Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1930-01-13
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 janvier 1930 13 janvier 1930
Description : 1930/01/13 (A31,N7). 1930/01/13 (A31,N7).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6280669z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
TRF\NTE-ET-UN1EME ANNEE. - N° 7.
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Les Annales Coloniales
Les «Moneei et réclames sonI rque au
bureau du Journal.
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l'ou les arheles publU. dans notre journal ne peuvent
être reproduitẽ 411 wi citent les Anna CoLomum.
ABONNEMENTS
,ot,ec la Revue mensuelle i
Un M < moh 3 mais
France et
Colonies 180 » 100 > 50.
Etranger.. 240. 125 » 70 »
On s'abonne iuu trote daaa
toua la bureaux de poala.
.1. CHARABIA
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,'i Quantum mutatus ab illo !
Trente ans ont passé. Le Comman-
dant Marchand revient de Fachoda. Au
nom de la Ligue des Patriotes, le
vigoureux polémiste Georges Thiébaud
l'a été chercher en Afrique; il rentre en
France auréolé d'une gloire très pure.
Après avoir accompli brillamment plu-
sieurs missions sur la Côte Occidentale
d'Afrique, le Commandant Marchand a
traversé le continent noir, d'Ouest en
Est, sans guère coup férir et nous qui
n'avions pas vingt ans, nous étions heu-
reux et fiers du succès français et civili-
sateur de ce chef de mission: Il donnait
un lustre nouveau aux couleurs natio-
nales, trop souvent en berne, depuis la
perte de l'Alsace-Lorraine. L'ovation,
l'enthousiasme de Paris le jour de son
arrivée sont indescriptibles : de la gare
de Lyon au Cercle Militaire, des di-
zaines de milliers de citoyens l'accla-
ment sans arrêt ; la foule, place de
l'Opéra accueille le héros de Fachoda,
mettant à la disposition du chef reve-
nant des bords du Haut-Nil, la France,
comme elle avait été à la merci un siècle
auparavant, du vaincu des bords du
lias-Nil. Puis la retraite vint, et avec
l'oubli de la masse, délirante un jour,
amorphe toute une destinée, le souvenir
des coloniaux s estompa.
De temps en temps, sortant de sa
retraite dorée, le Commandant Mar-
chand, devenu général comme beaucoup
d'autres, reprend la plume. Il la manie
infiniment moins bien que 1 épée. Dans
une long et diffus article intitulé :
'Nlli.r¿;a,zee de VAfrique Noire, il a pu-
blié des souvenirs d'une lamentable
banalité. Une exception cependant. Il
attaque, mais il y a des polémiques
vulgaires qui n'honorent pas ceux qui
les font. En écrivant de M. Georges
Bonnement qu'il est un solennel augure,
conférencier ̃gants blancs glacés, M. Marchand -
et mâdame car l'article est du mé-
nage se ravale lui-même, son article
réduit de moitié ou des trois quarts la
grande image que nous avions encore
conservé de l'explorateur. Certes, dans
la mission Marchand, Baratier était plus
brillant, Largeau avait plus de déci-
sion, le docteur Emily plus de science,
mais lui était le chef.
Eh bien ! le chef qui aurait pu, en
quelques pages ramassées,apprendre aux
générations d'aujourd'hui ce qu'était
l'Afrique il y a trente et quarante ans,
comment il comprenait notre œuvre, se
défend d'avoir jamais fait mourir de
faim quelqu'un en Afrique, célèbre le
portage auquel 20.000 indigènes « s'ac-
tivèrent », écrit un récit décousu de
ses diverses missions, récit dans lequel
on ne trouve rien à glaner, où il y a
des. citations profondes comme celles-
ci, à propos des blancs, des mu-
lâtres et des noirs : « Café y a bon,
lait y a bon, café au lait mauvais beau-
coup », c'est nouveau cela.
Mais le Commandant Marchand, qui
a dans Paris sa rue - M. Raymond
Poincaré y habita - mais le Comman-
dant n'est plus resté Africain, il est de-
venu Général dans la grande guerre. Le
Dieu de sa jeunesse, Jules Ferry a passé
dans la pénombre. Il célèbre davantage
ceux qui ont voulu la France amoin-
drie avant 1914,– afin qu'elle ne puisse
plus se défendre pendant les cinquante
et un mois terribles -- et l'ont décimée
au cours de la guerre. Pour finir sur un
mot gai, M. et Mme Marchand compa-
rent les maigres effectifs des missions
coloniales du siècle dernier à la figu-
ration étique de la célèbre tournée Ri-
gadin. Célèbre. Hum ! Ilum ! Théâ-
tre ? Cirque ?? Rigadin ! connais pas
à moins que ce ne soit la tournée Ri-
gaudin, cette tournée-là., c'est Ahnazian
qui l'a reçue et M. André Benoist, Di-
recteur de la Police judiciaire peut affir-
mer que la figuration y était aussi nom-
breuse que vigoureuse.
En vérité, le Général Marchand et la
Générale Marchand, née de Saint-
Roman feraient mieux de jouer au
bridge, à la belote, voire à la bataille
que d'écrire.
Mearcet Buedel
Dépêches de l'Indochine
Vague de troid au Tonkin
, fi IW VUflue de froid sévit au Tonkin. On
a enregistré à llanoi II degrés seulement
au-itessous de zéro (lit cours de lu nuit
de mercredi à p'udi, ce qui constitue une
des plus busses tempéra/lires relevées de-
puis plusieurs années.
Réceptions
Le Général Prince Mongkot, chef de
l'Idat-Major Général de l'armec Siamoise,
accompagné du Lieutenant-Colonel Luau
oratn liidhirong qui participa aux travaux
de la Haute-Commission Franco-Siamoise
du, Mékong et du Commandant Luang-Sa-
rasidhi gui reviennent des grandes ma-
nœuvres de Vannée iaponaise auxquelles
ils ont assisté, ont séjourné une douzaine
de jours ail Tonkin, où ils ont visité sous
ta conduite du Commandant Supérieur lli-
vers centres militaires et la région fron-
tière de Lang-Son à Caobang.
Après avoir été reçu par le Gouverneur
Général Pasqnier, le prince Alongkot a
quitté Hanoï le 7 courant par la voie de.
terre à destination de Saigon d'où il rega-
gnera Banfllwk
Départ de la Commission d'enquête
sur l'opium
La commission internationale de la$.!)̃
N. qui enquête sur t'upium sous la direc-
tion dit Ministre de Suède en Argentine,
M. Ekdrand, après une visite d'une vina.
taine tic jours en Indochine a quitté Hal-
phong, le 7 courant à, destination de
Kouang-Tchéou-Wan d'oit elle gagnera
Hong-Kong.
Pendant son séjour en Indochine, elle a
consulté outre les services (fllmfnistratif."
de la colonie, les Chambres de Commerce
et d'Agriculture, les représentants des dif-
férents cultes, des médecins privés, les
chefs de grandes entreprises industrielles
et commerciales et des notabilités indigè-
nes. Elle a tenu à exprimer tous ses re-
merciements pour l'accueil qui lui a fité ré-
servé en vue dé l'exécution de sa mission.
La liaison Hanoï-Laïchau
La liaison Hanoï-Laïchau par le fleuve
Rouge et la rivière Moire, au moyen de pt-
rogues à moteur de 25 chevaux, a été ".i,l-
Usée en 52 heures de marche effective,
dont 36 heures seulement pour la partie
accidentée Chobo-Laicliau, par le comman-
dant du 4° territoire. Le trajet de 550 kilo-
mètres, qui comporte de nombreux rapi-
des, demande habituellement une dizaine
de jours au minimum, avec des pirogues
ordinaires.
Le Prilce de Galles en Àfriqie
III
Le Prince de Galles aurait l'intention de
revenir en Europe non par mer, mais par
l'itinéraire maintenant normal : Sud-Nord,
c'est-à-dire que le retour s'effectuerait par
le Congo et l'Egypte. On sait que le Prince
de Galles s'est embarqué la semaine der-
nière pour l'Afrique du Sud
M. Lucien Saint à Madrid
M. Lucien Saint, Résident général de
France au Maroc, quittera Paris jeudi matin à
10 h. 40 par le Sud-Express, pour se rendre
à Madrid, où il doit passer deux jours. Il sera
reçu en audience par le roi Alphonse XIII et
par le président du Directoire, général Primo
de Rivera.
Les nouveaux Membres du Conseil
de Perfectionnement de l'Ecole
Coloniale
Par arrêté du sous-secrétaire d'Etat aux Co-
lonies du 28 décembre 1929, ont été nommés,
à compter du 18 novembre 1929, pour trois
ans, membres du Conseil de Perfectionnement
de l'Ecole Coloniale :
MM. :
J.-L. Deloncle, conseiller d'Etat, représen-
tant du Conseil d'Etat ;
Martineau, Gouverneur honoraire des Colo-
nies ;
Gaston Péan, avocat général près la Cour
de cassation, représentant du Ministère de la
Justice ; qp
Gout, ministre plénipotentiaire, représentant
du Ministère des Affaires étrangères ;
Cornu, directeur du Contrôle. de la Comp-
tabilité et des Affaires algériennes au Ministère
de l'Intérieur, représentant du Ministère Je
l'Intérieur ;
Basdevant, professeur à la Faculté de Droit
de Paris : -
Charles Diehl, professeur à la Faculté des
Lettres de Paris ;
Mangin, directeur du Muséum d'Histoire
Naturelle ;
Paul Boyer, administrateur de l'Eole des
Langues orientales vivantes ;
Saint-Germain, ancien sénateur ;
Doumer, sénateur, ancien Gouverneur géné-
ral de l'Indochine;
Schrameck, sénateur, ancien Gouverneur gé-
néral de Madagascar ;
Gheerbrandt, directeur de r Institut Colonial
français, membre du Conseil supérieur des
Colonies;
Le Neveu, directeur général de l'Union Co-
loniale française ;
Augagneur, député, Gouverneur général
honoraire des Colonies ;
Auguste Terrier, professeur à l'Ecole colo-
niale ;
Stanislas Simon, administrateur délégué de la
Banque de l'Indochine.
TAUX DE LA PIASTRE
Le (îouvemeur Général de t'Indo-Chinc vient
do fnire connaître au Ministre des Colonies que
le taux officiel de ln piastre était, à !a date du
10 janvier, de 10 fr.
,
0 0
Gigot dominical
ÊLEMENTS !. Il IIC
s'agit pas de la
Farce de Maître
Patelin mais d'une
politique française
du mouton. En li-
sant le numéro de
/'Union Ovine (or-
gane pour la Fran-
ce. l'A triaue du
Nord, toutes les Colonies) qiii donne les con-
clusions du Congrès du J/outon, dont les
Annales Coloniales ont rendu compte tout
récemment.
On comprend, combien cette question ill-
téresse la France, l'Afrique du Nord, le
Soudall, Madagascar, etc. Notons, qUt-,
le premier et non le moindre mérite de ce
Congrest ainsi que le fait remarquer M.
Dechambre, le savant professeur aux Ecoles
de Grignon et d'Al fort, vice-président de
l'Union Ovine : « a été d'envisager l'éle-
vage et la production du mouton, du point
de vue de Vensemble du domaine français
métropolitain et colonial 9. Malheureuse-
ment, il nous faut encore une fois déplorer
le manque d'entente entre les diverses par-
ties de la Frallce éparses sur le globe. Tan-
dis que les Italiens après avoir livré et ga-
gné la bataille du grain. viennent de créer
un Office National des Consortiums d'Ele-
vage en vue de préparer l'offensive du mou-
ton, que i Angleterre, les Etats-Unis tentent
de nouveaux progrès en collaboration avec
les éleveurs, en Frallce' comme dans nos
L olonies, les efforts individuels faute d'être
organises, groupés en vue d'une action com-
mune, se perdent dans la ruée économique
mondiale et ne produisent pas le tiers de ce
que l'on est en droit d'espérer.
Je n'ai pas, aujourd'hui, la place nécessaire
pour traites l'importante question des laines
françaises, mais à u seul point de vue de la
viande de boucherie quels progrès restent à
réaliser pour que I* elevage se dégage des
procédés empiriques et soit organisé ration-
nellement afin d'obtenir une meilleure pro
duction en quantité et en qualité.
fusqu'à nouvel ordre, notre principal
fournisseur en viand e fraîche non frigorifiée
devrait être l'Afrique du Nord, pays à mou-
tons, favorisé par sa proximité de la Mé-
tropole.
Hélas ! en plus de ICI sécheresse et de la
stérilité du terrain, il nous reste à vaincre
de singulières difficultés. Alors, qu'à la
1-' l ata, cii l'ata g oitie. i.
Plata, en J'atagonie. en Argentine, au Cap,
en Australie les éleveurs instruits et avisés
ont toujours applique avec méthode toutes
les règles zootechniqucs, en Algérie presque
tous les pasteurs sont des indigènes arabes
ou kabyles de religion musulmane, donc fa-
talistes. A part de rares exceptions, ils ne se
soucient d'aucun rudiment d'élevage et ap-
pliquent à leurs animaux le précepte reli-
gieux : « que celui qui t'a créé te nourrisse ».
Ce texte sacré de L'évangile de Mahomet
n'opérera jamais le miracle de procurer aux
humains affamés de succulents gigots. Pour
que l'ovidé africain finisse par supplanter
sur les tables métropolitaines te mouton
d'A msterdam ou celui de Rotterdam, il faut
intensifier la sélection des troupeaux indi-
gènes sans infusion de sang étranger. La
méthode est compatible avec les mœurs pas-
torales des Arabes, Il s'agit de la leur faire
connaître. C'est la tâche à laquelle s'em-
ploie l'administration algérienne par des dé-
monstrations publiques annuelles (elles ont
lieu en avril) et par l'j;ducatioll de fils de
pasteurs, niti viennent, s'ils le désirent, faire
un stage à la station d élevage ovin. De
plus, les européens commencent à entretenir
des troupeaux dans le Sud, et à mettre CIl
œuvre la sélection. Leur exemple sera cer-
tainement suivi par les indigènes et ils hâte-
ront ainsi le perfectionnement de notre éle-
vage, surtout, si les intéressés savent réa
User l'union des trois éléments essentiels de
la production : le sol, le capital et le travail.
Puisqu en 1930, la poule-au-pot du bon
roi enri IV est devenue un met de choix,
aussi coûteux que le paon du moyen-âge,
inande des preux et nourriture des amants,
espérons qu'une heureuse politique française
du mouton permettra, un jour prochain, aux
tables les plus modestes de s'offrir le gigot
dominical.
~*<
Député de Paris,
Président de la Commission dc
l'Algérie, des Colonies et des Protectorats.
L'assassinat de Jean Galmot
Les trente-trois inculpés des « troubles de
Cayenne » débarquaient à Nantes le 12 octo-
bre dernier, alors que l'instruction durait depuis
quatorze mois. Certains des inculpés avaient
déjà huit mois de prison préventive. En ajoutant
le séjour à Nantes, ils ont ainsi atteint « la
cl asse n : c'est ainsi que l'instruction n'ayant
apporté que peu d'éléments nouveaux, onze
d entre eux doivent regagner Cayenne.
Un douzième a sollicité de ne point retour-
ner en Guyane : forçat libéré, il attendait que
son pécule soit assez important pour lui per-
mettre le retour en France. Cette inculpation,
en le faisant voyager aux frais de la princesse,
a donc été pour lui d'un heureux secours.
C'est le Pérou qui reconduira le 16 janvier
les onze inculpés : de Saint-Nazaire à Fort-de-
France, d'où ils réembarqueront à destination
de Cayenne.
Adrienne Cernis ne bénéficie pas de la mise
en liberté provisoire. Le juge d'instruction
attend, avant de statuer sur son cas, de con-
naitre les conclusions des experts toxicologues
chargés d'examiner les viscères de l'ancien dé-
puté de la Guyane.
Le Juge n'a d'ailleurs pas jugé opportun de
communiquer la liste des inculpés qu'il va re-
mettre en liberté, quelques formalités les con.
cernant restant encore à régler.
Le cas de rEdgapQumet
La bataille autour de la perte de V Edgar-
Quinet s'est engagée. La roche qui éventra le
Croiseur est-elle. ou non, portée sur les cartes
marines ?
Deux thèses sont en présence. L'une prétend
que la carte indique deux sondes légèrement
en deça de la ligne des fonds de 20 mètres,
sondes marquées 12 R et 13 R. Ce qui signifie,
profondeur de 12 à 13 mètres et fonds de roche,
et que, dans ces conditions, l'ex istence d'une
roche par 10 mètres située exactement entre les
deux sondes indiquées par la carte est donc par-
faitement plausible.
L'autre thèse est pour la constatation pure et
simple : aucune roche n'est indiquée sur la
carte.
Il semble qu'il y ait eu, toui de même,
imprudence de la part d'un Commandant de
navire, même en exercice de pilotage, à con-
duire son bâtiment au-dessus de zones dange-
reuses, à fond de roches. Toute la région est,
en effet, particulièrement périlleuse : dans un
rayon de moins d'un mille (c'est-à-dire sur un*?
distance qu'un navire marchant à 12 noeuds met
moins de cinq minutes à parcourir), des petits
rochers émergent dans le voisinage du Cap
Blanc : les sondes indiquent 5 mètres, 8 mètres,
9 mètres, à côté de fonds de sables de 38 mè-
tres, 74 mètres, 28 mètres, 14 mètres.
Rappelons que l'Edgar-Quinet était muni
des instruments de bord les plus perfectionnés.
Notamment de sondeurs par le son.
Quel dommage qu'il n'ait pas songé à uti-
liser ces appareils, dans le temps où le coup
de barre, un peu irrégulier, pouvait être fatal
au navire. Et le fut effectivement.
La conclusion qui se dégagera de ce débat
semble donc établie dès aujourd'hui. La roche
fatale ne figure point sur les cartes. Mais elle
était prévisible, du fait de la zone réputée dan-
gereuse, mise à jour chaque fois avec plus de
précision, et qui aurait dû ne jamais servir de
champ d'expérience à un bâtiment comme l'Ed-
gar-Quinet.
La mer tient sans doute à garder sa proie.
Un fort vent de noroit a poussé sans qu'il cou-
vre le navire, des vagues de 4 à 5 mètres. Les
remorqueurs Méhari et Taillebourg n'ont donc
pu s' approcher. Il semble donc que la récupé-
ration du matériel doive être très difficile : seul
le matériel léger a pu être enlevé.
L'amiral Bouis, commandant de la Marine
en Algérie, a fait au correspondant du Journal
à Oran des déclarations qui aggravent la res-
ponsabilité du commandant Benoist. Il a dit :
Le bateau paraît se lasser par suite de son
poids sur la roche. Celle-ci est un plateau de
20 à 25 mètres de long, sensiblement aussi
large. Le hasard a fait que, en cette circons-
tance, Edgar-Quinet est monté à peu près sur
le milieu de la roche. S'il l'avait prise de côté,
c'eût été une catastrophe beaucoup plus grande.
On n'aurait sans doute pas pu éviter des pertes
de vies humaines, car le bâtiment aurait alors
chaviré rapidement.
M. Marti, ingénieur hydrographe, expert de
la Commission d' enquête, s'est rendu au Cap
Blanc, par terre, pour tâcher de repérer la posi-
tion exacte de la roche, cause de la catastrophe
et que les cartes marines ne mentionnent pas.
Voilà un sondage qui coûte cher. L'expé-
rience ne 9 acquiert qu'au prix de certains sacri-
fices. Mais, sans doute, la Commission d'En-
quête nous apprendra-t-elle que devant des
fonds dangereux, suffisamment signalés, la pre-
mière prudence consiste à s en éloigner quand
il n'y a pas, comme c'était ici le cas, à être
contraint de les approcher.
L'Ecole des sages-femmes indigènes
de Dakar
L'Ecole des sages-femmes indigènes de
Dakar, annexée à l'Ecole de Médecine, groupe
des jeunes filles des différentes Colonies de
l'Afrique Occidentale française, qui y sont
admises après un examen portant sur l'instruc-
tion générale.
Les cours sont d'une durée de trois ans. Pen
dant ce temps, les élèves sont pensionnaires,
dans des locaux spécialement affectés à cet
usage, et placées sous la surveillance d'un per-
sonnel européen.
Durant la première année, se poursuit l'ins-
truction générale et le service des salles hospi-
talières, pour y apprendre les fonctions d'infir-
mières.
Les deuxième et troisième années sont consa-
crées aux études spéciales de sage-femme,
études qui comprennent des cours théoriques
d' obstétrique et de puériculture, et un stage
journalier à la maternité qui permet aux élèves
d'examiner les femmes enceintes à la consul-
tation, de voir et de pratiquer des accouche-
ments et d'apprendre à soigner les nourrissons
pendant le séjour des accouchées à la mater-
nité, puis chaque jour aux consultations de
nourrissons.
L'enseignement est assuré par un médecin
et deux maîtresses sages-femmes européennes.
Tous les six mois, les élèves subissent une
épreuve qui consiste en interrogations sur les
cours et en examens de malades. A la fin de
leur troisième année, elles doivent satisfaire à
un examen théorique et pratique, ensuite de
quoi elles reçoivent le titre de sages-femmes
auxiliaires. Elles sont alors dirigées sur leur
colonie, au lieu où elles doivent servir.
Leur rôle est de pénétrer dans la population
indigène, d'y donner des conseils d'hygiène,
d'y surveiller les grossesses, d'y pratiquer les
accouchements faciles et de veiller à ce que
les nourrissons soient élevés dans les meilleures
conditions possibles, pour éviter la mortalité
infantile considérable en A O F.
Cette année, les élèves sont au nombre de
63, dont 58 catholiques, anciennes élèves des
sœurs et 5 nMMutmaMt.
Il faut organiser enfin la bataille
contre les sauterelles
et 1
Nous avons dit dans un article précédent que
l'invasion de sauterelles dont souffre le Maroc
avait pris l'Administration au dépourvu. La
chose n'est pas niable, mais il faut ajouter, si
l'on veut être impartial, que ce désarroi n'est
pas spécial au Maroc. Il existe dans tous les
pays exposés à cette véritable calamité. La
cause en est d'abord à l'inefficacité des moyens
curatifs dont on dispose ; ensuite, et surtout, à
ce qu'on ne fait rien pour les améliorer. On
s agite, on parlote, on se remue même un peu
lorsque le mal se produit, mais dès qu'il s'éloi-
gne on retombe dans l'insouciance, la paresse
et l'inertie.
Ainsi, en 1929, lorsque les premiers vols ont
fait leur apparition, on a voté des crédits d'ur-
gence, écrit beaucoup d' articles, préconisé tel;,
ou tels remèdes, tous très anodins, d'ailleurs ;
mais en !^28 et 1927, et avant encore, on
n'avait rien prévu dans les budgets pour étudier
la question et tâcher de trouver un remède effi-
cace. Cependant, rien ne s'improvise, tout est
obtenu par le travail et par l' effort. Dans l'es-
pèce on semble oublier cette vérité pour-ant in-
contestable.
Lorsqu'il s'agit de lutter contre d'autres
fléaux, on s organise : on s'efforce tout au moins
de le faire. On continue, par exemple, à étu-
dier les moyens de vaincre la fièvre jaune, le
paludisme, le typhus, la maladie du sommeil.
Ce n'est pas seulement en temps d'épidémie
que l'attention des pouvoirs publics s'éveille.
En temps de salubrité normale, on encourage
les savants, on les incite à étudier les causes et
les remèdes du mal. On crée des laboratoires,
on décerne des prix. Il y a des crédits perma-
nents inscrits dans les budgets des colonies ou
des pays exposés à ces sinistres.
Contre les sauterelles, on ne fait rien. Pour-
quoi ?
Leurs méfaits sont cependant aussi gros de
conséquence que ceux causés par les maladies
dont nous parl ions à l'instant. Elles amènent,
après elle?, la mort, en détruisant les récoltes ;
après leur visite, les Européens sont ruinés, et
les indigènes meurent de faim. On sait, de
plus, que les épidémies suivent toujours les an
nées de disette. Qui en sont cause ? les saute-
relles.
Il faut donc tirer du mal actuel la leçon qu'il
comporte. Créer l' organisme chargé d'étudier
d'une façon scientifique et permanente en Afri-
que du Nord et au Maroc le moyen efficace
pour détruire ces vilaines bêtes, sauterelles et
criquets, en commençant par les premières. Ne
pas se borner à dire avec un air plus ou moins
résigné : « Mektoub ! », ou encore ajouter :
If Les moyens dont nous disposons contre les
sauterelles sont inefficaces : nous attaquerons les
criquets contre lesquels nous sommes mieux
armés. » Si l'on supprimait les parents, on
n'aurait pas à s'occuper des enfants. M. de
la Palisse en conviendrait. Or. les parents sont
aussi malfaisants que les enfants, et prévoir vaut
mieux que punir.
Il faut donc chercher le remède efficace,
étudier sans répit jusqu' à ce qu'on ait trouvé :
confier cette étude à des gens idoine?, comme
on disait pendant la guerre ; leur drnner le;
moyens de travail ; rémunérer leur labeur ; ré-
compenser généreusement le ou les vainqueur:
de ce nouveau concours économique et humani-
taire.
Car tous les hommes, même savants, n' ont
pas l' abnégation et le désintéressement d' un
Pasteur ou d'un Curie. La preuve en est dans
le nombre des concurrents à tous les prix dont
la liste s'allcnge indéfiniment, depuis le Prix
Nobel jusqu'au prix Goncourt ou même Co-
gnacq. Il faut donc en offrir un, et de grosse
valeur, à celui ou à ceux qui triompheront de
ce fléau qui a nom : les Sauterelles. Il sera très
justifié.
Puisque le Père Noé eut le tort immense
d'offrir l'hospitalité. cîans son arche, à un cou-
ple d'acridiens, au lieu de les laisser se noyer,
nous devons chercher le moyen de réparer les
conséquences de cette fatale erreur. L'argent
consacré à cette recherche sera particulièrement
bien employé, et il faut se mettre au travail,
non pas demain, mais de suite.
LOUIS f,e BARBIER
Au Conseil d État
Décision du ministre des Colonies attaquée
Le Conseil d'Etat a rejeté la requête que
Mme veuve Rroni avait introduite aux tins
d'annulation d'une décision du ministre des
Colonies repoussant sa demande de majora-
tion de pension à l'eflet d'élever ses enfants
jusqu'à 16 ans, prévue par l'art. 2 de la loi
clti 14 août 1024.
Attendu, a déclaré le Conseil d'Etat,
que si la dame Broni entendait, dans sa re-
quête, contester l'application qui pourrait
lui être faite dans les mêmes conditions des
dispositions de l'art. 68 de la loi du 27 de
cembre 1927, il est constant qu'à la date
où le pourvoi a été introduit, il n'avait en-
core été procédé à aucune revision de la
pension de la dame Broni au titre de l'arti-
cle de la loi précité.
Ainsi les conclusions de la requête sur ce
point étant prématurées ne sont pas rece-
vables.
.a$*.
Une démission à 'a Commission des Mandats
666
M. Kastl, membre allemand de la Com-
mission des mandats, à la Société des Na-
tions, et par surcroît membre du Comité
Young, vient de se démettre de ses fonc-
tions.
Le prétexte invoqué est que les multiples
occupations de M. Kastl ne lai permettent
plus de prêter son concours à l'œuvre de ta
commission.
Ï.IHK EN SKmXliE P\GR :
L'Aviation Coloniale
Courrier de r.Mgérie
Courrier Courrier de la Tunisie
Coups de
Bambou
•
Les appétits coloniaux du « Temps »
Le Temps, du lundi l;j joJiuier, a publié
firzlonnaliun suivante
o >l,< INIKS 1; r l'l!< >T!vCTOl! ATS
< SI \M ,
< )ii télégraphia de HuiigKok :
En présence nombreuse assistance,
le roi Huma 1"1 Il 1/1/ ht première, pierre
du grand pont; sur le Meinutn, érigé (L la
mémoire du m, ltanin V f!"{I'amilHl-.\taha
Chulalongknro). premier sonveraiti de la
présent'' dynastie et fondateur de l'actuelle
métropole, déridé en, HMO. Le pont doit
être, h rmiih; et ii>na'. ••/(, avril r.>:{0 en
I hoiinriir lia r>(f anniveisaira de la fon-
dation, de l'uiujU'oI;.
If a suffi à notre confrère d'un seul trait
de plume pour aniiejer te. llouaume di'
.S/m.
Mais ,/ dire la Société des Nations/'
Pour faire baisser le coût de la vie.
Lit I l'i\ ! li^r iv-ninsulrur.».1 <-11 k*i 1 r et tes Mi'ss:ij»i:nes .\llIl'Ilillll':-;
portent à In enniutis*iine<• (/c\ ijharyenr*
des le Il if k il
.\ln 11 rive i/n en raison toujours croissante des frais d'exploitation
de loitjes sortes dont, sont if rêvés tes arme-
ments et des sacrifiées imposés pour assu-
rer des serciees i<:jiu'icis et fréquents,
elles se. roient dans i'otjliijation de majorer,
à partir du ir, février I!»:{(), leurs tarifs de
l>a.\c tic sortie île FI III/l'" (/l'!udlemellt eu
ciifiicur.
Ces laiifs, ipii étaient en application de-
puis te l'«- novembre I:':!I¡. ';'l'st-,;.,lim de-
puis plus de hots mi*. Si'ront aiuimenté's
iT eue i ron 10 pour tous f,'; cluirt/i'inents
,/lti seront effectués fiostei icurement au |.*>
lévlier I!•:>(.».
Les nouccitn.r tarifs seront imjtrimés in-
cessan.onent e( tenus a 'It, disposition des
intéresses au.r sici/cs îles Compagnies ainsi
ifitc il it n s leurs différentes itijences.
Une heureuse initiative
La Chambre de Commerce de Saint-
Loui's-dit-Sénéffiti uvtiil demandé au lioa-
verneur le la i olonie i/ue les lettres par
avion, insuffisamment affranchies^ fussent
soumises av.r mêmes rèijles une les lettres
ordinaires c'est-à-dire tarées à iear arri-
vée.
ti 1 Sénèi/al a répandu
qu'il n'était pas en son pouvoir de modifier
les reiih'mvnls formels de ta Metlopotc, qui
arltcminc comme Icllrc ordinaire une lettre
par avion insuffisantmen' la.nie. Mais si
sa il ne peut s'exercer ainsi sur le
courrier porte en France, elle, a tout au
lit sur le territoire
de ht colonie c'est ainsi ipw ilésiomais
hait affranchissement insuffisant sera com-
ph'h'• d u/fiée, par /'Administration. L'avan-
ce est r* conviée le lendemain au domicile
île l'expéditeur.
Le l iouvcriicnienl prend le soin de spé-
cifier 1 pie celle opération ne sera faite
qu'aillant ,/",'( l'en rcloppe portera d'une
façon, apparente ['l'/I-I,:!¡' de 1/1 Maison ei
pi'ililrice >>.
llriliouilt,• n'aurait pas mien.r dit.
Mais ne sourions pas. t'ar la dé-eision da
l.ienienaal-Ctoiivéi neur un énorme pioqrcs elle n'est jms adminis-
trative. lùlc rompt arec la politique roul,-
niéie, timorée, tassé-c sur elle-même, il"
p aicl ii m na ris me.
El nous pouvons nous en. féliciter !
Magie noire
l'a de uns confrères que nous ne citons
pas afin de, ne. pus le contrister car il
pourrait se relire, et alors se iuger rap-
port-' l'histoire suivante ;
« Deux <\haiTetietvï Haz/jutolaïul (Afrique
dit Sud* discutaient de leurs nouvoirs resper-
tifs, 1< r-que l'un dYnx - - V v'.u.»; à g- - • par.:>
qu'il pouvait, faire mourir - - > ; 1 camarade sur-
!e-c1i;unp.
l.i' plu>; jfUiU' aervpla !o ,¡"!i "t ! avi' r< • ni
Uiueh.-i ,;i poitrine, ave- -.m i it ni en lui..1
saut. : « Tu vas mourir ! »
Aussitôt, !e j\II1" î 101 unie ,-»Vnf(a et. t->:ii1 -n
mort.
1.1 • vieux l'ut, arrêté .sous l'a*-, u-ntion de meur-
tre, mais fut. rt>!;Vlie lorsque '.intopsio ont d. -
illoi-t.
co-ur. >
i\'(rlUi ne contestons pas qu'un ijeste de
c'tte nature puisse avoir une répercussion
sur te cicur humuin.
Mais k s'enfla ». ;» .W; truxn-cz-rous pas
délicieuse, celle phrase : a aussitôt, le joinie
homme .s'enila, et tomba mort » comme
la, qrenouille !
I 11 de nos adjudants, au dé-but de la
ipwrre, au (V1 dragons, avait porté un mo-
tif (fuc nous n'avons jamais oublié : < Es!
tombé ruide mort dans les écuries. Trans-
porte à l'infirmerie, n'a pas été reconnu
malade. i>
Ce fiait vre jeune indigène est tombé raide
mort, lui aussi. Mais il a été: reconnu ma-
lade, et même décédé, puisque l'autnpsi*
a été- faite. C'est là où nous voulions en
venir. Heureuse Afrique du Sud, oh Von
autopsie même les indigènes !
Et comme, cet ta colonie est en avance sur
nous !.A moins qua. notre, confrère.
n\t.it ajouté une erreur à son histoire mar-
seillaise.
Le navigateur solitaire n'est plus solitain
Alain tierbaull, actuellement à roufo/l,
serait f'/nUe de Mme Virginie Hériot. à.
bord de l'Ailée, pour une croisière d'agré-
ment.
Qui se, ressemble s'assemble : Les deux
grands coureurs d'aventures sont bien fail<
pour s'entendre. Aussi luirdis l'un que l'au-
tre, aimant la mer pour elle-même, le ris-
que, la tempête et le triomphe sur les élé-
ments, nul doute que /'Ai|é<> ne cherche 'n
Méditerranée de nouvelles occasions d'af-
firmer ses qualités.
Et qui sait ? Cela finira peut-être par mi
mariage
L*Homme de la Cabane,
le niimkho : c.kntimes
LUNDI soin. i;i JANVIKII in:jo.
JQUMAl_QUOTIOIEN
Réduction & Aiministrmtion :
m, im fli ̃m-Tfeaiir
, PARIS (W
Ttl ÉPII. I touvm 1MI
- RICHEURU «ffl
Les Annales Coloniales
Les «Moneei et réclames sonI rque au
bureau du Journal.
DIRBCTBUR.FONDATBUR S MOPOOI RUEDEL
l'ou les arheles publU. dans notre journal ne peuvent
être reproduitẽ 411 wi citent les Anna CoLomum.
ABONNEMENTS
,ot,ec la Revue mensuelle i
Un M < moh 3 mais
France et
Colonies 180 » 100 > 50.
Etranger.. 240. 125 » 70 »
On s'abonne iuu trote daaa
toua la bureaux de poala.
.1. CHARABIA
̃̃̃ • > ,',: ,; ? (
,'i Quantum mutatus ab illo !
Trente ans ont passé. Le Comman-
dant Marchand revient de Fachoda. Au
nom de la Ligue des Patriotes, le
vigoureux polémiste Georges Thiébaud
l'a été chercher en Afrique; il rentre en
France auréolé d'une gloire très pure.
Après avoir accompli brillamment plu-
sieurs missions sur la Côte Occidentale
d'Afrique, le Commandant Marchand a
traversé le continent noir, d'Ouest en
Est, sans guère coup férir et nous qui
n'avions pas vingt ans, nous étions heu-
reux et fiers du succès français et civili-
sateur de ce chef de mission: Il donnait
un lustre nouveau aux couleurs natio-
nales, trop souvent en berne, depuis la
perte de l'Alsace-Lorraine. L'ovation,
l'enthousiasme de Paris le jour de son
arrivée sont indescriptibles : de la gare
de Lyon au Cercle Militaire, des di-
zaines de milliers de citoyens l'accla-
ment sans arrêt ; la foule, place de
l'Opéra accueille le héros de Fachoda,
mettant à la disposition du chef reve-
nant des bords du Haut-Nil, la France,
comme elle avait été à la merci un siècle
auparavant, du vaincu des bords du
lias-Nil. Puis la retraite vint, et avec
l'oubli de la masse, délirante un jour,
amorphe toute une destinée, le souvenir
des coloniaux s estompa.
De temps en temps, sortant de sa
retraite dorée, le Commandant Mar-
chand, devenu général comme beaucoup
d'autres, reprend la plume. Il la manie
infiniment moins bien que 1 épée. Dans
une long et diffus article intitulé :
'Nlli.r¿;a,zee de VAfrique Noire, il a pu-
blié des souvenirs d'une lamentable
banalité. Une exception cependant. Il
attaque, mais il y a des polémiques
vulgaires qui n'honorent pas ceux qui
les font. En écrivant de M. Georges
Bonnement qu'il est un solennel augure,
conférencier
et mâdame car l'article est du mé-
nage se ravale lui-même, son article
réduit de moitié ou des trois quarts la
grande image que nous avions encore
conservé de l'explorateur. Certes, dans
la mission Marchand, Baratier était plus
brillant, Largeau avait plus de déci-
sion, le docteur Emily plus de science,
mais lui était le chef.
Eh bien ! le chef qui aurait pu, en
quelques pages ramassées,apprendre aux
générations d'aujourd'hui ce qu'était
l'Afrique il y a trente et quarante ans,
comment il comprenait notre œuvre, se
défend d'avoir jamais fait mourir de
faim quelqu'un en Afrique, célèbre le
portage auquel 20.000 indigènes « s'ac-
tivèrent », écrit un récit décousu de
ses diverses missions, récit dans lequel
on ne trouve rien à glaner, où il y a
des. citations profondes comme celles-
ci, à propos des blancs, des mu-
lâtres et des noirs : « Café y a bon,
lait y a bon, café au lait mauvais beau-
coup », c'est nouveau cela.
Mais le Commandant Marchand, qui
a dans Paris sa rue - M. Raymond
Poincaré y habita - mais le Comman-
dant n'est plus resté Africain, il est de-
venu Général dans la grande guerre. Le
Dieu de sa jeunesse, Jules Ferry a passé
dans la pénombre. Il célèbre davantage
ceux qui ont voulu la France amoin-
drie avant 1914,– afin qu'elle ne puisse
plus se défendre pendant les cinquante
et un mois terribles -- et l'ont décimée
au cours de la guerre. Pour finir sur un
mot gai, M. et Mme Marchand compa-
rent les maigres effectifs des missions
coloniales du siècle dernier à la figu-
ration étique de la célèbre tournée Ri-
gadin. Célèbre. Hum ! Ilum ! Théâ-
tre ? Cirque ?? Rigadin ! connais pas
à moins que ce ne soit la tournée Ri-
gaudin, cette tournée-là., c'est Ahnazian
qui l'a reçue et M. André Benoist, Di-
recteur de la Police judiciaire peut affir-
mer que la figuration y était aussi nom-
breuse que vigoureuse.
En vérité, le Général Marchand et la
Générale Marchand, née de Saint-
Roman feraient mieux de jouer au
bridge, à la belote, voire à la bataille
que d'écrire.
Mearcet Buedel
Dépêches de l'Indochine
Vague de troid au Tonkin
, fi IW VUflue de froid sévit au Tonkin. On
a enregistré à llanoi II degrés seulement
au-itessous de zéro (lit cours de lu nuit
de mercredi à p'udi, ce qui constitue une
des plus busses tempéra/lires relevées de-
puis plusieurs années.
Réceptions
Le Général Prince Mongkot, chef de
l'Idat-Major Général de l'armec Siamoise,
accompagné du Lieutenant-Colonel Luau
oratn liidhirong qui participa aux travaux
de la Haute-Commission Franco-Siamoise
du, Mékong et du Commandant Luang-Sa-
rasidhi gui reviennent des grandes ma-
nœuvres de Vannée iaponaise auxquelles
ils ont assisté, ont séjourné une douzaine
de jours ail Tonkin, où ils ont visité sous
ta conduite du Commandant Supérieur lli-
vers centres militaires et la région fron-
tière de Lang-Son à Caobang.
Après avoir été reçu par le Gouverneur
Général Pasqnier, le prince Alongkot a
quitté Hanoï le 7 courant par la voie de.
terre à destination de Saigon d'où il rega-
gnera Banfllwk
Départ de la Commission d'enquête
sur l'opium
La commission internationale de la$.!)̃
N. qui enquête sur t'upium sous la direc-
tion dit Ministre de Suède en Argentine,
M. Ekdrand, après une visite d'une vina.
taine tic jours en Indochine a quitté Hal-
phong, le 7 courant à, destination de
Kouang-Tchéou-Wan d'oit elle gagnera
Hong-Kong.
Pendant son séjour en Indochine, elle a
consulté outre les services (fllmfnistratif."
de la colonie, les Chambres de Commerce
et d'Agriculture, les représentants des dif-
férents cultes, des médecins privés, les
chefs de grandes entreprises industrielles
et commerciales et des notabilités indigè-
nes. Elle a tenu à exprimer tous ses re-
merciements pour l'accueil qui lui a fité ré-
servé en vue dé l'exécution de sa mission.
La liaison Hanoï-Laïchau
La liaison Hanoï-Laïchau par le fleuve
Rouge et la rivière Moire, au moyen de pt-
rogues à moteur de 25 chevaux, a été ".i,l-
Usée en 52 heures de marche effective,
dont 36 heures seulement pour la partie
accidentée Chobo-Laicliau, par le comman-
dant du 4° territoire. Le trajet de 550 kilo-
mètres, qui comporte de nombreux rapi-
des, demande habituellement une dizaine
de jours au minimum, avec des pirogues
ordinaires.
Le Prilce de Galles en Àfriqie
III
Le Prince de Galles aurait l'intention de
revenir en Europe non par mer, mais par
l'itinéraire maintenant normal : Sud-Nord,
c'est-à-dire que le retour s'effectuerait par
le Congo et l'Egypte. On sait que le Prince
de Galles s'est embarqué la semaine der-
nière pour l'Afrique du Sud
M. Lucien Saint à Madrid
M. Lucien Saint, Résident général de
France au Maroc, quittera Paris jeudi matin à
10 h. 40 par le Sud-Express, pour se rendre
à Madrid, où il doit passer deux jours. Il sera
reçu en audience par le roi Alphonse XIII et
par le président du Directoire, général Primo
de Rivera.
Les nouveaux Membres du Conseil
de Perfectionnement de l'Ecole
Coloniale
Par arrêté du sous-secrétaire d'Etat aux Co-
lonies du 28 décembre 1929, ont été nommés,
à compter du 18 novembre 1929, pour trois
ans, membres du Conseil de Perfectionnement
de l'Ecole Coloniale :
MM. :
J.-L. Deloncle, conseiller d'Etat, représen-
tant du Conseil d'Etat ;
Martineau, Gouverneur honoraire des Colo-
nies ;
Gaston Péan, avocat général près la Cour
de cassation, représentant du Ministère de la
Justice ; qp
Gout, ministre plénipotentiaire, représentant
du Ministère des Affaires étrangères ;
Cornu, directeur du Contrôle. de la Comp-
tabilité et des Affaires algériennes au Ministère
de l'Intérieur, représentant du Ministère Je
l'Intérieur ;
Basdevant, professeur à la Faculté de Droit
de Paris : -
Charles Diehl, professeur à la Faculté des
Lettres de Paris ;
Mangin, directeur du Muséum d'Histoire
Naturelle ;
Paul Boyer, administrateur de l'Eole des
Langues orientales vivantes ;
Saint-Germain, ancien sénateur ;
Doumer, sénateur, ancien Gouverneur géné-
ral de l'Indochine;
Schrameck, sénateur, ancien Gouverneur gé-
néral de Madagascar ;
Gheerbrandt, directeur de r Institut Colonial
français, membre du Conseil supérieur des
Colonies;
Le Neveu, directeur général de l'Union Co-
loniale française ;
Augagneur, député, Gouverneur général
honoraire des Colonies ;
Auguste Terrier, professeur à l'Ecole colo-
niale ;
Stanislas Simon, administrateur délégué de la
Banque de l'Indochine.
TAUX DE LA PIASTRE
Le (îouvemeur Général de t'Indo-Chinc vient
do fnire connaître au Ministre des Colonies que
le taux officiel de ln piastre était, à !a date du
10 janvier, de 10 fr.
,
0 0
Gigot dominical
ÊLEMENTS !. Il IIC
s'agit pas de la
Farce de Maître
Patelin mais d'une
politique française
du mouton. En li-
sant le numéro de
/'Union Ovine (or-
gane pour la Fran-
ce. l'A triaue du
Nord, toutes les Colonies) qiii donne les con-
clusions du Congrès du J/outon, dont les
Annales Coloniales ont rendu compte tout
récemment.
On comprend, combien cette question ill-
téresse la France, l'Afrique du Nord, le
Soudall, Madagascar, etc. Notons, qUt-,
le premier et non le moindre mérite de ce
Congrest ainsi que le fait remarquer M.
Dechambre, le savant professeur aux Ecoles
de Grignon et d'Al fort, vice-président de
l'Union Ovine : « a été d'envisager l'éle-
vage et la production du mouton, du point
de vue de Vensemble du domaine français
métropolitain et colonial 9. Malheureuse-
ment, il nous faut encore une fois déplorer
le manque d'entente entre les diverses par-
ties de la Frallce éparses sur le globe. Tan-
dis que les Italiens après avoir livré et ga-
gné la bataille du grain. viennent de créer
un Office National des Consortiums d'Ele-
vage en vue de préparer l'offensive du mou-
ton, que i Angleterre, les Etats-Unis tentent
de nouveaux progrès en collaboration avec
les éleveurs, en Frallce' comme dans nos
L olonies, les efforts individuels faute d'être
organises, groupés en vue d'une action com-
mune, se perdent dans la ruée économique
mondiale et ne produisent pas le tiers de ce
que l'on est en droit d'espérer.
Je n'ai pas, aujourd'hui, la place nécessaire
pour traites l'importante question des laines
françaises, mais à u seul point de vue de la
viande de boucherie quels progrès restent à
réaliser pour que I* elevage se dégage des
procédés empiriques et soit organisé ration-
nellement afin d'obtenir une meilleure pro
duction en quantité et en qualité.
fusqu'à nouvel ordre, notre principal
fournisseur en viand e fraîche non frigorifiée
devrait être l'Afrique du Nord, pays à mou-
tons, favorisé par sa proximité de la Mé-
tropole.
Hélas ! en plus de ICI sécheresse et de la
stérilité du terrain, il nous reste à vaincre
de singulières difficultés. Alors, qu'à la
1-' l ata, cii l'ata g oitie. i.
Plata, en J'atagonie. en Argentine, au Cap,
en Australie les éleveurs instruits et avisés
ont toujours applique avec méthode toutes
les règles zootechniqucs, en Algérie presque
tous les pasteurs sont des indigènes arabes
ou kabyles de religion musulmane, donc fa-
talistes. A part de rares exceptions, ils ne se
soucient d'aucun rudiment d'élevage et ap-
pliquent à leurs animaux le précepte reli-
gieux : « que celui qui t'a créé te nourrisse ».
Ce texte sacré de L'évangile de Mahomet
n'opérera jamais le miracle de procurer aux
humains affamés de succulents gigots. Pour
que l'ovidé africain finisse par supplanter
sur les tables métropolitaines te mouton
d'A msterdam ou celui de Rotterdam, il faut
intensifier la sélection des troupeaux indi-
gènes sans infusion de sang étranger. La
méthode est compatible avec les mœurs pas-
torales des Arabes, Il s'agit de la leur faire
connaître. C'est la tâche à laquelle s'em-
ploie l'administration algérienne par des dé-
monstrations publiques annuelles (elles ont
lieu en avril) et par l'j;ducatioll de fils de
pasteurs, niti viennent, s'ils le désirent, faire
un stage à la station d élevage ovin. De
plus, les européens commencent à entretenir
des troupeaux dans le Sud, et à mettre CIl
œuvre la sélection. Leur exemple sera cer-
tainement suivi par les indigènes et ils hâte-
ront ainsi le perfectionnement de notre éle-
vage, surtout, si les intéressés savent réa
User l'union des trois éléments essentiels de
la production : le sol, le capital et le travail.
Puisqu en 1930, la poule-au-pot du bon
roi enri IV est devenue un met de choix,
aussi coûteux que le paon du moyen-âge,
inande des preux et nourriture des amants,
espérons qu'une heureuse politique française
du mouton permettra, un jour prochain, aux
tables les plus modestes de s'offrir le gigot
dominical.
~*<
Député de Paris,
Président de la Commission dc
l'Algérie, des Colonies et des Protectorats.
L'assassinat de Jean Galmot
Les trente-trois inculpés des « troubles de
Cayenne » débarquaient à Nantes le 12 octo-
bre dernier, alors que l'instruction durait depuis
quatorze mois. Certains des inculpés avaient
déjà huit mois de prison préventive. En ajoutant
le séjour à Nantes, ils ont ainsi atteint « la
cl asse n : c'est ainsi que l'instruction n'ayant
apporté que peu d'éléments nouveaux, onze
d entre eux doivent regagner Cayenne.
Un douzième a sollicité de ne point retour-
ner en Guyane : forçat libéré, il attendait que
son pécule soit assez important pour lui per-
mettre le retour en France. Cette inculpation,
en le faisant voyager aux frais de la princesse,
a donc été pour lui d'un heureux secours.
C'est le Pérou qui reconduira le 16 janvier
les onze inculpés : de Saint-Nazaire à Fort-de-
France, d'où ils réembarqueront à destination
de Cayenne.
Adrienne Cernis ne bénéficie pas de la mise
en liberté provisoire. Le juge d'instruction
attend, avant de statuer sur son cas, de con-
naitre les conclusions des experts toxicologues
chargés d'examiner les viscères de l'ancien dé-
puté de la Guyane.
Le Juge n'a d'ailleurs pas jugé opportun de
communiquer la liste des inculpés qu'il va re-
mettre en liberté, quelques formalités les con.
cernant restant encore à régler.
Le cas de rEdgapQumet
La bataille autour de la perte de V Edgar-
Quinet s'est engagée. La roche qui éventra le
Croiseur est-elle. ou non, portée sur les cartes
marines ?
Deux thèses sont en présence. L'une prétend
que la carte indique deux sondes légèrement
en deça de la ligne des fonds de 20 mètres,
sondes marquées 12 R et 13 R. Ce qui signifie,
profondeur de 12 à 13 mètres et fonds de roche,
et que, dans ces conditions, l'ex istence d'une
roche par 10 mètres située exactement entre les
deux sondes indiquées par la carte est donc par-
faitement plausible.
L'autre thèse est pour la constatation pure et
simple : aucune roche n'est indiquée sur la
carte.
Il semble qu'il y ait eu, toui de même,
imprudence de la part d'un Commandant de
navire, même en exercice de pilotage, à con-
duire son bâtiment au-dessus de zones dange-
reuses, à fond de roches. Toute la région est,
en effet, particulièrement périlleuse : dans un
rayon de moins d'un mille (c'est-à-dire sur un*?
distance qu'un navire marchant à 12 noeuds met
moins de cinq minutes à parcourir), des petits
rochers émergent dans le voisinage du Cap
Blanc : les sondes indiquent 5 mètres, 8 mètres,
9 mètres, à côté de fonds de sables de 38 mè-
tres, 74 mètres, 28 mètres, 14 mètres.
Rappelons que l'Edgar-Quinet était muni
des instruments de bord les plus perfectionnés.
Notamment de sondeurs par le son.
Quel dommage qu'il n'ait pas songé à uti-
liser ces appareils, dans le temps où le coup
de barre, un peu irrégulier, pouvait être fatal
au navire. Et le fut effectivement.
La conclusion qui se dégagera de ce débat
semble donc établie dès aujourd'hui. La roche
fatale ne figure point sur les cartes. Mais elle
était prévisible, du fait de la zone réputée dan-
gereuse, mise à jour chaque fois avec plus de
précision, et qui aurait dû ne jamais servir de
champ d'expérience à un bâtiment comme l'Ed-
gar-Quinet.
La mer tient sans doute à garder sa proie.
Un fort vent de noroit a poussé sans qu'il cou-
vre le navire, des vagues de 4 à 5 mètres. Les
remorqueurs Méhari et Taillebourg n'ont donc
pu s' approcher. Il semble donc que la récupé-
ration du matériel doive être très difficile : seul
le matériel léger a pu être enlevé.
L'amiral Bouis, commandant de la Marine
en Algérie, a fait au correspondant du Journal
à Oran des déclarations qui aggravent la res-
ponsabilité du commandant Benoist. Il a dit :
Le bateau paraît se lasser par suite de son
poids sur la roche. Celle-ci est un plateau de
20 à 25 mètres de long, sensiblement aussi
large. Le hasard a fait que, en cette circons-
tance, Edgar-Quinet est monté à peu près sur
le milieu de la roche. S'il l'avait prise de côté,
c'eût été une catastrophe beaucoup plus grande.
On n'aurait sans doute pas pu éviter des pertes
de vies humaines, car le bâtiment aurait alors
chaviré rapidement.
M. Marti, ingénieur hydrographe, expert de
la Commission d' enquête, s'est rendu au Cap
Blanc, par terre, pour tâcher de repérer la posi-
tion exacte de la roche, cause de la catastrophe
et que les cartes marines ne mentionnent pas.
Voilà un sondage qui coûte cher. L'expé-
rience ne 9 acquiert qu'au prix de certains sacri-
fices. Mais, sans doute, la Commission d'En-
quête nous apprendra-t-elle que devant des
fonds dangereux, suffisamment signalés, la pre-
mière prudence consiste à s en éloigner quand
il n'y a pas, comme c'était ici le cas, à être
contraint de les approcher.
L'Ecole des sages-femmes indigènes
de Dakar
L'Ecole des sages-femmes indigènes de
Dakar, annexée à l'Ecole de Médecine, groupe
des jeunes filles des différentes Colonies de
l'Afrique Occidentale française, qui y sont
admises après un examen portant sur l'instruc-
tion générale.
Les cours sont d'une durée de trois ans. Pen
dant ce temps, les élèves sont pensionnaires,
dans des locaux spécialement affectés à cet
usage, et placées sous la surveillance d'un per-
sonnel européen.
Durant la première année, se poursuit l'ins-
truction générale et le service des salles hospi-
talières, pour y apprendre les fonctions d'infir-
mières.
Les deuxième et troisième années sont consa-
crées aux études spéciales de sage-femme,
études qui comprennent des cours théoriques
d' obstétrique et de puériculture, et un stage
journalier à la maternité qui permet aux élèves
d'examiner les femmes enceintes à la consul-
tation, de voir et de pratiquer des accouche-
ments et d'apprendre à soigner les nourrissons
pendant le séjour des accouchées à la mater-
nité, puis chaque jour aux consultations de
nourrissons.
L'enseignement est assuré par un médecin
et deux maîtresses sages-femmes européennes.
Tous les six mois, les élèves subissent une
épreuve qui consiste en interrogations sur les
cours et en examens de malades. A la fin de
leur troisième année, elles doivent satisfaire à
un examen théorique et pratique, ensuite de
quoi elles reçoivent le titre de sages-femmes
auxiliaires. Elles sont alors dirigées sur leur
colonie, au lieu où elles doivent servir.
Leur rôle est de pénétrer dans la population
indigène, d'y donner des conseils d'hygiène,
d'y surveiller les grossesses, d'y pratiquer les
accouchements faciles et de veiller à ce que
les nourrissons soient élevés dans les meilleures
conditions possibles, pour éviter la mortalité
infantile considérable en A O F.
Cette année, les élèves sont au nombre de
63, dont 58 catholiques, anciennes élèves des
sœurs et 5 nMMutmaMt.
Il faut organiser enfin la bataille
contre les sauterelles
et 1
Nous avons dit dans un article précédent que
l'invasion de sauterelles dont souffre le Maroc
avait pris l'Administration au dépourvu. La
chose n'est pas niable, mais il faut ajouter, si
l'on veut être impartial, que ce désarroi n'est
pas spécial au Maroc. Il existe dans tous les
pays exposés à cette véritable calamité. La
cause en est d'abord à l'inefficacité des moyens
curatifs dont on dispose ; ensuite, et surtout, à
ce qu'on ne fait rien pour les améliorer. On
s agite, on parlote, on se remue même un peu
lorsque le mal se produit, mais dès qu'il s'éloi-
gne on retombe dans l'insouciance, la paresse
et l'inertie.
Ainsi, en 1929, lorsque les premiers vols ont
fait leur apparition, on a voté des crédits d'ur-
gence, écrit beaucoup d' articles, préconisé tel;,
ou tels remèdes, tous très anodins, d'ailleurs ;
mais en !^28 et 1927, et avant encore, on
n'avait rien prévu dans les budgets pour étudier
la question et tâcher de trouver un remède effi-
cace. Cependant, rien ne s'improvise, tout est
obtenu par le travail et par l' effort. Dans l'es-
pèce on semble oublier cette vérité pour-ant in-
contestable.
Lorsqu'il s'agit de lutter contre d'autres
fléaux, on s organise : on s'efforce tout au moins
de le faire. On continue, par exemple, à étu-
dier les moyens de vaincre la fièvre jaune, le
paludisme, le typhus, la maladie du sommeil.
Ce n'est pas seulement en temps d'épidémie
que l'attention des pouvoirs publics s'éveille.
En temps de salubrité normale, on encourage
les savants, on les incite à étudier les causes et
les remèdes du mal. On crée des laboratoires,
on décerne des prix. Il y a des crédits perma-
nents inscrits dans les budgets des colonies ou
des pays exposés à ces sinistres.
Contre les sauterelles, on ne fait rien. Pour-
quoi ?
Leurs méfaits sont cependant aussi gros de
conséquence que ceux causés par les maladies
dont nous parl ions à l'instant. Elles amènent,
après elle?, la mort, en détruisant les récoltes ;
après leur visite, les Européens sont ruinés, et
les indigènes meurent de faim. On sait, de
plus, que les épidémies suivent toujours les an
nées de disette. Qui en sont cause ? les saute-
relles.
Il faut donc tirer du mal actuel la leçon qu'il
comporte. Créer l' organisme chargé d'étudier
d'une façon scientifique et permanente en Afri-
que du Nord et au Maroc le moyen efficace
pour détruire ces vilaines bêtes, sauterelles et
criquets, en commençant par les premières. Ne
pas se borner à dire avec un air plus ou moins
résigné : « Mektoub ! », ou encore ajouter :
If Les moyens dont nous disposons contre les
sauterelles sont inefficaces : nous attaquerons les
criquets contre lesquels nous sommes mieux
armés. » Si l'on supprimait les parents, on
n'aurait pas à s'occuper des enfants. M. de
la Palisse en conviendrait. Or. les parents sont
aussi malfaisants que les enfants, et prévoir vaut
mieux que punir.
Il faut donc chercher le remède efficace,
étudier sans répit jusqu' à ce qu'on ait trouvé :
confier cette étude à des gens idoine?, comme
on disait pendant la guerre ; leur drnner le;
moyens de travail ; rémunérer leur labeur ; ré-
compenser généreusement le ou les vainqueur:
de ce nouveau concours économique et humani-
taire.
Car tous les hommes, même savants, n' ont
pas l' abnégation et le désintéressement d' un
Pasteur ou d'un Curie. La preuve en est dans
le nombre des concurrents à tous les prix dont
la liste s'allcnge indéfiniment, depuis le Prix
Nobel jusqu'au prix Goncourt ou même Co-
gnacq. Il faut donc en offrir un, et de grosse
valeur, à celui ou à ceux qui triompheront de
ce fléau qui a nom : les Sauterelles. Il sera très
justifié.
Puisque le Père Noé eut le tort immense
d'offrir l'hospitalité. cîans son arche, à un cou-
ple d'acridiens, au lieu de les laisser se noyer,
nous devons chercher le moyen de réparer les
conséquences de cette fatale erreur. L'argent
consacré à cette recherche sera particulièrement
bien employé, et il faut se mettre au travail,
non pas demain, mais de suite.
LOUIS f,e BARBIER
Au Conseil d État
Décision du ministre des Colonies attaquée
Le Conseil d'Etat a rejeté la requête que
Mme veuve Rroni avait introduite aux tins
d'annulation d'une décision du ministre des
Colonies repoussant sa demande de majora-
tion de pension à l'eflet d'élever ses enfants
jusqu'à 16 ans, prévue par l'art. 2 de la loi
clti 14 août 1024.
Attendu, a déclaré le Conseil d'Etat,
que si la dame Broni entendait, dans sa re-
quête, contester l'application qui pourrait
lui être faite dans les mêmes conditions des
dispositions de l'art. 68 de la loi du 27 de
cembre 1927, il est constant qu'à la date
où le pourvoi a été introduit, il n'avait en-
core été procédé à aucune revision de la
pension de la dame Broni au titre de l'arti-
cle de la loi précité.
Ainsi les conclusions de la requête sur ce
point étant prématurées ne sont pas rece-
vables.
.a$*.
Une démission à 'a Commission des Mandats
666
M. Kastl, membre allemand de la Com-
mission des mandats, à la Société des Na-
tions, et par surcroît membre du Comité
Young, vient de se démettre de ses fonc-
tions.
Le prétexte invoqué est que les multiples
occupations de M. Kastl ne lai permettent
plus de prêter son concours à l'œuvre de ta
commission.
Ï.IHK EN SKmXliE P\GR :
L'Aviation Coloniale
Courrier de r.Mgérie
Courrier
Coups de
Bambou
•
Les appétits coloniaux du « Temps »
Le Temps, du lundi l;j joJiuier, a publié
firzlonnaliun suivante
o >l,< INIKS 1; r l'l!< >T!vCTOl! ATS
< SI \M ,
< )ii télégraphia de HuiigKok :
En présence nombreuse assistance,
le roi Huma 1"1 Il 1/1/ ht première, pierre
du grand pont; sur le Meinutn, érigé (L la
mémoire du m, ltanin V f!"{I'amilHl-.\taha
Chulalongknro). premier sonveraiti de la
présent'' dynastie et fondateur de l'actuelle
métropole, déridé en, HMO. Le pont doit
être, h rmiih; et ii>na
I hoiinriir lia r>(f anniveisaira de la fon-
dation, de l'uiujU'oI;.
If a suffi à notre confrère d'un seul trait
de plume pour aniiejer te. llouaume di'
.S/m.
Mais ,/ dire la Société des Nations/'
Pour faire baisser le coût de la vie.
Lit I l'i\ ! li^r iv-ninsulrur.»
portent à In enniutis*iine<• (/c\ ijharyenr*
des le Il if k il
.\ln 11 rive i/n en raison
de loitjes sortes dont, sont if rêvés tes arme-
ments et des sacrifiées imposés pour assu-
rer des serciees i<:jiu'icis et fréquents,
elles se. roient dans i'otjliijation de majorer,
à partir du ir, février I!»:{(), leurs tarifs de
l>a.\c tic sortie île FI III/l'" (/l'!udlemellt eu
ciifiicur.
Ces laiifs, ipii étaient en application de-
puis te l'«- novembre I:':!I¡. ';'l'st-,;.,lim de-
puis plus de hots mi*. Si'ront aiuimenté's
iT eue i ron 10 pour tous f,'; cluirt/i'inents
,/lti seront effectués fiostei icurement au |.*>
lévlier I!•:>(.».
Les nouccitn.r tarifs seront imjtrimés in-
cessan.onent e( tenus a 'It, disposition des
intéresses au.r sici/cs îles Compagnies ainsi
ifitc il it n s leurs différentes itijences.
Une heureuse initiative
La Chambre de Commerce de Saint-
Loui's-dit-Sénéffiti uvtiil demandé au lioa-
verneur le la i olonie i/ue les lettres par
avion, insuffisamment affranchies^ fussent
soumises av.r mêmes rèijles une les lettres
ordinaires c'est-à-dire tarées à iear arri-
vée.
ti 1 Sénèi/al a répandu
qu'il n'était pas en son pouvoir de modifier
les reiih'mvnls formels de ta Metlopotc, qui
arltcminc comme Icllrc ordinaire une lettre
par avion insuffisantmen' la.nie. Mais si
sa il ne peut s'exercer ainsi sur le
courrier porte en France, elle, a tout au
lit sur le territoire
de ht colonie c'est ainsi ipw ilésiomais
hait affranchissement insuffisant sera com-
ph'h'• d u/fiée, par /'Administration. L'avan-
ce est r* conviée le lendemain au domicile
île l'expéditeur.
Le l iouvcriicnienl prend le soin de spé-
cifier 1 pie celle opération ne sera faite
qu'aillant ,/",'( l'en rcloppe portera d'une
façon, apparente ['l'/I-I,:!¡' de 1/1 Maison ei
pi'ililrice >>.
llriliouilt,• n'aurait pas mien.r dit.
Mais ne sourions pas. t'ar la dé-eision da
l.ienienaal-Ctoiivéi neur
trative. lùlc rompt arec la politique roul,-
niéie, timorée, tassé-c sur elle-même, il"
p aicl ii m na ris me.
El nous pouvons nous en. féliciter !
Magie noire
l'a de uns confrères que nous ne citons
pas afin de, ne. pus le contrister car il
pourrait se relire, et alors se iuger rap-
port-' l'histoire suivante ;
« Deux <\haiTetietvï Haz/jutolaïul (Afrique
dit Sud* discutaient de leurs nouvoirs resper-
tifs, 1< r-que l'un dYnx - - V v'.u.»; à g- - • par.:>
qu'il pouvait, faire mourir - - > ; 1 camarade sur-
!e-c1i;unp.
l.i' plu>; jfUiU' aervpla !o ,¡"!i "t ! avi' r< • ni
Uiueh.-i ,;i poitrine, ave- -.m i it ni en lui..1
saut. : « Tu vas mourir ! »
Aussitôt, !e j\II1" î 101 unie ,-»Vnf(a et. t->:ii1 -n
mort.
1.1 • vieux l'ut, arrêté .sous l'a*-, u-ntion de meur-
tre, mais fut. rt>!;Vlie lorsque '.intopsio ont d. -
illoi-t.
co-ur. >
i\'(rlUi ne contestons pas qu'un ijeste de
c'tte nature puisse avoir une répercussion
sur te cicur humuin.
Mais k s'enfla ». ;» .W; truxn-cz-rous pas
délicieuse, celle phrase : a aussitôt, le joinie
homme .s'enila, et tomba mort » comme
la, qrenouille !
I 11 de nos adjudants, au dé-but de la
ipwrre, au (V1 dragons, avait porté un mo-
tif (fuc nous n'avons jamais oublié : < Es!
tombé ruide mort dans les écuries. Trans-
porte à l'infirmerie, n'a pas été reconnu
malade. i>
Ce fiait vre jeune indigène est tombé raide
mort, lui aussi. Mais il a été: reconnu ma-
lade, et même décédé, puisque l'autnpsi*
a été- faite. C'est là où nous voulions en
venir. Heureuse Afrique du Sud, oh Von
autopsie même les indigènes !
Et comme, cet ta colonie est en avance sur
nous !.A moins qua. notre, confrère.
n\t.it ajouté une erreur à son histoire mar-
seillaise.
Le navigateur solitaire n'est plus solitain
Alain tierbaull, actuellement à roufo/l,
serait f'/nUe de Mme Virginie Hériot. à.
bord de l'Ailée, pour une croisière d'agré-
ment.
Qui se, ressemble s'assemble : Les deux
grands coureurs d'aventures sont bien fail<
pour s'entendre. Aussi luirdis l'un que l'au-
tre, aimant la mer pour elle-même, le ris-
que, la tempête et le triomphe sur les élé-
ments, nul doute que /'Ai|é<> ne cherche 'n
Méditerranée de nouvelles occasions d'af-
firmer ses qualités.
Et qui sait ? Cela finira peut-être par mi
mariage
L*Homme de la Cabane,
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