Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1930-12-20
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 décembre 1930 20 décembre 1930
Description : 1930/12/20 (A31,N189). 1930/12/20 (A31,N189).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62808420
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
K 4 l' v V
TRENTE-ET-UNIEME ANNEE. - N° 189. • M NUMERO : 30 CENTIMES, SAMEDI SOIR. 20 DECEMBRE IMn
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Les Annales Coloniales
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France et
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'; 1
Le problème des fûts à rhum
,
Dans une ctude parue dans le journal
Le Sudi mon confrère, Aimé Poujol, veut
bien rappeler les articles que j'ai publiés sur
le problème des fûts destinés au transport
des rhums et m'engage à l'aider dans la
campagne qu'il a entreprise. je le lui pro-
mets tp~ volontiers.
Comment se pose.la question ? Je l'ai
dit plus d'une fois, et Aimé Poujol le dit
à son tour avec clarté et avec énergie. 11
faut, pour les exportateurs de nos colonies,
et en particulier pour ceux de la Martinique,
plus de 200.000 futailles destinées à trans-
porter les rhums et produits similaires. Ces
fûts, une fois fabriqués, sont le plus souvent
démontés ; on numérote les fonds et les
douelles, on les emballe avec soin, on les
expédie aux Exportateurs, qui, eux-mêmes,
les remontent. De là, pour les tonnelleries
de là-bas, et pour celles de la métropole,
des possibilités tout à fait intéressantes,
travail pour nos ouvriers, bénéfices pour les
fabricants.
Or, les uns et les autres ont à lutter con-
tre des concurrents qui leur mènent la vie
dure. Et) par un illogisme quelque peu irri-
tant, ce sont les Américains, c'est-à-dire les
gens qui appliquent chez eux le régime sec
et prohibent non seulement le rhum, mais
le vin, le cidre et la -bière, qui, ont la pré-
tention de nous fournir, à eux seuls, les
récipients qui doivent contenir les liqueurs
produites ! Les Etats-Unis sont-nos four-
nisseurs de fûts à rhum 1
J'ai fait entendre, en même temps que
beaucoup d'autres, des protestations contre
cette situation paradoxale. Nous avons de-
mandé que, suivant un procédé dont les
Etats-Unis donnent au monde entier des
exemples qui restent au-dessus de toute imi-
tation, les fûts étrangers acquittent des
droits de douane. Si jamais la protection ta-
rifaire a été de mise, c'est bien dans ces cir-
constances là. En 1928, ces droits ont été
fixés A.22 fr. 80 les 100 kilos. Quand les
Américains s'y mettent, ils font les choses
beaucoup plus royalement.
Protection insuffisante. Les Etats-Unis
continuaient à inonder de leurs fûts nos mar-
chés coloniaux de la Martinique, de la
Guyane, de la Réunion. Naturellement, les
organismes coloniaux signalent cette insuffi-
sanc- e au Consei l généra a1.1 mdae lent cette insuffi-
sance au Conseil général de la Martinique ;
on demande que lè droit de douanes soit por-
té à 60 francs par 100 kilos. Encore une
fois, TArnériquc sait pratiquer des tarifs in-
comparablement plus, élevés. La requête est
m * du 6 mars 1929 ) elle reçoit l'appui des syn-
dicnts de la tonnellerie métropolitaine. ;
tout le monde s'attendait à ce qu'elle obtint
rapidement satisfaction ; le gouvernement
français lui-même n'avait-il pas adressé une
sorte d'invitation au gouvernement de la
Martinique, et ne semblait-il pas disposé
à ne pas abandonner la tonnellerie coloniale
et métropolitaine dans une lutte où elle ris-
quait d'être Arasée par des rivaux qui, tout
en déclarant une guerre implacable au con-
tenu, ne visaient qu'à une chose : nous in-
terdire de vendre le contenant ?
Mon confrère Aimé Poujol s'étonne, comme
nous, que les mesures de préservation n'aient
pas été prises depuis un an, que les Améri-
cains aujourd'hui comme hier encombrent
de fûts à rhum nos places et nos marchés,
que le tarif douanier reconnu nécessaire n'ait
pas été mis en vigueur, et cherche vainement
la clé du mystère. Il s'interroge sur les
Causes qui assurent la défaite de nos tonne.
liers par lès fabricants américains.
Infériorité de la marchandise ? C'est
inexact. La France a toujours été un pays
de tonneliers excellents. Je connais moi-mê-
me, dans mon département, des centres de
tonnellerie dont la vieille réputation est
largement méritée. Notre matière première
vaut au moins autant si ce n'est plus que
celle qu'emploient nos concurrents.
Aux bois merrains qui, de tout temps, ont
été. débarqués en France par quantités im-
portantes, s'ajoutent désormais des bois co-
loniaux qui ont fait leurs preuves. J'ai in-
diqué les résultats obtenus avec le palétu-
vier. Je sais une seule maison qui avait déjà,
il y a quelques années, plus de 10.000 demi-
muids de palétuvier qui sont en location et
roulent constamment, sans jamais avoir oc-
- casionné le moindre ennui. Ouvriers Il fai-
seurs de neuf », ouvriers de nos tonnelleries
mécaniques ont des bois excellents et un sa-
yoir-faire qui ne le cède à aucun autre.
Cherté du fret ? Sans doute, il. y a un ar-
gument qui fait réfléchir. Mais cette « in-
fériorité » là n'est pas assez grande pour ex-
pliquer notre insuccès, et on peut d ailleurs
l'atténuer à la suite d'entente avec les
compagnies de transports maritimes.
Pourquoi donc hésiter devant le relève-
ment du tarif douanier ? Parce que les bud-
gets de nos colonies souffriraient du fait que
les taxes étant plus lourdes, il entrerait
moins de fûts étrangers ? Raisonnement dé-
fectueux. C'est l'ensemble qu'il ftfut consi-
dérer. examiner, s'il est préférable que le
chapitre des recettes douanières ne subisse
aucune diminution plutôt que de sauver la
tonnellerie métropolitaine ou coloniale, et
calculer ce qui représente la perte la plus
irréparable pour l'intérêt général
Reste le désir de ne pas mécontenter les
Etats-Unis. Cette compassion part d'un bon
naturel, mais nous la comprenons nvjins
bien depuis que nos amis d'Amérique nous
ont démontré qu'ils n'en éprouvaient au-.
cune à l'égard des produits, français et des
produite européens. Des événements récents
devraient nous, seflvir de leçons. En tout
, cas, ils nous obligent à revenir à la parole
évangëlique ; Ne fais pas aux mr., etc.
Quoi qu'il en soit, OR n'aura pas fait vat-
neipent appel aux parlementaires qui se
préoccupent du sort de la tonnellerie colo-
niale et métropolitaine. Nous suivons avec
une attention inquiète la crise que cette in-
dustrie traverse. Nous ne la laisserons pas
s'aggraver sans protester énergiquemenf et
nous finirons bien par; savoir pourquoi le
gouvernement n'a pas encore appliqué ce
relèvement des droits de douane qui est in-
dispensable au salut d'une industrie fran.
çakl qu'il a le devoir de préserver de la
ruine.
iRfario Rottsian,
Sénateur de l'Hérault,
Ancien ministre
Vice-Président de la Commission des Colonies.
M. Carde s'installe
au Palais d'Eté
r 1 «
M. Carde, gouverneur général de l'Algérie
dont nous annonçions l'entrée en conva-
lescence ces jours-ci s'est installé au Palais
d'été. Il a quitté jeudi après-midi la clini-
que où il avait été opéré de l'appendicite.
Le professeur Bégouen est parti
pour la mission saharienne
»♦« -
Le comte Henri Bégouen, professeur à
l'Université de Toulouse, conservateur du
Musée d'histoire naturelle, accompagné de
son. fils Max, est parti pour Alger à bord
de 1 El-Goléa. Le comte Bégouen, qui succé-
da au grand savant Carthaillac, va rejoin-
dre les bases de la mission scientifique saha-
rienne et « les cargos du désert » LaIfly, sous
le commandement du commandant Bénard
Le Pontois.
Une voiture spéciale le conduira aussitôt
à Tamamrassct.
La mission proprement dite est en ce mo-
ment à Memka, et sera au Hoggar le 28.
Avec l'aide de M. nenoit des services des
antiquités du Maroc, M. le comte Bégouen
se propose de procéder à des investigations
scientifiques, entre l'oued Tecbement et
l'oued Igharghar.
Enfin, pendant que le commandant Le
Pontois. et certains membres de sa mission
se livreront à des raids sur l'Ourane et le
Djebel Djenounn, le service de la « préhis-
toire » explorera la région au point de vue
archéologique et se renseignera sur les nom-
breux gisements signalés dans le pays.
–:––
JJn nouveau paquebot
Le Koutoubia, de la Compagnie Paquet,
destiné à la ligne du Maroc a été lancé ce
matin aux chantiers de La Sevne.
Le nouveau paquebot est du même type
que le Marécnal-Lyautey et le Nicolas-
Paquet, en service sur cette même ligne, et
que le Djenne lancé à La Seyne, le 6 sep-
tembre dernier ; longueur : 130 mètres ; lar-
geur : 17 m. 80 ; déplacement : 10.500
tonnes- Les aménagements, sont prévus pour
460 passagers et l'effectif d'un bataillon.
Au Concours - International
de chant
*+«
A Nice, au concours international de chant
organisé pour La Chanson des Nations, le
prix de 25.000 francs a été décerné à M. Ja-
not, concurrent français. Le jury a retenu
cinq représentants de chaque nation parmi
lesquels Mme Ninon Vanni (Afrique du
Nord).
CINÉMA COLONIAL
.t.
L'âme noire
et le Cinéma des Miracles
Sous l'égide du goût et de la mesure, no-
tre excellent confrère VIntransigeant vient
d'édifier une nouvelle et luxueuse salle de
projection ; le cinéma « Les Miracles » ainsi
nommé parce que construit sur l'ancien em-
placement du royaume desMibauds et des
truands. D'autres que nous diront les mer-
veilles architecturales et décoratives voulues
par M. Léon Bailby. Nous nous bornerons à
notre rôle colonial.
Le programme d'inauguration comporte en
effet un film essentiellement exotique « L'à-
me noire (Hallclujah) », étude sur les senti-
ments enfantins et profonds qui bouleversant
et apaisent tour à tour les âmes naïves des
races de couleur.
L'action, située dans une plantation de co-
ton de Virginie, nous montre une famille épa-
nouie dans le travail et dans un bonheur prêt
à éclore. Mais le fils, un jour de vente à la
ville, rencoptre une danseuse, s'en éprend,
dilapide au jeu le gain de la récolte, tue
son frère et se fait pasteur. Après maints
épisodes, son désir le pousse à nouveau dans
les bras de la femme que son ancien amant
vient reprendre bientôt. Au cours de leur
fuite la femme tombe et se tue cependant
que son complice, après une poursuite de
toute beauté dans ces marécages à l'éau in
différente, est étranglé par l'ancien prédica-
teur.
Sur ce thème sèchement exposé vient se
greffer une magnifique réalisation. Les émois
de la mère, les alarmes de la jeune fille, les
souffles, de passion, les éternels besoins de
chants et de danses, les baptêmes imagés et
truculents frappent l'œil et retiennent 1 es-
prit. Les paysages virgiliens .encadrent cet
hymne à la naïveté naturelle des races pri-
mitives et mettent mieux au grand jour les
coups de sonde voulus par le réalisateur.
On aimera ce film non seulement pour ses
qualités techniques mais aussi parce cm 11
fera comprendre à certains un peuple qui ne
demande qu'à être aimé,
A,
TOURISME ET PROPAGANDE
ULTYZE MILLIARDS ont
été dépensés en
France en 1928
Par les touristes
étrangers. En
1930, il vaut
mieux ne pas par-
ler de cela. Que
faisons-nous pour
notre propagande
touristiquet Rien.
le ne dis pas. seulement aujourd'hui, mais
même dit temps oÙ le joyeux Gaston Gérard
qui signait froidement ministre du Tourisme,
promenait son appétit aux quatre coins de
la vieille France.
Comparons notre effort à celui de Vétran-
ger. V Allemagne, cette année, a affecté
500 millions de francs à sa publicité; plu-
sieurs millions d'affiches multicolores pla-
cardées dans les cinq parties du monde di-
sent, avec une vue bien choisie à Vappui :
c L'Allemagne serait heureuse de vous
recevoir! »
« La première chose à voir en Europe,
c'est l'Allemagne! »
La Suisse a un budget de propagande de
40 millions, et VItalie atteint elle aussi le
même chiffre.
Et nous?
Nous, nous bayons aux corneilles et at-
tendons.
Demain VExposition coloniale va s'ouvrir.
Ales correspondants en Amérique du Nord
et du Sud, aux Indes, en Australie, me
confirment la lamentable carence que je
souligne depuis deux ans dans ces colonnes
comme auprès de Vctat-major de l'Exposi-
tion,
Les circonstances nous obligeaient à faire
une intense invitation au voyage en France
(1 Voccasion de la prochaine manifestation
de Vincenncs. Occasion unique pour convier
à Paris, non seulement les blancs des deux
continents, mais les Japonais, les nationaux
de l'Union Sttd-Africaitlè, les Radialls, les
Chinois épris de tranquillité. Rien n'a été
fait que les vaillants efforts de publications
comme les Annales Coloniales qui s'honorent
de ne pas être passées à la caisse canalisée
de l'Exposition coloniale.
Aurons-nous même beaucoup d'Anglais,
d'Allemands, de Belges, d. Italiens, de
Tchécoslovaques, de Polonais, de Yougo-
slaves ou Espagnols l'an prochain autour du
lac Daumesnil)
Qu'on y prenne garde, le gros effort réa-
lisé par le maréchal Lyautcy et le gouver-
neur général Marcel Olivier en 1931, ne doit
pas aboutir à être presque uniquement un
parc d'attractions instructives pour la popu-
lation -- si intéressante soit-clle de Vin-
cenncs, Saint-Mandé, Saint-M anricc, Mai-
sons-Alfort, Alfortvillc, Montreuil et Cha-
rentonl
Il y a des cas où la sublime improvisation
française est impuissante cr faire des mi-
racles.
lfIareel lIuedel.
NOIR SUR BLANC
Un Thénard colonial
Le baron Thénard qui jouait les aristo-
crates de phynance dans de multiples af-
faires, avait la confiance d'Ernest Oustric et
cette confiance était réciproque.
Ce Thénard qui habite 118, boulevard
Maillot, à Neuilly, est un homme d'affaires
ultra compétent. Il: voyage en auto mais il
administre le Nord-Sud, il administre les
chemins de fer sur route d'Algérie où il ne
va jamais, il figure au Conseil de la Com-
pagnie africaine d'Armement à côté d'hom-
mes qui ne méritent pas cela, il sévit à
Saint-Gobain qui justifie sa double préten-
tion de monopoliser le pétrole en France
et surtout les engrais chimiques (phosphates
de 11' Afrique du Nord) si chers à nos pau-
vres agriculteurs métropolitains qui sont bien
obligés de passer sous cçs fourches caudines.
Mais le plus beau titre de gloire du Thé-
nard est dans son indéfectible amitié pour
Ernest Oustric.
Ernest Oustric avait consenti à prendre
Thénard toujours en quête d'un fauteuil
d'administrateur à la Holfra, de fâcheuse
aventure. Le Thénard siégeait mais il figu-
rait, qu'il a dit au juge d'instruction Brack,
les pères nobles et inconscients. On spécu-
lait, on se mettait sous les coups des arti-
cles les plus catégoriques du code. Thénard
ne savait rien et en raison de sa place dans
certaines affaires algériennes, déclare qu'il
faisait partie de l'innocente tribu des Reiii-
Oui-Oui.
Que tu disl
Voyons, baron, ayez un peu de courage,
comme en auraient eu vos ancêtres s'ils
avaient été aux Croisades.
En France on aime les gens qui revendi-
quent leurs responsabilités, ont du cran et,
même devant les responsabilités les plus
graves, ne disent point : c'est pas mol, c'est
le voisin.
L'ifngffy.
RUE OUDINOT
––>– i»I
M. Steeg, président du Conseil, ministre
des Colonies, a reçu aujourd'hui un grand
nombre de visiteurs. Nous avons reconnu
plusieurs ministres et personnalités politi-
ques MM. Georges Bonnet, ministre des
P. f. T.; Grinda, ministre du Travail ;
Aimé Berthod. sous-secrétaire d'Etat aux
Beaux-Arts ) 1.'ambassadeur de Pologne ;
l'ancien préfet de la Seine, M. Bouju, et
le nouveau, M. Renard, etc.
La situation financière
de lAfrique Equatoriale Française
Dans le. discours qu'il vient de prononcer
à la séance d'ouverture du Conseil de Gou-
vernement, le Gouverneur général de l'Afri-
que Equatoriale, après une aljysion à la crise
commerciale qui sévit dans * cette colonie,
comme ailleurs, à ses causes et aux mesures
prises pour l'atténuer, a exposé la situation
financière actuelle de la Fédération.
Pour l'exercice 1931, les différents budgets
se présentent comme suit :
Budget général Fr. 73.160.000
Gabon 21.530.000
Moyen-Congo 25.500.000
Oubangui-Chari 17.000.000
Tchad 16.350.000
Budget annexe - de l'Exploita-
tion du Chemin de fer de
Brazzaville au kil. 170 5.873.000
Budget sur fonds d'emprunt
(construct. du Congo-Océan) 184.136.000
En dehors des dépenses ordinaires et qui
faisant le fonds même des budgets n'offrent
aucune particularité, d'autres dépenses de
mise en valeur s'imposent. Il s'agit en l'es-
pèce d'une participation aux frais :
De la mission d'études du che-
min de fer Yaoundé-Baïbo-
koum 375.000
De la mission envoyée, d'accord
avec l'A.O.F. et la Tuni-
sie, pour faire une prospection
scientifique du Tibesli 60.000
Recherches de pétrole au Gabon 600.000
Etudes séricicofes 250.000
Routes de bétail à travers l'Ou-
bangui 200.000
Construction de terrains d'avia-
tion 300.000
Création d'un Service météoro-
logique destiné à l'aviation.. 120.000
Soit un total de Fr. t. 905.000
Malheureusement la part faite à des dépen-
ses devant être éminemment productives, n'est
pas suffisante, faute de ressources, faute surtout
d'une aide financière trop parcimonieusement
dispensée par la Métropole.
Et, comme il faut bien vivre tout de même,
à côté de travaux définitifs exécutés au
compte-gouttes, on est encore obligé d'em-
ployer des sommes beaucoup trop importantes
et une main-d'œuvre considérable à c'es tra-
vaux provisoires, immeubles recouverts en
ehaume à refaire constamment, ponts de for-
tune en bois, trop faibles pour supporter les
camions « poids lourds » économiques, ponts
dont la réfection constante est une lourde
charge pour les populations indigènes.
Ces exemples pourraient d'ailleurs être mul-
tipliés.
Le Gouverneur général rappelle que pour
permettre de réaliser, en quelques années, un
programme de travaux, faute duquel la situa-
tion de l'Afrique Equatoriale Française res-
terait forcément précaire, M. Maginot avait
fait accepter par le Gouvernement le principe
de subventions s'élevant dans l'ensemble à
300.000.000 de francs, échelonnés sur plu-
sieurs années, afin de permettre de créer
un fonds d'outillage sans lequel un pays
est inexploitable économiquement. Et aussi de
le doter d'un plus grand nombre d'écoles, de
dispensaires, d'hôpitaux, de lui donner enfin
la possibilité d'entreprendre les grands travaux
d'assainissement, de mise en œuvre de l' assis-
tance médicale et chi développement physique
et moral de la population indigène qui a tou-
jours été au premier plan des préoccupations
de la France.
Or, ce programme se modifia par la suite
et ce ne fut qu'une subvention annuelle de
20 millions que la Colonie obtint. Au lieu de
l'avance une fois faite de 300 millions, rem-
boursables par la suite, et qui eussent permis
en quelques années un équipement complet
dans tous les ordres.
Mais l'Afrique Equatoriale fort heureuse-
ment, a dès aujourd'hui des ressources sur les-
quelles elle peut tabler, et auxquelles il con-
vient d'ajouter certaines autres que l'on peut,
en toute confiance, prévoir comme prochaines
et très importantes.
Dans ces anticipations doivent figurer : l'ex-
ploitation des gisements miniers, pour lesquels
1.307 permis de recherches ont été délivrés
en 1930 contre 875 en 1929 ;
Le coton, dont la culture est en développe-
ment considérable, 12.210 hectares en 1930,
contre 3.048 en 1929 ;
Le caféier dont plusieurs millions de pieds
ont été plantés rien que dans l'Oubangui ;
Le cacaoyer et le caoutchouc et les diffé-
rents textiles,
Par ailleurs, les palmeraies, mieux aména-
gées et sans cesse étendues sont un rendement
croissant ; l'exploitation du bois donne au Ga-
bon une activité que la Colonie n'avait ja-
-- mais connue. --
Enfin et surtout, le chemin de fer dont on
aperçoit maintenant la fin des travaux, fera
une réalité grandiose d'un territoire immense
et naturellement riche, mais qui fut trop long-
temps négligé par la Métropole.
Cet optimisme n'a rien d'exagéré. Pour le
comprendre et le partager, il suffit de com-
parer à la situation d'il y a dix ans à pe:ne
celle- d'aujourd'hui.
p. c. G. F.
LIRE A TA SECONDE PAGE :
A la Chambre
Le5 emprunts colora aux
A l'Académie des Inscriptions et Relles-
Letitrn :
f
La diminution du cheptel
bovin à Madagascar
Nous avons récemment mentionné le nom-
bre des bœufs et autres animaux de bouche-
rie abattus annuellement à Madagascar ou
exportés sur les pays voisins.
Ce nombre est évidemment considérable,
mais il est loin de dépasser les possibilités
de la Grande île. rf
Quelle que soit la région qu'il habite, le
malgache est un éleveur né, et ce qui frappe
le voyageur qui traverse les hauts plateaux
ou les régions cotières, c'est la rencontre des
troupeaux de bœufs.
Quelques-uns semblent errer à l'ouverture
et l'on n'aperçoit pas le berger qui les gar.
de. Les bêtes portent aux oreilles l'entaille
spéciale qui désigne le propriétaire. Elles
sont à demi-sauvages et, flairant de très loin
l'Européen qui arrive, s'avancent à sa ren-
contre, menaçantes et alignées. On a remar-
qué, et c'est exact, que la vie malgache est
conditionnée par le bœuf et par le riz.
Mais void qu'on signale une régression du
cheptel local.
Cela tient à un ensemble de causes qui
depuis la guerre agissent sur l'évolution des
mœurs indigènes et l'accélèrent.
D'abord l'indigène est de moins en moins
sédentaire, ce qui s'explique par la multipli-
cation des routes et des moyens de transport,
par les grands travaux publics qui font un
gros appel de main-d'œuvre et dans une cer-
taine mesure par l'émigration des travail-
leurs à la Réunion. L'homme qui a vu des
choses nouvelles et qui a rompu, même mo-
mentanément avec ses habitudes anciennes,
rapporte, en rentrant dans son pays, une
mentalité cntamée; il connaît surtout la va-
leur et les commodités d'argent. Les voya-
ges le détachent de sa terre ; le besoin d'ar-
gent fait qu'il se défait de quelques bœufs.
l'uis arrive l'entrepreneur de boucherie qui
le décide à vendre son troupeau.
Une autre cause déterminante réside aussi
dans la taxe annuelle qui frappe le cheptel.
A raison de 6 fr. 50 par an, un bœuf
adulte a payé au bout de 7 ans le quart de sa
valeur. Et comme bon nombre d'indigènes
sont propriétaires de troupeaux de plusieurs
centaines de têtes, on voit l'importance de la
somme qu'ils ont chaque année à verser au
fisc. *
Cet impôt date de loin, tout à fait du d £ -
but de l'occupation, quanm, pour asseoir ses
budgets, cherchant des recettes certaines, le
général Galliéni aggrava la capitalisation et
frappa le bétail.
Mais aujourd'hui plus d'une chose a chan-
gé à Madagascar. L'agriculture, le commer-
ce et l'industrie y ont pris un considérable
développement, modifiant ainsi et déplaçant
la richesse. Le système fiscal se prête donc
a modifications et à retouches. Et comme
précisément l'élevage s'avère moins intensif
qu'autrefois, le moment est peut-être venu de
moins lourdement taxer les troupeaux.
L'attention du Gouverneur Général a été
attirée tout dernièrement sur cette question ;
son importance n'échappera certainement
pas à la clairvoyance du chef dc';}a colonie.
Au Conseil d'ttat
«»«
A Madagascar, irais de déplacement
pour les officiers de l'Infanterie coloniale
Cette haute juridiction a rejeté la requête
que le capitaine Sebélin, officier de l'infan-
terie coloniale à Madagascar, avait présen-
tée aux fins d'annulation d'une décision en
date du 6 décembre 1928, par laquelle le
ministre des Colonies a rejeté sa demande
tendant à obtenir l'exonération des frais de
déplacement dans la colonie.
.Attendu, a décidé le Conseil d'Etat,
que ni l'annexe n° V au règlement du 12
juin 1908 sur le service des frais de dépla-
cement des militaires isolés, ni la circulaire
du 4 novembre 1927 autorisant les militaires
en service dans une colonie à passer, dans
certaines conditions, leurs congés de fin de
campagne dans cette colonie, ni aucune au-
tre disposition réglementaire en vigueur à
l'époque où le capitaine Sebelin a obtenu
l'autorisation de jouir de son congé de fin
de campagne à Madagascar, où il était en
garnison, ne permettaient d'accorder, à l'oc-
casion de congés passés dans une colonie, ni
frais de transports ni indemnités de dépla-
cement aux militaires non originaires de la-
dite colonie.
Aussi est-ce à bon droit que le ministre
a dénié au capitaine Sebelin, qui n'est pas
originaire de Madagascar, le droit aux dites
allocations.
D'où rejet de sa requête.
Dépêches de l'Indochine
»+«
Une mission aérienne indochinoise
à Yunnanfou
Une mission aérienne de ciiuj avions,
Ions sous le commandement du Ueutenant-
Colonel Prémorrl, chef de Vaéronauti-
que militaire en Indochine s',est envolée le
19 courant à 11 h. 15 à destination de
Yunnan[nu où elle a atterri sans incident
à 15 h. 10. Ce voyage revêt le caractère
d'une visite de courtoisie et el'amitié dont
le principe avait été décidé depuis l'an der-
nier entre les autorités françaises et chi-
noises.
AU SIAM
«♦«
Retour du Prince Purachatra
Après un séjour d'une semaine aux Phi-
lippines, le prince Purachatra est reparti
pour le Siam en exprimant le vœu que les
relations commerciales deviennent plus
étroites entre les deux pays.
Le roi de Siam reçu à bord du Kent
1.es navires anglais Kent et Pclarsliold
sont arrivés à Koh-Si-Chang. Après les
saluts et les visites respectives, le roi est
monté à bord du Kent, pour assister à
une démonstration du tir des gros canons
sur cibles. Le roi est resté à dtner à hord
du Kent puis est rentré à Bangkok. L'ami-
ral Waistelle a diné hier an palais. De
nombreuses réunions seront organisées
durant son séiour,
à
Au Palais-Bourbon
Le triomphe de la rue Oudinot
»♦»
Evénement rare dans -les fastes de la Ré-
publique trançaise, un président du Conseil
a délibérément choisi, entre les plus gros, 4e
portefeuille des Colonies.
Les Annales Coloniales ont fait remarquer
samedi dernier que c'était la première lois.
Si, comme le souhaitait Lamartine, « les
objets inanimés ont - une âme n, un légitime
orgueil doit goniler les vieilles pierres de la
rue Oudinot. Juste réparation aux injures
d antan! Le ministère des Colonies connut
pendant plus de deux siècles la misère des
sans-logis. il dériva, tel un vieux galion dé-
mâté, de la chambre meublée sous Louis
Xl V à la rue Royale, à la Place beauvau,
au Pavillon de Flore sous la Troisième Répu-
blique. Aujourd'hui, rue Oudinot, le petit mi-
nistère remorqué jadis par la Guerre ou la
Marine, devient l'apanage du président du
Conseil.
L'attention va se fixer sur cet asile des
terres lointaines qui, en quelque sorte, donne
à tout Gouvernement, quel qu'il soit, son plus
haut symbole en le plaçant à la tête d'un
grand empire de cent millions d'habitants.
Du reste, cette union plus intime de la Mé-
tropole et de ses dépendances, n'était-ce pas
le vœu, que j'ai entendu par M. Steeg, alors
Résident général au Maroc, formuler dans le
salon de la résidence de Rabat, d'où l'on
découvre une France toute jeune, toute blafl-
che, dans une grande aile de lumière rose i
En vérité, rien ne va mieux ensemble que:
présidence du Conseil et Colonies, c' est-à-
dire : représentation de la France intégrale.
Rappelle-toi 1..
Et puisque nous sommes rue Oudinot, dans
cette maison qui fut la romantique demeure
de Pauline de Beaumonl, la tendre amie de
Chateaubriand :
« Ah ! recueillons un peu nos esprits trop
oublieux.
« D'hier à samedi un ministère est nél. »
C'était jeudi ce jour ! Quatorze heures. la
ballade des agents se joue « forte » avec toute
la lourdeur de la grosse pédale. 11 faut déjà
montrer sa « photomaton » pour avoir le droit
de stationner dans l'angle d'incidence de l'or-
teil de pierre de Sully. Les renforts succè-
dent aux renforts. Les curieux sont c'es plus
paisibles, ils ne battent même pas la semelle
et sauf M. Chiappe qui arrive, le poignard
de la Sûreté entre les dents et conspire con-
tre la joie des badauds, nul ne songe à tenter
le moindre coup de main.
A l'intérieur de l'hémicycle, c'est la course
à 1 influence pour obtenir .une place 1 Les
huissiers sont comblés d'oeillades pochées au
rimmel, de sourires aussi éblouissants que la
publicité des brosses à dents et des cartes de
visites.
En Faction
Quatorze heures et demie. Un spectacle
inédit retient toutes les lorgnettes des tribu-
nes publiques que fleurit la plus nombreuse et
la plus élégante des affluences.
M. Tardieu assis près de la porte de droite
sur un tabouret d'huissier fait office de por-
tier. Il veille ceux qui entrent en séance par
ce tambour et il donne à chacun ses dernières
instructions avant la bataille.
Les petits tours d'amitié. M. Outrey fait
son petit tour d'amitié ou plutôt d'inimitié.
Le député de la Cochinchine connaît, lui
aussi, l'horreur des torturantes hésitations, car
sa « liberté d'indifférence » n'est pas d'une
haute philosophie.
Mercredi, M. Outrey « votait pour » ; à
l'heure de la bataille, il change son fusil
d'épaule et déclare à qui veut l'entendre :
« Je vote contre. » « je vote contre le Mi-
nistère Steeg. »
En vérité que fera-t-il ? le monocle saute
de l'œil gauche sur l'œil droit. Enfin, M.
Tardieu vient s'asseoir derrière M. Outrey.
Le député de la Cochinchine, tel le papillon
dans le filet, ne bouge plus, de sa place.
Saint-Louis-Rottin, l'ancien ministre de la
Marine Marchande, qui n'a pas su donner
des jambes à nos petits bateaux, les mains
jointes, la tonsure en auréole, récite à qui veut
l'écouter l'Evangile de sa Résurrection.
Que ne pense-t-il plutôt aux victimes mar-
tyrisées de A sia, qu'aucun « Lazare lève-
toi » ! ne sortira du tombeau mouvant.
Et pendant ce temps, « l'enfant de l'équi-
voque » (trouvé par Louis Marin) se porte
de mieux en mieux. Quand Chéron sa bonne
nourrice arrive du Sénat, c'est déjà un pou-
pon sevré, qui ne manque pas de voix.
Politique coloniale
Certes, la bataille fait toujours rage. Un
homme mince, fluet à la tribune, tient tête à
l'orage et lit d'une voix monocorde, la décla-
ration ministérielle.
M. Steeg a grand soin de mettre en lu-
mière le paragraphe suivant :
« Nous poursuivrons la mise en oaleur des
colonies dans le souci d'assurer, à travers notre
magnifique domaine d'outre-mer, solidaire po-
litiquement et économiquement de la Métro-
pole, ramélioration du destin matériel et mo-
ral des populations indigènes et la protection
nécessaire des produits de la colonisation.
Nous nous efforcerons de les rapprocher de
la Métropole par le développement de l'or-
ganisation des grandes routes de J'air, dont
la conquête est marquée par tant de gloires
françaises. »
Vingt et une heure et le quart, le pointage
n'en finit pas. Les députés, les journalistes,
TRENTE-ET-UNIEME ANNEE. - N° 189. • M NUMERO : 30 CENTIMES, SAMEDI SOIR. 20 DECEMBRE IMn
JtlMMlQUQTlOlU - -
Rééiciio* & Administration i
84, tu il MR."
PARIS P-ï
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Les Annales Coloniales
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Tous les articles publiés dans notre foumal ne pouvant
être reproduits qu'en citant les ANNALES' COLONIALES.
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France et
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'; 1
Le problème des fûts à rhum
,
Dans une ctude parue dans le journal
Le Sudi mon confrère, Aimé Poujol, veut
bien rappeler les articles que j'ai publiés sur
le problème des fûts destinés au transport
des rhums et m'engage à l'aider dans la
campagne qu'il a entreprise. je le lui pro-
mets tp~ volontiers.
Comment se pose.la question ? Je l'ai
dit plus d'une fois, et Aimé Poujol le dit
à son tour avec clarté et avec énergie. 11
faut, pour les exportateurs de nos colonies,
et en particulier pour ceux de la Martinique,
plus de 200.000 futailles destinées à trans-
porter les rhums et produits similaires. Ces
fûts, une fois fabriqués, sont le plus souvent
démontés ; on numérote les fonds et les
douelles, on les emballe avec soin, on les
expédie aux Exportateurs, qui, eux-mêmes,
les remontent. De là, pour les tonnelleries
de là-bas, et pour celles de la métropole,
des possibilités tout à fait intéressantes,
travail pour nos ouvriers, bénéfices pour les
fabricants.
Or, les uns et les autres ont à lutter con-
tre des concurrents qui leur mènent la vie
dure. Et) par un illogisme quelque peu irri-
tant, ce sont les Américains, c'est-à-dire les
gens qui appliquent chez eux le régime sec
et prohibent non seulement le rhum, mais
le vin, le cidre et la -bière, qui, ont la pré-
tention de nous fournir, à eux seuls, les
récipients qui doivent contenir les liqueurs
produites ! Les Etats-Unis sont-nos four-
nisseurs de fûts à rhum 1
J'ai fait entendre, en même temps que
beaucoup d'autres, des protestations contre
cette situation paradoxale. Nous avons de-
mandé que, suivant un procédé dont les
Etats-Unis donnent au monde entier des
exemples qui restent au-dessus de toute imi-
tation, les fûts étrangers acquittent des
droits de douane. Si jamais la protection ta-
rifaire a été de mise, c'est bien dans ces cir-
constances là. En 1928, ces droits ont été
fixés A.22 fr. 80 les 100 kilos. Quand les
Américains s'y mettent, ils font les choses
beaucoup plus royalement.
Protection insuffisante. Les Etats-Unis
continuaient à inonder de leurs fûts nos mar-
chés coloniaux de la Martinique, de la
Guyane, de la Réunion. Naturellement, les
organismes coloniaux signalent cette insuffi-
sanc- e au Consei l généra a1.1 mdae lent cette insuffi-
sance au Conseil général de la Martinique ;
on demande que lè droit de douanes soit por-
té à 60 francs par 100 kilos. Encore une
fois, TArnériquc sait pratiquer des tarifs in-
comparablement plus, élevés. La requête est
m * du 6 mars 1929 ) elle reçoit l'appui des syn-
dicnts de la tonnellerie métropolitaine. ;
tout le monde s'attendait à ce qu'elle obtint
rapidement satisfaction ; le gouvernement
français lui-même n'avait-il pas adressé une
sorte d'invitation au gouvernement de la
Martinique, et ne semblait-il pas disposé
à ne pas abandonner la tonnellerie coloniale
et métropolitaine dans une lutte où elle ris-
quait d'être Arasée par des rivaux qui, tout
en déclarant une guerre implacable au con-
tenu, ne visaient qu'à une chose : nous in-
terdire de vendre le contenant ?
Mon confrère Aimé Poujol s'étonne, comme
nous, que les mesures de préservation n'aient
pas été prises depuis un an, que les Améri-
cains aujourd'hui comme hier encombrent
de fûts à rhum nos places et nos marchés,
que le tarif douanier reconnu nécessaire n'ait
pas été mis en vigueur, et cherche vainement
la clé du mystère. Il s'interroge sur les
Causes qui assurent la défaite de nos tonne.
liers par lès fabricants américains.
Infériorité de la marchandise ? C'est
inexact. La France a toujours été un pays
de tonneliers excellents. Je connais moi-mê-
me, dans mon département, des centres de
tonnellerie dont la vieille réputation est
largement méritée. Notre matière première
vaut au moins autant si ce n'est plus que
celle qu'emploient nos concurrents.
Aux bois merrains qui, de tout temps, ont
été. débarqués en France par quantités im-
portantes, s'ajoutent désormais des bois co-
loniaux qui ont fait leurs preuves. J'ai in-
diqué les résultats obtenus avec le palétu-
vier. Je sais une seule maison qui avait déjà,
il y a quelques années, plus de 10.000 demi-
muids de palétuvier qui sont en location et
roulent constamment, sans jamais avoir oc-
- casionné le moindre ennui. Ouvriers Il fai-
seurs de neuf », ouvriers de nos tonnelleries
mécaniques ont des bois excellents et un sa-
yoir-faire qui ne le cède à aucun autre.
Cherté du fret ? Sans doute, il. y a un ar-
gument qui fait réfléchir. Mais cette « in-
fériorité » là n'est pas assez grande pour ex-
pliquer notre insuccès, et on peut d ailleurs
l'atténuer à la suite d'entente avec les
compagnies de transports maritimes.
Pourquoi donc hésiter devant le relève-
ment du tarif douanier ? Parce que les bud-
gets de nos colonies souffriraient du fait que
les taxes étant plus lourdes, il entrerait
moins de fûts étrangers ? Raisonnement dé-
fectueux. C'est l'ensemble qu'il ftfut consi-
dérer. examiner, s'il est préférable que le
chapitre des recettes douanières ne subisse
aucune diminution plutôt que de sauver la
tonnellerie métropolitaine ou coloniale, et
calculer ce qui représente la perte la plus
irréparable pour l'intérêt général
Reste le désir de ne pas mécontenter les
Etats-Unis. Cette compassion part d'un bon
naturel, mais nous la comprenons nvjins
bien depuis que nos amis d'Amérique nous
ont démontré qu'ils n'en éprouvaient au-.
cune à l'égard des produits, français et des
produite européens. Des événements récents
devraient nous, seflvir de leçons. En tout
, cas, ils nous obligent à revenir à la parole
évangëlique ; Ne fais pas aux mr., etc.
Quoi qu'il en soit, OR n'aura pas fait vat-
neipent appel aux parlementaires qui se
préoccupent du sort de la tonnellerie colo-
niale et métropolitaine. Nous suivons avec
une attention inquiète la crise que cette in-
dustrie traverse. Nous ne la laisserons pas
s'aggraver sans protester énergiquemenf et
nous finirons bien par; savoir pourquoi le
gouvernement n'a pas encore appliqué ce
relèvement des droits de douane qui est in-
dispensable au salut d'une industrie fran.
çakl qu'il a le devoir de préserver de la
ruine.
iRfario Rottsian,
Sénateur de l'Hérault,
Ancien ministre
Vice-Président de la Commission des Colonies.
M. Carde s'installe
au Palais d'Eté
r 1 «
M. Carde, gouverneur général de l'Algérie
dont nous annonçions l'entrée en conva-
lescence ces jours-ci s'est installé au Palais
d'été. Il a quitté jeudi après-midi la clini-
que où il avait été opéré de l'appendicite.
Le professeur Bégouen est parti
pour la mission saharienne
»♦« -
Le comte Henri Bégouen, professeur à
l'Université de Toulouse, conservateur du
Musée d'histoire naturelle, accompagné de
son. fils Max, est parti pour Alger à bord
de 1 El-Goléa. Le comte Bégouen, qui succé-
da au grand savant Carthaillac, va rejoin-
dre les bases de la mission scientifique saha-
rienne et « les cargos du désert » LaIfly, sous
le commandement du commandant Bénard
Le Pontois.
Une voiture spéciale le conduira aussitôt
à Tamamrassct.
La mission proprement dite est en ce mo-
ment à Memka, et sera au Hoggar le 28.
Avec l'aide de M. nenoit des services des
antiquités du Maroc, M. le comte Bégouen
se propose de procéder à des investigations
scientifiques, entre l'oued Tecbement et
l'oued Igharghar.
Enfin, pendant que le commandant Le
Pontois. et certains membres de sa mission
se livreront à des raids sur l'Ourane et le
Djebel Djenounn, le service de la « préhis-
toire » explorera la région au point de vue
archéologique et se renseignera sur les nom-
breux gisements signalés dans le pays.
–:––
JJn nouveau paquebot
Le Koutoubia, de la Compagnie Paquet,
destiné à la ligne du Maroc a été lancé ce
matin aux chantiers de La Sevne.
Le nouveau paquebot est du même type
que le Marécnal-Lyautey et le Nicolas-
Paquet, en service sur cette même ligne, et
que le Djenne lancé à La Seyne, le 6 sep-
tembre dernier ; longueur : 130 mètres ; lar-
geur : 17 m. 80 ; déplacement : 10.500
tonnes- Les aménagements, sont prévus pour
460 passagers et l'effectif d'un bataillon.
Au Concours - International
de chant
*+«
A Nice, au concours international de chant
organisé pour La Chanson des Nations, le
prix de 25.000 francs a été décerné à M. Ja-
not, concurrent français. Le jury a retenu
cinq représentants de chaque nation parmi
lesquels Mme Ninon Vanni (Afrique du
Nord).
CINÉMA COLONIAL
.t.
L'âme noire
et le Cinéma des Miracles
Sous l'égide du goût et de la mesure, no-
tre excellent confrère VIntransigeant vient
d'édifier une nouvelle et luxueuse salle de
projection ; le cinéma « Les Miracles » ainsi
nommé parce que construit sur l'ancien em-
placement du royaume desMibauds et des
truands. D'autres que nous diront les mer-
veilles architecturales et décoratives voulues
par M. Léon Bailby. Nous nous bornerons à
notre rôle colonial.
Le programme d'inauguration comporte en
effet un film essentiellement exotique « L'à-
me noire (Hallclujah) », étude sur les senti-
ments enfantins et profonds qui bouleversant
et apaisent tour à tour les âmes naïves des
races de couleur.
L'action, située dans une plantation de co-
ton de Virginie, nous montre une famille épa-
nouie dans le travail et dans un bonheur prêt
à éclore. Mais le fils, un jour de vente à la
ville, rencoptre une danseuse, s'en éprend,
dilapide au jeu le gain de la récolte, tue
son frère et se fait pasteur. Après maints
épisodes, son désir le pousse à nouveau dans
les bras de la femme que son ancien amant
vient reprendre bientôt. Au cours de leur
fuite la femme tombe et se tue cependant
que son complice, après une poursuite de
toute beauté dans ces marécages à l'éau in
différente, est étranglé par l'ancien prédica-
teur.
Sur ce thème sèchement exposé vient se
greffer une magnifique réalisation. Les émois
de la mère, les alarmes de la jeune fille, les
souffles, de passion, les éternels besoins de
chants et de danses, les baptêmes imagés et
truculents frappent l'œil et retiennent 1 es-
prit. Les paysages virgiliens .encadrent cet
hymne à la naïveté naturelle des races pri-
mitives et mettent mieux au grand jour les
coups de sonde voulus par le réalisateur.
On aimera ce film non seulement pour ses
qualités techniques mais aussi parce cm 11
fera comprendre à certains un peuple qui ne
demande qu'à être aimé,
A,
TOURISME ET PROPAGANDE
ULTYZE MILLIARDS ont
été dépensés en
France en 1928
Par les touristes
étrangers. En
1930, il vaut
mieux ne pas par-
ler de cela. Que
faisons-nous pour
notre propagande
touristiquet Rien.
le ne dis pas. seulement aujourd'hui, mais
même dit temps oÙ le joyeux Gaston Gérard
qui signait froidement ministre du Tourisme,
promenait son appétit aux quatre coins de
la vieille France.
Comparons notre effort à celui de Vétran-
ger. V Allemagne, cette année, a affecté
500 millions de francs à sa publicité; plu-
sieurs millions d'affiches multicolores pla-
cardées dans les cinq parties du monde di-
sent, avec une vue bien choisie à Vappui :
c L'Allemagne serait heureuse de vous
recevoir! »
« La première chose à voir en Europe,
c'est l'Allemagne! »
La Suisse a un budget de propagande de
40 millions, et VItalie atteint elle aussi le
même chiffre.
Et nous?
Nous, nous bayons aux corneilles et at-
tendons.
Demain VExposition coloniale va s'ouvrir.
Ales correspondants en Amérique du Nord
et du Sud, aux Indes, en Australie, me
confirment la lamentable carence que je
souligne depuis deux ans dans ces colonnes
comme auprès de Vctat-major de l'Exposi-
tion,
Les circonstances nous obligeaient à faire
une intense invitation au voyage en France
(1 Voccasion de la prochaine manifestation
de Vincenncs. Occasion unique pour convier
à Paris, non seulement les blancs des deux
continents, mais les Japonais, les nationaux
de l'Union Sttd-Africaitlè, les Radialls, les
Chinois épris de tranquillité. Rien n'a été
fait que les vaillants efforts de publications
comme les Annales Coloniales qui s'honorent
de ne pas être passées à la caisse canalisée
de l'Exposition coloniale.
Aurons-nous même beaucoup d'Anglais,
d'Allemands, de Belges, d. Italiens, de
Tchécoslovaques, de Polonais, de Yougo-
slaves ou Espagnols l'an prochain autour du
lac Daumesnil)
Qu'on y prenne garde, le gros effort réa-
lisé par le maréchal Lyautcy et le gouver-
neur général Marcel Olivier en 1931, ne doit
pas aboutir à être presque uniquement un
parc d'attractions instructives pour la popu-
lation -- si intéressante soit-clle de Vin-
cenncs, Saint-Mandé, Saint-M anricc, Mai-
sons-Alfort, Alfortvillc, Montreuil et Cha-
rentonl
Il y a des cas où la sublime improvisation
française est impuissante cr faire des mi-
racles.
lfIareel lIuedel.
NOIR SUR BLANC
Un Thénard colonial
Le baron Thénard qui jouait les aristo-
crates de phynance dans de multiples af-
faires, avait la confiance d'Ernest Oustric et
cette confiance était réciproque.
Ce Thénard qui habite 118, boulevard
Maillot, à Neuilly, est un homme d'affaires
ultra compétent. Il: voyage en auto mais il
administre le Nord-Sud, il administre les
chemins de fer sur route d'Algérie où il ne
va jamais, il figure au Conseil de la Com-
pagnie africaine d'Armement à côté d'hom-
mes qui ne méritent pas cela, il sévit à
Saint-Gobain qui justifie sa double préten-
tion de monopoliser le pétrole en France
et surtout les engrais chimiques (phosphates
de 11' Afrique du Nord) si chers à nos pau-
vres agriculteurs métropolitains qui sont bien
obligés de passer sous cçs fourches caudines.
Mais le plus beau titre de gloire du Thé-
nard est dans son indéfectible amitié pour
Ernest Oustric.
Ernest Oustric avait consenti à prendre
Thénard toujours en quête d'un fauteuil
d'administrateur à la Holfra, de fâcheuse
aventure. Le Thénard siégeait mais il figu-
rait, qu'il a dit au juge d'instruction Brack,
les pères nobles et inconscients. On spécu-
lait, on se mettait sous les coups des arti-
cles les plus catégoriques du code. Thénard
ne savait rien et en raison de sa place dans
certaines affaires algériennes, déclare qu'il
faisait partie de l'innocente tribu des Reiii-
Oui-Oui.
Que tu disl
Voyons, baron, ayez un peu de courage,
comme en auraient eu vos ancêtres s'ils
avaient été aux Croisades.
En France on aime les gens qui revendi-
quent leurs responsabilités, ont du cran et,
même devant les responsabilités les plus
graves, ne disent point : c'est pas mol, c'est
le voisin.
L'ifngffy.
RUE OUDINOT
––>– i»I
M. Steeg, président du Conseil, ministre
des Colonies, a reçu aujourd'hui un grand
nombre de visiteurs. Nous avons reconnu
plusieurs ministres et personnalités politi-
ques MM. Georges Bonnet, ministre des
P. f. T.; Grinda, ministre du Travail ;
Aimé Berthod. sous-secrétaire d'Etat aux
Beaux-Arts ) 1.'ambassadeur de Pologne ;
l'ancien préfet de la Seine, M. Bouju, et
le nouveau, M. Renard, etc.
La situation financière
de lAfrique Equatoriale Française
Dans le. discours qu'il vient de prononcer
à la séance d'ouverture du Conseil de Gou-
vernement, le Gouverneur général de l'Afri-
que Equatoriale, après une aljysion à la crise
commerciale qui sévit dans * cette colonie,
comme ailleurs, à ses causes et aux mesures
prises pour l'atténuer, a exposé la situation
financière actuelle de la Fédération.
Pour l'exercice 1931, les différents budgets
se présentent comme suit :
Budget général Fr. 73.160.000
Gabon 21.530.000
Moyen-Congo 25.500.000
Oubangui-Chari 17.000.000
Tchad 16.350.000
Budget annexe - de l'Exploita-
tion du Chemin de fer de
Brazzaville au kil. 170 5.873.000
Budget sur fonds d'emprunt
(construct. du Congo-Océan) 184.136.000
En dehors des dépenses ordinaires et qui
faisant le fonds même des budgets n'offrent
aucune particularité, d'autres dépenses de
mise en valeur s'imposent. Il s'agit en l'es-
pèce d'une participation aux frais :
De la mission d'études du che-
min de fer Yaoundé-Baïbo-
koum 375.000
De la mission envoyée, d'accord
avec l'A.O.F. et la Tuni-
sie, pour faire une prospection
scientifique du Tibesli 60.000
Recherches de pétrole au Gabon 600.000
Etudes séricicofes 250.000
Routes de bétail à travers l'Ou-
bangui 200.000
Construction de terrains d'avia-
tion 300.000
Création d'un Service météoro-
logique destiné à l'aviation.. 120.000
Soit un total de Fr. t. 905.000
Malheureusement la part faite à des dépen-
ses devant être éminemment productives, n'est
pas suffisante, faute de ressources, faute surtout
d'une aide financière trop parcimonieusement
dispensée par la Métropole.
Et, comme il faut bien vivre tout de même,
à côté de travaux définitifs exécutés au
compte-gouttes, on est encore obligé d'em-
ployer des sommes beaucoup trop importantes
et une main-d'œuvre considérable à c'es tra-
vaux provisoires, immeubles recouverts en
ehaume à refaire constamment, ponts de for-
tune en bois, trop faibles pour supporter les
camions « poids lourds » économiques, ponts
dont la réfection constante est une lourde
charge pour les populations indigènes.
Ces exemples pourraient d'ailleurs être mul-
tipliés.
Le Gouverneur général rappelle que pour
permettre de réaliser, en quelques années, un
programme de travaux, faute duquel la situa-
tion de l'Afrique Equatoriale Française res-
terait forcément précaire, M. Maginot avait
fait accepter par le Gouvernement le principe
de subventions s'élevant dans l'ensemble à
300.000.000 de francs, échelonnés sur plu-
sieurs années, afin de permettre de créer
un fonds d'outillage sans lequel un pays
est inexploitable économiquement. Et aussi de
le doter d'un plus grand nombre d'écoles, de
dispensaires, d'hôpitaux, de lui donner enfin
la possibilité d'entreprendre les grands travaux
d'assainissement, de mise en œuvre de l' assis-
tance médicale et chi développement physique
et moral de la population indigène qui a tou-
jours été au premier plan des préoccupations
de la France.
Or, ce programme se modifia par la suite
et ce ne fut qu'une subvention annuelle de
20 millions que la Colonie obtint. Au lieu de
l'avance une fois faite de 300 millions, rem-
boursables par la suite, et qui eussent permis
en quelques années un équipement complet
dans tous les ordres.
Mais l'Afrique Equatoriale fort heureuse-
ment, a dès aujourd'hui des ressources sur les-
quelles elle peut tabler, et auxquelles il con-
vient d'ajouter certaines autres que l'on peut,
en toute confiance, prévoir comme prochaines
et très importantes.
Dans ces anticipations doivent figurer : l'ex-
ploitation des gisements miniers, pour lesquels
1.307 permis de recherches ont été délivrés
en 1930 contre 875 en 1929 ;
Le coton, dont la culture est en développe-
ment considérable, 12.210 hectares en 1930,
contre 3.048 en 1929 ;
Le caféier dont plusieurs millions de pieds
ont été plantés rien que dans l'Oubangui ;
Le cacaoyer et le caoutchouc et les diffé-
rents textiles,
Par ailleurs, les palmeraies, mieux aména-
gées et sans cesse étendues sont un rendement
croissant ; l'exploitation du bois donne au Ga-
bon une activité que la Colonie n'avait ja-
-- mais connue. --
Enfin et surtout, le chemin de fer dont on
aperçoit maintenant la fin des travaux, fera
une réalité grandiose d'un territoire immense
et naturellement riche, mais qui fut trop long-
temps négligé par la Métropole.
Cet optimisme n'a rien d'exagéré. Pour le
comprendre et le partager, il suffit de com-
parer à la situation d'il y a dix ans à pe:ne
celle- d'aujourd'hui.
p. c. G. F.
LIRE A TA SECONDE PAGE :
A la Chambre
Le5 emprunts colora aux
A l'Académie des Inscriptions et Relles-
Letitrn :
f
La diminution du cheptel
bovin à Madagascar
Nous avons récemment mentionné le nom-
bre des bœufs et autres animaux de bouche-
rie abattus annuellement à Madagascar ou
exportés sur les pays voisins.
Ce nombre est évidemment considérable,
mais il est loin de dépasser les possibilités
de la Grande île. rf
Quelle que soit la région qu'il habite, le
malgache est un éleveur né, et ce qui frappe
le voyageur qui traverse les hauts plateaux
ou les régions cotières, c'est la rencontre des
troupeaux de bœufs.
Quelques-uns semblent errer à l'ouverture
et l'on n'aperçoit pas le berger qui les gar.
de. Les bêtes portent aux oreilles l'entaille
spéciale qui désigne le propriétaire. Elles
sont à demi-sauvages et, flairant de très loin
l'Européen qui arrive, s'avancent à sa ren-
contre, menaçantes et alignées. On a remar-
qué, et c'est exact, que la vie malgache est
conditionnée par le bœuf et par le riz.
Mais void qu'on signale une régression du
cheptel local.
Cela tient à un ensemble de causes qui
depuis la guerre agissent sur l'évolution des
mœurs indigènes et l'accélèrent.
D'abord l'indigène est de moins en moins
sédentaire, ce qui s'explique par la multipli-
cation des routes et des moyens de transport,
par les grands travaux publics qui font un
gros appel de main-d'œuvre et dans une cer-
taine mesure par l'émigration des travail-
leurs à la Réunion. L'homme qui a vu des
choses nouvelles et qui a rompu, même mo-
mentanément avec ses habitudes anciennes,
rapporte, en rentrant dans son pays, une
mentalité cntamée; il connaît surtout la va-
leur et les commodités d'argent. Les voya-
ges le détachent de sa terre ; le besoin d'ar-
gent fait qu'il se défait de quelques bœufs.
l'uis arrive l'entrepreneur de boucherie qui
le décide à vendre son troupeau.
Une autre cause déterminante réside aussi
dans la taxe annuelle qui frappe le cheptel.
A raison de 6 fr. 50 par an, un bœuf
adulte a payé au bout de 7 ans le quart de sa
valeur. Et comme bon nombre d'indigènes
sont propriétaires de troupeaux de plusieurs
centaines de têtes, on voit l'importance de la
somme qu'ils ont chaque année à verser au
fisc. *
Cet impôt date de loin, tout à fait du d £ -
but de l'occupation, quanm, pour asseoir ses
budgets, cherchant des recettes certaines, le
général Galliéni aggrava la capitalisation et
frappa le bétail.
Mais aujourd'hui plus d'une chose a chan-
gé à Madagascar. L'agriculture, le commer-
ce et l'industrie y ont pris un considérable
développement, modifiant ainsi et déplaçant
la richesse. Le système fiscal se prête donc
a modifications et à retouches. Et comme
précisément l'élevage s'avère moins intensif
qu'autrefois, le moment est peut-être venu de
moins lourdement taxer les troupeaux.
L'attention du Gouverneur Général a été
attirée tout dernièrement sur cette question ;
son importance n'échappera certainement
pas à la clairvoyance du chef dc';}a colonie.
Au Conseil d'ttat
«»«
A Madagascar, irais de déplacement
pour les officiers de l'Infanterie coloniale
Cette haute juridiction a rejeté la requête
que le capitaine Sebélin, officier de l'infan-
terie coloniale à Madagascar, avait présen-
tée aux fins d'annulation d'une décision en
date du 6 décembre 1928, par laquelle le
ministre des Colonies a rejeté sa demande
tendant à obtenir l'exonération des frais de
déplacement dans la colonie.
.Attendu, a décidé le Conseil d'Etat,
que ni l'annexe n° V au règlement du 12
juin 1908 sur le service des frais de dépla-
cement des militaires isolés, ni la circulaire
du 4 novembre 1927 autorisant les militaires
en service dans une colonie à passer, dans
certaines conditions, leurs congés de fin de
campagne dans cette colonie, ni aucune au-
tre disposition réglementaire en vigueur à
l'époque où le capitaine Sebelin a obtenu
l'autorisation de jouir de son congé de fin
de campagne à Madagascar, où il était en
garnison, ne permettaient d'accorder, à l'oc-
casion de congés passés dans une colonie, ni
frais de transports ni indemnités de dépla-
cement aux militaires non originaires de la-
dite colonie.
Aussi est-ce à bon droit que le ministre
a dénié au capitaine Sebelin, qui n'est pas
originaire de Madagascar, le droit aux dites
allocations.
D'où rejet de sa requête.
Dépêches de l'Indochine
»+«
Une mission aérienne indochinoise
à Yunnanfou
Une mission aérienne de ciiuj avions,
Ions sous le commandement du Ueutenant-
Colonel Prémorrl, chef de Vaéronauti-
que militaire en Indochine s',est envolée le
19 courant à 11 h. 15 à destination de
Yunnan[nu où elle a atterri sans incident
à 15 h. 10. Ce voyage revêt le caractère
d'une visite de courtoisie et el'amitié dont
le principe avait été décidé depuis l'an der-
nier entre les autorités françaises et chi-
noises.
AU SIAM
«♦«
Retour du Prince Purachatra
Après un séjour d'une semaine aux Phi-
lippines, le prince Purachatra est reparti
pour le Siam en exprimant le vœu que les
relations commerciales deviennent plus
étroites entre les deux pays.
Le roi de Siam reçu à bord du Kent
1.es navires anglais Kent et Pclarsliold
sont arrivés à Koh-Si-Chang. Après les
saluts et les visites respectives, le roi est
monté à bord du Kent, pour assister à
une démonstration du tir des gros canons
sur cibles. Le roi est resté à dtner à hord
du Kent puis est rentré à Bangkok. L'ami-
ral Waistelle a diné hier an palais. De
nombreuses réunions seront organisées
durant son séiour,
à
Au Palais-Bourbon
Le triomphe de la rue Oudinot
»♦»
Evénement rare dans -les fastes de la Ré-
publique trançaise, un président du Conseil
a délibérément choisi, entre les plus gros, 4e
portefeuille des Colonies.
Les Annales Coloniales ont fait remarquer
samedi dernier que c'était la première lois.
Si, comme le souhaitait Lamartine, « les
objets inanimés ont - une âme n, un légitime
orgueil doit goniler les vieilles pierres de la
rue Oudinot. Juste réparation aux injures
d antan! Le ministère des Colonies connut
pendant plus de deux siècles la misère des
sans-logis. il dériva, tel un vieux galion dé-
mâté, de la chambre meublée sous Louis
Xl V à la rue Royale, à la Place beauvau,
au Pavillon de Flore sous la Troisième Répu-
blique. Aujourd'hui, rue Oudinot, le petit mi-
nistère remorqué jadis par la Guerre ou la
Marine, devient l'apanage du président du
Conseil.
L'attention va se fixer sur cet asile des
terres lointaines qui, en quelque sorte, donne
à tout Gouvernement, quel qu'il soit, son plus
haut symbole en le plaçant à la tête d'un
grand empire de cent millions d'habitants.
Du reste, cette union plus intime de la Mé-
tropole et de ses dépendances, n'était-ce pas
le vœu, que j'ai entendu par M. Steeg, alors
Résident général au Maroc, formuler dans le
salon de la résidence de Rabat, d'où l'on
découvre une France toute jeune, toute blafl-
che, dans une grande aile de lumière rose i
En vérité, rien ne va mieux ensemble que:
présidence du Conseil et Colonies, c' est-à-
dire : représentation de la France intégrale.
Rappelle-toi 1..
Et puisque nous sommes rue Oudinot, dans
cette maison qui fut la romantique demeure
de Pauline de Beaumonl, la tendre amie de
Chateaubriand :
« Ah ! recueillons un peu nos esprits trop
oublieux.
« D'hier à samedi un ministère est nél. »
C'était jeudi ce jour ! Quatorze heures. la
ballade des agents se joue « forte » avec toute
la lourdeur de la grosse pédale. 11 faut déjà
montrer sa « photomaton » pour avoir le droit
de stationner dans l'angle d'incidence de l'or-
teil de pierre de Sully. Les renforts succè-
dent aux renforts. Les curieux sont c'es plus
paisibles, ils ne battent même pas la semelle
et sauf M. Chiappe qui arrive, le poignard
de la Sûreté entre les dents et conspire con-
tre la joie des badauds, nul ne songe à tenter
le moindre coup de main.
A l'intérieur de l'hémicycle, c'est la course
à 1 influence pour obtenir .une place 1 Les
huissiers sont comblés d'oeillades pochées au
rimmel, de sourires aussi éblouissants que la
publicité des brosses à dents et des cartes de
visites.
En Faction
Quatorze heures et demie. Un spectacle
inédit retient toutes les lorgnettes des tribu-
nes publiques que fleurit la plus nombreuse et
la plus élégante des affluences.
M. Tardieu assis près de la porte de droite
sur un tabouret d'huissier fait office de por-
tier. Il veille ceux qui entrent en séance par
ce tambour et il donne à chacun ses dernières
instructions avant la bataille.
Les petits tours d'amitié. M. Outrey fait
son petit tour d'amitié ou plutôt d'inimitié.
Le député de la Cochinchine connaît, lui
aussi, l'horreur des torturantes hésitations, car
sa « liberté d'indifférence » n'est pas d'une
haute philosophie.
Mercredi, M. Outrey « votait pour » ; à
l'heure de la bataille, il change son fusil
d'épaule et déclare à qui veut l'entendre :
« Je vote contre. » « je vote contre le Mi-
nistère Steeg. »
En vérité que fera-t-il ? le monocle saute
de l'œil gauche sur l'œil droit. Enfin, M.
Tardieu vient s'asseoir derrière M. Outrey.
Le député de la Cochinchine, tel le papillon
dans le filet, ne bouge plus, de sa place.
Saint-Louis-Rottin, l'ancien ministre de la
Marine Marchande, qui n'a pas su donner
des jambes à nos petits bateaux, les mains
jointes, la tonsure en auréole, récite à qui veut
l'écouter l'Evangile de sa Résurrection.
Que ne pense-t-il plutôt aux victimes mar-
tyrisées de A sia, qu'aucun « Lazare lève-
toi » ! ne sortira du tombeau mouvant.
Et pendant ce temps, « l'enfant de l'équi-
voque » (trouvé par Louis Marin) se porte
de mieux en mieux. Quand Chéron sa bonne
nourrice arrive du Sénat, c'est déjà un pou-
pon sevré, qui ne manque pas de voix.
Politique coloniale
Certes, la bataille fait toujours rage. Un
homme mince, fluet à la tribune, tient tête à
l'orage et lit d'une voix monocorde, la décla-
ration ministérielle.
M. Steeg a grand soin de mettre en lu-
mière le paragraphe suivant :
« Nous poursuivrons la mise en oaleur des
colonies dans le souci d'assurer, à travers notre
magnifique domaine d'outre-mer, solidaire po-
litiquement et économiquement de la Métro-
pole, ramélioration du destin matériel et mo-
ral des populations indigènes et la protection
nécessaire des produits de la colonisation.
Nous nous efforcerons de les rapprocher de
la Métropole par le développement de l'or-
ganisation des grandes routes de J'air, dont
la conquête est marquée par tant de gloires
françaises. »
Vingt et une heure et le quart, le pointage
n'en finit pas. Les députés, les journalistes,
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