Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1930-09-23
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 septembre 1930 23 septembre 1930
Description : 1930/09/23 (A31,N141). 1930/09/23 (A31,N141).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6280797m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
lRENTE.ET.UNJEMJIJ AiNNfcE. N* 141.
LE NUMERO : 10 CENTIMES
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Rédaction & Administration :
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Les Annales Coloniales
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"N refflduits qu'm citant les Am,&Lu CoLOlllWl8.
ABONNEMENTS
avec la Revue mensuelh :
Un an 6 Moi. 8 al.
France et
Colonies 180 n 100* Mt
Étranger.. 240 » 125 » 79 »
On s'abonne sans trais dans
tous les bureaux de poste.
Les grands travaux de la Guadeloupe
J'ai retracé ici, périodiquement, depuis
deux ans, les étapes successives du rude ef-
fort de reconstruction entrepris par la Gua-
deloupe après le cyclone du 12 septembre
1928 pour réparer ses ruines publiques et
privées.
Tout d'abord il fallut procéder aux remi-
ses en état provisoires indispensables à la
reprise de la vie économique et sociale dans
la Colonie. Puis ce fut l'étape de recons-
truction proprement dite qui devait permet-
tre de rétablir, dans des conditions, si pos-
sible, améliorées, ce que le cyclone avait dé-
truit.
La reconstruction de la Guadeloupe cyclo-
née, au cours de ces deux premiers stades,
bénéficia d'un ensemble de mesure (aide de
la métropole sous la forme d'une subvention
extraordinaire de 100 millions et de presta-
tions allemandes en nature remboursables
sans intérêt, avances du Crédit National et du
Crédit Foncier de France) sans lesquelles
l'avenir de la Colonie eût été compromis pour
de longues années, malgré l'inlassable acti-
vité dont firent preuve, durant cette période,
aux côtés de M. le Gouverneur Tellier, le
Conseil Général, les Municipalités et les po-
pulations guadeloupéennes.
Grâce à la collaboration du Gouvernement
avec la Représentation Parlementaire et les
Pouvoirs locaux, et malgré certaines lenteurs
ou obstructions administratives regrettables,
l'oeuvre ainsi commencée au lendemain du
cyclone est maintenant en bonne voie et ce
n'est pas sans fierté que je porte témoignage,
en ce deuxième anniversaire du cyclone, que
la Guadeloupe dont je n'ai jamais désespéré
aux jours les plus sombres de la catastrophe,
recommence à vivre d'une vie normale et que
sa convalescence s'achève. Aussi le moment
a-t-il paru opportun à ceux qui ont la charge
des destinées de notre vieux Département
d'outre-mer, de faire un nouveau pas dans
la voie du progrès et d'amorcer dès mainte-
nant, la réalisation d'un programme beau
coup plus vaste qui fut de tout temps, à la
base des conceptions de la démocratie guade-
loupéenne, désireuse de faire de notre belle
Ile d'Emeraude, une Colonie toujours plus
saine, plus prospère et plus aittrayante, en
face des Colonies étrangères de la Méditer-
ranée américaine.
Ainsi, le Conseil Général, réuni en session
extraordinaire le 9 août dernier, sous la pré-
sidence de M. Justin Archimède, Maire de
Morne-à-l'Eau, a procédé à l'examen et au
vote d'un programme de grands travaux éta-
bli par l'administration en collaboration avec
les Représentants élus de la Colonie, qui doit
entraîner une dépense totale de 345 millions,
répartis sur une période de douze années.
Douze années, dira-t-on, ce n'est guère dans
la vie d'une Colonie qu'il s'agit de trans-
former en la modernisant au double point de
vue social et économique. Mais c'est une
déjà longue période de vie humaine, suffi-
sante pour mener à bien une œuvre à objectif
limité. Or, ceux qui ont conçu et préparé le
programme actuel de grands travaux n'igno-
rent pas que le plan général de modernisa-
tion et d'embellissement de la Guadeloupe
devra comporter plusieurs étapes. Il faut
leur savoir gré d'avoir ce qui était peut-
être le plus difficile franchi le premier
pas dans la voie d'une rénovation qui, si
elle est poursuivie avec persévérance et téna-
cité, est appelée à transformer de la façon
la plus heureuse les conditions de vie dans
la Colonie.
Dans le rapport si remarquable et si docu-
menté qu'il a présenté au Conseil Général au
nom de la Commission financière, sur cette
importante question, M. Charles Volanges
Romana n'a pas manqué de souligner que
parmi les premiers travaux à envisager, « il
faut comprendre les routes et chemins, les
ports, l'éclairage et le balisage des côtes, tou-
tes choses facilitant au premier chef les
échanges et contribuant au développement de
la fortune de la Colonie ».
Il a ensuite indiqué la nécessité de pou-
voir compter sur « une main-d'œuvre saine,
robuste, de bon esprit ». « Ces qualités,
écrit-il, qui sont d'ailleurs l'apanage des
a braves gens de la Guadeloupe » ne peuvent
se développer que par l'application d'œuvres
(l'hygiène publique, d'assistance et de jus-
tice sociales. -
« Ces dispositions, jointes à celles déjà pri-
ses ou envisagées par le Conseil Général,
auront l'avantage de retenir à la terre nos
travailleurs agricoles, que le manque de bien-
être et l'insécurité du lendemain contraignent
à abandonner.
« D'autre part, la Colonie se doit, dans le
dévekppenwnt des richesses escomptées, de
prévoir sa légitime part, dans l'édification
de biens fonciers, allégeant ainsi ses charges
futures et lui donnant une physionomie digne
du cadre magnifique dont la nature l'a do-
tée. k
« Enfin, et c'est là un bienfait inapprécia-
ble, ajoute le rapporteur, au cours de ces
grands travaux se formera, par l'exemple, la
main-d'œuvre spécialisée insuffisante actuel-
lement à la Guadeloupe. 1
C'est d'après ces vues générales, que le
Conseil Général, adoptant les conclusions de
sa Commission financière a finalement donné
son approbation au programme suivant :
FRANCS
Routes et Chemins. 98.000.000
Port de POiftte-à-Pitre, - - - - - 32.000.000
Ports secondaires, éclairage
et balisage des côtes 8.000.000
'Assainissement et adduction
d'e~u 61.500.000
Hygiène et assistance.,.,. 21.000.000
Immeubles Administratifs 56.000.000
Electrification de la Guade-
loupe 22.000.000
Enseignement. tg. 500.000
Travaux neufs d'urbanisme et
d'embellissement à Basse-
Terre et dans les Commu-
nes 14.000.000
Divers 15.000.000
TOTAL : 343.500. ooo
Cette première tranche de grands travaux
est, on le voit, tout entière consacrée à Vin-
dispensable : c'est après, seulement, qu'il
conviendra de penser à ce qui serait seule-
ment utile ou agréable.
La même conception prudente a présidé
à l'étude de moyens financiers pour la réa-
lisation des travaux. Ce qui est, avant tout
remarquable, c'est que deux ans après le ca-
taclysme qui a produit dans toutes les parties
de l'Ile les dévastations que l'on sait, la
Colonie puisse envisager d'affecter aux tra-
vaux neufs, sur les ressources ordinaires du
budget un minimum de 4 millions par an,
compte tenu des augmentations de traitement
accordées aux fonctionnaires, des charges de
remboursement des prestations allemandes,
de la quote-part de la Colonie dans le paie-
ment des intérêts dus au Crédit National et
au Crédit Foncier, etc. Quoi qu'en puissent
dire certains éternels mécontents, c'est la
preuve irréfutable du relèvement de la Colo-
nie et aussi de la sagesse avisée avec laquelle
le Conseil Général a su administrer les res-
sources du budget, dans une période Olt, en
raison des ruines causées par le cyclone,
certaines recettes se sont trouvées naturelle-
ment déficitaires.
A cette contribution normale du budget
s'ajoutera celle qui est escomptée du revenu
de certaines taxes nouvelles ou de l'ajuste-
ment de certaines taxes existantes qui n'ont
pas été modifiées depuis les années d'avant-
guerre. Au total, le rendement supplémen-
taire attendu de ces nouvelles mesures doit
être de 12 millions ; il est compté seulement
pour 11.500.000 francs dans le plan finan-
cier.
Ainsi, dès 1931, le budget de la Colonie
pourra disposer de 14 millions par an pour
les consacrer à des paiements directs, ou au
service d'un emprunt en vue de l'exécution
des grands travaux. Pendant les deux pre-
mières années, au moins, l'emprunt ne sera
pas nécessaire ; il sera ensuite réalisé par
tranches jusqu'à la douzième année, et en-
traînera (pour un emprunt de 125 millions,
envisagé) le paiement d'une annuité de 6 mil-
lions 375.000 francs. Au total, le budget lo-
cal pourra affecter directement, aux travaux
neufs, pendant la durée de ces travaux,
154.125.000 francs ; c'est-à-dire une som-
me supérieure à celle qui doit être demandée
à l'emprunt.
D'autre part, la Colonie peut encore dis-
poser pour la réalisation du programme des
grands travaux de : 16 millions affectés aux
travaux publics, restant disponibles sur la
subvention de 100 millions du cyclone et io
millions provenant des 13 millions actuelle-
ment prévus au compte cyclone pour la ga-
rantie des prêts du Crédit Foncier et du Cré-
dit National. Le fonds de garantie de ces
prêts avait été évalué primitivement par la
Commission Tardit, à 16 millions pour 275
millions de prêts. Or le Crédit Foncier et le
Crédit National n'ont prêté, au total que 86
millions. Le Conseil Général a donc estimé,
avec sa Commission financière, qu'il était
suffisant de maintenir un fonds de garantie
de 5 millions, ce qui laissera disponible, dès
maintenant, une somme de 8 millions et per-
met de compter encore, pendant la durée des
travaux sur un complément de 2 millions
correspondant aux remboursements annuels
des emprunteurs. Enfin, il est fait état d'un
crédit de 40 millions en prestations alle-
mandes en nature. En résumé, la contribu-
tion totale du compte cyclone à l'exécution
des grands travaux se montera à 66 millions.
La Commission financière et le Conseil Gé-
néral ont modifié, en ce qui concerne cette
contribution du compte cyclone les prévisions
de l'Administration qui avait fait état de
40 millions supplémentaires provenant de
rentrées escomptées sur les remboursements
de prêts garantis et de prêts d'honneur ; ces
40 millions ne leur ont pas paru, en effet,
pouvoir être comptés comme disponibles, en
raison des démarches entreprises par les par-
lementaires de la Colonie et tendant au non
remboursement des prêts garantis et des prêts
d'honneur.
Le solde des 345 millions, nécessaires, soit
125 millions sera, enfin demandé à l'emprunt
et, pour assurer, dans l'avenir, contre toute
vicissitude, la marche régulière des grands
travaux le Conseil Général a demandé la
création, à cette fin, d'un budget annexe
1 dont l'exécution obligatoire sera réglée par
un projet de loi à soumettre incessamment
aux Chambres.
Tel est, dans ses grandes lignes, le pro-
gramme adopté par le Conseil Général de la
Guadeloupe au cours de sa dernière session
extraordinaire. Comme il fallait s'y alttcn-
dre il a été aussitôt critiqué par quelques po-
liticiens attardés, incapables d'envisager au-
cun progrès social autrement que sous l'angle
étroit de leurs intérêts personnels.
M. le Rapporteur Romana, dans ses con-
clusions, prévoyait l'opposition qui « cer-
tains esprits timorés ou rétrogrades » ne man-
queraient pas de mener a contre ces décisions
qui ne traduisent pas moins la volonté du
pays qui entend se développer par le travail,
dans l'ordre et dans la paix. »
Souhaitons avec lui, en terminant, que les
fonctionnaires de la Colonie veuillent bien
être désormais les Princes charmants qui, se-
lon l'image employée dans son discours d'ou-
verture par M. le Gouverneur intérimaire Le-
febvre, comparant la Guadeloupe à la « Belle
au bois dormant », tireront enfin de son som-
meil léthargique notre belle Karukera.
-.
Sénateur de la Guadeloupe, Vice-Pré-
sident de la Commission des
Affaires Etrangères.
M. François Pietri en Corse
1.1
M. François Pietri, ministre des Colonies,
qui s'était embarqué hier à 17 heures à Mar-
seille à bord du Cymos, est arrivé à Ajaccio
ce matin. Il a été reçu par tous les notables
au milieu des acclamations et des souhaits de
bienvenue.
«QIO-
M. Pierre Bordes
à Amélie-les-Bains
M. Pierre Bordes, gouverneur général de
l'Algérie, a quitté Paris à destination
d'Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales) où
il séjournera pendant quelque temps. Il a
été salué, sur le quai de la gare de Lyon,
par le directeur et le personnel de l'office
de l'Algérie et par des amis personnels.
-–
Le prochain budget des Colonies
Le budget du Ministère des Colonies, tel
qu'il sera déposé sur le bureau de la Cham-
bre avec le projet général, apportera la ré-
forme tant attendue par les coloniaux, c' est-
à-dire la suppression des fonds de concours.
Quant à la réorganisation de l'Adminis-
tration centrale et à la réincorporation, dans
les services de cette dernière, de l'agence
générale, elles feront l'objet d'un projet sé-
paré sur lequel les Chambres auront à délibé-
rer tout spécialement.
e..
La rétrospective des vieilles colonies
à l'Exposition Coloniale
.♦»
Nos trois vieilles colonies : Martinique,
Guadeloupe, Réunion, ont, de par leur âge
même, un passé derrière elles et une his-
toire.
Elles en tirent quelque fierté, et ce senti-
ment se comprend.
Elles comptent donc, à la prochaine Ex-
position coloniale, faire une large place aux
choses d'autrefois et réunir, dans une rétro-
spective, les vieux marbres et bijoux anciens
précieusement conservés dans les familles.
C'est au rassemblement de ces souvenirs
que se livrent les frères Leblond, qui voya-
gent en ce moment à Madagascar, après un
séjour à la Réunion, leur ile natale.
La Martinique, de son côté, se propose de
reconstituer dans son pavillon de Vincennes,
la chambre de jeune fille de l'impératrice
Joséphine. Cela fera un bien curieux pen-
dant à la Malmaison.
Des danseuses noires
à l'Exposition Coloniale
Nous avions annoncé que le successeur de
Sisowath, continuant une tradition, nous en-
verrait son corps de ballet en 1931.
L'Afrique occidentale enverra aussi des
danseuses noires.
Tu te rends compte.
UN GEOGRAPHE QUE SAIT
TRAVAILLER
Le domaine colonial de la France vient of-
ficiellement de s'aggrandir du double.
M. Meunier, géographe au ministère des
Colonies, avait, on s'en souvient, découvert
récemment que la superficie de nos Antilles
était sensiblement supérieure à celle générale-
ment affirmée par les manuels.
Ce fut une révélation. Encouragé par un
tel succès, M. Meunier eut la prétentieuse
curiosité de vérifier le développement des
cotes de France, et le louable et patriotique
désir de remporter un succès aussi brillant
qu aux Antilles.
De 3.130 lem., la longueur de nos côtes
passa donc sous le compas magique de ce pré-
cieux fonctionnaire, à 4.000 km.. ce qui est
une bien agréable surprise.
Empofté par l'enthousicume, notre géogra-
phe s'attaqua au domaine colonial, bien lui en
pris puisqu'il lui découvrit 37.920 fern. de
côtes de France, et le louable et patriotique
connus.
Qu'allait dire l'Europe l Qu'allait penser
l' A ngleterre de cette inquiétante élasticité de
notre littoral?
Epouvanté M. Meunier alla confier ses
trouvailles à M. Dumesnil. Des vérifications
donnaient bientôt raison à notre géographe et
Londres fut averti incontinent J'avoir à réfor-
mer son opinion sur certains problèmes de la
conférence navale
M. Meunier a bien mérité de la Pairie. Il
en méritera bien davantage le jour où il aura
réalisé les projets qu'il a bien voulu nous con-
fier: découvrir 80 millions d'habitants à la
France, et allonger du double le pain de deux
livres.
7 P.
.-– e..
LIRE EN SECONDE PAGE :
Le discours de M. François Pietri là, la
foire méditerranéenne de Marseille.
Pour nos Routes Coloniales
»♦»
N Afrique Occiden-
tale Française le
problème routier
ne semble pas avoir
été abordé encore
avec toute l'am-
pleur désirable.
Question budgé-
taire sans doute,
mais qu'il faut
traiter au plus tôt
avec de larges vues
d'ensemble. Il y faut poursuivre la création
de routes et de pistes assez nombreuses et
praticables pour que les cercles ne soient
plus isolés les uns des autres, et les amé-
liorer constamment jusqu'à les amener à
l'état de routes intercoloniales solides, pour-
vues des ouvrages d'art nécessaires, de fa-
çon qu'en tout temps, aux plus mauvaises
périodes d'hivernage, voitures légères et
camions lourds les puissent parcourir aux
vitesses normales et en toute sécurité.
Question budgétaire, oui, M. Poudcroux,
qui nous conduit à cette conclusion, n'hésite
Pas à aborder le problème financier. Déjà il
a, dans une autre partie de son étude, mon-
tré les fâcheux inconvénients de la façon
dont on exploite les usagers. Sauf à Bama-
ko, où le bac privé fonctionne avec un tarif
homologué, sauf à flingerville où le bac of-
ficiel perçoit le prix du passage contre re-
mise de blilletin, le prix est laissé à la
générosité du public. On comprend ce que
parler veut dire. C'est le « tapage » dans
toute sa beauté. les indigènes ont été mis
par là à l'école de la mendicité : « cela
crée l'habitude du pourboire déguisé, et on
facilite ainsi aux usages peu scrupuleux
l'emploi d'un engin de service public aux
prix les plus réduits P. A passeurs men-
diants, passagers fripons. C'est un beau ré-
sultat.
Quels sont les principaux usagers, inter-
roge M. Pouderotlx? les automobilistes,
puisque les transporteurs qui se servent d'ani-
maux, chameaux et ânes, constituent l'ex-
ception. Supposons que l'on demande à ces
usagers qui sont constamment les victimes
de cet état de choses de payer des taxes nou-
velles sur l'essence, les pneumatiques, etc.,
etc. ils s'y résigneraient volontiers. Mais à
deux conditions : la première, c'est que ces
taxes fussent raisottnables ; la seconde, c'est
que leur montant fut tout entier consacré à
l'extension et à l'amélioration du rheatl rou-
tier.
C'est le même raisonnement que nous
avons si souvent entendu dans la métropole.
De même, pour les bacs, on pourrait exi-
ger de tous les usagers un péage rémunéra-
leur, à la double condition que le taux n'en
ftit pas exagéré et que les recettes sentissent
à couvrir les frais de personnel et d'entre-
tien du bac et des voies d'accès. Aucune pro-
testation ne se ferait entendre, si les usagers
voyaient diminuer peu à peu les inconvé-
nients qu'ils ont à supporter aujourd'hui.
Et M. Pouderoux termine en saluant avec
espoir la création prochaine en Afrique Oc-
cidentale Française d'un vaste réseau rou-
tier, véritablement digne de ce nom. Eh
quoi? s'écrie t il, seules nos routes coloniales
resteraient en arrière dit progrès contempo-
raiu? l-'A.O.F. a une superficie égale à huit
fois celle de la métropole ; c'est un pays où
le temps compte, par tous les moyens il faut
le réduire.
« Partout où le rail peut produire, il faut
créer la voie ferrée ; partout où ce moyen
de transport puissant et rapide ne peut être
immédiatement créé, il faut le suppléer Par
la route. » la route contemporaine coûte in-
finiment moins de travail pour être entre-
tenue que la route antique. Mais elle a la
même valeur civilisatrice. Les légions ro-
maines ont moins fait pour l'unité de l'Em-
pire que les bâtisseurs de routes. Garçons en
avant ! poussez du rail! conseillait Stanley,
lequel avait prévu le splendide avenir de la
région congolaise. C'est bien dit partout où
on le peut, où on le doit. Ailleurs tracez des
routes, sûres, solides, pratiques. Et, s'il est
vrai qu'en A.O.F. le problème routier n'ait
jamais été abordé avec toute Vampleur dési-
rable, ïl n'est jamais trop tard pour bien
faire ; de larges vues d'ensemble, un plan
méthodique et sérieux, une décision rapide
et sûre pour en exécuter les parties au mo-
ment précis où elles doivent, être réalisées.
c'est à cela qu'on reconnaît le grand admi-
nistrateur, celui qui n'a pas besoin de s'oc-
troyer des éloges que la reconnaissance de
la colonie et de la métropole lui payent,
comme une dette sacrée.
Marin ttouatan,
Senateur de l'Hérault,
ancien ministre.
Vice-prêsldent de la Commission des COlonie..
.««+.
L'Annuaire des richesses françaises
d'outre-mer
»+«
En vue de la prochaine Exposition colo-
niatc) le ministère de la rue Oudinot pré-
pare une très intéressante et très utile pu-
blication à l'usage de tous ceux qui s'inté-
ressent à nos possessions d'outre-mer. C'est
un annuaire copieusement et artistiquement
illustré où se trouveront inventoriées toutes
les richesses de nos colonies.
Nous aurons ainsi une vue d'ensemble de
tout ce qui, jusqu'à ce jour, était éparpillé
en cent journaux et revues.
Commerçants^ industriels, historiens ou
simples curieux auront ainsi à leur disposi-
tion une documentation complète d'autant
plus opportune qu'elle arrivera à l'heure
où, grâce au vote du grand emprunt, la mise
en valeur de nos colonies sera la question à
l'ordre du jour,
CINÉMA COLONIAL
Le public applaudit les films coloniaux
En ces temps de réaction on en lira la
preuve dans nos différentes « Revues des
Ecrans parisiens Il il est agréable de
constater que le public s'intéresse et applau-
dit aux bandes tournées dans la France
lointaine. Evidemment ce n'est pas du par-
lant, voire du sonore pur, mais le spectateur
prend un plaisir extrême aux vues exoti-
ques. Les conditions de travail lui étant
connues il accueille sans rien dire une photo
quelquefois médiocre, un angle de prise de
vues mille fois présenté, une luminosité pas
très au point. Il n'ignore point la difficulté
même technique de ce, entreprises et
sait récompenser d'un bravo l'effort et le
labeur.
La salle Marivaux préscIlte, en effet, en
première partie quelques vues maritimes de
Madagascar : Une journée de pêche. Les
photos en sont habiles et la vie parallèle des
hommes et de leurs compagnes est notée de
façon amusante. Mais sans doute rendrons-
nous compte bientôt du film entier, cette
bande n'étant qu'un prélèvement opéré sur
le documentaire tourné dans la Grande Ile.
Au Madeleine-Cinéma figure, également en
première partie, le « compte rendu visuel »
du voyage Alger-Dakar et retour par le
Sahara et Tombouctou. Encore qu'il ne
s'agisse que d'un rapide circuit et de pauses
réservées à différents tams-tams, le public
parisien a suivi avec intérêt les automobiles
au travers des grandes plaines de sable, des
oasis, des villages de l'A.O.F. Il a même
paru assez étonné de voir de belles filles en
place des types jusqu'à ce jour présentés.
C'est là, à tous points de vue, un filin de
bonne propagande, adroitement réalisé, qui
montre ce qu'il convient de faire voir, sans
exagération et sans lourdeur.
A la vérité, il nous manque aujourd'hui
une nouvelle Croisière Noire, un Cimbo
français, une Chanson païenne de chez nous.
Petite revue des écrans de Paris
Ce n'est point une semaine extraordinaire
que nous ont offert les écrans parisiens. Le
« great-cvent » devait être Y Artésienne, de
Jacques de Baroncelli, mais hélas ! l'Arlé-
sienne a, une fois de plus, fait un fiasco
complet. Il appartenait pourtant à l'auteur
de la Femme et le Pantin de transposer en
images, et en belles images, l'âme de la
Provence, ensoleillée dans sa farouche gran-
deur comme dans sa fébrile tristesse. Rien
ne palpite, rien ne vit. Du drame de Daudet
même, si âpre, si théâtral pourrait-on dire,
rien ne subsiste. En place du conflit il n'est
qu'un fait divers banal au milieu d'un do-
cumentaire sur une province de France. Les
éclairages si nous exceptons les extérieurs
sont nuls. On ne sait jamais s'il fait nuit
ou plein soleil. Les projecteurs sont mal ré-
glés, faisant des halos sur les murs. La so-
norisation est très médiocre. Enfin des cou-
p-iroc ro-.j.iu la fin hachée et hâtive. José
Noguero n'a p* S ait uh-C lo 1. r £ ilért
nous attendions; Blanche Montel, malgré
son talent de comédienne, est une Vivette
iroide et monotone; Charles Vanel a campé
un bon Mitifio ; Schutz un Balthazar passa-
ble ; Jim Gérald un très quelconque Patron
Marc. Seule Germaine Dermoz a su être
émouvante dans son rôle de Rose Marnai.
Le petit Mercanton a, malgré son physique
trop joli, assuré le succès de l'Innocent.
Mary Serta, Arlésienne vue de dos ou en
ombre chinoise, est honnête sans plus.
On ne s'expliquera jamais pourquoi la
moitié des personnages parlent avec l'ac-
cent, l'autre moitié en parisien le plus pur.
C'est là un des mystères les plus effarants
de ce film pour lequel de mauvais décors,
sans ciel ni horizon ont été conçus et exé-
cutés. Pourquoi également avoir fait jouer
Carmen dans les arènes d'Arles alors que
la musique de liizet existait déjà? Mais il y
aurait tant de pourquoi à poser dans ce
film.
Pour se racheter d'Hollywood-Revue, cn.
fin retiré de l'écran, le Madeleine-Cinéma
projette le Droit d'aimer, film muet sono-
risé et de très belle venue. Greta Garbo
comprend et aime ce qu'elle fait, ce qui
n'étonnera personne, mais ce qui vaut bien,
en ces temps de disette et mauvais acteurs,
un long applaudissement. Les prises de vues
sont excellentes. Un film à voir.
La présentation d Il ai-Tan g dans la nou-
velle salle du Colisée a été succès très net.
de sifflets. On se serait cru à un concours.
Bien que certains- journaux crient publicitai-
rement à la cabale, nous croirons volontiers
que les spectateurs, à qui l'on commence à
faire payer des prix cxhorbitifs, commencent
à se rendre compte de la mauvaise produc-
tion qu'on veut leur imposer. Ils protestent
enfin et « en veulent pour leur argent ».
Entre nous ils n'ont pas tort. D'ailleurs
n'est-ce pas
Un droit qu'à la porte ou achète en payant ?
En fait, si un directeur de salle craint le
scandale il n'a qu'à acheter de bons films.
Toute la question est là.
L'Electric a repris une bonne production
de George Bancroft, Fora, le grand artiste
américain joue toujours avec la même maî-
trise et le même dédain de l'effet facile.
Ces photos sur la guerre ont été bien réa-
lisées. l)e l'action et de l'humour.
'Tonnerre continue au Caniéo sa brillante
carrière; la Grande MIlre quitte l'affiche du
Paramount jeudi pour être remplacé par
le Secret dit Docteur avec Marcelle Chan-
tai et Maxudian (tenons-nous bien.) Par-
ri, par-là de bonnes reprises : 600.000
francs frir mois, Asphalte, Séduction,
Cimbo, Chiqué, la Nuit est à nous, etc., etc.
,.cqUf!tI Aiphaud.
-------------.---. 4' -----.-.-----
LE THÉÂTRE COLONIAL
6+6
En tournée
On annonce que Mlle Lina Tyber entre
prend une grande tournée nord-africaine
Nul doute que la charmante et prenante
artiste ne. triomphe -ur les scènes d'Algérie,
de Tunisie et du Maroc.
Décentralisation
M. Gustave lïaïst, l'actif directeur de
l'Alhambra d'Alger, a décidé de ne plus
laisser à Paris ou à la Métropole le privilège
des créations. Il vient de quitter Paris en
emportant dans ses valises de nombreux ma.
nuscrits inédits parmi lesquels il doit inces-
samment fixer son choix.
La Conférence Nord-Africaine
du Tourisme
»♦«
La Conférence Nord-Africaine du Tou-
risme, prévue par la VI" Conférence Nord-
Africaine. qui s'est tenue à Alger, au mois
de juillet, se réunira le 30 septembre à l'Of-
fice du Maroc, 21, rue des Pyramides. Elle
sera présidée par M. Gérard, directeur de
l'Office du Gouvernement général de r Al-
gérie.
MM. Nacivet et Geoffrov Saint-Hilaire,
directeurs des offices du Maroc et de la Tu-
nisie, les chefs de services touristiques de
l'Afrique du Nord, les représentants des
Compagnies de navigation et de chemins de
fer intéressées de l'Office National du tou-
risme et des syndicats d'initiative des pays en
question y assisteront.
Au cours de cette conférence seront expo-
sées les réalisations effectuées dans les diffé-
rentes branches du tourisme nord-africain pen-
dant l'année précédente et sera élaboré, à la
veille de la campagne d'hiver, un programme
général d' action et de propagande.
---
A Tanger, deux mystérieux officiers
abandonnent leur voiture
Une automobile s'arrêtait l'autre matin
sur la place de France, à Tanger. Elle était
conduite par un individu vêtu d un uniforme
de lieutenant du "r Ettanger et accompa-
gné d'un voyageur habillé en sous-lieute-
nant du même régiment.
Après avoir pris de l'essence dans un ga-
rage voisin, le lieutenant, qui prétendait
éti-c venu à Tanger chercher un capitaine, ne
putpasremettr-sa voiture en marche. Il
fit appeler le mécanicien Jost, habitant le
voisinage.
Le mécanicien constata que le Delco était
britlé, se procura les pièces utiles, d'une va-
leur de 300 francs et procéda à la réparation
pendant que les voyageurs prévenaient qu'ils
allaient déjeuner.
M. Jost attendit en vain leur retour et,
vers 8 heures du soir, il prévint le commis-
saire Chabrier, qui lit mettre la voiture sous
séquestre et fit rechercher les étranges auto-
mobilistes. Il fut impossible de les tetrouver.
On a pu savoir qu'ils avaient vendu pour
500 francs un fusil de chasse portant des ar-
moiries.
Pendant la courte entrevue avec le méca-
nicien, ils demandèrent, avec un accent al-
lemand, la distance de Tanger à Ceuta.
Dans la voiture on a trouvé un taximètre en-
veloppé d'un caclie-poussi'-re, une veste de
lieutenant, des bretelles et une veste kakI.
Sur le siège on a remarqué des gouttes de
amig.
Le lieutenant est blond, d'aspect maladif,
de taille moyenne. Le sous-lieutenant, brun
et trapu. On pense qu'il s'agit de deux dé-
serteurs costumés en officiers. On recherche
activement les complices qui ont dû les aider
à rejoindre Ceuta. Tous les postes frontières
ont été alertés et la police espère mettre ra-
pidement la main sur les deux mystérieux
automobilistes.
Dépêches de rlndocbine
M. Pasquier au Tonkin
Lô Gouverneur (iéncrul, se. rendant nu
Tu-nlcin, anuit du H) septembre. Les autorités civiles
et l'autorité militaire, les présidents et les
membres îles corps tUns français ci indigè-
nes l'ont salué avant son départ.
M. Pasquier en Annam
Le Gouverneur général est arrivé à Hué
le 21 septembre (t 10 heures ; il a assisté,
dans Vaprès-m,Ji, avec le Résident supé-
rieur, à ta séance du Conseil du Comat, au
cours de laquelle a été examinée la situa-
tion dans la province de Vink el de 11a-
tinh. Tous les ministres 0?41 assurfJ. le
Chef de la Colonie dit loyal concours du
Gouvernement annamite pour rétablir L'or-
dre et ramener le calme dans les régions
troublées. Le COlllal envcrra, à cet effet,
un délégué à Vil/Il. qui, en accord avec le
représentant du llésidenl supérieur, pren-
dra sur place toutes les décisions utiles.
Les événements récents n'ont pas été mo-
tivés par des revendications tendant à amé-
liorer le sort des populations mais ont été
provoqués par des agitateurs communis-
tes, en vue de semer te désordre, commet-
tre des déprédatiitns et faire échec à l'au-
torité.
Dans les provinces du Sud et du Centre
de i'Annani qu'il a. traversées, le Gouver-
neur général a reçu l'assurance, des aiito-
rités indigènes du bon état d'esprit de la
population.
Communiqué au sujet des incidents
d'Annam
Le Ministère des Colonies communique
la note suivante :
Des informations en provenance de
Hong-Kong et faisant allusion au.r inci-
dents survenus dans Ui région de Vink du
8 au 12 septembre semblent, les présenter
comme actuels, et les relatent, au surplus,
avec de singulières exagérations.
Les comùiuniqués lonies ont. fourni an jour le jour, sur ces
incidents, les détails les plus précis.
Depuis le |^. les télégrammes journaliers
tlu gouvernement général ne signalant, au-
cun fait nouveau.
T.e. gouvernement général avait d'ailleurs,
j | averti le département que les événements
de Vinh, seraient dénaturés rof grossis et
qu'il eonvemiit de. mettre /<• publie en garde.
eonire tnute nm/veUe tendancieuse.
Le gouverneur des Indes néerlandaises
rend à M. Pasquier sa visite
L'année dernière, le Gouverneur de l'In-
dochine fraïu aise el le roi de Siam se ren-
dirent en visite officielle à Javti. Le Gou-
verneur Général des Indes néerlandaises,
le junh'er de Giueff. rendre ces visites.
Il ira d'abord en Indochine, puis emprun-
tant !:i voie, ferrée d'Aranya, il passera nu
Siam. Il sera à Bangkok, le 17 novembre,
LE NUMERO : 10 CENTIMES
MMIDI siilll. r.i sKPTKMimK l'.»30.
JMttML OMTWM
Rédaction & Administration :
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PARIS un
ftLÉPH. t LOUVM le-"
- NMHNUMUWNM
( l a
Les Annales Coloniales
La -., rio" rqm - DmiCT.UR-FoNOAT.UR , Maroe. RUEDEL ~!~,~c~Sr'
"N refflduits qu'm citant les Am,&Lu CoLOlllWl8.
ABONNEMENTS
avec la Revue mensuelh :
Un an 6 Moi. 8 al.
France et
Colonies 180 n 100* Mt
Étranger.. 240 » 125 » 79 »
On s'abonne sans trais dans
tous les bureaux de poste.
Les grands travaux de la Guadeloupe
J'ai retracé ici, périodiquement, depuis
deux ans, les étapes successives du rude ef-
fort de reconstruction entrepris par la Gua-
deloupe après le cyclone du 12 septembre
1928 pour réparer ses ruines publiques et
privées.
Tout d'abord il fallut procéder aux remi-
ses en état provisoires indispensables à la
reprise de la vie économique et sociale dans
la Colonie. Puis ce fut l'étape de recons-
truction proprement dite qui devait permet-
tre de rétablir, dans des conditions, si pos-
sible, améliorées, ce que le cyclone avait dé-
truit.
La reconstruction de la Guadeloupe cyclo-
née, au cours de ces deux premiers stades,
bénéficia d'un ensemble de mesure (aide de
la métropole sous la forme d'une subvention
extraordinaire de 100 millions et de presta-
tions allemandes en nature remboursables
sans intérêt, avances du Crédit National et du
Crédit Foncier de France) sans lesquelles
l'avenir de la Colonie eût été compromis pour
de longues années, malgré l'inlassable acti-
vité dont firent preuve, durant cette période,
aux côtés de M. le Gouverneur Tellier, le
Conseil Général, les Municipalités et les po-
pulations guadeloupéennes.
Grâce à la collaboration du Gouvernement
avec la Représentation Parlementaire et les
Pouvoirs locaux, et malgré certaines lenteurs
ou obstructions administratives regrettables,
l'oeuvre ainsi commencée au lendemain du
cyclone est maintenant en bonne voie et ce
n'est pas sans fierté que je porte témoignage,
en ce deuxième anniversaire du cyclone, que
la Guadeloupe dont je n'ai jamais désespéré
aux jours les plus sombres de la catastrophe,
recommence à vivre d'une vie normale et que
sa convalescence s'achève. Aussi le moment
a-t-il paru opportun à ceux qui ont la charge
des destinées de notre vieux Département
d'outre-mer, de faire un nouveau pas dans
la voie du progrès et d'amorcer dès mainte-
nant, la réalisation d'un programme beau
coup plus vaste qui fut de tout temps, à la
base des conceptions de la démocratie guade-
loupéenne, désireuse de faire de notre belle
Ile d'Emeraude, une Colonie toujours plus
saine, plus prospère et plus aittrayante, en
face des Colonies étrangères de la Méditer-
ranée américaine.
Ainsi, le Conseil Général, réuni en session
extraordinaire le 9 août dernier, sous la pré-
sidence de M. Justin Archimède, Maire de
Morne-à-l'Eau, a procédé à l'examen et au
vote d'un programme de grands travaux éta-
bli par l'administration en collaboration avec
les Représentants élus de la Colonie, qui doit
entraîner une dépense totale de 345 millions,
répartis sur une période de douze années.
Douze années, dira-t-on, ce n'est guère dans
la vie d'une Colonie qu'il s'agit de trans-
former en la modernisant au double point de
vue social et économique. Mais c'est une
déjà longue période de vie humaine, suffi-
sante pour mener à bien une œuvre à objectif
limité. Or, ceux qui ont conçu et préparé le
programme actuel de grands travaux n'igno-
rent pas que le plan général de modernisa-
tion et d'embellissement de la Guadeloupe
devra comporter plusieurs étapes. Il faut
leur savoir gré d'avoir ce qui était peut-
être le plus difficile franchi le premier
pas dans la voie d'une rénovation qui, si
elle est poursuivie avec persévérance et téna-
cité, est appelée à transformer de la façon
la plus heureuse les conditions de vie dans
la Colonie.
Dans le rapport si remarquable et si docu-
menté qu'il a présenté au Conseil Général au
nom de la Commission financière, sur cette
importante question, M. Charles Volanges
Romana n'a pas manqué de souligner que
parmi les premiers travaux à envisager, « il
faut comprendre les routes et chemins, les
ports, l'éclairage et le balisage des côtes, tou-
tes choses facilitant au premier chef les
échanges et contribuant au développement de
la fortune de la Colonie ».
Il a ensuite indiqué la nécessité de pou-
voir compter sur « une main-d'œuvre saine,
robuste, de bon esprit ». « Ces qualités,
écrit-il, qui sont d'ailleurs l'apanage des
a braves gens de la Guadeloupe » ne peuvent
se développer que par l'application d'œuvres
(l'hygiène publique, d'assistance et de jus-
tice sociales. -
« Ces dispositions, jointes à celles déjà pri-
ses ou envisagées par le Conseil Général,
auront l'avantage de retenir à la terre nos
travailleurs agricoles, que le manque de bien-
être et l'insécurité du lendemain contraignent
à abandonner.
« D'autre part, la Colonie se doit, dans le
dévekppenwnt des richesses escomptées, de
prévoir sa légitime part, dans l'édification
de biens fonciers, allégeant ainsi ses charges
futures et lui donnant une physionomie digne
du cadre magnifique dont la nature l'a do-
tée. k
« Enfin, et c'est là un bienfait inapprécia-
ble, ajoute le rapporteur, au cours de ces
grands travaux se formera, par l'exemple, la
main-d'œuvre spécialisée insuffisante actuel-
lement à la Guadeloupe. 1
C'est d'après ces vues générales, que le
Conseil Général, adoptant les conclusions de
sa Commission financière a finalement donné
son approbation au programme suivant :
FRANCS
Routes et Chemins. 98.000.000
Port de POiftte-à-Pitre, - - - - - 32.000.000
Ports secondaires, éclairage
et balisage des côtes 8.000.000
'Assainissement et adduction
d'e~u 61.500.000
Hygiène et assistance.,.,. 21.000.000
Immeubles Administratifs 56.000.000
Electrification de la Guade-
loupe 22.000.000
Enseignement. tg. 500.000
Travaux neufs d'urbanisme et
d'embellissement à Basse-
Terre et dans les Commu-
nes 14.000.000
Divers 15.000.000
TOTAL : 343.500. ooo
Cette première tranche de grands travaux
est, on le voit, tout entière consacrée à Vin-
dispensable : c'est après, seulement, qu'il
conviendra de penser à ce qui serait seule-
ment utile ou agréable.
La même conception prudente a présidé
à l'étude de moyens financiers pour la réa-
lisation des travaux. Ce qui est, avant tout
remarquable, c'est que deux ans après le ca-
taclysme qui a produit dans toutes les parties
de l'Ile les dévastations que l'on sait, la
Colonie puisse envisager d'affecter aux tra-
vaux neufs, sur les ressources ordinaires du
budget un minimum de 4 millions par an,
compte tenu des augmentations de traitement
accordées aux fonctionnaires, des charges de
remboursement des prestations allemandes,
de la quote-part de la Colonie dans le paie-
ment des intérêts dus au Crédit National et
au Crédit Foncier, etc. Quoi qu'en puissent
dire certains éternels mécontents, c'est la
preuve irréfutable du relèvement de la Colo-
nie et aussi de la sagesse avisée avec laquelle
le Conseil Général a su administrer les res-
sources du budget, dans une période Olt, en
raison des ruines causées par le cyclone,
certaines recettes se sont trouvées naturelle-
ment déficitaires.
A cette contribution normale du budget
s'ajoutera celle qui est escomptée du revenu
de certaines taxes nouvelles ou de l'ajuste-
ment de certaines taxes existantes qui n'ont
pas été modifiées depuis les années d'avant-
guerre. Au total, le rendement supplémen-
taire attendu de ces nouvelles mesures doit
être de 12 millions ; il est compté seulement
pour 11.500.000 francs dans le plan finan-
cier.
Ainsi, dès 1931, le budget de la Colonie
pourra disposer de 14 millions par an pour
les consacrer à des paiements directs, ou au
service d'un emprunt en vue de l'exécution
des grands travaux. Pendant les deux pre-
mières années, au moins, l'emprunt ne sera
pas nécessaire ; il sera ensuite réalisé par
tranches jusqu'à la douzième année, et en-
traînera (pour un emprunt de 125 millions,
envisagé) le paiement d'une annuité de 6 mil-
lions 375.000 francs. Au total, le budget lo-
cal pourra affecter directement, aux travaux
neufs, pendant la durée de ces travaux,
154.125.000 francs ; c'est-à-dire une som-
me supérieure à celle qui doit être demandée
à l'emprunt.
D'autre part, la Colonie peut encore dis-
poser pour la réalisation du programme des
grands travaux de : 16 millions affectés aux
travaux publics, restant disponibles sur la
subvention de 100 millions du cyclone et io
millions provenant des 13 millions actuelle-
ment prévus au compte cyclone pour la ga-
rantie des prêts du Crédit Foncier et du Cré-
dit National. Le fonds de garantie de ces
prêts avait été évalué primitivement par la
Commission Tardit, à 16 millions pour 275
millions de prêts. Or le Crédit Foncier et le
Crédit National n'ont prêté, au total que 86
millions. Le Conseil Général a donc estimé,
avec sa Commission financière, qu'il était
suffisant de maintenir un fonds de garantie
de 5 millions, ce qui laissera disponible, dès
maintenant, une somme de 8 millions et per-
met de compter encore, pendant la durée des
travaux sur un complément de 2 millions
correspondant aux remboursements annuels
des emprunteurs. Enfin, il est fait état d'un
crédit de 40 millions en prestations alle-
mandes en nature. En résumé, la contribu-
tion totale du compte cyclone à l'exécution
des grands travaux se montera à 66 millions.
La Commission financière et le Conseil Gé-
néral ont modifié, en ce qui concerne cette
contribution du compte cyclone les prévisions
de l'Administration qui avait fait état de
40 millions supplémentaires provenant de
rentrées escomptées sur les remboursements
de prêts garantis et de prêts d'honneur ; ces
40 millions ne leur ont pas paru, en effet,
pouvoir être comptés comme disponibles, en
raison des démarches entreprises par les par-
lementaires de la Colonie et tendant au non
remboursement des prêts garantis et des prêts
d'honneur.
Le solde des 345 millions, nécessaires, soit
125 millions sera, enfin demandé à l'emprunt
et, pour assurer, dans l'avenir, contre toute
vicissitude, la marche régulière des grands
travaux le Conseil Général a demandé la
création, à cette fin, d'un budget annexe
1 dont l'exécution obligatoire sera réglée par
un projet de loi à soumettre incessamment
aux Chambres.
Tel est, dans ses grandes lignes, le pro-
gramme adopté par le Conseil Général de la
Guadeloupe au cours de sa dernière session
extraordinaire. Comme il fallait s'y alttcn-
dre il a été aussitôt critiqué par quelques po-
liticiens attardés, incapables d'envisager au-
cun progrès social autrement que sous l'angle
étroit de leurs intérêts personnels.
M. le Rapporteur Romana, dans ses con-
clusions, prévoyait l'opposition qui « cer-
tains esprits timorés ou rétrogrades » ne man-
queraient pas de mener a contre ces décisions
qui ne traduisent pas moins la volonté du
pays qui entend se développer par le travail,
dans l'ordre et dans la paix. »
Souhaitons avec lui, en terminant, que les
fonctionnaires de la Colonie veuillent bien
être désormais les Princes charmants qui, se-
lon l'image employée dans son discours d'ou-
verture par M. le Gouverneur intérimaire Le-
febvre, comparant la Guadeloupe à la « Belle
au bois dormant », tireront enfin de son som-
meil léthargique notre belle Karukera.
-.
Sénateur de la Guadeloupe, Vice-Pré-
sident de la Commission des
Affaires Etrangères.
M. François Pietri en Corse
1.1
M. François Pietri, ministre des Colonies,
qui s'était embarqué hier à 17 heures à Mar-
seille à bord du Cymos, est arrivé à Ajaccio
ce matin. Il a été reçu par tous les notables
au milieu des acclamations et des souhaits de
bienvenue.
«QIO-
M. Pierre Bordes
à Amélie-les-Bains
M. Pierre Bordes, gouverneur général de
l'Algérie, a quitté Paris à destination
d'Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales) où
il séjournera pendant quelque temps. Il a
été salué, sur le quai de la gare de Lyon,
par le directeur et le personnel de l'office
de l'Algérie et par des amis personnels.
-–
Le prochain budget des Colonies
Le budget du Ministère des Colonies, tel
qu'il sera déposé sur le bureau de la Cham-
bre avec le projet général, apportera la ré-
forme tant attendue par les coloniaux, c' est-
à-dire la suppression des fonds de concours.
Quant à la réorganisation de l'Adminis-
tration centrale et à la réincorporation, dans
les services de cette dernière, de l'agence
générale, elles feront l'objet d'un projet sé-
paré sur lequel les Chambres auront à délibé-
rer tout spécialement.
e..
La rétrospective des vieilles colonies
à l'Exposition Coloniale
.♦»
Nos trois vieilles colonies : Martinique,
Guadeloupe, Réunion, ont, de par leur âge
même, un passé derrière elles et une his-
toire.
Elles en tirent quelque fierté, et ce senti-
ment se comprend.
Elles comptent donc, à la prochaine Ex-
position coloniale, faire une large place aux
choses d'autrefois et réunir, dans une rétro-
spective, les vieux marbres et bijoux anciens
précieusement conservés dans les familles.
C'est au rassemblement de ces souvenirs
que se livrent les frères Leblond, qui voya-
gent en ce moment à Madagascar, après un
séjour à la Réunion, leur ile natale.
La Martinique, de son côté, se propose de
reconstituer dans son pavillon de Vincennes,
la chambre de jeune fille de l'impératrice
Joséphine. Cela fera un bien curieux pen-
dant à la Malmaison.
Des danseuses noires
à l'Exposition Coloniale
Nous avions annoncé que le successeur de
Sisowath, continuant une tradition, nous en-
verrait son corps de ballet en 1931.
L'Afrique occidentale enverra aussi des
danseuses noires.
Tu te rends compte.
UN GEOGRAPHE QUE SAIT
TRAVAILLER
Le domaine colonial de la France vient of-
ficiellement de s'aggrandir du double.
M. Meunier, géographe au ministère des
Colonies, avait, on s'en souvient, découvert
récemment que la superficie de nos Antilles
était sensiblement supérieure à celle générale-
ment affirmée par les manuels.
Ce fut une révélation. Encouragé par un
tel succès, M. Meunier eut la prétentieuse
curiosité de vérifier le développement des
cotes de France, et le louable et patriotique
désir de remporter un succès aussi brillant
qu aux Antilles.
De 3.130 lem., la longueur de nos côtes
passa donc sous le compas magique de ce pré-
cieux fonctionnaire, à 4.000 km.. ce qui est
une bien agréable surprise.
Empofté par l'enthousicume, notre géogra-
phe s'attaqua au domaine colonial, bien lui en
pris puisqu'il lui découvrit 37.920 fern. de
côtes de France, et le louable et patriotique
connus.
Qu'allait dire l'Europe l Qu'allait penser
l' A ngleterre de cette inquiétante élasticité de
notre littoral?
Epouvanté M. Meunier alla confier ses
trouvailles à M. Dumesnil. Des vérifications
donnaient bientôt raison à notre géographe et
Londres fut averti incontinent J'avoir à réfor-
mer son opinion sur certains problèmes de la
conférence navale
M. Meunier a bien mérité de la Pairie. Il
en méritera bien davantage le jour où il aura
réalisé les projets qu'il a bien voulu nous con-
fier: découvrir 80 millions d'habitants à la
France, et allonger du double le pain de deux
livres.
7 P.
.-– e..
LIRE EN SECONDE PAGE :
Le discours de M. François Pietri là, la
foire méditerranéenne de Marseille.
Pour nos Routes Coloniales
»♦»
N Afrique Occiden-
tale Française le
problème routier
ne semble pas avoir
été abordé encore
avec toute l'am-
pleur désirable.
Question budgé-
taire sans doute,
mais qu'il faut
traiter au plus tôt
avec de larges vues
d'ensemble. Il y faut poursuivre la création
de routes et de pistes assez nombreuses et
praticables pour que les cercles ne soient
plus isolés les uns des autres, et les amé-
liorer constamment jusqu'à les amener à
l'état de routes intercoloniales solides, pour-
vues des ouvrages d'art nécessaires, de fa-
çon qu'en tout temps, aux plus mauvaises
périodes d'hivernage, voitures légères et
camions lourds les puissent parcourir aux
vitesses normales et en toute sécurité.
Question budgétaire, oui, M. Poudcroux,
qui nous conduit à cette conclusion, n'hésite
Pas à aborder le problème financier. Déjà il
a, dans une autre partie de son étude, mon-
tré les fâcheux inconvénients de la façon
dont on exploite les usagers. Sauf à Bama-
ko, où le bac privé fonctionne avec un tarif
homologué, sauf à flingerville où le bac of-
ficiel perçoit le prix du passage contre re-
mise de blilletin, le prix est laissé à la
générosité du public. On comprend ce que
parler veut dire. C'est le « tapage » dans
toute sa beauté. les indigènes ont été mis
par là à l'école de la mendicité : « cela
crée l'habitude du pourboire déguisé, et on
facilite ainsi aux usages peu scrupuleux
l'emploi d'un engin de service public aux
prix les plus réduits P. A passeurs men-
diants, passagers fripons. C'est un beau ré-
sultat.
Quels sont les principaux usagers, inter-
roge M. Pouderotlx? les automobilistes,
puisque les transporteurs qui se servent d'ani-
maux, chameaux et ânes, constituent l'ex-
ception. Supposons que l'on demande à ces
usagers qui sont constamment les victimes
de cet état de choses de payer des taxes nou-
velles sur l'essence, les pneumatiques, etc.,
etc. ils s'y résigneraient volontiers. Mais à
deux conditions : la première, c'est que ces
taxes fussent raisottnables ; la seconde, c'est
que leur montant fut tout entier consacré à
l'extension et à l'amélioration du rheatl rou-
tier.
C'est le même raisonnement que nous
avons si souvent entendu dans la métropole.
De même, pour les bacs, on pourrait exi-
ger de tous les usagers un péage rémunéra-
leur, à la double condition que le taux n'en
ftit pas exagéré et que les recettes sentissent
à couvrir les frais de personnel et d'entre-
tien du bac et des voies d'accès. Aucune pro-
testation ne se ferait entendre, si les usagers
voyaient diminuer peu à peu les inconvé-
nients qu'ils ont à supporter aujourd'hui.
Et M. Pouderoux termine en saluant avec
espoir la création prochaine en Afrique Oc-
cidentale Française d'un vaste réseau rou-
tier, véritablement digne de ce nom. Eh
quoi? s'écrie t il, seules nos routes coloniales
resteraient en arrière dit progrès contempo-
raiu? l-'A.O.F. a une superficie égale à huit
fois celle de la métropole ; c'est un pays où
le temps compte, par tous les moyens il faut
le réduire.
« Partout où le rail peut produire, il faut
créer la voie ferrée ; partout où ce moyen
de transport puissant et rapide ne peut être
immédiatement créé, il faut le suppléer Par
la route. » la route contemporaine coûte in-
finiment moins de travail pour être entre-
tenue que la route antique. Mais elle a la
même valeur civilisatrice. Les légions ro-
maines ont moins fait pour l'unité de l'Em-
pire que les bâtisseurs de routes. Garçons en
avant ! poussez du rail! conseillait Stanley,
lequel avait prévu le splendide avenir de la
région congolaise. C'est bien dit partout où
on le peut, où on le doit. Ailleurs tracez des
routes, sûres, solides, pratiques. Et, s'il est
vrai qu'en A.O.F. le problème routier n'ait
jamais été abordé avec toute Vampleur dési-
rable, ïl n'est jamais trop tard pour bien
faire ; de larges vues d'ensemble, un plan
méthodique et sérieux, une décision rapide
et sûre pour en exécuter les parties au mo-
ment précis où elles doivent, être réalisées.
c'est à cela qu'on reconnaît le grand admi-
nistrateur, celui qui n'a pas besoin de s'oc-
troyer des éloges que la reconnaissance de
la colonie et de la métropole lui payent,
comme une dette sacrée.
Marin ttouatan,
Senateur de l'Hérault,
ancien ministre.
Vice-prêsldent de la Commission des COlonie..
.««+.
L'Annuaire des richesses françaises
d'outre-mer
»+«
En vue de la prochaine Exposition colo-
niatc) le ministère de la rue Oudinot pré-
pare une très intéressante et très utile pu-
blication à l'usage de tous ceux qui s'inté-
ressent à nos possessions d'outre-mer. C'est
un annuaire copieusement et artistiquement
illustré où se trouveront inventoriées toutes
les richesses de nos colonies.
Nous aurons ainsi une vue d'ensemble de
tout ce qui, jusqu'à ce jour, était éparpillé
en cent journaux et revues.
Commerçants^ industriels, historiens ou
simples curieux auront ainsi à leur disposi-
tion une documentation complète d'autant
plus opportune qu'elle arrivera à l'heure
où, grâce au vote du grand emprunt, la mise
en valeur de nos colonies sera la question à
l'ordre du jour,
CINÉMA COLONIAL
Le public applaudit les films coloniaux
En ces temps de réaction on en lira la
preuve dans nos différentes « Revues des
Ecrans parisiens Il il est agréable de
constater que le public s'intéresse et applau-
dit aux bandes tournées dans la France
lointaine. Evidemment ce n'est pas du par-
lant, voire du sonore pur, mais le spectateur
prend un plaisir extrême aux vues exoti-
ques. Les conditions de travail lui étant
connues il accueille sans rien dire une photo
quelquefois médiocre, un angle de prise de
vues mille fois présenté, une luminosité pas
très au point. Il n'ignore point la difficulté
même technique de ce, entreprises et
sait récompenser d'un bravo l'effort et le
labeur.
La salle Marivaux préscIlte, en effet, en
première partie quelques vues maritimes de
Madagascar : Une journée de pêche. Les
photos en sont habiles et la vie parallèle des
hommes et de leurs compagnes est notée de
façon amusante. Mais sans doute rendrons-
nous compte bientôt du film entier, cette
bande n'étant qu'un prélèvement opéré sur
le documentaire tourné dans la Grande Ile.
Au Madeleine-Cinéma figure, également en
première partie, le « compte rendu visuel »
du voyage Alger-Dakar et retour par le
Sahara et Tombouctou. Encore qu'il ne
s'agisse que d'un rapide circuit et de pauses
réservées à différents tams-tams, le public
parisien a suivi avec intérêt les automobiles
au travers des grandes plaines de sable, des
oasis, des villages de l'A.O.F. Il a même
paru assez étonné de voir de belles filles en
place des types jusqu'à ce jour présentés.
C'est là, à tous points de vue, un filin de
bonne propagande, adroitement réalisé, qui
montre ce qu'il convient de faire voir, sans
exagération et sans lourdeur.
A la vérité, il nous manque aujourd'hui
une nouvelle Croisière Noire, un Cimbo
français, une Chanson païenne de chez nous.
Petite revue des écrans de Paris
Ce n'est point une semaine extraordinaire
que nous ont offert les écrans parisiens. Le
« great-cvent » devait être Y Artésienne, de
Jacques de Baroncelli, mais hélas ! l'Arlé-
sienne a, une fois de plus, fait un fiasco
complet. Il appartenait pourtant à l'auteur
de la Femme et le Pantin de transposer en
images, et en belles images, l'âme de la
Provence, ensoleillée dans sa farouche gran-
deur comme dans sa fébrile tristesse. Rien
ne palpite, rien ne vit. Du drame de Daudet
même, si âpre, si théâtral pourrait-on dire,
rien ne subsiste. En place du conflit il n'est
qu'un fait divers banal au milieu d'un do-
cumentaire sur une province de France. Les
éclairages si nous exceptons les extérieurs
sont nuls. On ne sait jamais s'il fait nuit
ou plein soleil. Les projecteurs sont mal ré-
glés, faisant des halos sur les murs. La so-
norisation est très médiocre. Enfin des cou-
p-iroc ro-.j.iu la fin hachée et hâtive. José
Noguero n'a p* S ait uh-C lo 1. r £ ilért
nous attendions; Blanche Montel, malgré
son talent de comédienne, est une Vivette
iroide et monotone; Charles Vanel a campé
un bon Mitifio ; Schutz un Balthazar passa-
ble ; Jim Gérald un très quelconque Patron
Marc. Seule Germaine Dermoz a su être
émouvante dans son rôle de Rose Marnai.
Le petit Mercanton a, malgré son physique
trop joli, assuré le succès de l'Innocent.
Mary Serta, Arlésienne vue de dos ou en
ombre chinoise, est honnête sans plus.
On ne s'expliquera jamais pourquoi la
moitié des personnages parlent avec l'ac-
cent, l'autre moitié en parisien le plus pur.
C'est là un des mystères les plus effarants
de ce film pour lequel de mauvais décors,
sans ciel ni horizon ont été conçus et exé-
cutés. Pourquoi également avoir fait jouer
Carmen dans les arènes d'Arles alors que
la musique de liizet existait déjà? Mais il y
aurait tant de pourquoi à poser dans ce
film.
Pour se racheter d'Hollywood-Revue, cn.
fin retiré de l'écran, le Madeleine-Cinéma
projette le Droit d'aimer, film muet sono-
risé et de très belle venue. Greta Garbo
comprend et aime ce qu'elle fait, ce qui
n'étonnera personne, mais ce qui vaut bien,
en ces temps de disette et mauvais acteurs,
un long applaudissement. Les prises de vues
sont excellentes. Un film à voir.
La présentation d Il ai-Tan g dans la nou-
velle salle du Colisée a été succès très net.
de sifflets. On se serait cru à un concours.
Bien que certains- journaux crient publicitai-
rement à la cabale, nous croirons volontiers
que les spectateurs, à qui l'on commence à
faire payer des prix cxhorbitifs, commencent
à se rendre compte de la mauvaise produc-
tion qu'on veut leur imposer. Ils protestent
enfin et « en veulent pour leur argent ».
Entre nous ils n'ont pas tort. D'ailleurs
n'est-ce pas
Un droit qu'à la porte ou achète en payant ?
En fait, si un directeur de salle craint le
scandale il n'a qu'à acheter de bons films.
Toute la question est là.
L'Electric a repris une bonne production
de George Bancroft, Fora, le grand artiste
américain joue toujours avec la même maî-
trise et le même dédain de l'effet facile.
Ces photos sur la guerre ont été bien réa-
lisées. l)e l'action et de l'humour.
'Tonnerre continue au Caniéo sa brillante
carrière; la Grande MIlre quitte l'affiche du
Paramount jeudi pour être remplacé par
le Secret dit Docteur avec Marcelle Chan-
tai et Maxudian (tenons-nous bien.) Par-
ri, par-là de bonnes reprises : 600.000
francs frir mois, Asphalte, Séduction,
Cimbo, Chiqué, la Nuit est à nous, etc., etc.
,.cqUf!tI Aiphaud.
-------------.---. 4' -----.-.-----
LE THÉÂTRE COLONIAL
6+6
En tournée
On annonce que Mlle Lina Tyber entre
prend une grande tournée nord-africaine
Nul doute que la charmante et prenante
artiste ne. triomphe -ur les scènes d'Algérie,
de Tunisie et du Maroc.
Décentralisation
M. Gustave lïaïst, l'actif directeur de
l'Alhambra d'Alger, a décidé de ne plus
laisser à Paris ou à la Métropole le privilège
des créations. Il vient de quitter Paris en
emportant dans ses valises de nombreux ma.
nuscrits inédits parmi lesquels il doit inces-
samment fixer son choix.
La Conférence Nord-Africaine
du Tourisme
»♦«
La Conférence Nord-Africaine du Tou-
risme, prévue par la VI" Conférence Nord-
Africaine. qui s'est tenue à Alger, au mois
de juillet, se réunira le 30 septembre à l'Of-
fice du Maroc, 21, rue des Pyramides. Elle
sera présidée par M. Gérard, directeur de
l'Office du Gouvernement général de r Al-
gérie.
MM. Nacivet et Geoffrov Saint-Hilaire,
directeurs des offices du Maroc et de la Tu-
nisie, les chefs de services touristiques de
l'Afrique du Nord, les représentants des
Compagnies de navigation et de chemins de
fer intéressées de l'Office National du tou-
risme et des syndicats d'initiative des pays en
question y assisteront.
Au cours de cette conférence seront expo-
sées les réalisations effectuées dans les diffé-
rentes branches du tourisme nord-africain pen-
dant l'année précédente et sera élaboré, à la
veille de la campagne d'hiver, un programme
général d' action et de propagande.
---
A Tanger, deux mystérieux officiers
abandonnent leur voiture
Une automobile s'arrêtait l'autre matin
sur la place de France, à Tanger. Elle était
conduite par un individu vêtu d un uniforme
de lieutenant du "r Ettanger et accompa-
gné d'un voyageur habillé en sous-lieute-
nant du même régiment.
Après avoir pris de l'essence dans un ga-
rage voisin, le lieutenant, qui prétendait
éti-c venu à Tanger chercher un capitaine, ne
putpasremettr-sa voiture en marche. Il
fit appeler le mécanicien Jost, habitant le
voisinage.
Le mécanicien constata que le Delco était
britlé, se procura les pièces utiles, d'une va-
leur de 300 francs et procéda à la réparation
pendant que les voyageurs prévenaient qu'ils
allaient déjeuner.
M. Jost attendit en vain leur retour et,
vers 8 heures du soir, il prévint le commis-
saire Chabrier, qui lit mettre la voiture sous
séquestre et fit rechercher les étranges auto-
mobilistes. Il fut impossible de les tetrouver.
On a pu savoir qu'ils avaient vendu pour
500 francs un fusil de chasse portant des ar-
moiries.
Pendant la courte entrevue avec le méca-
nicien, ils demandèrent, avec un accent al-
lemand, la distance de Tanger à Ceuta.
Dans la voiture on a trouvé un taximètre en-
veloppé d'un caclie-poussi'-re, une veste de
lieutenant, des bretelles et une veste kakI.
Sur le siège on a remarqué des gouttes de
amig.
Le lieutenant est blond, d'aspect maladif,
de taille moyenne. Le sous-lieutenant, brun
et trapu. On pense qu'il s'agit de deux dé-
serteurs costumés en officiers. On recherche
activement les complices qui ont dû les aider
à rejoindre Ceuta. Tous les postes frontières
ont été alertés et la police espère mettre ra-
pidement la main sur les deux mystérieux
automobilistes.
Dépêches de rlndocbine
M. Pasquier au Tonkin
Lô Gouverneur (iéncrul, se. rendant nu
Tu-nlcin, a
et l'autorité militaire, les présidents et les
membres îles corps tUns français ci indigè-
nes l'ont salué avant son départ.
M. Pasquier en Annam
Le Gouverneur général est arrivé à Hué
le 21 septembre (t 10 heures ; il a assisté,
dans Vaprès-m,Ji, avec le Résident supé-
rieur, à ta séance du Conseil du Comat, au
cours de laquelle a été examinée la situa-
tion dans la province de Vink el de 11a-
tinh. Tous les ministres 0?41 assurfJ. le
Chef de la Colonie dit loyal concours du
Gouvernement annamite pour rétablir L'or-
dre et ramener le calme dans les régions
troublées. Le COlllal envcrra, à cet effet,
un délégué à Vil/Il. qui, en accord avec le
représentant du llésidenl supérieur, pren-
dra sur place toutes les décisions utiles.
Les événements récents n'ont pas été mo-
tivés par des revendications tendant à amé-
liorer le sort des populations mais ont été
provoqués par des agitateurs communis-
tes, en vue de semer te désordre, commet-
tre des déprédatiitns et faire échec à l'au-
torité.
Dans les provinces du Sud et du Centre
de i'Annani qu'il a. traversées, le Gouver-
neur général a reçu l'assurance, des aiito-
rités indigènes du bon état d'esprit de la
population.
Communiqué au sujet des incidents
d'Annam
Le Ministère des Colonies communique
la note suivante :
Des informations en provenance de
Hong-Kong et faisant allusion au.r inci-
dents survenus dans Ui région de Vink du
8 au 12 septembre semblent, les présenter
comme actuels, et les relatent, au surplus,
avec de singulières exagérations.
Les comùiuniqués
incidents, les détails les plus précis.
Depuis le |^. les télégrammes journaliers
tlu gouvernement général ne signalant, au-
cun fait nouveau.
T.e. gouvernement général avait d'ailleurs,
j | averti le département que les événements
de Vinh, seraient dénaturés rof grossis et
qu'il eonvemiit de. mettre /<• publie en garde.
eonire tnute nm/veUe tendancieuse.
Le gouverneur des Indes néerlandaises
rend à M. Pasquier sa visite
L'année dernière, le Gouverneur de l'In-
dochine fraïu aise el le roi de Siam se ren-
dirent en visite officielle à Javti. Le Gou-
verneur Général des Indes néerlandaises,
le junh'er de Giueff. rendre ces visites.
Il ira d'abord en Indochine, puis emprun-
tant !:i voie, ferrée d'Aranya, il passera nu
Siam. Il sera à Bangkok, le 17 novembre,
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