Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1930-02-08
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 février 1930 08 février 1930
Description : 1930/02/08 (A31,N24). 1930/02/08 (A31,N24).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6280686g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
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Les Anna/es Coloniales
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Colonies 1809 100 » 10 •
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de
Les maladies vénériennes
aux Colonies
co- "C
Est-ce Dieu ou le Diable qui a in-
venté la vérole ? A quelle époque son
germe a-t-il été déversé dans le monde?
Le terrible spirochète provient-il en pre-
mier lieu de la femme ou de l'homme ?
Quel fut le premier contagieux ? Quel a
été le premier coupable ? Nul ne sau-
rait donner de réponses à ces questions.
Les divers noms que l'on donne à la
syphilis, « mal français », « mal napoli-
tain », « mal espagnol », « mal des Po-
lonais Il, des « Allemands, des chrétiens
et des Turcs », montrent qu'elle s'est
propagée dans toutes les contrées sans
qu'on en sache exactement le pays d'ori-
gine. Ce que l'on sait, c'est qu'il y a eu
au 158 siècle une véritable épidémie de
syphilis qui a couru à travers l'Europe.
On ne trouve aucune indication pré-
cise de cette maladie dans la médecine
du temps des Grecs et des Romains.
Aujourd'hui, nous savons que c'est une
maladie virulente, contagieuse (conta-
gium direct, par inoculation) que l'on
rencontre sous toutes les latitudes, qui
est bénigne, ou grave, superficielle ou
profonde et peut empoisonner l'orga-
nisme jusqu'à la moelle des os. Le spi-
rochète de la syphilis peut envahir jus-
qu'à l'écorce du cerveau et faire d'un
homme intelligent et cultivé un paraly-
tique général et un gâteux. Ses coups
parfois incertains peuvent être loin-
tains. Elle n'en est que plus dangereuse.
Le gonococctts de la blennorrhagie
est de la même catégorie. Il infecte
l'urèthre et, par métastase, peut con-
duire à des arthropathies et à des or-
chites dangereuses. D'où vient-il ? A-
t-il en premier lieu pénétré dans l'urè-
rethre de l'homme ou de la femme ?
Nul ne le sait. Ce qu'on sait, c'est que
le virus blennorrhagique (vénérien) se
communique d'un sexe à l'autre par
contagion.
Dans la plupart de nos colonies, les
, affections vénériennes sont très répan-
dues. Il en est4 ainsi en Indochine où la
blennorrhagie atteint 75 de la popu-
lation, dans l'Inde, à la Guyane à la
Guadeloupe, à la Martinique, à Mada-
gascar, où la syphilis, en particulier,
sévit largement (environ 200.000 syphi-
litiques ont été traités en 1927 dans les
165 dispensaires de la Colonie), à la
Nouvelle-Calédonie, au Cameroun, où
32.000 indigènes ont été soignés pour
la syphilis en 1927, au Togo où syphilis
et blennorrhagie sont largement répan-
dues, en Afrique occidentale et équato-
riale françaises où les maladies véné-
riennes partagent avec la Mauritanie le
triste privilège d'une proportion élevée.
En Mauritanie, la syphilis est la grande
pourvoyeuse des Dispensaires (40 des
consultations). Il en est de même au
Tchad et au Gabon. Un institut pro-
phylactique fonctionne à Tananarive.
Il y en a également un Ú Saïgon et en
Annam.
La lutte contre la syphilis, qu'on
pratique avec succès aujourd'hui par les
méthodes des arsénobenzols et autres
traitements, est difficile à conduire
aux Colonies, parce que l'indigène
est indifférent au péril vénérien et
que les campagnes antivénériennes
entreprises par la parole, les tracts
et l'image ont peu de prise sur lui.
D'autre part, la prostitution clandes-
tine est courante et peu commode à ré-
primer et beaucoup de syphiliques qui
viennent aux Dispensaires pour se faire
traiter n'ont pas la constance de suivre
suffisamment de temps le traitement
pour être « blanchis » ou guéris.
Dans certaines colonies, dans les
Etablissements français de l'Océanie,
par exemple, les indigènes se rendent
cependant assez facilement aux Dis-
pensaires anti-vénériens. Les effets s'en
sont fait sentir, ci et là, par la dimi-
nution des avortements et des accou-
chements prématurés ainsi que l'abais-
sement de la courbe, de la mortinata-
lité. On sait aussi que la stérilité de la
femme est fréquente dans nombre de
colonies. Au Gabon, par exemple, elle
paraît tenir à la fréquence de la blen-
norrhagie que favorise l'extrême liberté
des mœurs.
La méthode syphilimétrique du doc-
teur Yerncs a été introduite dans diver-
ses de nos colonies. Il faut encourager
tous les moyens de traitement et faire
l'éducation de l'indigène pour qu'il
évite le mal vénérien et n'hésite pas à
se rendre aux consultations des maladies
syphilitiques et vénériennes que les Pou-
voirs locaux ont justement installés dans
la plupart de notre domaine colonial.
La lutte commence, il y a lieu de l'en-
courager dans l'intérêt de la race indi-
gène et des intérêts généraux autant des
Colonies que de la Métropole.
Les maladies vénériennes sont des
maladies sociales évitables. On peut te,
réduire pur une hygiène et une prophy-
laxie appropriées; on peut les guérir et
éviter de la sorte la contagion et res-
treindre leur propagation. C'est une œu-
vre d'éducation de la population et
c'est aussi l'ouvre du médecin. Encore
faut-il qu'il y ait des médecins dans
nos Colonies.
Ch. nebierre,
Sénateur du Nord,
Membre de 1a Commission des Affaires
Etranoèrr.s.
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
l"
C'est au Conseil des Ministres de lundi
prochain que sera résolue la question du Com-
missariat Général de V Exposition Coloniale
de 1931.
Ainsi que nous l'avons annoncé M. M or-
cel Olivier, Goiroerneur Général de Mada-
gascar. doit être adjoint au Maréchal Lycw-
tey dont IcI robuste activité résiste difficilc-
ment aux charges multiples et variées dit
Commissariat Général.
M. Marcel Olivier, qui sera en quelque
sorte le coadjuteur du Maréchal Lyautey,
aura le titre de délégué géltéral du Commis-
saire Général et se verra attribué toutes les
prérogatives que comportent cette nouvelle
fonction, destinée à soulager dans la plus
large mesure le Maréchal Lyautey de tous
les soucis d'une direction si importante et
si absorbante.
Le Délégué Général prendra rang dans
VExposition immédiatement après le Com-
missaire Général et avallt tous les Commis-
saires Généraux adjoints.
Il a été question, par ailleurs, d'un dé-
part de M. Cayla, Gouverneur des Colonies,
qui assure avec tant de distinction, de vi-
gilance et d'activité les doubles fonctions de
Secrétaire Général et de Commissaire Géné-
ral adjoint.
Il est à souhaiter que ce distingué fonc-
tiollllairc, qui a fait preuve dans les charges
importantes qui lui ont incombé d'une ac-
tivité au-dessus de tout éloge, reste le fidèle
collaborateur d'une œuvre à laquelle il ap-
partient dès l'orieine.
T.'una"im;té de ceux qui le connaissent et
Vapprécient sont d'accord avec le Maréchal
Lyautey qui a demandé avec insistance au
Gouvernement, le maintien dans le cadre de
VAdministration de VExposition Coloniale
de M. Cayla qui en a été jusqu'à ce jour la
cheville ouvrière.
En Côte dïvoire 1
« ♦ «
On s'est étonné, dans certains milieux, de
ce que l' on appelle la « lenteur » de déve-
loppement de la Côte d'Ivoire. On a cité en
exemple la Gold Coast, dont le mouvement
commercial atteint 3 milliards, alors que la
Côte d'Ivoire ne se hisse qu'aux 400 millions.
On oublie tout d'abord que le nom de Gold
gold-point, gold coast peut heureusement
servir celui qui le porte surtout en considé-
ration de la livre sterling malgré que tout
ce qui brille ne soit pas or. Mais on oublie
surtout que la Côte d'Or a été occupée soixante
années avant la merveilleuse équipée de Treich-
Laplène. Et les statistiques, dont la courbe
est d'une logique irréfutable, indiquent, pour
la production du cacao, un rythme parfaitement
identique. entre les deux colonies, aux années
concordantes. Mais la Côte d'Ivoire suit avec
soixante ans de retard. Notons à l'actif de la
Gold Coast une production de 225.000 ton-
nes, et à celui de la Côte d'Ivoire une produc-
tion de 16.000 tonnes.
Il y a ensuite un point à observer : c'est que
les premiers exploitants, en Côte d'Ivoire, ont
porté leurs efforts à l'exploitation des bois.
L'acajou était, à l'époque, le bois souverain
de l'ébénisterie. Le cacao et le café n'étaient
point parmi les préoccupations essentielles de
nos compatriotes. Les plantations sont reines
surtout depuis la guerre. Elles ont pris une
extension remarquable, et l'effet en sera noté
dans peu d'années.
H est toujours mauvais de placer l'une à
côté de l'autre deux colonies qui diffèrent assez
sensiblement, et qui, sous un régime très net-
tement dissemblable, courent leur chance sur
le champ de bataille colonial. La Côte d'Ivoire
vient en second après le Sénégal. On sait
qu'elle est la plus riche de notre groupe Ouest-
Africain. Elle est encore à l'état des promesses,
n'ayant qu'un wharf unique pour assurer l'éva-
cuation de ses produits. Quand Vridi ce
funeste Vridi quand le port d'Abidjan.
quand Sassandra seront tous trois en activité,
nous verrons bien si la Côte d'Ivoire doit être
à la remorque de ses voisines.
Les naturalisations en Tunisie
ELA ilecopititicitce. Et
cela recommencera
jusqu'à la consom-
mation des sii -
cles. M. /friand
ayant déclaré à !il
tribune de la
Chambre, au mo-
ment de la discus-
sion du budget des
A f faire s Etrangè-
res, qu'il accélérerait le rythme des naturali-
sations en Afrique du Vord, le concert de
protestations, de récriminations, et quelque-
fois de malédictions. s'est élevé à nouveau
de Vautre côté des Alpes. Mêmes couplets
toujours sur le même air,comme on disait ja-
dis au café cI/tmtdllt.
Accélération du rythme, mots qui prêtent
aux commentaires les plus abondants : ces
opérations sont « des actes contre nature II,
déclare celui-ci, et il ajoute : « en particu-
lier quand elles sont obtenues ou arrachées
aux citoyens d'un grand pays tlllli. » Atten-
tidii, confrère! Obtenues on arrachées, ce
n'est pas la même chose ; il y a tonte la dif-
férence qui sépare la persuasion de icI (tlll-
trainte, peut-être même celle qui sépare Ici
spontanéité de l'obligation.
« Cela veut dire faire plus v/goureuse-
ment pression sur nos compatriotes par tous
les moyens d'intimidation, de violence mo-
tah, de constriction économique qui ont de
jà été largement employés contre Ifi Italiens
de Tunisie et auxquels le fascisme ne peut
opposer qu'une propagande purement senti-
mentale et idéaliste. » Je ne i enx pas insis-
ter sur cette af firmation que le fascisme ne
connaît d'ellltus moyens de propagande que
ceux qui s'appuient sur le sentiment de
l'idéal. Ce n'est ni le lien ni le montent ,le
discuter sur les fondements de ses méthodes.
Mais les exigences ménns du développement
antithétique ainsi orchestré n' autorisent
pas nos confrères italiens à mettre en
piescncc de ces deux tenues magnifi-
ques, pour leur servir de re poussoirs,
ceux de constitution économique, de violence
morale, d'intimidation. Ce n'est ni eu leur
enlevant le pain de la bouche, ni en cam-
briolant leur conscience, ni en excitant dans
leurs ames fa terreur et 1 épouvanté, que la
France entend agrandir ia famille françai-
se; elle ne veut nullement reprendre à son
compte la formule : Compelle intnirc, con-
tre laquelle nos philosophes ont si ardem-
ment combat tu.Et ce serait d'aillt.'llfs,cr,;oltcz-
le, un singulier moyen de faire naître dans
le coeur des Italiens de Tunisie le désir de
devenir citoyens du grand pays ami que
« de les exclure de tout travail ou de leur
donner un salaire très inférieur, » Chi bene
est, ihi patria; cela ne pourrait que leur
donner l'envie d'êmigrer dans des régions oÙ
ils seraient absolument surs de trouver de la
besogne et de gagner honnêtement leur pi-
tance journalière.
A' ont il n'est pas vrai que la Frczlla ne
professe qu'un « internationalisme verbal P,
et qu'elle viole outrageusement « les illl-
mortels princi pes » en im posant les natura-
lisel/ioll,", ,\'(Jus JI' ad mettons pas davantage
l'opposition que l'on tente d'établir entre la
colonie italienne, fait historique, et le pro-
tectorat jraurais, fait exclusivement politi-
que, nous dit-on, et économique. Voilà du
verbalisme, cc/lc fois, on je ne m'y connais
pas. t e protectorat français est un fait his
torique devant lequel il n'y a plus qu'à
s'incliner, et Ici France de l'Afrique du
Xord, prolongement de la métropole, est
désormais une vérité à laquelle chaque ins-
tant qui passe ajoute une nouvelle force.
Certains confrères italiens ont, fort plai-
samment, d'ailleurs, raillé ce qu'ils appel
lent Vactivité italophile déployée par cer-
tains Français ces derniers temps; Pierre de
Aolhac surtout a reçu quelques flèches acé-
rà's, du fait des narrations assez pittores-
ques d'lill thé offert à Tiontempelli et Djetti
où les discours ont été « plus tendres n
que les petits fours. Le Tevcre concluait
que ce qui empoisonnait- les rapports frallco-
italiens, c'eêtait que les deux peuples se cou
naissaient trop bien, qu'il y avait trop de
familiarité entre eux : « Si l'Italien con
naissait mollis le Frall{aÎJ,s: il ne le connais
sait pas plus que l'Allemand,que d'occasions
de moins pour se disputer, que de disputes
en moins l L'histoire des deux peuples s'ai-
guillerait peut-être vers un avenir plus
riant. L' heure est venue de J'ignora un peu.
pour s'aimer un peu plus. »
Boutade spirituelle plutôt qu'observation
'i'"zit. N on, l'heure n'est, pes venue de s'igno
rer lm peu. Nous reconnaissons volontiers
que plus d'lm Français devrait, s'appliquer
à mieux connaître l'Italien; mais que d'Ita-
liens auraient besoin de mieux connaître le
Fra/lçais?.. Tous aux qui nous accusent
d'opposer au sentimentalisme et à l'idéalis-
me des fascistes la rudesse, la violence, la
brutalité/
Mario Rousfan,
Sénateur de VMrault,
Ancien Minisire., Vicc-prâsident. de la
Commission des Colonies.
- 8'-
L'orgueilleux tombeau
du Baron Empâta
•+«
l.o général baron Empain, aide, de camp
honoraire du roi des Belges, et qui mourut à
Bruxelles l'été dernier, sera inhumé à Hé
liopolis.
Le dernier voyage de celui qui fut à la fois
un grand financier et un grand réalisateur,
s'effectue via Marseille : traversant Paris
demain, le convoi sera à Marseille di-
manche dans la nuit, et sera embarqué
sur le Champollion qui lève l'ancre mardi
u février pour l'Egypte et la Syrie.
Le mirage du programme des grands travaux
et de la mise en valeur de la Nouvelle-Calédonie
Dans le numéro des Annales Coloniales du
9 novembre 1929, nous avons fait connaître à
nos lecteurs les circonstances dans lesquelles
une crise financière est survenue en Nouvelle-
Calédonie. Nous espérions que la période de
vaches maigres dans laquelle cette colonie ve-
nait de rentrer (parce qu'elle en a connue bien
d'autres) ne serait que de courte durée. Les
renseignements que nous avons reçus depuis que
nous avons exprimé cet espoir nous font crain-
dre que sa durée ne devienne beaucoup plu*
longue que nous ne l'avions prévue et que ia
réalisation du programme des grands travaux et
de la mise en valeur de la colonie, tel qu il a
été approuvé par le Conseil général, ne soit
suivie de nombreuses déceptions.
Nul ne peut contester, et nous contesterons
encore moins que tout autre, l'utilité et la né-
cessité des travaux prévus dans ce programme.
Ce qui justifie nos craintes, ce sont les prévi-
sions qui y sont faites pour leur exécution et
les résultats à en obtenir ; car ce n'est pas tout
que de bâtir, il faut pouvoir entretenir. Or 11
n'y a en Nouvelle Calédonie, d'après une dé.
claration faite par M le Gouverneur Guyon
à son arrivée en France au mois d' août demie;
que 17.000 habitants de race blanche ci
28.000 indigènes. Ceux-ci ne participent à
l'impôt que pour une somme minime, ce sont
les habitants de race blanche qui auront à payer
les frais de réalisation du programme approuvé
et les frais d'entretien des travaux exécutes.
M. le Gouverneur Guyon avait bien annoncé
au Conseil général que l' exécution des travaux
qui sont prévus ne nécessiterait aucune augmen-
tation d'impôt. L'expérience qui a été faite a
démontré qu'il ne pourrait pas en être ainsi, et
In crise financière survenue en 1929 aura été
un avertissement salutaire pour la colonie si
l' administration et le Conseil général en tien-
nent compte 4-1 apportent à l'exécution du pro-
gramme adopté les modifications nécessaires
pour rendre sa réalisation possible et durable.
La crise dont souffre la Nouvelle-Calédonie
avait été prévue par ceux, trop peu nombreux,
qui ne se laissent pas séduire par le mirage des
programmes et des projets. Elle a été provo-
quée par la hâte avec laquelle l' administra-
tion a entrepris la construction du réseau rou-
tier de la colonie sans être en possession des
fonds nécessaires pour en payer les frais. Elle
comptait sur la rentrée des impôts pour remplir
sa caisse, mais elle n avait pas prévu que ces
fonds pouvaient avoir un autre emploi obliga-
toire, ni les risques nuxquels l'entreprise était
exposée. EHfe avait complètement' oublié qu'il
faut toujours avoir en réserve une poire pour
la soif. Il existait bien un budget extraordinaire
auquel des ressources étaient attribuées pour
faire face aux dépenses engagées dans ces tra-
vaux. En attendant qu'un emprunt pût r ali-
menter, le Conseil général devait fixer chaque
année la somme que le budget ordinaire de la
colonie aurait à donner au budget extraordinaire
pour l' exécution des travaux prévus par l' admi-
nistration. C est ce qu il a fait.
En 1929, le budget ordinaire devait fournir
au budget extraordinaire 4.178.350 francs, et
au mois d'août il n'avait pu lui attribuer que
678.350 francs ; ce versement n'était encore
que thécrique parce qu il n'a pu être effectué
que le 3 novembre suivant.
C'est en raison de cette situation que M.
d'Arbousier, gouverneur intérimaire, a dû. des
son entrée en fonctions, arrêter ou plutôt ajour-
ner jusqu'à des temps meilleurs les travaux de
la construction des routes et liquider la plus
grande partie de la main-d' œuvre qui y était
employée, afin d éviter à la colonie la catas-
trophe financière dont elle était menacée.
C'est l'imprévoyance et la hâte de donner 1
à la population des communications terrestres
faciles qui n'ont jamais existé en Nouvelle-
Calédonie, qui ont déterminé cette crise aus*.
fâcheuse qu'inopportune.
Les hommes consciencieux et expérimentés
qui ferment le Conseil général de la colonie
ont été séduits par le somptueux programme
pouvant être financé sans augmentation d im-
pôts qui a été soumis à leur aDprobation. Il a
produit sur eux l'effet d'un mirage que la
réalité commence à dissiper. Il y avait bien
dans cette assemblée quelques membres qui
avaient fait des observations judicieuses au
cours de la discussion qui a précédé l'adoption
des projets, mais les avis de prudence qui ont
été émis n'ont pas été bien accueillis.
La crise financière qui s'est manifestée et
qui va se traduire par une augmentation d im
pots poHr le budget de 1930 a calmé l'en.
thousiasme que le mirage avait produit, comme
le prouve le vœu suivant aue la Chambre de
Commerce de Nouméa a émis à l'unanimité le
21 octobre dernier, et qui est ainsi conçu :
La Chambre de Commerce de Nouméa :
Considérant qu'il s'est produit depuis l'avis
qu elle a donné sur les projets de Grands Tra-
vaux, et depuis le vote du Conseil général,
des faits nouveaux qui permettent d'apprécier
plus exactement qu'à cette époque la situation
financière de la Colonie ;
Considérant notamment que, loin d'être en
excédent sur les dépenses cornantes, comme il
le paraissait à l'époque, les recettes se soni
trcAicées notablement insuffisantes ;
Que, dans ces conditions, l ouverture de tra-
vaux exceptionnels obligerait à frapper les
contribuables d'impôts nouveaux qu'ils sont hors
d'état de supporter :
Que, d'ailleurs, le programme des Grands
Travaux n'a été adopté que sur la promesse de
M. le Gorwerneur Gupon qu'il ne serait pas
levé d'impôts nouveaux ;
Emet le vœu que le ministre des Colonies,
renseigné par la Mission d'Inspection, renonce
à l'adjudication du 21 novembre et scumctte à
nouveau au Conseil général le dossier de Vcm
prunt et des grands travaux pour examen défi-
nitif et fixation de l'emprunt à contracter.
Le Président de la Chambre de Commerce
a transmis ce vœu au Gouverneur avec une
lettre qui contient ce passage :
Au moment où M. le Gouverneur GuWn
présenta à la Chambre de Commerce et au
Conseil général son projet de Grands Travaux,
il affirmait la situation de la colonie prospère
et s'était engagé solennellement à financer son
projet, annuités d'emprunt et dépenses cou-
rantes comprises, avec les seules ressources fis-
cales dont il disposait alors, augmentées seule-
ment de 1.200.000 francs de taxes de port.
Le budget, à ce moment, présentait, paraît-il,
des plus-values de recettes suffisantes, de l'or-
dre de 3 à 5 millions. Ces plus-values jointes
aux taxes de port devaient suffire aux dépenses
de travaux.
C'est sur ces assurances répétées que lc:,
corps élus ont accepté les propositions de Al.
le Gouverneur Guyon dans les conditions que
vous savez.
Les événements se sont révélés bien diffé.
rents de ces prévisions. Les plus-values se sont
évanouies ; les dépenses se sont trouvées beau-
coup plus fortes que le chiffre auquel l'A dmi-
nistration les avait estimées, la Métropole vient
de vous indiquer des augmentations de solde
de l'ordre de 3.700.000 francs, de sorte que,
lcm d'être en excédent, le Budget actuel dea
recettes de la colonie ne suffit pas aux dépenses
actuelles.
La Chambre de Commerce n'ayant pas qua-
lité pour apporter aucune modification aux me-
sures votées par le Conseil général, le Minis-
tre n. a rien changé aux dispositions prises pour
1. adjudication qui a eu lieu à la date fixée, et
il en a communiqué les résultats au Gouverneur
de la Nouvelle-Calédonie.
Cette manifestation de la Chambre de Com-
merce n'ayant été connue par les conseillers
généraux que par sa publication dans les jour-
naux de Nouméa, Id Président du Conseil gé-
néral a réuni les membres de cette assemblée
présenfs à Nouméa pour voir avec eux s'il n'y
avait pas à protester contre le voeu de la
Chambre de Commerce. Huit conseillers géné-
raux ont assisté à cette réunion et sept ont ap-
prouvé les termes d'un radio adressé par le
Président au ministre des Colonies. et ainsi
conçu :
Vu impossibilité de réunir Conseil général au
complet. ai consulté membres présents à Nou-
méa représentant majorité.
Vous donne assurance que rien dans situation
financière ne justifie craintes Chambre de Com-
merce : qu'opinion Conseil général n'a jamais
varié sur exécution programme grands travaux
voté par l'Assemblée ; que Conseil proteste
contre vœu Chambre de Commerce expédié
sans que le Conseil général en ait été saisi, fait
pleine confiance au Gouverneur Guyon pour
continuer sa mission en France dans les vues in-
diquées par ses rapports et discours au Conseil
général.
Par cette démarche, le Conseil général de la
Nouvelle-Calédonie a assumé la responsabilité
des événements qui pourront se produire dans
l'avenir au cours de l'exécution du programme
de travaux prévus pour la mise en valeur de la
Nouvelle-Calédonie. Son courage et sa pers-
.- picacité méritent toutes félicitations.
Commandant Laporle.
Chef d'Escadron breveté en retraite.
«bée>
M. Manceron de retour à Tunis
, T
M. Maneenm t Il/;s;tf""f ijénéral, 'l',i
s'i''hi!l eeuilii en Franco junir 'traiter certai-
nes tiueslioiis i n tt'resta ut le protectorat,
cst reri-nu à fll/lis hier matin.
Il a siihiA à son. arrieée, par le di-
recteur du protocole, eeuu lui apporter les
compliments du. /«', pur ln !/('I!"lIl île
Chumbriui, e troupes, par les directeurs des ijrandes ad-
ministrations de rFJttl, par tos représen-
tants des iurps élus et pue de nombreuses
jiorsonnalités françaises, iihliqènes el
étrump'res. f.es honneurs étaient rendus
par un détachement du 1" zouaves venu
tieee, lit. musique, el, le. drapeau.
Le ministre s'est, déchiré irt's satisfait
de. son rmjtuje. ;Pnr (IrpècluO
«M»
M. CROUZET
est nommé Commissaire du Gou-
vernement pour assister le Ministre
des Colonies au Sénat m
Un décret présidentiel en date du 27 jan-
vier rendu sur la proposition du ministre
des Colonies, désigne, en qualité du Com-
missaire du Gouvernement pour assister le
ministre des Colonies au Sénat dans la dis-
cussion du projet de loi portant fixation du
budget général de l'exercice 1930, M. Crou-
sel. inspecteur de l'Académie do. Paris, ins-
pccteur-conscil du ministère des Colonies.
Notons que cette désignation est faite en
vertu de l'article 6 paragraphe 2 de la loi
constitutionnelle du 16 juillet 1S75 sur les
rapports des Pouvoirs publics. Cet article
dispose, en effet, que les ministres peuvent
se faire représenter dans les deux Chambres
par des Commissaires désignés pour la dis-
cussion d'un projet de loi déterminé.
M. Alcide Delmont. sous-secrétaire d'Etat
aux Colonies, qui a soutenu si brillamment
le point de vue du gouvernement dans les
Questions d'enseignement et de propagande
evant la Chambre, va-t-il être approuvé par
M. Crouzet. Ou simplement M. Crouzet va-t-
il f-tre chargé de le doubler?
Pour le Conseil Supérieur
des Colonies
«♦«
Le délégué de l'Annam est élu.
A la suite des opérations électorales qui ont
eu lieu en Annam, le dimanche 24 novembre
1929, pour la désignation d'un délégué au
Conseil Supérieur des Colonies, le Résident
supérieur a, en séance du Conseil de Protec-
torat du 13 décembre 1929, proclamé M. Ri-
gaux élu délégué au Conseil Supérieur des
Colonies.
.et les élections en A. E. F.
sont annulées
Pour un décret en date du 4 février dernier,
le ministre des Colonies annule les élections
qui ont eu lieu en A.E.F. en octobre et no-
vembre 1928.
Voici le texte de ce décret :
Les opérations électorales qui ont eu lieu en
Afrique Equatoriale Française les 7 octobre et
25 novembre 1928, pour la désignation du dé-
légué de la colonie au Conseil supérieur des
Colonies, sont annulées.
Le secrétaire général du Conseil Supérieur
des Colonies et le Gouverneur général de
l'A frique Equatoriale Française sont chargés
chacun en ce qui le concerne, de l'exécution
du présent arrêté qui sera publié au Journal
Officiel de la République Française et au Jour-
nal Officiel de la colonie.
Rappelons que M. Tahtadjian avait élevé
une protestation contre ces élections, et que le
ministre a signé ce décret après avoir entendu
l' avis du Comité consultatif du Contentieux de
son ministère.
1830 - 1930
8.
Le rallye saharien
Les premiers départs pour le Rallye saha-
rien viennent d'être donnés.
Cinq villes de départ ont été choisies
Alger, BÔDiI, Constantine, Oran et Tunis.
L'itinéraire aller par Bône, Constantin
Biskra, Touggourt, Ouargla, El Golea, Fo
Mac-Mahon, Timimoun, Adrar, Reggan
Gao.
Le retour s'effectuera par Kidal Tin-Za
naten, Tamanrasset, In-Salah, Fort-Miribc
El-Goléa, Gardahia, Lagouath, Djelfa Alge
L'épreuve est entièrement basée sur la r
gularité de marche.
Les concurrents partent en groupe <
cinq ; le classement s'effectuera par groul
et non individuellement.
Les rhums coloniaux
̃ V ̃
Nous avons annoncé, dans notre numéro r
samedi dernier (!'•»̃ lévrier), la répartition i>
contoujcnl des rhums coloniaux.
La question est d'importance, .tussi Iricn j
ijcims-ninis utile de lut réserver à ce décret
ptnee ipi'i-Uc mérite, et jiiiblioioi-nowi te.r
intégral «.'«» ilécict présidentiel, •:n date e
ntiutcr l'J3i).
\'n le.s' lois dev 2.") juin l'.W et •ii marx I1.»
et Ii's Uéerets (les ;, ,.;t'/,lcIIIVr,: I!I;¿II fI l'J iio
l'.KJI ijui mit fi.vé les '-auditions 'pic doivent rer
plii les rhums r('tf'nt(f't,ï; a leur entrée •
Fia lice,;
Il tes tirlieles '.)t du déee.ml)
lU,». ».'! de lu Un Un "'7 d^rmi tae )' '>> de
loi Un 13 juillet l'1'relaii/n a iiinjiorlalU
t<'<'~< J,. ), lelcili l s u
en. Fimiee des rhums et tafias mifiinaires d
eu Inities friinraisrs;
Pl, ,/,;,,/,,'/ de 17» avril t');!~<juillet l'.r-JT, Il ianvier s, 17 août ltfJS, 7 j
vricr el juin l'.W, portant h
l'ait mission en jranelu.se d'un luntinjienl a mit
de rhums et tainis des colonies françaises;
Vu l'article de lu loi au i7 décembre P.
maintenant, fus-pi'au 31 ~t'<.'Nt;~t'T. le et
tinrent de x'OO.OH) hectolitres d'alcool i>uv, ji
par l'article. IN» de la loi du 13 iuillei pu
l'importation îles rhums provenant des eolun
françaises;
a la loi du i décembre ly*27, relative à l ii*~-
liluiion de, < o n im i s s i o n s consul laines du ïravail.
tlidoupc", de la .Martinique et de la licunion; en-
semble, le décret t ion mission consultative, du Travail, -d de VAyri-
culture à la Itcunion,
hecrele :
DISPOSITIONS GENERALES
Article premier. - Les rhums et. lalias
colonies lr:in<;aises ne sont admis à l'entave
en l-'i'anee i j 11 « ; s'ils remplissent, les condition.-
exi^ees par l'article. x;i de la loi du juin
l'.iOo et p;ir le décret d'appliealion du ."> septem-
bre l'.rjn; ils ne Iw-neli, ient de l'exemption de la
sui-laxe prévue au quatrième, paragraphe de l'ar
tiele s;i Je la lm du -JT» juin l'.h'u que dans la
limite d'une quantilc annuelle de •JoO.OiD heeto-
lilres en alcool pur, cl si, en outre, ils ne ti-
trent pas plus de t'.r» degr-'s et s'ils présentent
Icn caractères spécifiques delin'is à l'article (i du
décret du I'.) août r.r'l.
Article ̃>. ̃ Pendant la p.'ri.| > P>30-1030, le
continrent annuel de ïoO.'M) hectolitres sera
attribué aux colonies françaises intei'e-^ :es
conïonuénien!, au tabio-au ei-apivs
- - --- - -- ---
Martinique 111.
( îuadeli uipe f>8.0t>r>
lléiinion ItO.ÎV.fX
Madagascar
Indochine 5 .-~
liuyane. yâ*1
KlaMiss,>nienls français de l'< iceani" Kto
V iuvelle-l-aledoilie. 10
200. (XX»
REGIME PROPRE A CHAQUE COLONIE
Article 3. - Dans eliaenne des c^iinies do la
l'éunion, de l'Indochine. îles Ktablissemcnts
français de l'Océanie et de la Vvavelle-fUilodo--
nie. cl sous ii.serve des dispositions prévues à
l'arlicle 5 du présent décret, la répartition du
continuent à elie attribue sera. effcet.uAo au pro
lit de.s seuls établissements ayant, produit, avan'
le l
pris après avis des (".hambres de C.omineivo i
d'\grieiilture et. des déléguas re-pe.'liis des fn-
bricants de sucre el, de rhum.
l,e contingent, diminué pour les .eux premiè-
res colonies des quantités vives a l'article i
i i.après, sera d'abord ^triage entre le groupe-
ment d,''; usines a >m re et. eoiui des distilleries
agricoles et industrielles proportionnellement au
ehiifre. de contingent obtenu pu* chaque groupe,
ment dans la. ré|>arlition totale de l'année 1
La répartition des quantités ;.:'1 ,nal!'s am>i
établies sera, ensuite faite entre les producteurs
intéressés de chacun des deux -_r > ipcment.s sur
les bases ,-uivanles :
n) lYmr les usines sucre, au prorata de la
M'odudion en mi ère de chacun.- d'elles pen-
dant. la campa une de l'année pr"-dente.
Toutefois. |»»ur lis udiics dont la production
, n Micre x,< M-rait. I:v.n\e • diminue", pendant
l'année pr.-eéd.-nle.p-'r • n • 'I ̃ f '̃> majeure
JOttMML OMTWM
Rédmction & Administration :
U, lm a - - - -
PARIS (181)
Tfl tut. I LOUVIWIIMT
MMMNUWUMNM
Les Anna/es Coloniales
hu annoncé» et réclame# tonl repu m
tonwm du (oumnL
DIRECTEUR. FONDATEUR : Maretl RUEDEL
roua les artkll, publiés dans notre Journal ne peuvent
être reproduib qu'en citant les Anum GOUMULM.
IBONNERERTS
mm la Revue mensuelUt
u. 1 Met, litote
from et
Colonies 1809 100 » 10 •
t.,.. 241 l «tt J..
OB~~MMMtMWtMhAMW
de
Les maladies vénériennes
aux Colonies
co- "C
Est-ce Dieu ou le Diable qui a in-
venté la vérole ? A quelle époque son
germe a-t-il été déversé dans le monde?
Le terrible spirochète provient-il en pre-
mier lieu de la femme ou de l'homme ?
Quel fut le premier contagieux ? Quel a
été le premier coupable ? Nul ne sau-
rait donner de réponses à ces questions.
Les divers noms que l'on donne à la
syphilis, « mal français », « mal napoli-
tain », « mal espagnol », « mal des Po-
lonais Il, des « Allemands, des chrétiens
et des Turcs », montrent qu'elle s'est
propagée dans toutes les contrées sans
qu'on en sache exactement le pays d'ori-
gine. Ce que l'on sait, c'est qu'il y a eu
au 158 siècle une véritable épidémie de
syphilis qui a couru à travers l'Europe.
On ne trouve aucune indication pré-
cise de cette maladie dans la médecine
du temps des Grecs et des Romains.
Aujourd'hui, nous savons que c'est une
maladie virulente, contagieuse (conta-
gium direct, par inoculation) que l'on
rencontre sous toutes les latitudes, qui
est bénigne, ou grave, superficielle ou
profonde et peut empoisonner l'orga-
nisme jusqu'à la moelle des os. Le spi-
rochète de la syphilis peut envahir jus-
qu'à l'écorce du cerveau et faire d'un
homme intelligent et cultivé un paraly-
tique général et un gâteux. Ses coups
parfois incertains peuvent être loin-
tains. Elle n'en est que plus dangereuse.
Le gonococctts de la blennorrhagie
est de la même catégorie. Il infecte
l'urèthre et, par métastase, peut con-
duire à des arthropathies et à des or-
chites dangereuses. D'où vient-il ? A-
t-il en premier lieu pénétré dans l'urè-
rethre de l'homme ou de la femme ?
Nul ne le sait. Ce qu'on sait, c'est que
le virus blennorrhagique (vénérien) se
communique d'un sexe à l'autre par
contagion.
Dans la plupart de nos colonies, les
, affections vénériennes sont très répan-
dues. Il en est4 ainsi en Indochine où la
blennorrhagie atteint 75 de la popu-
lation, dans l'Inde, à la Guyane à la
Guadeloupe, à la Martinique, à Mada-
gascar, où la syphilis, en particulier,
sévit largement (environ 200.000 syphi-
litiques ont été traités en 1927 dans les
165 dispensaires de la Colonie), à la
Nouvelle-Calédonie, au Cameroun, où
32.000 indigènes ont été soignés pour
la syphilis en 1927, au Togo où syphilis
et blennorrhagie sont largement répan-
dues, en Afrique occidentale et équato-
riale françaises où les maladies véné-
riennes partagent avec la Mauritanie le
triste privilège d'une proportion élevée.
En Mauritanie, la syphilis est la grande
pourvoyeuse des Dispensaires (40 des
consultations). Il en est de même au
Tchad et au Gabon. Un institut pro-
phylactique fonctionne à Tananarive.
Il y en a également un Ú Saïgon et en
Annam.
La lutte contre la syphilis, qu'on
pratique avec succès aujourd'hui par les
méthodes des arsénobenzols et autres
traitements, est difficile à conduire
aux Colonies, parce que l'indigène
est indifférent au péril vénérien et
que les campagnes antivénériennes
entreprises par la parole, les tracts
et l'image ont peu de prise sur lui.
D'autre part, la prostitution clandes-
tine est courante et peu commode à ré-
primer et beaucoup de syphiliques qui
viennent aux Dispensaires pour se faire
traiter n'ont pas la constance de suivre
suffisamment de temps le traitement
pour être « blanchis » ou guéris.
Dans certaines colonies, dans les
Etablissements français de l'Océanie,
par exemple, les indigènes se rendent
cependant assez facilement aux Dis-
pensaires anti-vénériens. Les effets s'en
sont fait sentir, ci et là, par la dimi-
nution des avortements et des accou-
chements prématurés ainsi que l'abais-
sement de la courbe, de la mortinata-
lité. On sait aussi que la stérilité de la
femme est fréquente dans nombre de
colonies. Au Gabon, par exemple, elle
paraît tenir à la fréquence de la blen-
norrhagie que favorise l'extrême liberté
des mœurs.
La méthode syphilimétrique du doc-
teur Yerncs a été introduite dans diver-
ses de nos colonies. Il faut encourager
tous les moyens de traitement et faire
l'éducation de l'indigène pour qu'il
évite le mal vénérien et n'hésite pas à
se rendre aux consultations des maladies
syphilitiques et vénériennes que les Pou-
voirs locaux ont justement installés dans
la plupart de notre domaine colonial.
La lutte commence, il y a lieu de l'en-
courager dans l'intérêt de la race indi-
gène et des intérêts généraux autant des
Colonies que de la Métropole.
Les maladies vénériennes sont des
maladies sociales évitables. On peut te,
réduire pur une hygiène et une prophy-
laxie appropriées; on peut les guérir et
éviter de la sorte la contagion et res-
treindre leur propagation. C'est une œu-
vre d'éducation de la population et
c'est aussi l'ouvre du médecin. Encore
faut-il qu'il y ait des médecins dans
nos Colonies.
Ch. nebierre,
Sénateur du Nord,
Membre de 1a Commission des Affaires
Etranoèrr.s.
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
l"
C'est au Conseil des Ministres de lundi
prochain que sera résolue la question du Com-
missariat Général de V Exposition Coloniale
de 1931.
Ainsi que nous l'avons annoncé M. M or-
cel Olivier, Goiroerneur Général de Mada-
gascar. doit être adjoint au Maréchal Lycw-
tey dont IcI robuste activité résiste difficilc-
ment aux charges multiples et variées dit
Commissariat Général.
M. Marcel Olivier, qui sera en quelque
sorte le coadjuteur du Maréchal Lyautey,
aura le titre de délégué géltéral du Commis-
saire Général et se verra attribué toutes les
prérogatives que comportent cette nouvelle
fonction, destinée à soulager dans la plus
large mesure le Maréchal Lyautey de tous
les soucis d'une direction si importante et
si absorbante.
Le Délégué Général prendra rang dans
VExposition immédiatement après le Com-
missaire Général et avallt tous les Commis-
saires Généraux adjoints.
Il a été question, par ailleurs, d'un dé-
part de M. Cayla, Gouverneur des Colonies,
qui assure avec tant de distinction, de vi-
gilance et d'activité les doubles fonctions de
Secrétaire Général et de Commissaire Géné-
ral adjoint.
Il est à souhaiter que ce distingué fonc-
tiollllairc, qui a fait preuve dans les charges
importantes qui lui ont incombé d'une ac-
tivité au-dessus de tout éloge, reste le fidèle
collaborateur d'une œuvre à laquelle il ap-
partient dès l'orieine.
T.'una"im;té de ceux qui le connaissent et
Vapprécient sont d'accord avec le Maréchal
Lyautey qui a demandé avec insistance au
Gouvernement, le maintien dans le cadre de
VAdministration de VExposition Coloniale
de M. Cayla qui en a été jusqu'à ce jour la
cheville ouvrière.
En Côte dïvoire 1
« ♦ «
On s'est étonné, dans certains milieux, de
ce que l' on appelle la « lenteur » de déve-
loppement de la Côte d'Ivoire. On a cité en
exemple la Gold Coast, dont le mouvement
commercial atteint 3 milliards, alors que la
Côte d'Ivoire ne se hisse qu'aux 400 millions.
On oublie tout d'abord que le nom de Gold
gold-point, gold coast peut heureusement
servir celui qui le porte surtout en considé-
ration de la livre sterling malgré que tout
ce qui brille ne soit pas or. Mais on oublie
surtout que la Côte d'Or a été occupée soixante
années avant la merveilleuse équipée de Treich-
Laplène. Et les statistiques, dont la courbe
est d'une logique irréfutable, indiquent, pour
la production du cacao, un rythme parfaitement
identique. entre les deux colonies, aux années
concordantes. Mais la Côte d'Ivoire suit avec
soixante ans de retard. Notons à l'actif de la
Gold Coast une production de 225.000 ton-
nes, et à celui de la Côte d'Ivoire une produc-
tion de 16.000 tonnes.
Il y a ensuite un point à observer : c'est que
les premiers exploitants, en Côte d'Ivoire, ont
porté leurs efforts à l'exploitation des bois.
L'acajou était, à l'époque, le bois souverain
de l'ébénisterie. Le cacao et le café n'étaient
point parmi les préoccupations essentielles de
nos compatriotes. Les plantations sont reines
surtout depuis la guerre. Elles ont pris une
extension remarquable, et l'effet en sera noté
dans peu d'années.
H est toujours mauvais de placer l'une à
côté de l'autre deux colonies qui diffèrent assez
sensiblement, et qui, sous un régime très net-
tement dissemblable, courent leur chance sur
le champ de bataille colonial. La Côte d'Ivoire
vient en second après le Sénégal. On sait
qu'elle est la plus riche de notre groupe Ouest-
Africain. Elle est encore à l'état des promesses,
n'ayant qu'un wharf unique pour assurer l'éva-
cuation de ses produits. Quand Vridi ce
funeste Vridi quand le port d'Abidjan.
quand Sassandra seront tous trois en activité,
nous verrons bien si la Côte d'Ivoire doit être
à la remorque de ses voisines.
Les naturalisations en Tunisie
ELA ilecopititicitce. Et
cela recommencera
jusqu'à la consom-
mation des sii -
cles. M. /friand
ayant déclaré à !il
tribune de la
Chambre, au mo-
ment de la discus-
sion du budget des
A f faire s Etrangè-
res, qu'il accélérerait le rythme des naturali-
sations en Afrique du Vord, le concert de
protestations, de récriminations, et quelque-
fois de malédictions. s'est élevé à nouveau
de Vautre côté des Alpes. Mêmes couplets
toujours sur le même air,comme on disait ja-
dis au café cI/tmtdllt.
Accélération du rythme, mots qui prêtent
aux commentaires les plus abondants : ces
opérations sont « des actes contre nature II,
déclare celui-ci, et il ajoute : « en particu-
lier quand elles sont obtenues ou arrachées
aux citoyens d'un grand pays tlllli. » Atten-
tidii, confrère! Obtenues on arrachées, ce
n'est pas la même chose ; il y a tonte la dif-
férence qui sépare la persuasion de icI (tlll-
trainte, peut-être même celle qui sépare Ici
spontanéité de l'obligation.
« Cela veut dire faire plus v/goureuse-
ment pression sur nos compatriotes par tous
les moyens d'intimidation, de violence mo-
tah, de constriction économique qui ont de
jà été largement employés contre Ifi Italiens
de Tunisie et auxquels le fascisme ne peut
opposer qu'une propagande purement senti-
mentale et idéaliste. » Je ne i enx pas insis-
ter sur cette af firmation que le fascisme ne
connaît d'ellltus moyens de propagande que
ceux qui s'appuient sur le sentiment de
l'idéal. Ce n'est ni le lien ni le montent ,le
discuter sur les fondements de ses méthodes.
Mais les exigences ménns du développement
antithétique ainsi orchestré n' autorisent
pas nos confrères italiens à mettre en
piescncc de ces deux tenues magnifi-
ques, pour leur servir de re poussoirs,
ceux de constitution économique, de violence
morale, d'intimidation. Ce n'est ni eu leur
enlevant le pain de la bouche, ni en cam-
briolant leur conscience, ni en excitant dans
leurs ames fa terreur et 1 épouvanté, que la
France entend agrandir ia famille françai-
se; elle ne veut nullement reprendre à son
compte la formule : Compelle intnirc, con-
tre laquelle nos philosophes ont si ardem-
ment combat tu.Et ce serait d'aillt.'llfs,cr,;oltcz-
le, un singulier moyen de faire naître dans
le coeur des Italiens de Tunisie le désir de
devenir citoyens du grand pays ami que
« de les exclure de tout travail ou de leur
donner un salaire très inférieur, » Chi bene
est, ihi patria; cela ne pourrait que leur
donner l'envie d'êmigrer dans des régions oÙ
ils seraient absolument surs de trouver de la
besogne et de gagner honnêtement leur pi-
tance journalière.
A' ont il n'est pas vrai que la Frczlla ne
professe qu'un « internationalisme verbal P,
et qu'elle viole outrageusement « les illl-
mortels princi pes » en im posant les natura-
lisel/ioll,", ,\'(Jus JI' ad mettons pas davantage
l'opposition que l'on tente d'établir entre la
colonie italienne, fait historique, et le pro-
tectorat jraurais, fait exclusivement politi-
que, nous dit-on, et économique. Voilà du
verbalisme, cc/lc fois, on je ne m'y connais
pas. t e protectorat français est un fait his
torique devant lequel il n'y a plus qu'à
s'incliner, et Ici France de l'Afrique du
Xord, prolongement de la métropole, est
désormais une vérité à laquelle chaque ins-
tant qui passe ajoute une nouvelle force.
Certains confrères italiens ont, fort plai-
samment, d'ailleurs, raillé ce qu'ils appel
lent Vactivité italophile déployée par cer-
tains Français ces derniers temps; Pierre de
Aolhac surtout a reçu quelques flèches acé-
rà's, du fait des narrations assez pittores-
ques d'lill thé offert à Tiontempelli et Djetti
où les discours ont été « plus tendres n
que les petits fours. Le Tevcre concluait
que ce qui empoisonnait- les rapports frallco-
italiens, c'eêtait que les deux peuples se cou
naissaient trop bien, qu'il y avait trop de
familiarité entre eux : « Si l'Italien con
naissait mollis le Frall{aÎJ,s: il ne le connais
sait pas plus que l'Allemand,que d'occasions
de moins pour se disputer, que de disputes
en moins l L'histoire des deux peuples s'ai-
guillerait peut-être vers un avenir plus
riant. L' heure est venue de J'ignora un peu.
pour s'aimer un peu plus. »
Boutade spirituelle plutôt qu'observation
'i'"zit. N on, l'heure n'est, pes venue de s'igno
rer lm peu. Nous reconnaissons volontiers
que plus d'lm Français devrait, s'appliquer
à mieux connaître l'Italien; mais que d'Ita-
liens auraient besoin de mieux connaître le
Fra/lçais?.. Tous aux qui nous accusent
d'opposer au sentimentalisme et à l'idéalis-
me des fascistes la rudesse, la violence, la
brutalité/
Mario Rousfan,
Sénateur de VMrault,
Ancien Minisire., Vicc-prâsident. de la
Commission des Colonies.
- 8'-
L'orgueilleux tombeau
du Baron Empâta
•+«
l.o général baron Empain, aide, de camp
honoraire du roi des Belges, et qui mourut à
Bruxelles l'été dernier, sera inhumé à Hé
liopolis.
Le dernier voyage de celui qui fut à la fois
un grand financier et un grand réalisateur,
s'effectue via Marseille : traversant Paris
demain, le convoi sera à Marseille di-
manche dans la nuit, et sera embarqué
sur le Champollion qui lève l'ancre mardi
u février pour l'Egypte et la Syrie.
Le mirage du programme des grands travaux
et de la mise en valeur de la Nouvelle-Calédonie
Dans le numéro des Annales Coloniales du
9 novembre 1929, nous avons fait connaître à
nos lecteurs les circonstances dans lesquelles
une crise financière est survenue en Nouvelle-
Calédonie. Nous espérions que la période de
vaches maigres dans laquelle cette colonie ve-
nait de rentrer (parce qu'elle en a connue bien
d'autres) ne serait que de courte durée. Les
renseignements que nous avons reçus depuis que
nous avons exprimé cet espoir nous font crain-
dre que sa durée ne devienne beaucoup plu*
longue que nous ne l'avions prévue et que ia
réalisation du programme des grands travaux et
de la mise en valeur de la colonie, tel qu il a
été approuvé par le Conseil général, ne soit
suivie de nombreuses déceptions.
Nul ne peut contester, et nous contesterons
encore moins que tout autre, l'utilité et la né-
cessité des travaux prévus dans ce programme.
Ce qui justifie nos craintes, ce sont les prévi-
sions qui y sont faites pour leur exécution et
les résultats à en obtenir ; car ce n'est pas tout
que de bâtir, il faut pouvoir entretenir. Or 11
n'y a en Nouvelle Calédonie, d'après une dé.
claration faite par M le Gouverneur Guyon
à son arrivée en France au mois d' août demie;
que 17.000 habitants de race blanche ci
28.000 indigènes. Ceux-ci ne participent à
l'impôt que pour une somme minime, ce sont
les habitants de race blanche qui auront à payer
les frais de réalisation du programme approuvé
et les frais d'entretien des travaux exécutes.
M. le Gouverneur Guyon avait bien annoncé
au Conseil général que l' exécution des travaux
qui sont prévus ne nécessiterait aucune augmen-
tation d'impôt. L'expérience qui a été faite a
démontré qu'il ne pourrait pas en être ainsi, et
In crise financière survenue en 1929 aura été
un avertissement salutaire pour la colonie si
l' administration et le Conseil général en tien-
nent compte 4-1 apportent à l'exécution du pro-
gramme adopté les modifications nécessaires
pour rendre sa réalisation possible et durable.
La crise dont souffre la Nouvelle-Calédonie
avait été prévue par ceux, trop peu nombreux,
qui ne se laissent pas séduire par le mirage des
programmes et des projets. Elle a été provo-
quée par la hâte avec laquelle l' administra-
tion a entrepris la construction du réseau rou-
tier de la colonie sans être en possession des
fonds nécessaires pour en payer les frais. Elle
comptait sur la rentrée des impôts pour remplir
sa caisse, mais elle n avait pas prévu que ces
fonds pouvaient avoir un autre emploi obliga-
toire, ni les risques nuxquels l'entreprise était
exposée. EHfe avait complètement' oublié qu'il
faut toujours avoir en réserve une poire pour
la soif. Il existait bien un budget extraordinaire
auquel des ressources étaient attribuées pour
faire face aux dépenses engagées dans ces tra-
vaux. En attendant qu'un emprunt pût r ali-
menter, le Conseil général devait fixer chaque
année la somme que le budget ordinaire de la
colonie aurait à donner au budget extraordinaire
pour l' exécution des travaux prévus par l' admi-
nistration. C est ce qu il a fait.
En 1929, le budget ordinaire devait fournir
au budget extraordinaire 4.178.350 francs, et
au mois d'août il n'avait pu lui attribuer que
678.350 francs ; ce versement n'était encore
que thécrique parce qu il n'a pu être effectué
que le 3 novembre suivant.
C'est en raison de cette situation que M.
d'Arbousier, gouverneur intérimaire, a dû. des
son entrée en fonctions, arrêter ou plutôt ajour-
ner jusqu'à des temps meilleurs les travaux de
la construction des routes et liquider la plus
grande partie de la main-d' œuvre qui y était
employée, afin d éviter à la colonie la catas-
trophe financière dont elle était menacée.
C'est l'imprévoyance et la hâte de donner 1
à la population des communications terrestres
faciles qui n'ont jamais existé en Nouvelle-
Calédonie, qui ont déterminé cette crise aus*.
fâcheuse qu'inopportune.
Les hommes consciencieux et expérimentés
qui ferment le Conseil général de la colonie
ont été séduits par le somptueux programme
pouvant être financé sans augmentation d im-
pôts qui a été soumis à leur aDprobation. Il a
produit sur eux l'effet d'un mirage que la
réalité commence à dissiper. Il y avait bien
dans cette assemblée quelques membres qui
avaient fait des observations judicieuses au
cours de la discussion qui a précédé l'adoption
des projets, mais les avis de prudence qui ont
été émis n'ont pas été bien accueillis.
La crise financière qui s'est manifestée et
qui va se traduire par une augmentation d im
pots poHr le budget de 1930 a calmé l'en.
thousiasme que le mirage avait produit, comme
le prouve le vœu suivant aue la Chambre de
Commerce de Nouméa a émis à l'unanimité le
21 octobre dernier, et qui est ainsi conçu :
La Chambre de Commerce de Nouméa :
Considérant qu'il s'est produit depuis l'avis
qu elle a donné sur les projets de Grands Tra-
vaux, et depuis le vote du Conseil général,
des faits nouveaux qui permettent d'apprécier
plus exactement qu'à cette époque la situation
financière de la Colonie ;
Considérant notamment que, loin d'être en
excédent sur les dépenses cornantes, comme il
le paraissait à l'époque, les recettes se soni
trcAicées notablement insuffisantes ;
Que, dans ces conditions, l ouverture de tra-
vaux exceptionnels obligerait à frapper les
contribuables d'impôts nouveaux qu'ils sont hors
d'état de supporter :
Que, d'ailleurs, le programme des Grands
Travaux n'a été adopté que sur la promesse de
M. le Gorwerneur Gupon qu'il ne serait pas
levé d'impôts nouveaux ;
Emet le vœu que le ministre des Colonies,
renseigné par la Mission d'Inspection, renonce
à l'adjudication du 21 novembre et scumctte à
nouveau au Conseil général le dossier de Vcm
prunt et des grands travaux pour examen défi-
nitif et fixation de l'emprunt à contracter.
Le Président de la Chambre de Commerce
a transmis ce vœu au Gouverneur avec une
lettre qui contient ce passage :
Au moment où M. le Gouverneur GuWn
présenta à la Chambre de Commerce et au
Conseil général son projet de Grands Travaux,
il affirmait la situation de la colonie prospère
et s'était engagé solennellement à financer son
projet, annuités d'emprunt et dépenses cou-
rantes comprises, avec les seules ressources fis-
cales dont il disposait alors, augmentées seule-
ment de 1.200.000 francs de taxes de port.
Le budget, à ce moment, présentait, paraît-il,
des plus-values de recettes suffisantes, de l'or-
dre de 3 à 5 millions. Ces plus-values jointes
aux taxes de port devaient suffire aux dépenses
de travaux.
C'est sur ces assurances répétées que lc:,
corps élus ont accepté les propositions de Al.
le Gouverneur Guyon dans les conditions que
vous savez.
Les événements se sont révélés bien diffé.
rents de ces prévisions. Les plus-values se sont
évanouies ; les dépenses se sont trouvées beau-
coup plus fortes que le chiffre auquel l'A dmi-
nistration les avait estimées, la Métropole vient
de vous indiquer des augmentations de solde
de l'ordre de 3.700.000 francs, de sorte que,
lcm d'être en excédent, le Budget actuel dea
recettes de la colonie ne suffit pas aux dépenses
actuelles.
La Chambre de Commerce n'ayant pas qua-
lité pour apporter aucune modification aux me-
sures votées par le Conseil général, le Minis-
tre n. a rien changé aux dispositions prises pour
1. adjudication qui a eu lieu à la date fixée, et
il en a communiqué les résultats au Gouverneur
de la Nouvelle-Calédonie.
Cette manifestation de la Chambre de Com-
merce n'ayant été connue par les conseillers
généraux que par sa publication dans les jour-
naux de Nouméa, Id Président du Conseil gé-
néral a réuni les membres de cette assemblée
présenfs à Nouméa pour voir avec eux s'il n'y
avait pas à protester contre le voeu de la
Chambre de Commerce. Huit conseillers géné-
raux ont assisté à cette réunion et sept ont ap-
prouvé les termes d'un radio adressé par le
Président au ministre des Colonies. et ainsi
conçu :
Vu impossibilité de réunir Conseil général au
complet. ai consulté membres présents à Nou-
méa représentant majorité.
Vous donne assurance que rien dans situation
financière ne justifie craintes Chambre de Com-
merce : qu'opinion Conseil général n'a jamais
varié sur exécution programme grands travaux
voté par l'Assemblée ; que Conseil proteste
contre vœu Chambre de Commerce expédié
sans que le Conseil général en ait été saisi, fait
pleine confiance au Gouverneur Guyon pour
continuer sa mission en France dans les vues in-
diquées par ses rapports et discours au Conseil
général.
Par cette démarche, le Conseil général de la
Nouvelle-Calédonie a assumé la responsabilité
des événements qui pourront se produire dans
l'avenir au cours de l'exécution du programme
de travaux prévus pour la mise en valeur de la
Nouvelle-Calédonie. Son courage et sa pers-
.- picacité méritent toutes félicitations.
Commandant Laporle.
Chef d'Escadron breveté en retraite.
«bée>
M. Manceron de retour à Tunis
, T
M. Maneenm t Il/;s;tf""f ijénéral, 'l',i
s'i''hi!l eeuilii en Franco junir 'traiter certai-
nes tiueslioiis i n tt'resta ut le protectorat,
cst reri-nu à fll/lis hier matin.
Il a siihiA à son. arrieée, par le di-
recteur du protocole, eeuu lui apporter les
compliments du. /«', pur ln !/('I!"lIl île
Chumbriui, e
ministrations de rFJttl, par tos représen-
tants des iurps élus et pue de nombreuses
jiorsonnalités françaises, iihliqènes el
étrump'res. f.es honneurs étaient rendus
par un détachement du 1" zouaves venu
tieee, lit. musique, el, le. drapeau.
Le ministre s'est, déchiré irt's satisfait
de. son rmjtuje. ;Pnr (IrpècluO
«M»
M. CROUZET
est nommé Commissaire du Gou-
vernement pour assister le Ministre
des Colonies au Sénat m
Un décret présidentiel en date du 27 jan-
vier rendu sur la proposition du ministre
des Colonies, désigne, en qualité du Com-
missaire du Gouvernement pour assister le
ministre des Colonies au Sénat dans la dis-
cussion du projet de loi portant fixation du
budget général de l'exercice 1930, M. Crou-
sel. inspecteur de l'Académie do. Paris, ins-
pccteur-conscil du ministère des Colonies.
Notons que cette désignation est faite en
vertu de l'article 6 paragraphe 2 de la loi
constitutionnelle du 16 juillet 1S75 sur les
rapports des Pouvoirs publics. Cet article
dispose, en effet, que les ministres peuvent
se faire représenter dans les deux Chambres
par des Commissaires désignés pour la dis-
cussion d'un projet de loi déterminé.
M. Alcide Delmont. sous-secrétaire d'Etat
aux Colonies, qui a soutenu si brillamment
le point de vue du gouvernement dans les
Questions d'enseignement et de propagande
evant la Chambre, va-t-il être approuvé par
M. Crouzet. Ou simplement M. Crouzet va-t-
il f-tre chargé de le doubler?
Pour le Conseil Supérieur
des Colonies
«♦«
Le délégué de l'Annam est élu.
A la suite des opérations électorales qui ont
eu lieu en Annam, le dimanche 24 novembre
1929, pour la désignation d'un délégué au
Conseil Supérieur des Colonies, le Résident
supérieur a, en séance du Conseil de Protec-
torat du 13 décembre 1929, proclamé M. Ri-
gaux élu délégué au Conseil Supérieur des
Colonies.
.et les élections en A. E. F.
sont annulées
Pour un décret en date du 4 février dernier,
le ministre des Colonies annule les élections
qui ont eu lieu en A.E.F. en octobre et no-
vembre 1928.
Voici le texte de ce décret :
Les opérations électorales qui ont eu lieu en
Afrique Equatoriale Française les 7 octobre et
25 novembre 1928, pour la désignation du dé-
légué de la colonie au Conseil supérieur des
Colonies, sont annulées.
Le secrétaire général du Conseil Supérieur
des Colonies et le Gouverneur général de
l'A frique Equatoriale Française sont chargés
chacun en ce qui le concerne, de l'exécution
du présent arrêté qui sera publié au Journal
Officiel de la République Française et au Jour-
nal Officiel de la colonie.
Rappelons que M. Tahtadjian avait élevé
une protestation contre ces élections, et que le
ministre a signé ce décret après avoir entendu
l' avis du Comité consultatif du Contentieux de
son ministère.
1830 - 1930
8.
Le rallye saharien
Les premiers départs pour le Rallye saha-
rien viennent d'être donnés.
Cinq villes de départ ont été choisies
Alger, BÔDiI, Constantine, Oran et Tunis.
L'itinéraire aller par Bône, Constantin
Biskra, Touggourt, Ouargla, El Golea, Fo
Mac-Mahon, Timimoun, Adrar, Reggan
Gao.
Le retour s'effectuera par Kidal Tin-Za
naten, Tamanrasset, In-Salah, Fort-Miribc
El-Goléa, Gardahia, Lagouath, Djelfa Alge
L'épreuve est entièrement basée sur la r
gularité de marche.
Les concurrents partent en groupe <
cinq ; le classement s'effectuera par groul
et non individuellement.
Les rhums coloniaux
̃ V ̃
Nous avons annoncé, dans notre numéro r
samedi dernier (!'•»̃ lévrier), la répartition i>
contoujcnl des rhums coloniaux.
La question est d'importance, .tussi Iricn j
ijcims-ninis utile de lut réserver à ce décret
ptnee ipi'i-Uc mérite, et jiiiblioioi-nowi te.r
intégral «.'«» ilécict présidentiel, •:n date e
ntiutcr l'J3i).
\'n le.s' lois dev 2.") juin l'.W et •ii marx I1.»
et Ii's Uéerets (les ;, ,.;t'/,lcIIIVr,: I!I;¿II fI l'J iio
l'.KJI ijui mit fi.vé les '-auditions 'pic doivent rer
plii les rhums r('tf'nt(f't,ï; a leur entrée •
Fia lice,;
Il tes tirlieles '.)
lU,». ».'! de lu Un Un "'7 d^rmi tae )' '>> de
loi Un 13 juillet l'1'relaii/n a iiinjiorlalU
t<'<'~< J,. ), lelcili l s u
en. Fimiee des rhums et tafias mifiinaires d
eu Inities friinraisrs;
Pl, ,/,;,,/,,'/ de 17» avril t');!~<
vricr el juin l'.W, portant h
l'ait mission en jranelu.se d'un luntinjienl a mit
de rhums et tainis des colonies françaises;
Vu l'article de lu loi au i7 décembre P.
maintenant, fus-pi'au 31 ~t'<.'Nt;~t'T. le et
tinrent de x'OO.OH) hectolitres d'alcool i>uv, ji
par l'article. IN» de la loi du 13 iuillei pu
l'importation îles rhums provenant des eolun
françaises;
a la loi du i décembre ly*27, relative à l ii*~-
liluiion de, < o n im i s s i o n s consul laines du ïravail.
semble, le décret t ion mission consultative, du Travail, -d de VAyri-
culture à la Itcunion,
hecrele :
DISPOSITIONS GENERALES
Article premier. - Les rhums et. lalias
colonies lr:in<;aises ne sont admis à l'entave
en l-'i'anee i j 11 « ; s'ils remplissent, les condition.-
exi^ees par l'article. x;i de la loi du juin
l'.iOo et p;ir le décret d'appliealion du ."> septem-
bre l'.rjn; ils ne Iw-neli, ient de l'exemption de la
sui-laxe prévue au quatrième, paragraphe de l'ar
tiele s;i Je la lm du -JT» juin l'.h'u que dans la
limite d'une quantilc annuelle de •JoO.OiD heeto-
lilres en alcool pur, cl si, en outre, ils ne ti-
trent pas plus de t'.r» degr-'s et s'ils présentent
Icn caractères spécifiques delin'is à l'article (i du
décret du I'.) août r.r'l.
Article ̃>. ̃ Pendant la p.'ri.| > P>30-1030, le
continrent annuel de ïoO.'M) hectolitres sera
attribué aux colonies françaises intei'e-^ :es
conïonuénien!, au tabio-au ei-apivs
- - --- - -- ---
Martinique 111.
( îuadeli uipe f>8.0t>r>
lléiinion ItO.ÎV.fX
Madagascar
Indochine 5 .-~
liuyane. yâ*1
KlaMiss,>nienls français de l'< iceani" Kto
V iuvelle-l-aledoilie. 10
200. (XX»
REGIME PROPRE A CHAQUE COLONIE
Article 3. - Dans eliaenne des c^iinies do la
l'éunion, de l'Indochine. îles Ktablissemcnts
français de l'Océanie et de la Vvavelle-fUilodo--
nie. cl sous ii.serve des dispositions prévues à
l'arlicle 5 du présent décret, la répartition du
continuent à elie attribue sera. effcet.uAo au pro
lit de.s seuls établissements ayant, produit, avan'
le l
pris après avis des (".hambres de C.omineivo i
d'\grieiilture et. des déléguas re-pe.'liis des fn-
bricants de sucre el, de rhum.
l,e contingent, diminué pour les .eux premiè-
res colonies des quantités vives a l'article i
i i.après, sera d'abord ^triage entre le groupe-
ment d,''; usines a >m re et. eoiui des distilleries
agricoles et industrielles proportionnellement au
ehiifre. de contingent obtenu pu* chaque groupe,
ment dans la. ré|>arlition totale de l'année 1
La répartition des quantités ;.:'1 ,nal!'s am>i
établies sera, ensuite faite entre les producteurs
intéressés de chacun des deux -_r > ipcment.s sur
les bases ,-uivanles :
n) lYmr les usines sucre, au prorata de la
M'odudion en mi ère de chacun.- d'elles pen-
dant. la campa une de l'année pr"-dente.
Toutefois. |»»ur lis udiics dont la production
, n Micre x,< M-rait. I:v.n\e • diminue", pendant
l'année pr.-eéd.-nle.p-'r • n • 'I ̃ f '̃> majeure
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