prier le maréchal Lyautey de donner
le premier coup de pioche aux fondations
du Mihrab « sanctuaire d'où ne s'élèveront
que des prières à la gloire et au bonheur
de la France et de l'Islam. »
Par la voix très éloquente de M. Fleurot,
le conseiller municipal du quartier, la ville
de Paris s'associa à cette grandiose ma-
nifestation.
« Edifiée sur l'emplacement d'un vieil hô-
pital. refuge de la douleur et de la pitié,
dans ce quartier où s'élevait jadis Sainte-Pé-
lagie, asile obligatoire pour quelques-uns de
nos vétérans de la politique, la Mosquée va
donner à ce quartier une renommée mon-
diale et sera le symbole de la grande amitié
franco-musulmane dont Ben Gabrit et le
maréchal Lyautey auront été les princi-
paux artisans. »
Dans son remarquable discours, le maré,
chal Lyautey n'oublia pas qu'il avait
comme auditeurs, outre les dignitaires de
l'Islam en Afrique du Nord, les hautes per-
sonnalités du monde musulman oriental :
le maharadjah de Kapurthala. Ferid bey,
.représentant à Paris le gouvernement.
d'Angora ; Nabib bey, représentant le sul-
tan ;. et tous les ainiis de l'Islam. C'est
pourquoi avec toute sa compétence des
choses marocaines, il a pu dire du Maroc
(qui est sa partie) :
Son peuple a avec le nôtre de nombreux traits
communs. Une bourgeoisie éclairée .pondérée,
et, faut-il le dire pour compléter l'analogie, ai-
mant les fonctions d'Etat, mais aussi très sou-
cieuse de tout progrès et avant tout du progrès
économique. Une population rurale, laborieuse,
attachée à son bien, ayant le sens de la culture
ordonnée, au point que, débarquant en Chaouïa
en 1907, à voir ces champs bien alignés, net-
toyés, aux sillons rectilignes, je pouvais me
croire en campagne française paisiblel ayant
de la sécurité et de la paix un souci qui, dans
la carence de l'autorité, nous fit accueillir en li-
bérateurs par toutes ces populations des plaines
constamment violentées par les pillards de la
montagne. Ce sont bien la les éléments d'ordre
social, bases de toute société organisée. Ces
caractères, vous les retrouverez à tous les de-
grés, chez les musulmans de l'Algérie et de la
Tunisie. Vous savez tous de même ce qu'est le
Tunisie. grés, d'Egypte et le patient labeur au prix du-
quel il a développé la fertilité de l'admirable
vallée du Nil. Et voici qu'aujourd'hui apparaît
en Orient ,sous la direction du véritable homme
d'Etat nui s'est révélé en iMoustapha Kemal, un
effort de restauration nationale, de construction
et d'organisaton auquel vont nos ardentes sym-
pathies. [De longs applaudissements accueillirent
ces paroles.)
Il n'est pas inopportun que l'écho en par-
vienne la-bas où sont forcément parvenus d'au-
tres échos. Qu'on y sache que nous n'admettons
pas comme faits acquis de véritables erreurs
historiques, et que, mettant notre honneur, con-
sacrant tous nos efforts à faire aboutir l'œuvre
de paix à laquelle le monde aspire, nous ne
pouvons que déplorer toute parole qui risque
d'en compromettre ou d'en retarder la réalisa-
tion.
Je m'arrête ici. J'ai simplement voulu indi-
quer très imparfaitement, et je m'en excuse
que la France,libérale, ordonnée, laborieuse, FIs-
[am rénové et rajeuni m'apparaissent comme
deux forces ,deux grandes et nobles forces, don.
l'union, 'ne poursuivant ni la violence, ni la
destruction, ni la domination, mais l'ordre, le
respect de leurs revendications légitimes, l'inté-
grité de leurs territoires nationaux, la tolérance
pour toutes les croyances et toutes les convic-
tions, doit être un facteur prépondérant pour la
paix du monde.
Et c'est dans cette pensée que je prie Son
Excellence le grand-vizir de l'empire chérillen
et, -les représentants des nationalités musulma-
nes de donner le premier coup de pioche de la
fondation de ce Mihrab d'où monteront des
cœurs de 'nos amis musulmans, comme des
sanctuaires chrétens voisins, d'ardentes nrières
[ vers, le Dieu unique pour qu'il répande sur le
monde la concorde et la paix.
En présence de toute l'assistance recueil-
lie. les dignitaires de l'Islam firent ensuite
à Remplacement même dut Mihrab le geste
symbolique du coup de pioche.
)H'après l'état actuel des travaux qui!
vont être poussés, on peut espérer que
sous peu, aux premiers rayons de soleil
printanier, la voix du muezzin s'unira aux
sons des cloches de Notre-Dame pour an-
noncer l'heure des prières franco-musul-
manes.
Eugène Devaux.
P. S. Après la cérémonie, le maréchal
et Mme Lyautey ont offert un thé aux
représentants des pays musulmans et aux
personnages, officiels.
Les Conseils uenúraox dl Algerie
- ----00--
Les Conseils généraux des trois départe-
ments algériens ont ouvert, le 17 octobre
1922, leur deuxième session ordinaire de
1922, dite session budgétaire.
A Alger
M. Broussais, doyen d'âge, assisté de M.
Billet, comme secrétaire, a prononcé une
brillante allocation au cours de laquelle il
a rendu hommage aux électeurs d'avoir,une
fois de plus, sanctionné la politique répu-
blicaine de paix intérieure et extérieure, de
progrès sociaux et démocratiques, de libé-
ration scientifique de la raison humaine,
dans l'ordre, la sécurité et la liberté. Les
Français d'Algérie comprennent la nécessité
de se grouper sagement à gauche les indi-
gènes musulmans nous promettent un loyal
concours. Tous, nous unissons la Patrie à
la République, la jeune Algérie à la douce
France sa mère, les convictions inébranla-
bles à une tolérance élevée.
« C'est dans cet epprit que vous partagez
a ajouté M. 'Broussais, que doit s'ouvrir la
session ordinaire d'octobre de notre assem-
blée départementale, session à laquelle vous
allez tous prendre part, avec cette activité,
ce dévouement et cette intégrité qui ont tou-
jours fait l'honneur du représentant répu-
blicain du département d'Alger.
« Nous salueroos le succès de notre poli-
tique conciliatrice en Orient et nous affir-
merons, une fois de plus, notre attachement
au Gouvernement de la République et à ses
représentants en Algérie. ;¡
Parmi les autres allocutions, il faut noter
celle que M. Zerouck Mahieddine, fit au
nom des conseillers généraux indigènes :
Au nom des conseillers généraux indigènes
que le scrutin du 8 octobre vient d'investir,
soit pour la ,première fois, soit à nouveau de
la confiance de leurs coreligionnaires, je suis
heureux d'exprimer à Uhoncnble président
d'âge du Conseil général nos très vifs remer-
ciements pour les félicitations aimables qu'il
a bien voulu nous adresser.
Vous nous permettrez d'ajouter, messieurs, à
cette occasion, l'affirmation publique des sen-
timents qui nous animent, nies collègues et
moi, à l'égard, de l'œuvre entreprise dans notre
pays pair le Gouvernement français (si digne-
ment représenté ici par le sympathique M. Le-
féibure, préfet d'Alger), sentiments qui sont,
vous le savez, de gratitude, de mutuelle affec-
tion. et de dévouement indéfectible à la com-
mune Patrie.
Messieurs, Ja France a montré de tous temps
la magnanimité dans la victoire : nous vou-
lons, aujourd'hui suivre ce généreux exemple
en nous réjouissant avec modération de notre
beau succès.
Les devoirs de notre mandat doivent mainte-
nant nous préoccuper tout entiers.
Vo,us nous trouverez à vos côtés, mes chers
amis, pour travailler au développement de la
prospérité oomimiune, en parfaite union' avec
vous, et, soit d'ans cette assemblée, soit dans
tout autre où votre confiance pourra nous délé-
guer, mes ol lègues indigènes-et moi, nous nous
efforcerons d'être à la fois les mandataires zélés
de nos commettants et les fidèles et dévoués
serviteurs de la France tutélaire.
L'assemblée a procédé à la désignation de
ses délégués au Conseil supérieur du Gou-
vernement. Sont désigrfés : MM. Duroux,
Broussais, Mourgues. Lauprêtre et Zer-
'rouck Mahieddine,
A Oran
Le Bureau sortant a été réélu.Sous la pré-
sidence de M. Pitollet, l'assemblée a adopté
une motion exprimant toute sa confiance
à M. Poincaré, président du Conseil, pour
la défense des intérêts de la France.
A Constantine
L'assemblée a procédé à l'élection du Bu-
reau. Ont été élus : président, M. Panisse,
conseiller général de Guelma ; vice-prési-
dents, MM. Sider et Vallet.
M. Jules Cuttoli a déposé une motion pour
la liberté du pavillon entre la France et
l'Afrique du Nord :
Puisque depuis des années le Gouvernement
est impuissant à prévenir ces conflits, les re-
présentants de l'assemblée départementale ne
voient plus qu'un remède à ces crises qui bou-
leversent périodiquement l'Algérie, à savoir la
liberté du pavillon.
Le Conseil général de Constantine proteste
avec autant d'ériergie que d'indignation contre
les .agissements du sous-secrétaire d'Etat à la'
marine marchande qui, ayant pris- malgré les
exhortations des intéressés un décret au mo-
ment le plus inopportun, n'a pas "eu édicter,
dès la proclamation de la grève, les mesures
indispensables pour le rapatriement des habi-
tants de l'Afriqué du Nord.
Et, convaincu que le seul moyen d'éviter les
incessantes iniberruptions de communication en-
tre la France et l'Algérie est la proclamation
du régime de la liberté du pavillon, le Gonseil
général demarifte instamment aux pouvoirs pu-
blics de solliciter devant les Chambires l'abroga-
tion du monopole du paviMon particulièrement
néfaste aux intérêts de l'Algérie.
Il s'engage à obtenir par tous Les moyens en
son pouvoir, en parfait accord avec les Conseils
généraux des départements" d'Alger et d'Oran
et avec toutes les populations, la liberté du pa-
villon, qui seule peut assurer la régularité des
transports entre la France et FAlgerie. - -
Cette motion a été, discutée en séance publi-
que mercredi dernier.
Purs-sangs pour l'Afrique
Q/O
L'Afrique du' Nord se monte., en étalons
et en purs sangs. L'Algérie rivalise avec la
Tunisie.
Sea Rock, achetée par un propriétaire al-
gérien à M. Widener, a été, malgré la grève
des inscrits, embarquée pour sa nouvèlle des-
tination.
D'autre pàrt, M. Mathieu Gouddhaux a
vendu Pourquoi Pas III comme étalon à
M. Lehucher dont nous parlions hier : le
cheval va rejoindre sous. peu la Tunisie.
quo
DÉPART
M. Lucien Saint, résident général de
France en Tunisie, a obtenu du sous-secréta-
riat d'Etat de la Marine marchande que le
vapeur Marsa-lI, de"'la Compagnie de Navi-
gation mixte, effectue à la date du 24 octo-
bre, un voyage supplémentaire sur Tunis.
Le départ est fixé à mardi midi.
"- Courrier de f Algérie
.0
La vie économique
Les cours officiels des marchandises
sur la place d'Alger du 7 octobre 1922 (pre-
mier coût) était les suivants :
Céréales. Blé : tendre, colon, les 100
kil., 83 à 86 fr. ; indigène, 81 à 83 ; dur,
colon, suivant'qualité, 93 à 98 ; marchand,
82 à 86 ; orge : colon machine, 61 à 62 ;
indigène, 58 à 60 ; Maroc, 60 à 62 ; avoi-
nes : nouvelle, 62 à 63 ; exotique, 57 à 58 ;
fèves, suivant grosiseur, 67 à 83 ; fèveroies,
62 à 64 ; fotn; 27 à 29 ; paille, suivant
qualité, 10 à 11.
Primeurs (marchandise nue quai Alger).
Figues de Bougie, 75 à 80 fr. ; figues de
Tizi-Ouzou, 65 à 70 ; figues pour distille-
rie, 40 à 45.
Vins algériens, nus, quai Alger. Vift
rouge : 1er choix, le degré. 6 50 à 7 fr. ;
2* choix, le degré, 6-25 à 6 50 ; 3e choix,
5 75 à 6 francs.
Spiritueux. 3/6 de marc, 330 fr. -
Par arrêté en date du 7 octobre 1922
pris en exécution, de l'article 16 du décret
du 20 décembre 1920, M. le Gouverneur
général, die 1.'Algérie a fixé ainsi qu'il suit
les dates extrêmes auxquelles les planteurs
de tabacs des territoires dû sud devront
déclarer l'intégralité de leur récolte de ta-
bacs à priser de 1922 :
Annexe de Biskra, 1er novembre ; an-
nexe d'El-Oued, 15 décembre.
L'Ecole ménagère agricole du Jardili
d'Essai du Hamma, à Alger, qui s'est at-
tachée à la vulgarisation des méthodes ra-
tionnelles d'élevage de la volaille, notam-
ment par la création de « stages avi-
coles », de « conférences-démonstrations »
qui ont eu lieu tant à Alger que dans dif-
férents centres de la colonie, s'apprête à
donner à l'enseignement ainsi amorcé..
l'extension que réclame le développement
désirable de l'industrie avicole en Algérie.
Dans cet ordre d'idées, parallèlement
aux enseignements généraux qui sont don-
nés à cette école et qui visent à la forma-
tion de maîtresses de maison citadines ou
rurales (enseignement complet -portant sur
une année scolaire, destiné plus spéciale-
ment aux futures femmes de colons ; en-
seignement restreint, d'une durée de deux
mois, se confondant avec celui donné aux
élèves-maîtresses des écoles normales
d'institutrices de la colonie au cours des
stages qu'elles effectuent à l'Ecole ména-
gère : journées ménagères : 12 réparties
sur un trimestre, instituées à l'intention
des jeunes filles de la ville.
Au sujet du Grand Central Minier, M.
AndTé Servier, écrit dans le Souk-Ahras
républicain ;
(( Le Grand Central Minier doit éveiller
à l'activité économique une région fort
intéressante ; c'est très bien et il faut s'en
réjouir ; mais pourquoi oublierait-on la ré-
gion de Souk-Ahras ? Et pourquoi ne son-
gerait-on pas 1 mettre à sa. disposition les
moyens de transport qui lui sont néces-
saires ?
Certains ont prétendu que l'amélioration
de la ligne actuelle porterait atteinte aux
intérêts de Bône. On ne voit pas pourquoi,
puisque cette ligne n'a qu'un point logique
d'aboutissement, Bône, et qu elle ne peut
pas en avoir un autre.
Plus le port de Bône aura à sa dispo-
sition de voies ferrées rayonnant dans
l'hinterland, plus il aura de chance de voir
son trafic se développer. Et il apparaît
bien que dans un prochain avenir, il n'y
aura pas trop de deux voies pour assurer
le transport des minerais et phosphates du
Kouif, de l'Ouenza, du Bou-Kadra et du
01ebel Onck.
Les objets de correspondance par
avion de France à Oran et vice-versa et
d'Oran au Maroc sont passibles, en sua
des taxes postales ordinaires, d'une surtaxe
dont le montant est fixé comme suit :. de
France à Oran et vice-versa, jusqu'à 20 gr.,
75 centimes ; de 20 à lW fr. - 1 fr. 75 ; au-
dessus de 100 gr., 1 fr. par 100 fr. ou frac-
tion de 100 grammes en excédent ; d'Oran
au Maroc, jusqu'à 20 gr., -25 centimes*-; de
20 à 100 grammes 50 centimes ; au-dessus
de 100 grammes, 25 centimes par 100 gr. ou
fraction de 100 grammes en excédent.
Gràce à un accord intervenu entre le:"
préfets des départements algériens et le
Crédit Foncier, les opérations de prêts effec-
tuées sous la garantie des communes, des
départements et de la colonie, vont pouvoir
être rapidement menées à bien.
Pour ce qui est des avances à consentir
aux cultivateurs indigènes, nécessiteux ou
non, qui ne recourent ni. aux banques, ni art
Crédit agricole mutuel, elles sont effectuées
au taux d'intérêt normal également, par les
Sociétés indigènes de prévoyance, auxquel-
les des avances ou subventions spéciales
sont allouées à cet effet par le budget' de la
colonie, dans la limite des crédits votés daIb
ce but par les assemblées algériennes. :
Dans ces conditions, il y a lieu d'espérer
que les cultivateurs de la colonie vont poi>
voir bénéficier, dans la plus large mesure
possible, du crédit qui leur est nécessaire
pour poursuivre leurs travaux.
La création de docks coopératifs 'consti-
tue pour les producteurs de céréales un
moyen de réduire leurs frais et d'éviter de
se trouver à la merci des intermédiaires.
L'administration s'est occupée activement
au cours de cette année de faciliter les ins-
tallations de l'espèce en faisant bénéficier
leurs organisations de lairges avances ou
- subventions. -- ------ ---
Les dispositions du décret du 19 août
1921 consacrant la régularité des opérations
envisagées pour le sucrage des moûts ont
été étendues à l'Algérie par l'article 3 du
décret du 15 juillet 1922. Sur ce point, il-y
a donc égalité de traitement entre les viti-
culteurs algériens et les viticulteurs métro-
politains.
On cotait à Constantine, le 14 octobre"
au quintal : -
Blé, 90 à 98 fr. ; Orge, 62 50 à 63 fr. 30,
Laines, de 219 à 234 fr. ; Peaux salées (par
LE NUMERO : 15 CENTIMES
VENDREDI SOIR, 20 OCTOBRE 1922
Les Annales Coloniales
- JOURNAL QUOTIDIEN -
LES ARTICLES PUBUÉS PAR LES "ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
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ABONNEMENTS supplément < ( Etranger 10 » 45 a 25 i
inuaba
On s'abonne dans tous les Bureaux de poste et chez les principaux libraires
L'influence française en Chine
La victoire du général Ou SUT ses deux
adversaires Tchang et Sun-Y at-Sen a eu
pour résultat d'amener en Chine des tendan-
ces à une unification fort désirable. Le retour
au pouvoir du président de la République
Li et la sagesse dont il a lait preuve en rap-
pelant le Parlement qu'il avait dissous lui-
même en 1917 doivent avoir pour consé-
quence de pacifier les esprits; les circons-
tances semblent donc être favorables à la
conclusion d'accords entre la France et la
Chine.
Par contre, l'anarchie générale dont a
souffert la Chine pendant tant d'années a eu
sa conséquence inévitable: des bandes se sont
constituées un peu partout dans ce pays, et
les paysans qui avaient pu échapper aux dé-
prédations des soldats des Tokums suu
combent aux pillages dont se rendent cou-
pables ces grandes Compagnies. Les régions
chinoises les plus voisines de notre Empire
asiatique ne sont pas épargnées par ces
épreuves, et elles y sont d'autant plus sen-
sibles que la proximité de nos possessions
leur permet, de comparer leur détresse à la
prospérité que procure la paix française.
Nous avons ainsi, simultanément, et un
contractant autorisé, et un objet de tracta-
tion. Profitons de l'occasion que nous fournit
la victoire du général Ou; et engageons
des négociations avec les gouverneurs du
Kouang-si, du Kouang-Toung, du Yunnan,
et demandons l'autorisation de rétablir la
paix publique dans cet> provinces, pour le
plus grand profit de la Chine.
On pense bien que nous ne songeons en
aucune manière à entreprendre en Chine une
expédition. En vérité, nous avons d'autres
chats à fouetter, en supposant même que
nous n'ayons aucun scrupule à envahir un
pays qui nous traite avec une prédilection
marquée. Ce serait en même temps malhon-
nête et maladroit. Non. Mais nous pourrions
instruire et commander dans la Chine méri-
dionale une gendarmerie analogue à celle que
dressa en Macédoine, le général Baumann,
et qui a laissé en Turquie de si bons souve-
nirs. Nul n'a songé à nous prêter l'intention
de conquérir la Turquie, et nul ne serait
assez malavisé pour nous supposer l'honnête
dessein de conquérir la Chine.
La gendarmerie dont nous envisageons la
création ne comprendrait d'autres Français
que les officiers et les sous-officiers, qui
commenceraient par former des instructeurs
chinois; progressivement, les sous-officiers
français pourraient- être retirés" pour que
notre intervention fût réduite au minimum.
En aucun cas, et même au début, il n'y
aurait pas plus de cent Français par pro-
vince. *
Nous trouverions dans les provinces à pa-
cifier tous les appuis nécessaires. Au Yun-
nan, le maréchal Tang, qui vient de repren-
dre le gouvernement, est un homme pondéré
ét sage, tout plein d'idées modernes, très
favorable aux Français, dont il apprécie
Foeuvre merveilleuse, et dont il connaît
de longue date l'infaillible bonne foi. Au
Kouang-Si, c'est bien mieux; on nous ap-
pelle, et si nous avons à engager une lutte,
ce sera contre des gens qui voudraient nous
engager dans des voies où nous refusons
d'entrer. L'Avertir du Tonhin rapporte, en
effet, que de nombreux Chinois lui tiennent
les propos suivants : ;
: « Notre Kouang-Si est dans un état de
désordre aussi inouï qu'incurable. Ne pour-
riez-vous pas faire venir des soldais fran-
çais ( ! !) pour anéantir la piraterie et réta-
blir la paix? Quel que puisse être le prix
d'une intervention étrangère, tout, plutôt
que l'anarchie et le chaos qui règnent ac-
tuellement avec la famine en perspective. 11
Les mêmes doléances sont exprimées dans
une pétition récenta signée de 25 chefs de
pays. Peu importerait aux signataires que
leur pays devînt une colonie, pourvu que
l'ordre y fût rétabli.
Il y a là une tentation à laquelle nous
resterons totalement insensibles. Ce sont les
Chinois eux-mêmes, disciplinés seulement
par des Français, qui doivent rétablir l'ordre
en Chine. -
: Comme prix de notre intervention, nous
n'aurons même pas à demander de nouvel-
les concessions économiques, monnaie ordi-
naire dont on paye en Chine les services de
toutes sortes. Nous n'aurons rien à deman-
der, parce que dans ce domainq, nous
avons tout ce qu'il nous faut, et il convient
exclusivement de mettre à profit, dans un
pays enfin unifié, et qu'il est de notre de-
voir d'arracher aux restes d'anarchie, les
droits que. nous assurent des conventions déjà
lointaines.
Rappelons-les pour mémoire: Le 20 juin
>895, convention complétant un traité com-
mercial dui 26 juin 1887 : les voies ferrées
existantes ou en projet en Annam, pour-
ront, après entente, êtr\ prolongées sur le
territoire chinois. Cette clause visait un
prolongement de notre ligne Hanoï-Nam-
Quan pour atteindre Long-Tchéou, puis
Nenning et Canton. Ce prolongement n'a
jamais été exécuté, bien que des travaux
d'études eussent été faits.
Accord du 26 mai 1898. d'après lequel
$eules des lignes françaises peuvent abou-
tir à Pakhoï, et notamment rejoindre Pa-
khoï au Si-Kiang.
En 1899, convention nous obtenant le
droit de relier Kouang-Tcheou à un port
situé sut le gôlfë de Tonkin, coupant ainsi
la presqu'île de Lei-Tcheou.
En 1899, convention; nous donnant le
droit de construire le chemin de fer
Laokay-Yunnanfou, avec prolongement de
cette ligne jusqu'au Setchouen. En jan-
vier 1914, en vertu de la nrécédente
convention, un contrat était signé pour
la construction d'une ligne Yunnanfou-
Chung-Kin. Il semble aujourd'hui qu'il
serait préférable de construire une ligne
reliant Na-cham à Pé-Sé, cette dernière
ville étant le terminus de la navigation pour
les grandes jonques. Sans prendre parti,
il importe toutefois de prolonger jusqu'au
Se-tchouen l'influence que nous avons ac-
quise au Yunnan, et de pénétrer économi-
quement aussitôt que possible dans une pro-
vince peuplée de 12 millions d'habitants, et
où se trouve l'origine de la navigation fur
le Nang-tsé.
Pierre Taittinger;
Député de la Charente-Inférieure
Vice-Président de la Commission
des Colonies et Pro-tectorats.
-IO>
A la Commission des Colonies
---0-0--
C'est le 8 novembre prochain que la Com-
mission des Colonies doit examiner le projet
du Gouvernement tendant au renouvellement
du privilège de la Banque de l'Indochine.
«M
A rËxposition Coloniale de Marseille
00
Notre excellent collaborateur et ami M.
Taittinger, député de la Charente-Inférieure,
vice-président de la Commission des Colo-
nies, a représenté dimanche cette. Commis-
sion à l'a distribution solennelle de récom-
penses de l'Exposition Coloniale de Mar-
seille.
Après les discours de M. Artaud, commis-
saire général et Paul Masson, rapporteur
du; Jury, M. Taittinger a, eh termes élo-
quents, salué la France Coloniale, apportant
au nom de la Commission parlementaire
des Colonies, les félicitations de celle-ci à
M. Artaud et à ses collaborateurs, ainsi
qu'aux commissaires coloniaux. S'adressant
ensuite aux exposants, il leur dit : « Les
prix et les médailles ne: sont rien. Ce qui
compte, c'est que vous avez concouru à là
réussite de cette belle Exposition et, que,
ainsi, vous avez été les bons serviteurs du
pays : voilà votre vraie récompense. »
M. TaiLtinger a terminé en donnant l'as-
surance que le Parlement-, malgré les diffi-
cultés budgétaires actuelles, ne lésinera pas
pour que nos belles colonies voient se lever
des moissons fécondes et prospèrent davan-
tage encore.
De chaleureux applaudissements ont
accueilli la péroraison du discours du dis-
tingué député de la Charente-Inférieure.
Ressentiment familial
--0-0--.
M. Col rat chargé officiellement de feJpré-
senter le Gouvernement. à l'inauguration de
la Mosquée, n'y a pas paru. Il a fait appel
à l' « indisposition soudaine » pour justifier
son absence. Mais il semble qu'il s'agissait
plutôt d'une maladie « toute diplomati-
que Il, -
M. Colrat tient rigueur au maréchal
Lyautey d'avoir en 1915 justement sévi con-
tre .son frère alors au corps d'occupation
du Maroc. Depuis, l'actuel Ministre de la
Justice mène campagne dans les milieux
politiques contre le Résident général et
évite toutes occasions de rencontre.
Dans l'Angola
00
Un décret, récent a remplacé le système
aictuel des droits d'exportation en vigueur
dans la colonie portugaise de l'Angola, pair
des droits ad valorem établis de la façon
suivante :
Produits destinés au Portugal ou aux co-
lonies portugaises et transportés par na-
vires portugais, 3 ;
Produits destinés au Portugal ou aux co
lonies portugaises et transportés par na-
vires étrangers, 6 ;
'Produits-destinés à l'étranger et trans-
portés par navires portugais 5 ;
Produits destinés à l'étranger et transpor-
tés par navires étrangers ou acheminés par
voie de terre, 10
La mission de délimitation belgo-portù-
gaise continue ses travaux.
Elle a établi une base à Tshitatu ; les
longitudes ont été vérifiées par TSF
Il reste environ 400 kilomètre de fron-
tière à délimiter.
-6.
Rapports et Décrets
-. a 0
Décret du 10 octobre 1922 portant création
d'un service d'échange de virements pos-
taux entre la France et la réaence de Tu-
rus à partir du 1 Gr novembre 1922.
Décret du 18 octobre 1922 en vertu duquel
le directeur de l'Instruction publique en
Indochine est nommé par décret pris sur
le rapport du ministre des Colonies. Nul
ne peut être nomme directeur s'il n'est
pourvu du nrade de docteur. Toutefois,
peuvent u
raux de l'Instruction publique et les ins-
pecteurs de l'Académie de Paris.
J. 0. du 20 octobre 1922.
Le Transmauritanien
0
Nous avons reçu, au
journal, la communication
suivante :
« Il vient de se former à
Paris un Comité qui, répu-
diant toute idée de spécu-
lation et d'opération finan-
cière, se propose de faire
connaître au grand - public
l'utilité qu'il y a pour la France a relier ra-
pidement notre domaine de l'Ouest-Africain
à l'Algérie.
On sait les services rendus pendant et de-
puis la guerre par les troupes noires. Nul ne
peut plus ignorer la valeur économique du
Maroc et de l'A. O. F.
La seuls voie permettant de mettre vite,
sûrement et sans dépenses exagérées, à la
disposition de la France, ces magnifiques
ressources en hommes et en matières pre-
mières est celle 'du Transmauritanien.
Evitant les immenses étendues désertiques
du Saihara central, le Transmauritanien doit
relier l'Algérie à l'Ouest-Africain en passant
par le Maroc "et la Mauritanie. -'
Le siège de ce comité est à Paris, 5-4,.-rue
Saint-Lazare. C'est là que doivent être adres-
sées toutes les demandes Ide renseignements
e. les adhésions. »
Depuis quelques mois, l'attention du
grand public a été attirée par la presse sur
la question de construction du Transsaha-
rien. faê déjà eu Voccasion d'exposer les
raisons qui font que je ne suis pas partisan
de la construction « immédiate » d'une-
telle voie ferrée. Son utilité économique est
bien faible et ne saurait répondre en rien
aux frais élevés qtientraînerait la construc-
tion de ce long ruban d'acier.
Notre effort de construction, en matière
de voies ferrées coloniales doit se porter
tout d'abord sur Vachèvement du réseau co-
lonial proprement dit, tel qu'il a été élaboré
depuis de longues années, et dont les gran-
des lignes sont incluses au projet de mise
en valeur des Colonies.
En ce qui concerne spécialement l'Ouest-
Africain, les produits d'exportation. en rai-
son des longueurs de parcours, tant par voie
ferrée que par mer, et aussi, parce qu'ils ont
petù de valeur intrinsèque, devront rejoindre
les ports d'embarquement, depuis lej lieu de
production, par le chemin le plus court.
Ce chemin n'est ni celui projeté sous le ̃
nom du Transsaharien (projets Berthelot et
Fontaneilles), iû le Transmauritallien (pio-
jet du, général Calmel). De tels chemins de
fer ne peuvent être constnnts que dans un
but impérial, pour répondre au désir que l'on
peut avoir de créer, pour les périodes de
conflits internationaux, une voie de trafil.
entre nos Colories de l'Ouest-Africain et
l'Afrique du Nord, telle qu'elle n'exige
qu'une communication maritime avec la mé-
tropole aussi courte que possible et relative-
ment facile à garder.
Donc, si l'horizon international devait
rester sombre, la construction d'une voie fer-
rée stratégique unissant l'A. 0. F. à l'Afri-
que du Nord pourrait devenir nécessaire
pour assurer la sécurité défensive de la mé-
tropole.
j'exaiiiiiierai donc, dans un second arti-
cle, en envisageant cette éventualité la
seule potivant justifier une dépense aussi
considérable et aussi improductive quelle
serait la plus avantageuse de l'une ou l'au-
tre voie : Transsaharien ou Transmaurita-
nien.
Georges Barthélemy,
Député du Pas-de-Calais
Délégué du Soudan Français
et de la lIaute-Volta
au Conseil Supérieur des Colonies
̃ »i.–»
La lei de huit bourés et les cornière coloniaux
Des inscrits venus de Sainl-Nazaire à
Marseille et embarqués à bord du Tafna
ont débarqué hier après-midi.
Le navire, qui devait appareiller pour
VAlgérie, n'a pu partir.
Vingt-quatre hommes du Lutétia. ac-
cusés d'avoir quitté brusquement le bord
au moment du départ du paquebot, ont com-
paru hier devant le Tribunal maritime de
Bordeaux. Le jugement sera rendu aujour-
d'hui:
A LA. CH AMBHB
Les troupes auxiliaires marocaines
La 'Chambre a voté sans débat un projet
relatif à. la transformation- des troupes
auxiliaires marocaines en corps réguliers.
Le texte de loi décide-que les troupes auxi-
liaires marocaines, à l'exception de la,
garde chérifienne et de la compagnie auxcf
liaire détachée à Tanger," sont incorporées
dans l'armée métropolitaine, v-
La ligne Trumelet-Bogihari
La Chambre a voté sans débat un projet
déclarant d'utilité publique l'établissement,
dans les départements d'Alger et d'Oran,
d'un chemin de fer d'intérêt général, à voie
de 1 m. 035 à 1. m. 06 de largeur, entre Tru-
melet et Boghari, par ou près Bourlier,
Burdeau et Victor-Hugo.
AX3 SÉNA.T,
o n-
DANS LES COMMISSIONS
,. M. H. Lémery, sénateur de la Martinique,
a été désigné, hier, par le Groupe d'e la
fauche démocratique comme membre de
lp Commission sénatoriale de Législation
civile.
hi PSQOEEOE PAfylS
---(M)--
La seconde manifestation franco-musul-
mane qui a eu lieu hier en présence de M.
Albert Sarraut, ministre des Colonies et du
commandant Deredinger, représentant le
Président de la République, à l'occasion de
la pose de la première pierre de la mosquée
de Paris devait, dans les circonstances pré.
sentes. au lendemain, de l'accord de Mou-
daia dépasser de 'beaucoup l'a "fête de
l'orientation de la mosquée à laquelle nous
avions assisté le 1er mars de cette année.
L'empressement avec lequel les hauts di-
gnitaires de l'Islam dans l'Afrique du Nord
avaient répondu à l'invitation de S. E. Ben
Gabrit et les nombreuses hautes personna-
lités politiques et coloniales qui se pres-
saient autour du maréchal Lyautey attes-
tèrent plus que jamais l'union franco-mu-
sulmane. -
Parmi les assistants, il faut noter tout
particulièrement en plus des coloniaux de
Paris que nous retrouvons à toutes ces
manifestations: M. Martial Merlin, Gou-
vern'eur Général de l'A. 0. F. dont les su-
jets africains n'étaient représentés que par
quelques Sénégalais qui ont fort, bien com-
pris la grandeur de la cérémonie.
M. Edmond Doutté, le grand islamisant ,
M. Paradis, directeur des Affaires politi-
ques aux » Colonies » ; le général de cava-
lerie Boulaire, représentant le ministre de
la Guerre, des généraux anciens marocains
et plusieurs officiers coloniaux, anciens col-
laborateurs dui maréchal Lyautey à sa
grande oeuvre marocaine.
Si Kaddoijr ben Gabrit prit le premier la
parole au nom de la Société des Habous
pour prier le maréchal Lyautey de donner
le premier coup de pioche aux fondations
du Mihrab « sanctuaire d'où ne s'élèveront
que des prières à la gloire et au bonheur
de la France et de l'Islam. »
Par la voix très éloquente de M. Fleurot,
le conseiller municipal du quartier, la ville
de Paris s'associa à cette grandiose ma-
nifestation.
« Edifiée sur l'emplacement d'un vieil hô-
pital. refuge de la douleur et de la pitié,
dans ce quartier où s'élevait jadis Sainte-Pé-
lagie, asile obligatoire pour quelques-uns de
nos vétérans de la politique, la Mosquée va
donner à ce quartier une renommée mon-
diale et sera le symbole de la grande amitié
franco-musulmane dont Ben Gabrit et le
maréchal Lyautey auront été les princi-
paux artisans. »
Dans son remarquable discours, le maré,
chal Lyautey n'oublia pas qu'il avait
comme auditeurs, outre les dignitaires de
l'Islam en Afrique du Nord, les hautes per-
sonnalités du monde musulman oriental :
le maharadjah de Kapurthala. Ferid bey,
.représentant à Paris le gouvernement.
d'Angora ; Nabib bey, représentant le sul-
tan ;. et tous les ainiis de l'Islam. C'est
pourquoi avec toute sa compétence des
choses marocaines, il a pu dire du Maroc
(qui est sa partie) :
Son peuple a avec le nôtre de nombreux traits
communs. Une bourgeoisie éclairée .pondérée,
et, faut-il le dire pour compléter l'analogie, ai-
mant les fonctions d'Etat, mais aussi très sou-
cieuse de tout progrès et avant tout du progrès
économique. Une population rurale, laborieuse,
attachée à son bien, ayant le sens de la culture
ordonnée, au point que, débarquant en Chaouïa
en 1907, à voir ces champs bien alignés, net-
toyés, aux sillons rectilignes, je pouvais me
croire en campagne française paisiblel ayant
de la sécurité et de la paix un souci qui, dans
la carence de l'autorité, nous fit accueillir en li-
bérateurs par toutes ces populations des plaines
constamment violentées par les pillards de la
montagne. Ce sont bien la les éléments d'ordre
social, bases de toute société organisée. Ces
caractères, vous les retrouverez à tous les de-
grés, chez les musulmans de l'Algérie et de la
Tunisie. Vous savez tous de même ce qu'est le
Tunisie. grés, d'Egypte et le patient labeur au prix du-
quel il a développé la fertilité de l'admirable
vallée du Nil. Et voici qu'aujourd'hui apparaît
en Orient ,sous la direction du véritable homme
d'Etat nui s'est révélé en iMoustapha Kemal, un
effort de restauration nationale, de construction
et d'organisaton auquel vont nos ardentes sym-
pathies. [De longs applaudissements accueillirent
ces paroles.)
Il n'est pas inopportun que l'écho en par-
vienne la-bas où sont forcément parvenus d'au-
tres échos. Qu'on y sache que nous n'admettons
pas comme faits acquis de véritables erreurs
historiques, et que, mettant notre honneur, con-
sacrant tous nos efforts à faire aboutir l'œuvre
de paix à laquelle le monde aspire, nous ne
pouvons que déplorer toute parole qui risque
d'en compromettre ou d'en retarder la réalisa-
tion.
Je m'arrête ici. J'ai simplement voulu indi-
quer très imparfaitement, et je m'en excuse
que la France,libérale, ordonnée, laborieuse, FIs-
[am rénové et rajeuni m'apparaissent comme
deux forces ,deux grandes et nobles forces, don.
l'union, 'ne poursuivant ni la violence, ni la
destruction, ni la domination, mais l'ordre, le
respect de leurs revendications légitimes, l'inté-
grité de leurs territoires nationaux, la tolérance
pour toutes les croyances et toutes les convic-
tions, doit être un facteur prépondérant pour la
paix du monde.
Et c'est dans cette pensée que je prie Son
Excellence le grand-vizir de l'empire chérillen
et, -les représentants des nationalités musulma-
nes de donner le premier coup de pioche de la
fondation de ce Mihrab d'où monteront des
cœurs de 'nos amis musulmans, comme des
sanctuaires chrétens voisins, d'ardentes nrières
[ vers, le Dieu unique pour qu'il répande sur le
monde la concorde et la paix.
En présence de toute l'assistance recueil-
lie. les dignitaires de l'Islam firent ensuite
à Remplacement même dut Mihrab le geste
symbolique du coup de pioche.
)H'après l'état actuel des travaux qui!
vont être poussés, on peut espérer que
sous peu, aux premiers rayons de soleil
printanier, la voix du muezzin s'unira aux
sons des cloches de Notre-Dame pour an-
noncer l'heure des prières franco-musul-
manes.
Eugène Devaux.
P. S. Après la cérémonie, le maréchal
et Mme Lyautey ont offert un thé aux
représentants des pays musulmans et aux
personnages, officiels.
Les Conseils uenúraox dl Algerie
- ----00--
Les Conseils généraux des trois départe-
ments algériens ont ouvert, le 17 octobre
1922, leur deuxième session ordinaire de
1922, dite session budgétaire.
A Alger
M. Broussais, doyen d'âge, assisté de M.
Billet, comme secrétaire, a prononcé une
brillante allocation au cours de laquelle il
a rendu hommage aux électeurs d'avoir,une
fois de plus, sanctionné la politique répu-
blicaine de paix intérieure et extérieure, de
progrès sociaux et démocratiques, de libé-
ration scientifique de la raison humaine,
dans l'ordre, la sécurité et la liberté. Les
Français d'Algérie comprennent la nécessité
de se grouper sagement à gauche les indi-
gènes musulmans nous promettent un loyal
concours. Tous, nous unissons la Patrie à
la République, la jeune Algérie à la douce
France sa mère, les convictions inébranla-
bles à une tolérance élevée.
« C'est dans cet epprit que vous partagez
a ajouté M. 'Broussais, que doit s'ouvrir la
session ordinaire d'octobre de notre assem-
blée départementale, session à laquelle vous
allez tous prendre part, avec cette activité,
ce dévouement et cette intégrité qui ont tou-
jours fait l'honneur du représentant répu-
blicain du département d'Alger.
« Nous salueroos le succès de notre poli-
tique conciliatrice en Orient et nous affir-
merons, une fois de plus, notre attachement
au Gouvernement de la République et à ses
représentants en Algérie. ;¡
Parmi les autres allocutions, il faut noter
celle que M. Zerouck Mahieddine, fit au
nom des conseillers généraux indigènes :
Au nom des conseillers généraux indigènes
que le scrutin du 8 octobre vient d'investir,
soit pour la ,première fois, soit à nouveau de
la confiance de leurs coreligionnaires, je suis
heureux d'exprimer à Uhoncnble président
d'âge du Conseil général nos très vifs remer-
ciements pour les félicitations aimables qu'il
a bien voulu nous adresser.
Vous nous permettrez d'ajouter, messieurs, à
cette occasion, l'affirmation publique des sen-
timents qui nous animent, nies collègues et
moi, à l'égard, de l'œuvre entreprise dans notre
pays pair le Gouvernement français (si digne-
ment représenté ici par le sympathique M. Le-
féibure, préfet d'Alger), sentiments qui sont,
vous le savez, de gratitude, de mutuelle affec-
tion. et de dévouement indéfectible à la com-
mune Patrie.
Messieurs, Ja France a montré de tous temps
la magnanimité dans la victoire : nous vou-
lons, aujourd'hui suivre ce généreux exemple
en nous réjouissant avec modération de notre
beau succès.
Les devoirs de notre mandat doivent mainte-
nant nous préoccuper tout entiers.
Vo,us nous trouverez à vos côtés, mes chers
amis, pour travailler au développement de la
prospérité oomimiune, en parfaite union' avec
vous, et, soit d'ans cette assemblée, soit dans
tout autre où votre confiance pourra nous délé-
guer, mes ol lègues indigènes-et moi, nous nous
efforcerons d'être à la fois les mandataires zélés
de nos commettants et les fidèles et dévoués
serviteurs de la France tutélaire.
L'assemblée a procédé à la désignation de
ses délégués au Conseil supérieur du Gou-
vernement. Sont désigrfés : MM. Duroux,
Broussais, Mourgues. Lauprêtre et Zer-
'rouck Mahieddine,
A Oran
Le Bureau sortant a été réélu.Sous la pré-
sidence de M. Pitollet, l'assemblée a adopté
une motion exprimant toute sa confiance
à M. Poincaré, président du Conseil, pour
la défense des intérêts de la France.
A Constantine
L'assemblée a procédé à l'élection du Bu-
reau. Ont été élus : président, M. Panisse,
conseiller général de Guelma ; vice-prési-
dents, MM. Sider et Vallet.
M. Jules Cuttoli a déposé une motion pour
la liberté du pavillon entre la France et
l'Afrique du Nord :
Puisque depuis des années le Gouvernement
est impuissant à prévenir ces conflits, les re-
présentants de l'assemblée départementale ne
voient plus qu'un remède à ces crises qui bou-
leversent périodiquement l'Algérie, à savoir la
liberté du pavillon.
Le Conseil général de Constantine proteste
avec autant d'ériergie que d'indignation contre
les .agissements du sous-secrétaire d'Etat à la'
marine marchande qui, ayant pris- malgré les
exhortations des intéressés un décret au mo-
ment le plus inopportun, n'a pas "eu édicter,
dès la proclamation de la grève, les mesures
indispensables pour le rapatriement des habi-
tants de l'Afriqué du Nord.
Et, convaincu que le seul moyen d'éviter les
incessantes iniberruptions de communication en-
tre la France et l'Algérie est la proclamation
du régime de la liberté du pavillon, le Gonseil
général demarifte instamment aux pouvoirs pu-
blics de solliciter devant les Chambires l'abroga-
tion du monopole du paviMon particulièrement
néfaste aux intérêts de l'Algérie.
Il s'engage à obtenir par tous Les moyens en
son pouvoir, en parfait accord avec les Conseils
généraux des départements" d'Alger et d'Oran
et avec toutes les populations, la liberté du pa-
villon, qui seule peut assurer la régularité des
transports entre la France et FAlgerie. - -
Cette motion a été, discutée en séance publi-
que mercredi dernier.
Purs-sangs pour l'Afrique
Q/O
L'Afrique du' Nord se monte., en étalons
et en purs sangs. L'Algérie rivalise avec la
Tunisie.
Sea Rock, achetée par un propriétaire al-
gérien à M. Widener, a été, malgré la grève
des inscrits, embarquée pour sa nouvèlle des-
tination.
D'autre pàrt, M. Mathieu Gouddhaux a
vendu Pourquoi Pas III comme étalon à
M. Lehucher dont nous parlions hier : le
cheval va rejoindre sous. peu la Tunisie.
quo
DÉPART
M. Lucien Saint, résident général de
France en Tunisie, a obtenu du sous-secréta-
riat d'Etat de la Marine marchande que le
vapeur Marsa-lI, de"'la Compagnie de Navi-
gation mixte, effectue à la date du 24 octo-
bre, un voyage supplémentaire sur Tunis.
Le départ est fixé à mardi midi.
"- Courrier de f Algérie
.0
La vie économique
Les cours officiels des marchandises
sur la place d'Alger du 7 octobre 1922 (pre-
mier coût) était les suivants :
Céréales. Blé : tendre, colon, les 100
kil., 83 à 86 fr. ; indigène, 81 à 83 ; dur,
colon, suivant'qualité, 93 à 98 ; marchand,
82 à 86 ; orge : colon machine, 61 à 62 ;
indigène, 58 à 60 ; Maroc, 60 à 62 ; avoi-
nes : nouvelle, 62 à 63 ; exotique, 57 à 58 ;
fèves, suivant grosiseur, 67 à 83 ; fèveroies,
62 à 64 ; fotn; 27 à 29 ; paille, suivant
qualité, 10 à 11.
Primeurs (marchandise nue quai Alger).
Figues de Bougie, 75 à 80 fr. ; figues de
Tizi-Ouzou, 65 à 70 ; figues pour distille-
rie, 40 à 45.
Vins algériens, nus, quai Alger. Vift
rouge : 1er choix, le degré. 6 50 à 7 fr. ;
2* choix, le degré, 6-25 à 6 50 ; 3e choix,
5 75 à 6 francs.
Spiritueux. 3/6 de marc, 330 fr. -
Par arrêté en date du 7 octobre 1922
pris en exécution, de l'article 16 du décret
du 20 décembre 1920, M. le Gouverneur
général, die 1.'Algérie a fixé ainsi qu'il suit
les dates extrêmes auxquelles les planteurs
de tabacs des territoires dû sud devront
déclarer l'intégralité de leur récolte de ta-
bacs à priser de 1922 :
Annexe de Biskra, 1er novembre ; an-
nexe d'El-Oued, 15 décembre.
L'Ecole ménagère agricole du Jardili
d'Essai du Hamma, à Alger, qui s'est at-
tachée à la vulgarisation des méthodes ra-
tionnelles d'élevage de la volaille, notam-
ment par la création de « stages avi-
coles », de « conférences-démonstrations »
qui ont eu lieu tant à Alger que dans dif-
férents centres de la colonie, s'apprête à
donner à l'enseignement ainsi amorcé..
l'extension que réclame le développement
désirable de l'industrie avicole en Algérie.
Dans cet ordre d'idées, parallèlement
aux enseignements généraux qui sont don-
nés à cette école et qui visent à la forma-
tion de maîtresses de maison citadines ou
rurales (enseignement complet -portant sur
une année scolaire, destiné plus spéciale-
ment aux futures femmes de colons ; en-
seignement restreint, d'une durée de deux
mois, se confondant avec celui donné aux
élèves-maîtresses des écoles normales
d'institutrices de la colonie au cours des
stages qu'elles effectuent à l'Ecole ména-
gère : journées ménagères : 12 réparties
sur un trimestre, instituées à l'intention
des jeunes filles de la ville.
Au sujet du Grand Central Minier, M.
AndTé Servier, écrit dans le Souk-Ahras
républicain ;
(( Le Grand Central Minier doit éveiller
à l'activité économique une région fort
intéressante ; c'est très bien et il faut s'en
réjouir ; mais pourquoi oublierait-on la ré-
gion de Souk-Ahras ? Et pourquoi ne son-
gerait-on pas 1 mettre à sa. disposition les
moyens de transport qui lui sont néces-
saires ?
Certains ont prétendu que l'amélioration
de la ligne actuelle porterait atteinte aux
intérêts de Bône. On ne voit pas pourquoi,
puisque cette ligne n'a qu'un point logique
d'aboutissement, Bône, et qu elle ne peut
pas en avoir un autre.
Plus le port de Bône aura à sa dispo-
sition de voies ferrées rayonnant dans
l'hinterland, plus il aura de chance de voir
son trafic se développer. Et il apparaît
bien que dans un prochain avenir, il n'y
aura pas trop de deux voies pour assurer
le transport des minerais et phosphates du
Kouif, de l'Ouenza, du Bou-Kadra et du
01ebel Onck.
Les objets de correspondance par
avion de France à Oran et vice-versa et
d'Oran au Maroc sont passibles, en sua
des taxes postales ordinaires, d'une surtaxe
dont le montant est fixé comme suit :. de
France à Oran et vice-versa, jusqu'à 20 gr.,
75 centimes ; de 20 à lW fr. - 1 fr. 75 ; au-
dessus de 100 gr., 1 fr. par 100 fr. ou frac-
tion de 100 grammes en excédent ; d'Oran
au Maroc, jusqu'à 20 gr., -25 centimes*-; de
20 à 100 grammes 50 centimes ; au-dessus
de 100 grammes, 25 centimes par 100 gr. ou
fraction de 100 grammes en excédent.
Gràce à un accord intervenu entre le:"
préfets des départements algériens et le
Crédit Foncier, les opérations de prêts effec-
tuées sous la garantie des communes, des
départements et de la colonie, vont pouvoir
être rapidement menées à bien.
Pour ce qui est des avances à consentir
aux cultivateurs indigènes, nécessiteux ou
non, qui ne recourent ni. aux banques, ni art
Crédit agricole mutuel, elles sont effectuées
au taux d'intérêt normal également, par les
Sociétés indigènes de prévoyance, auxquel-
les des avances ou subventions spéciales
sont allouées à cet effet par le budget' de la
colonie, dans la limite des crédits votés daIb
ce but par les assemblées algériennes. :
Dans ces conditions, il y a lieu d'espérer
que les cultivateurs de la colonie vont poi>
voir bénéficier, dans la plus large mesure
possible, du crédit qui leur est nécessaire
pour poursuivre leurs travaux.
La création de docks coopératifs 'consti-
tue pour les producteurs de céréales un
moyen de réduire leurs frais et d'éviter de
se trouver à la merci des intermédiaires.
L'administration s'est occupée activement
au cours de cette année de faciliter les ins-
tallations de l'espèce en faisant bénéficier
leurs organisations de lairges avances ou
- subventions. -- ------ ---
Les dispositions du décret du 19 août
1921 consacrant la régularité des opérations
envisagées pour le sucrage des moûts ont
été étendues à l'Algérie par l'article 3 du
décret du 15 juillet 1922. Sur ce point, il-y
a donc égalité de traitement entre les viti-
culteurs algériens et les viticulteurs métro-
politains.
On cotait à Constantine, le 14 octobre"
au quintal : -
Blé, 90 à 98 fr. ; Orge, 62 50 à 63 fr. 30,
Laines, de 219 à 234 fr. ; Peaux salées (par
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