Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-03-21
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 mars 1922 21 mars 1922
Description : 1922/03/21 (A23,N43). 1922/03/21 (A23,N43).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63033909
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-TROISIEME ANNEE. - No 43. L'& NUMERO : 15 CENTIMES - MARDI SOIR, 21 MARS 1922 -
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Les Annales Coloniales
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LES ARTICLES PUBLIÉS PAR LES "ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPIUtrt
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Oa aabonaa dans tons 1M BnnuxupeitaatchM lw priacipau NbMhww
fExposition Coloniale de 1925
Notre éminent collaborateur et ami, M.
Charles Debierre nous donne l'intéressant ar-
ticle suivant que nous insérons très volontiers.
Son hostilité est plus dirigée contre les façons
dont l'exposition coloniale de Paris a été amor-
cée par MM. Angoulvant et outrey j usauàce
jour que contre le principe même de l entre-
prise qui est appelé à rendre de grands servi-
ces si le but poursuivi par ceux qui l'ont con-
çue, il y a deux aiis, MM. Lucien Cornet et
BarthéwmyRobaglia. est enfin réalisé.
Un journal qui s'occupe spécialement
de Ja. politique coloniale, racontait ré-
cemment que le nouveau ministre des
Finances, M. de Lasteyrie, n'était pas
très bien disposé pour la. future Expo-
sition coiloniaile de 1925. Recevant rue
de Rivoli une délégation dans laquelle
se trouvent M. le sénateur Fernauud
Divid, M. le d'êpnité Outrey et M.
Angoulvanl - commissaires généraux
die - l'EJe,polsition coiloniale de 1^»,
qui venaient lui proposer un systè-
me financier pour couvrir les frais de
l'Exposition, M. de Lasteyrie déclara
tout net qu'il ne pouvait s'associer à ce
projet. Le ministre ayant ajouté que
d'ailleurs cette question de l'Exposition
n'était pas encore tranchée et que rien
ne permettait d'aifjfirmer qu'etlle aurait
lieu, aurait provoqué de la part de MM.
Outrey et Angoulvant une vive protes-
tation, M. Angou-lvant ayant fait re-
marquer à M. de -Lasteyrie que l'Ex-
position de 1925 avait fait l'objet d'un
vote du Parlement, que le projet avait
été renvoyé à l'exaimto des Commis.
siows, qu'un -décret enfin, l'avait nom-
mé ooimtmissaire 'générai de Imposi-
tion.
Il paràtt que devant cette attaque
brusquée, le ministre aurait reculé et
qu'il aurait, promis d'examiner avec-
bdenveifllance la question d'émission de
bons de 40 fr. avec tickets d'entrée du
type de ceux créés loirs de l'Exposition
de 1889. H aurait fait mieux ; il aurait
souri à M. Angoulvant.
On comiprendra, pouT des raisons
bien connues, mais que nous n'avons
pas pour Je moment à donner, l'air sou-
riant de M. Angoulvant. C'est une po-
sition ,fo'rt intéressante que celle de
commissaire général d'une grand'e Ex-
positiofii si nous en jugeons par les ex-
positions partielles ou universelles
Qu'on nous a données depuis vingt ou
trente ans. Mais l'Exposition coloniale
de 1925 n'est pas liée à la satisfaction
que peut en avoir. M. Angoulvant. Ce
qu'il s'agit de savoir, avant tout, c'est
si cette Exposition est utile et désira-
ble; si, au point de vue commerciaLelle
peut être avantageuse à la fois à la Mé-
tropole et aux colonies, et si enfin, com-
me semble l'avoir affirmé M. AngouJ-
vant au ministre des Finances, l'Expo-
sition coloniale de 1925 a été définitive-
ment approuvée par le Parlement.
En ce qui concerne le premier point,
les avis ne sont pas unanimes. Beau-
coup de gens avisés et experts en la
matière - pensent que les --- expositions
coûtent cher et qu'ailles rapportent peu.
Une exposition eoiloniale peut-elle faire
connaître les colonies, leurs produc-
tions, leurs besoins, leurs ressources
et rimportance de leurs échanges com-
mierciaux ? On peut en douter comme
d'ailleurs du résultat de toutes les expo-
sitions. Dans tous les cas, on mu-t l'ap..
•prendre autremient que par une exposi-
tion qui, igjénéraileiment, n'esit »qurune
grande foire aux exhihUions. Les Offices
coloniaux ne sont-ils pas faits pour ren-
seigner sur tous les ,points ileis indus-
triels et les commerçants en matière co.
-liOnialle.? Qu'ont jamais rapporté les Ex-
positions universelles ? Si, au point de
vue de la visite des étrangers et du
commerce local, elles peuvent apparaî-
tre comme. intéressantes, sous d'autres
points de vue, eilles ne présentent pas
les miêraies avantages. Il y a là 1g
« pour » et le « contre » et je ne sais
pas si le « contre » ne l'emporte pas
sur les prétendus bénéfices.
D'autre Ip.a.rt.. les grandes exposition a
engagent de grosses dépenses pour l'a-
ménagement et le bouleversement des
terrains concédés. Si l'on veut faire une
foire d'échantillons des produits exoti-
ques et coloniaux, point n'est besoin de
recourir à ces exhibitions théâtrales et
sans lendemain pour le commerce ou
l'industrie.
Enfin, en ce qui concerne l'affirma-
tion que le Parlement se serait défini-
tivement prononcé sur l'Exposition co-
lonirule. de 1925, nous pensons que cette
affirmation est inexacte. Ce n'est pas
parce que M. Angoulvant, gouverneur
des colonies en fettraite, aurait ob-
tenu par décret sa nomination au poste
envié et lucratif de comimiissaire géné-
ral, que l'Exposition serait définitive-
ment décidée. Le principe en a peut-
être été voté, mais du principe à la réa-
lisation, il y a une certaine distance.
De lIa. coupe aux lèvres, il y a loin. Le
projet a besoin d'être examiné par les
Commissions compétentes. Les Com-
missions des finances de la. Chambre et
du Sénat doivent donner leur avis fi-
nancier sur ;la dépense. Tout un plan
- d'emplacement, -d'organisation, de réa-
lisation en un mot, est à étudier. -Les
décisions municipales ne sont jamais
délfinibirves. On l'a vu récemment à pro-
pos de 'remplacement des jeux olympi-
ques. On ne peut donc, pas dire que TEx-
position coloniale de 1925 auira lieu, et
là-dessus, si ce fut le. langage tenu par
le ministre des Finances à M. AngolUJ-
vant et à la délégation qui fut le voir,
on ne peut qu'approuver les réserves du
ministre.
Nous sommes aussi préoccupé que
qui que Cet soit des. intérêts coloniaux
et du commerce extérieur de la Fran-
ce, mais nous voudrions savoir si les
commerçants français et les commer-
çants des colonies réclament réelle-
ment la grande Ëxiposition coloniale
que M. Angoulvant serait si heureux
de diriger. Qu'elle soit agréable à un
certain nombre de personnes qui par-
lent volontiers au nom. des coloniaux,
cela se conçoit trop pour que nous
ayons besoin de le faire remarquer,
mais la satisfaction d'intérêts privés ne
doit pas primer l'intérêt général. La
France, comme les colonies, ont à sa
prononcer et le dépit courroucé de cer-
taines personnes ne saurait influencer
leur décision.
Charles Debierre,
Sénateur du Nord.
00
Parler pour ne rien dire
Je m'en voudrais d'ajouter quelque dis-
sertation aux débats d'hier à la Chambre.
M. Albert Sarraut n'a absolument rien dit,
si ce n'est qu'il ne savait rien et que la
Société française du Togo était par lui dé-
possédée de la location qu'il lui avait fait
atribuer. L'araire va venir au civil. Les
chats-fourrés vont avoir au Togo, à Dakar
et à Paris du pain sur la planche. Il a nie
qu'il avait encouragé la fondation de cette
affaire sur les bases où, selon ses ins-
tructions, M. Wœlffel l'a mis debout.
M. Fernand Clerc, dans son journal l'Au-
rore de Fort-de-France, qui nous arrive au-
jourd'hui mômey MM. Combrouz.e et Gas-
parin lui ont infligé un démenti formel.
M. Combrouze notamment, dans une véhé-
mente intervention a fait bonne justice des
criailleries de ceux qui voyaient un scan-
dale dans le fait que lui, député français,
avait mis 12.500 francs de sa poche, en
bonnes espèces sonnantes pour souscrire à
une entreprise coloniale exclusivement
française. Notre excellent collaborateur et
ami a prié également M. Sarraut de lire sa
circulaire confidentielle d'août 1914, relative
à la cession des biens allemands dans les
pays à mandats.
Le ministre des Colonies s'en est bien
gardé, car il aurait été obligé de déclarer
que MM. Wœlffel et Lu;cas se sont contor-
més à ses instructions en évitant la main-
mise d'un consortium anglo-germanique
sur les plus belles plantations du Togo. Ce
que M. Sarraut a réussi à éviter en 1920,
il le regrette en 1922. pourquoi ce revire-
ment ?
Quant à M. Diagne il a apporté des pré-
cisions telles qu'il a encouru le courroux de
M. Albert Sarraut.
Pour finir, M. Léon Archimbaud, comme
M. Sarraut le lui avait demandé vendredi,
a déposé un ordre du jour de confiance.
mais la Chambre ne fut pas de cet avis et
M. Candace fit voter un ordre du jour pur
et simple auquel M. le ministre des Colonies
se rallia en y impliquant sa propre con-
fiance. L'Angély
Le Maréchal liiauiev quille la France
u 0
Le maréchal Lyautey, résident général
de France au Maroc, accompagné de M.
Vatin-Péirignon, chef de son Cabinet civil,
part ce soir pour rejoindre son poste, via
Marseille, après avoir passé à Paris six se-
maines exceptionnellement remplies, no-
tamment par la mise au point, avec le nou-
veau Gouvernement, des grandes questions
marocaines à l'ordre du jour, dont la plus
importante est l'achèvement du programme
de pacification adopté l'an dernier par les
Pouvoirs publics et heureusement poursuivi
au oowis de l'année 1921.
Ce séjour lui a également fourni l'occa-
sion d'avoir d'importants entretiens, d'une
part avec les représentants des grandes en-
treprises marocaines (au premier rang des-
quelles il faut ranger les chemins de fer à
voie normale dont la construction se pour-
suit avec rapidité), d'autre part, dans les
milieux financiers, en vue de la (réalisation
d'une première tranche de l'emprunt maro-
cain.
Enfin, le maréchal a tenu à multiplier les
contacts avec les grands groupements de-
propagande nationale ou coloniale devant
lesquels il a exposé ses idées sur la poli-
tique musulmane de la France et sur les
grandis principes d'organisation qui doivent
inspirer le fonctionnement des Etats mo-
dernes.
Le maréchal sera à Rabat le 26 du mois
courant, à temps pour veiller aux derniers
préparatifs de la visite du Président de la
Réputbliique. Il nous a exprimé toute l'im-
portance qu'il attache à ce voyage prési-
dentiel, à la fois pour l'avenir du protec-
torat et pour le prestige de la France dans
tout l'Islam.
« Il coïncidera, a dit le Résident général,
avec de déoennaire de l'institution du pro-
tectorat, qui date du 30 mars 1912 ; c'est
dire qu'il constitue, pour rœuvre française
au Maroc, une consécration et une récom-
pense. »
A travers tA. 0. Fe
EN ROUTE POUR LE NIGEl
Après avoir serré une
dernière fois toutes les
mains amies qui se ten-
daient vers nous, nous
avons quitté, aux premiè-
res lueurs du jour, Oua-
gadougou pour Mopti.
Le convoi est réduit à
sa portion. officielle. En
dehors de mes collabora-
tewrs, de Kersaint et de la Ruffinière, seul
l'administrateur teurs, Bellieu m'accompagnera
jusqu'au Niger.
Mais le gouverneur Foussét a tenu à ve-
nir me donner Vaccolade à quelques kilomè-
tres de sa capitale. Quel chef excellent !
Quel bon camarade ! Son accolade, mes
chers amis du Mossi, c'est votre accolade
à tous. Laissez-moi une dernière fois, en
écoutant ronfler les moteurs, vous remer-
cier du. si fraternel et sympathique accueil
que vous avez bien voulu réserver au
« vieux frangin Barthélémy », pendant son
trop court séjour en Hautè-Volta.
* * - -
La route de Mopti est excellente. Dès les
premiers jours de saison. sèche, les presta-
taires l'ont remise en état, et nos voitures
roulent avec beaucoup de facilité.
Ya/w est vite atteint. Nous v passerons
la nuit, car j'ai le plus vif dësir de repren-
dre cantact avec les chefs et les indigènes
du pays qui, en 1909, m'avaient plutôt
« fraîchement » accueilli dans leur contrée.
Je constate ici le môme phénomène qu.'à
Koudou-gou. Sï les vieux chefs du pays
sont restés quelque peu refracla-ires à notre
autorité, par contre le Yako-iuaba et la po-
pulation qu'il administre nous sont ent-iè-
rement acquis.
Dit reste, les cadeaux qui nous sont of-
ferts, les cavalcades et les tam-tams qui
soulignent notre arrivée, en sbnt la meil-
leure preuve.
- -' r~ - -. - - - _t - .-.,-
Au campement, près au oweau, ue yusw
où veille un fonctionnaire indigène des plus
aimables, la table est mise. De là~Ruffinière
a bien [ait les cJwses, Il a réussi, avant de
quitter Ouagadougou, à faire main basse
sur une délicieuse bouteille qu'il dénomme
pompeusement « liqueur de termite »>. Et
nous voilà, sur nos chaises-longues, à la
lueur des photophores, nous moquant à
7.000 kilomètres de France, du Parlement,
de ses ministres et de ses lois, dégustant à
lentes gorgées, mi délicieux. pernod. Car,
ce que de. la Ruffinière appelle innocemment-1
de la liqueur de termite est bel et bien le
bon vieux pernod du temps passé que l'on a
rudement eu tort ceci dit entre nous
de supprimer aux colonies.
«
A Ouahigouyoi arrêt pour déjeuner. Ré-
ception, au préalable, de toutes les ataori-
tés indigènes. Entouré de ses collabora-
teurs, l'administrateur Mathurin me les pré-
sente.
Voici le Yalensfa-naba, et puis aussi le
grand chef des Peulhs. Ils m'ont connu
autrefois, et ils me disent à nouveau leur
grand attachement pour la France. lis vou-
draient bien venir à Paris, prochainement,
à l'occasion de l'exposition coloniale. Mais
ils sont esclaves de coutumes ancestrales et
ils ne peuvent, sous peine de mort, fran-
chir les limites territoriales de leurs pro-
vinces. Braves gens ! Qu'Allah vous garde
longtemps encore à nos côtés.
***
Après un excellent déjeuner, que prési-
dait la grâce charmante de Mme Mathurin,
nous avons mis le cap sur Bandiagara.
Nous n'y serons que le lendemain, car si
l'étape n'est pas longue nous préférons
franchir la falaise dans les meilleures con-
ditions possibles. Et c'est pour cela que l'ad-
ministrateur Bellieu" en convoyeur prudent,
nous fera ce soir camper à Kani-Kornbolê.
Nous sommes aux pieds des roches géan-
tes. En nids d'aigles, les cases dit village
s'étagent dans la falaise, menaçantes et
tristes. Quelques rares indigènes rôdent
autour de notre campement. Ces gens ne
nous aiment pas : ils nous subissent.
Et voila, qu'en les voyant, qu'en scrutant
leurs regards méchants, je me mets à pen-
ser à ce pauvre Vyères qui en 1908, a trou-
vé du côté de Hombori, une mort épouvan-
table.
Il était commis des affaires indigènes, en
tournée de recensement et d'impôt dans la
falaise. Les Habbès c'est le nom donné
aux indigènes du pays avaient décrété la
mort des blancs, Vyères paya de sa vie
les fautes et les faiblesses de nos gouver-
nants d'alors. Les Habbès le surprirent un
matin, sans défense. Ils le martyrisèrent,
lui ouvrirent le ventre, lui coupèrent les
testicules et, finalement, le scalpèrent. Il
mourut en héros.Il méritait la Légion d'hoir
neur. En récompense, on t'accusa d'impru-
dence et de témérité..
Il est vrai qu'il n'était que petit commis
des Affaires indigènes.
Ouahigouya, l'r février.
, Georges Barthélemy,
Député du Pas-de-Calais,
Délégué du Soudan Français
et de la Naute-Vdlta
au Conseil Supérieur des Colonies
Le voiaje présitenuel el ifrlp du M
--0-0--
Les questures du Sénat et de la Cham-
bre informent les membres du Parlement
qu'en raison des difficultés de transport et
de logement au cours du voyage de M. Mil-
lerand en Afrique du Nord, la liste des per-
sonnes devant accompagner M. Millerand
a dû être strictement limitée aux présidents
des Chambres,-(lux membres du Parlement,
rapporteurs du budget de l'Afrique du
Nord et aux fonctionnaires et officiers des
maisons civile et militaire du Président de
la République.
A LA CHAMBRE
llDUmlwioD au ministre des Colonies
-
L'ordre du jour pur et simple est voté
La Chamibre a continué hier la discus-
sion de l'interpellation de M. Boisneuf, sur
les scandales de la liquidation des biens en-
nemie séquestrés aux colonies. Notamment
au Togo, de violentes apostrophes ont été
échangées, si bien que M. Ghassaigne-
Goyon, président de séance, était tout es-
soufflé pour rétablir l'ordre.
M. Sarraut monte à la tribune.
Discours de M. Albert Sarraut
Le ministre des Colonies rend hommage
à la collaboration de nos indigènes :
Il faut faire mieux, dit-il. Il y a une sorte de
commandement de poursuivre tous les efforts
nécessaires pour qjue disparaissent de notre
administration les fautes qui peuvent encore
être commises et fournir, trop souvent, pré-
texte à des généralisations injustifiées. (Ap-
pinudissements. )
Il rappelle la mort de l'administrateur
Dusser et il ajoute :
il -est nécessaire que j'aie en main toutes les
pièces du dossier de l'enquête pouf me former
une opinion sûre et précise. C'est ce que je
répète à la Chambre, après avoir eu l'occasion
de le dire à la Commission des affaires colo-
niales, par Jaquelle j'ai été entendu s,ur cette
question et devant laquelle j'ai ouvert très
loyalement le dossier que je possède.
La situation, à cet égard, est d'une extrême
clarté : deux fonctionnaires, le commissaire de
la République au Togo, M. Wœlffel et M. l'a-
vocat général Lucas, ont été rappelés pour
s'expliquer sur cette affaire. Ils sont arrivés
à Paris. Ils avaient le droit d'ôtire entendus
toir leur supérieur hiérarchique, le ministre. Je
les ai reçus, je leur ai dit les articulations por-
tées contre eux. J'ai commencé à recevoir
leurs explications.
Mais cela ne suffit pas. H y a une procédure
régulière, qui, instituée aussi bien dans l'inté-
rêt de la vérité que dans l'inllérêt des fonc-
tionnaires que l'on met en cause, doit être
d'autant plus scrupuleusement observée qu'est
plus groive la responsabilité qu'on fait peser
sur la têle de ceux que l'on prend à partie.
MM. Wœlffel et Lucas vont recevoir commu-
nication des rapports d'inspection énonçant
les articulations formulées contre eux. Ils re-
pondront sur chacun de ces points Ensuite,
selon la procédure accoutumée, le dossier me
sera transmis et j'envisagerai s'il est opportun
de renvoyer ces deux fonctionnaires devant les
jtmâdictions réglementaires : l'un M. Wœlffel,
dînant le conseil d'enquête ; l'autre, M. Lu
devant le conseil de discipline de la ma-
trature. Sur l'avis qui serait formulé par
'SlSfhdeux -juridictions, j'aurai à examiner, s'il
VY lieu ou non de 'prononcer des sanctions
disciplinaires, de se borner à ces sanctions, ou
bien, aillant plus .loin, de savoir si c'est à des
responsabilités pénales que peuvent être expo-
sés les deux hommes dont je viens de citer les
noms.
M. Diagne interrompt. Et s'ils sont ac-
quittés ?
ú ministre des Colonies. S'ils sont ac-
quittés, j'aurai lieu d'examiner si, malgré tout,
et pour les faits de légalité que je vais exa-
miner dans un instant, une sanction discipli-
naire ne doit pas être prise.
M. Diagne précise. Vous portez déjà un
jugement ?
M. Albert Sarraut dit que les contrats ont
été annulés le 18 mars par le Tribunal de la
Colonie, ce qui lui attire cette interruption
da M. Gùsparin, député de la Réunion :
« Il y a des tribunauix en France, heu-
reusement ! »
Le ministre des Colonies. Je ne veux pas
aller plus loin.
J'ajouterai que je suis fermement résolu,
dans une affaire de cette nature, où sont en-
gagés la considération et rhohneur de deux
fonctionnaires, qui, je dois le dire, sont excel-
lemment notés.
M. Georges Doussenot. Très bien !
M. le ministre des Colonies. J'ai le devoir
étroit de leur rendre ce témoignage.
M. Georges Bousscnot. Nous avons en-
tendu le réquisitoire, nous pourrions entendre
maintenant la défense.
AI. le ministre des Colonies. .Je suis ré-
solu, dis-je, à faire en sorte, que ces deux
fonctionnaires, qui sont, je le répète, très bien
notés l'un et l'autre, puissent se défendre
complètement en ce qui concerne les articula-
tions qui ont été portées oontre eux. Je désire
qu'ils aient toute latitude de faire disparaître
même telles apparences défavorables qui ont
été oréées contre eux, peut être parce qu'on
n'a pas suffisamment- saisi le sens dans lequel
ils ont interprété les dispositions dir décret de
1920. Je déclare, avec la même netteté, que
personne ne pourra, m'empêcher de mener jus-
qu'au bout celte affaire et que, lorsqu'il s'agi-
ra de prendre des sanctions, quelles qu'elles
soient, aucune intervention ne pourra en dé-
former le caractère et le sens.. (Applaudisse
monts.)
M. Gasparin. Cela vous honore.
Sur le cas de M. Bellan, M. Sarraut in-
dique :
« J'ai le désir de faire la pleine lumière, je
déclare à M. Boisneuf, comme à M. Outrey
que. mon dessein est d'appeler M. BeHan, de
lui produire les documents qui ont été four-
nis, d'entendre ses explications et d'examiner
ainsi en toute clarté les suites dont cette af-
faire est susceptible. »
M. Ernest Outrey. C'est une mesure indis-
pensable.
M. d'Iriart d'Etchepare. C'est la seule so-
lution possible.
Sur les traitements infligés aux indi-
gènes, M. Sarraut répond :
M. Boisneuf a cité un certain nombre de faits
qui se seraient produits en Afirique équatori ile
et qui ont trait à des mauvais traitements in-
fligés aux indigènes.
Sur ces faits, je ne possède pas encore des
éléments complets d'information, mais j'ai câ-
blé pour avoir les renseignements nécessa'res.
Je possède, cependmt, un certain nombre de
renseignements qui me permettent de dire à
M. Boisneuf qu'il a été induit en erreur.
- M. Boisneuf a cité, notamment, le fait d'un
noir cliii aurait été assassiné par un agent an-
glais, lequel n'aurait pas été inquiété et serait
actuellement en liberté.
C'est une erreur. Dès que le meurtre a été
connu, le parquet s'est transporté sur le lieu
du crime, l'agent anglais a été immédiatement
arrêté et c'est vraisemblablement à la session
prochaine des assises qu'il aura à répondre de
son acte.
M. Boisneuf m'a signalé, d'autre part, qu'en
Afrique équatoriale un indigène aurait été noyé
au passage d'une chaloupe, par des gens qui
l'auraient bousculé et jeté Õ. l'eau. J'ai câblé
pour information. Mais déjà, dans mon cabi-
net, j'ai reçu des renseignements émanant de
personnes de l'AMque équatoriale, au courant
de l'incident, qui m'ont affirmé qu'il s'agissait
purement et simplement d'un accident.
Et le ministre des Colonies conclut :
J'aimerais, que l'on parlât un peu moins
souvent de nos prétendus scandales coloniaux
et qu'avant de baptiser certains faits de ce
nom flétrissant on sût d'abord exactement
quelle est la vérité qu'il y a derrière certaines
apparences. Je voudrais surtout qu'au lieu d'é-
puiser nos heures et nos efforts en ces discus-
sions pénibles et stériles qui sont sans
résultats effectifs, nous nous attachions à réa-
liser des projets pratiques à obtenir des actes
positifs capables d'ajouter à la grande œuvre
que nous avons accomplie déjà dans nos co-
lonies. (Très bien 1 très bien 1)
Et voici ma conclusion. Dans quelques se-
maines. l'ouverture, à Marseille, d'une grande
gxpqsiMon jcoloniale sera pour nous tous,
Français, une admirable leçon de choses. Je
vous demande, M. Boisneuf, d'aller la voir et
de vous rendre compte de ce qui, derrière ce
faste apparent des palais, des ipavillons et des
pagodes, atteste la générosité, la puissance et
la noblesse d'un effort de civilisation indigène
que vous ne rencontrerez pas dans tous autres
pays ; je vous demande de regarder, bien at-
tentivement, ce que, pour l'éducation notam-
ment et pour 1 assistance médicale, nous avons
fait dans toutes nos colonies, nous, dont le
perpétuel effort, & mesure que nous pénétrons
le mystère farouche ou l'ancienne misère des
brousses coloniales, consiste à remplacer les
prisons par des maternités, et les bagnes par
des écoles. (Vifs applaudissements,)
Interventions de MM. Outrey et Boussenot
M. Outrey demande au ministre d'éclai-
rer toute l'affaire Bellan.
M. G. Boussenot, député de la Réunion
déclare :
« Je me félicite d'entendre le ministre des
Colonies nous affirmer ceci : personne, à cette
heure, ne peut être autorisé à dire que MM.
Lucas et Wœlffel sont deux fonctionnaires mé-
ritant un blâme. Ils n'ont pas encore présenté
leur dé£ense. Attendons-la pour les juger. »
(Très bien 1 très bien 1)
M. Diagne à la Tribune
d Le député du Sénégal précise un point
de vue omis par M. Boisneuf : il rappelle
la législation allemande au Togo.
M. Diagne fait allusion aux instructions
envoyées par M. Albert Sarraut. Il ajoute :
« A la Commission des Colonies, il en a été
donné lecture. Elles émanent du département
des Colonies. Que vous disiez q,u'elles ne sont
pas de vous, mais d'un autre ministre, la ques-
tion importe peu, elles émanent du ministère
des Colonies et sont signées par un ministre.
Aussi, je suis surpris que, jugeant sur des
apparences M. Boisneuf rejette sur M. Lucas
la responsabilité de cette affaire, dénonçant et
expliquant la présence de ce magistrat, avo-
cat général, au Togo comme n'ayant qu'un but,
réaliser précisément la main-mise sur les do-
maines en question au profit d'un groupement.
1 M. Boisneuf a déclaré que tour à tour DrOCU-
reur ae la rvepublaque. administrateur A géné-
ral des séquestres, président du tribunal, M. Lu-
cas avait occupé ces situations pour servir des
intérêts privés.
M. Diagne démontre que M. Lucas a eu
seulement à prendre des registres et à les
signer.
M. Diagne ajoute :
« Les contrats qui ont été passés sont de
vulgaires contrats de location et, s'ils appa-
raissent comme ayant un caractère de longue
durée - en ce sens qu'ils portent engagement
pour soixante-quinze ans, avec possibilité de
revision tous les cinq ans' et faculté de rup-
ture je pose la question suivante :
-11, pour des cultures qui demandent, les
unes sept ans, d'autres quatre à cinq ans avant
de rapporter, vous faites signer un contrat ré-
visable tous les cinq ans, quelle faveur faites-
vous donc aux hommes qui consentent à en-
fouir leurs capitaux dans la terre, s'ils courent
le risque, au bout de cinq ans, ayant encore
deux ans à attendre avant d'en retirer une ré-
munération, de voir le contrat rompu ?
Si c'est ainsi que le département des Colo-
nies entend encourager les capitaux français
qui veulent s'utiliser dans les colonies, je com-
prends qu'en effet il soit préférable de diriger
ses capitaux vers l'étranger.
La légende de l'esclavage
D'autre part, M. Boisneuf, au nom d'une
haute idée, est venu dire que dans ces contrats
on instaurait l'esclavage. Je suis l'Afrique, un
peu plus même que M. Boisneuf (Sourires), et,
si de tels procédés devaient être employés,
j'aurais autant que lui le droit de m'élever con-
tre une pareille action gouvernementale (Ap-
plaudissements.)
L'incident, d'ailleurs, a été vidé l'autre jour.
M. Boisneuf a donné lecture d'une disposition
stipulant que la main^'œuvre pour ces pro-
priétés serait fournie par l'administration, ou-
bliant la seconde partie de la phrase que, sur
l'insistance d'un de nos collègues, il a fini par
lire, et qui montrait qu'il n'y avait pas du tout
d'esclavage, ni de contrat de travail forcé.
En effet, cette disposition est pratiquée par
toutes les exploitations qui sont au Togo entre
les mains des Anglais ou des Français.
Et puis il n'y a pas que ces contrats ; il y
a dans ce pays des personnalités qui bénéficient
de contrats du même genre, et pour lesquels
le ministère n'a jamais rien dit ; il n'a même
pas eu la curiosité d'en demander la liste.
C'est M. le commissaire de la République qui,
de lui-même, et avec la plus entière bonne foi,
de lui-même, fait l'envoi, monsieur le ministre,
vous en a
estimant qu'il était nécessaire de vous mettre
au courant de l'action qu'il avait réalisée. Il
s'agit ici d'un contrat signé par M. Nedellec,
contrat que le ministère n'a pas réclamé.
C'est lorsque M. Wœlffel vous a adressé un
rapport commentant le contrat et indiquant
que, pour qu'il puisse jouer, il faudrait réali-
ser la préemption, c'est alors seulement que.
n'ayant - pas reçu le contrat, qui matérielle-
ment ne se trouvait pas dans le dossier, vous
l'avez réclamé. On vous l'a envoyé, .on n'a pas
cherché à vous le caher, puisqu'un rapport à
vous expédié le commentait.
Ce que je veux dire aussi, c'est que si M. Lu-
cas est allé visiter non pas toutes les proprié-
tés,. comme l'a dit M. Boisneuf, mais une des
propriétés Agu et Togo, ceci s'est passé à une
époque où l'envoyé de M. Hirsch, M. Charles
Gasparin, ne se trouvait pas au Togo. C'est au
moment, de la restitution de la zone anglaise à
la France. M. le major Jackson, qui avait des
relations tendues avec le détenteur anglais des
propriétés Agu et Togo, a prié M. Lucas, com-
me attorney général, de se mettre en contact
directement avec le détenteur anglais M. Leens.
Et c'est ainsi que M. Lucas est allé, entre sep-
tembre et novembre 1920 sur ces propriété,
alors que M. Charles Ga-pairin n'est arrivé au
Togo que le 18 février lm.
M. Charles Gasparin, qui est l'ami et le com-
patriote de M. Lucas c'est très exact et
même l'ami de M. Lucien Gasparin, notre col-
lègue, arrive au Togo, où on ne l'attend pas,
car le télégramme ministériel dit : M. Hirsch.
Il est reçu chez M. Lucas. Pourquoi 7 Parce
que, au Togo, il n'y avait ni hôtel, ni restau-
rant, et que ceux qui arrivaient étaient obli-
rant, de demander l'hospitalité à des gens de
gés
connaissance.
.C'est à la faveur de faits de cette sorte, malt N
connus ou faussement interprétés, que M.
Boisneuf est arrivé à vous montrer un magis-
trat, et des fonctionnaires essayant de dépouil-
ler à la fois les séquestres et l'Etat français
au bénéfice de certains hommes qui, ici, pas-
sent pour leurs amis. Eh bien, il n'y a pas-
un mot d'exact dans tout cela.
En voulant jouer du cadavre de M. Dusses
M. Boisneuf a oublié de vous dire ceci : « La
mère de M. Dusser s'était suicidée. Le propre
frère de M. Dusser, administrateur séquestre
au Togo, comme lui, rentre en France et, huit
jours après, se suicide à Bordeaux. M. Dus-
ser lui-même s'est suicidé, hanté, dit-on, par
la responsabilité d'un contrat qu'il avait si-
gné ; mais son suicide, notons-le, se produit
cinq mois après la signature de ce contrat. a
Une manœuvre anti-française
M. Diagne marque bien la manœuvre des
formes anglo-allemandes au moment du sui-
cide de Dusser. Un télégramme a été en-
voyé par cinq à six personnes et quelles'
personnes !
M. Diagne cite :
cc Cela est signé par un agent de la Société
commeroiale de l'Ouest africain, par MM. Du-
ten, Lyonnel, Méloir, Sauterelle, Combe, Bon-
nave, Duret, Heatley, Wilson-Itîun -et un Al-
lemand, Giezendanner.
Parmi les signataires de cette liste se trouve
un individu., ex-administrateur, condamné en
1918 pour i à deux ans de prison, au Daho-
mey, et qui, depuis quelques mois, exerce au
Togo le métier de restaurateur. Il y a un Suisse
qui, pendant la guerre, s'est fait passer pour
Français. Soumis à une information judici
parce qu'il était considéré comme insoumis il
était1 par avouer et par donner la preuve qu'il
élait Suisse. »
M. ! Gasparin. - Voilà les hommes qui nccu-
sent 1
M. Diagne. - L'un de ces hommes avait
fait paxtie d'une mission allemande avamtiaS.
et jusqu'en 1916, tant que les AUem&nds sont:
rœtés au T-ogo.
Et ce sont de tels hommes qui ont la pré-
tention de défendre les intérêts de la France
au iogo.
Cela n'est pas sérieux.
Le député du Sénégal poursuit:
Quand1 vous couvrez M. Huuiblot, inspecteur
des colonies, dont vous avez fait un magis-
trat. ,.
M. le ministre des Colonies. - Non.
M. Diagne. - Je me place 6U point de
vue de la confianœ que vous lui accordez, un
détail gâte tout. Cet inspecteur qui opère en ce
moment au Togo est celui qui a porté, 122,
avenue des Champs-Elysées, les documents du
ministère, qui a donné les indications nécessai-
res a M. Hirsch et qui a encouragé à aller
au Togo. (Mouvements diverse
M. Gasparin. Voilà loi vérité, voiià ce qu'il
faut dire.
lm
M. le ministre des Colonies. - Qu'est-ce que
cela veut dire?
- Si j'ai défendu M. Humblot, déclare M.
Sarraut, c est qu'on l'a accusé d'être acquis.
a des intérêts privés.
Je ne l'ai jamais cru, répond M. Diagne.
Mais M. Gratien Candace pose solennel-
lement une question à M. Diagïie et il va
créer des « mouvements divers » qui em-
pêcheront la Chambre d'écouter la fin du
discours de celui-ci.
Pouvez-vous me dire, demande M. Can-
dace, si les instructions données par le minis-
tre coïncidaient avec le souci que le - Gouver-
nement français devait avoir de nos - intérêts
au loco ?
, ..;. Oui, incontestablement, répond' M. Dia-
gne.
Et M. Diagne cite ce jugement sur M.
Wœlffel :
« Administrateur pénétré de cette idée, con-
naissant à fond l'immense empiré français de
1 Afrique occidentale, parlant le soudanais de-
puis vingt-cinq ans, vous étiez plus qu'un au-
tre capable de nous envoyer, pour soutenir
nos propres soldats, les - vigoureux indigènes-
de cette immense colonie. Et après tous les -
services rendus, c'est vous. Wœlffel, qu'on tra-
duirait devant un tribunal quelconque? Je ne
puis le croire et aucun de ceux qui vous con-
naissent ne peut avoir le moindre doute sur
votre loyauté. »
M. Duclaux-Monteil Qui a écrit cela 7
M. -Diagne. Le général Perrot.
T, M. Gasparin. Tout le monde sait que M.
Wœlffel est un parfait honnête homme. Per-
sonne ne l'ignore. Le ministre lui-même ne:
peut le soupçonner, ni lui, ni M. Lucas.
M. le ministre des Colonies. J'ai dit qu'ils-
etaient excellemment notés.
M. Gasparin. J'aurais voulu que vous le
disiez plus fermement à la tribune.
M. Diagne. - M. Lucas, à qui vous avez dit
que, s'il était démontré qu'il avait voulu ser-
vir des intérêts particuliers.
M. le ministre des Colonies. Je n'ai pas
dit un mot de cela.
M. Diagne. Que s'il était dèmontrfr
qu'il ait voulu servir des intérêts particuliers"
en raison de ses relations, il ne pourrait plus:
rester dans la magistrature.
AI. le ministre des Colonies. Je n'ai pas.
dit un mot de cela. ,
M. Diagne. .M. Lucas vous a répondu :
« Monsieur le ministre, mes vingt ans de-
magistrature protestent contre cela et je n'ai
pas besoin de me défendre autrement. a
Nous ne pouvons accepter que, à propos de
cette affaire, l'on apporte ici une série d'inexac-
titudes au point de couvrir d'une sorte d'infa-
mie un magistrat et un fonctionnaire qui ne
le. méritent point.
Si j'ai un regret à exprimer, c'est que. du
premier jour, vous n'ayez pas nettement dit,
monsieur le Ministre, que la question ne pou-
vait pas être portée ici, tant que le Conseil de
discipline et que le Conseil supérieur de la ma-
gistrature ne se seraient pas prononcés.
Intervention de M. Combrouze
M. Boisneuf prend la parole, mais M.
Combrouze, député de la Gironde, l'inter-
rompt.
« C'est votre système depuis quelque temps r
calomnier, diffamer des fonctionnaires de pre-
mier ordre, qui sont l'honneur de la Républi-
que, et, au dernier moment, se refuser à en-
tendre une réponse.
Je vous reconnais bien. là ! Vos collègues des
-' A ,', - a 1
Les Annales Coloniales
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1. - l Blr4n,.r au a
Oa aabonaa dans tons 1M BnnuxupeitaatchM lw priacipau NbMhww
fExposition Coloniale de 1925
Notre éminent collaborateur et ami, M.
Charles Debierre nous donne l'intéressant ar-
ticle suivant que nous insérons très volontiers.
Son hostilité est plus dirigée contre les façons
dont l'exposition coloniale de Paris a été amor-
cée par MM. Angoulvant et outrey j usauàce
jour que contre le principe même de l entre-
prise qui est appelé à rendre de grands servi-
ces si le but poursuivi par ceux qui l'ont con-
çue, il y a deux aiis, MM. Lucien Cornet et
BarthéwmyRobaglia. est enfin réalisé.
Un journal qui s'occupe spécialement
de Ja. politique coloniale, racontait ré-
cemment que le nouveau ministre des
Finances, M. de Lasteyrie, n'était pas
très bien disposé pour la. future Expo-
sition coiloniaile de 1925. Recevant rue
de Rivoli une délégation dans laquelle
se trouvent M. le sénateur Fernauud
Divid, M. le d'êpnité Outrey et M.
Angoulvanl - commissaires généraux
die - l'EJe,polsition coiloniale de 1^»,
qui venaient lui proposer un systè-
me financier pour couvrir les frais de
l'Exposition, M. de Lasteyrie déclara
tout net qu'il ne pouvait s'associer à ce
projet. Le ministre ayant ajouté que
d'ailleurs cette question de l'Exposition
n'était pas encore tranchée et que rien
ne permettait d'aifjfirmer qu'etlle aurait
lieu, aurait provoqué de la part de MM.
Outrey et Angoulvant une vive protes-
tation, M. Angou-lvant ayant fait re-
marquer à M. de -Lasteyrie que l'Ex-
position de 1925 avait fait l'objet d'un
vote du Parlement, que le projet avait
été renvoyé à l'exaimto des Commis.
siows, qu'un -décret enfin, l'avait nom-
mé ooimtmissaire 'générai de Imposi-
tion.
Il paràtt que devant cette attaque
brusquée, le ministre aurait reculé et
qu'il aurait, promis d'examiner avec-
bdenveifllance la question d'émission de
bons de 40 fr. avec tickets d'entrée du
type de ceux créés loirs de l'Exposition
de 1889. H aurait fait mieux ; il aurait
souri à M. Angoulvant.
On comiprendra, pouT des raisons
bien connues, mais que nous n'avons
pas pour Je moment à donner, l'air sou-
riant de M. Angoulvant. C'est une po-
sition ,fo'rt intéressante que celle de
commissaire général d'une grand'e Ex-
positiofii si nous en jugeons par les ex-
positions partielles ou universelles
Qu'on nous a données depuis vingt ou
trente ans. Mais l'Exposition coloniale
de 1925 n'est pas liée à la satisfaction
que peut en avoir. M. Angoulvant. Ce
qu'il s'agit de savoir, avant tout, c'est
si cette Exposition est utile et désira-
ble; si, au point de vue commerciaLelle
peut être avantageuse à la fois à la Mé-
tropole et aux colonies, et si enfin, com-
me semble l'avoir affirmé M. AngouJ-
vant au ministre des Finances, l'Expo-
sition coloniale de 1925 a été définitive-
ment approuvée par le Parlement.
En ce qui concerne le premier point,
les avis ne sont pas unanimes. Beau-
coup de gens avisés et experts en la
matière - pensent que les --- expositions
coûtent cher et qu'ailles rapportent peu.
Une exposition eoiloniale peut-elle faire
connaître les colonies, leurs produc-
tions, leurs besoins, leurs ressources
et rimportance de leurs échanges com-
mierciaux ? On peut en douter comme
d'ailleurs du résultat de toutes les expo-
sitions. Dans tous les cas, on mu-t l'ap..
•prendre autremient que par une exposi-
tion qui, igjénéraileiment, n'esit »qurune
grande foire aux exhihUions. Les Offices
coloniaux ne sont-ils pas faits pour ren-
seigner sur tous les ,points ileis indus-
triels et les commerçants en matière co.
-liOnialle.? Qu'ont jamais rapporté les Ex-
positions universelles ? Si, au point de
vue de la visite des étrangers et du
commerce local, elles peuvent apparaî-
tre comme. intéressantes, sous d'autres
points de vue, eilles ne présentent pas
les miêraies avantages. Il y a là 1g
« pour » et le « contre » et je ne sais
pas si le « contre » ne l'emporte pas
sur les prétendus bénéfices.
D'autre Ip.a.rt.. les grandes exposition a
engagent de grosses dépenses pour l'a-
ménagement et le bouleversement des
terrains concédés. Si l'on veut faire une
foire d'échantillons des produits exoti-
ques et coloniaux, point n'est besoin de
recourir à ces exhibitions théâtrales et
sans lendemain pour le commerce ou
l'industrie.
Enfin, en ce qui concerne l'affirma-
tion que le Parlement se serait défini-
tivement prononcé sur l'Exposition co-
lonirule. de 1925, nous pensons que cette
affirmation est inexacte. Ce n'est pas
parce que M. Angoulvant, gouverneur
des colonies en fettraite, aurait ob-
tenu par décret sa nomination au poste
envié et lucratif de comimiissaire géné-
ral, que l'Exposition serait définitive-
ment décidée. Le principe en a peut-
être été voté, mais du principe à la réa-
lisation, il y a une certaine distance.
De lIa. coupe aux lèvres, il y a loin. Le
projet a besoin d'être examiné par les
Commissions compétentes. Les Com-
missions des finances de la. Chambre et
du Sénat doivent donner leur avis fi-
nancier sur ;la dépense. Tout un plan
- d'emplacement, -d'organisation, de réa-
lisation en un mot, est à étudier. -Les
décisions municipales ne sont jamais
délfinibirves. On l'a vu récemment à pro-
pos de 'remplacement des jeux olympi-
ques. On ne peut donc, pas dire que TEx-
position coloniale de 1925 auira lieu, et
là-dessus, si ce fut le. langage tenu par
le ministre des Finances à M. AngolUJ-
vant et à la délégation qui fut le voir,
on ne peut qu'approuver les réserves du
ministre.
Nous sommes aussi préoccupé que
qui que Cet soit des. intérêts coloniaux
et du commerce extérieur de la Fran-
ce, mais nous voudrions savoir si les
commerçants français et les commer-
çants des colonies réclament réelle-
ment la grande Ëxiposition coloniale
que M. Angoulvant serait si heureux
de diriger. Qu'elle soit agréable à un
certain nombre de personnes qui par-
lent volontiers au nom. des coloniaux,
cela se conçoit trop pour que nous
ayons besoin de le faire remarquer,
mais la satisfaction d'intérêts privés ne
doit pas primer l'intérêt général. La
France, comme les colonies, ont à sa
prononcer et le dépit courroucé de cer-
taines personnes ne saurait influencer
leur décision.
Charles Debierre,
Sénateur du Nord.
00
Parler pour ne rien dire
Je m'en voudrais d'ajouter quelque dis-
sertation aux débats d'hier à la Chambre.
M. Albert Sarraut n'a absolument rien dit,
si ce n'est qu'il ne savait rien et que la
Société française du Togo était par lui dé-
possédée de la location qu'il lui avait fait
atribuer. L'araire va venir au civil. Les
chats-fourrés vont avoir au Togo, à Dakar
et à Paris du pain sur la planche. Il a nie
qu'il avait encouragé la fondation de cette
affaire sur les bases où, selon ses ins-
tructions, M. Wœlffel l'a mis debout.
M. Fernand Clerc, dans son journal l'Au-
rore de Fort-de-France, qui nous arrive au-
jourd'hui mômey MM. Combrouz.e et Gas-
parin lui ont infligé un démenti formel.
M. Combrouze notamment, dans une véhé-
mente intervention a fait bonne justice des
criailleries de ceux qui voyaient un scan-
dale dans le fait que lui, député français,
avait mis 12.500 francs de sa poche, en
bonnes espèces sonnantes pour souscrire à
une entreprise coloniale exclusivement
française. Notre excellent collaborateur et
ami a prié également M. Sarraut de lire sa
circulaire confidentielle d'août 1914, relative
à la cession des biens allemands dans les
pays à mandats.
Le ministre des Colonies s'en est bien
gardé, car il aurait été obligé de déclarer
que MM. Wœlffel et Lu;cas se sont contor-
més à ses instructions en évitant la main-
mise d'un consortium anglo-germanique
sur les plus belles plantations du Togo. Ce
que M. Sarraut a réussi à éviter en 1920,
il le regrette en 1922. pourquoi ce revire-
ment ?
Quant à M. Diagne il a apporté des pré-
cisions telles qu'il a encouru le courroux de
M. Albert Sarraut.
Pour finir, M. Léon Archimbaud, comme
M. Sarraut le lui avait demandé vendredi,
a déposé un ordre du jour de confiance.
mais la Chambre ne fut pas de cet avis et
M. Candace fit voter un ordre du jour pur
et simple auquel M. le ministre des Colonies
se rallia en y impliquant sa propre con-
fiance. L'Angély
Le Maréchal liiauiev quille la France
u 0
Le maréchal Lyautey, résident général
de France au Maroc, accompagné de M.
Vatin-Péirignon, chef de son Cabinet civil,
part ce soir pour rejoindre son poste, via
Marseille, après avoir passé à Paris six se-
maines exceptionnellement remplies, no-
tamment par la mise au point, avec le nou-
veau Gouvernement, des grandes questions
marocaines à l'ordre du jour, dont la plus
importante est l'achèvement du programme
de pacification adopté l'an dernier par les
Pouvoirs publics et heureusement poursuivi
au oowis de l'année 1921.
Ce séjour lui a également fourni l'occa-
sion d'avoir d'importants entretiens, d'une
part avec les représentants des grandes en-
treprises marocaines (au premier rang des-
quelles il faut ranger les chemins de fer à
voie normale dont la construction se pour-
suit avec rapidité), d'autre part, dans les
milieux financiers, en vue de la (réalisation
d'une première tranche de l'emprunt maro-
cain.
Enfin, le maréchal a tenu à multiplier les
contacts avec les grands groupements de-
propagande nationale ou coloniale devant
lesquels il a exposé ses idées sur la poli-
tique musulmane de la France et sur les
grandis principes d'organisation qui doivent
inspirer le fonctionnement des Etats mo-
dernes.
Le maréchal sera à Rabat le 26 du mois
courant, à temps pour veiller aux derniers
préparatifs de la visite du Président de la
Réputbliique. Il nous a exprimé toute l'im-
portance qu'il attache à ce voyage prési-
dentiel, à la fois pour l'avenir du protec-
torat et pour le prestige de la France dans
tout l'Islam.
« Il coïncidera, a dit le Résident général,
avec de déoennaire de l'institution du pro-
tectorat, qui date du 30 mars 1912 ; c'est
dire qu'il constitue, pour rœuvre française
au Maroc, une consécration et une récom-
pense. »
A travers tA. 0. Fe
EN ROUTE POUR LE NIGEl
Après avoir serré une
dernière fois toutes les
mains amies qui se ten-
daient vers nous, nous
avons quitté, aux premiè-
res lueurs du jour, Oua-
gadougou pour Mopti.
Le convoi est réduit à
sa portion. officielle. En
dehors de mes collabora-
tewrs, de Kersaint et de la Ruffinière, seul
l'administrateur teurs, Bellieu m'accompagnera
jusqu'au Niger.
Mais le gouverneur Foussét a tenu à ve-
nir me donner Vaccolade à quelques kilomè-
tres de sa capitale. Quel chef excellent !
Quel bon camarade ! Son accolade, mes
chers amis du Mossi, c'est votre accolade
à tous. Laissez-moi une dernière fois, en
écoutant ronfler les moteurs, vous remer-
cier du. si fraternel et sympathique accueil
que vous avez bien voulu réserver au
« vieux frangin Barthélémy », pendant son
trop court séjour en Hautè-Volta.
* * - -
La route de Mopti est excellente. Dès les
premiers jours de saison. sèche, les presta-
taires l'ont remise en état, et nos voitures
roulent avec beaucoup de facilité.
Ya/w est vite atteint. Nous v passerons
la nuit, car j'ai le plus vif dësir de repren-
dre cantact avec les chefs et les indigènes
du pays qui, en 1909, m'avaient plutôt
« fraîchement » accueilli dans leur contrée.
Je constate ici le môme phénomène qu.'à
Koudou-gou. Sï les vieux chefs du pays
sont restés quelque peu refracla-ires à notre
autorité, par contre le Yako-iuaba et la po-
pulation qu'il administre nous sont ent-iè-
rement acquis.
Dit reste, les cadeaux qui nous sont of-
ferts, les cavalcades et les tam-tams qui
soulignent notre arrivée, en sbnt la meil-
leure preuve.
- -' r~ - -. - - - _t - .-.,-
Au campement, près au oweau, ue yusw
où veille un fonctionnaire indigène des plus
aimables, la table est mise. De là~Ruffinière
a bien [ait les cJwses, Il a réussi, avant de
quitter Ouagadougou, à faire main basse
sur une délicieuse bouteille qu'il dénomme
pompeusement « liqueur de termite »>. Et
nous voilà, sur nos chaises-longues, à la
lueur des photophores, nous moquant à
7.000 kilomètres de France, du Parlement,
de ses ministres et de ses lois, dégustant à
lentes gorgées, mi délicieux. pernod. Car,
ce que de. la Ruffinière appelle innocemment-1
de la liqueur de termite est bel et bien le
bon vieux pernod du temps passé que l'on a
rudement eu tort ceci dit entre nous
de supprimer aux colonies.
«
A Ouahigouyoi arrêt pour déjeuner. Ré-
ception, au préalable, de toutes les ataori-
tés indigènes. Entouré de ses collabora-
teurs, l'administrateur Mathurin me les pré-
sente.
Voici le Yalensfa-naba, et puis aussi le
grand chef des Peulhs. Ils m'ont connu
autrefois, et ils me disent à nouveau leur
grand attachement pour la France. lis vou-
draient bien venir à Paris, prochainement,
à l'occasion de l'exposition coloniale. Mais
ils sont esclaves de coutumes ancestrales et
ils ne peuvent, sous peine de mort, fran-
chir les limites territoriales de leurs pro-
vinces. Braves gens ! Qu'Allah vous garde
longtemps encore à nos côtés.
***
Après un excellent déjeuner, que prési-
dait la grâce charmante de Mme Mathurin,
nous avons mis le cap sur Bandiagara.
Nous n'y serons que le lendemain, car si
l'étape n'est pas longue nous préférons
franchir la falaise dans les meilleures con-
ditions possibles. Et c'est pour cela que l'ad-
ministrateur Bellieu" en convoyeur prudent,
nous fera ce soir camper à Kani-Kornbolê.
Nous sommes aux pieds des roches géan-
tes. En nids d'aigles, les cases dit village
s'étagent dans la falaise, menaçantes et
tristes. Quelques rares indigènes rôdent
autour de notre campement. Ces gens ne
nous aiment pas : ils nous subissent.
Et voila, qu'en les voyant, qu'en scrutant
leurs regards méchants, je me mets à pen-
ser à ce pauvre Vyères qui en 1908, a trou-
vé du côté de Hombori, une mort épouvan-
table.
Il était commis des affaires indigènes, en
tournée de recensement et d'impôt dans la
falaise. Les Habbès c'est le nom donné
aux indigènes du pays avaient décrété la
mort des blancs, Vyères paya de sa vie
les fautes et les faiblesses de nos gouver-
nants d'alors. Les Habbès le surprirent un
matin, sans défense. Ils le martyrisèrent,
lui ouvrirent le ventre, lui coupèrent les
testicules et, finalement, le scalpèrent. Il
mourut en héros.Il méritait la Légion d'hoir
neur. En récompense, on t'accusa d'impru-
dence et de témérité..
Il est vrai qu'il n'était que petit commis
des Affaires indigènes.
Ouahigouya, l'r février.
, Georges Barthélemy,
Député du Pas-de-Calais,
Délégué du Soudan Français
et de la Naute-Vdlta
au Conseil Supérieur des Colonies
Le voiaje présitenuel el ifrlp du M
--0-0--
Les questures du Sénat et de la Cham-
bre informent les membres du Parlement
qu'en raison des difficultés de transport et
de logement au cours du voyage de M. Mil-
lerand en Afrique du Nord, la liste des per-
sonnes devant accompagner M. Millerand
a dû être strictement limitée aux présidents
des Chambres,-(lux membres du Parlement,
rapporteurs du budget de l'Afrique du
Nord et aux fonctionnaires et officiers des
maisons civile et militaire du Président de
la République.
A LA CHAMBRE
llDUmlwioD au ministre des Colonies
-
L'ordre du jour pur et simple est voté
La Chamibre a continué hier la discus-
sion de l'interpellation de M. Boisneuf, sur
les scandales de la liquidation des biens en-
nemie séquestrés aux colonies. Notamment
au Togo, de violentes apostrophes ont été
échangées, si bien que M. Ghassaigne-
Goyon, président de séance, était tout es-
soufflé pour rétablir l'ordre.
M. Sarraut monte à la tribune.
Discours de M. Albert Sarraut
Le ministre des Colonies rend hommage
à la collaboration de nos indigènes :
Il faut faire mieux, dit-il. Il y a une sorte de
commandement de poursuivre tous les efforts
nécessaires pour qjue disparaissent de notre
administration les fautes qui peuvent encore
être commises et fournir, trop souvent, pré-
texte à des généralisations injustifiées. (Ap-
pinudissements. )
Il rappelle la mort de l'administrateur
Dusser et il ajoute :
il -est nécessaire que j'aie en main toutes les
pièces du dossier de l'enquête pouf me former
une opinion sûre et précise. C'est ce que je
répète à la Chambre, après avoir eu l'occasion
de le dire à la Commission des affaires colo-
niales, par Jaquelle j'ai été entendu s,ur cette
question et devant laquelle j'ai ouvert très
loyalement le dossier que je possède.
La situation, à cet égard, est d'une extrême
clarté : deux fonctionnaires, le commissaire de
la République au Togo, M. Wœlffel et M. l'a-
vocat général Lucas, ont été rappelés pour
s'expliquer sur cette affaire. Ils sont arrivés
à Paris. Ils avaient le droit d'ôtire entendus
toir leur supérieur hiérarchique, le ministre. Je
les ai reçus, je leur ai dit les articulations por-
tées contre eux. J'ai commencé à recevoir
leurs explications.
Mais cela ne suffit pas. H y a une procédure
régulière, qui, instituée aussi bien dans l'inté-
rêt de la vérité que dans l'inllérêt des fonc-
tionnaires que l'on met en cause, doit être
d'autant plus scrupuleusement observée qu'est
plus groive la responsabilité qu'on fait peser
sur la têle de ceux que l'on prend à partie.
MM. Wœlffel et Lucas vont recevoir commu-
nication des rapports d'inspection énonçant
les articulations formulées contre eux. Ils re-
pondront sur chacun de ces points Ensuite,
selon la procédure accoutumée, le dossier me
sera transmis et j'envisagerai s'il est opportun
de renvoyer ces deux fonctionnaires devant les
jtmâdictions réglementaires : l'un M. Wœlffel,
dînant le conseil d'enquête ; l'autre, M. Lu
devant le conseil de discipline de la ma-
trature. Sur l'avis qui serait formulé par
'SlSfhdeux -juridictions, j'aurai à examiner, s'il
VY lieu ou non de 'prononcer des sanctions
disciplinaires, de se borner à ces sanctions, ou
bien, aillant plus .loin, de savoir si c'est à des
responsabilités pénales que peuvent être expo-
sés les deux hommes dont je viens de citer les
noms.
M. Diagne interrompt. Et s'ils sont ac-
quittés ?
ú ministre des Colonies. S'ils sont ac-
quittés, j'aurai lieu d'examiner si, malgré tout,
et pour les faits de légalité que je vais exa-
miner dans un instant, une sanction discipli-
naire ne doit pas être prise.
M. Diagne précise. Vous portez déjà un
jugement ?
M. Albert Sarraut dit que les contrats ont
été annulés le 18 mars par le Tribunal de la
Colonie, ce qui lui attire cette interruption
da M. Gùsparin, député de la Réunion :
« Il y a des tribunauix en France, heu-
reusement ! »
Le ministre des Colonies. Je ne veux pas
aller plus loin.
J'ajouterai que je suis fermement résolu,
dans une affaire de cette nature, où sont en-
gagés la considération et rhohneur de deux
fonctionnaires, qui, je dois le dire, sont excel-
lemment notés.
M. Georges Doussenot. Très bien !
M. le ministre des Colonies. J'ai le devoir
étroit de leur rendre ce témoignage.
M. Georges Bousscnot. Nous avons en-
tendu le réquisitoire, nous pourrions entendre
maintenant la défense.
AI. le ministre des Colonies. .Je suis ré-
solu, dis-je, à faire en sorte, que ces deux
fonctionnaires, qui sont, je le répète, très bien
notés l'un et l'autre, puissent se défendre
complètement en ce qui concerne les articula-
tions qui ont été portées oontre eux. Je désire
qu'ils aient toute latitude de faire disparaître
même telles apparences défavorables qui ont
été oréées contre eux, peut être parce qu'on
n'a pas suffisamment- saisi le sens dans lequel
ils ont interprété les dispositions dir décret de
1920. Je déclare, avec la même netteté, que
personne ne pourra, m'empêcher de mener jus-
qu'au bout celte affaire et que, lorsqu'il s'agi-
ra de prendre des sanctions, quelles qu'elles
soient, aucune intervention ne pourra en dé-
former le caractère et le sens.. (Applaudisse
monts.)
M. Gasparin. Cela vous honore.
Sur le cas de M. Bellan, M. Sarraut in-
dique :
« J'ai le désir de faire la pleine lumière, je
déclare à M. Boisneuf, comme à M. Outrey
que. mon dessein est d'appeler M. BeHan, de
lui produire les documents qui ont été four-
nis, d'entendre ses explications et d'examiner
ainsi en toute clarté les suites dont cette af-
faire est susceptible. »
M. Ernest Outrey. C'est une mesure indis-
pensable.
M. d'Iriart d'Etchepare. C'est la seule so-
lution possible.
Sur les traitements infligés aux indi-
gènes, M. Sarraut répond :
M. Boisneuf a cité un certain nombre de faits
qui se seraient produits en Afirique équatori ile
et qui ont trait à des mauvais traitements in-
fligés aux indigènes.
Sur ces faits, je ne possède pas encore des
éléments complets d'information, mais j'ai câ-
blé pour avoir les renseignements nécessa'res.
Je possède, cependmt, un certain nombre de
renseignements qui me permettent de dire à
M. Boisneuf qu'il a été induit en erreur.
- M. Boisneuf a cité, notamment, le fait d'un
noir cliii aurait été assassiné par un agent an-
glais, lequel n'aurait pas été inquiété et serait
actuellement en liberté.
C'est une erreur. Dès que le meurtre a été
connu, le parquet s'est transporté sur le lieu
du crime, l'agent anglais a été immédiatement
arrêté et c'est vraisemblablement à la session
prochaine des assises qu'il aura à répondre de
son acte.
M. Boisneuf m'a signalé, d'autre part, qu'en
Afrique équatoriale un indigène aurait été noyé
au passage d'une chaloupe, par des gens qui
l'auraient bousculé et jeté Õ. l'eau. J'ai câblé
pour information. Mais déjà, dans mon cabi-
net, j'ai reçu des renseignements émanant de
personnes de l'AMque équatoriale, au courant
de l'incident, qui m'ont affirmé qu'il s'agissait
purement et simplement d'un accident.
Et le ministre des Colonies conclut :
J'aimerais, que l'on parlât un peu moins
souvent de nos prétendus scandales coloniaux
et qu'avant de baptiser certains faits de ce
nom flétrissant on sût d'abord exactement
quelle est la vérité qu'il y a derrière certaines
apparences. Je voudrais surtout qu'au lieu d'é-
puiser nos heures et nos efforts en ces discus-
sions pénibles et stériles qui sont sans
résultats effectifs, nous nous attachions à réa-
liser des projets pratiques à obtenir des actes
positifs capables d'ajouter à la grande œuvre
que nous avons accomplie déjà dans nos co-
lonies. (Très bien 1 très bien 1)
Et voici ma conclusion. Dans quelques se-
maines. l'ouverture, à Marseille, d'une grande
gxpqsiMon jcoloniale sera pour nous tous,
Français, une admirable leçon de choses. Je
vous demande, M. Boisneuf, d'aller la voir et
de vous rendre compte de ce qui, derrière ce
faste apparent des palais, des ipavillons et des
pagodes, atteste la générosité, la puissance et
la noblesse d'un effort de civilisation indigène
que vous ne rencontrerez pas dans tous autres
pays ; je vous demande de regarder, bien at-
tentivement, ce que, pour l'éducation notam-
ment et pour 1 assistance médicale, nous avons
fait dans toutes nos colonies, nous, dont le
perpétuel effort, & mesure que nous pénétrons
le mystère farouche ou l'ancienne misère des
brousses coloniales, consiste à remplacer les
prisons par des maternités, et les bagnes par
des écoles. (Vifs applaudissements,)
Interventions de MM. Outrey et Boussenot
M. Outrey demande au ministre d'éclai-
rer toute l'affaire Bellan.
M. G. Boussenot, député de la Réunion
déclare :
« Je me félicite d'entendre le ministre des
Colonies nous affirmer ceci : personne, à cette
heure, ne peut être autorisé à dire que MM.
Lucas et Wœlffel sont deux fonctionnaires mé-
ritant un blâme. Ils n'ont pas encore présenté
leur dé£ense. Attendons-la pour les juger. »
(Très bien 1 très bien 1)
M. Diagne à la Tribune
d Le député du Sénégal précise un point
de vue omis par M. Boisneuf : il rappelle
la législation allemande au Togo.
M. Diagne fait allusion aux instructions
envoyées par M. Albert Sarraut. Il ajoute :
« A la Commission des Colonies, il en a été
donné lecture. Elles émanent du département
des Colonies. Que vous disiez q,u'elles ne sont
pas de vous, mais d'un autre ministre, la ques-
tion importe peu, elles émanent du ministère
des Colonies et sont signées par un ministre.
Aussi, je suis surpris que, jugeant sur des
apparences M. Boisneuf rejette sur M. Lucas
la responsabilité de cette affaire, dénonçant et
expliquant la présence de ce magistrat, avo-
cat général, au Togo comme n'ayant qu'un but,
réaliser précisément la main-mise sur les do-
maines en question au profit d'un groupement.
1 M. Boisneuf a déclaré que tour à tour DrOCU-
reur ae la rvepublaque. administrateur A géné-
ral des séquestres, président du tribunal, M. Lu-
cas avait occupé ces situations pour servir des
intérêts privés.
M. Diagne démontre que M. Lucas a eu
seulement à prendre des registres et à les
signer.
M. Diagne ajoute :
« Les contrats qui ont été passés sont de
vulgaires contrats de location et, s'ils appa-
raissent comme ayant un caractère de longue
durée - en ce sens qu'ils portent engagement
pour soixante-quinze ans, avec possibilité de
revision tous les cinq ans' et faculté de rup-
ture je pose la question suivante :
-11, pour des cultures qui demandent, les
unes sept ans, d'autres quatre à cinq ans avant
de rapporter, vous faites signer un contrat ré-
visable tous les cinq ans, quelle faveur faites-
vous donc aux hommes qui consentent à en-
fouir leurs capitaux dans la terre, s'ils courent
le risque, au bout de cinq ans, ayant encore
deux ans à attendre avant d'en retirer une ré-
munération, de voir le contrat rompu ?
Si c'est ainsi que le département des Colo-
nies entend encourager les capitaux français
qui veulent s'utiliser dans les colonies, je com-
prends qu'en effet il soit préférable de diriger
ses capitaux vers l'étranger.
La légende de l'esclavage
D'autre part, M. Boisneuf, au nom d'une
haute idée, est venu dire que dans ces contrats
on instaurait l'esclavage. Je suis l'Afrique, un
peu plus même que M. Boisneuf (Sourires), et,
si de tels procédés devaient être employés,
j'aurais autant que lui le droit de m'élever con-
tre une pareille action gouvernementale (Ap-
plaudissements.)
L'incident, d'ailleurs, a été vidé l'autre jour.
M. Boisneuf a donné lecture d'une disposition
stipulant que la main^'œuvre pour ces pro-
priétés serait fournie par l'administration, ou-
bliant la seconde partie de la phrase que, sur
l'insistance d'un de nos collègues, il a fini par
lire, et qui montrait qu'il n'y avait pas du tout
d'esclavage, ni de contrat de travail forcé.
En effet, cette disposition est pratiquée par
toutes les exploitations qui sont au Togo entre
les mains des Anglais ou des Français.
Et puis il n'y a pas que ces contrats ; il y
a dans ce pays des personnalités qui bénéficient
de contrats du même genre, et pour lesquels
le ministère n'a jamais rien dit ; il n'a même
pas eu la curiosité d'en demander la liste.
C'est M. le commissaire de la République qui,
de lui-même, et avec la plus entière bonne foi,
de lui-même, fait l'envoi, monsieur le ministre,
vous en a
estimant qu'il était nécessaire de vous mettre
au courant de l'action qu'il avait réalisée. Il
s'agit ici d'un contrat signé par M. Nedellec,
contrat que le ministère n'a pas réclamé.
C'est lorsque M. Wœlffel vous a adressé un
rapport commentant le contrat et indiquant
que, pour qu'il puisse jouer, il faudrait réali-
ser la préemption, c'est alors seulement que.
n'ayant - pas reçu le contrat, qui matérielle-
ment ne se trouvait pas dans le dossier, vous
l'avez réclamé. On vous l'a envoyé, .on n'a pas
cherché à vous le caher, puisqu'un rapport à
vous expédié le commentait.
Ce que je veux dire aussi, c'est que si M. Lu-
cas est allé visiter non pas toutes les proprié-
tés,. comme l'a dit M. Boisneuf, mais une des
propriétés Agu et Togo, ceci s'est passé à une
époque où l'envoyé de M. Hirsch, M. Charles
Gasparin, ne se trouvait pas au Togo. C'est au
moment, de la restitution de la zone anglaise à
la France. M. le major Jackson, qui avait des
relations tendues avec le détenteur anglais des
propriétés Agu et Togo, a prié M. Lucas, com-
me attorney général, de se mettre en contact
directement avec le détenteur anglais M. Leens.
Et c'est ainsi que M. Lucas est allé, entre sep-
tembre et novembre 1920 sur ces propriété,
alors que M. Charles Ga-pairin n'est arrivé au
Togo que le 18 février lm.
M. Charles Gasparin, qui est l'ami et le com-
patriote de M. Lucas c'est très exact et
même l'ami de M. Lucien Gasparin, notre col-
lègue, arrive au Togo, où on ne l'attend pas,
car le télégramme ministériel dit : M. Hirsch.
Il est reçu chez M. Lucas. Pourquoi 7 Parce
que, au Togo, il n'y avait ni hôtel, ni restau-
rant, et que ceux qui arrivaient étaient obli-
rant, de demander l'hospitalité à des gens de
gés
connaissance.
.C'est à la faveur de faits de cette sorte, malt N
connus ou faussement interprétés, que M.
Boisneuf est arrivé à vous montrer un magis-
trat, et des fonctionnaires essayant de dépouil-
ler à la fois les séquestres et l'Etat français
au bénéfice de certains hommes qui, ici, pas-
sent pour leurs amis. Eh bien, il n'y a pas-
un mot d'exact dans tout cela.
En voulant jouer du cadavre de M. Dusses
M. Boisneuf a oublié de vous dire ceci : « La
mère de M. Dusser s'était suicidée. Le propre
frère de M. Dusser, administrateur séquestre
au Togo, comme lui, rentre en France et, huit
jours après, se suicide à Bordeaux. M. Dus-
ser lui-même s'est suicidé, hanté, dit-on, par
la responsabilité d'un contrat qu'il avait si-
gné ; mais son suicide, notons-le, se produit
cinq mois après la signature de ce contrat. a
Une manœuvre anti-française
M. Diagne marque bien la manœuvre des
formes anglo-allemandes au moment du sui-
cide de Dusser. Un télégramme a été en-
voyé par cinq à six personnes et quelles'
personnes !
M. Diagne cite :
cc Cela est signé par un agent de la Société
commeroiale de l'Ouest africain, par MM. Du-
ten, Lyonnel, Méloir, Sauterelle, Combe, Bon-
nave, Duret, Heatley, Wilson-Itîun -et un Al-
lemand, Giezendanner.
Parmi les signataires de cette liste se trouve
un individu., ex-administrateur, condamné en
1918 pour i à deux ans de prison, au Daho-
mey, et qui, depuis quelques mois, exerce au
Togo le métier de restaurateur. Il y a un Suisse
qui, pendant la guerre, s'est fait passer pour
Français. Soumis à une information judici
parce qu'il était considéré comme insoumis il
était1 par avouer et par donner la preuve qu'il
élait Suisse. »
M. ! Gasparin. - Voilà les hommes qui nccu-
sent 1
M. Diagne. - L'un de ces hommes avait
fait paxtie d'une mission allemande avamtiaS.
et jusqu'en 1916, tant que les AUem&nds sont:
rœtés au T-ogo.
Et ce sont de tels hommes qui ont la pré-
tention de défendre les intérêts de la France
au iogo.
Cela n'est pas sérieux.
Le député du Sénégal poursuit:
Quand1 vous couvrez M. Huuiblot, inspecteur
des colonies, dont vous avez fait un magis-
trat. ,.
M. le ministre des Colonies. - Non.
M. Diagne. - Je me place 6U point de
vue de la confianœ que vous lui accordez, un
détail gâte tout. Cet inspecteur qui opère en ce
moment au Togo est celui qui a porté, 122,
avenue des Champs-Elysées, les documents du
ministère, qui a donné les indications nécessai-
res a M. Hirsch et qui a encouragé à aller
au Togo. (Mouvements diverse
M. Gasparin. Voilà loi vérité, voiià ce qu'il
faut dire.
lm
M. le ministre des Colonies. - Qu'est-ce que
cela veut dire?
- Si j'ai défendu M. Humblot, déclare M.
Sarraut, c est qu'on l'a accusé d'être acquis.
a des intérêts privés.
Je ne l'ai jamais cru, répond M. Diagne.
Mais M. Gratien Candace pose solennel-
lement une question à M. Diagïie et il va
créer des « mouvements divers » qui em-
pêcheront la Chambre d'écouter la fin du
discours de celui-ci.
Pouvez-vous me dire, demande M. Can-
dace, si les instructions données par le minis-
tre coïncidaient avec le souci que le - Gouver-
nement français devait avoir de nos - intérêts
au loco ?
, ..;. Oui, incontestablement, répond' M. Dia-
gne.
Et M. Diagne cite ce jugement sur M.
Wœlffel :
« Administrateur pénétré de cette idée, con-
naissant à fond l'immense empiré français de
1 Afrique occidentale, parlant le soudanais de-
puis vingt-cinq ans, vous étiez plus qu'un au-
tre capable de nous envoyer, pour soutenir
nos propres soldats, les - vigoureux indigènes-
de cette immense colonie. Et après tous les -
services rendus, c'est vous. Wœlffel, qu'on tra-
duirait devant un tribunal quelconque? Je ne
puis le croire et aucun de ceux qui vous con-
naissent ne peut avoir le moindre doute sur
votre loyauté. »
M. Duclaux-Monteil Qui a écrit cela 7
M. -Diagne. Le général Perrot.
T, M. Gasparin. Tout le monde sait que M.
Wœlffel est un parfait honnête homme. Per-
sonne ne l'ignore. Le ministre lui-même ne:
peut le soupçonner, ni lui, ni M. Lucas.
M. le ministre des Colonies. J'ai dit qu'ils-
etaient excellemment notés.
M. Gasparin. J'aurais voulu que vous le
disiez plus fermement à la tribune.
M. Diagne. - M. Lucas, à qui vous avez dit
que, s'il était démontré qu'il avait voulu ser-
vir des intérêts particuliers.
M. le ministre des Colonies. Je n'ai pas
dit un mot de cela.
M. Diagne. Que s'il était dèmontrfr
qu'il ait voulu servir des intérêts particuliers"
en raison de ses relations, il ne pourrait plus:
rester dans la magistrature.
AI. le ministre des Colonies. Je n'ai pas.
dit un mot de cela. ,
M. Diagne. .M. Lucas vous a répondu :
« Monsieur le ministre, mes vingt ans de-
magistrature protestent contre cela et je n'ai
pas besoin de me défendre autrement. a
Nous ne pouvons accepter que, à propos de
cette affaire, l'on apporte ici une série d'inexac-
titudes au point de couvrir d'une sorte d'infa-
mie un magistrat et un fonctionnaire qui ne
le. méritent point.
Si j'ai un regret à exprimer, c'est que. du
premier jour, vous n'ayez pas nettement dit,
monsieur le Ministre, que la question ne pou-
vait pas être portée ici, tant que le Conseil de
discipline et que le Conseil supérieur de la ma-
gistrature ne se seraient pas prononcés.
Intervention de M. Combrouze
M. Boisneuf prend la parole, mais M.
Combrouze, député de la Gironde, l'inter-
rompt.
« C'est votre système depuis quelque temps r
calomnier, diffamer des fonctionnaires de pre-
mier ordre, qui sont l'honneur de la Républi-
que, et, au dernier moment, se refuser à en-
tendre une réponse.
Je vous reconnais bien. là ! Vos collègues des
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