Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1930-09-11
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 septembre 1930 11 septembre 1930
Description : 1930/09/11 (A31,N136). 1930/09/11 (A31,N136).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6280792j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
TRENTE-ET-UNIEME ANNEE. - N° 186. LE NUMERO : 10 CENTIMES JEUDI SOIR. 11 SEPTEMBRE 1900.
JOURNALJfUOTIDIER
Rédaction & A dministration :
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Les Annales Coloniales
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ABONNERENTS
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Fram et
Colonies 1800 100 > 60 »
Êtraafar.. 240 » 125 » 70»
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
L'autonomie ifnancière de nos Colonies
dote
M. Georges Boussenot a l'épi derme sensi-
ble.
Dans un précédent article des Annales Co-
loniales, j'avais écrit qu'agiter le spectre de
l'autonomie financière de nos colonies, à
l'heure où elles sollicitent du Parlement l'au-
torisation d'emprunter 5 milliards, ne m appa-
raissait pas très indiqué pour obtenir une déci-
sion rapide. Et j'avais timidement ajouté que
les chances de réussite d'un emprunt colonial
émis sans la garantie de l'Etat me semblaient
assez maigres.
Il n'en a pas fallu davantage pour que
M. Georges Boussenot m'infligea sur deux
colonnes, dans le journal dont il est le direc-
teur politique, une verte semonce. Je l'ai reçue
avec humilité, puisqu'elle émane d'un homme
qui, s'étant longuement « promené au Sénégal,
« au Soudan, dans les Antilles, à La Réfu-
« nion, à Madagascar, dans le Bas-Congo,
a etc. », doit connaître l'état d'esprit des épar-
gnants. français beaucoup mieux que ceux qui,
comme moi, ont passé les neuf dixièmes de
leur existence à explorer la terre de France et
l'âme de ses habitants.
Je n'en persiste pas moins à croire que la
technicité coloniale de mon honorable contra-
dicteur peut être, par hasard, quelquefois en
défaut. Je le crois d'autant plus volontiers
qu'en ces mois de vacances et de villégiature,
on rencontre sur nos grandes routes autant de
vrais coloniaux que sur les pistes de l'A - E. F
et de Madagascar. La plupart ont une expé-
rience coloniale devant laquelle celle pourtant
si grande de mon ancien collègue, fait mo-
deste figure. La vérité m'oblige à confesser
qu'un assez grand nombre d' entr eux ont sur
l'emprunt colonial une opinion assez sensible-
ment analogue à celle que j'avais exprimée et
qui a si profondément irrité M. Georges Bous-
senot. Il y a donc en matière, comme en beau-
coup d'autres querelle d' experts, ce qui me
permet en toute tranquillité de conscience de
m'en tenir à ce que peut me suggérer mon
nvvIfII" Mtendement.
Au surplus la question telle que le l'avais
posée débordait beaucoup le cadre habituel
des1 questions coloniales. Elle était d'ordre à
la fois parlementaire et financière. Parlemen-
tairement il s'agissait de savoir si, oui ou non,
un débat est d'autant plus court qu'on en élar-
git davantage le thème ; si, oui ou non, le dé-
bat sur l'emprunt colonial serait abrégé du fait
que préalablement on poserait devant la Cham-
bre, comme le fait M. Boussenot dans son
tounuu. le problème de l'autonomie financière
des colonies. Point n'est nécessaire, semble-
t-il, d'avoir voyagé de Tananarive à Brazza-
ville pour répondre non. Il n'est point -- néces-
saire même d' avoir passé, quelques années au
Palais-Bourbon. Le simple bon sens suffit à
indiquer que le meilleur moyen de résoudre un
problème n'est pas d'en compliquer les don-
nées.
Financièrement, nous nous étions demandé si
un emprunt colonial, non garantit par l'Etat,
ne risquait pas d'être accueilli, avec quelque
froideur par le grand public. M. Boussenot,
naturellement doué d'un optimisme débordant,
rejette avec véhémence cette hypothèse. Pour
lui, les obligations d'un emprunt malgache,
émises par la seule volonté d'une quelconque
délégation financière, se placeraient comme des
petits pains. Que ne consulte-t-il donc les di-
recteurs des succursales provinciales de nos
grands établissements de crédit ? Sa belle as-
surance serait mise certainement à rude épreuve.
en apprenant que les plus grandes villes de
France éprouvent des difficultés sérieuses à
emprunter à un taux raisonnable les sommes
nécessaires au financement et travaux intéres-
sant directement le grand public ; que la Ville
de Paris elle-même a péniblement placé les
obligations de son dernier emprunt. Peut-il
ignorer qu'un certain nombre d'Etats euro-
péens ne peuvent emprunter qu'à des taux
usuraires, qu'en acceptant les prétentions exor-
bitantes des grandes banques émettrices? Croit-
il que Madagascar et l'Indo-Chine même si
o elles empruntaient, sans l'autorisation et
partant sans la garantie de l'Etat. se-
raient moins durement traitées ? C'est parce
que nous avons le souci de ne pas les livrer
aux usuriers, parce que nous voulons qu'elles
puissent trouver de l'argent à bon marché,
parce que nous voulons que les épargnants
français ne puissent pas, le cas échéant, con-
naître les vicissitudes qu'ils ont subies pour les
fonds russes, que nous estimons ne concevoir
que des emprunts coloniaux garantis par l'Etat.
Or, la garantie de l'Etat ne peut être donnée
que , par le Parlement ; elle n'est valable que
si elle est sanctionnée par une loi.
M. Boussenot retrouvera, j'ose espérer un
peu de sa bonne humeur naturelle, en apprenant
que, comme lui, je. trouve bien lourde et bien
compliquée la machine parlementaire. Il se
x plaint avec juste raison de la difficulté d'obte-
nir rapidement le vote de lois essentielles ; il
a raison de protester contre la tutelle étroite,
draconienne dans laquelle l'Etat tient nos co-
K lonies. Mais les colonies ne sont pas seules à
en souffrir ; toutes les collectivités en souffrent
au même point : communes, départements,
établissements de bientaisance.
Les méfaits d'une centralisartion excessive
ont été maintes fois dénoncés par des hommes
appartenant à tous les partis politiques. Est-il
besoin d'être, comme mon honorable contra-
dicteur, un expert distingué en matière colo-
niale, pour les apercevoir ?
Comme lui, d'autre part, j'estime que nos
colonies doivent progressivement s'acheminer
vers une autonomie quasi totale ; avec lui je
souhaite de les voir doter de véritables as-
semblées délibérantes, dans lesquelles l'élé-
ment indigène aura une importance qui crottra à
mesure que son évolution t'accédera. M.
Boussenot peut être assuré que mes amis et
moi, sommes bien décidés à nous associer à
toute mesure tendant à réaliser ce but.
Cela ne nous empêchera pas de suivre d'un
oeil vigilant les événements qui surgissent dans
notre empire colonial, et n'en déplaise à M.
Georges Boussenot, il nous arrivera de trouver
que tout n'y est pas parfait. Il nous arrivera
même de le dire à la tribune. Nous aurons
cette audace. Mon ancien collègue a tort de
s en plaindre, car sans les interpellations que
nous déposons une ou deux fois l'an, il ne se-
rait pas souvent question de nos colonies à la
tribune du Parlement, à peine durant quelques
heures dans la fièvre des discussion budgé-
taires. Nos interpellations, nos critiques, ont
d'ailleurs ceci de bon, que M. Boussenot doit
particulièrement apprécier, qu'elles sont l'oc-
casion pour le gouvernement de s'expliquer sur
notre politique coloniale et par conséquent de
l'obliger à en avoir une. Elles permettent
d'autre part à ceux qui, à l'exemple de l'an-
cien député de la Réunion, estime que dans
notre domaine colonial tout est pour le mieux
de le dire publiquement et de remplir les co-
lonnes du Journal officiel de leurs cris d'ad-
miration et du concert de leurs éloges.
Alors de quoi se plaint-on ?
George. IVOueldre,
Député de Saône-et-Loire, vice-présidenj
de la Commission de t'/H~We,
des Colonies et des Protectorats,
membre de la Commission des
Mines. ,
A L'UNION COLONIALE FRANÇAISE
L'Union coloniale franco-belge
̃
Le Congrès d'Entente Franco-Belge se
tiendra à Liège du 27 au 30 septembre pro-
chain. Ce Congrès aura une section colo-
niale, dont l'organisation est assurée pour
la France par le Comité Franco-Belge
d'Etudes Coloniales.
Les travaux de la section coloniale seront
présidés par M. Albert Lebrun, sénateur,
ancien ministre des Colonies et par M. Car-
ton, député, ancien ministre belge des Co-
lonies.
Les questions inscrites à l'ordre du jour
sont les suivantes :
io L'organisation franco-belge des trans-
ports par terre et par eau en Afrique Equa-
toriale ;
20 Les débouchés européens des produits
africains ;
3° Les mesures d'hygiène et de police à
prendre le long de la frontière belge au
Congo ;
40 L'aviation et le tourisme dans les co.
lonies.
Des rapports seront présentés sur ces
questions par les délégués belges et par les
délégués français. Citon9 dès à présent le
rapport très remarquable présenté par M.
Louis Proust vice-président des Commissions
de l'Aéronautique et des Colonies de la
Chambre des deputés sur le développement
de l'aviation touristique, et le rapport for-
tement établi par le colonel Mornet, sur
l'organisation franco-belge des transports.
Les relations très cordiales qui existent
entre les milieux coloniaux de Belgique et
de France garantissent le succès de ce
Congrès dont nous sommes certains qu'il
sortira des enseignements et des accords de
grande valeur pour le progrès commun de
nos colonies africaines.
Le Gouverneur de l'Angola
en Afrique Equatoriale
«♦«
On annonce de Lisbonne que le Gouver-
neur de la colonie portugaise de l'Angola
sera prochainement l'hôte du Gouverneur
général de l'Afrique Equatoriale.
Les deux colonies ont entretenu de tout
temps les relations les plus cordiales, et l'on
sait que les Portugais par leur nombre et
l'importance de leurs intérêts occupent dans
le commerce de. notre grande possession une
place considérable.
Pendant la guerre, nous avons beaucoup
'acheté à l'Angola. Et c'est encore l'An-
gola qui fournit à Brazzaville les bœufs né-
cessaires à son alimentation.
L'effort que le Portugal déploie dans sa
colonie équatoriale est d une ampleur remar-
quable, et cela dans tous les domaines. La
tentative la plus hardie est peut-être celle
d'une colonisation blanche sur les hauts pla-
teaux du pays.
Il y a quelques années les médecins de
l'Afrique Equatoriale française ont été con-
viés à un congrès qui se tint chez sa voi-
sine.
Notre mandat syrien
devant la Société des Nations
«
»♦»
A la séance de mardi dernier, de la XIe
session de l'assemblée des nations à Genève,
est revenue la question de notre mandat sur la
Syrie.
W Nous avons dit, précédemment que le rap-
port rédigé par notre Haut-Commissaire, M.
François Ponsot, avait fait l'objet, de la part
ra inç-o i s
des membres de la Commission spéciale qui
eut à l'examiner, de commentaires très flat-
teurs.
Le rapport en question, présenté cette fois
à l'assemblée, a été l'objet, de la part de
cette dernière, d'une appréciation non moins
favorable.
M. Briand remercia vivement ses collègues
des félicitations décernées à la France, à 1 oc-
casion principalement, de l'établissement du
nouveau statut qui a donné à la Syrie la sou-
ple constitution destinée à préparer, dans le
cadre du mandat, son évolution politique et
économique.
AU TOGO -
Prospérité agricole
»♦»
ES chiffres prennent
toute leur valeur
dans V exf oséd'une
situation économi-
que, laissons les
donc parler, ils
traduisent éloquem-
ment les efforts
accomplis par M.
Bonnecarrère l'ac-
tif Commissaire de
l a République
Française au Togo, pour assurer l'essor agri-
cole du Territoire.
De 1.899.072 francs en 1927, les dépen-
ses se sont élevées à 2.824.090 francs en
1928. Or, cette augmentation de 925.018 fr.
symbolise en quelque sorte l'action bienfai-
sante, sans cesse croissante de la France ci-
vilisatrice pour améliorer la situation agri-
cole : par des primes à l'agriculture et aux
jardins scolaires des écoles libres ; par des
concours agricoles ; par des achats de maté-
riel, de graines et de plants distribués aux in-
digènes, d'engrais, de produits destinés à la
lutte contre les parasites, d'outils, de graines
pour l'enseignement professionnel etc.
A I'oeuvre de mise en valeur de la cdonie
et de vulgarisation poursuivie dans les sec-
teurs et les stations, il faut ajouter la très
heureuse intitiative de M. Bonnecarrère con-
cernant la réglementation agricole.
L'indigène, il y a peu de temps encore,
cultivait, récoltait, préparait selon les métho-
des primitives. Il livrait par conséquent, au
commerce des produits médiocres auxquels
se trouvaient mêlées des impuretés de toutes
sortes, ce qui diminuait encore leur valeur
marchande.
Il fallait donc réagir énergiquement con-
tre les routines et les malfaçons qui nuisaient
au bon renom du Togo agricole et dévalori-
saient les produits de culture et de cueillette.
L'arrêté du 29 juillet 1929 portant réor-
ganisation du Service d'Inspection des pro-
duits naturels destinés à l'exportation, mit
un terme à l'ancienne situation déprédatrice.
Peu de produits falsifiés, avariés ou ren-
fermant un pourcentage d'impuretés supé-
rieur à la tolérance, échapperont à la sévé-
rité des agents ayant droit de visite et qua-
lité pour dresser procès-verbal.
< Le fait de mettre en circulation, de
vendre, d'acheter ou de tenter d'exporter des
produits ne répondant pas aux conditions
prévues par la réglementation spéciale à cha-
cun des produits contrôlés, le refus de se
soumettre à la vérification, procéder aux
triages prescrits par les agents du Service,
etc. entraÍnera la saisie et la confiscation
des produits et sera puni :
i * En ce qui concerne les commerçants et
les non-commerçants citoyens ou assimilés,
d'une amende de 50 à 2.000 francs.
20 Les indigènes et les non-citoyens fran-
çais seront passibles des peines disciplinaires
fixées par le décret du 24 mars 1923.
Le Togo ne doit pas se plaindre d'une
réglementation évidemment sévère, mais qui,
en apportant un minimum de gène au com-
merce, maintient une qualité marchande seu-
le capable de favoriser la cotation sur les
marchés de l'extérieur et d'assurer dans les
meilleures conditions la présentation des pro-
duits.
C'est ainsi que les produits envoyés au
'dernier Concours général agricole de Paris
ont obtenu un diplôme d'honneur et que
deux planteurs indigènes ont mérité égale-
ment des récompenses, dont une médaille
d'argent pour le coprah.
£ ritesl llaudos,
Sénateur de la MarM,
Vtct-Pré aident de la Commission
des Deuenes.
Tu te rends compte.
LfAne, le Consul et le Policier
M. Blaclce est consul des Etats-Unis à
Tanger. Ce personnage aime à se promener
familièrement dans les rues de la ville accom-
pagné de son âne fidèle, qu'il chevauche
même parfois si la fatigue lui vient.
Un jour M. Blacke, consul des Etats-Unis,
ne se sentant pas le cœur à la promenade, fit
sortir l'âne par son valet indigène. Celui-ci,
en bon marocain, enfourcha la croupe du
bourricot et, ivre de liberté prétendit descen-
dre sur la plage et caracoler sur le sable.
Un policier survint alors, faisant observer
que les règlements municipaux s'opposaient
très catégoriquement à ta descente des ânes
sur la plage, fussent-ils propriété consulaire.
Une rixe s'ensuivit, mais l'âne s'étant mis de
la partie, le policier fut mis à mal et il fallut
l'intervention de plusieurs confrères pour arré.
ter le prétentieux valet du consul. L' âne,
comme un vulgaire roquet, fut mis en four-
rière.
Mais M. Blacke, consul des Etats-Unis
réclama la libération de l'âne et du domesti-
que et la destitution du policier. Devant un
refus très net il menaça de vaincre le règle-
ment par la force et d'armer à cet effet tous
ses compatriotes de la ville.,.
Cette solidarité entre le maître et son âne,
est fort édifiante. Parce que sa bête s'est fait
botter le poil, M. Blacke menace de la guerre
cimle. N'allez point en faire de la peau de
tambour, nous aurions la guerre 1
1.
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
t «♦ 1
A PROPOS DE LA VISITE
DE M. FRANÇOIS PIETIU
Les Annales. Coloniales, dans leur numéro
du 9 septembre, ont rendu compte de la visite
de M. Piétri , aux chantiers de l' Exposition.
Cette visite mérite qu'on en reparle. Elle
fut pleine de révélations. Tout d'abord, pour
ceux qui ne connaissaient pas notre ministre
des Colonies. Ensuite, en raison du constat
de visu, qu'elle offrait aux sceptiques, doutant
de son inauguration au printemps prochain.
La réunion était fixée pour 4 heures.
A quatre heures moins le quart, M. Piétri
descendait de voiture.
Toutes les personnalités officielles et
par un hasard charmant, un grand nombre de
journalistes étaient là pour recevoir le mi-
nistre. Et cela n'est pas si banal, ni simple
politesse de roi.
M. Piétri
Svelte dans un veston bien cintré, coiffé
d'un feutre mou, le ministre des Colonies a
1 air d un jeune homme. Le visage mat est
mince, les traits délicatement amenuisés. Les
yeux sont noirs, sans être ni trop brillants ni
trop sombres. Il y a de la douceur dans le re-
gard et dans la voix. De l'énergie dans les
paroles, dans la démarche, dans le geste.
A 4 heures moins dix, M. Piétri, accom-
pagné du gouverneur général, Marcel Olivier,
commencera la visite des chantiers. Et nous,
nous commencerons une randonnée épique à
travers le terrain détrempé par la pluie, ayant
pour rall iement une silhouette mince, toujours
en mouvement, trop lointaine à notre avis.
Avec la souplesse d'un ascensionniste né,
la fougueuse agilité d'un champion de cross-
country, l'actif ministre mène son cortège sans
perdre de temps. Il ne se soucie ni des trous
pleins d'eau, ni des bosses de boue. Il passe
d un saut les tranchées béantes, foule d'un
pas rapide les chemins fraîchement empierrés
comme tapis de la rue Oudinot. On 1 imite,
avec moins de tranquillité. On le suit. Il le
faut bien, en soufflant, en s'épongeant. Et le
gtos de la troupe le rejoint, quand, souriant, il
se fait donner cent détails sur tel ou tel pa-
lais.
En combien de temps avez-vous fait ce-
la. demande-t-il fréquemment, tantôt au Gou-
verneur Général Olivier, tantôt à M. Martz-
M, dffëcteur des travaux d'architecture.
Rien ne peut l'enchanter d'avantage que la
vitesse avec laquelle la grande carcasse de fer
de la Section métropolitaine est sortie de ter-
re. La pure merveille de l'Indochine lui plaît
comme un miracle d'art et de rapide adresse.
LTun bref coup d' oeil, il voit ce qu'il y a
de trop, de juste, ce qui manque.
Cent questions se précipitent sur ses lèvres.
11 ne semble alors, plus du tout pressé de con-
tinuer sa course.
Puis, satisfait, il repart à fond de train et
sème derrière lui son escorte surprise, bouche
bée et stylo en main.
Devant le blanc palais du Maroc crénelé,
comme une précieuse dentelle, devant le pa-
lais de l' A.O.F. et sa rose mosquée, il ob-
jecte :
Peut-être un peu trop blanc. Peut-être
un peu trop rose. Prenez garde à la pein-
ture.
Au pavillon des Indes françaises, où l'ar-
chitecture lui montre la maison carrée qui doit
s'élever, là, il acquiesce :
C'est bien. Très bien. Mais comment
l'omerez-vous ? Et peu satisfait de la ré-
ponse, il - se tourne vers les organisateurs.
Il ne faut pas surtout qu'il y ait de
stands sacrifiés. Il faut que lé nom du pavil-
lon apparaisse au public, non comme une ima-
ge agréable, mais comme un morceau vivant
du pays qu'il représente.
Là, il notera
Il faut des arbres coloniaux. Quels ar-
bres nous mettrez-vous ? Un éléphant ne fe-
rait pas ma l ici.
Il parle italien dans le palais de l'Italie.
Il s'entretient encore des arbres qui lui sont si
chers avec le conservateur du Bois. Et, en
fin de compte, dit sa grande satisfaction.
En trois heures, il aura vu et bien vu -
15 palais.
Et les ouvriers nombreux sur le chantier,
qui le voient passer comme une flèche, à la
tête de son escorte épuisée, ne se doutent pas,
que cet infatigable entraîneur n'est autre que
le ministre des Colonies.
C'est un ministre actif, comme peu d'hom-
mes.
Les travaux de l'Exposition
En vérité, ils sont désormais en excellente
voie. Dès novembre, les derniers palais se-
ront achevés. L'ensemble peut déjà se juger.
Ce sera très beau. Et si cela est vivant, com-
me le souhaite M. Pietri à plusieurs reprises,
nous pouvons être assurés du plein succès de
la première exposition coloniale de Paris.
Mlrane-ITarcelle Oe//lfM.
mm |
En mission au Maroc
se-
Notre excellent collaborateur et ami le
dqcteur Péchin, député de Paris, qui s'est
intéressé dans une série de temarouables
articles sur l'hygiène et la santé au Maroc,
quittera la semaine prochaine sa circonscrip-
tion du XII* arrondissement pour notre pro-
tectorat où il est appelé par une mission qui
le retiendra jusqu'au début d'octobre.
Un nouveau chemin de fer
en Côte-d'Ivoire
«♦«
Un décret en date du 24 août 1930 vient
n'accorder au colonel du génie en retraite
Girod, l'exploitation de 200.000 hectares de
forêt dans le cercle de Sassandra, en Côte
d'Ivoire, pendant 60 années avec possibilité
d'attribution en pleine propriété des ter-
rains transformés en plantations. En contre-
partie, le concessionnaire à qui se substituera
une société anonyme française, s'engage à
construire à ses frais, dans un délai maxi.
mum de treize ans, un chemin de fer de
125 km. qui, en fin de contrat, sera remis
gratuitement à la colonie de la Côte d'Ivoire
et qui, en attendant, sera ouvert au public
par tronçons, au fur et à mesure de l'avan-
el à mesure de l'avan-
cement du rail. Ce chemin de fer, suscepti-
ble d'être raccordé plus tard au réseau ad-
ministratif, doit reproduire toutes les carac-
téristiques du railwav actuel.
Si l'on considère, d'une part, que M. Gi-
rod s'est assuré les concours financiers indis-
pensables pour garantir la réalisation et le
fonctionnement de l'entreprise qu'il envisage
et que, d'autre part, la région considérée est
une des plus riches de la colonie, mais peu
exploitée vu le manque de moyens de com-
munication, les avantages de raccord à in-
tervenir sont extrêmement importants pour
- le développement économique du pays.
Une commission administrative désignée
par le Gouverneur général de l'A.O.F. a été
chargée d'établir le cahier des charges im-
posé au concessionnaire ; les clauses et con-
ditions en ont été approuvées par le Conseil
d'administration de la Côte d'Ivoire, par la
Chambre de commerce de cette colonie et par
le Conseil du Gouvernement général de
l'Afrique occidentale française. Les enquêtes
publiques réglementaires n'ont fait surgir au-
cune opposition et les droits des autochtones
sur leurs terrains ont été expressément re-
connus et garantis.
C'est dans ces conditions et après mise au
point du contrat faite en Commission des
concessions que le Ministre des Colonies a
préparé le décret de concession.
Tous ceux qui s'intéressent aux grands
travaux publics des colonies connaissent la
part prépondérante prise par le colonel Gi-
rod alors capitaine, dans la construction du
chemin de fer de tamatave à Tananarive et
l'estime en laquelle le tenaient le général
Gallieni et le général Rocques.
Le colonel Girod passa ensuite en Afrique
et séjourna en Côte d'Ivoire, colonie qu'il
visita d'un bout à l'autre et dont il connaît
à fond toutes les possibilités forestières et
agricoles.
Le troc de 200.000 hectares de forêts con-
senti par l'Afrique Occidentale contre un
chemin de fer de t2 5 km. de développement,
est une heureuse affaire qui ne manquera
pas d'être profitable aux parties contrac-
tantes.
L'extension donnée au commerce des bois
avantagera la colonie en même temps
qu'elle procurera à la Société concession-
naire d importantes ressources financières
pour la construction du railway. C'est le
côté peut-être le plus original de l'entre-
prise, laquelle, contrairement à celles qui
trop souvent se sont montées dans nos- pos-
sessions d'outre-mer, a ses bases premières
sur des réalités bien tangibles.
Au fur et à mesure que seront effectués les
défrichements des terrains forestiers et les
clessouchages faits par des procédés nou-
veaux, les superficies libres seront mises im-
médiatement en culture.
Dans une colonie comme la Côte d'Ivoire
dont les terres sont naturellement très ferti-
les et que favorise par surcroît un bon ré-
gime des pluies, les cultures les plus diver-
ses sont possibles.
Et pourquoi la Côte d'Ivoire ne devien-
drait-elle pas productrice de sucre et de
rhum ?
Simple idée que nous émettons, la Société
nouvelle sachant, mieux que nous, ce qu'elle
peut et doit faire.
0-- -1
Un chemin de fer 1
f Cameroun-Oubangui-Tchad
i* »
Le 6 octobre prochain s'embarquera à Bor-
deaux à destination du Cameroun et sous la
direction de l'Ingénieur en chef des Colonies
Milhau, une mission chargée d'étudier le
meilleur tracé d'une voie ferrée destinée à
relier le Cameroun à l'Oubangui et au
Tchad.
Il suffit de jeter les yeux sur une carte
quelconque du Cameroun et de l'Afrique
équatoriale pour se rendre compte qu'une
voie d'évacuation normale des deux colonies
extrêmes de notre Gouvernement général
équatorial ne peut passer que par le Came-
roun.
Pour la plus grande partie des régions
considérées, séparées de la mer par des dis-
tances énormes, l'utilisation de la voie flu-
viale M'Bomou-Oubangui-Congo n'est qu'un
pis-aller.
On sait le temps qu'il faut actuellement à
un fonctionnaire, à un officier. et à un co-
lis de ravitaillement pour parvenir à Brazza-
ville, et à plus forte raison, de la métropole
jusqu'au Tchad.
En sens inverse, un produit du Tchad ou
même de l'Oubangui dirigé sur un marché
extérieur et grevé des actuels frais de trans-
port ne peut demeurer un produit marchand
qu'à la condition d'avoir été payé à très
bas prix au producteur indigène. C'est dans
ce fait qu'il faut trouver la cause de la vie
trop souvent misérable des populations loca-
les en la persistance du portage.
La réalisation de la voie ferrée projetée
remédiera à ces inconvénients dans une me-
sure d'autant plus large, qu'étendant une
politique déjà suivie dans l'Oubangui, il
nous sera facile de peupler, par un apport de
villages, les régions traversées par le rail.
Enfin, et conséquence dernièie de l'œuvre
à réaliser, de la soudure économique du Ca-
meroun et de l'A. E. F. résultera fatalement
une soudure politique des mêmes territoires,
et l'idée ne viendra plus à personne de nous
demander de renoncer à la gestion du man-
dat qui nous a été confié sur le Cameroun.
EN CHINE
l'
Les communistes chinois
contre les étrangers
De multiples télégrammes qui provien-
nent du cours moyen et supérieur du Yang-
Tsé-Kiang signalent que des canons et des
mitrailleuses communistes bombardent les
navires étrangers de toutes les nationalités,
particulièrement 'es canonnières et les ber
leaux de commerce français ont essuyé la
fusillade :
1° Près de Ku/ciany ;
20 En amont dHdnlww, aucune perte à
signaler. Ces incidents prouvent que le
danger bolcheviste subsiste malgré un
apaisement qui n'est qu'apparent.
Echecs communistes
La journée de dimanche a constitué un
nouvel échec pour les communistes qui
n'ont même pas pu mobiliser leurs parti-
sans. Voici donc plusieurs tentatives d'ex-
trême gauche précédées d'une répétition du
« Grand Soir » qui avortent lamentable.
ment. Les interventions policières dans le
cœur même du mouvement, la veille du
îour choisi ont eu un effet décisif sur les
jeunes soldats qui ont rapporté que les agi-
tateurs leur distribuaient 40 cents à chacun
pour pétroler et incendier divers points de
la cité. Des perquislions effectuées aussi-
tôt ont permis de découvrir 7.000 dollars
en petite monnaie, une centaine de jarres
à vin pleines de gazoline. De pareils faits,
après les événements de Chang-Sha,
indignent la 'population, dont l'évolution
anticommuniste est appuyée par le redres-
sement du gouvernement de Nankin. Aussi,
ta journée de dimanche a-t-elle été limité9
à quelques cris, quelques tracts et une
vingtaine d'arrestations. Cet insuccès des
bolchévistes confirme qu'ils ont perdu pro-
visoirement leur influence sur le prolétariat
Sltangalen.
Réorganisation du gouvernement
Le maréchal Yen-llsi-Shan a prêté ser-
ment ce matin. Il a été proclamé président
du Conseil d'Etat, ce qui correspond à la
Présidence de la République. Une liste of-
ficielle des dix ministres qui composeront
le premier cabinet du gouvernement na-
tional sera publié demain.
Indopacifl.
L'Indochine
et les communications mondiales
Le 19 juin 1928, en séance plénière du
Le 19 J"uin 1928, en séance pléni~redu
Comité de l'Indochine, M. Pouyanne, ins-
pecteur général des Travaux publics de l'In-
dochine, a développé le plai conçu par lui
pour la mise en valeur de la colonie. Une
commission a été, sur sa demande, nommée
et envoyée en Indochine pour étudier l'or-
ganisation d'un port mettant l'Indochine sur
la ligne des communications mondiales.
L'opinion de M. Poayanne inclinait vers
Port-Dayot, mais M. Pouyanne avait promi9
que la commission ne ee prononcerait pas
sans avoir entendu le marquis de Barthélé-
my exposez se: arguments en faveur du port
de Cam Ranh. Or, M. de Barthélémy n'a pas
encore été convoqué devant la commission
dont il paraît que les travaux sont fort
avancés.
Le Comité de l'Indochine a prié récem-
ment M. le ministre des Colonies d'interve-
nir auprès des membres de la commission
pour que M. de Barthélémy soit appelé à dé-
velopper les conclusions d'une étude sur
cette question, étude qu'il poursuit depuis
25 ans.
Cela parait d'autant plus urgent qu'une
réunion a eu lieu, le 6 mai 1929 à la Ban.
que de l'Indochine, sous la présidence de M.
Thion de La Chaume. Au cours de cette réu-
nion, après avoir entendu M. de Barthélémy
rapporteur, une commission de douze mem-
bres, présidée p.ir M. l'amiral Lacaze, a été
nommée pour élaborer et présenter un rap-
port au ministère des Colonies et au Gouver-
nement général de l'Indochine aux fins de
mise en valeur de Cam Ranh. Cette com-
mission ne peut poursuivre utilement ses
travaux que si la commission constituée sur
l'initiative de M. Pouyanne conclue elle-
même son étude et elle ne peut le faire en
toute impartialité sans avoir entendu les avis
compétents.
- .Qéel
Un allègement du coût
des transports dans nos colonies
i
En vue de lutter contre la crise actuelle
des affaires par un abaissement des prix de
revient de leurs produits sur les marchés eu-
ropéens, tous nos Colons se tournent vers la
haute administration locale pour réclamer l'at-
ténuation d'une fiscalité qu ïh jugent exces-
sive
Satisfaction leur a été, donnée à peu près
partout en Afrique sous forme d'une diminu-
tion des droits de sortie d'extraction et d'em-
barquement.
Mais nous remarquons que là surtout où
des chemins de fer existent, c'est contre les
tarifs de transport que les récriminations sont
les plus pressantes, aussi bien en Indochine,
en Afrique Occidentale à l.a réunion et à
Madagascar.
Dans cette dernière colonie, le gouverne-
ment général vient de procéder à la réduction
de certains tarifs sur le chemin de fer de
Tananarive à Tamatave. C'est ainsi que le
manioc a été tout particuliècement avantagé.
Chargé en wagons complets, il ne paie plus
que 30 francs par tonne, quelle que soit la
distance parcourue, à la condition qu'il soit
dirigé sur les usines où il est séché ou trans-
formé en tapioca.
D'autre part le manioc destiné à l'expor-
tation bénéficie d'un tarif qui dans tous les
cas, c'est-à-dire quelle que soit la distance,
ne peut être supérieur à 50 franCl.
JOURNALJfUOTIDIER
Rédaction & A dministration :
14, m m mm-nmr
PARIS a*o
TtLtPH. t LOUVRB 1t-S7
- RICHKLIKU1744
0
Les Annales Coloniales
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du • di" reproatw» fuen çitant les ADALU Goumob.
ABONNERENTS
la Rnue mensméllêi
V* »• S M*U S )Ms
Fram et
Colonies 1800 100 > 60 »
Êtraafar.. 240 » 125 » 70»
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
L'autonomie ifnancière de nos Colonies
dote
M. Georges Boussenot a l'épi derme sensi-
ble.
Dans un précédent article des Annales Co-
loniales, j'avais écrit qu'agiter le spectre de
l'autonomie financière de nos colonies, à
l'heure où elles sollicitent du Parlement l'au-
torisation d'emprunter 5 milliards, ne m appa-
raissait pas très indiqué pour obtenir une déci-
sion rapide. Et j'avais timidement ajouté que
les chances de réussite d'un emprunt colonial
émis sans la garantie de l'Etat me semblaient
assez maigres.
Il n'en a pas fallu davantage pour que
M. Georges Boussenot m'infligea sur deux
colonnes, dans le journal dont il est le direc-
teur politique, une verte semonce. Je l'ai reçue
avec humilité, puisqu'elle émane d'un homme
qui, s'étant longuement « promené au Sénégal,
« au Soudan, dans les Antilles, à La Réfu-
« nion, à Madagascar, dans le Bas-Congo,
a etc. », doit connaître l'état d'esprit des épar-
gnants. français beaucoup mieux que ceux qui,
comme moi, ont passé les neuf dixièmes de
leur existence à explorer la terre de France et
l'âme de ses habitants.
Je n'en persiste pas moins à croire que la
technicité coloniale de mon honorable contra-
dicteur peut être, par hasard, quelquefois en
défaut. Je le crois d'autant plus volontiers
qu'en ces mois de vacances et de villégiature,
on rencontre sur nos grandes routes autant de
vrais coloniaux que sur les pistes de l'A - E. F
et de Madagascar. La plupart ont une expé-
rience coloniale devant laquelle celle pourtant
si grande de mon ancien collègue, fait mo-
deste figure. La vérité m'oblige à confesser
qu'un assez grand nombre d' entr eux ont sur
l'emprunt colonial une opinion assez sensible-
ment analogue à celle que j'avais exprimée et
qui a si profondément irrité M. Georges Bous-
senot. Il y a donc en matière, comme en beau-
coup d'autres querelle d' experts, ce qui me
permet en toute tranquillité de conscience de
m'en tenir à ce que peut me suggérer mon
nvvIfII" Mtendement.
Au surplus la question telle que le l'avais
posée débordait beaucoup le cadre habituel
des1 questions coloniales. Elle était d'ordre à
la fois parlementaire et financière. Parlemen-
tairement il s'agissait de savoir si, oui ou non,
un débat est d'autant plus court qu'on en élar-
git davantage le thème ; si, oui ou non, le dé-
bat sur l'emprunt colonial serait abrégé du fait
que préalablement on poserait devant la Cham-
bre, comme le fait M. Boussenot dans son
tounuu. le problème de l'autonomie financière
des colonies. Point n'est nécessaire, semble-
t-il, d'avoir voyagé de Tananarive à Brazza-
ville pour répondre non. Il n'est point -- néces-
saire même d' avoir passé, quelques années au
Palais-Bourbon. Le simple bon sens suffit à
indiquer que le meilleur moyen de résoudre un
problème n'est pas d'en compliquer les don-
nées.
Financièrement, nous nous étions demandé si
un emprunt colonial, non garantit par l'Etat,
ne risquait pas d'être accueilli, avec quelque
froideur par le grand public. M. Boussenot,
naturellement doué d'un optimisme débordant,
rejette avec véhémence cette hypothèse. Pour
lui, les obligations d'un emprunt malgache,
émises par la seule volonté d'une quelconque
délégation financière, se placeraient comme des
petits pains. Que ne consulte-t-il donc les di-
recteurs des succursales provinciales de nos
grands établissements de crédit ? Sa belle as-
surance serait mise certainement à rude épreuve.
en apprenant que les plus grandes villes de
France éprouvent des difficultés sérieuses à
emprunter à un taux raisonnable les sommes
nécessaires au financement et travaux intéres-
sant directement le grand public ; que la Ville
de Paris elle-même a péniblement placé les
obligations de son dernier emprunt. Peut-il
ignorer qu'un certain nombre d'Etats euro-
péens ne peuvent emprunter qu'à des taux
usuraires, qu'en acceptant les prétentions exor-
bitantes des grandes banques émettrices? Croit-
il que Madagascar et l'Indo-Chine même si
o elles empruntaient, sans l'autorisation et
partant sans la garantie de l'Etat. se-
raient moins durement traitées ? C'est parce
que nous avons le souci de ne pas les livrer
aux usuriers, parce que nous voulons qu'elles
puissent trouver de l'argent à bon marché,
parce que nous voulons que les épargnants
français ne puissent pas, le cas échéant, con-
naître les vicissitudes qu'ils ont subies pour les
fonds russes, que nous estimons ne concevoir
que des emprunts coloniaux garantis par l'Etat.
Or, la garantie de l'Etat ne peut être donnée
que , par le Parlement ; elle n'est valable que
si elle est sanctionnée par une loi.
M. Boussenot retrouvera, j'ose espérer un
peu de sa bonne humeur naturelle, en apprenant
que, comme lui, je. trouve bien lourde et bien
compliquée la machine parlementaire. Il se
x plaint avec juste raison de la difficulté d'obte-
nir rapidement le vote de lois essentielles ; il
a raison de protester contre la tutelle étroite,
draconienne dans laquelle l'Etat tient nos co-
K lonies. Mais les colonies ne sont pas seules à
en souffrir ; toutes les collectivités en souffrent
au même point : communes, départements,
établissements de bientaisance.
Les méfaits d'une centralisartion excessive
ont été maintes fois dénoncés par des hommes
appartenant à tous les partis politiques. Est-il
besoin d'être, comme mon honorable contra-
dicteur, un expert distingué en matière colo-
niale, pour les apercevoir ?
Comme lui, d'autre part, j'estime que nos
colonies doivent progressivement s'acheminer
vers une autonomie quasi totale ; avec lui je
souhaite de les voir doter de véritables as-
semblées délibérantes, dans lesquelles l'élé-
ment indigène aura une importance qui crottra à
mesure que son évolution t'accédera. M.
Boussenot peut être assuré que mes amis et
moi, sommes bien décidés à nous associer à
toute mesure tendant à réaliser ce but.
Cela ne nous empêchera pas de suivre d'un
oeil vigilant les événements qui surgissent dans
notre empire colonial, et n'en déplaise à M.
Georges Boussenot, il nous arrivera de trouver
que tout n'y est pas parfait. Il nous arrivera
même de le dire à la tribune. Nous aurons
cette audace. Mon ancien collègue a tort de
s en plaindre, car sans les interpellations que
nous déposons une ou deux fois l'an, il ne se-
rait pas souvent question de nos colonies à la
tribune du Parlement, à peine durant quelques
heures dans la fièvre des discussion budgé-
taires. Nos interpellations, nos critiques, ont
d'ailleurs ceci de bon, que M. Boussenot doit
particulièrement apprécier, qu'elles sont l'oc-
casion pour le gouvernement de s'expliquer sur
notre politique coloniale et par conséquent de
l'obliger à en avoir une. Elles permettent
d'autre part à ceux qui, à l'exemple de l'an-
cien député de la Réunion, estime que dans
notre domaine colonial tout est pour le mieux
de le dire publiquement et de remplir les co-
lonnes du Journal officiel de leurs cris d'ad-
miration et du concert de leurs éloges.
Alors de quoi se plaint-on ?
George. IVOueldre,
Député de Saône-et-Loire, vice-présidenj
de la Commission de t'/H~We,
des Colonies et des Protectorats,
membre de la Commission des
Mines. ,
A L'UNION COLONIALE FRANÇAISE
L'Union coloniale franco-belge
̃
Le Congrès d'Entente Franco-Belge se
tiendra à Liège du 27 au 30 septembre pro-
chain. Ce Congrès aura une section colo-
niale, dont l'organisation est assurée pour
la France par le Comité Franco-Belge
d'Etudes Coloniales.
Les travaux de la section coloniale seront
présidés par M. Albert Lebrun, sénateur,
ancien ministre des Colonies et par M. Car-
ton, député, ancien ministre belge des Co-
lonies.
Les questions inscrites à l'ordre du jour
sont les suivantes :
io L'organisation franco-belge des trans-
ports par terre et par eau en Afrique Equa-
toriale ;
20 Les débouchés européens des produits
africains ;
3° Les mesures d'hygiène et de police à
prendre le long de la frontière belge au
Congo ;
40 L'aviation et le tourisme dans les co.
lonies.
Des rapports seront présentés sur ces
questions par les délégués belges et par les
délégués français. Citon9 dès à présent le
rapport très remarquable présenté par M.
Louis Proust vice-président des Commissions
de l'Aéronautique et des Colonies de la
Chambre des deputés sur le développement
de l'aviation touristique, et le rapport for-
tement établi par le colonel Mornet, sur
l'organisation franco-belge des transports.
Les relations très cordiales qui existent
entre les milieux coloniaux de Belgique et
de France garantissent le succès de ce
Congrès dont nous sommes certains qu'il
sortira des enseignements et des accords de
grande valeur pour le progrès commun de
nos colonies africaines.
Le Gouverneur de l'Angola
en Afrique Equatoriale
«♦«
On annonce de Lisbonne que le Gouver-
neur de la colonie portugaise de l'Angola
sera prochainement l'hôte du Gouverneur
général de l'Afrique Equatoriale.
Les deux colonies ont entretenu de tout
temps les relations les plus cordiales, et l'on
sait que les Portugais par leur nombre et
l'importance de leurs intérêts occupent dans
le commerce de. notre grande possession une
place considérable.
Pendant la guerre, nous avons beaucoup
'acheté à l'Angola. Et c'est encore l'An-
gola qui fournit à Brazzaville les bœufs né-
cessaires à son alimentation.
L'effort que le Portugal déploie dans sa
colonie équatoriale est d une ampleur remar-
quable, et cela dans tous les domaines. La
tentative la plus hardie est peut-être celle
d'une colonisation blanche sur les hauts pla-
teaux du pays.
Il y a quelques années les médecins de
l'Afrique Equatoriale française ont été con-
viés à un congrès qui se tint chez sa voi-
sine.
Notre mandat syrien
devant la Société des Nations
«
»♦»
A la séance de mardi dernier, de la XIe
session de l'assemblée des nations à Genève,
est revenue la question de notre mandat sur la
Syrie.
W Nous avons dit, précédemment que le rap-
port rédigé par notre Haut-Commissaire, M.
François Ponsot, avait fait l'objet, de la part
ra inç-o i s
des membres de la Commission spéciale qui
eut à l'examiner, de commentaires très flat-
teurs.
Le rapport en question, présenté cette fois
à l'assemblée, a été l'objet, de la part de
cette dernière, d'une appréciation non moins
favorable.
M. Briand remercia vivement ses collègues
des félicitations décernées à la France, à 1 oc-
casion principalement, de l'établissement du
nouveau statut qui a donné à la Syrie la sou-
ple constitution destinée à préparer, dans le
cadre du mandat, son évolution politique et
économique.
AU TOGO -
Prospérité agricole
»♦»
ES chiffres prennent
toute leur valeur
dans V exf oséd'une
situation économi-
que, laissons les
donc parler, ils
traduisent éloquem-
ment les efforts
accomplis par M.
Bonnecarrère l'ac-
tif Commissaire de
l a République
Française au Togo, pour assurer l'essor agri-
cole du Territoire.
De 1.899.072 francs en 1927, les dépen-
ses se sont élevées à 2.824.090 francs en
1928. Or, cette augmentation de 925.018 fr.
symbolise en quelque sorte l'action bienfai-
sante, sans cesse croissante de la France ci-
vilisatrice pour améliorer la situation agri-
cole : par des primes à l'agriculture et aux
jardins scolaires des écoles libres ; par des
concours agricoles ; par des achats de maté-
riel, de graines et de plants distribués aux in-
digènes, d'engrais, de produits destinés à la
lutte contre les parasites, d'outils, de graines
pour l'enseignement professionnel etc.
A I'oeuvre de mise en valeur de la cdonie
et de vulgarisation poursuivie dans les sec-
teurs et les stations, il faut ajouter la très
heureuse intitiative de M. Bonnecarrère con-
cernant la réglementation agricole.
L'indigène, il y a peu de temps encore,
cultivait, récoltait, préparait selon les métho-
des primitives. Il livrait par conséquent, au
commerce des produits médiocres auxquels
se trouvaient mêlées des impuretés de toutes
sortes, ce qui diminuait encore leur valeur
marchande.
Il fallait donc réagir énergiquement con-
tre les routines et les malfaçons qui nuisaient
au bon renom du Togo agricole et dévalori-
saient les produits de culture et de cueillette.
L'arrêté du 29 juillet 1929 portant réor-
ganisation du Service d'Inspection des pro-
duits naturels destinés à l'exportation, mit
un terme à l'ancienne situation déprédatrice.
Peu de produits falsifiés, avariés ou ren-
fermant un pourcentage d'impuretés supé-
rieur à la tolérance, échapperont à la sévé-
rité des agents ayant droit de visite et qua-
lité pour dresser procès-verbal.
< Le fait de mettre en circulation, de
vendre, d'acheter ou de tenter d'exporter des
produits ne répondant pas aux conditions
prévues par la réglementation spéciale à cha-
cun des produits contrôlés, le refus de se
soumettre à la vérification, procéder aux
triages prescrits par les agents du Service,
etc. entraÍnera la saisie et la confiscation
des produits et sera puni :
i * En ce qui concerne les commerçants et
les non-commerçants citoyens ou assimilés,
d'une amende de 50 à 2.000 francs.
20 Les indigènes et les non-citoyens fran-
çais seront passibles des peines disciplinaires
fixées par le décret du 24 mars 1923.
Le Togo ne doit pas se plaindre d'une
réglementation évidemment sévère, mais qui,
en apportant un minimum de gène au com-
merce, maintient une qualité marchande seu-
le capable de favoriser la cotation sur les
marchés de l'extérieur et d'assurer dans les
meilleures conditions la présentation des pro-
duits.
C'est ainsi que les produits envoyés au
'dernier Concours général agricole de Paris
ont obtenu un diplôme d'honneur et que
deux planteurs indigènes ont mérité égale-
ment des récompenses, dont une médaille
d'argent pour le coprah.
£ ritesl llaudos,
Sénateur de la MarM,
Vtct-Pré aident de la Commission
des Deuenes.
Tu te rends compte.
LfAne, le Consul et le Policier
M. Blaclce est consul des Etats-Unis à
Tanger. Ce personnage aime à se promener
familièrement dans les rues de la ville accom-
pagné de son âne fidèle, qu'il chevauche
même parfois si la fatigue lui vient.
Un jour M. Blacke, consul des Etats-Unis,
ne se sentant pas le cœur à la promenade, fit
sortir l'âne par son valet indigène. Celui-ci,
en bon marocain, enfourcha la croupe du
bourricot et, ivre de liberté prétendit descen-
dre sur la plage et caracoler sur le sable.
Un policier survint alors, faisant observer
que les règlements municipaux s'opposaient
très catégoriquement à ta descente des ânes
sur la plage, fussent-ils propriété consulaire.
Une rixe s'ensuivit, mais l'âne s'étant mis de
la partie, le policier fut mis à mal et il fallut
l'intervention de plusieurs confrères pour arré.
ter le prétentieux valet du consul. L' âne,
comme un vulgaire roquet, fut mis en four-
rière.
Mais M. Blacke, consul des Etats-Unis
réclama la libération de l'âne et du domesti-
que et la destitution du policier. Devant un
refus très net il menaça de vaincre le règle-
ment par la force et d'armer à cet effet tous
ses compatriotes de la ville.,.
Cette solidarité entre le maître et son âne,
est fort édifiante. Parce que sa bête s'est fait
botter le poil, M. Blacke menace de la guerre
cimle. N'allez point en faire de la peau de
tambour, nous aurions la guerre 1
1.
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
t «♦ 1
A PROPOS DE LA VISITE
DE M. FRANÇOIS PIETIU
Les Annales. Coloniales, dans leur numéro
du 9 septembre, ont rendu compte de la visite
de M. Piétri , aux chantiers de l' Exposition.
Cette visite mérite qu'on en reparle. Elle
fut pleine de révélations. Tout d'abord, pour
ceux qui ne connaissaient pas notre ministre
des Colonies. Ensuite, en raison du constat
de visu, qu'elle offrait aux sceptiques, doutant
de son inauguration au printemps prochain.
La réunion était fixée pour 4 heures.
A quatre heures moins le quart, M. Piétri
descendait de voiture.
Toutes les personnalités officielles et
par un hasard charmant, un grand nombre de
journalistes étaient là pour recevoir le mi-
nistre. Et cela n'est pas si banal, ni simple
politesse de roi.
M. Piétri
Svelte dans un veston bien cintré, coiffé
d'un feutre mou, le ministre des Colonies a
1 air d un jeune homme. Le visage mat est
mince, les traits délicatement amenuisés. Les
yeux sont noirs, sans être ni trop brillants ni
trop sombres. Il y a de la douceur dans le re-
gard et dans la voix. De l'énergie dans les
paroles, dans la démarche, dans le geste.
A 4 heures moins dix, M. Piétri, accom-
pagné du gouverneur général, Marcel Olivier,
commencera la visite des chantiers. Et nous,
nous commencerons une randonnée épique à
travers le terrain détrempé par la pluie, ayant
pour rall iement une silhouette mince, toujours
en mouvement, trop lointaine à notre avis.
Avec la souplesse d'un ascensionniste né,
la fougueuse agilité d'un champion de cross-
country, l'actif ministre mène son cortège sans
perdre de temps. Il ne se soucie ni des trous
pleins d'eau, ni des bosses de boue. Il passe
d un saut les tranchées béantes, foule d'un
pas rapide les chemins fraîchement empierrés
comme tapis de la rue Oudinot. On 1 imite,
avec moins de tranquillité. On le suit. Il le
faut bien, en soufflant, en s'épongeant. Et le
gtos de la troupe le rejoint, quand, souriant, il
se fait donner cent détails sur tel ou tel pa-
lais.
En combien de temps avez-vous fait ce-
la. demande-t-il fréquemment, tantôt au Gou-
verneur Général Olivier, tantôt à M. Martz-
M, dffëcteur des travaux d'architecture.
Rien ne peut l'enchanter d'avantage que la
vitesse avec laquelle la grande carcasse de fer
de la Section métropolitaine est sortie de ter-
re. La pure merveille de l'Indochine lui plaît
comme un miracle d'art et de rapide adresse.
LTun bref coup d' oeil, il voit ce qu'il y a
de trop, de juste, ce qui manque.
Cent questions se précipitent sur ses lèvres.
11 ne semble alors, plus du tout pressé de con-
tinuer sa course.
Puis, satisfait, il repart à fond de train et
sème derrière lui son escorte surprise, bouche
bée et stylo en main.
Devant le blanc palais du Maroc crénelé,
comme une précieuse dentelle, devant le pa-
lais de l' A.O.F. et sa rose mosquée, il ob-
jecte :
Peut-être un peu trop blanc. Peut-être
un peu trop rose. Prenez garde à la pein-
ture.
Au pavillon des Indes françaises, où l'ar-
chitecture lui montre la maison carrée qui doit
s'élever, là, il acquiesce :
C'est bien. Très bien. Mais comment
l'omerez-vous ? Et peu satisfait de la ré-
ponse, il - se tourne vers les organisateurs.
Il ne faut pas surtout qu'il y ait de
stands sacrifiés. Il faut que lé nom du pavil-
lon apparaisse au public, non comme une ima-
ge agréable, mais comme un morceau vivant
du pays qu'il représente.
Là, il notera
Il faut des arbres coloniaux. Quels ar-
bres nous mettrez-vous ? Un éléphant ne fe-
rait pas ma l ici.
Il parle italien dans le palais de l'Italie.
Il s'entretient encore des arbres qui lui sont si
chers avec le conservateur du Bois. Et, en
fin de compte, dit sa grande satisfaction.
En trois heures, il aura vu et bien vu -
15 palais.
Et les ouvriers nombreux sur le chantier,
qui le voient passer comme une flèche, à la
tête de son escorte épuisée, ne se doutent pas,
que cet infatigable entraîneur n'est autre que
le ministre des Colonies.
C'est un ministre actif, comme peu d'hom-
mes.
Les travaux de l'Exposition
En vérité, ils sont désormais en excellente
voie. Dès novembre, les derniers palais se-
ront achevés. L'ensemble peut déjà se juger.
Ce sera très beau. Et si cela est vivant, com-
me le souhaite M. Pietri à plusieurs reprises,
nous pouvons être assurés du plein succès de
la première exposition coloniale de Paris.
Mlrane-ITarcelle Oe//lfM.
mm |
En mission au Maroc
se-
Notre excellent collaborateur et ami le
dqcteur Péchin, député de Paris, qui s'est
intéressé dans une série de temarouables
articles sur l'hygiène et la santé au Maroc,
quittera la semaine prochaine sa circonscrip-
tion du XII* arrondissement pour notre pro-
tectorat où il est appelé par une mission qui
le retiendra jusqu'au début d'octobre.
Un nouveau chemin de fer
en Côte-d'Ivoire
«♦«
Un décret en date du 24 août 1930 vient
n'accorder au colonel du génie en retraite
Girod, l'exploitation de 200.000 hectares de
forêt dans le cercle de Sassandra, en Côte
d'Ivoire, pendant 60 années avec possibilité
d'attribution en pleine propriété des ter-
rains transformés en plantations. En contre-
partie, le concessionnaire à qui se substituera
une société anonyme française, s'engage à
construire à ses frais, dans un délai maxi.
mum de treize ans, un chemin de fer de
125 km. qui, en fin de contrat, sera remis
gratuitement à la colonie de la Côte d'Ivoire
et qui, en attendant, sera ouvert au public
par tronçons, au fur et à mesure de l'avan-
el à mesure de l'avan-
cement du rail. Ce chemin de fer, suscepti-
ble d'être raccordé plus tard au réseau ad-
ministratif, doit reproduire toutes les carac-
téristiques du railwav actuel.
Si l'on considère, d'une part, que M. Gi-
rod s'est assuré les concours financiers indis-
pensables pour garantir la réalisation et le
fonctionnement de l'entreprise qu'il envisage
et que, d'autre part, la région considérée est
une des plus riches de la colonie, mais peu
exploitée vu le manque de moyens de com-
munication, les avantages de raccord à in-
tervenir sont extrêmement importants pour
- le développement économique du pays.
Une commission administrative désignée
par le Gouverneur général de l'A.O.F. a été
chargée d'établir le cahier des charges im-
posé au concessionnaire ; les clauses et con-
ditions en ont été approuvées par le Conseil
d'administration de la Côte d'Ivoire, par la
Chambre de commerce de cette colonie et par
le Conseil du Gouvernement général de
l'Afrique occidentale française. Les enquêtes
publiques réglementaires n'ont fait surgir au-
cune opposition et les droits des autochtones
sur leurs terrains ont été expressément re-
connus et garantis.
C'est dans ces conditions et après mise au
point du contrat faite en Commission des
concessions que le Ministre des Colonies a
préparé le décret de concession.
Tous ceux qui s'intéressent aux grands
travaux publics des colonies connaissent la
part prépondérante prise par le colonel Gi-
rod alors capitaine, dans la construction du
chemin de fer de tamatave à Tananarive et
l'estime en laquelle le tenaient le général
Gallieni et le général Rocques.
Le colonel Girod passa ensuite en Afrique
et séjourna en Côte d'Ivoire, colonie qu'il
visita d'un bout à l'autre et dont il connaît
à fond toutes les possibilités forestières et
agricoles.
Le troc de 200.000 hectares de forêts con-
senti par l'Afrique Occidentale contre un
chemin de fer de t2 5 km. de développement,
est une heureuse affaire qui ne manquera
pas d'être profitable aux parties contrac-
tantes.
L'extension donnée au commerce des bois
avantagera la colonie en même temps
qu'elle procurera à la Société concession-
naire d importantes ressources financières
pour la construction du railway. C'est le
côté peut-être le plus original de l'entre-
prise, laquelle, contrairement à celles qui
trop souvent se sont montées dans nos- pos-
sessions d'outre-mer, a ses bases premières
sur des réalités bien tangibles.
Au fur et à mesure que seront effectués les
défrichements des terrains forestiers et les
clessouchages faits par des procédés nou-
veaux, les superficies libres seront mises im-
médiatement en culture.
Dans une colonie comme la Côte d'Ivoire
dont les terres sont naturellement très ferti-
les et que favorise par surcroît un bon ré-
gime des pluies, les cultures les plus diver-
ses sont possibles.
Et pourquoi la Côte d'Ivoire ne devien-
drait-elle pas productrice de sucre et de
rhum ?
Simple idée que nous émettons, la Société
nouvelle sachant, mieux que nous, ce qu'elle
peut et doit faire.
0-- -1
Un chemin de fer 1
f Cameroun-Oubangui-Tchad
i* »
Le 6 octobre prochain s'embarquera à Bor-
deaux à destination du Cameroun et sous la
direction de l'Ingénieur en chef des Colonies
Milhau, une mission chargée d'étudier le
meilleur tracé d'une voie ferrée destinée à
relier le Cameroun à l'Oubangui et au
Tchad.
Il suffit de jeter les yeux sur une carte
quelconque du Cameroun et de l'Afrique
équatoriale pour se rendre compte qu'une
voie d'évacuation normale des deux colonies
extrêmes de notre Gouvernement général
équatorial ne peut passer que par le Came-
roun.
Pour la plus grande partie des régions
considérées, séparées de la mer par des dis-
tances énormes, l'utilisation de la voie flu-
viale M'Bomou-Oubangui-Congo n'est qu'un
pis-aller.
On sait le temps qu'il faut actuellement à
un fonctionnaire, à un officier. et à un co-
lis de ravitaillement pour parvenir à Brazza-
ville, et à plus forte raison, de la métropole
jusqu'au Tchad.
En sens inverse, un produit du Tchad ou
même de l'Oubangui dirigé sur un marché
extérieur et grevé des actuels frais de trans-
port ne peut demeurer un produit marchand
qu'à la condition d'avoir été payé à très
bas prix au producteur indigène. C'est dans
ce fait qu'il faut trouver la cause de la vie
trop souvent misérable des populations loca-
les en la persistance du portage.
La réalisation de la voie ferrée projetée
remédiera à ces inconvénients dans une me-
sure d'autant plus large, qu'étendant une
politique déjà suivie dans l'Oubangui, il
nous sera facile de peupler, par un apport de
villages, les régions traversées par le rail.
Enfin, et conséquence dernièie de l'œuvre
à réaliser, de la soudure économique du Ca-
meroun et de l'A. E. F. résultera fatalement
une soudure politique des mêmes territoires,
et l'idée ne viendra plus à personne de nous
demander de renoncer à la gestion du man-
dat qui nous a été confié sur le Cameroun.
EN CHINE
l'
Les communistes chinois
contre les étrangers
De multiples télégrammes qui provien-
nent du cours moyen et supérieur du Yang-
Tsé-Kiang signalent que des canons et des
mitrailleuses communistes bombardent les
navires étrangers de toutes les nationalités,
particulièrement 'es canonnières et les ber
leaux de commerce français ont essuyé la
fusillade :
1° Près de Ku/ciany ;
20 En amont dHdnlww, aucune perte à
signaler. Ces incidents prouvent que le
danger bolcheviste subsiste malgré un
apaisement qui n'est qu'apparent.
Echecs communistes
La journée de dimanche a constitué un
nouvel échec pour les communistes qui
n'ont même pas pu mobiliser leurs parti-
sans. Voici donc plusieurs tentatives d'ex-
trême gauche précédées d'une répétition du
« Grand Soir » qui avortent lamentable.
ment. Les interventions policières dans le
cœur même du mouvement, la veille du
îour choisi ont eu un effet décisif sur les
jeunes soldats qui ont rapporté que les agi-
tateurs leur distribuaient 40 cents à chacun
pour pétroler et incendier divers points de
la cité. Des perquislions effectuées aussi-
tôt ont permis de découvrir 7.000 dollars
en petite monnaie, une centaine de jarres
à vin pleines de gazoline. De pareils faits,
après les événements de Chang-Sha,
indignent la 'population, dont l'évolution
anticommuniste est appuyée par le redres-
sement du gouvernement de Nankin. Aussi,
ta journée de dimanche a-t-elle été limité9
à quelques cris, quelques tracts et une
vingtaine d'arrestations. Cet insuccès des
bolchévistes confirme qu'ils ont perdu pro-
visoirement leur influence sur le prolétariat
Sltangalen.
Réorganisation du gouvernement
Le maréchal Yen-llsi-Shan a prêté ser-
ment ce matin. Il a été proclamé président
du Conseil d'Etat, ce qui correspond à la
Présidence de la République. Une liste of-
ficielle des dix ministres qui composeront
le premier cabinet du gouvernement na-
tional sera publié demain.
Indopacifl.
L'Indochine
et les communications mondiales
Le 19 juin 1928, en séance plénière du
Le 19 J"uin 1928, en séance pléni~redu
Comité de l'Indochine, M. Pouyanne, ins-
pecteur général des Travaux publics de l'In-
dochine, a développé le plai conçu par lui
pour la mise en valeur de la colonie. Une
commission a été, sur sa demande, nommée
et envoyée en Indochine pour étudier l'or-
ganisation d'un port mettant l'Indochine sur
la ligne des communications mondiales.
L'opinion de M. Poayanne inclinait vers
Port-Dayot, mais M. Pouyanne avait promi9
que la commission ne ee prononcerait pas
sans avoir entendu le marquis de Barthélé-
my exposez se: arguments en faveur du port
de Cam Ranh. Or, M. de Barthélémy n'a pas
encore été convoqué devant la commission
dont il paraît que les travaux sont fort
avancés.
Le Comité de l'Indochine a prié récem-
ment M. le ministre des Colonies d'interve-
nir auprès des membres de la commission
pour que M. de Barthélémy soit appelé à dé-
velopper les conclusions d'une étude sur
cette question, étude qu'il poursuit depuis
25 ans.
Cela parait d'autant plus urgent qu'une
réunion a eu lieu, le 6 mai 1929 à la Ban.
que de l'Indochine, sous la présidence de M.
Thion de La Chaume. Au cours de cette réu-
nion, après avoir entendu M. de Barthélémy
rapporteur, une commission de douze mem-
bres, présidée p.ir M. l'amiral Lacaze, a été
nommée pour élaborer et présenter un rap-
port au ministère des Colonies et au Gouver-
nement général de l'Indochine aux fins de
mise en valeur de Cam Ranh. Cette com-
mission ne peut poursuivre utilement ses
travaux que si la commission constituée sur
l'initiative de M. Pouyanne conclue elle-
même son étude et elle ne peut le faire en
toute impartialité sans avoir entendu les avis
compétents.
- .Qéel
Un allègement du coût
des transports dans nos colonies
i
En vue de lutter contre la crise actuelle
des affaires par un abaissement des prix de
revient de leurs produits sur les marchés eu-
ropéens, tous nos Colons se tournent vers la
haute administration locale pour réclamer l'at-
ténuation d'une fiscalité qu ïh jugent exces-
sive
Satisfaction leur a été, donnée à peu près
partout en Afrique sous forme d'une diminu-
tion des droits de sortie d'extraction et d'em-
barquement.
Mais nous remarquons que là surtout où
des chemins de fer existent, c'est contre les
tarifs de transport que les récriminations sont
les plus pressantes, aussi bien en Indochine,
en Afrique Occidentale à l.a réunion et à
Madagascar.
Dans cette dernière colonie, le gouverne-
ment général vient de procéder à la réduction
de certains tarifs sur le chemin de fer de
Tananarive à Tamatave. C'est ainsi que le
manioc a été tout particuliècement avantagé.
Chargé en wagons complets, il ne paie plus
que 30 francs par tonne, quelle que soit la
distance parcourue, à la condition qu'il soit
dirigé sur les usines où il est séché ou trans-
formé en tapioca.
D'autre part le manioc destiné à l'expor-
tation bénéficie d'un tarif qui dans tous les
cas, c'est-à-dire quelle que soit la distance,
ne peut être supérieur à 50 franCl.
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