Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1930-01-17
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 janvier 1930 17 janvier 1930
Description : 1930/01/17 (A31,N10). 1930/01/17 (A31,N10).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6280672f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
THENTE-ET-UNIEME ANNEE. N° 10. LE NUMERO : 30 CENTIMES VKMMIKIH solll. 17 JANVIEK 1W0.
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Directeur.Fondatsur s Maroel RUEDEL
Tout les articles publiés dans notre Journal ne peuvent
être reproduits qu'en eitant les ADALa COLONULIS.
L'Australie et lé- Pacifique
) -.. <
L'Australie a entrepris une véritable guerre
douanière dirigée principalement contre le Ja-
pon, sans doute, mais qui risque d'avoir ses
graves répercussions sur le commerce généra!
du Pacifique, et notamment sur le commerce
de l'Indochine française.
Il est donc, me semble-t-il, utile de fixer
notre attention sur ce grave problème.
Au cours de I929, l'Australie a modifié
trois fois ses taxes douanières, pour les aggra.
ver : le 23 août, le 22 novembre et le 12 dé-
cembre. Et on nous annonce qu'elle envisagé
une élévation nouvel Se des droits.
- Ces mesures sont principalement dirigées
contre le Japon. Celui-ci, qui exportait notam-
ment en Australie des tissus de soie, de coton,
de la bonneterie, de la porcelaine, de la véne-
rie, des colorants, etc., a vu baisser progressi-
vement la valeur de ses exportations en Austra-
lie Mir toutes ces matières, au cours des der
..-- -- ---.-- --- ------ -- - -. ---
nières années.
Une note de presse, d'origine japonaise très
certainement, nous apprend que l'on s'est ému
de cet état de choses à Tokio. La Chambre
de Commerce du Japon, nous dit-on, de con-
cert avec la Commission d'investigation en
matière douanière, qui fonctionne près du Mi-
nistère des Finances, a adressé aux Chambres
de Commerce et aux autorités australiennes
une demande « motivée quoique très respec-
tueuse », en vue de rechercher les moyens
d'apporter quelques adoucissements à ces tarifs
prohibitifs. D' autre part, se tournant vers leur
fouvernement, les japonais demandent que
on prépare le plus tôt possible un accord
commercial avec l' Australie.
Accord vivement désirable, certes, mais -
ne nous leurrons pas difficilement réalisa-
ble, parce que la bataille douanière actuelle
n'est qu'un des multiples aspects de la grande
évolution économique du Pacifique.
Si nous regardons du côté de l' Australie
nous constatons que ce protectionnisme doua-
nier est une conséquence d'une politique éco-
nomique d'industrialisation méthodiquement
poursuivie depuis plusieurs années."*
On sait qu'en 1918 fut créé un ministère
particulier pour le commerce et -l'industrie avec
un « bureau of sciences and industries »,
chargé de présider à l' organisation de l'indus-
trie nationale. Sur la proposition de ce bu-
reau, on instaura une politique de « primes"
à certaines industries, notamment aux indus-
tries métallurgiques. On accorda des subven-
tions considérables pour la création de nou-
velles entreprises :
1.000.000 de £ à l'industrie de la laine.
500.000 £ à l'industrie chimique.
100.000 £ à l'industrie du verre.
500.000 £ à l'industrie métallurgique.
Le lrr mars 1920, on mettait en vigueur
un tarif presque prohibitif pour les textiles et
les vêtements et même pour les produits métal-
lurgiques ; les droits étaient aggravés en 1925.
Cette politique économique, après avoir
ainsi organisé la protection du marché des
produits, a entrepris celle du marché du tra-
vail.
On sait, par exemple, que le gouvernement
australien a pris la décision de suspendre
l'émigration assistée de la Grande-Bretagne
qui fonctionnait en vertu de la loi britannique
de 1922 et de l'accord du 8 avril 1924 (thirly
four millions pound agreement). Ces accords,
pourtant, étaient très favorables aux Etats aus-
traliens : le gouvernement australien s'enga
geait à émettre, jusqu'à concurrence de 34 mit-
lions de livres, tous les emprunts dont leô
gouvernements des Etats auraient besoin pour
es entreprises décidées d'un commun accord
et à leur en remettre le produit moyennant un
intérêt ne dépassant pas 2 pendant les cinq
années suivantes. L Angleterre s'engageait à
contribuer à la constitution de ces capitaux à
raison de 130.000 livres poUl 750.000. Mais,
pour chaque contribution de 75 livres versée à
un Etat, un émigrant britannique assisté devait
être transporté d'Angleterre en Australie et
installé dans les dix années suivant la date de
l' accord.
Ainsi, l'Australie renonce à obtenir les ca-
pitaux nécessaires à sa colonisation au taux
de 1 1/2 %, pour pouvoir interdire l'entrée
à une main-d'œuvre qu'elle juge indésirable.
Cette politique, qui rappelle si fort celle
qui fut inaugurée en Europe à la fin du
XIXC siècle, après 1880, et qui est, hélas !
encore si largement appliquée, a donné, incon.
testablement, des résultats.
Prenons un seul exemple : En 1913, l'Aus-
tralie importait 256.961 douzaines de paires
de souliers. Aujourd'hui, elle en exporte près
de 1 million de livres, notamment vers la
Nouvelle-Zélande. Elle compte 115 tanneries,
représentant plus de 1 milliard 500 millions
de £ et plus de 4.000 ouvriers recevant près
de 1 milliard de £ de salaires et plus de 400
fabriques de routiers.
Mais cette politique d'économie nationale se
heurte à la résistance des pays industriellement
plus avancés et qui ont un besoin absolu de
1 trouver, au dehors, des débouchés pour leur
1) production. Le Japon est plus particulièrement
j visé.
Si nous considérons seulement son industrie
1 | cotonnière, nous constatons que celle-ci, dans
* ces dernières années, a accru sa puissance de
I | production dans des proportions gigantesques :
en 1913, le Japon possédait 152 iflatures et
J 2.414.000 brocher; en 1928, on comptait 247
filatures et 6.450.000 broches. En 1913, le
Japon produisait 1.517.982 balles de filés et
416.725 yards de tissus ; en 1927, il a pro-
duit 2.530.692 balles de filés et 1.294.669
yards de tissus.
Et partout, dans le Pacifique, aux Indes
Néerlandaises, aux îles Philippines, nous trou-
a' i vons des nations jeunes, ardentes, prêtes à se
<• lancer dans la bataille économique.
De cette bataille, notre Indochine ne peut
) pas se désintéresser.
1 Sans doute, une- partie importante de son
activité économique est tournée vers la France
et ses colonies. Sur un mouvement total d'im-
portations de 3.674.763.000 francs, la France
et ses colonies figurent pour 1.147.486.866 fr
Mais si nous analysons les exportations, nous
constatons que l' Indochine se tourne de plus
en plus vers l'Asie et surtout vers le Paci-
fique.
Sur un chiffre total de 3.571.342.683 fr..
en 1928, la France et ses colonies sont repré-
sentées d' par 657.774.865 francs, les autres
Etats Europe par environ 170 millions de
francs, et Hongkong par 884 millions de fr.,
le Japon par 224 millions, les Indes Néerlan
daises par 209 millions, l'Inde britannique par
154 millions, l'Amérique par 70 millions, les
Philippines par 58 millions.
Ainsi, de plus en plus, l'Indochine s'inter-
pose dans l'économie du Pacifique, et rien de
ce qui se passe dans cette vaste Société des
Nations ne saurait lui être indifférent.
£ flenne Antonetii,
Député de la Hante-Savoie.
Rapporteur du budget 1c
l'Algérie et des Protecto-
rats.
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
LE MONUMENT DES ARMEES
D'OUTRE-MER
Le jury, chargé de choisir l'architecte qui
lancera vers le ciel gris-bleu d' lle-de-
France le monument glorifiant les années
de la France d'outre-iner, s'est réuni.
En conscience, choisir fut une rude be-
sogne.
Seize envois : seize devis, seize plans. Les
uns et les autres rivalisant de sentiment, de
maîtrise, de grande conception architectu-
rale, inspirée par notre claire et magnitique
histoire coloniale. Et, peut-être aussi, par
la carrière du maréchal Lyautey, qui pré-
u/i'.i» tn
J *
Après - les « Affiches dev l'Indochine », la
« Porte d'honneur », les « dioramas H, les
résultats de ce concours nous sont une sur-
prise aussi heureuse qu'inattendue.
Les bâtiments à édifier comprenaient un
monument central, un pavillon principal
destiné à abriter les services militaires fonc-
tionnant aux colonies, une salle de confé-
rence, un foyer du soldat et un poste de
commandement.
L'architecture d'un seul point de cet en-
semble était imposée aux concurrents : celle
du monument central. Il devait présenter
une silhouette élevée pour former motif au
fond de la Grande Aven je des Colonies
Françaises. Et, surtout symboliser rap-
peler plutôt l'intervention glorieuse et
humaine de la Métropole dans la création
de ses colonies.
Personne ne se fit faute, parmi les can-
didats, de tenir compte de ces directives.
Cinq prix ont été décernés :
MM. Lécuyer et Berthclot ( .se placèrent
premiers.
cc Outre-mer » s'élance, tour carrée, droite,
frêle et sans tâche, vers le ciel. Un phare,
en couronne, est prêt à s'allumer au som-
met. Plus haut encore, drapeau pavillon
oriflamme vibre au gré d'un vent marin
soufflant du large, de ce large qui relie la
mère-patrie à ses colonies.
Sur chaque pan du monument des noms
en lettres d'or : Canrobert, Bugeaud, La
Bourdonnais, Kléber, Changarnier, Lyau-
tey, Mangin, Marchand. 'I ous les grands
conquérants de notre domaine colonial.
Au bas, une dédicace : Aux armées
d'Afrique.
C'est au cœur de ce monument que sera
installée l'Exposition inaugurée, en Salle
d'Honneur de l'Armée Coloniale Française.
Tous les trophées des corps de troupe de
l'armée d'Afrique et de l'armée coloniale y
seront exposés. Eternelle et vivante guir-
lande. Tous les souvenirs propres a évo-
quer les héroïsmes guerriers, les enchante-
ments des pays inconnus que l'on découvre
au fur et à mesure des victoires comme
ceux susceptibles de rappeler toutes les
peines du soldat en « colonnex flans les
sables.
On ne s'étonnera donc pas qu'au faite de
ce monument il en est digne Hotte le
drapeau national auquel la garde assemblée
rendra les honneurs chaque jour.
La place me manque pour détailler les
o-uvres des autres lauréats.
M. Granet, Prix de Rome, avec son
Damiers vert., or et blanc ; M. Niermans,
dont le Ad Honores rappelle peut-être un
peu trop la pyramide ; M. Gaudruclie et son
Saints au drapeau, et M. Cargill qui pré-
senta un Centurion de très grande beauté
antique, mais qui peut-être ne symbolise
pas assez clairement au gré du jury, les ar-
mées d'outre-mer.
Mais je m'en voudrais de ne pas signaler
une belle composition la plus belle après
t'œuvre de MM. Lécuyer et Berthelot qui
s'intitule : « Au Drapeau ! ». Je n'ai pu
trouver le nom de son auteur. Sans doute
parce qu'il n'était pas primé. Quel dom-
mage l
Allons, malgré tout, le ciel s'éclaircit au.
dessus du terrain de Paris-Vincennes.
Soleil d'Austerlitz ne t'éteins pas.
.'r..e..aree"e C~ttM
A TAcadémie Française
»»«
Concours de poésie
M. Jutes Cambon, chancelier, qui fut,
avant être ambassadeur de France, Gouver-
neur général de l'Algérie, a proposé à la Com-
pagnie, au coun de la séance d hier, comme
sujet de concours pour le prix de poésie de
1931 : la Prise d'Alger.
LIRE EN SECONDE PAGE
Aviation Coloniale.
Nos coups de bambou.
Nos Courriers de VAfrique du Nord.
Le baccalauréat cambodgien
ï 10.
- , a
- - C
ANS le compte ren-
dit de la de r nie-
te session du
Conseil Supé-
rieur de tills,
truction l'ubli
que, j'ai note ie
résumé des dé
bats sur te bac-
calauréat cam-
bodgien. Débats assez vif s et 10lt intéres-
sants.
De quoi s'agissait il eu définitive ! TOUT
sim ple nient d'autoriser les élèves d'origine
i antbodgienne à présenter leur langue mala-
nelle à l'écrit des examens du baccalauréat
qu ils pein ent cire appelés à passer en France.
R/ que ce droit fut une faveur, cela est i".
contestable. Il est évident qu il est beaucoup
plus avantageux à un étudiant d'origine cam-
bodgienne de remplacer par une épreuve
dans la lallgllt: maternelle des compositions
en langue anglaise, allemande, etc. Mais
d abord. le Résident du Cambodge le dt'-
mellle/elil, et, avec lui, le (iouverneur (îénéral
de l Indochine ; d1 autre part, ce privilège
était déjà accordé aux Annamites d, au
Conseil de tlmlrudion PUb/illuc, il n'y a
eu qu'une i-oix pour reconnaître que la lan-
gue et la littérature du Cambodge étaient III.
., 1
contestante ment supérieures o la langue et a
la littérature de l'Anna m.
I) où venaient donc les objections ! Avant
tout, de la crainte que les colons européens
« usent du cambodgien pour tourner l'vblt.
gation d apprendre une langue anglo-saxon-
ne. » .1 quoi le rapporteur a répliqué que
cette crainte était vaine, et que Vavantage
nouveau était reserî é aux seuls Cambodgiens,
/<. du sentiment qu'une fois Ici porte ou-
verte, tl serait difficile de la refermer, et
qu après le Cambodgien « toutes les lal/gllo
de l Afrique et de l'Asie seraient ajoutées
à la liste. * Il y aurait donc finalement, au-
talll de baccalauréats que de régions asia-
tiques ou africaines. Le Conseil Supérieur
de l Instruction l'ublique est un concile de
docteurs graves et vénérables ; mais on de-
vine quel sujet de plaisanteries pour un
chansonnier humoriste 1 Au fond le danger
ri est pas à redouter, pour une foule de rat-
sons qui sautent aux yeux. Il ne sera pas
malaisé de tenir la porte fermée, et d'en
donner les motifs à ceux, qui auraient IfTl-
dance ci prhipila par là l invasion.
Car à cette invasion il est certain que plus
d'un songe déjà. Mon ancien collègue et
ami, le professeur Fedt'l a dénoncé, à cette
occasion, devant le Conctle « l'invasion du
baccalauréat par les étrangers, notamment
pari IfS jaunes. » Voilà un domaine pour le-
quel on ne redoutait pas jadis te péril jaune,
si âprement dénoncé I Mais I' edel a mille
fois raison quand il regrette qu'on s'attache
à 10ldrc plus facile pour les étrangers un
diplôme quon a l'intention de rendre plus
difficile pour nos propres enfants. C'esl une
duperie, s'cst-il écrié l Il y a des cas, en
effet, où l'indulgence envers les étrangers est
une injustice envers nos nationaux. Mais
cela, bien entendu, n'était pas dit pour 110S
Cambodgiens. Ce sont des l''rançats de la
plus grande France, leur langue et leur lit
térature sont des instruments de culture dont
tout le monde reconnaît la valeur.
Qu'on leur rende plus accessible le bacca-
lauréat, je n'y vois, pour tua part, que des
avantages à une double condition, c'est que
le diplôme ne soit pas ravalé, et quil n y ail
là un précédent que pour ceux qui réclame-
raient le même privilège en s'appuyant sur
tes mtmes droIts
Mario Rousian.
Sénateur de l'Hérault,
Ancien Ministre, Vice-président de la
Commission des Colonies.
A LA CHAMBRE
»♦«
LE BUDGET DES COLONIES
Le ballottage pour le 4" siège de vice-prési-
dent de la Chambre, qui est revenu en fin de
compte à M. Moncelle, député de la Moselle,
a modifié les prévisions de l'ordre du jour
de la Chambre.
Au lieu de commencer aujourd'hui la dis-
cussion du budget des Colonies ne pourra
guère être abordée avant mercredi prochain.
Dans ce cas, M. François Pietri, qui se
rend lundi à Londres pour assister à la pre-
mière séance de la Conférence navale, revien-
drait probablement deux jours à Paris, mer-
i.. v 1. i J-
credi et jeudi, pour prendre part à la discussion
de son budget et regagnerait l'Angleterre ven-
dredi pour continuer à prendre part aux négo-
ciations si le budget des Colonies n'était pas
fini après deux jours de débat, comme c est
probable, c'est à M. Alcide Delmont, sous-
secrétaire d'Etat aux Colonies qu'incomberait
le soin de représenter le ministre dans la dis-
cussion des articles.
AU GROUPE SOCIALISTE
Le groupe socialiste, réuni sous la prési-
dence de M. Marquet, a entendu un exposé
du docteur Cahen-Hadria, secrétaire de la
Fédération socialiste de Tunisie, qui a défini
les revendications des socialistes tunisiens, no-
tamment en ce qui concerne l'application à la
Tunisie des lois ouvrières et sociales, de même
que l'accession des indigènes à la vie politique.
L'assassinat de Jean Galmot
Neuf des inculpés du procès Galmot sur
douze libérés accompagnés par leur défenseur,
M" Monnerville, avocat à la Cour d appel de
Paris et originaire de la Guadeloupe, sont
arivés à Saint-Nazaire dans la matinée du 16
janvier et ont été embarqués à bord du Rérou
qui est' parti à 15 heures pour les Antilles.
«
De Montparnasse
à l'Ecole des Beaux Arts d'Hanoi
Les cafés-crème bousculent les bocks sur
cette table trop petite de la taverne, pleine
à craquer. Trois peintres annamites qui
n'ont rien à voir avec Ismaël le Pasticheur;
moi (lui ne suis ni la fClllllIC au Turban-
Vert, ni l'ldule-Sonibre, encure moins la
Vénus-au Serpent-vivant, nous discutons
passionnément d'Orient et d'Occident.
- Certes, Montparnasse est un carrelour
«lu monde important! cela je le concile ai-
sément au très brillant chroniqueur. Mais.
mais, c'est aussi le lieu de rendez vous des
gens île Paris qui arrivent du Lion de Hel-
t'ort, de Vaugirard, pas forcément du Clroë-
land, ni de la Terre de Feu, ni de Chicago.
Les mercenaires iranyais de la plume, du
pinceau et du ciseau peuvent s'y entretenir
aussi benoîtement que sur un banc du
Luxembourg, aux pieds des reines de
France.
A minuit, à Montparnasse, on est ivre de
paroles, beaucoup plus que de Champagne et
je ne m'étonne nullement que ce soit ici le
lieu sacré où Léninc, Kalinine et Trotlky
bâtirent phrase par phrase JT.R.S.S. de
l'avenir.
Ils n'ont rien des rapins, ces élèves de
l'Ecole des lleaux-Arts d'Hanoï : petits,
les yeux bridés, les cil masques
de fétiches, si nets, si propres, en dépit de
leur appétit de bohème, ils reflètent toute
une tradition d'ordre paisible, quelque clio.se
de nostalgique, beaucoup plus que de eus-
Illopolitc.
La question qui nous préoccupe est Ilrtl-
lante, non seulement pour nus minces per-
sonnes, mais aussi puur nutre Protectorat et
M. le gouverneur l'asquier a prouvé tout
l'intérêt qu'il lui portait : il s'agit de l'in-
troduction des méthodes de vision et de
pensée occidentales dans le cycle millénaire
et fermé des cultures d'origine chinoise.
On sent dans ces jeunes Annamites, un
ardent désir de s'instruire et de se retrem-
per à des sources étrangères, un appétit de
savoir d'une haute qualité. Mais aussi, une
foi si aveugle dans l'avcnir des modes futu-
ristes que -cela annihile l'acuité de leurs
jugements. Us ne discernent guère, entre le
« Chien vert » de X., la « N égresse
rouge » de Y. et une tuile île Kisling.
Ils nient leurs anciens maîtres, ils tour-
nent en dérision l'art ancestral et ils s'adon-
nent trop souvent à de désastreux pastiches
picabiesques ou à la mode d'Utrillo.
Déjà, une grande partie de la planète
copie l'autre ! En art, la standardisation
serait pour l'humanité une navrante catas-
trophe, ie nouveau naufrage d'un monde
chargé de richesse et d'esprit. Je ne sais,
si comme l'affirme la légende de Carco, les
litrons de pinard furent pour beaucoup dans
l'inspiration tragique du lils de Suzanne Va-
ladon, en tout cas, sur les bords du fleuve
Rouge mes amis annamites n' ont pas pu
s'imprégner des désespoirs féconds qui don-
nent la vie aux bistros verdatrcs. aux fa-
çades lépreuses, aux murs de désolation,
aux réverbères dramatiques qui jalonnent
1 1 1 IM • ?. 1
iahu «ui iuiig uu ia « niiuc », i Histoire gio- i
rieuse de la fortune d'Utrillo. A copier
notre sentimentalité, lis élèves des Beaux-
Arts de l'Ecole d'Hanoï, risquent de per-
dre le génie de leur race, sans espoir -le
s'assimiler suffisamment les substances vi-
tales de l'inspiration européenne.
Le but vers lequel doit tendre de plus en
plus l'Ecole d'Hanoï, c'est : instruire soli-
dement les élèves dans leur art, peinture,
gravure, sculpture, mais en ayant le plus
grand soin de laisser s'épanouir leur ata-
visme. Alors, ils seront aptes à continuer
la tradition de leurs devanciers des siècles
passés. Ils les dépasseront et réaliseront
ainsi la plus féconde des œuvres : ta réno-
vation de l'art annamite.
D'un carton, le plus jeune des trois pein-
tres tire une étude : « Regarde, madame, toi
comprendre ? D
A voix basse, il chante la légende de son
émouvant tableau:
« Bong ! bông ! bông,
« La maman berce son enfant
« Hông! I)ông! hÔng!
« Quand il sera grand, l'enfant deviendra
« Un mandarin savant.
« Bông ! bông! bông. »
Marie-L.o*»iae Sicartt.
Une belle justification
de la marine coloniale française
'1 «
M. Doumergue au Maroc
Nous avons annoncé que M. Doumergue
se rendrait au Maroc. Nous sommes heureux
d'apprendre que ce voyage s'effectuera par
mer.
En effet, le Président de la République
embarquera au début d'octobre sur un navire
de guerre ; le départ aura lieu de Brest direc-
tement pour Casablanca.
C'est là une très agréabte nouvelle, dans
le moment où la Conférence de Londres va
fixer le statut naval des Nations : la France
coloniale doit avoir une marine de guerre au
service de ses colonies. M. Doumergue semble
avoir tenu à justifier ainsi la politique maritime
que nous défendons.
Réception à l'Élysée
de l'Empereur d'Annam
«♦«
M. Gaston Doumergue a reçu hier le jeune
empereur d'Annam qui fait ses études en
France; il était accompagné de son. précep-
teur, M. Charles, Gouverneur honoraire des
Colonies. >/ ï
La malheureuse affaire
de l'Edgar-Quinet
* '1
Commission d'enquête
Le prélude au Conseil de guerre est adlCvc:
en ejjet, la Commission d'enquête a terminé
ses travaux. lis établissent que le commandant
de il Ldgar-Quiiiet n'est pas responsable de la
perte de son bâtiment.
La carte marine de la zone où naviguait le
croiseur, qui mentionne les fonds d'A rzez au
cap Frejolo, a été relevée en 1873 par le
capitaine de ligouchez, du bureau des longi-
tudes, commandant le Narval. Cette carte a
été éditée en 1876. A l'endroit même où
il Edgar-Quinet s'est échoué, à 6 milfes 105
du jeu d'Habibas, elle accuse des fonds de
32 et 28 mètres, signale au nord les roches des
Moules et des fonds douteux, mais est muette
sur le haut fond qui fut fatal à l'Edgar-Qul-
net. D'autre part, les instructions nautiques,
qui datent de 1919, ne portent auctme indica-
tion sur ce point.
Ceci est la thèse officielle. Nous avons ici
même, le 13 janvier, résumé la thèse adverse.
qui fait état des fonds « 12 R » et « 13 R »,
c'est-à-dire « fonds rocheux de 12 et 13 mè-
tres ».
Nous comprenons fort bien que la Commis
sion d'enquête n'ait pas le plus violent désir
d'étaler sous nos yeux les cartes dont la tency
ordonne la plus grande prudence.
Conseil de guerre
Le capitaine de vaisseau Benoist, comman-
dant de l'E.dgar-Quinet, comparaîtra devant ie
Conseil de guerre de Toulon : c'est, en effet,
Toulon qui est qualifié, du fait que le navire
s'est échoué et perdu dans le bassin
méditerranéen.
On peut prévoir dès aujourd'hui, du fait de
l'empressement de la Commission d'enquête à
clamer la parfaite action du commandant du
bâtiment, que le Conseil de guerre prononcera
l'acquittement. ,. II. ,.
ive nous étonnons pas si des félicitations
s'ajoutent à cet acquittement. Il ne faut douter
de rien, pas même de la justice humaine.
Mais nous persisterons à demander: « Qu'al-
lait donc faire CEdgar-Quiiiet dans cette ga-
lère ? n La zone était dangereuse. Comme un
visage de très jeune homme, grêlé de boutons
de croissance, elle était parsemée de récifs,
pétillant sur un fond de sable, comme l'eau
gazeuse dam un verre. jQuand on a la lourdr
responsabilité J'existences humaines, et d'un
grand nauire comme r EdRar-Quinet, on ne
doit pas s'amuser à de telles expériences.
Que la Commission d'enquête aujourd 'hui,
le Conseil de guerre demain, prennent en
mains fouies les cartes marines du monde, les
passent à l'examen de leur loupe, ou de leur
microscope, afin de nous certifier que la roche
fatale n'était pas répertoriée, nous ne pourrons
nous empêcher d'affirmer qu'une faute extrê-
mement grave a été commise. - --
Un nous dit aujourd nui que l Ldgar-Cjuinel
fiait un vieux bâtiment et que c'est presque
un bien qu'il ait trouvé une fin digne de lut,
au lieu d'être livré aux marteaux des démolis-
seurs. Pourquoi en avait-on fait un navire-
école si ce bâtiment était hors d'usage ? Pour
être certains de noper comme de jeunes chah
les élèves-officiers qu'il éduquait ? Allons
donc 1
Nous voulons des responsables. Il y en a.
Nous sommes las de ces camarades syndiqués
qui jouent une comédie de Conseil de guerre,
dont ils sortent farcis de poignées dc mains.
juges et accusé, sans que l'on puisse distinguer
le coupable dans le cortège heureux qui quitte
la salle.
Nous ne connaissons pas le commandant de
l'Edgar-Quinet. Alais nous pensons que son
devoir lui commandait d'être prudent, dit fait
de la zone dangereuse où il avait engagé son
bâtiment. Quand un soldat, pendant la guerre,
se glissait entre les tranchées ennemies pour
accomplir une mission déterminée, il se con-
naissait engagé dans une aventure mortelle, et
son angoisse le courbait sous la loi d'une re-
marquable prudence.
L'Edgar-Quinet s'amusait à un kilomètre de
la côte. Il se connaissait au-dessus de fonds
douteux. Il a coulé. Le Conseil de guerre
prononcera l'acquittement.
Et c'est ce que nous ne trouvons pas juste.
Un communiqué de la Préfecture.
Maritime de Toulon
La Préfecture Maritime de Toulon a public
le communiqué suivant :
La Préfecture maritime de Toulon reçoit de
tous les points de nombreuses demandes de
renseignements concernant le personnel débar-
qué de VEdgar-Quinet. La Préfecture mari-
time regrette de ne pouvoir donner de réponse
à ces demandes, car ce personnel ne dépend
pas de la troisième région et a été directement
affecté aux bâtiments en escadre, notamment
à la I10 escadre. Il convient, d'ailleurs, de
rappeler, pour rassurer encore les familles,
qu'il n'y a eu aucun accident de personne.
Raoul Mvnmarxon.
-----
Deux décrets
Un décret du 6 janvier 1930 porle fixation
de diverses indemnités allouées au personnel
de l'Administration pénitentiaire coloniale.
Un décret du 6 janvier 1930 porte fixation
d'une rétribution à allouer aux personnes char-
gées de guider les élèves de l'Ecole Colo-
niale dans les visites de musées, etciblissements
scientifiques.
Un match de boxe à Tunis
Ihltl.s III l'ilh'ijDi ir jtniils HlniH'lir*, /,i""
IIII soir, à 'l'unis, !>' m ifiii uici'-iil ii'ix
prist's, in ili.r ituinils. H-'iiurnis el mniti
"':/"(':' s'rsl lerwiih'• piir lu eir'o.re. iin
points, ih' l'e ih'nt ii'v. Par tlrpiVInv)
Dépêches de l'Indochine
.e.
Voyage différé
.\1. d,' Miiih'l, noire nouvel ambassadeur
à Tol.io n cnijuijtl en lanl ijuc Ministre de
h'niiice attitrés du iiouvernVnwnt CIliIlUis,
dos ncyucialions coneei nnnl un. lniiltl avec
l'hltbirhiiir.
t i'rtnini's difficttllés sont Soulevées du,
enlé efiinois aussi M. de MiUlel a «/oi/i'n»;
sua l'v.ijatje à iïanliin.
Retour en France
/.(' roloiii'l Marchand, commandant (ç
colonial, s'cmhaii/tiera pour la l''rnnci\ par
le prochain <-oiitiici\ rapatrié par h'
Conseil ih> sa nié.
Inauguration au Siam
l.c mi a inatitfnrc le I i a Hl/l/llliUI.. III
Chambre de commerce chinoise.
Dans les banques
des vieilles Colonies
Quatre nouveaux directeurs
Par quatre décrets présidentiels en date du
l "r janvier, rendus sur rapport du ministre des
Colonies, ont été nommés :
Directeur de la a Banque de la Martinique » :
M. Didellot (René-Anatolc-Alphonse), di-
recteur de la Banque de La Réunion, en rem-
placement de M. Dinslage, dont la démission
est acceptée.
Directeur de la « Banque de La Réunion » ;
M. Poulet (Henri-Emile- Julien), directeur
de la Banque de la Guyane, en remplacement
de M. Didellot, nommé directeur de la Ban-
que de la Martinique.
Directeur de la « Banque de la Guadeloupe» ;
M. Pégourier (Jean-Noël-Paul), inspecteur
général des Colonies, pour compter du jour
de son admission au cadre de réserve.
Directeur de la « Banque de la Guyane » :
- - - - - -
M. Michel (1 lerre-Louis), sous-chef de
bureau à l'Administration Centrale des Colo-
nies, en service détaché, en remplacement de
M. Poulet, nommé directeur de la Banque de
La Réunion.
Notons que, par arrêté du ministre des
Colonies, en date du I" janvier 1930, M.
Michel, faisant fonctions de chef de bu-
reau, a été placé pour une période de deux
années dans la position de service détacné
prévue à l' article 33 de la loi du 30 dé-
cembre 1913 en vue ({t\{"(U,VI '¡'11' {t'!k
situation les fonctic¿\s de directeur de la
Banque de la Guyane.
La case &! Il:': tii>rcs
Ecrivains coloniaux. et d'ailleurs
Par MARIE-LOUISE SICARn.
LA COLONISATION FRANÇAISE
SOUS L'ANCIEN REGIME
par J. Saintoyant
En écoutant certains Français ratiounci
sur le Maroc, nos Antilles, l'Indochine, etc.,
j'ai pu mesurer trop souvent l'ignorance en
matière coloniale des gens réputés « éclai-
rés ». Si je porte ce jugement, ce n'est pas
parce que le rédacteur d'un grand quotidien
place sous notre Protectorat le royaume de
Siam (peut-être a cause de M. l'aul Mo-
rand qui a clamé sa dilection pour Bang-
kok.) c'est plutôt parce que je sais jusqu'à
quel point le grand public a conservé l'es-
prit féodal, fortitié dans les étroites frontiè-
res de la Métropole.
Pourtant, on ne saurait trop le répéter,
c'est grâce à ses colonies que la France est
un grand empire de cent millions d'habi-
tants, au même rang que les Etats-Unis, la
Grande-Bretagne, la Russie. Il faut enfin se
rendre compte de ce que peut peser dans la
balance des destinées de la civilisation, cette
force organisée.
Ainsi, pendant que la Confédération bri-
tannique se développait et s'étendait sur le
monde, pendant qu'à son tour l'Allemagne
cherchait à se placer à la tète d'un groupe-
ment qui ne pouvait naître que de la guerre,
la France achevait la constitution d'un
grand domaine et, sans que ni les pouvoirs
publics, ni l'opinion aient eu l'air de s'en
douter, elle résolvait le problème de l'éten-
due territoriale, un des éléments de la puis-
sance économique. Entre 1713 et 1814, la
perte de presque toutes nos colonies était
consommée!. Il a fallu le splendide effort
d'une pléiade de grands Français, pour
lutter contre l'opposition nélaste d'hommes
d'Etat à la Clemenceau et réussir, malgré
les adversaires de notre expansion, à décu-
pler de 1880 à 1914 le domaine colonial.
Il n'y a qu'à comparer notre action en
Afrique, et celle de l'Angleterre aux Indes,
pour être persuadé qu'à la domination au-
toritaire, nous avons substitué une conquête
pacifique par la route, le rail, l'électricité,
le blé. Si la civilisation est un bien, la
France, dans toutes ses colonies, en a été la
généreuse dispensatrice.
Ainsi, l'auivre coloniale de la Troisième
République, au double point de vue de la
France et de la civilisation, a été magnin.
qucmcnt féconde. Que les détracteurs de
droite comme de gauche, que la phalange
innombrable des ignorants, se renseignent
avant d'exercer leur haine et leur sottise sur
la France des cinq parties du monde. N'ou-
blions pas, que toutes les productions des
zones tonifies et tempérées existent dans nos
immenses territoires et que leur sous-sol re-
cèle la plus grande variété de minéraux.
Notre situation coloniale assure à la
Francé, un des premiers rangs démographi-
ques, des interets de premier plan dans les
plus importantes questions mondiales ; elle
lui donne les bases d'un puissant rétablisse-
ment économique et une position privilégiée
dans l'occurrence d'une évolution de l'Eu-
rope vers de grandes ententes internationa-
les organisant leos échanges.
« Nul Français, soucieux de l'avenir de
son pays, de sa race, des intérêts mêmes de
ses descendants, ne doit ignorer l'importan-
ce de ta place que les colonies tiennent danb
MMML QMTtMH
Réduction & Administration :
M, RM M Mu-mur
PARIS O")
TÉI tPII. « Louvm 1>87
MCMBLIBU 87.
Les Annales Coloniales
abonhebents
avec la Rftru mtruutll* :
Unes ouste • M*lt
France et
lolonies 180. 100 » M »
[t. anger.. 240. 11i. JO t
On 8'abonot mua frai* 4a§i
loua lu banaux" poali,
Lit mnoncea et réclame» «onl rtçuei au
bureau dM jourud.
Directeur.Fondatsur s Maroel RUEDEL
Tout les articles publiés dans notre Journal ne peuvent
être reproduits qu'en eitant les ADALa COLONULIS.
L'Australie et lé- Pacifique
) -.. <
L'Australie a entrepris une véritable guerre
douanière dirigée principalement contre le Ja-
pon, sans doute, mais qui risque d'avoir ses
graves répercussions sur le commerce généra!
du Pacifique, et notamment sur le commerce
de l'Indochine française.
Il est donc, me semble-t-il, utile de fixer
notre attention sur ce grave problème.
Au cours de I929, l'Australie a modifié
trois fois ses taxes douanières, pour les aggra.
ver : le 23 août, le 22 novembre et le 12 dé-
cembre. Et on nous annonce qu'elle envisagé
une élévation nouvel Se des droits.
- Ces mesures sont principalement dirigées
contre le Japon. Celui-ci, qui exportait notam-
ment en Australie des tissus de soie, de coton,
de la bonneterie, de la porcelaine, de la véne-
rie, des colorants, etc., a vu baisser progressi-
vement la valeur de ses exportations en Austra-
lie Mir toutes ces matières, au cours des der
..-- -- ---.-- --- ------ -- - -. ---
nières années.
Une note de presse, d'origine japonaise très
certainement, nous apprend que l'on s'est ému
de cet état de choses à Tokio. La Chambre
de Commerce du Japon, nous dit-on, de con-
cert avec la Commission d'investigation en
matière douanière, qui fonctionne près du Mi-
nistère des Finances, a adressé aux Chambres
de Commerce et aux autorités australiennes
une demande « motivée quoique très respec-
tueuse », en vue de rechercher les moyens
d'apporter quelques adoucissements à ces tarifs
prohibitifs. D' autre part, se tournant vers leur
fouvernement, les japonais demandent que
on prépare le plus tôt possible un accord
commercial avec l' Australie.
Accord vivement désirable, certes, mais -
ne nous leurrons pas difficilement réalisa-
ble, parce que la bataille douanière actuelle
n'est qu'un des multiples aspects de la grande
évolution économique du Pacifique.
Si nous regardons du côté de l' Australie
nous constatons que ce protectionnisme doua-
nier est une conséquence d'une politique éco-
nomique d'industrialisation méthodiquement
poursuivie depuis plusieurs années."*
On sait qu'en 1918 fut créé un ministère
particulier pour le commerce et -l'industrie avec
un « bureau of sciences and industries »,
chargé de présider à l' organisation de l'indus-
trie nationale. Sur la proposition de ce bu-
reau, on instaura une politique de « primes"
à certaines industries, notamment aux indus-
tries métallurgiques. On accorda des subven-
tions considérables pour la création de nou-
velles entreprises :
1.000.000 de £ à l'industrie de la laine.
500.000 £ à l'industrie chimique.
100.000 £ à l'industrie du verre.
500.000 £ à l'industrie métallurgique.
Le lrr mars 1920, on mettait en vigueur
un tarif presque prohibitif pour les textiles et
les vêtements et même pour les produits métal-
lurgiques ; les droits étaient aggravés en 1925.
Cette politique économique, après avoir
ainsi organisé la protection du marché des
produits, a entrepris celle du marché du tra-
vail.
On sait, par exemple, que le gouvernement
australien a pris la décision de suspendre
l'émigration assistée de la Grande-Bretagne
qui fonctionnait en vertu de la loi britannique
de 1922 et de l'accord du 8 avril 1924 (thirly
four millions pound agreement). Ces accords,
pourtant, étaient très favorables aux Etats aus-
traliens : le gouvernement australien s'enga
geait à émettre, jusqu'à concurrence de 34 mit-
lions de livres, tous les emprunts dont leô
gouvernements des Etats auraient besoin pour
es entreprises décidées d'un commun accord
et à leur en remettre le produit moyennant un
intérêt ne dépassant pas 2 pendant les cinq
années suivantes. L Angleterre s'engageait à
contribuer à la constitution de ces capitaux à
raison de 130.000 livres poUl 750.000. Mais,
pour chaque contribution de 75 livres versée à
un Etat, un émigrant britannique assisté devait
être transporté d'Angleterre en Australie et
installé dans les dix années suivant la date de
l' accord.
Ainsi, l'Australie renonce à obtenir les ca-
pitaux nécessaires à sa colonisation au taux
de 1 1/2 %, pour pouvoir interdire l'entrée
à une main-d'œuvre qu'elle juge indésirable.
Cette politique, qui rappelle si fort celle
qui fut inaugurée en Europe à la fin du
XIXC siècle, après 1880, et qui est, hélas !
encore si largement appliquée, a donné, incon.
testablement, des résultats.
Prenons un seul exemple : En 1913, l'Aus-
tralie importait 256.961 douzaines de paires
de souliers. Aujourd'hui, elle en exporte près
de 1 million de livres, notamment vers la
Nouvelle-Zélande. Elle compte 115 tanneries,
représentant plus de 1 milliard 500 millions
de £ et plus de 4.000 ouvriers recevant près
de 1 milliard de £ de salaires et plus de 400
fabriques de routiers.
Mais cette politique d'économie nationale se
heurte à la résistance des pays industriellement
plus avancés et qui ont un besoin absolu de
1 trouver, au dehors, des débouchés pour leur
1) production. Le Japon est plus particulièrement
j visé.
Si nous considérons seulement son industrie
1 | cotonnière, nous constatons que celle-ci, dans
* ces dernières années, a accru sa puissance de
I | production dans des proportions gigantesques :
en 1913, le Japon possédait 152 iflatures et
J 2.414.000 brocher; en 1928, on comptait 247
filatures et 6.450.000 broches. En 1913, le
Japon produisait 1.517.982 balles de filés et
416.725 yards de tissus ; en 1927, il a pro-
duit 2.530.692 balles de filés et 1.294.669
yards de tissus.
Et partout, dans le Pacifique, aux Indes
Néerlandaises, aux îles Philippines, nous trou-
a' i vons des nations jeunes, ardentes, prêtes à se
<• lancer dans la bataille économique.
De cette bataille, notre Indochine ne peut
) pas se désintéresser.
1 Sans doute, une- partie importante de son
activité économique est tournée vers la France
et ses colonies. Sur un mouvement total d'im-
portations de 3.674.763.000 francs, la France
et ses colonies figurent pour 1.147.486.866 fr
Mais si nous analysons les exportations, nous
constatons que l' Indochine se tourne de plus
en plus vers l'Asie et surtout vers le Paci-
fique.
Sur un chiffre total de 3.571.342.683 fr..
en 1928, la France et ses colonies sont repré-
sentées d' par 657.774.865 francs, les autres
Etats Europe par environ 170 millions de
francs, et Hongkong par 884 millions de fr.,
le Japon par 224 millions, les Indes Néerlan
daises par 209 millions, l'Inde britannique par
154 millions, l'Amérique par 70 millions, les
Philippines par 58 millions.
Ainsi, de plus en plus, l'Indochine s'inter-
pose dans l'économie du Pacifique, et rien de
ce qui se passe dans cette vaste Société des
Nations ne saurait lui être indifférent.
£ flenne Antonetii,
Député de la Hante-Savoie.
Rapporteur du budget 1c
l'Algérie et des Protecto-
rats.
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
LE MONUMENT DES ARMEES
D'OUTRE-MER
Le jury, chargé de choisir l'architecte qui
lancera vers le ciel gris-bleu d' lle-de-
France le monument glorifiant les années
de la France d'outre-iner, s'est réuni.
En conscience, choisir fut une rude be-
sogne.
Seize envois : seize devis, seize plans. Les
uns et les autres rivalisant de sentiment, de
maîtrise, de grande conception architectu-
rale, inspirée par notre claire et magnitique
histoire coloniale. Et, peut-être aussi, par
la carrière du maréchal Lyautey, qui pré-
u/i'.i» tn
J *
Après - les « Affiches dev l'Indochine », la
« Porte d'honneur », les « dioramas H, les
résultats de ce concours nous sont une sur-
prise aussi heureuse qu'inattendue.
Les bâtiments à édifier comprenaient un
monument central, un pavillon principal
destiné à abriter les services militaires fonc-
tionnant aux colonies, une salle de confé-
rence, un foyer du soldat et un poste de
commandement.
L'architecture d'un seul point de cet en-
semble était imposée aux concurrents : celle
du monument central. Il devait présenter
une silhouette élevée pour former motif au
fond de la Grande Aven je des Colonies
Françaises. Et, surtout symboliser rap-
peler plutôt l'intervention glorieuse et
humaine de la Métropole dans la création
de ses colonies.
Personne ne se fit faute, parmi les can-
didats, de tenir compte de ces directives.
Cinq prix ont été décernés :
MM. Lécuyer et Berthclot ( .se placèrent
premiers.
cc Outre-mer » s'élance, tour carrée, droite,
frêle et sans tâche, vers le ciel. Un phare,
en couronne, est prêt à s'allumer au som-
met. Plus haut encore, drapeau pavillon
oriflamme vibre au gré d'un vent marin
soufflant du large, de ce large qui relie la
mère-patrie à ses colonies.
Sur chaque pan du monument des noms
en lettres d'or : Canrobert, Bugeaud, La
Bourdonnais, Kléber, Changarnier, Lyau-
tey, Mangin, Marchand. 'I ous les grands
conquérants de notre domaine colonial.
Au bas, une dédicace : Aux armées
d'Afrique.
C'est au cœur de ce monument que sera
installée l'Exposition inaugurée, en Salle
d'Honneur de l'Armée Coloniale Française.
Tous les trophées des corps de troupe de
l'armée d'Afrique et de l'armée coloniale y
seront exposés. Eternelle et vivante guir-
lande. Tous les souvenirs propres a évo-
quer les héroïsmes guerriers, les enchante-
ments des pays inconnus que l'on découvre
au fur et à mesure des victoires comme
ceux susceptibles de rappeler toutes les
peines du soldat en « colonnex flans les
sables.
On ne s'étonnera donc pas qu'au faite de
ce monument il en est digne Hotte le
drapeau national auquel la garde assemblée
rendra les honneurs chaque jour.
La place me manque pour détailler les
o-uvres des autres lauréats.
M. Granet, Prix de Rome, avec son
Damiers vert., or et blanc ; M. Niermans,
dont le Ad Honores rappelle peut-être un
peu trop la pyramide ; M. Gaudruclie et son
Saints au drapeau, et M. Cargill qui pré-
senta un Centurion de très grande beauté
antique, mais qui peut-être ne symbolise
pas assez clairement au gré du jury, les ar-
mées d'outre-mer.
Mais je m'en voudrais de ne pas signaler
une belle composition la plus belle après
t'œuvre de MM. Lécuyer et Berthelot qui
s'intitule : « Au Drapeau ! ». Je n'ai pu
trouver le nom de son auteur. Sans doute
parce qu'il n'était pas primé. Quel dom-
mage l
Allons, malgré tout, le ciel s'éclaircit au.
dessus du terrain de Paris-Vincennes.
Soleil d'Austerlitz ne t'éteins pas.
.'r..e..aree"e C~ttM
A TAcadémie Française
»»«
Concours de poésie
M. Jutes Cambon, chancelier, qui fut,
avant être ambassadeur de France, Gouver-
neur général de l'Algérie, a proposé à la Com-
pagnie, au coun de la séance d hier, comme
sujet de concours pour le prix de poésie de
1931 : la Prise d'Alger.
LIRE EN SECONDE PAGE
Aviation Coloniale.
Nos coups de bambou.
Nos Courriers de VAfrique du Nord.
Le baccalauréat cambodgien
ï 10.
- , a
- - C
ANS le compte ren-
dit de la de r nie-
te session du
Conseil Supé-
rieur de tills,
truction l'ubli
que, j'ai note ie
résumé des dé
bats sur te bac-
calauréat cam-
bodgien. Débats assez vif s et 10lt intéres-
sants.
De quoi s'agissait il eu définitive ! TOUT
sim ple nient d'autoriser les élèves d'origine
i antbodgienne à présenter leur langue mala-
nelle à l'écrit des examens du baccalauréat
qu ils pein ent cire appelés à passer en France.
R/ que ce droit fut une faveur, cela est i".
contestable. Il est évident qu il est beaucoup
plus avantageux à un étudiant d'origine cam-
bodgienne de remplacer par une épreuve
dans la lallgllt: maternelle des compositions
en langue anglaise, allemande, etc. Mais
d abord. le Résident du Cambodge le dt'-
mellle/elil, et, avec lui, le (iouverneur (îénéral
de l Indochine ; d1 autre part, ce privilège
était déjà accordé aux Annamites d, au
Conseil de tlmlrudion PUb/illuc, il n'y a
eu qu'une i-oix pour reconnaître que la lan-
gue et la littérature du Cambodge étaient III.
., 1
contestante ment supérieures o la langue et a
la littérature de l'Anna m.
I) où venaient donc les objections ! Avant
tout, de la crainte que les colons européens
« usent du cambodgien pour tourner l'vblt.
gation d apprendre une langue anglo-saxon-
ne. » .1 quoi le rapporteur a répliqué que
cette crainte était vaine, et que Vavantage
nouveau était reserî é aux seuls Cambodgiens,
/<. du sentiment qu'une fois Ici porte ou-
verte, tl serait difficile de la refermer, et
qu après le Cambodgien « toutes les lal/gllo
de l Afrique et de l'Asie seraient ajoutées
à la liste. * Il y aurait donc finalement, au-
talll de baccalauréats que de régions asia-
tiques ou africaines. Le Conseil Supérieur
de l Instruction l'ublique est un concile de
docteurs graves et vénérables ; mais on de-
vine quel sujet de plaisanteries pour un
chansonnier humoriste 1 Au fond le danger
ri est pas à redouter, pour une foule de rat-
sons qui sautent aux yeux. Il ne sera pas
malaisé de tenir la porte fermée, et d'en
donner les motifs à ceux, qui auraient IfTl-
dance ci prhipila par là l invasion.
Car à cette invasion il est certain que plus
d'un songe déjà. Mon ancien collègue et
ami, le professeur Fedt'l a dénoncé, à cette
occasion, devant le Conctle « l'invasion du
baccalauréat par les étrangers, notamment
pari IfS jaunes. » Voilà un domaine pour le-
quel on ne redoutait pas jadis te péril jaune,
si âprement dénoncé I Mais I' edel a mille
fois raison quand il regrette qu'on s'attache
à 10ldrc plus facile pour les étrangers un
diplôme quon a l'intention de rendre plus
difficile pour nos propres enfants. C'esl une
duperie, s'cst-il écrié l Il y a des cas, en
effet, où l'indulgence envers les étrangers est
une injustice envers nos nationaux. Mais
cela, bien entendu, n'était pas dit pour 110S
Cambodgiens. Ce sont des l''rançats de la
plus grande France, leur langue et leur lit
térature sont des instruments de culture dont
tout le monde reconnaît la valeur.
Qu'on leur rende plus accessible le bacca-
lauréat, je n'y vois, pour tua part, que des
avantages à une double condition, c'est que
le diplôme ne soit pas ravalé, et quil n y ail
là un précédent que pour ceux qui réclame-
raient le même privilège en s'appuyant sur
tes mtmes droIts
Mario Rousian.
Sénateur de l'Hérault,
Ancien Ministre, Vice-président de la
Commission des Colonies.
A LA CHAMBRE
»♦«
LE BUDGET DES COLONIES
Le ballottage pour le 4" siège de vice-prési-
dent de la Chambre, qui est revenu en fin de
compte à M. Moncelle, député de la Moselle,
a modifié les prévisions de l'ordre du jour
de la Chambre.
Au lieu de commencer aujourd'hui la dis-
cussion du budget des Colonies ne pourra
guère être abordée avant mercredi prochain.
Dans ce cas, M. François Pietri, qui se
rend lundi à Londres pour assister à la pre-
mière séance de la Conférence navale, revien-
drait probablement deux jours à Paris, mer-
i.. v 1. i J-
credi et jeudi, pour prendre part à la discussion
de son budget et regagnerait l'Angleterre ven-
dredi pour continuer à prendre part aux négo-
ciations si le budget des Colonies n'était pas
fini après deux jours de débat, comme c est
probable, c'est à M. Alcide Delmont, sous-
secrétaire d'Etat aux Colonies qu'incomberait
le soin de représenter le ministre dans la dis-
cussion des articles.
AU GROUPE SOCIALISTE
Le groupe socialiste, réuni sous la prési-
dence de M. Marquet, a entendu un exposé
du docteur Cahen-Hadria, secrétaire de la
Fédération socialiste de Tunisie, qui a défini
les revendications des socialistes tunisiens, no-
tamment en ce qui concerne l'application à la
Tunisie des lois ouvrières et sociales, de même
que l'accession des indigènes à la vie politique.
L'assassinat de Jean Galmot
Neuf des inculpés du procès Galmot sur
douze libérés accompagnés par leur défenseur,
M" Monnerville, avocat à la Cour d appel de
Paris et originaire de la Guadeloupe, sont
arivés à Saint-Nazaire dans la matinée du 16
janvier et ont été embarqués à bord du Rérou
qui est' parti à 15 heures pour les Antilles.
«
De Montparnasse
à l'Ecole des Beaux Arts d'Hanoi
Les cafés-crème bousculent les bocks sur
cette table trop petite de la taverne, pleine
à craquer. Trois peintres annamites qui
n'ont rien à voir avec Ismaël le Pasticheur;
moi (lui ne suis ni la fClllllIC au Turban-
Vert, ni l'ldule-Sonibre, encure moins la
Vénus-au Serpent-vivant, nous discutons
passionnément d'Orient et d'Occident.
- Certes, Montparnasse est un carrelour
«lu monde important! cela je le concile ai-
sément au très brillant chroniqueur. Mais.
mais, c'est aussi le lieu de rendez vous des
gens île Paris qui arrivent du Lion de Hel-
t'ort, de Vaugirard, pas forcément du Clroë-
land, ni de la Terre de Feu, ni de Chicago.
Les mercenaires iranyais de la plume, du
pinceau et du ciseau peuvent s'y entretenir
aussi benoîtement que sur un banc du
Luxembourg, aux pieds des reines de
France.
A minuit, à Montparnasse, on est ivre de
paroles, beaucoup plus que de Champagne et
je ne m'étonne nullement que ce soit ici le
lieu sacré où Léninc, Kalinine et Trotlky
bâtirent phrase par phrase JT.R.S.S. de
l'avenir.
Ils n'ont rien des rapins, ces élèves de
l'Ecole des lleaux-Arts d'Hanoï : petits,
les yeux bridés, les cil masques
de fétiches, si nets, si propres, en dépit de
leur appétit de bohème, ils reflètent toute
une tradition d'ordre paisible, quelque clio.se
de nostalgique, beaucoup plus que de eus-
Illopolitc.
La question qui nous préoccupe est Ilrtl-
lante, non seulement pour nus minces per-
sonnes, mais aussi puur nutre Protectorat et
M. le gouverneur l'asquier a prouvé tout
l'intérêt qu'il lui portait : il s'agit de l'in-
troduction des méthodes de vision et de
pensée occidentales dans le cycle millénaire
et fermé des cultures d'origine chinoise.
On sent dans ces jeunes Annamites, un
ardent désir de s'instruire et de se retrem-
per à des sources étrangères, un appétit de
savoir d'une haute qualité. Mais aussi, une
foi si aveugle dans l'avcnir des modes futu-
ristes que -cela annihile l'acuité de leurs
jugements. Us ne discernent guère, entre le
« Chien vert » de X., la « N égresse
rouge » de Y. et une tuile île Kisling.
Ils nient leurs anciens maîtres, ils tour-
nent en dérision l'art ancestral et ils s'adon-
nent trop souvent à de désastreux pastiches
picabiesques ou à la mode d'Utrillo.
Déjà, une grande partie de la planète
copie l'autre ! En art, la standardisation
serait pour l'humanité une navrante catas-
trophe, ie nouveau naufrage d'un monde
chargé de richesse et d'esprit. Je ne sais,
si comme l'affirme la légende de Carco, les
litrons de pinard furent pour beaucoup dans
l'inspiration tragique du lils de Suzanne Va-
ladon, en tout cas, sur les bords du fleuve
Rouge mes amis annamites n' ont pas pu
s'imprégner des désespoirs féconds qui don-
nent la vie aux bistros verdatrcs. aux fa-
çades lépreuses, aux murs de désolation,
aux réverbères dramatiques qui jalonnent
1 1 1 IM • ?. 1
iahu «ui iuiig uu ia « niiuc », i Histoire gio- i
rieuse de la fortune d'Utrillo. A copier
notre sentimentalité, lis élèves des Beaux-
Arts de l'Ecole d'Hanoï, risquent de per-
dre le génie de leur race, sans espoir -le
s'assimiler suffisamment les substances vi-
tales de l'inspiration européenne.
Le but vers lequel doit tendre de plus en
plus l'Ecole d'Hanoï, c'est : instruire soli-
dement les élèves dans leur art, peinture,
gravure, sculpture, mais en ayant le plus
grand soin de laisser s'épanouir leur ata-
visme. Alors, ils seront aptes à continuer
la tradition de leurs devanciers des siècles
passés. Ils les dépasseront et réaliseront
ainsi la plus féconde des œuvres : ta réno-
vation de l'art annamite.
D'un carton, le plus jeune des trois pein-
tres tire une étude : « Regarde, madame, toi
comprendre ? D
A voix basse, il chante la légende de son
émouvant tableau:
« Bong ! bông ! bông,
« La maman berce son enfant
« Hông! I)ông! hÔng!
« Quand il sera grand, l'enfant deviendra
« Un mandarin savant.
« Bông ! bông! bông. »
Marie-L.o*»iae Sicartt.
Une belle justification
de la marine coloniale française
'1 «
M. Doumergue au Maroc
Nous avons annoncé que M. Doumergue
se rendrait au Maroc. Nous sommes heureux
d'apprendre que ce voyage s'effectuera par
mer.
En effet, le Président de la République
embarquera au début d'octobre sur un navire
de guerre ; le départ aura lieu de Brest direc-
tement pour Casablanca.
C'est là une très agréabte nouvelle, dans
le moment où la Conférence de Londres va
fixer le statut naval des Nations : la France
coloniale doit avoir une marine de guerre au
service de ses colonies. M. Doumergue semble
avoir tenu à justifier ainsi la politique maritime
que nous défendons.
Réception à l'Élysée
de l'Empereur d'Annam
«♦«
M. Gaston Doumergue a reçu hier le jeune
empereur d'Annam qui fait ses études en
France; il était accompagné de son. précep-
teur, M. Charles, Gouverneur honoraire des
Colonies. >/ ï
La malheureuse affaire
de l'Edgar-Quinet
* '1
Commission d'enquête
Le prélude au Conseil de guerre est adlCvc:
en ejjet, la Commission d'enquête a terminé
ses travaux. lis établissent que le commandant
de il Ldgar-Quiiiet n'est pas responsable de la
perte de son bâtiment.
La carte marine de la zone où naviguait le
croiseur, qui mentionne les fonds d'A rzez au
cap Frejolo, a été relevée en 1873 par le
capitaine de ligouchez, du bureau des longi-
tudes, commandant le Narval. Cette carte a
été éditée en 1876. A l'endroit même où
il Edgar-Quinet s'est échoué, à 6 milfes 105
du jeu d'Habibas, elle accuse des fonds de
32 et 28 mètres, signale au nord les roches des
Moules et des fonds douteux, mais est muette
sur le haut fond qui fut fatal à l'Edgar-Qul-
net. D'autre part, les instructions nautiques,
qui datent de 1919, ne portent auctme indica-
tion sur ce point.
Ceci est la thèse officielle. Nous avons ici
même, le 13 janvier, résumé la thèse adverse.
qui fait état des fonds « 12 R » et « 13 R »,
c'est-à-dire « fonds rocheux de 12 et 13 mè-
tres ».
Nous comprenons fort bien que la Commis
sion d'enquête n'ait pas le plus violent désir
d'étaler sous nos yeux les cartes dont la tency
ordonne la plus grande prudence.
Conseil de guerre
Le capitaine de vaisseau Benoist, comman-
dant de l'E.dgar-Quinet, comparaîtra devant ie
Conseil de guerre de Toulon : c'est, en effet,
Toulon qui est qualifié, du fait que le navire
s'est échoué et perdu dans le bassin
méditerranéen.
On peut prévoir dès aujourd'hui, du fait de
l'empressement de la Commission d'enquête à
clamer la parfaite action du commandant du
bâtiment, que le Conseil de guerre prononcera
l'acquittement. ,. II. ,.
ive nous étonnons pas si des félicitations
s'ajoutent à cet acquittement. Il ne faut douter
de rien, pas même de la justice humaine.
Mais nous persisterons à demander: « Qu'al-
lait donc faire CEdgar-Quiiiet dans cette ga-
lère ? n La zone était dangereuse. Comme un
visage de très jeune homme, grêlé de boutons
de croissance, elle était parsemée de récifs,
pétillant sur un fond de sable, comme l'eau
gazeuse dam un verre. jQuand on a la lourdr
responsabilité J'existences humaines, et d'un
grand nauire comme r EdRar-Quinet, on ne
doit pas s'amuser à de telles expériences.
Que la Commission d'enquête aujourd 'hui,
le Conseil de guerre demain, prennent en
mains fouies les cartes marines du monde, les
passent à l'examen de leur loupe, ou de leur
microscope, afin de nous certifier que la roche
fatale n'était pas répertoriée, nous ne pourrons
nous empêcher d'affirmer qu'une faute extrê-
mement grave a été commise. - --
Un nous dit aujourd nui que l Ldgar-Cjuinel
fiait un vieux bâtiment et que c'est presque
un bien qu'il ait trouvé une fin digne de lut,
au lieu d'être livré aux marteaux des démolis-
seurs. Pourquoi en avait-on fait un navire-
école si ce bâtiment était hors d'usage ? Pour
être certains de noper comme de jeunes chah
les élèves-officiers qu'il éduquait ? Allons
donc 1
Nous voulons des responsables. Il y en a.
Nous sommes las de ces camarades syndiqués
qui jouent une comédie de Conseil de guerre,
dont ils sortent farcis de poignées dc mains.
juges et accusé, sans que l'on puisse distinguer
le coupable dans le cortège heureux qui quitte
la salle.
Nous ne connaissons pas le commandant de
l'Edgar-Quinet. Alais nous pensons que son
devoir lui commandait d'être prudent, dit fait
de la zone dangereuse où il avait engagé son
bâtiment. Quand un soldat, pendant la guerre,
se glissait entre les tranchées ennemies pour
accomplir une mission déterminée, il se con-
naissait engagé dans une aventure mortelle, et
son angoisse le courbait sous la loi d'une re-
marquable prudence.
L'Edgar-Quinet s'amusait à un kilomètre de
la côte. Il se connaissait au-dessus de fonds
douteux. Il a coulé. Le Conseil de guerre
prononcera l'acquittement.
Et c'est ce que nous ne trouvons pas juste.
Un communiqué de la Préfecture.
Maritime de Toulon
La Préfecture Maritime de Toulon a public
le communiqué suivant :
La Préfecture maritime de Toulon reçoit de
tous les points de nombreuses demandes de
renseignements concernant le personnel débar-
qué de VEdgar-Quinet. La Préfecture mari-
time regrette de ne pouvoir donner de réponse
à ces demandes, car ce personnel ne dépend
pas de la troisième région et a été directement
affecté aux bâtiments en escadre, notamment
à la I10 escadre. Il convient, d'ailleurs, de
rappeler, pour rassurer encore les familles,
qu'il n'y a eu aucun accident de personne.
Raoul Mvnmarxon.
-----
Deux décrets
Un décret du 6 janvier 1930 porle fixation
de diverses indemnités allouées au personnel
de l'Administration pénitentiaire coloniale.
Un décret du 6 janvier 1930 porte fixation
d'une rétribution à allouer aux personnes char-
gées de guider les élèves de l'Ecole Colo-
niale dans les visites de musées, etciblissements
scientifiques.
Un match de boxe à Tunis
Ihltl.s III l'ilh'ijDi ir jtniils HlniH'lir*, /,i""
IIII soir, à 'l'unis, !>' m
prist's, in ili.r ituinils. H-'iiurnis el mniti
"':/"(':' s'rsl lerwiih'• piir lu eir'o.re. iin
points, ih' l'e ih'nt ii'v. Par tlrpiVInv)
Dépêches de l'Indochine
.e.
Voyage différé
.\1. d,' Miiih'l, noire nouvel ambassadeur
à Tol.io n cnijuijtl en lanl ijuc Ministre de
h'niiice attitrés du iiouvernVnwnt CIliIlUis,
dos ncyucialions coneei nnnl un. lniiltl avec
l'hltbirhiiir.
t i'rtnini's difficttllés sont Soulevées du,
enlé efiinois aussi M. de MiUlel a «/oi/i'n»;
sua l'v.ijatje à iïanliin.
Retour en France
/.(' roloiii'l Marchand, commandant (ç
colonial, s'cmhaii/tiera pour la l''rnnci\ par
le prochain <-oiitiici\ rapatrié par h'
Conseil ih> sa nié.
Inauguration au Siam
l.c mi a inatitfnrc le I i a Hl/l/llliUI.. III
Chambre de commerce chinoise.
Dans les banques
des vieilles Colonies
Quatre nouveaux directeurs
Par quatre décrets présidentiels en date du
l "r janvier, rendus sur rapport du ministre des
Colonies, ont été nommés :
Directeur de la a Banque de la Martinique » :
M. Didellot (René-Anatolc-Alphonse), di-
recteur de la Banque de La Réunion, en rem-
placement de M. Dinslage, dont la démission
est acceptée.
Directeur de la « Banque de La Réunion » ;
M. Poulet (Henri-Emile- Julien), directeur
de la Banque de la Guyane, en remplacement
de M. Didellot, nommé directeur de la Ban-
que de la Martinique.
Directeur de la « Banque de la Guadeloupe» ;
M. Pégourier (Jean-Noël-Paul), inspecteur
général des Colonies, pour compter du jour
de son admission au cadre de réserve.
Directeur de la « Banque de la Guyane » :
- - - - - -
M. Michel (1 lerre-Louis), sous-chef de
bureau à l'Administration Centrale des Colo-
nies, en service détaché, en remplacement de
M. Poulet, nommé directeur de la Banque de
La Réunion.
Notons que, par arrêté du ministre des
Colonies, en date du I" janvier 1930, M.
Michel, faisant fonctions de chef de bu-
reau, a été placé pour une période de deux
années dans la position de service détacné
prévue à l' article 33 de la loi du 30 dé-
cembre 1913 en vue ({t\{"(U,VI '¡'11' {t'!k
situation les fonctic¿\s de directeur de la
Banque de la Guyane.
La case &! Il:': tii>rcs
Ecrivains coloniaux. et d'ailleurs
Par MARIE-LOUISE SICARn.
LA COLONISATION FRANÇAISE
SOUS L'ANCIEN REGIME
par J. Saintoyant
En écoutant certains Français ratiounci
sur le Maroc, nos Antilles, l'Indochine, etc.,
j'ai pu mesurer trop souvent l'ignorance en
matière coloniale des gens réputés « éclai-
rés ». Si je porte ce jugement, ce n'est pas
parce que le rédacteur d'un grand quotidien
place sous notre Protectorat le royaume de
Siam (peut-être a cause de M. l'aul Mo-
rand qui a clamé sa dilection pour Bang-
kok.) c'est plutôt parce que je sais jusqu'à
quel point le grand public a conservé l'es-
prit féodal, fortitié dans les étroites frontiè-
res de la Métropole.
Pourtant, on ne saurait trop le répéter,
c'est grâce à ses colonies que la France est
un grand empire de cent millions d'habi-
tants, au même rang que les Etats-Unis, la
Grande-Bretagne, la Russie. Il faut enfin se
rendre compte de ce que peut peser dans la
balance des destinées de la civilisation, cette
force organisée.
Ainsi, pendant que la Confédération bri-
tannique se développait et s'étendait sur le
monde, pendant qu'à son tour l'Allemagne
cherchait à se placer à la tète d'un groupe-
ment qui ne pouvait naître que de la guerre,
la France achevait la constitution d'un
grand domaine et, sans que ni les pouvoirs
publics, ni l'opinion aient eu l'air de s'en
douter, elle résolvait le problème de l'éten-
due territoriale, un des éléments de la puis-
sance économique. Entre 1713 et 1814, la
perte de presque toutes nos colonies était
consommée!. Il a fallu le splendide effort
d'une pléiade de grands Français, pour
lutter contre l'opposition nélaste d'hommes
d'Etat à la Clemenceau et réussir, malgré
les adversaires de notre expansion, à décu-
pler de 1880 à 1914 le domaine colonial.
Il n'y a qu'à comparer notre action en
Afrique, et celle de l'Angleterre aux Indes,
pour être persuadé qu'à la domination au-
toritaire, nous avons substitué une conquête
pacifique par la route, le rail, l'électricité,
le blé. Si la civilisation est un bien, la
France, dans toutes ses colonies, en a été la
généreuse dispensatrice.
Ainsi, l'auivre coloniale de la Troisième
République, au double point de vue de la
France et de la civilisation, a été magnin.
qucmcnt féconde. Que les détracteurs de
droite comme de gauche, que la phalange
innombrable des ignorants, se renseignent
avant d'exercer leur haine et leur sottise sur
la France des cinq parties du monde. N'ou-
blions pas, que toutes les productions des
zones tonifies et tempérées existent dans nos
immenses territoires et que leur sous-sol re-
cèle la plus grande variété de minéraux.
Notre situation coloniale assure à la
Francé, un des premiers rangs démographi-
ques, des interets de premier plan dans les
plus importantes questions mondiales ; elle
lui donne les bases d'un puissant rétablisse-
ment économique et une position privilégiée
dans l'occurrence d'une évolution de l'Eu-
rope vers de grandes ententes internationa-
les organisant leos échanges.
« Nul Français, soucieux de l'avenir de
son pays, de sa race, des intérêts mêmes de
ses descendants, ne doit ignorer l'importan-
ce de ta place que les colonies tiennent danb
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