Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-02-21
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 février 1922 21 février 1922
Description : 1922/02/21 (A23,N28). 1922/02/21 (A23,N28).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63033746
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-TROISIEME ANNEE. - N° 23 - - -- - -- --- LE NUMERO : 15 CENTIMES --.- - -.---- ._--- ----- -- --- MARDI SOIR, 21 : KVRiER 1922
~--.-.--.,.-e-"-.~-'--.- - - - - - - - - - - - - - - - - ----
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Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
M ARTICLES PUBLIÉS PAR LES uAMNALIS COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
La AnnoncuetJqdckmu amimues au Bureau duJournal d Jenl IuApnm depuuwtd
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THEBAULT
Rédietioi et Adoriiiitrilion : 34, Rue du Moflt-Thabor, PARI3-1* Iféléphm : LQUYRI M-M
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OB «'abMM 4ue «M» IM hran é» pocte «t «lu» Ui pri&cipMK Ubratr** -
L'Oléiculture au Maroc
La terre marocaine doit constamment
attirer l'attention de ceux qui s'intéres-
sent à l'équipement agricole et* écono-
mique du Maroc.
La. Société Nationale. d'Oléiculture de
France a décidé de tenir le Congrès in-
ternational d'Oléiculture de. 1922 à Mar-
rakech, la farouche capitade du Sud ma-
rocain, si longtemps rebelle à T influen-
ce de la civilisation moderne.
On ne) peut que féliciter ceux qui ont
pris cette détermination et ceux qui
l'ont provoquée : jamais Congrès n'aura
été capable d'avoir une portée" plus ef-
ficace et pdus pratique. En effets celui-
ci sera en présence non pas de. résultats
acquis, mais de possibilités à encoura-
ger, non pas d'un mouvement à cons-
tater mais bien d'un essor à donner. La
tâche qui lui incombera ainsi n'en sera
que plus intéressante.
La production de l'huile. au Maroc est
presque encore à organiser. A Marra-
kech, elle n'existe qu'à l'état rudimen-
taire ; dans de vastes régions où elle est
susceptible du plus bel avenir, elle
n'existe pas du tout.
Il y a bien, à Marrakech, deux ou trois
huileries, d'installation récente et d'ou-
tillage à peu près moderne, mais elles
sont de proportions restreintes, et leur
puissance de fabrication est mesurée. Il
existe de nombreux moulins indigènes,
dont certains de date tort ancienne,
mais l'huile qui en sort n'est consom-
mable que pour les indigènes eux-nvé-
mes. Ni sa nuance ni son goût ne per-
mettront de lui donner place dans le com-
merce européen. Elle ne sort guère de
la région et ne donne lieu avec les tri-
bus de la montagne qu'à un trafic de
peu d'importance.
Toute la supériorité de l'huile de fa-
brication européenne vient de la métho-
de de broyage de l'olive, du choix dis-
cerné du degré de maturité auquel il
convient die la cueillir et surtout du
peu de délai qu'on laisse s'écouler entre
la récolte et la trituration.
L'indigène ne s'arrête à aucune de
ces considérations. Il cueille ses olives
trop tôt et plus souvent trop tard, sui-
vant ses convenances de voisinage, de
famille ou autres; il les laisse rancir
dans ses silos pendant des semaines
parce que la vieille meule de pierre ou
de bois qu'un cheval et parfois un âne
fait tourner ne peut en écraser chaque
jour qu'une quantité minime ; enfin, il
n'emploie que des procédés de clarifica-
tion très primitifs quand il nel se borne
pas à laisser s'opérer pendant quelques
jours une décantation naturelle qui en-
duit d'une fange visqueuse le fond des
récipients où séjourne son huile. Il
n'est pas. surprenant qu'il n'obtienne
ainsi qu'un liquide épais, de couleur
brune, plutôt que jaune et d'un goût
plus ou moins fortement saumuré. ab-
solument impropre à la consommation
européenne. -
Dans les villes, ce sont surtout des
huiles espagnoles que l'on vend chez
les détaillants. On y trouve aussi, miais
en petite quantité, des huiles de Tuni-
sie, et, durant la crise commerciale ré-
cente, des huiles d'arachide, de coton
ou autres grains v ont pénétré, venant
die divers pays d'Europe, mais surtout
d'Espagne.
Lo Maroc) peut prétendre à tout autre
avenir, car il possède un nombre res-
pectable d'oliviers, que les statistiques
n'évaluent pas à moins de cinq à six
millions. Il pourrait et devrait en
compter bien davantage, car d'immenses
territoires consistant soit en plaines sa-
blonneuses, soit en collines rocheuses,
aujourd'hui incultes et recouverts de
broussailles, sont éminemment propres
à la culture de l'olivier et ne convien-
nent guère à aucune autre.
Le meilleur conseil que le Congrès de
l'Oléiculture pourra donner au Maroc
c'est, en tout ce qui concerne l'olivier
et l'huile d'étudier et d'imiter ce qui
s'est fait en - Tunisie. -
Ceux qui formuleront cette idée ne
devront pas être surpris s'ils remar-
quent qu'elle est accueillie autour d'eux
par des sourires approbateurs, mais
aussi par quelques semi-grimaces.
C'est que, maintes fois et pour beau-
coup d'autres matières, ce conseil a dé-
jà été ilonné au Maroc, si souvent que
pas mal de colons et surtout de fonc-
tionnairas,qui ne connaissant pas la Tu-
nisie, ne savent pas combien il est fon-
dé, ne le reçoivent plus qu'avec une
sorte de crispation. Ceux qui, au con-
traire, et ils sont assez nombreux, ont
fait leur éducation coloniale ou adminis-
trative dans l'autre; Protectorat nord-
africain, éprouvent une joie maligne à
l'entendre répéter.
Jamais il n'aura été aussi justifié
qu'en pareillet matière. S'agit-il de com-
planter en oliviers des étendues stéri-
les ? Quel plus merveilleux exemple
peut-on invoquer que celui est offert par
la région sfaxienne et. surtout les terres
siaJines, où suivant une magnifique ex-
pression, rigoureusement exacte « la
forêt en marche a fait reculer le dé-
sert ? »
Pooir apprendre à améliorer les oli-
vettes déjà créées, pour s'initier aux
bonnes méthodes de disposition, d'en-
tretien, de taille des oliviers, à peu près
ignorées des propriétaires marocains,
aussi bien à Marrakech qu'ailleurs,
c'est encore en Tunisie qu'il faut aller,
car la culture de cet arbre y est arrivée
au summum de perfection.
Enfin, lorsque 1 on voudra établir, à
Marrakech ou dans les autres régions
où se récoltent les olives, des usines
capables d'une production remarquable
par ses qualités et avantageuse par ses
conditions économiques de fabrication,
où pourra-t-on trouver de précieuses in-
dications, des modèles en pleine actit
vité, sinon à Sfax, à Sousse, dans le Sa-
hel Tunisien, à Monastir, à M&hdiat,
dans le cap Bon, aux environs immé-
diats - de Tunis - ou - à Medjez-el-Bab ? -- Là,
on verra des installations industrielles
pourvues de tous les moyens d'action et
de perfectionnements modernes, dont
les presses font jaillir des milliers de li-
tres d'un liquida onctueux aux refletts
d'ambre et d'or qui ont fait la réputat-
ion méritée et souvent jalousée. des hui-
-- les de Tunisie.
Tout permet au Maroc de faire aussi
bien, mais il y faut des. efforts consi-
dérables, des sacrifices indispensables
de la port des intiatives particulières,
certaines de trouver auprès du Gou-
vernement les encouragements et les
concours bien dus à une entreprise en-
tre toutes conforme aux grands intérêts
du pays.
C'est certainement u.n plan confor-
me aux idées que nous venons d'indi-
quer qui sortira des travaux du Con-
grès international4 d'Oléiculture si op-
portunément projeté pour noveffilbre, à
Marrakech.
Charité Debierrt,
Sénateur du Nord.
Président d'honneur de la Société
d'Agriculture de Marrakech.
L'aiiairo d8 la BaaplnMelle Ile Chine
Le vent est aux scandales. Dans les cou-
foin de la Chambre, on chuchote qu'un dé-
puté colonial aurait louché pour frais de pu-
blicité (?) 600.000 francs de la, Banque Indus -
nielle de Chine déjà mal en point et en dit-
ficulté avec ses déposants, On ajoute encore
que le même député aurait vendu quarante-
huit heures avant la débâcle, son lot, fort
important, d'actions de la Banque Indus-
trielle de Chine qu'il avait eu jadis à fort
bon compte et qu'avec le bénéfice de cette
opération, il aurait acheté une superbe pro-
priété de campagne. Le pain des vieux
jours, quoi !
Nul doute que M. Edouard Ignace, l'an-
cien grand justicier pour le compte de M.
G. Clemenceau, ne réclame l'exécution de
ce parlementaire même s'il fui le chevalier
servant de M. Georges Clemenceau, de no-
vembre Ifl17 à janvier 1920 et s'il lui a gar-
dé un culte béat.
Espérons sans oser y croire que notre
information est erronée.
le yin dl France est - lUI colonies
0><0
Les colonies françaises offrent un largn
débouché à la production vinieole fran-
çaise. De 1910 à 1919, les quantités de vins
de France importées dans nos colonies re-
présentent les chiffres suivants :
Sénégal 171.078 hectol.
Haut-Sénégal, Niger 25.939 »
Guinée française 30.974 n
Côte d'Ivoire 14.763 u
Dahomey., , , 17.569 »
Gabon 17.771 »
Moyen - Congo, Oubanghi
Chari 18.845 »
Réfunion 86.579 »
Madagascar et dépendances 239.647 Il
Côte française des Somalis 12.304 bi
Etablissements français de
l'Inde. , , 6.072 »
Indochine 511.381 »
Saint-Pierre et Miquelon 16.296 »
Guadeloupe et dépendances 100.973 »
Martinique. 94.206 Il
Guyane française 121.950 »
Nouvelle-Calédonie 202.590 h
Etablissements français de
TOcéanie 202.1590 »
Gestions coloniales
«- 00-
De 1914 à 1920 soit sur 6 années com-
portant un total de 16.000 comptes à étu-
dier, la Cour des Qomptes avait à exami.
ner 1.400 comptabilités coloniales.
Sur 10(600 comptes dont le jugement
est assuré, (>19 comptes coloniaux ont été
jugés.
jil Il rI ste à apurer 751 comptes pour les
colonies, sur un total de 5.400 comptes.
Toute diligence sera faite en lie de
lulter le règlement, fi flit le procureur gé-
néral près la Cour des Comptes.
M-0
A la Commission des Colonies
̃ OC ̃
M. d'Iriart d'Etohepare, président de la
Commission des Colonies, vient de la con-
voquer en outre de sa eéanoe du mardi 21,
pour le jeudi 23, à 14 h. 45, en vue de l'au-
dition de M. le mairéchal Lyautey, qui fera
un exposé de la situation au Maroc.
A TRAVERS L'A. 0. F.
----g.o--
DE IAIOU A KANKAN
Après une nuit déli-
cieuse passée à Mamou,
nous nous met lions, le 5,
en route pour Ko-urous-
sa. Après Dabola, le pays
déjà se modifie : les mon-
tagnes deviennent brus-
quement collines, les val-
lées s'épanouissent, les
plaines s'étendent lar pi-
ment. on sent que le Siger est proche-..
A Bissi/irima, je trouve une vieille figure
du Mossi, l'ad.joint principal Chopin. Il ne
demanderait pas mieux que de m'accom-
pagner un bout de chemin. pour causer du
passé, mats hélas !.
Kouroussa ! deux heures d'arrêt. En com-
pagnie de M. Vadministateur Liurette nous
parcourons la ville au milieu d'un impo-
sant cortège d'indigènes. et nous arri-
vons sur les bords du Niger, au minus-
cule po-rt de Kouroussa, qui donne diltici-
lement accès à l'importante batelleiic qui
assure le trafic avec Bamako.
Je n'ai pas de peine à constater l'insuf-
fisance du port de KOUfaussa, EUe est lla,
grante à tel point, que l'outillage qui s'y
trouve deux grues ne peut être
utilisé, les bateaux ne pouvant venir à
quai, faute d'eau. Il sera donc nécessaire
de - creuser et d'agrandir ce port. -
Mais alors, a'atwuns s'ccrlent : A quoi
bon ! Faites donc votre port à Kankan, sur
le Milo !. ça coûtera moins cher.
Erreur, dit le commerce itiei. Il suffti
de faire sauter quelques rochers en aveti
de Kouroussa et vous donnez à sOn port
toute l'importance qu'il doit avoir ; pour
quoi covnr jusqu'à Kankan et payer gros,
de ce centre à Kouroussa., par le railivail?..
Je me rallierai plutôt à cette dernière fa-
çon de voir. Je n'estime pas que Kankan
doive remplacer Kouroussa. Il n'y aurait
aucune sérieuse raison à cela.
La question vaut d'être étudiée et je ne
regrette p par moi-mème des travaux qui seraient à
entreprendre pour aménager le port de
Kouroussa et le rendre parfaitement utili-
sable.
Il fait déjà nuit quand nous entrons en
gare de Kankan. L'administrateur en chef
Lambin nous reçoit très aimablement, en-
touré de ses collaborateurs, et de divers
fonctionnaires venus à ma rencontre, no-
tamment l'Administrateur de Kersaint-
Gilly, commandant le Cercle de Begla.
La population indigène massée à la sor-
tie de la gare nous acclame on danse,
on chante autour de nos Il pousses » qui,
par de larges avenues, nous transportent à
la Résidence.
Le lendemain, M. Poiret me fait visiter
en auio une ferme modèle installée près de
Kankan par diverses familles indigènes,
sous l'impulsion très heureuse de M. Bros-
sat, inspecteur d'agriculture. Je retrouve ici
les procédés en usage dans les fermes du
Foutah ; les mêmes instruments de tra-
vail, qui aboutissent à des résultats sensi-
blement identiques. La méthode employée
par M. Poiret dans des régions totalement
différentes, là, par des Peulh, ici par des
Malinkès, parait donc des plus judicieuses :
les résultats sont tangibles : ausi bien, je
questionne le lo-ng de la route de nombreux
indigènes qui, j'imagine, n'ont pas été mis
là pour les besoins de la cause !
Charrue 11 a bon ?
Oui, c'est bon !
Pourquoi tu travailles toujours avec le
daba ?
Quand il a. donné nous charrue, nous
contents !.
te mouvement est acquis. Il suffit de le
perpétuer. Et qu'on ne vienne pas me par-
ter de pression administrative. J'ai V-11, et
je suis désormais convaincu que nos culti-
vateurs indigènes sont tous prêts à adop-
ter notre oiitillage agricole ; pourvu qu'on
leur mette l'instrument dans la main :
n'espérons pas qu'ils s'adresseront directe-
ment à Pillter. Restons leurs précieux in-
termédiaires.
Au retour, je reçois les fonctionnaires,
les commerçants ceux-ci m'expriment des
vœux, bien légitimes : développement dit
réseau routier, aménagement de la route
Kanlwn-Be.yla, suivie par toutes les cara-
vanes. etc., Je prends bonne note. Un peu
de patience, et je m'efforcerai dans toute
la mesure du possible de hâter la mise en
valeur de ces régions ,si intéressantes, et
jusqu'à ce jour trop négligées.
Je m'échappe, après le atner officiel, pour
aller passer un bon moment chez l admi-
nistrateur-adjoint Harlée, un ami du Mos-
s'il Et là, dans son intérieur si coquet, j'ai
à faire encore amende honorable, quand je
me trouve en présence de Mme Harlée, qui
en est la souveraine fée 1.
Guinée, 5 janvier 1922.
Georges Barthélemy,
Député du Pas-de-Calais,*
Délégué du Soudan Français
et de la Haute-Volta
ou Conseil Supérieur des Colonies
COURS
––O-O
M. Gruvel, professeur, ouvrira son cours
sur les « Pêcheries et productions Colonia-
les d'origine animale », le jeudi 2 mars pro-
chain, et le continuera tous les lundis et
jeudis suivants, à 17 heures 15, dans l'Am-
phithéâtre Guvter, au Muséum d'histoire
naturelle (Entrée : 57, rue Cuvier, - Ve).
Le professeur traitera cette année : 1° rie
l'Industrie des Pèches en Norvège et de
l'application de certaines méthodes à l'ex-
ploitation des pôohei-ios coloniales françai-
ses ; 20 de rindustnf générale des Pêches
à Madagascar, en insistant plus spéciale-
ment sur les crustacés (langouldes, crabes,
crevettes, etc.) et sur les mollusques na-
criers et perliers (Histoire générale des na.
cres et des perles : perles de nacre, perles
fines, naturelles, perles de culture, etc.)
Des projections fixes et cinématographe
ques accompagneront l'enseignement.
IMPRESSIONS D'UN PEINTRE
StiltHIS DE LA COlE D'AFIIQUE
000.
Quelques mois au Congo Français
Nous donnons aujourd'hui la fin des no-
tes de voyage si intéressantes que M.
Marcel Gaillard a bien voulut réserver aux
lecteurs des Annales Coloniales.
Pour ma part, je ne me plains pas ; j'au-
rais été déçu qu'il en fût autrement. Ne
sommes-nous pas en pays chaud ? Alors,
je transpire avec conviction. Quel temps
peut-il bien faire en France ? Je n'ai ja-
mais connu de mois d'août en Europe aus-
si chaud que cet avril africain.
Février 1922.
Le Gabon. Libreville Belles prome-
nades aux mouvants ombrages, dus aux
panadhes dodelinants de magnifiques pal-
miers. Puis, Gaip Lopez. Nous arrivons à
la tombée de la nuit. Couchant splendidc.
Noua voguons sur de l'or. Nous avons pas-
sé l'Equateur ; baptême de la ligne, mais
baptême au cocktail ; la traversée tire à
sa fin.
Des bandes de marsouins bondissent
hors de l'eau, nous accompagnant dans no-
tre marche, luttant de vitesse avec notre
bateau. Effrayés à. notre approche, des
poissons volants s'enfuient, rasant l'écume
telles des hirondeflles d'argent, puis, dispa-
raissent dans le flot long, qui mollement
s'étire en l'onctueux saphir 'des eaux équa-
toriaJes,
Nous entrons, à présent, dans les eaux
brunes du neuve Congo. Majestueux, im-
mensément large, ce fleuve est parsemé de
longues lies aux berges verdoyantes, mais
inquiétantes. Verdures épaisses, lianes, pa-
létuviers. On voit des crocodiles, on cher-
che des hipipopotames.
Cette montée du Congo est un émerveil-
lement. Quel beau film à tourner, et sans
une coupure ! De la beauté se déroulant
sans interruption.
Voici Boma, capitale du Congo Belge.
Une nuit sur le fleuve, une autre encore, le
Chaudron d'Enfer, et Matadi, point final
de la traversée. Débarquement. Après le
tracas des bagages, l'enregistrement, les
formalités de transit, les courses sous un
soleil cuisant, par des rues terriblement
montantes, la nuit passée à Matadi, en
compagnie des moustiques, dans l'inces-
sant, l'assourdissant concert des grillonn,
des crapauds-buffles, puis, vers le matin,
dans le fracas de la tornade, cette nuit,
ma première d'Afrique, me fut vraiment
pénible
Des le lendemain malin, nous primes le
train pour Kinshasa. Extrêmement beau ce
voyage en chemin de fer. Lei Congo Belge,
im|«T\"€fiâJeu.x, gran/iiose, .iimpressiionmant,
est d'un pittoresque tragique : la Haute-
Loire multipliée par x.
Nous passons sur la riante M' Pozo, ri-
vière des crocodiles, grondant, bondissant,
cascadant, tantôt entre deux rideaux de
ravissantes verdures, tantôt on un chaos
die rocs agressifs.
La voie ferrée sinue constamment, sur-
plombant ravins, torrents, précipices, !on-
geant des pentes boisées couvertes de pal-
mes verdoyantes, de bouqn|et..s d'arbres
géants, d'arbres fleuris aux vives couleurs,
embaumant l'air de parfums tièdes et su-
crés.
Ivù, dans re fond, une locomotive écrasée
par la chute-vertige.
Après une nuit passée a Thysville, au le-
ver du jour nous reprenons fe train. Cette
fois, le décor change, moins émouvant,
mais très beau cependant. C'est la savane,
puis la jfoi-ét, iin aj es Vue us cm en t» sombre,
retjenlissant de cris de singes et d'oiseaux
de toutes sortes.
A la tombée de la nuit, nous arrivons à
Kinshasa.
Traversée du Stanley Pool, petite mer
aux eaux mauves à cette heure, des rieflets
du couchant. Entin, Brazzaville, s'étendont,
nonchalante, de la plaine au plateau, au
bord du Stanley Poul, dans la splendeur
des flamboyants, la rutilence des ibicus, à
l'ombre des manguiers, des pa.payers, des
goyaviers, sous le panaehe des palmiers.
Foule élégante au débarcadère. Présenta-
tions.
On m'installe dans une sorte de chaise
à porteurs, avec une roue, une seule, sous
IV fauteuil. devant, un nègre, derrière,
un nègre, et cela tile. C'est le pousse-pous-
se do Brazzaville, spécial à la région. Je
suis bientôt à taible à l'hôtel de l'Afrique
Cbnso.
Après una nuit excellente, léthargique, a
l'abri de ma moustiquaire, je suis, au ma-
tin, réveillé en sursaut par les sirènes hur-
lantes des Messageries Fluviales du Con-
go. Il est six heures et demie : déjà le soleil
aarde. Dans la cour, des palmiers, des pa-
payers, des bananiers. Matin resplendis-
sant. Je me sens joyeux ; je vais enfin.
comjiiioneer à vivre mes quelques mois
d'Afrique. -
D'abord, les visites. Je suis, partout,
merveilleusement reçu.
Je me souviendrai longtemps de l'accueil
excellent que je reçus à Brazzaville, de l'a-
mabilité de Monsieur le Gouverneur géné-
ral Victor Augagneur, de l'exquise affabilité
de Monsieur le Gouverneur Alfnssa. Que
ds noms amis s'associeront désormais à
mes souvenirs du Congo : Cruveiller. Mai-
gret, Liotard. de MalétaMe, Marcilhacv,
Mercier, et bien d'autres encore. Après trois
semaines passées en successives invita-
tions, je m'arrachai aux délices de cette
agréable mais peu laborieuse existence, et,
montant dans mon tipOl. sorte de palan-
quin porté par quatre noirs, je m'en fus
dans la brousse, vivre plus effectivement
l'àpre sauvagerie de ce si beau pays. Oh !
cette existence en brousse, quel charme
prenant, piquant. elle peut avoir. Dire l'at-
trait du n'zila. le sentier indigène, serpen-
tant à travers des herbes géantes, attei-
gnant 3 mètres, 3 m. 50 de hauteur, peu-
plées d'animaux de toutes sortes : reptiles,
insectes, oiseaux aux vives couleurs, pi-
geons verts à tête rouge, tourterelles do-
rées du manioc, foliotocoles si légers que
ces herbes se courbent à peine sous leur
poids, pique-bœufs, aigrettes, charognards.
bécans, etc. ; suivre l'imprévu de ce sen-
tier folâtre, tantôt passant une rivière à
gué, tantôt sur un pont de lianes, sus-
pendu, craquant, balançant, plein d'insécu-
rité. Dans l'ardeur du soleif. les porteurs
vont courant ; on se sent emporté comme
en rêve dans le chant des grillons. le va-
carme des crapauds-buffes, sous le cri per-
çant des perroquets, passent haut, très
haut dans le ciel, et l'on se sent petit,
petit, auprès des baobabs énormes, des
fromagers géants. Bercé mollement au
chant rhytmé des tipoyeurs, on va, heu-
reux de vivre, fumant, rêvant, se laissant
ainsi porter au hasard de ce n'zila, res-
pectueux des moindres obstacles, contour-
nant avec soin soit une touffe d'herbe.
soit une souche d'arbre, une termitière, une
pierre, voire une branche de bois mort ;
sentier plein de fantaisie, zigzagant sans
cesse, car la ligne droite est sans presti-
ge dans ce pays où le temps ne compte
pas. Sentier affirmant la calme, tranquille,
sereine philosophie des indigènes qui le
tracèrent. Et l'on va, foulant des ananas,
écrasant d'admirables fleurs aux larges pé-
tales, enjambant des armées de fourmis.
Dans la rapidité de la course, de petits
arbres noueux vous accrochent au pas-
sage, vous écorchent les mains ; les her-
bes vous cinglent le visage, mais qu'im-
porte, le soleil rit, la nature chante, l'air
est saturé d'enivrantes senteurs, il fait bon
vivre et tout est bien. Quand vient le soir,
dans le vol lumineux, scintillant, innom-
brable des étincelantes lucioles, on arri-
ve à l'étape. Dans la case d'un village nè-
gre. sur le lit de camp que le boy vient de
dresser, abrité sous la moustiquaire, on
ne pense pas à l'innombrable pixwniscuité
des insectes cohabitants ; on oublie que
les murs qui vous entourent sont faits de
myriades d'existences, que telles aspérités
de la muraille qui semblent de petites bou-
lettes de terre, s'enfuiraient au contact d'un
doigt, que les tarentes, rangées en frise
au haut des murs ne cessent de fasciner
des mouches-maçonnes, d'énormes arai-
gnées, de répugnants papillons velus ; que,
n'était la moustiquaire qui vous protège.
on serait couvert de la poussière de bois
tombant des branchages des toitures ron-
gés par les tarets ; et, qu'au réveil, il
faudra secouer ses chaussures pour en
chasser les cancrelats ou les scorpions qui,
sans doute, s'v sont logés. On oublie que,
chaque jour, l'insolation, la fièvre, la bi-
lieuse, les serpents, les tsé-tsé vous guet-
tent.
lieuse. Et chaque jour je vais, ainsi porté,
aux versants des vallons herbeux, verts,
jaunes ou rouges ; sous l'ombre dange-
reuse des marigots, au long des berges
peuplées de caïmans, des fleuves grondant
la violence de leurs brisants, charriant l'é-
cume de leurs rapides. Je vais, ne ren-
contrant sur mon chemin que des noirs
aux formes splendides, souvent nus, par-
fois drapés en des étoffes bariolées, tou-
jours en parfaite harmonie avec le ton de
leur peau. brillante et si belle au soleil.
Des femmes à la démarche lentement
souple me saluent de leur voix chantante.
k M'bote' mundélé » et de fragments du
Cantique des Cantiques, retrouvant ici tou-
te sa véritable, lascive et sensuelle poésie,
ne viennent à l'esprit : « Je suis noii-e
mais je suis belle, ne prenez pas garde à
mon teint ».
Et quel calme dans les villages. Je bus
le vin de palme avec ies mokounjis, je
fumai parmi les noirs, auprès des feux
flambants. Quels pauvres fous nous som-
mes, comparés à ces gens admirables pour
qui le seul état est de vivre bellement, sans
aspirations ni complications aucunes.
Je rapportai de cette tournée une tren-
taine de toiles que iexposai à Brazzaville,
puis à Kinshasa, en Congo Belge.
Redescendu à Matadi, je m'embarque en
septembre à bord d'un bateau belge à des-
tination d'Anvers, où je retrouve bientôt
le temps maussade et gris, celui d'octobre
cette fois ; mais j'ai, maintenant, en ma
mémoire, du soleil pour toute une vie.
Les tramways, les - autos, l'affairement
de ce grand port m'étourdissent. Loin sont
les bords tranquilles de la Foulakari, les
rives ombreuses du Djollé. Des strophes de
Kou-Singa. poète du Congo, chantent en
mon souvenir :
« N'zo kwô ma téné ti m'bi A ma
téné so n'zo kwé 1
Hommes, écoutez ! Hommes, écou-
tez ! Il n'y a rien d'autre que le ventre
plein le dormir tout son saoùl le rien
faire et voir la vie qui passe et jouir
sans penser.
« N'zo kwé ma téné * ti * m'hi * - * * A * ma
t/mé sn n'za kwé ! »
Paris, février 1922. ,
Marcel Gaillard.
RETOUR
-0&--
M. Georges Poiret, gouverneur de la
Guinée française rentre en France à bord
de l'Aiic qui passe cette semaine à Cona-
kry.
A L'OFFICIEL
Le lieutenant-colonel Mayade tGilbert),
du 5e régiment d'infanterie coloniale est
nommé commandant supérieur des troupes
du Groupe des Antilles.
A LA CHAMBRE
- <>O--
RAPPORTS COLONIAUX :,
Le régime forestier de la Martinique
et de la Guadeloupe
Au nom de la Commission de l'Algérie,
des Colonies et des Protectorats, M/Bois-
neuf, député de la Guadeloupe vient de fai-
re distribuer son rapport favorable -
projet de loi relatif au régime forestier à
la Martinique et à la Guadeloupe.
A la suite de déboisements excessifs, dont
on n'avait pas tardé à constater les conséquen-
ces désastreuses : diminution de la fertilité du
sol, altération du climat, etc., le Conseil gé-
néral de La Réunion fut autorisé par une loiÍ
du 14 février lîfiP, et sous la seule réserve
que les pénalités ne dépasseraient pu celles du
code métropolitain sur la matière, à légiférer
sur le régime forestier de la colonie.
L'article 2 de la loi de 1874 prescrivait que la
délibération prise par le Conseil général pour-
rait être rendue provisoirement exécutoire par
le gouverneur ; qu'elle deviendrait de plein
droit exécutoire, si dans un délai de six mois
à dater du vote, un décret n'en avait suspendu.
ou prohibé l'exécution ; qu'enfin elle aurait for-
ce de loi si, dans un délai de trois ans, elle
n'avait été ni modifiée, ni annulée.
C'est ce qui advint.
Depuis le 25 février 1S7*4, La Réunion a un
règlement forestier qui a aujourd'hui force de
loi. lement forestier qui a a-ajourd'hui force de
C'est le m"-'1l10 pouvoir ov* }« Gouvernement
dl'maIHI,' la Martinique et de la Guadeloupe.
Le projet de loi déposé par lui, à cet effet,
a été, après amendement. voté par la Chambre
le 19 novembre lî»20; le adopté en faisant subir au texte une légère mo-
dification résultant de la suppression du der-
nier alinéa de l'article 2.
La retraite des résidente supérieurs
M. Ernest Outrey, député de la Coohin-
chine, vient de faire distribuer son rap-
port sur le projet de loi réglant la situa-
tion, au point de vue de la retraite des
résidents supérieurs en Indochine qui, au
moment de leur nomination à ce grade
étaient assujettis au régime de la Caisse
locale de retraites de cette possession. M.
Outrey, rapporteur de la Commission des
Colonies, est favorable au projet.
Lorsqu'un administrateur des services civils
d'Indo-Chine dit M. Outrey assujetti à la caisse
locale est nommé résident supérieur, couron-
nement normal de sa carrière, son passage
sous le régime des pensions d'Etat se traduit
par les résultats suivants, riue -le législateur
n'avait pas prévus :
Il doit faire 10 ans de services sous la
régime des pensions à forme militaire
et ne pourra avoir sa retraite avant leur
expiration.
Sa pension est liquidée en dédui-
sant les annuités afférentes aux années
passées sous le régime de la Caisse locale.
C'est pour remédier à cette 6ituation inéqui.
table pour les plus hauts fonctionnaires de l'Ad-
ministration coloniale, préjudiciable aux inté-
rêts bien entendus de la chose publique, puis-
qu'elle oblige à maintenir dans des postes de
commandement leurs titulaires, même quand
leur activité est diminuée, que le présent projet
est présenté.
Les dispositions qu'il contient n'innovent
rien dans la matière ; elles sont la répétition
exacte de la solution adoptée par l'article 5G
de la loi du 30 janvier 1907 qui a réglé les
conditions de retraite d'agents passant du ré-
gime des caisses départementales sous celui
des pensions de l'Etat : tous les services sont
admis en compte, l'Etat et la colonie se par-
tageant le paiement de la retraite au prorata
des années pendant, lesquelles le bénéficiaire a
été sous chacun des régimes de pension.
Ces stipulations ont le triple avantage :
1° De rétablir l'égalité de traitement entre
les résidents supérieurs et gouverneurs, quelle
que soit leur origine ;
2° De rendre au Gouvernement sa liberté
d'action de façon à ne pas maintenir dans des
postes exigeant de l'activité intellectuelle et.
physique des chefs dont la capacité serait
amoindrie ;
30 De constituer une éoonomie appréciable
pour le frésor public ; le quantum qui incom-
bera en fin de compte à ce dernier se trouvera,
être, du fait de la part mise A la charge de
la colonie inférieur à ce que l'Etat aurait à
payer sous le régime actuel.
Mao
En ihmRNr dujnrcclni lyam
Un grand déjeuner sera offert au res-
taurant Vignon, 14. boulevard de la Ma-
deleine, le mercredi 22 février, au mar
réchal Lyautey, résident général de
France au Maroc, sous la présidence de
notre éminent collaborateur et ami, Al-
bert Peyronnet, sénateur, ministre du
Travail.
Le Maréchal Joffre au Japon
| Le Maréchal Joffre au Japoa
Le maréchal Joffre vient de quitter Kobé“
se rendant à Simonosaki% où ti s'embarque-
ra pour la Corée. La population de la région
industrielle d'Osaka et de Kobé a manifesté
sur le passage du maréchal d'une manière
particulièrement démonstrative. Les ou-
vriers et les employés, les autorités civiles
et militaires ont organisé des réceptions,
des banquets et des fêtes, inspirées de cou-
tumes locales.
La visite du maréchal laisse dans toute
cette région une profonde impression. La
colonie française de Kobé, augmentée de
tous les protégés français, se montra, à l'oc-
casion de cette visite, très active.
Le maréchal a déclaré être enchanté de
son séjour au Japon et profondément touché
de tant de manifestations de sympathie à
l'égard de la Franc..
i
vies cmaniaies iroiposttiN de nurssint
---0-0--
La mission envoyée par la maison Gau-
mont pour préparer les vues d.n¿.matogra-
phiqnos du Maroc à l'exposition de Mar-
seille est arrivée le 10 février à Casehlanca.
Ajoutons que l'Afrique Occidentale a fait
prendre dans sa colonie, depuis plus d'un
an. des films qui saront projetés dans deux
mois à i'Expositiur. Nationale Coloniale de
Marseille 19&.
~--.-.--.,.-e-"-.~-'--.- - - - - - - - - - - - - - - - - ----
- - - - - - a
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
M ARTICLES PUBLIÉS PAR LES uAMNALIS COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
La AnnoncuetJqdckmu amimues au Bureau duJournal d Jenl IuApnm depuuwtd
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THEBAULT
Rédietioi et Adoriiiitrilion : 34, Rue du Moflt-Thabor, PARI3-1* Iféléphm : LQUYRI M-M
v. la # ade a atm
«Ma« stouEmeT-s- 1 Frmncs «4 Cotonim u. 30 i 14 m
mJJé I Rtrm*g*r m, 48 ̃ ss ̃
OB «'abMM 4ue «M» IM hran é» pocte «t «lu» Ui pri&cipMK Ubratr** -
L'Oléiculture au Maroc
La terre marocaine doit constamment
attirer l'attention de ceux qui s'intéres-
sent à l'équipement agricole et* écono-
mique du Maroc.
La. Société Nationale. d'Oléiculture de
France a décidé de tenir le Congrès in-
ternational d'Oléiculture de. 1922 à Mar-
rakech, la farouche capitade du Sud ma-
rocain, si longtemps rebelle à T influen-
ce de la civilisation moderne.
On ne) peut que féliciter ceux qui ont
pris cette détermination et ceux qui
l'ont provoquée : jamais Congrès n'aura
été capable d'avoir une portée" plus ef-
ficace et pdus pratique. En effets celui-
ci sera en présence non pas de. résultats
acquis, mais de possibilités à encoura-
ger, non pas d'un mouvement à cons-
tater mais bien d'un essor à donner. La
tâche qui lui incombera ainsi n'en sera
que plus intéressante.
La production de l'huile. au Maroc est
presque encore à organiser. A Marra-
kech, elle n'existe qu'à l'état rudimen-
taire ; dans de vastes régions où elle est
susceptible du plus bel avenir, elle
n'existe pas du tout.
Il y a bien, à Marrakech, deux ou trois
huileries, d'installation récente et d'ou-
tillage à peu près moderne, mais elles
sont de proportions restreintes, et leur
puissance de fabrication est mesurée. Il
existe de nombreux moulins indigènes,
dont certains de date tort ancienne,
mais l'huile qui en sort n'est consom-
mable que pour les indigènes eux-nvé-
mes. Ni sa nuance ni son goût ne per-
mettront de lui donner place dans le com-
merce européen. Elle ne sort guère de
la région et ne donne lieu avec les tri-
bus de la montagne qu'à un trafic de
peu d'importance.
Toute la supériorité de l'huile de fa-
brication européenne vient de la métho-
de de broyage de l'olive, du choix dis-
cerné du degré de maturité auquel il
convient die la cueillir et surtout du
peu de délai qu'on laisse s'écouler entre
la récolte et la trituration.
L'indigène ne s'arrête à aucune de
ces considérations. Il cueille ses olives
trop tôt et plus souvent trop tard, sui-
vant ses convenances de voisinage, de
famille ou autres; il les laisse rancir
dans ses silos pendant des semaines
parce que la vieille meule de pierre ou
de bois qu'un cheval et parfois un âne
fait tourner ne peut en écraser chaque
jour qu'une quantité minime ; enfin, il
n'emploie que des procédés de clarifica-
tion très primitifs quand il nel se borne
pas à laisser s'opérer pendant quelques
jours une décantation naturelle qui en-
duit d'une fange visqueuse le fond des
récipients où séjourne son huile. Il
n'est pas. surprenant qu'il n'obtienne
ainsi qu'un liquide épais, de couleur
brune, plutôt que jaune et d'un goût
plus ou moins fortement saumuré. ab-
solument impropre à la consommation
européenne. -
Dans les villes, ce sont surtout des
huiles espagnoles que l'on vend chez
les détaillants. On y trouve aussi, miais
en petite quantité, des huiles de Tuni-
sie, et, durant la crise commerciale ré-
cente, des huiles d'arachide, de coton
ou autres grains v ont pénétré, venant
die divers pays d'Europe, mais surtout
d'Espagne.
Lo Maroc) peut prétendre à tout autre
avenir, car il possède un nombre res-
pectable d'oliviers, que les statistiques
n'évaluent pas à moins de cinq à six
millions. Il pourrait et devrait en
compter bien davantage, car d'immenses
territoires consistant soit en plaines sa-
blonneuses, soit en collines rocheuses,
aujourd'hui incultes et recouverts de
broussailles, sont éminemment propres
à la culture de l'olivier et ne convien-
nent guère à aucune autre.
Le meilleur conseil que le Congrès de
l'Oléiculture pourra donner au Maroc
c'est, en tout ce qui concerne l'olivier
et l'huile d'étudier et d'imiter ce qui
s'est fait en - Tunisie. -
Ceux qui formuleront cette idée ne
devront pas être surpris s'ils remar-
quent qu'elle est accueillie autour d'eux
par des sourires approbateurs, mais
aussi par quelques semi-grimaces.
C'est que, maintes fois et pour beau-
coup d'autres matières, ce conseil a dé-
jà été ilonné au Maroc, si souvent que
pas mal de colons et surtout de fonc-
tionnairas,qui ne connaissant pas la Tu-
nisie, ne savent pas combien il est fon-
dé, ne le reçoivent plus qu'avec une
sorte de crispation. Ceux qui, au con-
traire, et ils sont assez nombreux, ont
fait leur éducation coloniale ou adminis-
trative dans l'autre; Protectorat nord-
africain, éprouvent une joie maligne à
l'entendre répéter.
Jamais il n'aura été aussi justifié
qu'en pareillet matière. S'agit-il de com-
planter en oliviers des étendues stéri-
les ? Quel plus merveilleux exemple
peut-on invoquer que celui est offert par
la région sfaxienne et. surtout les terres
siaJines, où suivant une magnifique ex-
pression, rigoureusement exacte « la
forêt en marche a fait reculer le dé-
sert ? »
Pooir apprendre à améliorer les oli-
vettes déjà créées, pour s'initier aux
bonnes méthodes de disposition, d'en-
tretien, de taille des oliviers, à peu près
ignorées des propriétaires marocains,
aussi bien à Marrakech qu'ailleurs,
c'est encore en Tunisie qu'il faut aller,
car la culture de cet arbre y est arrivée
au summum de perfection.
Enfin, lorsque 1 on voudra établir, à
Marrakech ou dans les autres régions
où se récoltent les olives, des usines
capables d'une production remarquable
par ses qualités et avantageuse par ses
conditions économiques de fabrication,
où pourra-t-on trouver de précieuses in-
dications, des modèles en pleine actit
vité, sinon à Sfax, à Sousse, dans le Sa-
hel Tunisien, à Monastir, à M&hdiat,
dans le cap Bon, aux environs immé-
diats - de Tunis - ou - à Medjez-el-Bab ? -- Là,
on verra des installations industrielles
pourvues de tous les moyens d'action et
de perfectionnements modernes, dont
les presses font jaillir des milliers de li-
tres d'un liquida onctueux aux refletts
d'ambre et d'or qui ont fait la réputat-
ion méritée et souvent jalousée. des hui-
-- les de Tunisie.
Tout permet au Maroc de faire aussi
bien, mais il y faut des. efforts consi-
dérables, des sacrifices indispensables
de la port des intiatives particulières,
certaines de trouver auprès du Gou-
vernement les encouragements et les
concours bien dus à une entreprise en-
tre toutes conforme aux grands intérêts
du pays.
C'est certainement u.n plan confor-
me aux idées que nous venons d'indi-
quer qui sortira des travaux du Con-
grès international4 d'Oléiculture si op-
portunément projeté pour noveffilbre, à
Marrakech.
Charité Debierrt,
Sénateur du Nord.
Président d'honneur de la Société
d'Agriculture de Marrakech.
L'aiiairo d8 la BaaplnMelle Ile Chine
Le vent est aux scandales. Dans les cou-
foin de la Chambre, on chuchote qu'un dé-
puté colonial aurait louché pour frais de pu-
blicité (?) 600.000 francs de la, Banque Indus -
nielle de Chine déjà mal en point et en dit-
ficulté avec ses déposants, On ajoute encore
que le même député aurait vendu quarante-
huit heures avant la débâcle, son lot, fort
important, d'actions de la Banque Indus-
trielle de Chine qu'il avait eu jadis à fort
bon compte et qu'avec le bénéfice de cette
opération, il aurait acheté une superbe pro-
priété de campagne. Le pain des vieux
jours, quoi !
Nul doute que M. Edouard Ignace, l'an-
cien grand justicier pour le compte de M.
G. Clemenceau, ne réclame l'exécution de
ce parlementaire même s'il fui le chevalier
servant de M. Georges Clemenceau, de no-
vembre Ifl17 à janvier 1920 et s'il lui a gar-
dé un culte béat.
Espérons sans oser y croire que notre
information est erronée.
le yin dl France est - lUI colonies
0><0
Les colonies françaises offrent un largn
débouché à la production vinieole fran-
çaise. De 1910 à 1919, les quantités de vins
de France importées dans nos colonies re-
présentent les chiffres suivants :
Sénégal 171.078 hectol.
Haut-Sénégal, Niger 25.939 »
Guinée française 30.974 n
Côte d'Ivoire 14.763 u
Dahomey., , , 17.569 »
Gabon 17.771 »
Moyen - Congo, Oubanghi
Chari 18.845 »
Réfunion 86.579 »
Madagascar et dépendances 239.647 Il
Côte française des Somalis 12.304 bi
Etablissements français de
l'Inde. , , 6.072 »
Indochine 511.381 »
Saint-Pierre et Miquelon 16.296 »
Guadeloupe et dépendances 100.973 »
Martinique. 94.206 Il
Guyane française 121.950 »
Nouvelle-Calédonie 202.590 h
Etablissements français de
TOcéanie 202.1590 »
Gestions coloniales
«- 00-
De 1914 à 1920 soit sur 6 années com-
portant un total de 16.000 comptes à étu-
dier, la Cour des Qomptes avait à exami.
ner 1.400 comptabilités coloniales.
Sur 10(600 comptes dont le jugement
est assuré, (>19 comptes coloniaux ont été
jugés.
jil Il rI ste à apurer 751 comptes pour les
colonies, sur un total de 5.400 comptes.
Toute diligence sera faite en lie de
lulter le règlement, fi flit le procureur gé-
néral près la Cour des Comptes.
M-0
A la Commission des Colonies
̃ OC ̃
M. d'Iriart d'Etohepare, président de la
Commission des Colonies, vient de la con-
voquer en outre de sa eéanoe du mardi 21,
pour le jeudi 23, à 14 h. 45, en vue de l'au-
dition de M. le mairéchal Lyautey, qui fera
un exposé de la situation au Maroc.
A TRAVERS L'A. 0. F.
----g.o--
DE IAIOU A KANKAN
Après une nuit déli-
cieuse passée à Mamou,
nous nous met lions, le 5,
en route pour Ko-urous-
sa. Après Dabola, le pays
déjà se modifie : les mon-
tagnes deviennent brus-
quement collines, les val-
lées s'épanouissent, les
plaines s'étendent lar pi-
ment. on sent que le Siger est proche-..
A Bissi/irima, je trouve une vieille figure
du Mossi, l'ad.joint principal Chopin. Il ne
demanderait pas mieux que de m'accom-
pagner un bout de chemin. pour causer du
passé, mats hélas !.
Kouroussa ! deux heures d'arrêt. En com-
pagnie de M. Vadministateur Liurette nous
parcourons la ville au milieu d'un impo-
sant cortège d'indigènes. et nous arri-
vons sur les bords du Niger, au minus-
cule po-rt de Kouroussa, qui donne diltici-
lement accès à l'importante batelleiic qui
assure le trafic avec Bamako.
Je n'ai pas de peine à constater l'insuf-
fisance du port de KOUfaussa, EUe est lla,
grante à tel point, que l'outillage qui s'y
trouve deux grues ne peut être
utilisé, les bateaux ne pouvant venir à
quai, faute d'eau. Il sera donc nécessaire
de - creuser et d'agrandir ce port. -
Mais alors, a'atwuns s'ccrlent : A quoi
bon ! Faites donc votre port à Kankan, sur
le Milo !. ça coûtera moins cher.
Erreur, dit le commerce itiei. Il suffti
de faire sauter quelques rochers en aveti
de Kouroussa et vous donnez à sOn port
toute l'importance qu'il doit avoir ; pour
quoi covnr jusqu'à Kankan et payer gros,
de ce centre à Kouroussa., par le railivail?..
Je me rallierai plutôt à cette dernière fa-
çon de voir. Je n'estime pas que Kankan
doive remplacer Kouroussa. Il n'y aurait
aucune sérieuse raison à cela.
La question vaut d'être étudiée et je ne
regrette p
entreprendre pour aménager le port de
Kouroussa et le rendre parfaitement utili-
sable.
Il fait déjà nuit quand nous entrons en
gare de Kankan. L'administrateur en chef
Lambin nous reçoit très aimablement, en-
touré de ses collaborateurs, et de divers
fonctionnaires venus à ma rencontre, no-
tamment l'Administrateur de Kersaint-
Gilly, commandant le Cercle de Begla.
La population indigène massée à la sor-
tie de la gare nous acclame on danse,
on chante autour de nos Il pousses » qui,
par de larges avenues, nous transportent à
la Résidence.
Le lendemain, M. Poiret me fait visiter
en auio une ferme modèle installée près de
Kankan par diverses familles indigènes,
sous l'impulsion très heureuse de M. Bros-
sat, inspecteur d'agriculture. Je retrouve ici
les procédés en usage dans les fermes du
Foutah ; les mêmes instruments de tra-
vail, qui aboutissent à des résultats sensi-
blement identiques. La méthode employée
par M. Poiret dans des régions totalement
différentes, là, par des Peulh, ici par des
Malinkès, parait donc des plus judicieuses :
les résultats sont tangibles : ausi bien, je
questionne le lo-ng de la route de nombreux
indigènes qui, j'imagine, n'ont pas été mis
là pour les besoins de la cause !
Charrue 11 a bon ?
Oui, c'est bon !
Pourquoi tu travailles toujours avec le
daba ?
Quand il a. donné nous charrue, nous
contents !.
te mouvement est acquis. Il suffit de le
perpétuer. Et qu'on ne vienne pas me par-
ter de pression administrative. J'ai V-11, et
je suis désormais convaincu que nos culti-
vateurs indigènes sont tous prêts à adop-
ter notre oiitillage agricole ; pourvu qu'on
leur mette l'instrument dans la main :
n'espérons pas qu'ils s'adresseront directe-
ment à Pillter. Restons leurs précieux in-
termédiaires.
Au retour, je reçois les fonctionnaires,
les commerçants ceux-ci m'expriment des
vœux, bien légitimes : développement dit
réseau routier, aménagement de la route
Kanlwn-Be.yla, suivie par toutes les cara-
vanes. etc., Je prends bonne note. Un peu
de patience, et je m'efforcerai dans toute
la mesure du possible de hâter la mise en
valeur de ces régions ,si intéressantes, et
jusqu'à ce jour trop négligées.
Je m'échappe, après le atner officiel, pour
aller passer un bon moment chez l admi-
nistrateur-adjoint Harlée, un ami du Mos-
s'il Et là, dans son intérieur si coquet, j'ai
à faire encore amende honorable, quand je
me trouve en présence de Mme Harlée, qui
en est la souveraine fée 1.
Guinée, 5 janvier 1922.
Georges Barthélemy,
Député du Pas-de-Calais,*
Délégué du Soudan Français
et de la Haute-Volta
ou Conseil Supérieur des Colonies
COURS
––O-O
M. Gruvel, professeur, ouvrira son cours
sur les « Pêcheries et productions Colonia-
les d'origine animale », le jeudi 2 mars pro-
chain, et le continuera tous les lundis et
jeudis suivants, à 17 heures 15, dans l'Am-
phithéâtre Guvter, au Muséum d'histoire
naturelle (Entrée : 57, rue Cuvier, - Ve).
Le professeur traitera cette année : 1° rie
l'Industrie des Pèches en Norvège et de
l'application de certaines méthodes à l'ex-
ploitation des pôohei-ios coloniales françai-
ses ; 20 de rindustnf générale des Pêches
à Madagascar, en insistant plus spéciale-
ment sur les crustacés (langouldes, crabes,
crevettes, etc.) et sur les mollusques na-
criers et perliers (Histoire générale des na.
cres et des perles : perles de nacre, perles
fines, naturelles, perles de culture, etc.)
Des projections fixes et cinématographe
ques accompagneront l'enseignement.
IMPRESSIONS D'UN PEINTRE
StiltHIS DE LA COlE D'AFIIQUE
000.
Quelques mois au Congo Français
Nous donnons aujourd'hui la fin des no-
tes de voyage si intéressantes que M.
Marcel Gaillard a bien voulut réserver aux
lecteurs des Annales Coloniales.
Pour ma part, je ne me plains pas ; j'au-
rais été déçu qu'il en fût autrement. Ne
sommes-nous pas en pays chaud ? Alors,
je transpire avec conviction. Quel temps
peut-il bien faire en France ? Je n'ai ja-
mais connu de mois d'août en Europe aus-
si chaud que cet avril africain.
Février 1922.
Le Gabon. Libreville Belles prome-
nades aux mouvants ombrages, dus aux
panadhes dodelinants de magnifiques pal-
miers. Puis, Gaip Lopez. Nous arrivons à
la tombée de la nuit. Couchant splendidc.
Noua voguons sur de l'or. Nous avons pas-
sé l'Equateur ; baptême de la ligne, mais
baptême au cocktail ; la traversée tire à
sa fin.
Des bandes de marsouins bondissent
hors de l'eau, nous accompagnant dans no-
tre marche, luttant de vitesse avec notre
bateau. Effrayés à. notre approche, des
poissons volants s'enfuient, rasant l'écume
telles des hirondeflles d'argent, puis, dispa-
raissent dans le flot long, qui mollement
s'étire en l'onctueux saphir 'des eaux équa-
toriaJes,
Nous entrons, à présent, dans les eaux
brunes du neuve Congo. Majestueux, im-
mensément large, ce fleuve est parsemé de
longues lies aux berges verdoyantes, mais
inquiétantes. Verdures épaisses, lianes, pa-
létuviers. On voit des crocodiles, on cher-
che des hipipopotames.
Cette montée du Congo est un émerveil-
lement. Quel beau film à tourner, et sans
une coupure ! De la beauté se déroulant
sans interruption.
Voici Boma, capitale du Congo Belge.
Une nuit sur le fleuve, une autre encore, le
Chaudron d'Enfer, et Matadi, point final
de la traversée. Débarquement. Après le
tracas des bagages, l'enregistrement, les
formalités de transit, les courses sous un
soleil cuisant, par des rues terriblement
montantes, la nuit passée à Matadi, en
compagnie des moustiques, dans l'inces-
sant, l'assourdissant concert des grillonn,
des crapauds-buffles, puis, vers le matin,
dans le fracas de la tornade, cette nuit,
ma première d'Afrique, me fut vraiment
pénible
Des le lendemain malin, nous primes le
train pour Kinshasa. Extrêmement beau ce
voyage en chemin de fer. Lei Congo Belge,
im|«T\"€fiâJeu.x, gran/iiose, .iimpressiionmant,
est d'un pittoresque tragique : la Haute-
Loire multipliée par x.
Nous passons sur la riante M' Pozo, ri-
vière des crocodiles, grondant, bondissant,
cascadant, tantôt entre deux rideaux de
ravissantes verdures, tantôt on un chaos
die rocs agressifs.
La voie ferrée sinue constamment, sur-
plombant ravins, torrents, précipices, !on-
geant des pentes boisées couvertes de pal-
mes verdoyantes, de bouqn|et..s d'arbres
géants, d'arbres fleuris aux vives couleurs,
embaumant l'air de parfums tièdes et su-
crés.
Ivù, dans re fond, une locomotive écrasée
par la chute-vertige.
Après une nuit passée a Thysville, au le-
ver du jour nous reprenons fe train. Cette
fois, le décor change, moins émouvant,
mais très beau cependant. C'est la savane,
puis la jfoi-ét, iin aj es Vue us cm en t» sombre,
retjenlissant de cris de singes et d'oiseaux
de toutes sortes.
A la tombée de la nuit, nous arrivons à
Kinshasa.
Traversée du Stanley Pool, petite mer
aux eaux mauves à cette heure, des rieflets
du couchant. Entin, Brazzaville, s'étendont,
nonchalante, de la plaine au plateau, au
bord du Stanley Poul, dans la splendeur
des flamboyants, la rutilence des ibicus, à
l'ombre des manguiers, des pa.payers, des
goyaviers, sous le panaehe des palmiers.
Foule élégante au débarcadère. Présenta-
tions.
On m'installe dans une sorte de chaise
à porteurs, avec une roue, une seule, sous
IV fauteuil. devant, un nègre, derrière,
un nègre, et cela tile. C'est le pousse-pous-
se do Brazzaville, spécial à la région. Je
suis bientôt à taible à l'hôtel de l'Afrique
Cbnso.
Après una nuit excellente, léthargique, a
l'abri de ma moustiquaire, je suis, au ma-
tin, réveillé en sursaut par les sirènes hur-
lantes des Messageries Fluviales du Con-
go. Il est six heures et demie : déjà le soleil
aarde. Dans la cour, des palmiers, des pa-
payers, des bananiers. Matin resplendis-
sant. Je me sens joyeux ; je vais enfin.
comjiiioneer à vivre mes quelques mois
d'Afrique. -
D'abord, les visites. Je suis, partout,
merveilleusement reçu.
Je me souviendrai longtemps de l'accueil
excellent que je reçus à Brazzaville, de l'a-
mabilité de Monsieur le Gouverneur géné-
ral Victor Augagneur, de l'exquise affabilité
de Monsieur le Gouverneur Alfnssa. Que
ds noms amis s'associeront désormais à
mes souvenirs du Congo : Cruveiller. Mai-
gret, Liotard. de MalétaMe, Marcilhacv,
Mercier, et bien d'autres encore. Après trois
semaines passées en successives invita-
tions, je m'arrachai aux délices de cette
agréable mais peu laborieuse existence, et,
montant dans mon tipOl. sorte de palan-
quin porté par quatre noirs, je m'en fus
dans la brousse, vivre plus effectivement
l'àpre sauvagerie de ce si beau pays. Oh !
cette existence en brousse, quel charme
prenant, piquant. elle peut avoir. Dire l'at-
trait du n'zila. le sentier indigène, serpen-
tant à travers des herbes géantes, attei-
gnant 3 mètres, 3 m. 50 de hauteur, peu-
plées d'animaux de toutes sortes : reptiles,
insectes, oiseaux aux vives couleurs, pi-
geons verts à tête rouge, tourterelles do-
rées du manioc, foliotocoles si légers que
ces herbes se courbent à peine sous leur
poids, pique-bœufs, aigrettes, charognards.
bécans, etc. ; suivre l'imprévu de ce sen-
tier folâtre, tantôt passant une rivière à
gué, tantôt sur un pont de lianes, sus-
pendu, craquant, balançant, plein d'insécu-
rité. Dans l'ardeur du soleif. les porteurs
vont courant ; on se sent emporté comme
en rêve dans le chant des grillons. le va-
carme des crapauds-buffes, sous le cri per-
çant des perroquets, passent haut, très
haut dans le ciel, et l'on se sent petit,
petit, auprès des baobabs énormes, des
fromagers géants. Bercé mollement au
chant rhytmé des tipoyeurs, on va, heu-
reux de vivre, fumant, rêvant, se laissant
ainsi porter au hasard de ce n'zila, res-
pectueux des moindres obstacles, contour-
nant avec soin soit une touffe d'herbe.
soit une souche d'arbre, une termitière, une
pierre, voire une branche de bois mort ;
sentier plein de fantaisie, zigzagant sans
cesse, car la ligne droite est sans presti-
ge dans ce pays où le temps ne compte
pas. Sentier affirmant la calme, tranquille,
sereine philosophie des indigènes qui le
tracèrent. Et l'on va, foulant des ananas,
écrasant d'admirables fleurs aux larges pé-
tales, enjambant des armées de fourmis.
Dans la rapidité de la course, de petits
arbres noueux vous accrochent au pas-
sage, vous écorchent les mains ; les her-
bes vous cinglent le visage, mais qu'im-
porte, le soleil rit, la nature chante, l'air
est saturé d'enivrantes senteurs, il fait bon
vivre et tout est bien. Quand vient le soir,
dans le vol lumineux, scintillant, innom-
brable des étincelantes lucioles, on arri-
ve à l'étape. Dans la case d'un village nè-
gre. sur le lit de camp que le boy vient de
dresser, abrité sous la moustiquaire, on
ne pense pas à l'innombrable pixwniscuité
des insectes cohabitants ; on oublie que
les murs qui vous entourent sont faits de
myriades d'existences, que telles aspérités
de la muraille qui semblent de petites bou-
lettes de terre, s'enfuiraient au contact d'un
doigt, que les tarentes, rangées en frise
au haut des murs ne cessent de fasciner
des mouches-maçonnes, d'énormes arai-
gnées, de répugnants papillons velus ; que,
n'était la moustiquaire qui vous protège.
on serait couvert de la poussière de bois
tombant des branchages des toitures ron-
gés par les tarets ; et, qu'au réveil, il
faudra secouer ses chaussures pour en
chasser les cancrelats ou les scorpions qui,
sans doute, s'v sont logés. On oublie que,
chaque jour, l'insolation, la fièvre, la bi-
lieuse, les serpents, les tsé-tsé vous guet-
tent.
lieuse. Et chaque jour je vais, ainsi porté,
aux versants des vallons herbeux, verts,
jaunes ou rouges ; sous l'ombre dange-
reuse des marigots, au long des berges
peuplées de caïmans, des fleuves grondant
la violence de leurs brisants, charriant l'é-
cume de leurs rapides. Je vais, ne ren-
contrant sur mon chemin que des noirs
aux formes splendides, souvent nus, par-
fois drapés en des étoffes bariolées, tou-
jours en parfaite harmonie avec le ton de
leur peau. brillante et si belle au soleil.
Des femmes à la démarche lentement
souple me saluent de leur voix chantante.
k M'bote' mundélé » et de fragments du
Cantique des Cantiques, retrouvant ici tou-
te sa véritable, lascive et sensuelle poésie,
ne viennent à l'esprit : « Je suis noii-e
mais je suis belle, ne prenez pas garde à
mon teint ».
Et quel calme dans les villages. Je bus
le vin de palme avec ies mokounjis, je
fumai parmi les noirs, auprès des feux
flambants. Quels pauvres fous nous som-
mes, comparés à ces gens admirables pour
qui le seul état est de vivre bellement, sans
aspirations ni complications aucunes.
Je rapportai de cette tournée une tren-
taine de toiles que iexposai à Brazzaville,
puis à Kinshasa, en Congo Belge.
Redescendu à Matadi, je m'embarque en
septembre à bord d'un bateau belge à des-
tination d'Anvers, où je retrouve bientôt
le temps maussade et gris, celui d'octobre
cette fois ; mais j'ai, maintenant, en ma
mémoire, du soleil pour toute une vie.
Les tramways, les - autos, l'affairement
de ce grand port m'étourdissent. Loin sont
les bords tranquilles de la Foulakari, les
rives ombreuses du Djollé. Des strophes de
Kou-Singa. poète du Congo, chantent en
mon souvenir :
« N'zo kwô ma téné ti m'bi A ma
téné so n'zo kwé 1
Hommes, écoutez ! Hommes, écou-
tez ! Il n'y a rien d'autre que le ventre
plein le dormir tout son saoùl le rien
faire et voir la vie qui passe et jouir
sans penser.
« N'zo kwé ma téné * ti * m'hi * - * * A * ma
t/mé sn n'za kwé ! »
Paris, février 1922. ,
Marcel Gaillard.
RETOUR
-0&--
M. Georges Poiret, gouverneur de la
Guinée française rentre en France à bord
de l'Aiic qui passe cette semaine à Cona-
kry.
A L'OFFICIEL
Le lieutenant-colonel Mayade tGilbert),
du 5e régiment d'infanterie coloniale est
nommé commandant supérieur des troupes
du Groupe des Antilles.
A LA CHAMBRE
- <>O--
RAPPORTS COLONIAUX :,
Le régime forestier de la Martinique
et de la Guadeloupe
Au nom de la Commission de l'Algérie,
des Colonies et des Protectorats, M/Bois-
neuf, député de la Guadeloupe vient de fai-
re distribuer son rapport favorable -
projet de loi relatif au régime forestier à
la Martinique et à la Guadeloupe.
A la suite de déboisements excessifs, dont
on n'avait pas tardé à constater les conséquen-
ces désastreuses : diminution de la fertilité du
sol, altération du climat, etc., le Conseil gé-
néral de La Réunion fut autorisé par une loiÍ
du 14 février lîfiP, et sous la seule réserve
que les pénalités ne dépasseraient pu celles du
code métropolitain sur la matière, à légiférer
sur le régime forestier de la colonie.
L'article 2 de la loi de 1874 prescrivait que la
délibération prise par le Conseil général pour-
rait être rendue provisoirement exécutoire par
le gouverneur ; qu'elle deviendrait de plein
droit exécutoire, si dans un délai de six mois
à dater du vote, un décret n'en avait suspendu.
ou prohibé l'exécution ; qu'enfin elle aurait for-
ce de loi si, dans un délai de trois ans, elle
n'avait été ni modifiée, ni annulée.
C'est ce qui advint.
Depuis le 25 février 1S7*4, La Réunion a un
règlement forestier qui a aujourd'hui force de
loi. lement forestier qui a a-ajourd'hui force de
C'est le m"-'1l10 pouvoir ov* }« Gouvernement
dl'maIHI,'
Le projet de loi déposé par lui, à cet effet,
a été, après amendement. voté par la Chambre
le 19 novembre lî»20; le adopté en faisant subir au texte une légère mo-
dification résultant de la suppression du der-
nier alinéa de l'article 2.
La retraite des résidente supérieurs
M. Ernest Outrey, député de la Coohin-
chine, vient de faire distribuer son rap-
port sur le projet de loi réglant la situa-
tion, au point de vue de la retraite des
résidents supérieurs en Indochine qui, au
moment de leur nomination à ce grade
étaient assujettis au régime de la Caisse
locale de retraites de cette possession. M.
Outrey, rapporteur de la Commission des
Colonies, est favorable au projet.
Lorsqu'un administrateur des services civils
d'Indo-Chine dit M. Outrey assujetti à la caisse
locale est nommé résident supérieur, couron-
nement normal de sa carrière, son passage
sous le régime des pensions d'Etat se traduit
par les résultats suivants, riue -le législateur
n'avait pas prévus :
Il doit faire 10 ans de services sous la
régime des pensions à forme militaire
et ne pourra avoir sa retraite avant leur
expiration.
Sa pension est liquidée en dédui-
sant les annuités afférentes aux années
passées sous le régime de la Caisse locale.
C'est pour remédier à cette 6ituation inéqui.
table pour les plus hauts fonctionnaires de l'Ad-
ministration coloniale, préjudiciable aux inté-
rêts bien entendus de la chose publique, puis-
qu'elle oblige à maintenir dans des postes de
commandement leurs titulaires, même quand
leur activité est diminuée, que le présent projet
est présenté.
Les dispositions qu'il contient n'innovent
rien dans la matière ; elles sont la répétition
exacte de la solution adoptée par l'article 5G
de la loi du 30 janvier 1907 qui a réglé les
conditions de retraite d'agents passant du ré-
gime des caisses départementales sous celui
des pensions de l'Etat : tous les services sont
admis en compte, l'Etat et la colonie se par-
tageant le paiement de la retraite au prorata
des années pendant, lesquelles le bénéficiaire a
été sous chacun des régimes de pension.
Ces stipulations ont le triple avantage :
1° De rétablir l'égalité de traitement entre
les résidents supérieurs et gouverneurs, quelle
que soit leur origine ;
2° De rendre au Gouvernement sa liberté
d'action de façon à ne pas maintenir dans des
postes exigeant de l'activité intellectuelle et.
physique des chefs dont la capacité serait
amoindrie ;
30 De constituer une éoonomie appréciable
pour le frésor public ; le quantum qui incom-
bera en fin de compte à ce dernier se trouvera,
être, du fait de la part mise A la charge de
la colonie inférieur à ce que l'Etat aurait à
payer sous le régime actuel.
Mao
En ihmRNr dujnrcclni lyam
Un grand déjeuner sera offert au res-
taurant Vignon, 14. boulevard de la Ma-
deleine, le mercredi 22 février, au mar
réchal Lyautey, résident général de
France au Maroc, sous la présidence de
notre éminent collaborateur et ami, Al-
bert Peyronnet, sénateur, ministre du
Travail.
Le Maréchal Joffre au Japon
| Le Maréchal Joffre au Japoa
Le maréchal Joffre vient de quitter Kobé“
se rendant à Simonosaki% où ti s'embarque-
ra pour la Corée. La population de la région
industrielle d'Osaka et de Kobé a manifesté
sur le passage du maréchal d'une manière
particulièrement démonstrative. Les ou-
vriers et les employés, les autorités civiles
et militaires ont organisé des réceptions,
des banquets et des fêtes, inspirées de cou-
tumes locales.
La visite du maréchal laisse dans toute
cette région une profonde impression. La
colonie française de Kobé, augmentée de
tous les protégés français, se montra, à l'oc-
casion de cette visite, très active.
Le maréchal a déclaré être enchanté de
son séjour au Japon et profondément touché
de tant de manifestations de sympathie à
l'égard de la Franc..
i
vies cmaniaies iroiposttiN de nurssint
---0-0--
La mission envoyée par la maison Gau-
mont pour préparer les vues d.n¿.matogra-
phiqnos du Maroc à l'exposition de Mar-
seille est arrivée le 10 février à Casehlanca.
Ajoutons que l'Afrique Occidentale a fait
prendre dans sa colonie, depuis plus d'un
an. des films qui saront projetés dans deux
mois à i'Expositiur. Nationale Coloniale de
Marseille 19&.
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