Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1930-09-25
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 septembre 1930 25 septembre 1930
Description : 1930/09/25 (A31,N142). 1930/09/25 (A31,N142).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62807981
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
11\ENTE-ET-UINlEM'E ANNEE. N* 112. LE NUMERO : 90 CENTIMES JEUDI SOIn, SKI' IKMHHE 1.
JOURNALJUOTIDIIR
Rédaction & Administration :
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PARIS 0*0
TtLtFH. 8 LOUVRE le-"
- RICHELIEU «7-M
Les Annales Coloniales
Ui urttcUi publiés dans notre journal ne peuvent
Les mmonet» et réemmet «on! reçu*» m DUliRREtCCTTlEUURK.-ProonNiDDAATTiBUVR R • s mMiararetal i RUEDEL etre reproduttt qu'en citant lu Akkalm Coiennu.
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EN INDOCHINE
L'industrie et les produits
de la pêche
Le rôle important joué par l'Institut Océa-
nographique de Canda sur le rendement de
la pêche, que j'ai signalé dans un récent arti-
Cie est plus manifeste encore en ce qui con-
cerne la transformation industrielle des pro-
duits de la pêche.
Je ne m' arrêterai pas à relater les diverses
tentatives faites, ni les méthodes successive-
ment employées pour obtenir la farine de
poisson ainsi que les « Nuoc-Mamms ».
Mais je veux au moins dire que sans les
efforts persévérants des savants attachés à cet
Institut, sans leurs recherches patientes, con-
duites scientifiquement et soumises au contrôle
de l'expérience, les résultats obtenus aujour-
d'hui ne seraient pas atteints.
La farine ichbyologique obtenue à Canda
provient de la chair seule de poisson, dont on
a éliminé la tête et les entrailles.
A poids égal, sa valeur nutritive est bien
supérieure à celle de la viande et du poisson
salé, puisqu'elle contient quatre fois autant
de phosphates et d'azote que la première,
trois fois autant que le second.
Les expériences faites ont été concl uantes :
des ouvriers alimentés en série par elle ont
fourni un rendement meilleur avec une fatigue
moindre.
Ils ont pris goût à cet aliment dont ils ont
apprécié les qualités et ils en ont réclamé pour
bénéficier de ses propriétés stimulantes.
Des essais faits au pénitentier de Poulo-
Condore ont été des plus favorables.
Produit d'une haute valeur alimentaire,
d'une saveur agréable, stable, de conserva-
tion parfaite, la farine raffinée de poisson
obtenue à la suite des études du laboratoire
de Canda peut être une source de prospérité
pour le pays.
Le grand lac du Cambodge à lui seul, est
capable de fournir annuellement 20.000 ton.
nes de cette farine, d'une valeur locale de
250 piastres la tonne.
Le raffinage élimine des farines brutes, des
matières grasses dont le rendement varie de
20 à 45
Les études des chimistes de Canda ont
Psrmis d'utiliser les huiles de poissons pour
i* usage industriel et l'huile de Ca-Moï (Do-
romosa nasu4), peut-^tre employée comme
aliment des moteurs à combustion.
Certes les prix de cette huile sont sensi-
blement supérieurs à celui des huiles lourdes
de pétrole. Il est intéressant cependant de
constater que dans l'Indochine où on ne
connaît aucun gisement de pétrole, il peut
être avantageux d'avoir sur place un produit
capable de le remplacer dans certains cas.
D'autres applications industrielles sont pos-
sibles puisque cette huile, cbnt les propriétés
siccatives ont été mises en évidence, peut
remplacer avantageusement l'huile de lin dans
la peinture. Elle peut servir à faire des sa-
vons et à traiter les cuirs. Elle a même des
propriétés alimentaires, à condition de la dé-
barrasser de son odeur par des procédés chi-
miques assez rapides et peu coûteux.
C'e. surtout dans la fabrication du
« Nuoc-Mamms » indigène que l'influenc,
dos travaux des chimistes de Canda s. est fait
le plus sentir. On sait que le « Nuoc-
Mamms » est une préparation annamite obte-
nue par l'autolyse de la chair de poisson.
Ce condiment national devait sa réputation
bien méritée à sa saveur spéciale que seuls
des produits fabriqués par les procédés lo-
caux pouvaient obtenir.
L'inconvénient de ces procédés était leur
longue durée puisqu'il fallait six mois pour
que l'opération soit terminée.
Jusqu en 1928, les tentatives faites par
l'industrie n'avaient abouti qu'à la produc-
tion d'un autolysat impropre à la consomma-
tion locale, car il était dépourvu de l' arôme
particulier du « Nuoc-Mjtmms » indigène.
Après des observations répétées, les cher-
cheurs de l'Institut Océanographique décom-
posèrent la fabrication des « Nuoc-Mamms »
en deux phases successives ; une première
phase d' autolyse et une deuxième phase de
fermentation. Ils constatèrent que le chlorure
de sodium employé à saturation par les indi-
gènes, malgré ses propriétés antiseptiques
réelles, puisqu'il empêchait la putréfaction,
n'était pas un obstacle aux fermentations
figurées qui donnent au produit son origina-
lité et sa saveur propre.
L'inconvénient de l'emploi du sel à satu-
ration était double ; d'abord bien que n'em.
péchant pas les fermentations nécessaires, il
les retardait de plusieurs mois.
Ensuite son pouvoir antiseptique réduit lais-
sait parfois se produire certaines fermentations
secondaires putrides, qui altèrent le goût
du produit et la valeur nutritive par transfor-
mation de l'azote aminé en azote ammoniacal.
Ces inconvénients n'existent plus avec la mé-
thode nouvelle qui peut se résumer ainsi :
A la chair de poisson est ajouté un anti-
septique volatil à l'abri duquel se poursuit la
première phase d'autolyse qui dure quatre ou
cinq heures et la transforme en un produit
de dédoublement de matières protéiques.
Dans un deuxième temps très rapide on
élimine l'antiseptique volatil, puis dans une
troisième, l'autolyse stérile obtenu est en-
semencé avec une culture contenant des mi-
cro-organismes susceptibles de provoquer les
fermentations figurées nécessaires pour don-
ner un mélange t'odeur et la saveur recher-
chées.
En 24 heures, 48 heures au plus, ces deux
dernien temps sont effectués. En six joun
au maximum, on fabrique avec sécurité un
produit identique au célèbre condiment an-
namite pour lequel six ans de préparation
étaient nécessaires.
On comprendra toute la valeur des métho.
des nouvelles si l' on songe que 100.000 ton-
nes de produits sont mis dans le commerce
chaque année et que la valeur en est d envi-
ron 10.000.000 de piastres. Avec le procédé
nouveau, une production plus grande est faci-
lement réalisable.
Je me résume : Une connaissance appro-
fondie de la topographie sous-marine, des
diverses espèces de poisson, de leur repro-
duction habituelle, de leurs migrations, rend
la pêche plus facile et plus fructueuse.
D' autres méthodes nouvelles permirent de
tirer de la chair de poisson non consommée
fraîche des produits recherchés d'une valeur
économique réelle.
Voilà le résultat pratique des travaux per-
sévérants des savants de l'Institut Océanogra-
phique de Canda.
Ajoutons à cela de nombreuses découvertes
purement scientifiques qu'ils ont faites et nous
aurons le bilan de leur activité.
N'est-elle pas digne des plus vifs éloges.
tamiite Briquet
Député de t'Eure,
Membre de la Commission de l'Algérie,
des Colonies et des protectorats.
Tu te rends compte.
POUSSE-POUSSE OU TIRE-TIRE?
Il y a vraiment des minutes où l'on regteite
qu'Alphonse Allais et Courteline ne soient
plus de ce monde. L'un ou l'autre vous eus-
sent, d'une plume légère, narré par le détail
la discussion qui eut lieu l'autre jour au Co-
mité d'organisation de l'Exposition coloniale.
lorsque. mais n'anticipons pas.
Vous savez sans doute qu'il .y aura à Vin-
cennes, comme dans toute exposition qui se
respecte, un petit chemin de fer pour les
- visiteurs. Le Comité avait pensé qu il serait
également de la plus belle couleur locale
d'avoir quelques-unes de ces voitures légères
à deux roues qu'un boy lire en courant et qui
rendent tant de services en Indochine et au
Siam. La discussion était presque close quand
une voix se fil entendre. - -
« Comment, on va jaire tramer des nom-
« mes par d'autres hommes ? L'Humanité,
« messieurs, se révolte en pensant à cet escla-
« Vage d'une autre ère 1 Que va-t-on penser
« de nous 1 »
Un long silence s'abattit.
« Ah ! * diable 1 » fit quelqu'un.
Un jeune membre du bureau voulut dissi-
per le nuage :
« Mais pardon. Ce n'est pas d'aujourd'hui
« que les Parisiens verront des voitures pous-
« sées par les hommes. Bien des livraisons se
« font encore ainsi.
« Ah 1 permettez, elles sont poussées et
« non tirées. Ça fait une singulière nuan-
« ce. »
Bref, au bout de vingt-trois minutes, le Co-
mité décida qu'il y aurait des pousse-pousse à
l'Exposition Coloniale. mais pas de tire-tire.
Quand je vous disais que Courteline aurait
pu en faire une petite merveille.
J. A.
REMEDE SOUVERAIN
Vous que la neurasthénie ou l' hypocondrie
guetteni, dirigez-vous vers les arcades du Pa-
lais-Royal Dans leur ombre amie des loisirs,
une administration prévoyante à placé mille
objets provenant des quatre coins du monde :
peaux, bracelets, masques, sagaies, dont l'in-
fluence se mêle étrangement aux souvenirs du
Grand Cardinal et de trois siècles de vie pari-
sienne. Essayez de découvrir la pièce secrète
où d'aimables fonctionnaires sont chargés d'ai-
guiller vers notre empire colonial les Français
touchés par le malheur des temps. Séduisez-
les, faites-leur parler des demandes d'emploi
qui leur sont adressées et des suites qu'elles
obtiennent. Quel Courteline utilisera ce pré-
cieux trésor ?
Tantôt, une jeune fille attardée, aussi noble
que peu fortunée, se présente comme la demoi-
selle de compagnie pour vieux ménages colo-
niaux. Tantôt, un fabricant d'orgues désire
exercer son industrie au centre de l'Afrique,
ou bien un jeune montagnard se référant de
ses souvenirs de première communion et d'une
ascension au Mont-Blanc, se sent apte à être
élu chef de tribu (sic), cette dernière demande
était chaleureusement appuyée par un de nos
plus graves sénaleurs.
Pendant la guerre, un blessé dont l'état exi-
geait une intervention chirurgicale immédiate,
ne pouvait supporter chloroforme ni éther ou
tout autre anesthésiant. On eut l'idée de lui
lire des circulaires ministérielles. Au bout de
la deuxième, blessé, chirurgien, aides, tout le
monde dormait.
Sans craindre un pareil destin, guidez vos
pas vers les arcades du Palais-Royal et leur
ombre amie des loisirs, 6 vous que la neuras-
thénie ou l'hypocondrie guettent.
B. C.
e.8
Retour de la Martinique
M. Delmont, sous-secrétaire d'Etat aux
colonies, débarquera au Havre vendredi par
le paquebot Macoris.
Méditations sur 1 âme nègre
«»«
~~1
- Nil .1
mm -0FA
IL :!'!
N a beaucoup écrit sur
l'âme nègre. On
écrira beaucoup en
core.
Et des choses
contradictoires. Ce-
la n'a rien d'éton-
nant, car enfin y a-t-il une âme nègre, et, à
travers la diversité multiple des races, des
idiomes, des maurs, retrouve-t on les mêmes
traits essentiels, fixes, permanents?
Mais cela est plus étonnant quand, les
contradictions sont dans le même dessin psy-
chologique, dans la même page. le relève
dans un portrait, fort, intéressant d'ailleurs,
de l'âme nègre ces deux af firmations à pei-
ne séparées par quelques lignes d'intervalle.
« Le nègre, c'est entendu, n'a aucune tra-
dition. Mais il a un passé, un passé qui ,",
duré très longtemps et duquel il a salltl:, sans
transition, dans le présent.
Pour penser à Vavenir, il faudrait que le
nègre etÎt un passé : il n'y a pas d'hier et il
n'y a pas de demai" pour les gens de cou-
leur. »
l'hésite, et il y a de quoi. /'entrevois sans
doute une sorte de conciliation entre ces
deux affirmations qui se Ilelirlatl. Mais je
ne fais que l'entrevoir, et peut être aurait-il
été préférable de ne pas laisser au lecteur le
soin de la découvrir ou de l'imaginer à sa
fantaisie. Pour moi, je la chercherais du
côté de cet ensemble d'observatiopis qu'il n'y
a pas eu pour la race noire « cet âge moyen
qui forme le goût et les mœurs » (encore que
cette expression même soit vague et tant soit
feu inquiétante, quand elle vient sous la
plume d'un Européen de vieille civilisation,
pour lequel la formation des mœurs et des
goûts est soumise à des lois qui n'ont certes
pas de valeur universelle), que, si pour les
Occidentaux évolués, hier ce n'est pas tout à
fait le passé, « pour le nègre, hier ou il y a
deux siècles, c'est la même chose ». Pensée
qui prend ailleurs une forme plus concrète et
plus saisissante : Qu'a-t-il derrière lui 1
Rien « son père était aussi ignorant que son
plus lointain ancêtre. »
A qui la faute? Pas à lui-même, nous dit-
on ; au cours des siècles où on l'a maltraite,
on lui a appris à ne s'attarder à rien Voi-
re. On tn'accord cra du moins que, pour cela,
il n'avait pas besoin de leçons. Il est très
vrai qu'il y a en chaque nègre un anarchiste
individualiste ; il est moins vrai que cet in-
diviàualiste, que cet anarchiste s'ignore. « Au
fond, c'est l'indépendance, c'est même la vé-
ritable indépendance : le nègte ne s'attache à
rien de ce qui n'est pas la vie quotidienne,
et c'est ce qui donne à sa vie ce mouvement
pittoresque et cette allure d' heureuse fantai-
sie P. C'est la véritable indépendance contre
laquelle aucune force extérieure ne saurait
prévaloir ; « le pauvre noir » lui-même était
indépendant ; esclave. ïl était libre, autre-
ment que le sage antique, autant et peut-
être plus que lui.
Mais encore une fois tout cela ri est pas
l'œuvre de Véducation, c'est l'œuvre de la
nature, plus rebelle à discipliner que sous
d'autres cieux, ne serait-ce que parce qu'elle
offre moins de rhiJtallce. Et, tout d'un
coup, sans passer par « le moyen âge », notre
noir est convié au banifuet longuement, pa-
tiemment préparé pour les générations occi-
dentales : « 'il a voulu, en un jour, goûter à
tout, il a autant de fierté à apprendre, à être 1
savant (Ju'à être bien vêtu. » Rupture brutalc,
puisqu entre le passe et aujourd'hui, hier n'a
pas ménagé de transition. Nous serions plus
rassurés s'il était exact que « le nègre n'en-
visage le progrès que quant à sa propre pcr-
sonne w. Mais il nous semble que. son indi-
vidualtsme anarchiste ne peut quêtre prof on
dénient entamé le jour on il devient savant,
le jour où il s'habille bien, je veux dire : à
Veuropéenne. Le voilà qui forcement s'élève
du particulier au général, de l'individuel à
l'mziversel. Mal, très mal, c'est évident. Tout
cela se fait trop vite. Révolution, et non
évolution. Mais prenons garde ; il se pour-
rait bien que là, et non ailleurs, fût le grand
secret de l'avenir des politiques coloniales
sur noire planète. Réfléchissons.
Mario Ate uadranj
Senateur de l'Hérault,
encicn ministre,
Vice-président de la Commission des Colonies.
4060-
M. Morau. gouverneur
de la Banque de France
démissionne et passe i la B P. P. B.
..-
Il est depuis hier officiel que M. Moreau,
gouverneur de la Banque de France, quitte
son poste. M. Morct, sous-gouverneur, sera
probablement désigne aujourd'hui même
pour remplir ses fonctions.
A la demande même de M. Jules Cambon,
actuel président du Conseil de la Banque de
Paris et des Pays-Bas, M. Moreau a accepté
la future présidence de cet établissement
dont on connaît bien les attaches coloniales
et les heureux travaux transmaritimes,
Le général Jordana viendra
saluer M.Doumergue au Maroc
«♦»
Le général Jordana, haut commissaire espa-
gnol au Maroc, viendra le 16 ou le 17 octo-
bre saluer le Président de la République
Française.
Le général Jordana rendra ainsi la visite
I que le Résident général 6t aux souverains
I espagnols Ion de leur voyage au Mwc.
Que se passe-t-il
à la Guyane ?
Ce n'est point d'hier seulement que les
mécontentements grondent dans notre colonie
sud-américaine. Dernièrement, les Annales
Coloniales signalaient « l'affaire de l'Inini »,
simple combinaison lancée par un parlemen-
taire désinvolte avec l'appui secret d' une ban-
que de dixième ordre, mais de haute envolée.
Il convient aujourd'hui de mettre en lumière
le conflit qui règne entre l' honorable gouver-
neur M. Siadous et la Commission Coloniale.
Sans doute, le rôle d'un représentant de
! Ejtat à la Guyane est chose délicate, encore
que bien des préfets de France et bien des
gouverneurs n aient point à leur disposition une
main-do œuvre aussi militarisée que sur les
bords du Maroni, des possibilités commer-
ciales aussi nettes et aussi précises. Mais là
n'est pas tout à fait la question, puisque M.
Siadous. fort bien noté au Ministère, peut en-
core réussir et réaliser les espérances que l' on
fondait sur lui. D'ailleurs, la querelle politi-
que, dont le malheureux et gênant Galmot fit
les frais, envenime encore des esprits exacer-
bés par un climat spécial et des conditions
anormales de vie. Il convient donc de prendre
garde et ne s'avancer qu' avec circonspection
dans la forêt nous allions dire dans le ma-
quis de la Guyane.
- Quoi qu'il en soit. la Commission coloniale,
composée de MM. Tell, président; E. Va-
lette. Ph. Saccharin. F. Rambaud et A. Dar-
nal se réunit à Cavenne voici quelques se-
maines. Le secrétaire général l'éternel sa-
crifié de l' Administration représentait le
Gouvernement.
Tour à tour. les membres déplorèrent l'état
lamentable de la salle de t'hôpital Saint-
Denis affectée à des dames fuyantes, avec son
toit qui laisse voir le ciel. ses lits depuis dix
ans sans moustiquaire, son plancher vermoulu,
etc., etc. A ce taudis, une Commission, com-
posée de conseillers généraux et de notables,
devait apporter les modifications indispensa-
bles. Mais la Commission a été dissoute par
ordre supérieur ces temps derniers. Elle était
évidemment inutile, puisqu'on avait décidé de
livrer les femmes des fonctionnaires et des co-
lons à la crasse et à la vermine de cet établis-
sement sanitaire. Devant cette émotion, le
Gouverneur écrivit à la Commission une lettre
qu'il serait trop long de reproduire ici. Il dé-
clare en substance que des moustiquaires (arti-
cle de couchage obligatoire pour les transpor-
tés en cours de peine l) sont données « aux
personnes qui les demandent » (!?), que le
bâtiment n' est point si délabré qu'on veut bien
le dire, que les ressources de la colonie ne
permettaient point la remise à neuf de bâti-
ments arrivés à la limite de la vétusté, qu'il
serait bon enfin que le Conseil Général autori-
sât le transfert des services à l'hôpital colo-
nial.
On fit observer alors que l'hôpital colonial
n'était pas en meilleur état, puisque le méde-
cin-chef avait failli passer au travers du plan-
cher pourri de son logement.
Sur cette question, vint se greffer celle des
routes. On signala notamment la véritable fon-
drière qu' est le tronçon qui va de Montjoly au
Diament et au dégrad des cannes. Le secré-
taire général répondit que toutes les routes ne
pouvaient être refaites en même temps et que
la réparation du tronçon signalé serait effec-
tuée en son temps. Malheureusement, et com-
me un fait exprès, c' est par cette route que
doivent passer quelques-uns des membres de
la Commission pour se rendre dans leurs chan-
tiers. Comme certains de ces membres sont,
d'autre part, assez mal avec le maire M. Go-
ber que soutient un influent personnage politi-
que depuis l'affaire Galmot, il était naturel
que les personnes lésées associent ces deux
affaires.
Sur une lettre de M. Siadous, la controverse
s'envenima à un tel point que la Commission
coloniale se vit un moment réduite, devant les
vains efforts de dix-huit mois, à démissionner
purement et simplement. Elle rappela la situa-
tion lamentable des quais qui ne permettent
point aux voyageurs de débarquer avec sécu-
rité, des routes qui ne souffrent point un trafic
normal, des mille et une tempêtes qui fondent
sur la colonie et font qu'avec un budget de
plusieurs millions et des moyens d'exploitation
efficaces et puissants, cette même colonie est
en vérité plus pauvre qu'aucune autre.
Evidemment, il est sans doute des exagéra-
tions, filles de la politique et fleurs du climat.
mais un vieux proverbe de chez nous assure
qu'il n'est point de fumée sans feu.
Depuis plus de six ans, on répète trop sou-
vent :
Que se passe-t-il à la Guyane ?
Jacques Alpllaud.
- go">
Dans la Marine coloniale
ce <––
Le Vice-Amiral Herr
prend le commandement des forces
navales en Extrême-Orient
Le vice-amiral Herr et le capitaine de
vaisseau Petit sont partis pour Marseillc, où
ils s'embarqueront demain à destination de
Saïgon. Le vice-amiral Herr va prendre la
succession du tontrc-amiral MouRct, dans le
commandement de nos forces navales en
Extrême-Orient. Le capitaine de vaisseau
Petit, qui sera son principal collaborateur,
remplacera le capitaine de vaisseau Fernet
dans le commandement du croiscur-cuirassé
Waldeck-Rousseau. Depuis bien avant la
guerre, c'est la première fois qu'un vice-
amiral est placé à la tête de notre division
des mers de Chine.
LIRE EN SECONDE PAGE :
Un chemin de fer Camoroun-Oubangui-
Tchad.
La protection des vins français dans noe
colonies. 1
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
LA SECTION TUNISIENNE
Non loin du Maroc et de l'Algérie, à Vin-
cennes, un grand palais candide, avec patio
extérieur, marquera d'une énorme pierre
blanche, le destin fortuné de la Tunisie.
Une reconstitution fidèle des souks de Tu-
nis entourera le pavillon principal. On ne
peut que se féliciter de cette heureuse idée.
La foule., de toute évidence, y courra
d'abord. Ce sera de Belle couleur locale et
c'est de bonne psychologie.
Souk du cuir. - Souk des étoffes, des fem-
mes, des chéchias, des parfums. Petites bou-
tiques, serrées comme marrons dans un sac.
Ktalages chatoyants de babouches jaunes, de
harnais saignants cloutés de cuivre, de mains
de Fatma d'or, de bracelets lourds. Mar-
chands aux yeux de feu, accroupis, qué-
mandeurs, colorés. Cela n'eft-il pas bien
fait pour attirer et retenir le Français né ba-
daud ?
Il le sera La poussière, l'odeur diverse,
la chaleur des souks et le piétinement érein-
tant l'amèneront "de lui-même, dans l'ombre
fraîche du patio. Et, de là, au grand palais,
il n'y aura qu'un pas.
Le pas franchi, c'est toute la vie ardente
et généreuse de la Régence que nous aurons
sous les yeux.
Dans la salle centrale, un nombre impo-
sant de stands s'offriront à la curiosité pu-
blique. Pour mieux frapper l'esprit du visi-
teur, au-dessus de chaque stand, un panneau
décoratif ou un diorama illustrera d'une fa-
çon caractéristique, l'exploitation du pro-
duit.
C'est ainsi que le secret de l'opulente for-
tune des olivettes sfaxiennes nous sera dé-
voilé par l'image de la taille et de la récolte
des oliviers. La fertilité des oasis apparaî-
tra dans la cueillette des dattes à Tozeur et
à Nefta, dans la culture potagère et fruitière
des palmeraies de Gabès, d'El-Oudiane, de
Gafsa. Tableaux qui ne manqueront ni de
bleu, ni de vert, ni d'or, j'imagine. Les res-
sources prodigieuses de la mer pourront se
dénombrer au long d'une marine indigo :
Sarcolêves revenant de la pèche aux épon-
ges. Equipes brunes, Jà bord des barques,
ramenant le trident ou guettant la remontée
des scaphandriers. Flottilles alourdies de
poissons de toutes sortes. L'activité indus-
trielle sera peinte par les huileries de îitax
et de Sousse, sans doute. Par les intérieurs
de potiers les fours, les milliers de gargou-
lettes séchant au soleil de Nabeul et de
Djerba. Par le tissage des tapis de Kai-
rouan, la distillation des orangers et des
roses. Le travail des ébauchons de pipes de
bruyère nous parlera de la grande forêt
Kroumire et les récoltes de liège attesteront
son inépuisable richesse. Dans le domaine
minier, peut-être verrons-nous. les entrepôts
des Mines de Douaria et de la Société Gé-
nérale des Houilles et Agglomérés se re-
fléter dans l'eau claire de la baie de Sébra.
L'exploitation des phosphates de Gafsa. Les
mille wagonnets, courant sur le gros talus
rouge des mines de fer, de zinc et de plomb
de Sidi-Driss
Les autres salles d'exposition seront con-
sacrées à l'organisation économique et aux
œuvres sociales de la Régence. Parmi ces
dernières, le stand de l'Enseignement ne
sera pas le moins. instructif en matière de
colonisation. Mais, je conseillerai particuliè-
rement à certaines institutrices, à certains
instituteurs de ma connaissance, d'aller
méditer quelquefois (et le plus souvent pos-
sible durant l'Exposition) devant l'histoire
scolaire de Kerhennah et de ce petit village
de pêcheurs, perdu là-bas, près de Gabès.
Ils auront tout à y gagner : patience, cou-
rage et bonne humeur.
Au surplus, il ne sera pa,; de visiteur
qui, entré content au Palais de la Tunisie,
n'en sortira ravi et éma.
I Mirane-Marcette Defflns.
Les échanges entre la Suisse
et l'Afrique du Nord
»*-.
Le trafic est encore assez faible tant à
l'exportation qu'à l'importation, entre la
Suisse et l'Afrique du Nord.
En 192g, la Suisse exportait en Algérie et
en Tunisie environ 4.162.000 francs de mar-
chandises, et en importait pour une valeur
légèrement supérieure, soit 4.900.000 fr. Les
livraisons de la Suisse à l'Algérie et à la
Tunisie portent essentiellement, en ce qui
concerne les produits alimentaires, sur le
lait condensé, les fromages et les farines
alimentaires. Dans la branche textile, se sont
les châles et écharpes et quelques articles de
soie qui font surtout l'objet des ventes de la
Suisse. En ce qui concerne les « machines »,
la Suisse vend surtout des moteurs et du ma-
tériel pour les usines alimentaires. Les ou-
vrages en aluminium de fabrication suisse
sont également recherches par les deux pays
nord-africains.
La Suisse demande surtout à F Algérie et
la Tunisie, des primeurs, des légumes, des
fruits, des céréales et des vins.
En revanche, elle vend au Maroc des pro-
duits pour un chiffre trois fois supérieur à
celui de ses importations marocaines. En
IC)2<), les entrées de produits suisses au Ma-
1929, s'élevaient à 3.405.000 francs. Elles por-
roc
taient essentiellemen: sur des produits ali-
mentaires tels que le lait condense et sté-
rilisé, sur certaines spécialités de textiles,
telles que les broderies sur plumetis et cer-
tains articles de soie, sur les tils de cuivre,
les raccords de tuyaux, les moteurs, etc.
Le Maroc cependant envoyait en Suisse de
l'orge, ¡<\cs phosphates, de la laine brute,
de la cire d'abeilles, soit, en tout, pour
1.127,000 francs de marchandises,
- ------- -
Des essais de radiophonie
entre Paris et Rabat
Des essais de radiophonie ont été tentés
entre Rabat et Paris. Ils ont obtenu un
succès complet.
M. Duheauclard, directeur des P. T. 7.
au Maroc, a communiqué, dans des rondi-
ttons parfaites, avec cinq ou six abonnés
1 parisiens. (Par dépêche.)
Oepeches de l'Indochine
»♦«
Le voyage de M. Pasquier en Annam
et au Tonkin
Le Gouverneur f/elléral est arrivé à Vinh
le 23 septembre âcconipayné dit Hésident
supérieur d'Annam et de l'envoyé du Gou-
vernement annumitc. Il eut une conférence
avec les autorités françaises et indigènes
du Njihean et de Ualinh ; il prit diverses
mesures pour poursuivre les agitateurs. Il
s'est rendu ensuite au casernement de la
garde indigène qu'il a passée en revue et
a félicitée ; puis, il remit des médailles et
des récompenses aux brigudes de Vinh et
de Ilatinh.
Le chef de la colonie (t fait afficher une
proclamation aux habitants du Nqhéhn et
du fIatinh. Il est arrivé à Hanoï, le 24
dans la nuit.
Le ministre du Commerce siamois à Saïgon
Le prince Purachatra, ministre du Com-
merce et des Communications au Siam qui
effectue actuellement un voyage en Ex-
trême-Orient pour étudier divers marchés
et les moyens de remédier à la crise écono-
mique qui atteint actuellement le Siam
comme les autres pays d'Extrême-Orient
est"arrivé œ Saïyon: à bord du Porthos.
Il repartira dans qucbiues jours sur le
même navire pour llong-Kong.
Indopncifl.
Un appel de détresse
des planteurs coloniaux
Les deux délégués de Madagascar vien-
nent de recevoir de leurs mandants un véri-
table appel de détresse au sujet de la mé-
vente des cafés de notre grande possession
de l'océan Indien Jis ne parlent de tien
moins que de laisser leurs plantations a
l'abandon, au cas où les Pouvoirs publics
ne leur accorderaient pas l'aide qu'ils ré-
clament.
On sait, d'autre -part, que les planteurs
de caoutchouc de l' I ndochine en sont arri-
vés à ne plus saigner leurs arbres. Après
une période de prospérité inouïe et qui par
tela même ne pouvait indéhniment durer,
c'est le marasme absolu. Il semble bien
qu'il y ait place au moins poui un moyen
terme.
Il convient d'autant plus de remédier à
ces deux situations, que nous ne cessons de
conseiller à nos colonies de produire tou-
jours davantage et que c'est précisément
dans ce but que nous allons mettre à leur
disposition les milliards nécessaires à leur
complet équipement.
La logique veut donc que les produits co-
loniaux trouvent, et d'abord chez nous, des
placements rémunérateurs.
C'est la question qui sera très prochaine-
ment examinée par les ministres, en atten-
dant que les Chambras se prononcent sur les
projets qui leur seront soumis.
La Chambre de Commerce
et le port de Tananarive
"et
Il résulte de la lecture des journaux de
Madagascar que le mode d'exploitation du
futur Port de Tamatave, met déjà en confiit
la Chambre de Commerce de cette dernière
ville et celle de Tananariv.
L origine du démêlé est que le Gouverne-
ment général a accordé à la Société des Ma-
gasins généraux depuis longtemps 1 chargée
des opérations d'acconage, de mise en maga-
sin et de livraison des marchandises, le pri-
vilège de participer pour 18 et jusqu'à
concurrence de 2.450.000 francs, à la créa-
tion de l'organisme d'exploitation du Port,
loisque celle-ci sera conliée à une Société
concessionnaire. Ce pourcentage sera aug-
menté de demi pour cent par tranche de
500.000 francs de la valeur des nouvelles
constructions que. pourrait édifier la dite So-
ciété, laquelle est cependant expropriée au
même titre que tous les autres propriétaires
de la Pointe Hastie. De plus elle aura le
droit de transférer à toute autre Société les
droits résultant cte cette convention.
L'octroi de cette participation consentie
bien avant la lettre, aurait principalement
pour but d indemniser la Société des Maga-
sins généraux d'une expropriation qui frap-
pera ses constructions du fait du creusement
du port.
Pas de privilège, disent les Tamataviens ;
que tous les expropriés reçoivent un traite-
ment égal, c'est-à-dire soient dédommagés
en espèces, et cela pour qu'aucune hypothè-
que ne grève le port à construire.
La Chambre de commerce qui s'est tou-
jours élevée contre la Concession du Port à
une société privée, revendique, comme les
chambres métropolitaines, le droit d'outillet
et d'administrer le port, ce qui ne veut pas
dire d'assurer les opérations d'embarquement
et de débarquement. L'outillage qu'elle au-
rait réalisé aurait été simplement mis à la
disposition des- usagers, suivant un tarif dé-
terminé, comme à Marseille ou au Havre.
Elle n'aurait fait que conserver la haute
administration du port, sous le contrôle du
Service maritime, pour surveiller les tarifs,
maintenir l'ordre et procéder aux améliora-
tions nécessaires, laissant aux batelages et
aux compagnies de navigation la partie pu-
rement commerciale. Sa gestion aurait pré-
senté l'avantage de n'avoir pas à rémunérer
des actionnaires et un Conseil d'Administra-
tion, les recettes étant destinées uniquement
à faire face à l'amortissement des emprunts
émis et à l'extension de t'oulillage, les tarifs
devant être obligatoirement abaissés au delà
d'un excédent de recettes déterminé.
Nous n'avons pas à prendre parti dans ce
débat. Nous émettons se- nent l'avis que
dans l'administration d'un? t. comme dans
celle d'un chemin de fer, la nlus grande
vigilance s'impose, pour qftte ». isage d'un
outil dont ( eut dépendre la vie "onomicplC
d'une légion ou même d'un, pays, sslire la
satisfaction des besoins de la collcc.,'vité au
lieu de faire, les affaires d'un groupe.
P.-c. (ïeorges FrançoSm
Gouverneur honoraire dej Colonie*.
JOURNALJUOTIDIIR
Rédaction & Administration :
>4, RM il MlM-TIU*
PARIS 0*0
TtLtFH. 8 LOUVRE le-"
- RICHELIEU «7-M
Les Annales Coloniales
Ui urttcUi publiés dans notre journal ne peuvent
Les mmonet» et réemmet «on! reçu*» m DUliRREtCCTTlEUURK.-ProonNiDDAATTiBUVR R • s mMiararetal i RUEDEL etre reproduttt qu'en citant lu Akkalm Coiennu.
bureeu du fouratl.
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Colonies 180 » 100 » 50.
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tous les bureaux de poste.
EN INDOCHINE
L'industrie et les produits
de la pêche
Le rôle important joué par l'Institut Océa-
nographique de Canda sur le rendement de
la pêche, que j'ai signalé dans un récent arti-
Cie est plus manifeste encore en ce qui con-
cerne la transformation industrielle des pro-
duits de la pêche.
Je ne m' arrêterai pas à relater les diverses
tentatives faites, ni les méthodes successive-
ment employées pour obtenir la farine de
poisson ainsi que les « Nuoc-Mamms ».
Mais je veux au moins dire que sans les
efforts persévérants des savants attachés à cet
Institut, sans leurs recherches patientes, con-
duites scientifiquement et soumises au contrôle
de l'expérience, les résultats obtenus aujour-
d'hui ne seraient pas atteints.
La farine ichbyologique obtenue à Canda
provient de la chair seule de poisson, dont on
a éliminé la tête et les entrailles.
A poids égal, sa valeur nutritive est bien
supérieure à celle de la viande et du poisson
salé, puisqu'elle contient quatre fois autant
de phosphates et d'azote que la première,
trois fois autant que le second.
Les expériences faites ont été concl uantes :
des ouvriers alimentés en série par elle ont
fourni un rendement meilleur avec une fatigue
moindre.
Ils ont pris goût à cet aliment dont ils ont
apprécié les qualités et ils en ont réclamé pour
bénéficier de ses propriétés stimulantes.
Des essais faits au pénitentier de Poulo-
Condore ont été des plus favorables.
Produit d'une haute valeur alimentaire,
d'une saveur agréable, stable, de conserva-
tion parfaite, la farine raffinée de poisson
obtenue à la suite des études du laboratoire
de Canda peut être une source de prospérité
pour le pays.
Le grand lac du Cambodge à lui seul, est
capable de fournir annuellement 20.000 ton.
nes de cette farine, d'une valeur locale de
250 piastres la tonne.
Le raffinage élimine des farines brutes, des
matières grasses dont le rendement varie de
20 à 45
Les études des chimistes de Canda ont
Psrmis d'utiliser les huiles de poissons pour
i* usage industriel et l'huile de Ca-Moï (Do-
romosa nasu4), peut-^tre employée comme
aliment des moteurs à combustion.
Certes les prix de cette huile sont sensi-
blement supérieurs à celui des huiles lourdes
de pétrole. Il est intéressant cependant de
constater que dans l'Indochine où on ne
connaît aucun gisement de pétrole, il peut
être avantageux d'avoir sur place un produit
capable de le remplacer dans certains cas.
D'autres applications industrielles sont pos-
sibles puisque cette huile, cbnt les propriétés
siccatives ont été mises en évidence, peut
remplacer avantageusement l'huile de lin dans
la peinture. Elle peut servir à faire des sa-
vons et à traiter les cuirs. Elle a même des
propriétés alimentaires, à condition de la dé-
barrasser de son odeur par des procédés chi-
miques assez rapides et peu coûteux.
C'e. surtout dans la fabrication du
« Nuoc-Mamms » indigène que l'influenc,
dos travaux des chimistes de Canda s. est fait
le plus sentir. On sait que le « Nuoc-
Mamms » est une préparation annamite obte-
nue par l'autolyse de la chair de poisson.
Ce condiment national devait sa réputation
bien méritée à sa saveur spéciale que seuls
des produits fabriqués par les procédés lo-
caux pouvaient obtenir.
L'inconvénient de ces procédés était leur
longue durée puisqu'il fallait six mois pour
que l'opération soit terminée.
Jusqu en 1928, les tentatives faites par
l'industrie n'avaient abouti qu'à la produc-
tion d'un autolysat impropre à la consomma-
tion locale, car il était dépourvu de l' arôme
particulier du « Nuoc-Mjtmms » indigène.
Après des observations répétées, les cher-
cheurs de l'Institut Océanographique décom-
posèrent la fabrication des « Nuoc-Mamms »
en deux phases successives ; une première
phase d' autolyse et une deuxième phase de
fermentation. Ils constatèrent que le chlorure
de sodium employé à saturation par les indi-
gènes, malgré ses propriétés antiseptiques
réelles, puisqu'il empêchait la putréfaction,
n'était pas un obstacle aux fermentations
figurées qui donnent au produit son origina-
lité et sa saveur propre.
L'inconvénient de l'emploi du sel à satu-
ration était double ; d'abord bien que n'em.
péchant pas les fermentations nécessaires, il
les retardait de plusieurs mois.
Ensuite son pouvoir antiseptique réduit lais-
sait parfois se produire certaines fermentations
secondaires putrides, qui altèrent le goût
du produit et la valeur nutritive par transfor-
mation de l'azote aminé en azote ammoniacal.
Ces inconvénients n'existent plus avec la mé-
thode nouvelle qui peut se résumer ainsi :
A la chair de poisson est ajouté un anti-
septique volatil à l'abri duquel se poursuit la
première phase d'autolyse qui dure quatre ou
cinq heures et la transforme en un produit
de dédoublement de matières protéiques.
Dans un deuxième temps très rapide on
élimine l'antiseptique volatil, puis dans une
troisième, l'autolyse stérile obtenu est en-
semencé avec une culture contenant des mi-
cro-organismes susceptibles de provoquer les
fermentations figurées nécessaires pour don-
ner un mélange t'odeur et la saveur recher-
chées.
En 24 heures, 48 heures au plus, ces deux
dernien temps sont effectués. En six joun
au maximum, on fabrique avec sécurité un
produit identique au célèbre condiment an-
namite pour lequel six ans de préparation
étaient nécessaires.
On comprendra toute la valeur des métho.
des nouvelles si l' on songe que 100.000 ton-
nes de produits sont mis dans le commerce
chaque année et que la valeur en est d envi-
ron 10.000.000 de piastres. Avec le procédé
nouveau, une production plus grande est faci-
lement réalisable.
Je me résume : Une connaissance appro-
fondie de la topographie sous-marine, des
diverses espèces de poisson, de leur repro-
duction habituelle, de leurs migrations, rend
la pêche plus facile et plus fructueuse.
D' autres méthodes nouvelles permirent de
tirer de la chair de poisson non consommée
fraîche des produits recherchés d'une valeur
économique réelle.
Voilà le résultat pratique des travaux per-
sévérants des savants de l'Institut Océanogra-
phique de Canda.
Ajoutons à cela de nombreuses découvertes
purement scientifiques qu'ils ont faites et nous
aurons le bilan de leur activité.
N'est-elle pas digne des plus vifs éloges.
tamiite Briquet
Député de t'Eure,
Membre de la Commission de l'Algérie,
des Colonies et des protectorats.
Tu te rends compte.
POUSSE-POUSSE OU TIRE-TIRE?
Il y a vraiment des minutes où l'on regteite
qu'Alphonse Allais et Courteline ne soient
plus de ce monde. L'un ou l'autre vous eus-
sent, d'une plume légère, narré par le détail
la discussion qui eut lieu l'autre jour au Co-
mité d'organisation de l'Exposition coloniale.
lorsque. mais n'anticipons pas.
Vous savez sans doute qu'il .y aura à Vin-
cennes, comme dans toute exposition qui se
respecte, un petit chemin de fer pour les
- visiteurs. Le Comité avait pensé qu il serait
également de la plus belle couleur locale
d'avoir quelques-unes de ces voitures légères
à deux roues qu'un boy lire en courant et qui
rendent tant de services en Indochine et au
Siam. La discussion était presque close quand
une voix se fil entendre. - -
« Comment, on va jaire tramer des nom-
« mes par d'autres hommes ? L'Humanité,
« messieurs, se révolte en pensant à cet escla-
« Vage d'une autre ère 1 Que va-t-on penser
« de nous 1 »
Un long silence s'abattit.
« Ah ! * diable 1 » fit quelqu'un.
Un jeune membre du bureau voulut dissi-
per le nuage :
« Mais pardon. Ce n'est pas d'aujourd'hui
« que les Parisiens verront des voitures pous-
« sées par les hommes. Bien des livraisons se
« font encore ainsi.
« Ah 1 permettez, elles sont poussées et
« non tirées. Ça fait une singulière nuan-
« ce. »
Bref, au bout de vingt-trois minutes, le Co-
mité décida qu'il y aurait des pousse-pousse à
l'Exposition Coloniale. mais pas de tire-tire.
Quand je vous disais que Courteline aurait
pu en faire une petite merveille.
J. A.
REMEDE SOUVERAIN
Vous que la neurasthénie ou l' hypocondrie
guetteni, dirigez-vous vers les arcades du Pa-
lais-Royal Dans leur ombre amie des loisirs,
une administration prévoyante à placé mille
objets provenant des quatre coins du monde :
peaux, bracelets, masques, sagaies, dont l'in-
fluence se mêle étrangement aux souvenirs du
Grand Cardinal et de trois siècles de vie pari-
sienne. Essayez de découvrir la pièce secrète
où d'aimables fonctionnaires sont chargés d'ai-
guiller vers notre empire colonial les Français
touchés par le malheur des temps. Séduisez-
les, faites-leur parler des demandes d'emploi
qui leur sont adressées et des suites qu'elles
obtiennent. Quel Courteline utilisera ce pré-
cieux trésor ?
Tantôt, une jeune fille attardée, aussi noble
que peu fortunée, se présente comme la demoi-
selle de compagnie pour vieux ménages colo-
niaux. Tantôt, un fabricant d'orgues désire
exercer son industrie au centre de l'Afrique,
ou bien un jeune montagnard se référant de
ses souvenirs de première communion et d'une
ascension au Mont-Blanc, se sent apte à être
élu chef de tribu (sic), cette dernière demande
était chaleureusement appuyée par un de nos
plus graves sénaleurs.
Pendant la guerre, un blessé dont l'état exi-
geait une intervention chirurgicale immédiate,
ne pouvait supporter chloroforme ni éther ou
tout autre anesthésiant. On eut l'idée de lui
lire des circulaires ministérielles. Au bout de
la deuxième, blessé, chirurgien, aides, tout le
monde dormait.
Sans craindre un pareil destin, guidez vos
pas vers les arcades du Palais-Royal et leur
ombre amie des loisirs, 6 vous que la neuras-
thénie ou l'hypocondrie guettent.
B. C.
e.8
Retour de la Martinique
M. Delmont, sous-secrétaire d'Etat aux
colonies, débarquera au Havre vendredi par
le paquebot Macoris.
Méditations sur 1 âme nègre
«»«
~~1
- Nil .1
mm -0FA
IL :!'!
N a beaucoup écrit sur
l'âme nègre. On
écrira beaucoup en
core.
Et des choses
contradictoires. Ce-
la n'a rien d'éton-
nant, car enfin y a-t-il une âme nègre, et, à
travers la diversité multiple des races, des
idiomes, des maurs, retrouve-t on les mêmes
traits essentiels, fixes, permanents?
Mais cela est plus étonnant quand, les
contradictions sont dans le même dessin psy-
chologique, dans la même page. le relève
dans un portrait, fort, intéressant d'ailleurs,
de l'âme nègre ces deux af firmations à pei-
ne séparées par quelques lignes d'intervalle.
« Le nègre, c'est entendu, n'a aucune tra-
dition. Mais il a un passé, un passé qui ,",
duré très longtemps et duquel il a salltl:, sans
transition, dans le présent.
Pour penser à Vavenir, il faudrait que le
nègre etÎt un passé : il n'y a pas d'hier et il
n'y a pas de demai" pour les gens de cou-
leur. »
l'hésite, et il y a de quoi. /'entrevois sans
doute une sorte de conciliation entre ces
deux affirmations qui se Ilelirlatl. Mais je
ne fais que l'entrevoir, et peut être aurait-il
été préférable de ne pas laisser au lecteur le
soin de la découvrir ou de l'imaginer à sa
fantaisie. Pour moi, je la chercherais du
côté de cet ensemble d'observatiopis qu'il n'y
a pas eu pour la race noire « cet âge moyen
qui forme le goût et les mœurs » (encore que
cette expression même soit vague et tant soit
feu inquiétante, quand elle vient sous la
plume d'un Européen de vieille civilisation,
pour lequel la formation des mœurs et des
goûts est soumise à des lois qui n'ont certes
pas de valeur universelle), que, si pour les
Occidentaux évolués, hier ce n'est pas tout à
fait le passé, « pour le nègre, hier ou il y a
deux siècles, c'est la même chose ». Pensée
qui prend ailleurs une forme plus concrète et
plus saisissante : Qu'a-t-il derrière lui 1
Rien « son père était aussi ignorant que son
plus lointain ancêtre. »
A qui la faute? Pas à lui-même, nous dit-
on ; au cours des siècles où on l'a maltraite,
on lui a appris à ne s'attarder à rien Voi-
re. On tn'accord cra du moins que, pour cela,
il n'avait pas besoin de leçons. Il est très
vrai qu'il y a en chaque nègre un anarchiste
individualiste ; il est moins vrai que cet in-
diviàualiste, que cet anarchiste s'ignore. « Au
fond, c'est l'indépendance, c'est même la vé-
ritable indépendance : le nègte ne s'attache à
rien de ce qui n'est pas la vie quotidienne,
et c'est ce qui donne à sa vie ce mouvement
pittoresque et cette allure d' heureuse fantai-
sie P. C'est la véritable indépendance contre
laquelle aucune force extérieure ne saurait
prévaloir ; « le pauvre noir » lui-même était
indépendant ; esclave. ïl était libre, autre-
ment que le sage antique, autant et peut-
être plus que lui.
Mais encore une fois tout cela ri est pas
l'œuvre de Véducation, c'est l'œuvre de la
nature, plus rebelle à discipliner que sous
d'autres cieux, ne serait-ce que parce qu'elle
offre moins de rhiJtallce. Et, tout d'un
coup, sans passer par « le moyen âge », notre
noir est convié au banifuet longuement, pa-
tiemment préparé pour les générations occi-
dentales : « 'il a voulu, en un jour, goûter à
tout, il a autant de fierté à apprendre, à être 1
savant (Ju'à être bien vêtu. » Rupture brutalc,
puisqu entre le passe et aujourd'hui, hier n'a
pas ménagé de transition. Nous serions plus
rassurés s'il était exact que « le nègre n'en-
visage le progrès que quant à sa propre pcr-
sonne w. Mais il nous semble que. son indi-
vidualtsme anarchiste ne peut quêtre prof on
dénient entamé le jour on il devient savant,
le jour où il s'habille bien, je veux dire : à
Veuropéenne. Le voilà qui forcement s'élève
du particulier au général, de l'individuel à
l'mziversel. Mal, très mal, c'est évident. Tout
cela se fait trop vite. Révolution, et non
évolution. Mais prenons garde ; il se pour-
rait bien que là, et non ailleurs, fût le grand
secret de l'avenir des politiques coloniales
sur noire planète. Réfléchissons.
Mario Ate uadranj
Senateur de l'Hérault,
encicn ministre,
Vice-président de la Commission des Colonies.
4060-
M. Morau. gouverneur
de la Banque de France
démissionne et passe i la B P. P. B.
..-
Il est depuis hier officiel que M. Moreau,
gouverneur de la Banque de France, quitte
son poste. M. Morct, sous-gouverneur, sera
probablement désigne aujourd'hui même
pour remplir ses fonctions.
A la demande même de M. Jules Cambon,
actuel président du Conseil de la Banque de
Paris et des Pays-Bas, M. Moreau a accepté
la future présidence de cet établissement
dont on connaît bien les attaches coloniales
et les heureux travaux transmaritimes,
Le général Jordana viendra
saluer M.Doumergue au Maroc
«♦»
Le général Jordana, haut commissaire espa-
gnol au Maroc, viendra le 16 ou le 17 octo-
bre saluer le Président de la République
Française.
Le général Jordana rendra ainsi la visite
I que le Résident général 6t aux souverains
I espagnols Ion de leur voyage au Mwc.
Que se passe-t-il
à la Guyane ?
Ce n'est point d'hier seulement que les
mécontentements grondent dans notre colonie
sud-américaine. Dernièrement, les Annales
Coloniales signalaient « l'affaire de l'Inini »,
simple combinaison lancée par un parlemen-
taire désinvolte avec l'appui secret d' une ban-
que de dixième ordre, mais de haute envolée.
Il convient aujourd'hui de mettre en lumière
le conflit qui règne entre l' honorable gouver-
neur M. Siadous et la Commission Coloniale.
Sans doute, le rôle d'un représentant de
! Ejtat à la Guyane est chose délicate, encore
que bien des préfets de France et bien des
gouverneurs n aient point à leur disposition une
main-do œuvre aussi militarisée que sur les
bords du Maroni, des possibilités commer-
ciales aussi nettes et aussi précises. Mais là
n'est pas tout à fait la question, puisque M.
Siadous. fort bien noté au Ministère, peut en-
core réussir et réaliser les espérances que l' on
fondait sur lui. D'ailleurs, la querelle politi-
que, dont le malheureux et gênant Galmot fit
les frais, envenime encore des esprits exacer-
bés par un climat spécial et des conditions
anormales de vie. Il convient donc de prendre
garde et ne s'avancer qu' avec circonspection
dans la forêt nous allions dire dans le ma-
quis de la Guyane.
- Quoi qu'il en soit. la Commission coloniale,
composée de MM. Tell, président; E. Va-
lette. Ph. Saccharin. F. Rambaud et A. Dar-
nal se réunit à Cavenne voici quelques se-
maines. Le secrétaire général l'éternel sa-
crifié de l' Administration représentait le
Gouvernement.
Tour à tour. les membres déplorèrent l'état
lamentable de la salle de t'hôpital Saint-
Denis affectée à des dames fuyantes, avec son
toit qui laisse voir le ciel. ses lits depuis dix
ans sans moustiquaire, son plancher vermoulu,
etc., etc. A ce taudis, une Commission, com-
posée de conseillers généraux et de notables,
devait apporter les modifications indispensa-
bles. Mais la Commission a été dissoute par
ordre supérieur ces temps derniers. Elle était
évidemment inutile, puisqu'on avait décidé de
livrer les femmes des fonctionnaires et des co-
lons à la crasse et à la vermine de cet établis-
sement sanitaire. Devant cette émotion, le
Gouverneur écrivit à la Commission une lettre
qu'il serait trop long de reproduire ici. Il dé-
clare en substance que des moustiquaires (arti-
cle de couchage obligatoire pour les transpor-
tés en cours de peine l) sont données « aux
personnes qui les demandent » (!?), que le
bâtiment n' est point si délabré qu'on veut bien
le dire, que les ressources de la colonie ne
permettaient point la remise à neuf de bâti-
ments arrivés à la limite de la vétusté, qu'il
serait bon enfin que le Conseil Général autori-
sât le transfert des services à l'hôpital colo-
nial.
On fit observer alors que l'hôpital colonial
n'était pas en meilleur état, puisque le méde-
cin-chef avait failli passer au travers du plan-
cher pourri de son logement.
Sur cette question, vint se greffer celle des
routes. On signala notamment la véritable fon-
drière qu' est le tronçon qui va de Montjoly au
Diament et au dégrad des cannes. Le secré-
taire général répondit que toutes les routes ne
pouvaient être refaites en même temps et que
la réparation du tronçon signalé serait effec-
tuée en son temps. Malheureusement, et com-
me un fait exprès, c' est par cette route que
doivent passer quelques-uns des membres de
la Commission pour se rendre dans leurs chan-
tiers. Comme certains de ces membres sont,
d'autre part, assez mal avec le maire M. Go-
ber que soutient un influent personnage politi-
que depuis l'affaire Galmot, il était naturel
que les personnes lésées associent ces deux
affaires.
Sur une lettre de M. Siadous, la controverse
s'envenima à un tel point que la Commission
coloniale se vit un moment réduite, devant les
vains efforts de dix-huit mois, à démissionner
purement et simplement. Elle rappela la situa-
tion lamentable des quais qui ne permettent
point aux voyageurs de débarquer avec sécu-
rité, des routes qui ne souffrent point un trafic
normal, des mille et une tempêtes qui fondent
sur la colonie et font qu'avec un budget de
plusieurs millions et des moyens d'exploitation
efficaces et puissants, cette même colonie est
en vérité plus pauvre qu'aucune autre.
Evidemment, il est sans doute des exagéra-
tions, filles de la politique et fleurs du climat.
mais un vieux proverbe de chez nous assure
qu'il n'est point de fumée sans feu.
Depuis plus de six ans, on répète trop sou-
vent :
Que se passe-t-il à la Guyane ?
Jacques Alpllaud.
- go">
Dans la Marine coloniale
ce <––
Le Vice-Amiral Herr
prend le commandement des forces
navales en Extrême-Orient
Le vice-amiral Herr et le capitaine de
vaisseau Petit sont partis pour Marseillc, où
ils s'embarqueront demain à destination de
Saïgon. Le vice-amiral Herr va prendre la
succession du tontrc-amiral MouRct, dans le
commandement de nos forces navales en
Extrême-Orient. Le capitaine de vaisseau
Petit, qui sera son principal collaborateur,
remplacera le capitaine de vaisseau Fernet
dans le commandement du croiscur-cuirassé
Waldeck-Rousseau. Depuis bien avant la
guerre, c'est la première fois qu'un vice-
amiral est placé à la tête de notre division
des mers de Chine.
LIRE EN SECONDE PAGE :
Un chemin de fer Camoroun-Oubangui-
Tchad.
La protection des vins français dans noe
colonies. 1
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
LA SECTION TUNISIENNE
Non loin du Maroc et de l'Algérie, à Vin-
cennes, un grand palais candide, avec patio
extérieur, marquera d'une énorme pierre
blanche, le destin fortuné de la Tunisie.
Une reconstitution fidèle des souks de Tu-
nis entourera le pavillon principal. On ne
peut que se féliciter de cette heureuse idée.
La foule., de toute évidence, y courra
d'abord. Ce sera de Belle couleur locale et
c'est de bonne psychologie.
Souk du cuir. - Souk des étoffes, des fem-
mes, des chéchias, des parfums. Petites bou-
tiques, serrées comme marrons dans un sac.
Ktalages chatoyants de babouches jaunes, de
harnais saignants cloutés de cuivre, de mains
de Fatma d'or, de bracelets lourds. Mar-
chands aux yeux de feu, accroupis, qué-
mandeurs, colorés. Cela n'eft-il pas bien
fait pour attirer et retenir le Français né ba-
daud ?
Il le sera La poussière, l'odeur diverse,
la chaleur des souks et le piétinement érein-
tant l'amèneront "de lui-même, dans l'ombre
fraîche du patio. Et, de là, au grand palais,
il n'y aura qu'un pas.
Le pas franchi, c'est toute la vie ardente
et généreuse de la Régence que nous aurons
sous les yeux.
Dans la salle centrale, un nombre impo-
sant de stands s'offriront à la curiosité pu-
blique. Pour mieux frapper l'esprit du visi-
teur, au-dessus de chaque stand, un panneau
décoratif ou un diorama illustrera d'une fa-
çon caractéristique, l'exploitation du pro-
duit.
C'est ainsi que le secret de l'opulente for-
tune des olivettes sfaxiennes nous sera dé-
voilé par l'image de la taille et de la récolte
des oliviers. La fertilité des oasis apparaî-
tra dans la cueillette des dattes à Tozeur et
à Nefta, dans la culture potagère et fruitière
des palmeraies de Gabès, d'El-Oudiane, de
Gafsa. Tableaux qui ne manqueront ni de
bleu, ni de vert, ni d'or, j'imagine. Les res-
sources prodigieuses de la mer pourront se
dénombrer au long d'une marine indigo :
Sarcolêves revenant de la pèche aux épon-
ges. Equipes brunes, Jà bord des barques,
ramenant le trident ou guettant la remontée
des scaphandriers. Flottilles alourdies de
poissons de toutes sortes. L'activité indus-
trielle sera peinte par les huileries de îitax
et de Sousse, sans doute. Par les intérieurs
de potiers les fours, les milliers de gargou-
lettes séchant au soleil de Nabeul et de
Djerba. Par le tissage des tapis de Kai-
rouan, la distillation des orangers et des
roses. Le travail des ébauchons de pipes de
bruyère nous parlera de la grande forêt
Kroumire et les récoltes de liège attesteront
son inépuisable richesse. Dans le domaine
minier, peut-être verrons-nous. les entrepôts
des Mines de Douaria et de la Société Gé-
nérale des Houilles et Agglomérés se re-
fléter dans l'eau claire de la baie de Sébra.
L'exploitation des phosphates de Gafsa. Les
mille wagonnets, courant sur le gros talus
rouge des mines de fer, de zinc et de plomb
de Sidi-Driss
Les autres salles d'exposition seront con-
sacrées à l'organisation économique et aux
œuvres sociales de la Régence. Parmi ces
dernières, le stand de l'Enseignement ne
sera pas le moins. instructif en matière de
colonisation. Mais, je conseillerai particuliè-
rement à certaines institutrices, à certains
instituteurs de ma connaissance, d'aller
méditer quelquefois (et le plus souvent pos-
sible durant l'Exposition) devant l'histoire
scolaire de Kerhennah et de ce petit village
de pêcheurs, perdu là-bas, près de Gabès.
Ils auront tout à y gagner : patience, cou-
rage et bonne humeur.
Au surplus, il ne sera pa,; de visiteur
qui, entré content au Palais de la Tunisie,
n'en sortira ravi et éma.
I Mirane-Marcette Defflns.
Les échanges entre la Suisse
et l'Afrique du Nord
»*-.
Le trafic est encore assez faible tant à
l'exportation qu'à l'importation, entre la
Suisse et l'Afrique du Nord.
En 192g, la Suisse exportait en Algérie et
en Tunisie environ 4.162.000 francs de mar-
chandises, et en importait pour une valeur
légèrement supérieure, soit 4.900.000 fr. Les
livraisons de la Suisse à l'Algérie et à la
Tunisie portent essentiellement, en ce qui
concerne les produits alimentaires, sur le
lait condensé, les fromages et les farines
alimentaires. Dans la branche textile, se sont
les châles et écharpes et quelques articles de
soie qui font surtout l'objet des ventes de la
Suisse. En ce qui concerne les « machines »,
la Suisse vend surtout des moteurs et du ma-
tériel pour les usines alimentaires. Les ou-
vrages en aluminium de fabrication suisse
sont également recherches par les deux pays
nord-africains.
La Suisse demande surtout à F Algérie et
la Tunisie, des primeurs, des légumes, des
fruits, des céréales et des vins.
En revanche, elle vend au Maroc des pro-
duits pour un chiffre trois fois supérieur à
celui de ses importations marocaines. En
IC)2<), les entrées de produits suisses au Ma-
1929, s'élevaient à 3.405.000 francs. Elles por-
roc
taient essentiellemen: sur des produits ali-
mentaires tels que le lait condense et sté-
rilisé, sur certaines spécialités de textiles,
telles que les broderies sur plumetis et cer-
tains articles de soie, sur les tils de cuivre,
les raccords de tuyaux, les moteurs, etc.
Le Maroc cependant envoyait en Suisse de
l'orge, ¡<\cs phosphates, de la laine brute,
de la cire d'abeilles, soit, en tout, pour
1.127,000 francs de marchandises,
- ------- -
Des essais de radiophonie
entre Paris et Rabat
Des essais de radiophonie ont été tentés
entre Rabat et Paris. Ils ont obtenu un
succès complet.
M. Duheauclard, directeur des P. T. 7.
au Maroc, a communiqué, dans des rondi-
ttons parfaites, avec cinq ou six abonnés
1 parisiens. (Par dépêche.)
Oepeches de l'Indochine
»♦«
Le voyage de M. Pasquier en Annam
et au Tonkin
Le Gouverneur f/elléral est arrivé à Vinh
le 23 septembre âcconipayné dit Hésident
supérieur d'Annam et de l'envoyé du Gou-
vernement annumitc. Il eut une conférence
avec les autorités françaises et indigènes
du Njihean et de Ualinh ; il prit diverses
mesures pour poursuivre les agitateurs. Il
s'est rendu ensuite au casernement de la
garde indigène qu'il a passée en revue et
a félicitée ; puis, il remit des médailles et
des récompenses aux brigudes de Vinh et
de Ilatinh.
Le chef de la colonie (t fait afficher une
proclamation aux habitants du Nqhéhn et
du fIatinh. Il est arrivé à Hanoï, le 24
dans la nuit.
Le ministre du Commerce siamois à Saïgon
Le prince Purachatra, ministre du Com-
merce et des Communications au Siam qui
effectue actuellement un voyage en Ex-
trême-Orient pour étudier divers marchés
et les moyens de remédier à la crise écono-
mique qui atteint actuellement le Siam
comme les autres pays d'Extrême-Orient
est"arrivé œ Saïyon: à bord du Porthos.
Il repartira dans qucbiues jours sur le
même navire pour llong-Kong.
Indopncifl.
Un appel de détresse
des planteurs coloniaux
Les deux délégués de Madagascar vien-
nent de recevoir de leurs mandants un véri-
table appel de détresse au sujet de la mé-
vente des cafés de notre grande possession
de l'océan Indien Jis ne parlent de tien
moins que de laisser leurs plantations a
l'abandon, au cas où les Pouvoirs publics
ne leur accorderaient pas l'aide qu'ils ré-
clament.
On sait, d'autre -part, que les planteurs
de caoutchouc de l' I ndochine en sont arri-
vés à ne plus saigner leurs arbres. Après
une période de prospérité inouïe et qui par
tela même ne pouvait indéhniment durer,
c'est le marasme absolu. Il semble bien
qu'il y ait place au moins poui un moyen
terme.
Il convient d'autant plus de remédier à
ces deux situations, que nous ne cessons de
conseiller à nos colonies de produire tou-
jours davantage et que c'est précisément
dans ce but que nous allons mettre à leur
disposition les milliards nécessaires à leur
complet équipement.
La logique veut donc que les produits co-
loniaux trouvent, et d'abord chez nous, des
placements rémunérateurs.
C'est la question qui sera très prochaine-
ment examinée par les ministres, en atten-
dant que les Chambras se prononcent sur les
projets qui leur seront soumis.
La Chambre de Commerce
et le port de Tananarive
"et
Il résulte de la lecture des journaux de
Madagascar que le mode d'exploitation du
futur Port de Tamatave, met déjà en confiit
la Chambre de Commerce de cette dernière
ville et celle de Tananariv.
L origine du démêlé est que le Gouverne-
ment général a accordé à la Société des Ma-
gasins généraux depuis longtemps 1 chargée
des opérations d'acconage, de mise en maga-
sin et de livraison des marchandises, le pri-
vilège de participer pour 18 et jusqu'à
concurrence de 2.450.000 francs, à la créa-
tion de l'organisme d'exploitation du Port,
loisque celle-ci sera conliée à une Société
concessionnaire. Ce pourcentage sera aug-
menté de demi pour cent par tranche de
500.000 francs de la valeur des nouvelles
constructions que. pourrait édifier la dite So-
ciété, laquelle est cependant expropriée au
même titre que tous les autres propriétaires
de la Pointe Hastie. De plus elle aura le
droit de transférer à toute autre Société les
droits résultant cte cette convention.
L'octroi de cette participation consentie
bien avant la lettre, aurait principalement
pour but d indemniser la Société des Maga-
sins généraux d'une expropriation qui frap-
pera ses constructions du fait du creusement
du port.
Pas de privilège, disent les Tamataviens ;
que tous les expropriés reçoivent un traite-
ment égal, c'est-à-dire soient dédommagés
en espèces, et cela pour qu'aucune hypothè-
que ne grève le port à construire.
La Chambre de commerce qui s'est tou-
jours élevée contre la Concession du Port à
une société privée, revendique, comme les
chambres métropolitaines, le droit d'outillet
et d'administrer le port, ce qui ne veut pas
dire d'assurer les opérations d'embarquement
et de débarquement. L'outillage qu'elle au-
rait réalisé aurait été simplement mis à la
disposition des- usagers, suivant un tarif dé-
terminé, comme à Marseille ou au Havre.
Elle n'aurait fait que conserver la haute
administration du port, sous le contrôle du
Service maritime, pour surveiller les tarifs,
maintenir l'ordre et procéder aux améliora-
tions nécessaires, laissant aux batelages et
aux compagnies de navigation la partie pu-
rement commerciale. Sa gestion aurait pré-
senté l'avantage de n'avoir pas à rémunérer
des actionnaires et un Conseil d'Administra-
tion, les recettes étant destinées uniquement
à faire face à l'amortissement des emprunts
émis et à l'extension de t'oulillage, les tarifs
devant être obligatoirement abaissés au delà
d'un excédent de recettes déterminé.
Nous n'avons pas à prendre parti dans ce
débat. Nous émettons se- nent l'avis que
dans l'administration d'un? t. comme dans
celle d'un chemin de fer, la nlus grande
vigilance s'impose, pour qftte ». isage d'un
outil dont ( eut dépendre la vie "onomicplC
d'une légion ou même d'un, pays, sslire la
satisfaction des besoins de la collcc.,'vité au
lieu de faire, les affaires d'un groupe.
P.-c. (ïeorges FrançoSm
Gouverneur honoraire dej Colonie*.
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