Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-03-28
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 mars 1922 28 mars 1922
Description : 1922/03/28 (A23,N47). 1922/03/28 (A23,N47).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
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Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6303394z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-TROISIEME ANNEBy « H1 12 - - LE NUMERO : 15 CENTIMES ._,. MARDI SOIR, 28 MARS '1922
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Les Annales Coloniales
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la Franeisatloii ? l'Afrique au Hsrd menacée
-
Les regards de la, France ne doivent
pas se laisser hypnotiser dans une. seusle
xtirection. L'œuvre de reconstitution na-
tionale est coimipilexe et se présente sonis
de mIuIltbpftelS aspects. U n'en fauit néigli-
.g.er aucun et on peut en songeant à cette
ceuivre s» poiser cette question: l'influm-
œ f rançais© restera-t-eille prépondérante
̃cHans le vaste territoire nord^africain où
a a coûté poaiir l'établi ir tant d'or et
taïnt de sang ?
Oh l rien ne menace 'poilitiquemient
notre protectorat en Tunisie ni au. Ma-
roc. Encore moins" notre passsession de
l'Algérie ipourràit-'eHei être mi-sei en cau-
se. Notre action administrative officielle
continuerai normalement à se dévelop-
per dkms chacun de ces paiys. Mais l'ac-
tion administrative ne. constitue qu'un
élément die l'influence et non l'influence
tout eûti'ère. A .quoi servirait à la France
de consentir tous les sacrifices que -re-
préselnte rinte!titution,le foncstionnement-,
lei .peælie\CltiQ'nœm¡ent de cette action ald-
ministrmive, si autour de oeMe-oi ne se
groupent pas des intérêts français suffi-
sante pour justifier ces sacrifices
Lei iprotoilèimle à rôsouidre consiste donc
à savoir 'si les intérêts français eorres-
ponidient bien par leur importance, en
Tunisie, en Algérie, au Maroci, à l'action
aidminisitra'tive organisée au nom et aux
délpens de la France.
*
* III
Eln1 Tunisie, un long: examen n'est pas
n'ôcteissaire pour constater que ces inté-
rêts français ont subi une courbe dé-
croissante qui, fort heureusement, tend
de'puis peu à s'atténuer.
Depuis longtemps, d ameurs, s'est
presque comipflètiement arrêté le courant
d'imimiiig'mtion qui dirigeait vers la Ré-
gence protégée des capitaux apprécia-
bles, apportés par des colons apparte-
nant aux ciaitégories sociales fortunées.
Allier coloniser en Tunisie fut à la mode
de 1890 à 1900 panmii les fils dlet famile.
Cet.beJ étpolque. de la colonisatiion à piana-
cihe ne fut pas d'ailleurs, sans produire
de bons résultats. Plus d'unt des frin-
gants, cavalliiers qu'elle vit arriver a créé
omi dlomaine prospère:, si plusieurs ont
bifurqué vers d'autres de-stins.P'uis l'ère
dle prospérité du vignoble algérien et
î'oiociupation du Maroici ralentirent la vo-
gue: de la Tunisie.
Aujourd'hui, hélas ! le mouvement
s'opère à rebours : de. nombreux colons
français oint, diepuis trois ans, quitté la
Tunisie. Depuis la fin die. la guerre,
toea-ucoup de nos compatriotes ont ven-
du leurs terrés. La plupart sont rentrés
en France ; quelques-uns sont allés vi-
siter le Maroc où un1 petit nombre s'est
installé.
̃Dans certaines régions, ce sont les in-
digènes qui ont raciheté leurs proprié-
tés ; mais dans une forte proportion,,
elles ont été aciquises par des étrangers'
parmi lesquels figurent quelques Angil'O
Maltais, dont une législation récente le-
Ta les flils français à côté d'une grosse
-maioritté d'Italiens.
Ceux-ci trouvent, pour cette occupa-
tion pacifique et, en somme, légitime,
de leur part, les appuis les plus effica-
ces, tant du côté des autorités consulai-
res de leur nationalité qu'auprès des
banques italiennes créées presque uni-
quement pour leur faciliter ces acqui-
sitions foncières.
C'est, au contraire, le- peu d'appui
qu'ils rencontrent chez certaines ban-
ques françaises qui est le principal ar-
gument invoqué par nos colons pour
expliquer leur résollution de se défaire
de. leons exploitations : avec - un - domaine
•die trois oui quatre cent mille francs, di-
sent-ils, nous ne pouvons pas obtefnir
un crédit de vingt mille lorsque nous
en avons besoin pour nos semailles, nois
récoltes ou notre outillage.
Ils se plaignent aussi d'être mloins
ctoaleureusemient soutenus par les fonc-
tionnaires français que ne .sont les An-
rais oui les Italiens par leurs consuls.
* *
En Algérie, la colonisation française
- subit maintenant une; ci préparée, en
partie, par elle-même. La mévente dies
vins y fit place brusquemen t, il y a. une.
quinzaine d'années, à une prospérité
inouïe. Les viticulteurs amassèrent aisé-
ment des fortunes éblouissantes. On ci-
.ta. des propriétés dont le prix, fut, payé
par la première récolte.
Si ces résultats furent ceux d'llUe. épo
quei où le prix du vin était resté normal,
on deivine les bénéfices que procurèrent
les années dé gu'erre où le viin se vendit
jusqu'à cent francs l'heicto. Les viticul-
ieurs ne prévirent pas les années de mé-
vente. Avec une telle conception, ils es-
pérèrent maintenir ces taux sur lesquels
ils basèrent l'évaluation de leurs vigno-
bles. 11 y eut des fouis pour acheter dans
ces conditions, soit qu'ils partageassent
eux^miôanies l'es espérances diémesutrées
des propriétaires, soit que s'imaginant
le capital mieniaoé sous la fo-rme de va-
leurs, ils préférassent !& matérialiser
souis la forme immobilière ou foncière.
Des transactions eurent lieu à raison
de plus de 30.000 francs l'hectare. Le
prix des moindres terres complantées
en vignie ne se chiffrait plus que par
millions. Depiuis 'un an, une grosse par-
tie du vin dort dans les caves ; ses
cours perdent toute signification, car ils
ne sont plus sanctionnés de transac-
tions. La valsa des millions se joue à
-contretemps. De nombreux contrats res-
tent inexécutés en notable partie ; les
biens saisis sont revendus à perte.
Pilus encore qu'en Tunisie, c'est l'in-
digène qui rachète. Les Kabyles, indus-
trieux trafiquants, ont tiré grand profit
de la guerre. Ils reprennent à deniers
comptants la terre de Kabylié d'où les
colons français disparaissent.
En Oramiei, 1'Espagncd, enrichi par la
neutralité de son pays dans la guerre et
le cours die la peseta dans 1!8J paix-, de-
vient" de plus en plus propriétaire.
Que ce soit devant le Kabyle ou devant
l'Espagnol, le domaine français recule
en Altgiérie. Notre excellent collègue et
ami Morinaud, a pous'sé, ici môme le
cri d'alarme avec son indéniable auto-
rité.
Si, au Maroc., il ne recule pas, du
moins il n'avance guère. Cela s'explique
par la c.rÎJOO universelle dont le Maroc
subit sa part d'autant plus forte que,
nouvellement mis en valeur, il n'a pas
les réserves des vieux pays pour en sup-
porter ou atténuer les effets.
Du reste, pour coloniser, il faut de la
terre, et la terret libre n'abonde yas au
Maroc. Ce n'est pas qu'y soit rarel la
terre inculte; et désolée que la colonisa.-
tion pourrait transformer et enrichir ;
mais cette terre inculte a-des propriétai-
res qui en sont plus jaloux que: si elle
produisait tous les fruits du Jardin des
Hesipérides. Cette teirra inculte est un
peu terre du Maghzen et beaucoup terre
de trilbiu.
C'est surloult cette dernière que ses
propriétaires, dont les titres collectifs
sont, d'ailleurs, souvent discutables,
auraient eux-mlêmes le plus, grand inté-
rêt à voir livrer en partie à la coloni-
sation.
Mais c'est là un des problèmes les
plus ardus de la politique indigène. Le
Gouvernement qui envisage cette politi-
que dans son enseimiblei, ne pourrait guè-
re poursuivre une solution partielle li-
mitée à cette question qu'il est, d'ail-
leurs, bien difficile de séparer de plu-
sieurs autres. Il n'en est plas moins en
face de ce dilemme : si vous voulez dé-
velopper ila colonisation française, il
faut mettre des terres à sa disposition; ;
pas de terres, pas de colonisation.
Lei drapeau de France', national ou
protecteur, flotte sur un vaste territoire
nord-africain. Il s'en fatut, malheureu-
sement, que la colonisation française
s'affirme partout, sous son oimbre, d'une
façon prépondérante.
Cependant, à l'heure où l'on se tourne
vers les colonies pour considérer en ell-
les un des facteurs les plus puissants de'
l'œuvre de la reconstitution nationale,
il faut bien se dire qu'elles ne pourront
répondre à cet espoiir qu'à condition
que l'œuvre française., que la colonisa-
tion française y prennent elles-mêmes
un essolr aussi rapide et. aussi large Qlie
possihlel. Il y est donc urgent d'aviser a
leur en fournlir les moyens.
Ernest Haudoê,
Député de la Marne,
Président de la Commission
des Douanes.
.40
Pour les bois coloniaux
-0-0.--
Le commandant Berlin, inspecteur des
Eaux et Forêts, conseiller technique du
Ministère des Colonies, a fait à Nice, une
intéressante 'conférence lag^rèmentéto de
nombreuses projections de photographies
prises par lui au cours de ses explorations
sur les côtes d'Afrique occidentale.
Il a. soumis aux techniciens présents une
série dl'échantillons lies différents bois
dont on doit tirer parti aussi bien pour le
gros, œuvre que pour Fébénisterte.
Il a fait ressortir l'intérêt commercial
que la ville de Nice, grâce à sa situation
privilégiée, aurait à faire dévier le com-
merce des bois coloniaux sur son port ad-
mirablement outillé qui, par la future ligne
Nice-Coni. sera en communication directe
avec l'Europe centrale par la voie la plus
courte.
Avant la guerre tous les bois coloniaux
étaient dirigés sur Berlin et Vienne par
Hambourg. "Actuellement le commerce sem-
ble devoir être accaparé par Le Havre et
Liverpool.
:
CONFÉRENCE -
Sous la présidence dé M. Raoul Persil,
député du Loir-et-Cher, ancien chef du ca-
binet de M. A. Millerand, M. Fauchère, ins-
pecteur général d'agriculture coloniale, a
fait, dimanche demiefr, 26 courant, à Romo-
ranLm, une conférence sur'Madagascar, de-
vant un très nombreux auditoire.
A travers l'A. O. F.
00 -
DANS LE CERCLE DE SAN
Nom tempêtons. comme
de beaux lliables. Alors
̃ que nous venons de (aire
plus de 1.560 kilomètres,
en auto, sans aucune sor-
te de panne, voilà qu'au-
jourd'hui les' « chigno-
les » du Soudan, échan-
gées la veille contre celles
de la Haute-Volta, se
mettent à regimber. Six fois nos pneus
éclatent et, SOUS le soleil brûlant,. Abdulaye,
notre chauffeur, pompe et crache, maudis-
sant dans sa langue natale ces c. de
Blancs qui roulent leur bosse sans pitié,
par 45° de chaleur, dans les limousines du
Gouvernement.
Coquin d'Abdulaye ! il ne grognera plus
dans quelques minutes, quand, confortable-
ment accroupi sous un « nérê », il dégus-
tera à pleines dents le poulet et le sallcis-
son, qui nous serviront aujourd'hui de dé.
jeuner de fortune.
Car ta route: et le grand air nous ont.
donné appétit, et ces repas hâtifs, pris eii
pleine brousse, m'ont rappelé les bonnes
heures des grandes manœuvres d'autre-
fôis et aussi, hélas ! des mauvais moments
de la récente guerre, où sous le soleil de
S'alonique, nous grignotions le long des
routes, les sardines du père Sari-ait.
Que cela est déjà loin !
Mais l'heure n'est pas à rêvasser. Il
faut lever le camp, faire Je plein et repar-
tir.
A trois heures de Vaprès-midi, nous
débouchons sur la place de San. Nos com-
pagnons de roule sont arrivés depuis belle
lurette et font la sieste. Ce qui n'empêche
pas l'administrateur Carbon de nous rece-
voir avec la ,grande amabilité qui lui est
coutumière.
Tard dans la nuit, San fêtera ses hôtes de
passage, pour la plus grande joie de notre
cottèguc Proust qui ne se lasse d'admirer et
de photographier les tams-tams « bobos »
qui gesticulent devant lui. Il est vrai que
les braves gens qui se livraient à leurs
tintamari'esques danses étuVent, hommes et
lemmes, nus comme des limaces. Et c'est
peut-être bien cela qui.
S*
Nous avons repris contact à San avec te
colonel Cluzeau et Mme Cluzeau. La veille
nos amis avaient failli se tuer dans un ac-
cident d'automobile.
Quel bel officier et quel grand cœur que
le colonel Cluzeau ! Il a fait toute sa longue
et glorieuse carrière aux colonies, et la
guerre l'a trouvé aux Dardanelles et à Mo-
na,stir, qui lui valurent croix et honneurs.
De la même promotion que le général Man-
gin, Cluzeau est resté colonel, malgré ses
grandes qualités et sa haute intelligence.
]\T'allez surtout pas vous en étonner devant
lui, car le colonel est un philosophe et ne
se plaint jamais. Le malheur, voyez-vous,
c'est qu'il est comme beaucoup d'entre
nous d'une totale indépendance de ca-
ractère. Il dit, sans ménager personne, ce
qu'il pense des êtres et des choses. Ses ju-
gements sont parfois sévères, mais tou-
jours justifiés. Etonnez-vous après cela que
--votis ap-i~ès cela que
quelques vieilles culottes de peau aient mal
noté le colonel Cluzeau et l'empêchent, en-
core aujourd'hui, d'oblenir les étoiles qu'il
a cependant méritées tant de fois !
Mais ça comme dirait Kipling - c'est
une autre histoire. Et nous en reparlerons
en temps opportun.
A
Je ne voudrais pas signer cet. arliculet,
sans dire au gouverneur Terrasson et à
l'administrateur Carbon combien j'ai été
frappé de la grande activité qui règne dam?
le cercle de San. Les grands travaux de 'la
digue, entrepris dans la région marécageu-
se du Bani, permettront prochainement
une circulation intensive pendant toute l'an-
née, Voilà donc avec le chemin de fer de
Ségou à Douna, la liaison établie rapide
et commode entre le Niger et Ouagadou
gou. A .l'examen, il est certain que la rouie
Ségou-San-Dédougou est celle qui reliera le
Soudan et la Haute-Volta par le plus court
chemin. Il fa-udonc l'utiliser rationnelle-
ment. Ouagadougou a tout à y gagner. Ne
permettrori-elle pas, en effet, à ses camion-
nettes et à ses voitures légères de. la par-
courir en toutes 'saisons, et de donner aux
« eaçlés » du Mossi des nouvelles de France
plus régulièrement ?
Car, dans ce domaine particulier des
courriers postaux, Ouagadougou est resté
ce qu'il était il y a quinze ans : on y reçoit
un courrier par quinzaine, alors que les
bateaux touchent Dakar tous les trois
- M'explique cela - - qui - voudra.
San, 9 février 1922.
Georges Barthélemy,
Député du Pas-de-Calais
Délégué du Soudan Français
et die la Haute-Volta
au Conseil Supérieur des Colonies
AU SÉNAT
DEBATS
La loi du 3 juillet 1915 aux Colonies
Au cours de sa séance du 21 mars 1922,
le Sénat a. repoussé le projet de loi, adopté
par la Chambre des députés, portant. ex-
tension, dans les colonies ,de la Martinique,
de la Guadeloupe et de la Réunion, de la
loi du 3 juillet 1915 qui a modifié, pendant
la durée de la guerre, les dispositions lé-
gales, relatives,à l'autorisation des femmes
mariées en justice et à l'exercice de la puis-
sance paternelle.
M. -Catalogne., sénateur des Basses-Pyré-
nées, a fait remarquer que ce projet était
aujourd'hui san$objet.
, L'avion va trop vite
pour Ill. les Ronds-de-Cuir
, --0-0-
Que la voilà bien notre Ad,,mi-nis-tra-tion
dans sa belle nature dont on se demande si
elle est plus effrontée que candide ou plus
candide qu'effrontée !
Une ligne d'aviation, due à l'initiative
privée, fonctionne entre la France et le Ma-
roc nos lecteurs le savent bien, étant ré-
gulièrement mis au courant des améliora-
tions apportées à ce réseau depuis trois ans.
Les services aériens Latêcoère ont actuelle-
ment pour points terminus, Toulouse et
Casablanca, et seront prolongés dans quel-
ques jours jusqu'à Agadir, en attendant
qu'ils arrivent à Dakar d'où, ils comptent
s'élancer vers l'Amérique.
La semaine dernière, pour la première
fois, un avion Latécoère a porté jusqu'à
Agadir le courrier postal. Nous soulignerons
d'un mot ou plutôt d'un fait, L'importance
de cet événement : avec l'organisation ac-
tuelle, une lettre met sept jours pour aller
de Casablanca à Agadir ; un avion l'y trans-
portera en quatre heures. à moins que, là
aussi, l'administration postale n'estime que
celte -rapidité g dclte le métier et ne consente
à préparer les sacs postaux qu'après le dé-
part des avions.
Il Là aussi », disons-nous, car c'est cette
attitude stupéfiante dont l'administration
postale, française vient de donner le specta-
cle à l'égard de ces services aériens.
Auparavant, l'avion postal partant de
Toulouse vers neuf heures du matin, arri-
vait à Casablanca le lendemain entre quinze
et seize helwes. Il y avait quatre départs par
semaine dans chaque sens. Une lettre ou un
paquet postal mettait donc trois ou quatre
jours au plus pour parvenir de Paris au
Maroc.
Etant donné qu'avec les services maritimes,
il faut compter de huit à dix jours, on voit
quel avantage offrait la transmission aé-
rienne. Toujours en quête de progrès, M.
Latécoère a voulu laire mieux encore : il a
étudié et trouvé une combinaison permettant
d'accomplir, dans la même journée, le trajet
Toulouse-Casablanca ou inversement, en as-
surant six services par semaine. Ainsi, une
lettre de Paris pourrait} être rendue au Ma-
roc en quarante-huit heures.
Pour cela, il fallait naturellement avancer
l'heure de départ des avions, soit de Tou-
louse, soit de Casablanca. Rien ne parais-
sait plus facile, surtout en la saison des
jours allongés où nous entrons. C'est donc
sans s'attendre à la moindre objection ou
plutôt en comptant sur un, assentiment em-
pressé, que M. Latécoère, lorsque tout a
bien été étudié et préparé de son côté, a
saisi l'lldministration postale, en_ la, priant
de bien vouloir mettre à sa disposition deux
heures plus tôt les sacs postaux que les
avions matinaux devaient emporter.
Or, le Sous-Secrétariat des Postes-Télé-
graphes-Téléphones vient de faire: répondre
qu'il ne lui était pas possible) d'avancer
l'heure de cette livraison.
Je suis persuade que l'homme de mouve-
ment qu'est M. Paul Laffont ignore cette
réponse' monumentale. Elle a. dû être rédi-
gée par un tardigrade administratif qui met
au-dessus de tous les règlements immua-
bles, les habitudes, et surtout les commo-
dités des chefs de service dont la nécessité
d'organiser une remise matinale des. cour-
riers troublerait la quiétude.
Je suis persuadé aussi qu'un Syndicat
d'employés auquel pareille combinaison au-
rait été soumise, comprenant l'utilité qu'elle
présente ,se serait empressé d'en préparer
L'exécution, acceptant avec joie le dérange-
ment ou le travail supplémentaire qu'elle
compo-rte et qui, naturellement, devait avoir
une compensation pour ceux qui subiraient
l'un et accompliraient l'autre.
Il n'est pas possible qu'une pareille déci-
sion soit sans appel. Il n'est pas possible,
si un pareil défi à l'initiative, à* l'effort, à
l'intérêt général était maintenu, qu'il ne se
trouve pas quelqu'un d'autorisé pour en de-
mander compte à ceux qui en prendraient
la responsabilité.
Fllll-lit-il, pour obtenir le résultat offert
par les semices aériens France-Maroc,
changer l'horaire des trains, que cela en
valait la peine. Toute la France indus-
trielle et commerciale y est intéressée au-
tant que le Maroc.
On propose de transporter dans la même
journée le courrier de France au Maroc et
du Maroc en France, et c'est l'Administra-
tion postale qui s'y refuse !
L'importance de ce mouvement échappe
peut-être à_ beaucoup de monde, y- compris
les gros bonnets de l'Administration pos-
tale- : ils ignorent probablement que les ser-
vices aériens Latêcoère transportent, par
mois, plus de 160.000 correspondances en-
tre la France et le Maroc. Que d'affaires,
que d'intérêts, que de sentiments aussi
sont en germe ou trouvent satisfaction
dans un1 pareil échange de communica-
tions et demandent qu'elles soient encore
facilitées et. rendues plus rapides !
Le mouvement des voyageurs s'intensi-
fie de son côté. A ux petits avions -de na-
guère, qui ne pouvaient emporter que deux
passagers, vont être substituées de confor-
ttible' s lin"zo-usiiies à (,
tables limousines à cinq et six places, et,
ait besoin, des aérobus capables de prendre
quinze à vingt voyageurs.
TfOuveiia-t-or(i encore une Administra-
tion pour mettre obstacle à ces magnifiques
réalisations de progrès qui font honneur à
leurs artisans et contribuent, avec un coel-
ficient de choix, à cet ensemble prestigieux
de la. vie moderne devant lequel la routine'
-administrative reste éberluée et hostile,
comme les paysans devantles premiers
chemins de fer ou les bateliers d'il y a cent
ians devant les premiers bateaux à vapeur?
Paul Lafitte
A LA CHAMBRE
–< laisi :
RAPPORTS
Les services de la Côte Occidentale d'Afrique
M. Ballande, député de la Gironde, vient
de déposer un rapport favorable sur le pro-
jet de loi concernant l'exploitation diu ser-
vice maritime postal entre Bordeaux et la
Cobe Occidentale d'Afrique.
Sur la ligne de vapeurs de charge se trou-
vent, en 1907, les vapeurs Cordoba, Concordia,
Colpmbia, Campana, petites unités d'un port
en lourd de 3.800 tonnes. En 1909, les trois
amiraux Aube, Baudin, Courbet, d'un port en
lourd de 5.100 tonnes, sont affectés à La Côte
d'Afrique. Enfin, en 1911, ces amiraux sont
eux-mêmes remplacés par la série Duperré :
Amiral-Duperré, Amiral-Fourichon, Amiral-
Hamelin, Amiral-ExeImans port en lourd :
6.500 tonnes). En 1914, après avoir renforcé
sa ligne de paquebots par l'entrée en ser-
vice de l'Asie, la Compagnie des Chargeurs
Réunis se préoccupait du renforcement de sa
ligne de vapeurs de charge en commandant
aux chantiers français quatre vapeurs spécia-
lement outillés. pour le trafic africain ces va-
peurs actuellement en ligne, sont : Adrar,
Baoule, Casamance, Dahomey.
La guerre et la réquisition désorganisent
complètement les services. Après la ci'-réqui-..
sition de la flotte, - la Compagnie des Char-
geurs Réunis ne disposait plus, sur la côte
occidentale d'Afrique, que des vapeurs : Euro-
pe. Afrique, Amiral-Duperré, Amiral-Fouridion,
l'Asie, ayant dû être dirigé sur l'Amérique du
Sud, et l'Amiral-llamelin, ainsi que S Amiral-
Charner, ayant été torpillés .Aussi, en 1920, la
Compagnie n'effectuait que neuf départs de pa-
quebots et sept de vapeurs de charge, mais la
remise en ligne de 1 Asie et la livraison par
les chantiers des vapeurs neufs du type Adrar
permettait à la Compagnie, en 1921, d'assurer
un départ de paquebots tous les vingt-cinq
jours et un départ de vapeur de charge chaque
mois. L'itinéraire du paquebot postal est le sui-
vant Bordeaux, Dakar, Conaltry, Tabou,
Grand-Bassam, Lomé, Cotonou, Souellaba
(DounJa), Libreville, Port-Gentil, Banane, Borna
(DouaJa ) , (Congo belge). La crise mondiale et
et Matadi (Congo belge). La crise mondiale et
le ralentissement des échanges entre la Fran-
ce et ses colonies de l'Ouest-Africain n'ont pas
permis fi la Compagnie des Chargeurs Réunis
d'augmenter la fréquence des départs de sa
ligne de vapeurs de charge comme elle l'avait
prévue dans ses programmes d'après guerre,
mais elle est prête, dès que les circonstances
le justifieront, à doubler sa ligne de vapeurs
de charge en assurant un départ tous les
quinze jours ; dans ce but, aux vapeurs du
type Adrar se joindraient les Amiraux-Duper-
ré, Fourichon, Ganteaume et Villaret-de-
Joyeuse.
Le projet de loi soumis au Parlement a pour
but de régler :
1° Le report du Havre à 'Bordeaux die li
tête de ligne postale ;
2° Le réajustement de la subvention.
De même qu'en 1908 il était apparu que le
point de départ de la ligne postale pouvait,
sans iiucun inconvénient, être reporté de Duin-
kerque au Havre, l'expérience faite pendant la
guerre a démontré qu'il convenait de donner
satisfaction à la juste demande de la Compa-
gnie tendant à faire de Bordeaux la tête de
ligne die ses paquebots africains.
La subvention die 230.000 francs ne parait
plus compenser les charges des services
postaux.
Pour reconnaître les charges imposées prin-
cipalement par la frégularité du service et par
les escales olbligatoires; la ¡Compa.gnie recevrait
une somme basée sur le prix moyen de 100
tonnes de charbon consommé pendtmt le
voyage.
En somme, en dehors du remboursement au
concessionnaire de la valeur des prestations
que lui impose le service postal, l'oorndrustrn-
ition n'allouera à te Compagnie, comme sub-
vention proprement dite et à chiaque voyage,
que la valeur de 100 tonnes de charbon ; c'est
dîne combien est peu importante la charge que
devra supporter le -budget par le jeu de la con-
vention.
La ligne postale de la côte occidentale d'A-
frique constitue donc pour l'Etat mn service
peu coûteux, surtout si on le compare à ceux
de l'Amérique don Sud, de la Corse et à l'en-
semble des services concédés à la Compagnie
dies Messageries Maritimes. Du reste, la Com-
pagnie déclare que lia subvention qui lui est
allouée ne lui permet pas de couvrir le déficit
que lui laisse sa ligne postale de la côte d'A-
frique ; cette subvention ne constituera donc
qu'une atténuation des pertes résultant de l ex-
Jmdtation de cetlte ligne. II est certain qu'il est
à peine besoin de dire aujourd'hui que les
Chalrges qui frappent l'armemelllt. depuis la
guerre pèsent lourdement et parficulièrement
sur 'les lignes de paquebots ; les Irais de per-
sonnel résultant à la fois de l'iaugmenitation
des salaires et de l'application de la loi de huit
heures et la consommation de combustible
étant, sur ces naivires, beaucoup plus impor-
tants que sur les vrapeurs de charge.
D'autre part, il convient d'ajouter que, pour
les paquebots de la côte d'Aifriique, la. recette
réalisée au titre du fret est peu importante, le
.paquebot devant limiter ses opérations *iu tra-
fic des passagers et de la poste sur les rades
foraines qu'il dessert et son port terminus
étant situé dans une colonie étrongère, laquelle
dispose elle-même de lignes propres de paque-
bots et de vapeurs de charge. Quant au trafic
des passagers, il est, sur la côte diAfriIque,
tout à fait saisonnier, les usagers de la ligne
se préoccupant de reveniT dans la métropole
au commencement de la belle saison et rejoi-
gnant leur poste en Afriqpe avant que lè
mauvais temps ne sévisse en France. Il
en résulte que sur les paquebots de nom-
breuses places pour passagers restent inutili-
sées, soit à l'aller, soit au retour, selon la. sai-
son.
Les prix seront réduits durant la morte
saison.
Indépendamment de la subvention allouée
pour; le service annexe de l'Ogooué et du
Fernand-Vaz, laquelle de 36.000 francs par
an est portée à 60.000 francs par la nouvelle
convention, la Compagnie des Chargeurs
Réunis recevra à la place de la subvention
annuelle de 230.000 francs prévue à l'article
71 du cahier des charges du 6 février 1907 :
1° Le remboursement des prestations im-
posées par. le service postal (art. 28).
A noter que la Direction des Postes et Té-
légraphes a renoncé à embarquer un con-
trôleur des services maritimes postaux sur
les paquebots de là Côte Occidentale d'Afri-
que
2° Une subvention priopre-ment- dite pour
chaque voyage et égale à la valeur dé iOO
tonnes de charbon (art. 71).
En somme, atlœ taux actuels, la Compa-
gnie recevra pour chacun dés voyages de
ses paquebots les sommes suivantes1 :
Asie 28.850 »
Ëuroipe 2G.817"50 n
Tchad 22.424 »
Soit, en moyenne, en chiffres ronds, 24.000
francs par voyage et, pour les 14 voyages 1/2
effectués dans Tannée : 348.000 francs. Telle
est, aux taux actuels, la somme qui reviendra
à la Compagnie, choque armée, à la place de
l'ancienne subvention de 230.000 francs, somme
vraiment minime par rapport à un service
dont le budget des dépenses se chiffre par plu-
sieurs dizaines de millions.
La Chambre discutera -le proQet avant sa
séparation qui aura vraisemblablement lieu
le 8 avril.
Le chemin de fer d'Affrevilto à Amourah
Le projet de loi relatif à la déclaration
d'utilité publique du chemin de fer d'Affre-
vflle à Amourah (département d'Alger),
vient d'être rapporté favorablement par M.
Paul Aubriot, députéf de la Seine.
La ligne projetée sera un affluent de la ligne
d'Alger à Oran et desservira une partie impor-
tante de la vallée moyenne du CMMa. Elle tra-
versera uné région essentiellement agricole, cul- -
tivée surtout en céréales, et pour une moindre
quantités en vignes. L'industrie y est représen-
tée par des -usines de crin végétal.
l. extension de la colonisation, l'amplification
de la viticulture et des cultures nouvelles (no-
tamment celle du tabac) amèneront rapidement
à la nouvelle voie ferrée un tonnage impor-
tant. Cest pour ces raisons que le gouverne-
ment général de l'Algérie a :ru devoir incorpo-
rer la ligne d'Affrevifle à Amourah, au prQgmm-
me général des travaux, pour l'exécution duquel
une loi du 23 juillet 1921 a autorisé la colonie A
contracter un emprunt de 1.600.000.000 francs.
PROPOSITION DE LOI
Les caoutchoucs étrangers
M. Ernest Outrey, député de la Cochin-
«hine, reprenant une proposition de loi dé-
posée il y a dix ans sur les instances des
Annales Coloniales, par notre ami et colla-
borateur, M. Henri Cosnier, aujourd'hui sé-
nateur de l'Indre, demande la fixation d'un
droit de 2 francs par kilogramme sur leA
caoutchoucs d'origine étrangère introduits
en France
Le but de cette mesure est triple : au
point de vue fiscal, elle procurera à nos
finances si obérées une recette appréciable;
aui point de vue colonial, elle assurera une
protection nécessaire à des exploitations
françaises menaioées de la ruine et de la
disparition ; au point de vue national, -en-
fin elle aura pour conséquence d'assnrer
dans l'avenir notre ravitaillement en une
matière première de la plus haute impor-
tance, pour laquelle nous avons été et noua
risquons de redevenir exclusivement tribu-
taires de l'étranger.
Au point de (vue fiscal la proposition ne
peut soulever de sérieuses objections, et an
point de vue colonial, elle doit retenir toute
l'attention du Parlement.
La production de caoutchouc en Indo-
chine représente,en effet,Pua des plus inté-
ressants et des plus importants efforts qui
aient été tentés, dans les affaires coloniales,
par les capitaux iprivés français. Notre
grande colonie d'Extrême-Orient est voisine
des possessions anglaises ou hollandaises
où lai culture de l'hévéa s'est prodigieuse
ment développée depuis une vingtaine
d'années.
Si l'on considère que toutes les évalua-
tions faites jusqu'à ce jour ont été cons-
tamment dépassées par les réalisations, si
l'on tient compte d'autre part du dévelop-
pement rapide des autres plantations asia-
tiques, on doit conclure que la faculté de
production de l'Indo-Chine est appelée, si
les exploitations ne sont pas ruinées par
la crise, à atteindre d'ici peu d'années de
8.000 à 10.000 tonnes.^ chiffre dont l'impor-
tance ne saurait être méconnue.
Ce caoutchouc est d'une qualité excellen-
te, comparable à celle des autres plantations
asiatiques. La plupart des ^gommes inidochi-
noises se vendent aux mêmes cours que
celles de Malaisie; certaines mêmes, spécia-
lement soignées et récoltées sur des sujets
ingénieusement sélectionnes, font prime.
La crise des transports maritimes, le
change local ont handicapé les planteurs
indochinois ; aussi l'établissement du droit
de 2 francs .par kilo réclamé sur le caout-
chouc étranger paraît comme le seul re-
mède effectif, durable et de conception éco-
nomiquement juste pour protéger les plan-
teurs français et les replacer dans une. si-
tuation égale à celle des colons étrangers:
La distance, où les lieux de production se
trouvent de la mer, l'inexistence de tout
moyen de transport rapide et économique
ne permettent d'alimenter le mouvement
des échanges, au Moyen-Congo et dans
l'Oubangui-Chari, que par un produit pos-
sédant une valeur élevée sous Un faible
tonnage : or, il n'en est ipas d'autre que le
caoutchouc.
En résume, il est certain :
1° Que l'avenir appartient aux planta-
tions qui, seules, sont en mesure, comme
elles l'ont été jusqu'à présent de maintenir
la production du caoutchouc au niveau des
besoins de la consommation.
20 Que notre production coloniale, infé-
rieure pour le présent à nos besoins ac-
tuels.. et surtout composée dans le passé
de caoutchouc de qualité commune, accuse
de très notables changements et répond dé-
jà aux exigences de la consommation fran-
caiise :
- 3° Qu'en laissant le caouchouc africain
conserver sa clientèle spéciale et en provo-
quant même une amélioration de sa prépa-
ration. la France peut compter, pour les
besoins de la grande Industrie caoutchou-
tière, sur la production indochinoise éva-
luéè à moins de 6.000 tonnes par an, a
compter de 1921, mais susceptible d'attein-
dre. 7 à 8.000 tonnes à partir de 1922 et de
dépasser largement cette quantité dans les
années suivantes ; - - -
4° Ce résultat ne pourra être atteint que
si des mesures sont (prises pour sauver les
plantations d'Indochine, et pour porter se-
cours à l'Afrique équatoriale.
- - -- - -- - - - -
Les Annales Coloniales
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la Franeisatloii ? l'Afrique au Hsrd menacée
-
Les regards de la, France ne doivent
pas se laisser hypnotiser dans une. seusle
xtirection. L'œuvre de reconstitution na-
tionale est coimipilexe et se présente sonis
de mIuIltbpftelS aspects. U n'en fauit néigli-
.g.er aucun et on peut en songeant à cette
ceuivre s» poiser cette question: l'influm-
œ f rançais© restera-t-eille prépondérante
̃cHans le vaste territoire nord^africain où
a a coûté poaiir l'établi ir tant d'or et
taïnt de sang ?
Oh l rien ne menace 'poilitiquemient
notre protectorat en Tunisie ni au. Ma-
roc. Encore moins" notre passsession de
l'Algérie ipourràit-'eHei être mi-sei en cau-
se. Notre action administrative officielle
continuerai normalement à se dévelop-
per dkms chacun de ces paiys. Mais l'ac-
tion administrative ne. constitue qu'un
élément die l'influence et non l'influence
tout eûti'ère. A .quoi servirait à la France
de consentir tous les sacrifices que -re-
préselnte rinte!titution,le foncstionnement-,
lei .peælie\CltiQ'nœm¡ent de cette action ald-
ministrmive, si autour de oeMe-oi ne se
groupent pas des intérêts français suffi-
sante pour justifier ces sacrifices
Lei iprotoilèimle à rôsouidre consiste donc
à savoir 'si les intérêts français eorres-
ponidient bien par leur importance, en
Tunisie, en Algérie, au Maroci, à l'action
aidminisitra'tive organisée au nom et aux
délpens de la France.
*
* III
Eln1 Tunisie, un long: examen n'est pas
n'ôcteissaire pour constater que ces inté-
rêts français ont subi une courbe dé-
croissante qui, fort heureusement, tend
de'puis peu à s'atténuer.
Depuis longtemps, d ameurs, s'est
presque comipflètiement arrêté le courant
d'imimiiig'mtion qui dirigeait vers la Ré-
gence protégée des capitaux apprécia-
bles, apportés par des colons apparte-
nant aux ciaitégories sociales fortunées.
Allier coloniser en Tunisie fut à la mode
de 1890 à 1900 panmii les fils dlet famile.
Cet.beJ étpolque. de la colonisatiion à piana-
cihe ne fut pas d'ailleurs, sans produire
de bons résultats. Plus d'unt des frin-
gants, cavalliiers qu'elle vit arriver a créé
omi dlomaine prospère:, si plusieurs ont
bifurqué vers d'autres de-stins.P'uis l'ère
dle prospérité du vignoble algérien et
î'oiociupation du Maroici ralentirent la vo-
gue: de la Tunisie.
Aujourd'hui, hélas ! le mouvement
s'opère à rebours : de. nombreux colons
français oint, diepuis trois ans, quitté la
Tunisie. Depuis la fin die. la guerre,
toea-ucoup de nos compatriotes ont ven-
du leurs terrés. La plupart sont rentrés
en France ; quelques-uns sont allés vi-
siter le Maroc où un1 petit nombre s'est
installé.
̃Dans certaines régions, ce sont les in-
digènes qui ont raciheté leurs proprié-
tés ; mais dans une forte proportion,,
elles ont été aciquises par des étrangers'
parmi lesquels figurent quelques Angil'O
Maltais, dont une législation récente le-
Ta les flils français à côté d'une grosse
-maioritté d'Italiens.
Ceux-ci trouvent, pour cette occupa-
tion pacifique et, en somme, légitime,
de leur part, les appuis les plus effica-
ces, tant du côté des autorités consulai-
res de leur nationalité qu'auprès des
banques italiennes créées presque uni-
quement pour leur faciliter ces acqui-
sitions foncières.
C'est, au contraire, le- peu d'appui
qu'ils rencontrent chez certaines ban-
ques françaises qui est le principal ar-
gument invoqué par nos colons pour
expliquer leur résollution de se défaire
de. leons exploitations : avec - un - domaine
•die trois oui quatre cent mille francs, di-
sent-ils, nous ne pouvons pas obtefnir
un crédit de vingt mille lorsque nous
en avons besoin pour nos semailles, nois
récoltes ou notre outillage.
Ils se plaignent aussi d'être mloins
ctoaleureusemient soutenus par les fonc-
tionnaires français que ne .sont les An-
rais oui les Italiens par leurs consuls.
* *
En Algérie, la colonisation française
- subit maintenant une; ci préparée, en
partie, par elle-même. La mévente dies
vins y fit place brusquemen t, il y a. une.
quinzaine d'années, à une prospérité
inouïe. Les viticulteurs amassèrent aisé-
ment des fortunes éblouissantes. On ci-
.ta. des propriétés dont le prix, fut, payé
par la première récolte.
Si ces résultats furent ceux d'llUe. épo
quei où le prix du vin était resté normal,
on deivine les bénéfices que procurèrent
les années dé gu'erre où le viin se vendit
jusqu'à cent francs l'heicto. Les viticul-
ieurs ne prévirent pas les années de mé-
vente. Avec une telle conception, ils es-
pérèrent maintenir ces taux sur lesquels
ils basèrent l'évaluation de leurs vigno-
bles. 11 y eut des fouis pour acheter dans
ces conditions, soit qu'ils partageassent
eux^miôanies l'es espérances diémesutrées
des propriétaires, soit que s'imaginant
le capital mieniaoé sous la fo-rme de va-
leurs, ils préférassent !& matérialiser
souis la forme immobilière ou foncière.
Des transactions eurent lieu à raison
de plus de 30.000 francs l'hectare. Le
prix des moindres terres complantées
en vignie ne se chiffrait plus que par
millions. Depiuis 'un an, une grosse par-
tie du vin dort dans les caves ; ses
cours perdent toute signification, car ils
ne sont plus sanctionnés de transac-
tions. La valsa des millions se joue à
-contretemps. De nombreux contrats res-
tent inexécutés en notable partie ; les
biens saisis sont revendus à perte.
Pilus encore qu'en Tunisie, c'est l'in-
digène qui rachète. Les Kabyles, indus-
trieux trafiquants, ont tiré grand profit
de la guerre. Ils reprennent à deniers
comptants la terre de Kabylié d'où les
colons français disparaissent.
En Oramiei, 1'Espagncd, enrichi par la
neutralité de son pays dans la guerre et
le cours die la peseta dans 1!8J paix-, de-
vient" de plus en plus propriétaire.
Que ce soit devant le Kabyle ou devant
l'Espagnol, le domaine français recule
en Altgiérie. Notre excellent collègue et
ami Morinaud, a pous'sé, ici môme le
cri d'alarme avec son indéniable auto-
rité.
Si, au Maroc., il ne recule pas, du
moins il n'avance guère. Cela s'explique
par la c.rÎJOO universelle dont le Maroc
subit sa part d'autant plus forte que,
nouvellement mis en valeur, il n'a pas
les réserves des vieux pays pour en sup-
porter ou atténuer les effets.
Du reste, pour coloniser, il faut de la
terre, et la terret libre n'abonde yas au
Maroc. Ce n'est pas qu'y soit rarel la
terre inculte; et désolée que la colonisa.-
tion pourrait transformer et enrichir ;
mais cette terre inculte a-des propriétai-
res qui en sont plus jaloux que: si elle
produisait tous les fruits du Jardin des
Hesipérides. Cette teirra inculte est un
peu terre du Maghzen et beaucoup terre
de trilbiu.
C'est surloult cette dernière que ses
propriétaires, dont les titres collectifs
sont, d'ailleurs, souvent discutables,
auraient eux-mlêmes le plus, grand inté-
rêt à voir livrer en partie à la coloni-
sation.
Mais c'est là un des problèmes les
plus ardus de la politique indigène. Le
Gouvernement qui envisage cette politi-
que dans son enseimiblei, ne pourrait guè-
re poursuivre une solution partielle li-
mitée à cette question qu'il est, d'ail-
leurs, bien difficile de séparer de plu-
sieurs autres. Il n'en est plas moins en
face de ce dilemme : si vous voulez dé-
velopper ila colonisation française, il
faut mettre des terres à sa disposition; ;
pas de terres, pas de colonisation.
Lei drapeau de France', national ou
protecteur, flotte sur un vaste territoire
nord-africain. Il s'en fatut, malheureu-
sement, que la colonisation française
s'affirme partout, sous son oimbre, d'une
façon prépondérante.
Cependant, à l'heure où l'on se tourne
vers les colonies pour considérer en ell-
les un des facteurs les plus puissants de'
l'œuvre de la reconstitution nationale,
il faut bien se dire qu'elles ne pourront
répondre à cet espoiir qu'à condition
que l'œuvre française., que la colonisa-
tion française y prennent elles-mêmes
un essolr aussi rapide et. aussi large Qlie
possihlel. Il y est donc urgent d'aviser a
leur en fournlir les moyens.
Ernest Haudoê,
Député de la Marne,
Président de la Commission
des Douanes.
.40
Pour les bois coloniaux
-0-0.--
Le commandant Berlin, inspecteur des
Eaux et Forêts, conseiller technique du
Ministère des Colonies, a fait à Nice, une
intéressante 'conférence lag^rèmentéto de
nombreuses projections de photographies
prises par lui au cours de ses explorations
sur les côtes d'Afrique occidentale.
Il a. soumis aux techniciens présents une
série dl'échantillons lies différents bois
dont on doit tirer parti aussi bien pour le
gros, œuvre que pour Fébénisterte.
Il a fait ressortir l'intérêt commercial
que la ville de Nice, grâce à sa situation
privilégiée, aurait à faire dévier le com-
merce des bois coloniaux sur son port ad-
mirablement outillé qui, par la future ligne
Nice-Coni. sera en communication directe
avec l'Europe centrale par la voie la plus
courte.
Avant la guerre tous les bois coloniaux
étaient dirigés sur Berlin et Vienne par
Hambourg. "Actuellement le commerce sem-
ble devoir être accaparé par Le Havre et
Liverpool.
:
CONFÉRENCE -
Sous la présidence dé M. Raoul Persil,
député du Loir-et-Cher, ancien chef du ca-
binet de M. A. Millerand, M. Fauchère, ins-
pecteur général d'agriculture coloniale, a
fait, dimanche demiefr, 26 courant, à Romo-
ranLm, une conférence sur'Madagascar, de-
vant un très nombreux auditoire.
A travers l'A. O. F.
00 -
DANS LE CERCLE DE SAN
Nom tempêtons. comme
de beaux lliables. Alors
̃ que nous venons de (aire
plus de 1.560 kilomètres,
en auto, sans aucune sor-
te de panne, voilà qu'au-
jourd'hui les' « chigno-
les » du Soudan, échan-
gées la veille contre celles
de la Haute-Volta, se
mettent à regimber. Six fois nos pneus
éclatent et, SOUS le soleil brûlant,. Abdulaye,
notre chauffeur, pompe et crache, maudis-
sant dans sa langue natale ces c. de
Blancs qui roulent leur bosse sans pitié,
par 45° de chaleur, dans les limousines du
Gouvernement.
Coquin d'Abdulaye ! il ne grognera plus
dans quelques minutes, quand, confortable-
ment accroupi sous un « nérê », il dégus-
tera à pleines dents le poulet et le sallcis-
son, qui nous serviront aujourd'hui de dé.
jeuner de fortune.
Car ta route: et le grand air nous ont.
donné appétit, et ces repas hâtifs, pris eii
pleine brousse, m'ont rappelé les bonnes
heures des grandes manœuvres d'autre-
fôis et aussi, hélas ! des mauvais moments
de la récente guerre, où sous le soleil de
S'alonique, nous grignotions le long des
routes, les sardines du père Sari-ait.
Que cela est déjà loin !
Mais l'heure n'est pas à rêvasser. Il
faut lever le camp, faire Je plein et repar-
tir.
A trois heures de Vaprès-midi, nous
débouchons sur la place de San. Nos com-
pagnons de roule sont arrivés depuis belle
lurette et font la sieste. Ce qui n'empêche
pas l'administrateur Carbon de nous rece-
voir avec la ,grande amabilité qui lui est
coutumière.
Tard dans la nuit, San fêtera ses hôtes de
passage, pour la plus grande joie de notre
cottèguc Proust qui ne se lasse d'admirer et
de photographier les tams-tams « bobos »
qui gesticulent devant lui. Il est vrai que
les braves gens qui se livraient à leurs
tintamari'esques danses étuVent, hommes et
lemmes, nus comme des limaces. Et c'est
peut-être bien cela qui.
S*
Nous avons repris contact à San avec te
colonel Cluzeau et Mme Cluzeau. La veille
nos amis avaient failli se tuer dans un ac-
cident d'automobile.
Quel bel officier et quel grand cœur que
le colonel Cluzeau ! Il a fait toute sa longue
et glorieuse carrière aux colonies, et la
guerre l'a trouvé aux Dardanelles et à Mo-
na,stir, qui lui valurent croix et honneurs.
De la même promotion que le général Man-
gin, Cluzeau est resté colonel, malgré ses
grandes qualités et sa haute intelligence.
]\T'allez surtout pas vous en étonner devant
lui, car le colonel est un philosophe et ne
se plaint jamais. Le malheur, voyez-vous,
c'est qu'il est comme beaucoup d'entre
nous d'une totale indépendance de ca-
ractère. Il dit, sans ménager personne, ce
qu'il pense des êtres et des choses. Ses ju-
gements sont parfois sévères, mais tou-
jours justifiés. Etonnez-vous après cela que
--votis ap-i~ès cela que
quelques vieilles culottes de peau aient mal
noté le colonel Cluzeau et l'empêchent, en-
core aujourd'hui, d'oblenir les étoiles qu'il
a cependant méritées tant de fois !
Mais ça comme dirait Kipling - c'est
une autre histoire. Et nous en reparlerons
en temps opportun.
A
Je ne voudrais pas signer cet. arliculet,
sans dire au gouverneur Terrasson et à
l'administrateur Carbon combien j'ai été
frappé de la grande activité qui règne dam?
le cercle de San. Les grands travaux de 'la
digue, entrepris dans la région marécageu-
se du Bani, permettront prochainement
une circulation intensive pendant toute l'an-
née, Voilà donc avec le chemin de fer de
Ségou à Douna, la liaison établie rapide
et commode entre le Niger et Ouagadou
gou. A .l'examen, il est certain que la rouie
Ségou-San-Dédougou est celle qui reliera le
Soudan et la Haute-Volta par le plus court
chemin. Il fa-udonc l'utiliser rationnelle-
ment. Ouagadougou a tout à y gagner. Ne
permettrori-elle pas, en effet, à ses camion-
nettes et à ses voitures légères de. la par-
courir en toutes 'saisons, et de donner aux
« eaçlés » du Mossi des nouvelles de France
plus régulièrement ?
Car, dans ce domaine particulier des
courriers postaux, Ouagadougou est resté
ce qu'il était il y a quinze ans : on y reçoit
un courrier par quinzaine, alors que les
bateaux touchent Dakar tous les trois
- M'explique cela - - qui - voudra.
San, 9 février 1922.
Georges Barthélemy,
Député du Pas-de-Calais
Délégué du Soudan Français
et die la Haute-Volta
au Conseil Supérieur des Colonies
AU SÉNAT
DEBATS
La loi du 3 juillet 1915 aux Colonies
Au cours de sa séance du 21 mars 1922,
le Sénat a. repoussé le projet de loi, adopté
par la Chambre des députés, portant. ex-
tension, dans les colonies ,de la Martinique,
de la Guadeloupe et de la Réunion, de la
loi du 3 juillet 1915 qui a modifié, pendant
la durée de la guerre, les dispositions lé-
gales, relatives,à l'autorisation des femmes
mariées en justice et à l'exercice de la puis-
sance paternelle.
M. -Catalogne., sénateur des Basses-Pyré-
nées, a fait remarquer que ce projet était
aujourd'hui san$objet.
, L'avion va trop vite
pour Ill. les Ronds-de-Cuir
, --0-0-
Que la voilà bien notre Ad,,mi-nis-tra-tion
dans sa belle nature dont on se demande si
elle est plus effrontée que candide ou plus
candide qu'effrontée !
Une ligne d'aviation, due à l'initiative
privée, fonctionne entre la France et le Ma-
roc nos lecteurs le savent bien, étant ré-
gulièrement mis au courant des améliora-
tions apportées à ce réseau depuis trois ans.
Les services aériens Latêcoère ont actuelle-
ment pour points terminus, Toulouse et
Casablanca, et seront prolongés dans quel-
ques jours jusqu'à Agadir, en attendant
qu'ils arrivent à Dakar d'où, ils comptent
s'élancer vers l'Amérique.
La semaine dernière, pour la première
fois, un avion Latécoère a porté jusqu'à
Agadir le courrier postal. Nous soulignerons
d'un mot ou plutôt d'un fait, L'importance
de cet événement : avec l'organisation ac-
tuelle, une lettre met sept jours pour aller
de Casablanca à Agadir ; un avion l'y trans-
portera en quatre heures. à moins que, là
aussi, l'administration postale n'estime que
celte -rapidité g dclte le métier et ne consente
à préparer les sacs postaux qu'après le dé-
part des avions.
Il Là aussi », disons-nous, car c'est cette
attitude stupéfiante dont l'administration
postale, française vient de donner le specta-
cle à l'égard de ces services aériens.
Auparavant, l'avion postal partant de
Toulouse vers neuf heures du matin, arri-
vait à Casablanca le lendemain entre quinze
et seize helwes. Il y avait quatre départs par
semaine dans chaque sens. Une lettre ou un
paquet postal mettait donc trois ou quatre
jours au plus pour parvenir de Paris au
Maroc.
Etant donné qu'avec les services maritimes,
il faut compter de huit à dix jours, on voit
quel avantage offrait la transmission aé-
rienne. Toujours en quête de progrès, M.
Latécoère a voulu laire mieux encore : il a
étudié et trouvé une combinaison permettant
d'accomplir, dans la même journée, le trajet
Toulouse-Casablanca ou inversement, en as-
surant six services par semaine. Ainsi, une
lettre de Paris pourrait} être rendue au Ma-
roc en quarante-huit heures.
Pour cela, il fallait naturellement avancer
l'heure de départ des avions, soit de Tou-
louse, soit de Casablanca. Rien ne parais-
sait plus facile, surtout en la saison des
jours allongés où nous entrons. C'est donc
sans s'attendre à la moindre objection ou
plutôt en comptant sur un, assentiment em-
pressé, que M. Latécoère, lorsque tout a
bien été étudié et préparé de son côté, a
saisi l'lldministration postale, en_ la, priant
de bien vouloir mettre à sa disposition deux
heures plus tôt les sacs postaux que les
avions matinaux devaient emporter.
Or, le Sous-Secrétariat des Postes-Télé-
graphes-Téléphones vient de faire: répondre
qu'il ne lui était pas possible) d'avancer
l'heure de cette livraison.
Je suis persuade que l'homme de mouve-
ment qu'est M. Paul Laffont ignore cette
réponse' monumentale. Elle a. dû être rédi-
gée par un tardigrade administratif qui met
au-dessus de tous les règlements immua-
bles, les habitudes, et surtout les commo-
dités des chefs de service dont la nécessité
d'organiser une remise matinale des. cour-
riers troublerait la quiétude.
Je suis persuadé aussi qu'un Syndicat
d'employés auquel pareille combinaison au-
rait été soumise, comprenant l'utilité qu'elle
présente ,se serait empressé d'en préparer
L'exécution, acceptant avec joie le dérange-
ment ou le travail supplémentaire qu'elle
compo-rte et qui, naturellement, devait avoir
une compensation pour ceux qui subiraient
l'un et accompliraient l'autre.
Il n'est pas possible qu'une pareille déci-
sion soit sans appel. Il n'est pas possible,
si un pareil défi à l'initiative, à* l'effort, à
l'intérêt général était maintenu, qu'il ne se
trouve pas quelqu'un d'autorisé pour en de-
mander compte à ceux qui en prendraient
la responsabilité.
Fllll-lit-il, pour obtenir le résultat offert
par les semices aériens France-Maroc,
changer l'horaire des trains, que cela en
valait la peine. Toute la France indus-
trielle et commerciale y est intéressée au-
tant que le Maroc.
On propose de transporter dans la même
journée le courrier de France au Maroc et
du Maroc en France, et c'est l'Administra-
tion postale qui s'y refuse !
L'importance de ce mouvement échappe
peut-être à_ beaucoup de monde, y- compris
les gros bonnets de l'Administration pos-
tale- : ils ignorent probablement que les ser-
vices aériens Latêcoère transportent, par
mois, plus de 160.000 correspondances en-
tre la France et le Maroc. Que d'affaires,
que d'intérêts, que de sentiments aussi
sont en germe ou trouvent satisfaction
dans un1 pareil échange de communica-
tions et demandent qu'elles soient encore
facilitées et. rendues plus rapides !
Le mouvement des voyageurs s'intensi-
fie de son côté. A ux petits avions -de na-
guère, qui ne pouvaient emporter que deux
passagers, vont être substituées de confor-
ttible' s lin"zo-usiiies à (,
tables limousines à cinq et six places, et,
ait besoin, des aérobus capables de prendre
quinze à vingt voyageurs.
TfOuveiia-t-or(i encore une Administra-
tion pour mettre obstacle à ces magnifiques
réalisations de progrès qui font honneur à
leurs artisans et contribuent, avec un coel-
ficient de choix, à cet ensemble prestigieux
de la. vie moderne devant lequel la routine'
-administrative reste éberluée et hostile,
comme les paysans devantles premiers
chemins de fer ou les bateliers d'il y a cent
ians devant les premiers bateaux à vapeur?
Paul Lafitte
A LA CHAMBRE
–< laisi :
RAPPORTS
Les services de la Côte Occidentale d'Afrique
M. Ballande, député de la Gironde, vient
de déposer un rapport favorable sur le pro-
jet de loi concernant l'exploitation diu ser-
vice maritime postal entre Bordeaux et la
Cobe Occidentale d'Afrique.
Sur la ligne de vapeurs de charge se trou-
vent, en 1907, les vapeurs Cordoba, Concordia,
Colpmbia, Campana, petites unités d'un port
en lourd de 3.800 tonnes. En 1909, les trois
amiraux Aube, Baudin, Courbet, d'un port en
lourd de 5.100 tonnes, sont affectés à La Côte
d'Afrique. Enfin, en 1911, ces amiraux sont
eux-mêmes remplacés par la série Duperré :
Amiral-Duperré, Amiral-Fourichon, Amiral-
Hamelin, Amiral-ExeImans port en lourd :
6.500 tonnes). En 1914, après avoir renforcé
sa ligne de paquebots par l'entrée en ser-
vice de l'Asie, la Compagnie des Chargeurs
Réunis se préoccupait du renforcement de sa
ligne de vapeurs de charge en commandant
aux chantiers français quatre vapeurs spécia-
lement outillés. pour le trafic africain ces va-
peurs actuellement en ligne, sont : Adrar,
Baoule, Casamance, Dahomey.
La guerre et la réquisition désorganisent
complètement les services. Après la ci'-réqui-..
sition de la flotte, - la Compagnie des Char-
geurs Réunis ne disposait plus, sur la côte
occidentale d'Afrique, que des vapeurs : Euro-
pe. Afrique, Amiral-Duperré, Amiral-Fouridion,
l'Asie, ayant dû être dirigé sur l'Amérique du
Sud, et l'Amiral-llamelin, ainsi que S Amiral-
Charner, ayant été torpillés .Aussi, en 1920, la
Compagnie n'effectuait que neuf départs de pa-
quebots et sept de vapeurs de charge, mais la
remise en ligne de 1 Asie et la livraison par
les chantiers des vapeurs neufs du type Adrar
permettait à la Compagnie, en 1921, d'assurer
un départ de paquebots tous les vingt-cinq
jours et un départ de vapeur de charge chaque
mois. L'itinéraire du paquebot postal est le sui-
vant Bordeaux, Dakar, Conaltry, Tabou,
Grand-Bassam, Lomé, Cotonou, Souellaba
(DounJa), Libreville, Port-Gentil, Banane, Borna
(DouaJa ) , (Congo belge). La crise mondiale et
et Matadi (Congo belge). La crise mondiale et
le ralentissement des échanges entre la Fran-
ce et ses colonies de l'Ouest-Africain n'ont pas
permis fi la Compagnie des Chargeurs Réunis
d'augmenter la fréquence des départs de sa
ligne de vapeurs de charge comme elle l'avait
prévue dans ses programmes d'après guerre,
mais elle est prête, dès que les circonstances
le justifieront, à doubler sa ligne de vapeurs
de charge en assurant un départ tous les
quinze jours ; dans ce but, aux vapeurs du
type Adrar se joindraient les Amiraux-Duper-
ré, Fourichon, Ganteaume et Villaret-de-
Joyeuse.
Le projet de loi soumis au Parlement a pour
but de régler :
1° Le report du Havre à 'Bordeaux die li
tête de ligne postale ;
2° Le réajustement de la subvention.
De même qu'en 1908 il était apparu que le
point de départ de la ligne postale pouvait,
sans iiucun inconvénient, être reporté de Duin-
kerque au Havre, l'expérience faite pendant la
guerre a démontré qu'il convenait de donner
satisfaction à la juste demande de la Compa-
gnie tendant à faire de Bordeaux la tête de
ligne die ses paquebots africains.
La subvention die 230.000 francs ne parait
plus compenser les charges des services
postaux.
Pour reconnaître les charges imposées prin-
cipalement par la frégularité du service et par
les escales olbligatoires; la ¡Compa.gnie recevrait
une somme basée sur le prix moyen de 100
tonnes de charbon consommé pendtmt le
voyage.
En somme, en dehors du remboursement au
concessionnaire de la valeur des prestations
que lui impose le service postal, l'oorndrustrn-
ition n'allouera à te Compagnie, comme sub-
vention proprement dite et à chiaque voyage,
que la valeur de 100 tonnes de charbon ; c'est
dîne combien est peu importante la charge que
devra supporter le -budget par le jeu de la con-
vention.
La ligne postale de la côte occidentale d'A-
frique constitue donc pour l'Etat mn service
peu coûteux, surtout si on le compare à ceux
de l'Amérique don Sud, de la Corse et à l'en-
semble des services concédés à la Compagnie
dies Messageries Maritimes. Du reste, la Com-
pagnie déclare que lia subvention qui lui est
allouée ne lui permet pas de couvrir le déficit
que lui laisse sa ligne postale de la côte d'A-
frique ; cette subvention ne constituera donc
qu'une atténuation des pertes résultant de l ex-
Jmdtation de cetlte ligne. II est certain qu'il est
à peine besoin de dire aujourd'hui que les
Chalrges qui frappent l'armemelllt. depuis la
guerre pèsent lourdement et parficulièrement
sur 'les lignes de paquebots ; les Irais de per-
sonnel résultant à la fois de l'iaugmenitation
des salaires et de l'application de la loi de huit
heures et la consommation de combustible
étant, sur ces naivires, beaucoup plus impor-
tants que sur les vrapeurs de charge.
D'autre part, il convient d'ajouter que, pour
les paquebots de la côte d'Aifriique, la. recette
réalisée au titre du fret est peu importante, le
.paquebot devant limiter ses opérations *iu tra-
fic des passagers et de la poste sur les rades
foraines qu'il dessert et son port terminus
étant situé dans une colonie étrongère, laquelle
dispose elle-même de lignes propres de paque-
bots et de vapeurs de charge. Quant au trafic
des passagers, il est, sur la côte diAfriIque,
tout à fait saisonnier, les usagers de la ligne
se préoccupant de reveniT dans la métropole
au commencement de la belle saison et rejoi-
gnant leur poste en Afriqpe avant que lè
mauvais temps ne sévisse en France. Il
en résulte que sur les paquebots de nom-
breuses places pour passagers restent inutili-
sées, soit à l'aller, soit au retour, selon la. sai-
son.
Les prix seront réduits durant la morte
saison.
Indépendamment de la subvention allouée
pour; le service annexe de l'Ogooué et du
Fernand-Vaz, laquelle de 36.000 francs par
an est portée à 60.000 francs par la nouvelle
convention, la Compagnie des Chargeurs
Réunis recevra à la place de la subvention
annuelle de 230.000 francs prévue à l'article
71 du cahier des charges du 6 février 1907 :
1° Le remboursement des prestations im-
posées par. le service postal (art. 28).
A noter que la Direction des Postes et Té-
légraphes a renoncé à embarquer un con-
trôleur des services maritimes postaux sur
les paquebots de là Côte Occidentale d'Afri-
que
2° Une subvention priopre-ment- dite pour
chaque voyage et égale à la valeur dé iOO
tonnes de charbon (art. 71).
En somme, atlœ taux actuels, la Compa-
gnie recevra pour chacun dés voyages de
ses paquebots les sommes suivantes1 :
Asie 28.850 »
Ëuroipe 2G.817"50 n
Tchad 22.424 »
Soit, en moyenne, en chiffres ronds, 24.000
francs par voyage et, pour les 14 voyages 1/2
effectués dans Tannée : 348.000 francs. Telle
est, aux taux actuels, la somme qui reviendra
à la Compagnie, choque armée, à la place de
l'ancienne subvention de 230.000 francs, somme
vraiment minime par rapport à un service
dont le budget des dépenses se chiffre par plu-
sieurs dizaines de millions.
La Chambre discutera -le proQet avant sa
séparation qui aura vraisemblablement lieu
le 8 avril.
Le chemin de fer d'Affrevilto à Amourah
Le projet de loi relatif à la déclaration
d'utilité publique du chemin de fer d'Affre-
vflle à Amourah (département d'Alger),
vient d'être rapporté favorablement par M.
Paul Aubriot, députéf de la Seine.
La ligne projetée sera un affluent de la ligne
d'Alger à Oran et desservira une partie impor-
tante de la vallée moyenne du CMMa. Elle tra-
versera uné région essentiellement agricole, cul- -
tivée surtout en céréales, et pour une moindre
quantités en vignes. L'industrie y est représen-
tée par des -usines de crin végétal.
l. extension de la colonisation, l'amplification
de la viticulture et des cultures nouvelles (no-
tamment celle du tabac) amèneront rapidement
à la nouvelle voie ferrée un tonnage impor-
tant. Cest pour ces raisons que le gouverne-
ment général de l'Algérie a :ru devoir incorpo-
rer la ligne d'Affrevifle à Amourah, au prQgmm-
me général des travaux, pour l'exécution duquel
une loi du 23 juillet 1921 a autorisé la colonie A
contracter un emprunt de 1.600.000.000 francs.
PROPOSITION DE LOI
Les caoutchoucs étrangers
M. Ernest Outrey, député de la Cochin-
«hine, reprenant une proposition de loi dé-
posée il y a dix ans sur les instances des
Annales Coloniales, par notre ami et colla-
borateur, M. Henri Cosnier, aujourd'hui sé-
nateur de l'Indre, demande la fixation d'un
droit de 2 francs par kilogramme sur leA
caoutchoucs d'origine étrangère introduits
en France
Le but de cette mesure est triple : au
point de vue fiscal, elle procurera à nos
finances si obérées une recette appréciable;
aui point de vue colonial, elle assurera une
protection nécessaire à des exploitations
françaises menaioées de la ruine et de la
disparition ; au point de vue national, -en-
fin elle aura pour conséquence d'assnrer
dans l'avenir notre ravitaillement en une
matière première de la plus haute impor-
tance, pour laquelle nous avons été et noua
risquons de redevenir exclusivement tribu-
taires de l'étranger.
Au point de (vue fiscal la proposition ne
peut soulever de sérieuses objections, et an
point de vue colonial, elle doit retenir toute
l'attention du Parlement.
La production de caoutchouc en Indo-
chine représente,en effet,Pua des plus inté-
ressants et des plus importants efforts qui
aient été tentés, dans les affaires coloniales,
par les capitaux iprivés français. Notre
grande colonie d'Extrême-Orient est voisine
des possessions anglaises ou hollandaises
où lai culture de l'hévéa s'est prodigieuse
ment développée depuis une vingtaine
d'années.
Si l'on considère que toutes les évalua-
tions faites jusqu'à ce jour ont été cons-
tamment dépassées par les réalisations, si
l'on tient compte d'autre part du dévelop-
pement rapide des autres plantations asia-
tiques, on doit conclure que la faculté de
production de l'Indo-Chine est appelée, si
les exploitations ne sont pas ruinées par
la crise, à atteindre d'ici peu d'années de
8.000 à 10.000 tonnes.^ chiffre dont l'impor-
tance ne saurait être méconnue.
Ce caoutchouc est d'une qualité excellen-
te, comparable à celle des autres plantations
asiatiques. La plupart des ^gommes inidochi-
noises se vendent aux mêmes cours que
celles de Malaisie; certaines mêmes, spécia-
lement soignées et récoltées sur des sujets
ingénieusement sélectionnes, font prime.
La crise des transports maritimes, le
change local ont handicapé les planteurs
indochinois ; aussi l'établissement du droit
de 2 francs .par kilo réclamé sur le caout-
chouc étranger paraît comme le seul re-
mède effectif, durable et de conception éco-
nomiquement juste pour protéger les plan-
teurs français et les replacer dans une. si-
tuation égale à celle des colons étrangers:
La distance, où les lieux de production se
trouvent de la mer, l'inexistence de tout
moyen de transport rapide et économique
ne permettent d'alimenter le mouvement
des échanges, au Moyen-Congo et dans
l'Oubangui-Chari, que par un produit pos-
sédant une valeur élevée sous Un faible
tonnage : or, il n'en est ipas d'autre que le
caoutchouc.
En résume, il est certain :
1° Que l'avenir appartient aux planta-
tions qui, seules, sont en mesure, comme
elles l'ont été jusqu'à présent de maintenir
la production du caoutchouc au niveau des
besoins de la consommation.
20 Que notre production coloniale, infé-
rieure pour le présent à nos besoins ac-
tuels.. et surtout composée dans le passé
de caoutchouc de qualité commune, accuse
de très notables changements et répond dé-
jà aux exigences de la consommation fran-
caiise :
- 3° Qu'en laissant le caouchouc africain
conserver sa clientèle spéciale et en provo-
quant même une amélioration de sa prépa-
ration. la France peut compter, pour les
besoins de la grande Industrie caoutchou-
tière, sur la production indochinoise éva-
luéè à moins de 6.000 tonnes par an, a
compter de 1921, mais susceptible d'attein-
dre. 7 à 8.000 tonnes à partir de 1922 et de
dépasser largement cette quantité dans les
années suivantes ; - - -
4° Ce résultat ne pourra être atteint que
si des mesures sont (prises pour sauver les
plantations d'Indochine, et pour porter se-
cours à l'Afrique équatoriale.
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