Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-06-26
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 juin 1929 26 juin 1929
Description : 1929/06/26 (A30,N99). 1929/06/26 (A30,N99).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
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Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6280574x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
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EUROPE, MA PATRIE 19191
Anecdote de l'histoire économique présente
dédiée au sympathique Gaston Riou J
Il y a deux semaines, l'Association natio-
nale d'expansion économique tenait ses assises,
sous la présidence de M. Etienne Fougère.
En ouvrant la séance, celui-ci exposa à ses
collègues le grave problème que fait naître
pour l'économie européenne, et plus particu-
lièrement pour l'économie française, la menace
du nouveau tarif douanier américain.
La Chambre des Représentants des Etats-
Unis a voté, en effet, le 28 mai dernier, le
projet de remaniement du tarif douanier tel
qu'il a été élaborépar la Commission des voies
et moyens de la Chambre des représentants.
Ce bill, qui porte le nom de bill Hawley-
Smoot, prévoit des augmentations très mar-
ouées sur les taux du tarif Fordnev de 1922.
On signale parmi les augmentations attei-
gnant plus directement notre commerce d'expor-
tation aux Etats-Unis, celles qui portent sur le
coton pour ouvrages de dames, les tissus de
coton ordinaires, les tissus mixtes (coton et
lamé en soie), les velours de coton, les velours
de soie, les tissus de bourre de soie, la soie
à coudre apprêtée, les organsins, etc.
M. Etienne Fougère, rappelant à ses audi-
teurs la merveilleuse expansion économique des
Etats-Unis et sa puissance de production, sou-
lignait l'incompatibilité d'un tel régime et
d une telle politique. Et il ne craignait pas de
dénoncer « le péril de l'hégémonie économi-
que que les Américains tentent d'exercer sur
le monde entier «
Et M. Fougère de conclure en mettant en
relief le besoin de solidarité qu'éprouve l'Eu-
rope en face des prétentions américaines.
Au cours de l'échange de vues qui eut lieu
à la suite de cet exposé, on envisagea les
moyens d'entreprendre une défense efficace
contre l'Amérique, et l'on aboutit, à peu près
unanimement, à cette conclusion : orientation
de l'économie nationale vers les richesses de
la métropole et des colonies et recherche de
marché* de substitution dans le sens aussi bien
des importations que des exportations.
L'assemblée adoptait, finalement, à l'unani-
mité, une résolution où l'on pouvait lire :
« L' Association nationale d'expansion éco-
nomique, la Confédération générale de la pro-
duction française et l'Association de l'industrie
et de l'agnculture décident, en outre, de
poursuivre activement les échanges de vues au
cours desquels les grands groupements indus-
triels européens, justement inquiets de voir une
atteinte aussi grave portée à la solidarité éco-
nomique mondia le, ont déjà commencé l'exa-
men des mesures de défense qu'il conviendrait
de prendre pour sauvegarder leurs intérêts com-
muns. »
Qu'il nous soit permis de constater que les
grands groupements industriels européens ma-
nifestent, devant un incident secondaire de la
politique économique mondiale, une inquiétude
bien tardive.
Pour ma part, j'exprimais déjà cette inquié-
tude dans un article publié, en mars-avril
1917, en pleine guerre, dans la Grande Re-
vue, et intitulé : « Le Problème économique
d' après-guerre. »
J'écrivais alors :
<( Le XIX- siècle a connu, sur le terrain
international, le développement, puis la lutte
sourde et âpre des politiques d'échange pour
akjQUtir au formidable conflit actuel, le xx. siè-
cle verra l'ère dés politiques de production. Le
souci essentiel des hommes d'Etat ne sera plus
la conquête des marchés extérieurs par l'échan-
ge, mais l'organisation des marchés nationaux
par l'inflation de la production et des consom-
mations. La puissance appartiendra alors aux
nations qui, sur un marché cohérent et vaste,
disposeront des ressources naturelles les plus
variées et les plus grandes, des moyens techni-
ques les plus abondants et des capacités de
consommation les plus larges. »
Sans doute, j'envisageais alors le problème
sous un jour national trop exclusif, j'écrivais :
« Sur ces bases, la politique économique de la
France d'après-guerre peut s'exprimer,. nous
semble-t-il, dans une formule simplement et
largement compréhensive : La politique écono-
mique ne sera pas tournée vers l'extérieur, mais
vers l'intérieur.
L'action directrice de l'Etat se fera sentir
dans le sens de l'organisation d'un vaste mar-
ché englobant la France métropolitaine et la
France africaine et réservé, dans la plus large
mesure possible, à l' activité exclusive des na-
tionaux. »
Mais, dès ce moment, je n'hésitais pas à
dénoncer la sottise d'une politioue uniquement
dirigée contre notre ennemie d'alors :
« Pour nous, disais-je, la distinction entre
l'action économique nationale positive et l'ac-
tion de défense contre l'Allemagne, commune
à tous les alliés à des degrés divers, s'impose
d'unç façon plus inéluctable et plus angois-
sante. Se borner à prendre les mesures néces-
saires pour boycotter le commerce allenaand,
sans souci deS répercussions que pourraient
avoir ces mesures sur notre économie nationale,
serait, dans presque tous les cas, consacrer le
suicide de notre propre industrie et de notre
commerce. »
Il était difficile d en dire davantage, à cette
époque.
*5R plus tard, en 1923, dans une confé-
rence faite devant les « Amis de l'Université »
de Lyon et publiée dans la Reone Economi-
que Internationale, de Bruxelles, sous le titre :
« Les Destins de l'Europe », élargissant le
problème, Récrivais :
« Le véritable danger qui menace l'Europe,
ce n'est point de disparaître économiquement
ou d'être absorbée, c'est seulement de voir une
autre puissance économique plus jeune, plus
active, plus audacieuse, prendre dans le monde
la place qu'elle a occapfe, elle-même, au
tamt du XDC" siècle. Le daftaer, c'est de voir
l'histoire se renouveler, et une Amérique du
Nard. exemple, «ubnituer ton hégémonie
économique à cette de l'Europe défaillan-
te 1. » - -lm
Et cherchant la solution de ce problème an-
goissant, j'ajoutais :
« Si l'Europe renonce à sa politique an-
cienne, à cette politique des débouchés com-
merciaux qui a été la sienne pendant tout le
cours du siècle dernier, il lui faut en trouver
une autre. Elle ne peut pas se contenter de
vivre repliée sur elle-même. Son outillage éco-
nomique, ses forces intellectuelles ont besoin
d'avoir un champ plus vaste d'expansion et de
travail. Or, l'Europe a cette chance de trouver
à ses portes tout un continent nu, où tout est à
faire, et qui lui offre le plus merveilleux champ
d'activité : c'est l'Afrique. »
Et dénonçant les erreurs passées, les grise-
ries impérialistes du « Mittel Afrika », en
Allemagne, de « l'Africa tripartita » en Italie,
de « la France africaine » en France, je con-
cluais :
« Ne renouvelons pas les fautes commises
dans le passé : de la nécessité de cette colla-
bqtation européenne ne faisons pas sortir de
nouvelles causes de conflits.
Ouvrons largement les portes de l'Afrique
et disons à l'Europe : « Ton salut économique
est là et ne peut plus être que là. Que chacun
de flous, dans une collaboration juste, adaptée
à ses propres forces, prenne sa part de la tâche
à accomplir. » Et dans cette Europe, unie pour
cette œuvre commune, dans cette Europe élar-
gie, prolongée, ayant retrouvé son équilibre
économique et social, chacun peut et doit
trouver sa place légitime. »
Aux « grands groupements industriels euro-
péens justement inquiets », dont parle la mo-
tion de l'Association nationale d'expansion éco-
nomique et qui déjà réclament une « orienta-
tion de l'économie nationale vers les richesses
de la métropole et des colonies et la recherche
de marchés de substitution dans le sens aussi
bien des importations que des exportations »,
je me permets de proposer cette solution avec
la conviction profonde gu'il n'en est point
d'autre, à l'heure actuelle.
Edenne Antomeiii,
Député de la Haute-Savoie.
Rapporteur du budget de
- l'Algérie et des Protecto-
rats.
Un immeible pour l'office
de l'Algérie
"1
A la dernière session des Délégations Fi-
nancières algériennes, un délégué, M. Guas-
tavino, signalant les mauvaises conditions
d'installation matérielle de l'Office de l'Al-
gérie à Paris, s'est déclaré disposé à voter les
crédits demandés pour l'achat d'un immeuble.
Toutefois, et c est l'avis de la plupart de
ses collègues, la somme de 3 millions, pro-
posée (( à titre indicatif » a paru insuffisante
pour permettre l'achat d'un immeuble bien
situé, dans Paris, permettant l'installation di-
gne d'un organisme qui voit ses attributions
s'étendre chaque jour ; le rôle du personnel
qui y est affecté devient des plus délicats et
des plus complexes ; il est donc indispensable
de 1 installer dans un immeuble plus vaste et
mieux aménagé.
Sur la proposition de M. Morard, il lut
alors inscrit une dotation de 6 millions pour
être affectée à l'achat d'un immeuble à Paris,
une somme de 3 millions demeurant inscrite au
budget de 1930. En même temps, les Délé-
gations financières seront saisies d'un projet
complet de réorganisation de 1 Office.
On peut donc prévoir qu'avant un an, 1 Of-
fice de l'Algérie aura déménagé, se sera ins-
tallé dans un cadre digne de lui, et chez lui.
Nous ne pouvons que nous en féliciter, et en
féliciter M. Gérard, son distingué directeur.
Les confitures algériennes
M. Gaston Ricci, député d'Alger, avait
appelé l'attention du Ministre des Finan-
ces sur un vœu de l'Assemblée des Prési-
dents des Chambres de Commerce d'Algé-
rie concernant la taxation des confitures
algériennes à leur importation en France.
Il a reçu la réponse suivante lie M. H.
Chéron ;
« Monsieur le Député »i
CI J'ai l'honneur de vous faire connaître
que les conditions d'application de la taxe
intérieure de sucre aux confitures impor-
tées ont été fixées par la loi du 2 mars
1928. La réforme sollicitée par les fabri-
cants algériens de confitures ne saurait
donc, le cas échéant, être réalisée que par
une disposition législative.
« Je n'ai pu, dans ces conditions que
saisir de cette question M. le Ministre du
Commerce et de l'Industrie. »
I
Les droits de dtuie en kdochme
Dans sa séance du 21 juin 1929, la Com-
mission permanente du Conseil de Gouver-
nement de l'Indochine a pris une délibéra-
tion modifiant celle du 23 novembre 1928
insérée au Journal Officiel du 3 avril der-
nier et tendant à modifier le tableau des
droits de douane inscrits au tarif spécial de
la colonie.
Conformément aux dispositions de la loi du
13 avril 1928, il doit être statué sur cette
délibération dans les trois mois par décret
rendu sur la proposition du ministre des Co-
lonies, après avis conforme du ministre du
Commerce et de l'Industrie, du ministre de
l'Agriculture et du ministre des Finances.
TAUX DE LA PIASTRE
A la date du U juin, le taux de la piastre
'à Saigon était de 11.35.
Le débat sur le Maroc
m
4
A
Le débat sur le Maroc commencé
vendredi à la Chambre, s'est ter-,
mini ce matin à deux heures. Il
a eu au point de vue oratoire la plus grande
ampleur. Les différents partis ont envoyé à
la Tribune leurs meilleurs orateurs et les
deux Ministres intéressés, MM. Briand et
Painlevé, sont intervenus dans le mime sens
pour préciser la politique du Gouvernement.
On peut dire que, comme toujours, tout
le monde veut la Paix et c'est même ce qu'il
y a d'inquiétant dans l'affaire.
Cette unanimité enfarinée ne me dit rien
qui vaille 1
On est allé même très loin hier. en pa-
roles pacifique. Pourvu qu'on n'aille pas
aussi loin. dans le Sud Marocain 1
A la vérité quand on entend (à la Tri-
bune) le colonel Calliès déclarer qu'il n'aime
pas le mot c pénétration. pacifique parce
que le mot de pénétration laisse supposer
la conquête et qu'il préfère le mot politique
d' « attraction m, on est presque tenté de
trouver que, de sa part, c'est vraiment trop
beaul
Les actes sont « mâles », les paroles
« femelles » disent les anciens.
Au Maroc, plus que partout ailleurs, les
actes et les paroles n'ont certes pas le même
sexe 1
Sous ces réserves qui vraiment dowjnt
impressionner tous les esprit loyaux on peut
dire que les interpellations sur le Maroc ont
permis de mettre en lumière certains points
obscurs.
D'abord le regret unanime de toute la
Chambre d'avoir vu tomber nos soldats sur
le territoire marocain ; la condamnation de
ces détestables af fairistes qui poussent, par
leurs campagnes de presse,no s colonnes en
avant, et qui, quand le sang est versé, n'hé-
sitent pas à rejeter la responsabilité de l'opé-
ration sur les officiers qui n'ont fait qu'une
chose : sacrifier leur vie pour exécuter les
ordres reçus.
Autre effet utile des interpellations : la
légende des premiers communiqués officiels
s'est évanouie ; la légende d'une colonne
« surprise. par un djich en alla IIi réParer
une ligne télégraphiquel
Vraiment une telle attitude était indigne
de la Presse et du Gouvernement.
La création des deux nouveaux postes au
sud de Ait-Yokoub et d'El Bord'j, dans une
région dissidente, a été voulue par le Gou-
vernement et la colonne du commandant
Emmanuel est sorti pour combattre une
a armée » marocaine commandée par un
chef dont le nom est bien connu au Maroc
et qui organise la dissidence qu'une mau-
vaise politique française peut rendre de plus
en plus dangereuse.
Des accusations graves auxquelles le Gou-
vernement n' a pas répondu ont été précisées
notamment par notre collègue Daladier.
Qu'on y prenne donc garde et M. Paul-
Boncour a, dans une magnifique interven-
tion, montré les dangers à éviter, c'est la
Guerre qu'on peut déclarer, une guerre peut-
être plus meurtrière, plus longue que celle
du Rif.
Les paroles de paix de M. Briand et de
M. Painlevé sont, nous en sommes certains,
des paroles sincères.
Qu'elles soient entendues partout.
On cite et on répète les aPhorismes pa-
cifiques du Maréchal Lyautey.
Tant au Maroc qu'en France nous sommes
convaincus que cela ne suffit pas : citer ses
paroles est. bien : continuer sa politique gé-
néreuse et prudente est encore mieux !
Jflclhel Oeisldoer/er
Député des Côtes-du-Mord.
Membrj de la Commission
de la Marine Marchanda.
.000.
Le Sultan en France
1 '1
Le sultan du Maroc est arrivé avant-hier
à 16 heures à Lyon, venant de Valence. Il
a été reçu par M. Valette, préfet du Rhône,
et est descendu dans un grand hôtel.
Moulay Youssef reste deux jours à Lyon,
ses journées sont consacrées à la visite des
usines de soie artificielle, de divers établis-
sements industriels et des principaux monu-
ments de la ville. Demain il part pour
Vichy. Hier, après avoir visité plusieurs
fabriques de soieries de la région lyon-
naise, le sultan s'est rendu à la Préfec-
ture accompagné par le grand vizir el Mo-
kri, Si Kaddour ben Gabrit, et M. Marc,
attaché à la Résidence.
S. M. Moulai Mohammed, sultan du Ma-
roc, a été, avant de partir pour Lyon, l'hôte
de la principauté de Monaco.
Après avoir visité les appartements prin-
ciers, sous la conduite de M. Piette, ministre
d'Etat et du chef d'escadron Bernard, com-
mandant du palais, le sultan s'est rendu au
Musée océanographique, où il admira les
superbes collections, l'aquarium et il a ex-
primé son admiration pour l'œuvre magnifi-
que du prince Albert Iw.
e.e
Choses marocaines
181
Dans la séance que la Section du Maroc
vient de tenir au siège de l'Union Coloniale,
il a été fait un exposé de?.plus récentes dé-
cisions d'ordre administratif intéressant le
Protectorat. Les nouveaux décrets, arrêtés
ou dahirs concernant le régime des blés
ont fait l'objet, en particulier, d'un compte
rendu détaillé.
Le président de la Chambre mixte de
Commerce et d'Agriculture d'Oudjda qui as..
sistait à la réunion, a tracé ensuite un ta-
bleau d'ensemble très complet de la situa-
tion économique du Maroc oriental.
Enfin la Section a été mise au courant des
incidents survenus le 8 juin aft Ait- Yacoub
et des mesures de sécurité prilel à la péri.
phérie de la sont insoumise.
Le tabac algérien menacé
A l'heure où, sous l'impulsion des délicates
questions soulevées par le contlit viticole
Algéro-Midi de la France, on exhorte de tou-
tes parts, par tous les moyens, les colons
algériens à développer des cultures comple-
mentaires de la vigne, telles que les agru-
mes, le coton et notamment le tabac, on ne
sait quelle inconséquente décision vient
d'être prise par la Régie française qui dimi-
nuerait de 4 millions de kilogs, puis de 6
millions, ses achats de tabac en Algérie.
La Commission de l'Algérie s'est fortement
émue d'une pareille manœuvre qui semble
vouloir rendre plus difficile la tâche de cette
Commission dans la conciliation des intérêts
vinicoles franco-algériens. Qui reprocherait
en effet aux planteurs de tabac de se trans-
former en viticulteurs dès le su de cette
nouvelle ? Et c'est là le résultat déjà ob-
tenu; toutes les tabacoops d'Algérie ont
donné le conseil légitime à leurs membres de
réduire leurs plantations. Nous laissons à
penser la suite. Et messieurs les vignerons
de France auront-ils encore le front de que-
reller leurs ex-compatriotes, quelquefois mê-
me enfants de « leur pays », d'une conduite
dictée par les manœuvres insensées d'une
administration qui perd de vue les réalités
nationales ?
MM. Homo, Astier et Serda ont accusé
avec force les inconvénients actuels de cette
politique à courte vue, soutenus énergique-
ment par tous les députés d'Algérie présents
à la réunion. Et la situation a été résumée
dans un texte précis que M. Ricci a bien
voulu se charger de rédiger, et dont les con-
clusions ont été adoptées à l'unanimité par
la Commission.
ci « Que la Section d'exploitation industrielle
des tabacs maintienne aux tabacoops d'Algé-
rie la commande annuelle de 12 millions de
kilogs de tabacs envisagée en 1921-1923 en
substituant des tabacs algériens aux tabacs
exotiques dont la qualité n'est pas indispen-
sable à ses fabrications.
« Qu'elle paie ces tabacs à un prix rému-
nérateur en tenant compte, dans la circons-
tance, de la protection légitime à accorder à
une production nationale.
« Qu'un accord de durée intervienne entre
la S. E. I. T. et les organismes pour l'essor
d'une des branches essentielles de l'activité
économique de l'Algérie.
,. « Que le gouvernement s'intéresse, dans
les accords commerciaux internationaux, aux
tabacs en feuilles d'Algérie et veille à ce que
les marchés coloniaux ne soient pas fermés
aux tabacs algériens. »
Pour ne citer qu'un chiffre, nous emprun-
tons à une très remarquable et concise étude
établissant cc une comparaison entre la vigne,
1 tes agrumes, le - tabac et le - coton en Algérie »
parue au récent Bulletin de l'Office de
l'Algérie, dont on peut déplorer l'anonymat
de rigueur, l'idée d'un rapprochement entre
le rappor t des chiffres d'affaires de ces
diverses cultures complémentaires et de la
vigne, qui est de 1/6,6, et le rapport des
superficies de ces mêmes cultures qui est de
1/5. Ces proportions étant de la sorte iné-
gales, il est évident, comme en a conclu avec
une vigoureuse logique l'auteur de l'article,
que la vigne est plus rémunératrice que les
autres cultures envisagées.
Si 1 cette infériorité naturelle on joint des
mesures désastreuses, où voulez-vous que le
planteur algérien puise les forces d'encoura-
gement à persévérer dans une lutte qui
n'avait d'autre effet que d'avantager les vi-
gnerons du Midi?
Nous espérons que les administrateurs
consciencieux prendront connaissance des si-
tuations économiques de leur pays ; et qu'ils
aillent aux documents de valeur comme celui
que nous citions plus haut, avant d'émettre
des décisions dont les bruits seuls suffisent à
déséquilibrer du jour au lendemain, dans les
circonstances les plus graves, la situation
déjà si tendue de fa production nationale.
Aotoisil £ Hssa-ltAals
Le pavage en caoutchouc
, 81
Nous avons déjà dit que la vulgarisation
de l'emploi du caoutchouc dans le domaine
du pavage des cités, pouvait amener une
solution élégante à la crise de dépréciation
que subissait ce produit du fait de la surpro-
uction et mettrait fin aux soucis de limita-
tion que certains pays voulaient en vain im-
poser aux planteurs.
De toute part, on se préoccupe d'informer
l'opinion du véritable intérêt qu auraient pro-
ducteurs et consommateurs à modifier les
données du problème dans le sens de cette
extension de la consommation, en compensa,
tion de la dévalorisation du produit.
C'est ainsi qu'à l'assemblée de la Telogo-
redjo United Rubber Plantations, les plan-
teurs ont été priés de s'entendre pour four-
nir un certain pourcentage de leur récolte au
prix coûtant, ou à un prix réduit, aux fabri-
cants désireux de faire du pavage en caout-
chouc une entreprise commerciale.
D'autre part, à l'assemblée annuelle de la
Société Rubber Roadways Ltd, qui met au
point le pavage en caoutchouc, sans l'exploi-
ter elle-même, Sir Stanley Bois a signalé une
proposition pratique intéressante: 1 entrepre-
neur de travaux placerait les pavés de caout-
chouc à meilleur marché que les pavés de
bois, mais les propriétaires des immeubles en
bordure ajouteraient une légère contribu-
tion. En outre, l'administration chargée de
l'entretien des rues verserait à l'entrepre-
neur une prime annuelle tant qu'elles se-
raient maintenues par lui en bon état.
Ce sont, en effet, des transactions ingé-
nieuses qui, dès maintenant, permettraient
d'affronter les prix actuels prohibitifs du
caoutchouc. Mais les planteurs devraient vi-
vement entrer dans la voie d'amélioration qui
leur est ouverte car tôt ou tard la surproduc-
tion les fera venir à composition dans des
conditions qu'ils n'auront peut-être pas alors
le temps d'examiner à loisir et il y aura des
ruines inévitables.
S, JE. - àt
AU MUSÉUM
»♦»
M. Auguste Chevalier, directeur du labo-
ratoire d'agronomie colonialé de l'école des
hautes études, est nommé professeur de la
chaire nouvellement créée des « productions
coloniales d'origine végétale ».
Dépêches de l'Indochine
On événement économique :
quatre nouveaux ponts
Le Gouverneur Général a inauguré le 21
et le 22 tuiu, quatre punis en betun armé
entre Juurune et Nitati-atig.
lu Le pont Vhocui sur te Hong-Tliu-Bon
d'une longueur de 408 mètres ;
::;u Un pont sur le Song-Cuy-Duu d'une
longueur de 2&5 mètres ;
J'r V,,, PUltt sur te Song~Uarang à Tuy-
lloa d une longueur de 1. 405 métrés ;
4° Un ponl sur le Hong-Lui à N hatrang,
d'une longueur de 291 metres.
Les trois derniers ponts ont été cons-
truits par des entrepreneurs annamites qui
les ont livrés avec des uvunces de trois se-
maines à trois mois sur les déluis fixés et
ont observé loyalement toutes les clauses
des cahiers des charges.
La construction de ces ponts a rencontré
de grosses difficultés qui provenaient des
inondations et des affouillements profonds ;
des crues emportèrent une partie des tra-
vaux effcctncs, Les Travaux Publics ont
dû détourner les courants et discipliner les
eaux.
Ces quatre ponts font disparuitre les
bacs longs et souveni dangereux surtout
sur le boltg-Dui-alig, fleuve qui roule en
crue 15.000 ma d'eau par seconde et qui,
parfois retenait pendant plusieurs jours les
vuyageurs. lis rendent la circulution facile
dans les provinces qui manquaient de dé-
bouchés et permettront d'éviter les diset-
tes.
La disparition de qualre bacs sur la
Section de la Houle Mandarine non doublée
par la voie ferrée, ruccourcit de plusieurs
heures la liaison Saigon-Hanoi et donne
aux voyageurs une sécurité indispensable.
Il reste encore deux bacs qui seront' sup-
primés en 1^30. Les ponts sont déjà com-
mcncés, facilitant ainsi les travaux de la
ligne ferrée Tott ru ite-IV liai ru ray.
Réception à Nhatrang
Le Gouverneur Général a offert à Nha.
Irany, un grand diner aux personnalités
officielles, aux autorités provinciales, aux
ingénieurs, aux entrepreneurs et à la
presse. Il a décerné des décorations et a
prononcé un discours où il a félicité le ser-
vice des Travaux Publics et les entrepre.
ucurs almamiles, il a insisté sur l'impor-
tance matérielle et politique qu'offre la su.p-
pression des bues sur la Houle Mandarine.
Le Gouverneur Général est arrivé à Saigon
dimanche matin.
Hommage à Rajpndranath Tagore
Au cours d'une réunion (lui eut lieu au
Thédtrc. Municipal de Saigon, en l'honneur
de Hobindranath Tagore, en présence d'une
nombreuse assistance française, annamite
et indienne, Hiu-Quang-Chieu, ancien vice-
président du Conseil Colonial, a salué le
poêle n qui souhaite la pleine coordination
des civilisations d'Orient et d'Occident,
pour qu'elles donnent au monde leur pleine
valeur génératrice de beauté et de bonté. »
Lecture fut ensuite donnée d'un message
de Tagore. Happelant que le cœur de LI ntle
avait autrefois battu sous le ciel ensoleillé
des rives de la Cochinchine, le poète (iflpor-
ta le salut de cette Inde radieuse qui prodi-
gua, sa lumière sur cette terre, et il y toi-
gnit L'assurance de la sympathie et de la
fraternité de l'Inde actuelle.
Habindranath Tagore fut reçu nar le
Gouverneur Général Pasquier, qui offrit en
son honneur un thé, auquel assistaient '('s
membres du comité franco-indou-annamile,
formé en vue de la réception du prête.
Celui-ci a quitté Sllïgolt lundi matin sur
l' « Angers ».
Au port de Saïgon
f.c croiseur-cuirassé « Waldeck-Hous-
seau n portant pavillon de l'amiral Mouget
commandant les forces navales en Ex-
trême-Orient est arrivé à Saigon samedi.
Le3 nouveaux pourparlers avec la Chine
Le secrétaire d'ambassade Garreau, chef
du service des 'Affaires extérieures du Gou-
vernement général s'est embarqué à Ha!-
phonij samedi 22 à destination de Shanghai
et de Nankin oit il assistera de nouveau
aux côtés du ministre de France M. de Mar-
tel aux pourparlers franco-chinois, rela-
tifs à l'accord commercial arcu l'Indochine;
pourparlers qui reprendront vraisemblable-
ment dans les derniers jours de ce mois
à Nanldn, Il est accompagné par l'inspec-
teur des douanes d'Indochine, M. Alata
en qualité d'expert des questions (loua.
nières.
M. Maurice Larrouy a quitté Hanoï
Le capitaine de fi-éqiite, romancier Mau-
rice Larrouy, a quitté Ilanoï le 20 courant
pour Hong-Kong, Canton, Formose et Shan-
(JaT, continuant son voyage autour du
monde.
Le Conseil Economique du Tonkin
Le collège français est convoqué le 7
juillet prochain, pour élire les vingt mem*
bres dit Conseil des intérêts français écono-
miques et finallciers du Tonkin, institué
par décret du 1 novembre 1028, Ha-
noï élira huit délégués, Haïphong. cinq. Ifis
sept provinces Quang-Ycn, Yen-Ray, Vinh-
Yen, Phu-Lanq-Thùong, Ha-Dony, Hai-
Duong, Nam-Dinh, éliront chacune un
délégué.
Décès
M. M'illis Hcndel, un des membres de la
mission catholique zonlogique dtt Field
Muséum, groupe Coolidge, qui prospecta la
région au Nord du Lans est décédé à Vien-
llàne, oit il venait d'arriver malade.
Tndopncifl.
-000-
L'Allemagne et les pays soas mandat
»♦»
Au cours des discours qu'il vient de pro-
noncer au Reichstag, sur la politique exté-
rieure de l'Allemagne, M. Stresemann parla
des intentions anglaises au regard du man-
dat sur l'Est africain, mais il considéra qu'il
faut attendre que le nouveau gouvernement
anglais ait fixe ses intentions à l'égard de
certains problèmes politiques.
L'Exposition de Vincennes
»♦ «
Le pavillon de l'Indochine
Le maréchal Lyautey. commissaire général
de l'Exposition Coloniale internationale de
Vincennes de 1931, se rend aujourd'hui au
Commissariat de l'Indochine où M. Piene
Guesde, commissaire général pour l'Union In-
dochinoise, lui présentera la maquette du pa-
villon de l'Indochine qui dépasse en splendeur
tout ce qui a été fait jusqu'à ce jour dans les
mani festations simi laires.
De là, le maréchal Lyautey se rend à Vin-
cennes pour examiner l'état des travaux de
l'Exposition.
Le commerce intercolonial
de la Guinée Française
et de la Côte-d'Ivoire en 1928
Les chiffres du mouvement commercial des
colonies françaises de la Côte occidentale
d'Afrique sont déterminés, chaque année,
d'après les statistiques locales établies par
le service des douanes.
Le courant d'échanges qui s'établit entre
les différentes colonies du groupe n'est pas
repris à ces statistiques qui n'enregistrent
que les relations de 1 A.O.F. avec l'extérieur.
Ce trafic est cependant loin d'être négli-
geable, mais faute d'éléments de contrôle, il
est impossible d'en mesurer l'exacte impor-
tance.
Toutefois, en Guinée française et en Côtf.
d'Ivoire, si les échanges par voie de terre
ne peuvent encore être évalués par l'admi-
nistration, le service des douanes tient de,
statistiques spéciale') qui permettent de se
rendre compte de la nature des expéditions
faites par la voie maritime entre ces colonies,
d'une part, et les autres possessions du
groupe, d'autre part.
Le tableau suivant donne la comparaison
des exportations intercoloniales de la Guinée
française pendant les années 1928 et 1927 :
1028
Quantités Valeuts
Kilos Francs
Indigo 049-i()3 1.526.425
Col as. h»o.()82 875.610
Huile de palme 196.208 453.902
Bananes ÎJ3-3^4 333-384
Piments 46.004 184.01O
Mil 127.817 129.275
Tabacs 27.390 I01.70f)
Ananas et autres
fruits frais 215.507 102.655
1927
Quantités Valeurs
Kilos Francs
Indigo 37o.4()o 756.901
Colas .,. 2 5 5 IO/j 2 0 1 8 5611
Bananes 242.077 252.077
Piments 93.927 233.318
Mil 54-245 4S.020
Tabacs 11-497 56.305
Ananas {.t. fruits frais >53.070 99.576
La plupart de ces produits ont été consom-
més par le Sénégal.
Parmi les exportations de la Côte d' Ivoire,
sur les autres colonies du groupe, il faut
citer 2.385 tonnes de noix de colas (contre
2.450 t. en 1927); 103 tonnes d'huile de pal-
me (contre 91 t.); 56 tonnes de café (contre
20 t.): Il tonnes de piments (contre 18 t.);
208 stères d'acajou (contre 30 st.) et 122 ute-
res de bois communs (contre 222 st.).
A L'ACADBMIE DES SCIENCES
en
Par le canal de Suez
Le professeur Mangin, directeur du Mu-
séum National d'histoire naturelle, a pré-
senté à l'Académie des Sciences une note
de M. le professeur Gruvel, sur l'influence
du percement dit canal de Sues sur la Faune
marine des côtes de Syrie.
L'auteur a montré qu'un certain nombre
d'espèces marines, ayant traversé le canal,
se sont portées plus spécialement vers l'Est,
à cause, d'une part, du courant longeant les
côtes d'Egypte, de Palestine et de Syiie, de
l'Ouest à l'Est et au Nord et, d'autre part,
de la température moyenne plus élevée que
ces animaux d'eau chaude, trouvent sur
ces côtes.
M. Gruvel signale la disparition totale,
dans cette région, de la langouste et du ho-
mard, remplacés par un grand crustacc voi-
sin, la cigale de mer, et par un certain nom-
bre de crevettes, parfois énormes, puis-
qu'ell es peuvent atteindre jusqu'à 20 centi-
mètres de long et qui proviennent de la mer
Rouge et de l'Océan Indien. L'auteur si-
gnale également un crabe de la faune inelo-
pacifique, qui a mis 30 ans à traverser le
canal : c'est une forme qu'un rencontre au-
jourd'hui en abondance sur toute la partie
sud des côtes (le jusqu'à t'entrée du
golfe d'Alexandrette.
Faune Coloniale
M. Manama présenté, en outie, les ttoi*
derniers fascicules de la Il Faune des colo-
nics t rançabes Il,
L'un de ces fascicules est un important
travail de M. le professeur Bouvier, mem-
bre de l'Institut, sur les Saturnioïdes de
l'Afrique tropicale française. Ces lépidoptè-
res sont particulièrement remarquables par
leurs couleurs et certaines espèces produisent
de la soie utilisable. Le mémoire est ac-
compagné de 6 planches hors textes, dont 3
en couleurs.
Les écrevisses de Madagascar
Le deuxième fascicule présenté est dû S.
M. (i. Petit, assistant au Muséum : Fauteur
traite des écrevisses de Madagascar, dont
quclques-unes sont de fort bolle taille.
Le troisième fascicule comprend quelques
mémoires sur une partie des collections
rapportées du Cameroun par un autre assis-
tant au Muséum, M. Th. Monod.
Inspection générale des colonies
8-0 t
\1. Bougourd (Louis), inspecteur général <10
2" olasse des colonies, du cadre do réserve, est
admis ft faire valoir ses droits A une pension
de retraite pcur'caut'e d'infirmités contractées
par Je fait du qervice, à compter du 30 décem-
bre 1924.
JMMIAL_QUOTIDIEI
Kédsction & Administrent* :
M, IN H MMMMf
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Les Annales Coloniales
Lss mtnonces et réclame* sont reçut» m
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EUROPE, MA PATRIE 19191
Anecdote de l'histoire économique présente
dédiée au sympathique Gaston Riou J
Il y a deux semaines, l'Association natio-
nale d'expansion économique tenait ses assises,
sous la présidence de M. Etienne Fougère.
En ouvrant la séance, celui-ci exposa à ses
collègues le grave problème que fait naître
pour l'économie européenne, et plus particu-
lièrement pour l'économie française, la menace
du nouveau tarif douanier américain.
La Chambre des Représentants des Etats-
Unis a voté, en effet, le 28 mai dernier, le
projet de remaniement du tarif douanier tel
qu'il a été élaborépar la Commission des voies
et moyens de la Chambre des représentants.
Ce bill, qui porte le nom de bill Hawley-
Smoot, prévoit des augmentations très mar-
ouées sur les taux du tarif Fordnev de 1922.
On signale parmi les augmentations attei-
gnant plus directement notre commerce d'expor-
tation aux Etats-Unis, celles qui portent sur le
coton pour ouvrages de dames, les tissus de
coton ordinaires, les tissus mixtes (coton et
lamé en soie), les velours de coton, les velours
de soie, les tissus de bourre de soie, la soie
à coudre apprêtée, les organsins, etc.
M. Etienne Fougère, rappelant à ses audi-
teurs la merveilleuse expansion économique des
Etats-Unis et sa puissance de production, sou-
lignait l'incompatibilité d'un tel régime et
d une telle politique. Et il ne craignait pas de
dénoncer « le péril de l'hégémonie économi-
que que les Américains tentent d'exercer sur
le monde entier «
Et M. Fougère de conclure en mettant en
relief le besoin de solidarité qu'éprouve l'Eu-
rope en face des prétentions américaines.
Au cours de l'échange de vues qui eut lieu
à la suite de cet exposé, on envisagea les
moyens d'entreprendre une défense efficace
contre l'Amérique, et l'on aboutit, à peu près
unanimement, à cette conclusion : orientation
de l'économie nationale vers les richesses de
la métropole et des colonies et recherche de
marché* de substitution dans le sens aussi bien
des importations que des exportations.
L'assemblée adoptait, finalement, à l'unani-
mité, une résolution où l'on pouvait lire :
« L' Association nationale d'expansion éco-
nomique, la Confédération générale de la pro-
duction française et l'Association de l'industrie
et de l'agnculture décident, en outre, de
poursuivre activement les échanges de vues au
cours desquels les grands groupements indus-
triels européens, justement inquiets de voir une
atteinte aussi grave portée à la solidarité éco-
nomique mondia le, ont déjà commencé l'exa-
men des mesures de défense qu'il conviendrait
de prendre pour sauvegarder leurs intérêts com-
muns. »
Qu'il nous soit permis de constater que les
grands groupements industriels européens ma-
nifestent, devant un incident secondaire de la
politique économique mondiale, une inquiétude
bien tardive.
Pour ma part, j'exprimais déjà cette inquié-
tude dans un article publié, en mars-avril
1917, en pleine guerre, dans la Grande Re-
vue, et intitulé : « Le Problème économique
d' après-guerre. »
J'écrivais alors :
<( Le XIX- siècle a connu, sur le terrain
international, le développement, puis la lutte
sourde et âpre des politiques d'échange pour
akjQUtir au formidable conflit actuel, le xx. siè-
cle verra l'ère dés politiques de production. Le
souci essentiel des hommes d'Etat ne sera plus
la conquête des marchés extérieurs par l'échan-
ge, mais l'organisation des marchés nationaux
par l'inflation de la production et des consom-
mations. La puissance appartiendra alors aux
nations qui, sur un marché cohérent et vaste,
disposeront des ressources naturelles les plus
variées et les plus grandes, des moyens techni-
ques les plus abondants et des capacités de
consommation les plus larges. »
Sans doute, j'envisageais alors le problème
sous un jour national trop exclusif, j'écrivais :
« Sur ces bases, la politique économique de la
France d'après-guerre peut s'exprimer,. nous
semble-t-il, dans une formule simplement et
largement compréhensive : La politique écono-
mique ne sera pas tournée vers l'extérieur, mais
vers l'intérieur.
L'action directrice de l'Etat se fera sentir
dans le sens de l'organisation d'un vaste mar-
ché englobant la France métropolitaine et la
France africaine et réservé, dans la plus large
mesure possible, à l' activité exclusive des na-
tionaux. »
Mais, dès ce moment, je n'hésitais pas à
dénoncer la sottise d'une politioue uniquement
dirigée contre notre ennemie d'alors :
« Pour nous, disais-je, la distinction entre
l'action économique nationale positive et l'ac-
tion de défense contre l'Allemagne, commune
à tous les alliés à des degrés divers, s'impose
d'unç façon plus inéluctable et plus angois-
sante. Se borner à prendre les mesures néces-
saires pour boycotter le commerce allenaand,
sans souci deS répercussions que pourraient
avoir ces mesures sur notre économie nationale,
serait, dans presque tous les cas, consacrer le
suicide de notre propre industrie et de notre
commerce. »
Il était difficile d en dire davantage, à cette
époque.
*5R plus tard, en 1923, dans une confé-
rence faite devant les « Amis de l'Université »
de Lyon et publiée dans la Reone Economi-
que Internationale, de Bruxelles, sous le titre :
« Les Destins de l'Europe », élargissant le
problème, Récrivais :
« Le véritable danger qui menace l'Europe,
ce n'est point de disparaître économiquement
ou d'être absorbée, c'est seulement de voir une
autre puissance économique plus jeune, plus
active, plus audacieuse, prendre dans le monde
la place qu'elle a occapfe, elle-même, au
tamt du XDC" siècle. Le daftaer, c'est de voir
l'histoire se renouveler, et une Amérique du
Nard. exemple, «ubnituer ton hégémonie
économique à cette de l'Europe défaillan-
te 1. » - -lm
Et cherchant la solution de ce problème an-
goissant, j'ajoutais :
« Si l'Europe renonce à sa politique an-
cienne, à cette politique des débouchés com-
merciaux qui a été la sienne pendant tout le
cours du siècle dernier, il lui faut en trouver
une autre. Elle ne peut pas se contenter de
vivre repliée sur elle-même. Son outillage éco-
nomique, ses forces intellectuelles ont besoin
d'avoir un champ plus vaste d'expansion et de
travail. Or, l'Europe a cette chance de trouver
à ses portes tout un continent nu, où tout est à
faire, et qui lui offre le plus merveilleux champ
d'activité : c'est l'Afrique. »
Et dénonçant les erreurs passées, les grise-
ries impérialistes du « Mittel Afrika », en
Allemagne, de « l'Africa tripartita » en Italie,
de « la France africaine » en France, je con-
cluais :
« Ne renouvelons pas les fautes commises
dans le passé : de la nécessité de cette colla-
bqtation européenne ne faisons pas sortir de
nouvelles causes de conflits.
Ouvrons largement les portes de l'Afrique
et disons à l'Europe : « Ton salut économique
est là et ne peut plus être que là. Que chacun
de flous, dans une collaboration juste, adaptée
à ses propres forces, prenne sa part de la tâche
à accomplir. » Et dans cette Europe, unie pour
cette œuvre commune, dans cette Europe élar-
gie, prolongée, ayant retrouvé son équilibre
économique et social, chacun peut et doit
trouver sa place légitime. »
Aux « grands groupements industriels euro-
péens justement inquiets », dont parle la mo-
tion de l'Association nationale d'expansion éco-
nomique et qui déjà réclament une « orienta-
tion de l'économie nationale vers les richesses
de la métropole et des colonies et la recherche
de marchés de substitution dans le sens aussi
bien des importations que des exportations »,
je me permets de proposer cette solution avec
la conviction profonde gu'il n'en est point
d'autre, à l'heure actuelle.
Edenne Antomeiii,
Député de la Haute-Savoie.
Rapporteur du budget de
- l'Algérie et des Protecto-
rats.
Un immeible pour l'office
de l'Algérie
"1
A la dernière session des Délégations Fi-
nancières algériennes, un délégué, M. Guas-
tavino, signalant les mauvaises conditions
d'installation matérielle de l'Office de l'Al-
gérie à Paris, s'est déclaré disposé à voter les
crédits demandés pour l'achat d'un immeuble.
Toutefois, et c est l'avis de la plupart de
ses collègues, la somme de 3 millions, pro-
posée (( à titre indicatif » a paru insuffisante
pour permettre l'achat d'un immeuble bien
situé, dans Paris, permettant l'installation di-
gne d'un organisme qui voit ses attributions
s'étendre chaque jour ; le rôle du personnel
qui y est affecté devient des plus délicats et
des plus complexes ; il est donc indispensable
de 1 installer dans un immeuble plus vaste et
mieux aménagé.
Sur la proposition de M. Morard, il lut
alors inscrit une dotation de 6 millions pour
être affectée à l'achat d'un immeuble à Paris,
une somme de 3 millions demeurant inscrite au
budget de 1930. En même temps, les Délé-
gations financières seront saisies d'un projet
complet de réorganisation de 1 Office.
On peut donc prévoir qu'avant un an, 1 Of-
fice de l'Algérie aura déménagé, se sera ins-
tallé dans un cadre digne de lui, et chez lui.
Nous ne pouvons que nous en féliciter, et en
féliciter M. Gérard, son distingué directeur.
Les confitures algériennes
M. Gaston Ricci, député d'Alger, avait
appelé l'attention du Ministre des Finan-
ces sur un vœu de l'Assemblée des Prési-
dents des Chambres de Commerce d'Algé-
rie concernant la taxation des confitures
algériennes à leur importation en France.
Il a reçu la réponse suivante lie M. H.
Chéron ;
« Monsieur le Député »i
CI J'ai l'honneur de vous faire connaître
que les conditions d'application de la taxe
intérieure de sucre aux confitures impor-
tées ont été fixées par la loi du 2 mars
1928. La réforme sollicitée par les fabri-
cants algériens de confitures ne saurait
donc, le cas échéant, être réalisée que par
une disposition législative.
« Je n'ai pu, dans ces conditions que
saisir de cette question M. le Ministre du
Commerce et de l'Industrie. »
I
Les droits de dtuie en kdochme
Dans sa séance du 21 juin 1929, la Com-
mission permanente du Conseil de Gouver-
nement de l'Indochine a pris une délibéra-
tion modifiant celle du 23 novembre 1928
insérée au Journal Officiel du 3 avril der-
nier et tendant à modifier le tableau des
droits de douane inscrits au tarif spécial de
la colonie.
Conformément aux dispositions de la loi du
13 avril 1928, il doit être statué sur cette
délibération dans les trois mois par décret
rendu sur la proposition du ministre des Co-
lonies, après avis conforme du ministre du
Commerce et de l'Industrie, du ministre de
l'Agriculture et du ministre des Finances.
TAUX DE LA PIASTRE
A la date du U juin, le taux de la piastre
'à Saigon était de 11.35.
Le débat sur le Maroc
m
4
A
Le débat sur le Maroc commencé
vendredi à la Chambre, s'est ter-,
mini ce matin à deux heures. Il
a eu au point de vue oratoire la plus grande
ampleur. Les différents partis ont envoyé à
la Tribune leurs meilleurs orateurs et les
deux Ministres intéressés, MM. Briand et
Painlevé, sont intervenus dans le mime sens
pour préciser la politique du Gouvernement.
On peut dire que, comme toujours, tout
le monde veut la Paix et c'est même ce qu'il
y a d'inquiétant dans l'affaire.
Cette unanimité enfarinée ne me dit rien
qui vaille 1
On est allé même très loin hier. en pa-
roles pacifique. Pourvu qu'on n'aille pas
aussi loin. dans le Sud Marocain 1
A la vérité quand on entend (à la Tri-
bune) le colonel Calliès déclarer qu'il n'aime
pas le mot c pénétration. pacifique parce
que le mot de pénétration laisse supposer
la conquête et qu'il préfère le mot politique
d' « attraction m, on est presque tenté de
trouver que, de sa part, c'est vraiment trop
beaul
Les actes sont « mâles », les paroles
« femelles » disent les anciens.
Au Maroc, plus que partout ailleurs, les
actes et les paroles n'ont certes pas le même
sexe 1
Sous ces réserves qui vraiment dowjnt
impressionner tous les esprit loyaux on peut
dire que les interpellations sur le Maroc ont
permis de mettre en lumière certains points
obscurs.
D'abord le regret unanime de toute la
Chambre d'avoir vu tomber nos soldats sur
le territoire marocain ; la condamnation de
ces détestables af fairistes qui poussent, par
leurs campagnes de presse,no s colonnes en
avant, et qui, quand le sang est versé, n'hé-
sitent pas à rejeter la responsabilité de l'opé-
ration sur les officiers qui n'ont fait qu'une
chose : sacrifier leur vie pour exécuter les
ordres reçus.
Autre effet utile des interpellations : la
légende des premiers communiqués officiels
s'est évanouie ; la légende d'une colonne
« surprise. par un djich en alla IIi réParer
une ligne télégraphiquel
Vraiment une telle attitude était indigne
de la Presse et du Gouvernement.
La création des deux nouveaux postes au
sud de Ait-Yokoub et d'El Bord'j, dans une
région dissidente, a été voulue par le Gou-
vernement et la colonne du commandant
Emmanuel est sorti pour combattre une
a armée » marocaine commandée par un
chef dont le nom est bien connu au Maroc
et qui organise la dissidence qu'une mau-
vaise politique française peut rendre de plus
en plus dangereuse.
Des accusations graves auxquelles le Gou-
vernement n' a pas répondu ont été précisées
notamment par notre collègue Daladier.
Qu'on y prenne donc garde et M. Paul-
Boncour a, dans une magnifique interven-
tion, montré les dangers à éviter, c'est la
Guerre qu'on peut déclarer, une guerre peut-
être plus meurtrière, plus longue que celle
du Rif.
Les paroles de paix de M. Briand et de
M. Painlevé sont, nous en sommes certains,
des paroles sincères.
Qu'elles soient entendues partout.
On cite et on répète les aPhorismes pa-
cifiques du Maréchal Lyautey.
Tant au Maroc qu'en France nous sommes
convaincus que cela ne suffit pas : citer ses
paroles est. bien : continuer sa politique gé-
néreuse et prudente est encore mieux !
Jflclhel Oeisldoer/er
Député des Côtes-du-Mord.
Membrj de la Commission
de la Marine Marchanda.
.000.
Le Sultan en France
1 '1
Le sultan du Maroc est arrivé avant-hier
à 16 heures à Lyon, venant de Valence. Il
a été reçu par M. Valette, préfet du Rhône,
et est descendu dans un grand hôtel.
Moulay Youssef reste deux jours à Lyon,
ses journées sont consacrées à la visite des
usines de soie artificielle, de divers établis-
sements industriels et des principaux monu-
ments de la ville. Demain il part pour
Vichy. Hier, après avoir visité plusieurs
fabriques de soieries de la région lyon-
naise, le sultan s'est rendu à la Préfec-
ture accompagné par le grand vizir el Mo-
kri, Si Kaddour ben Gabrit, et M. Marc,
attaché à la Résidence.
S. M. Moulai Mohammed, sultan du Ma-
roc, a été, avant de partir pour Lyon, l'hôte
de la principauté de Monaco.
Après avoir visité les appartements prin-
ciers, sous la conduite de M. Piette, ministre
d'Etat et du chef d'escadron Bernard, com-
mandant du palais, le sultan s'est rendu au
Musée océanographique, où il admira les
superbes collections, l'aquarium et il a ex-
primé son admiration pour l'œuvre magnifi-
que du prince Albert Iw.
e.e
Choses marocaines
181
Dans la séance que la Section du Maroc
vient de tenir au siège de l'Union Coloniale,
il a été fait un exposé de?.plus récentes dé-
cisions d'ordre administratif intéressant le
Protectorat. Les nouveaux décrets, arrêtés
ou dahirs concernant le régime des blés
ont fait l'objet, en particulier, d'un compte
rendu détaillé.
Le président de la Chambre mixte de
Commerce et d'Agriculture d'Oudjda qui as..
sistait à la réunion, a tracé ensuite un ta-
bleau d'ensemble très complet de la situa-
tion économique du Maroc oriental.
Enfin la Section a été mise au courant des
incidents survenus le 8 juin aft Ait- Yacoub
et des mesures de sécurité prilel à la péri.
phérie de la sont insoumise.
Le tabac algérien menacé
A l'heure où, sous l'impulsion des délicates
questions soulevées par le contlit viticole
Algéro-Midi de la France, on exhorte de tou-
tes parts, par tous les moyens, les colons
algériens à développer des cultures comple-
mentaires de la vigne, telles que les agru-
mes, le coton et notamment le tabac, on ne
sait quelle inconséquente décision vient
d'être prise par la Régie française qui dimi-
nuerait de 4 millions de kilogs, puis de 6
millions, ses achats de tabac en Algérie.
La Commission de l'Algérie s'est fortement
émue d'une pareille manœuvre qui semble
vouloir rendre plus difficile la tâche de cette
Commission dans la conciliation des intérêts
vinicoles franco-algériens. Qui reprocherait
en effet aux planteurs de tabac de se trans-
former en viticulteurs dès le su de cette
nouvelle ? Et c'est là le résultat déjà ob-
tenu; toutes les tabacoops d'Algérie ont
donné le conseil légitime à leurs membres de
réduire leurs plantations. Nous laissons à
penser la suite. Et messieurs les vignerons
de France auront-ils encore le front de que-
reller leurs ex-compatriotes, quelquefois mê-
me enfants de « leur pays », d'une conduite
dictée par les manœuvres insensées d'une
administration qui perd de vue les réalités
nationales ?
MM. Homo, Astier et Serda ont accusé
avec force les inconvénients actuels de cette
politique à courte vue, soutenus énergique-
ment par tous les députés d'Algérie présents
à la réunion. Et la situation a été résumée
dans un texte précis que M. Ricci a bien
voulu se charger de rédiger, et dont les con-
clusions ont été adoptées à l'unanimité par
la Commission.
ci « Que la Section d'exploitation industrielle
des tabacs maintienne aux tabacoops d'Algé-
rie la commande annuelle de 12 millions de
kilogs de tabacs envisagée en 1921-1923 en
substituant des tabacs algériens aux tabacs
exotiques dont la qualité n'est pas indispen-
sable à ses fabrications.
« Qu'elle paie ces tabacs à un prix rému-
nérateur en tenant compte, dans la circons-
tance, de la protection légitime à accorder à
une production nationale.
« Qu'un accord de durée intervienne entre
la S. E. I. T. et les organismes pour l'essor
d'une des branches essentielles de l'activité
économique de l'Algérie.
,. « Que le gouvernement s'intéresse, dans
les accords commerciaux internationaux, aux
tabacs en feuilles d'Algérie et veille à ce que
les marchés coloniaux ne soient pas fermés
aux tabacs algériens. »
Pour ne citer qu'un chiffre, nous emprun-
tons à une très remarquable et concise étude
établissant cc une comparaison entre la vigne,
1 tes agrumes, le - tabac et le - coton en Algérie »
parue au récent Bulletin de l'Office de
l'Algérie, dont on peut déplorer l'anonymat
de rigueur, l'idée d'un rapprochement entre
le rappor t des chiffres d'affaires de ces
diverses cultures complémentaires et de la
vigne, qui est de 1/6,6, et le rapport des
superficies de ces mêmes cultures qui est de
1/5. Ces proportions étant de la sorte iné-
gales, il est évident, comme en a conclu avec
une vigoureuse logique l'auteur de l'article,
que la vigne est plus rémunératrice que les
autres cultures envisagées.
Si 1 cette infériorité naturelle on joint des
mesures désastreuses, où voulez-vous que le
planteur algérien puise les forces d'encoura-
gement à persévérer dans une lutte qui
n'avait d'autre effet que d'avantager les vi-
gnerons du Midi?
Nous espérons que les administrateurs
consciencieux prendront connaissance des si-
tuations économiques de leur pays ; et qu'ils
aillent aux documents de valeur comme celui
que nous citions plus haut, avant d'émettre
des décisions dont les bruits seuls suffisent à
déséquilibrer du jour au lendemain, dans les
circonstances les plus graves, la situation
déjà si tendue de fa production nationale.
Aotoisil £ Hssa-ltAals
Le pavage en caoutchouc
, 81
Nous avons déjà dit que la vulgarisation
de l'emploi du caoutchouc dans le domaine
du pavage des cités, pouvait amener une
solution élégante à la crise de dépréciation
que subissait ce produit du fait de la surpro-
uction et mettrait fin aux soucis de limita-
tion que certains pays voulaient en vain im-
poser aux planteurs.
De toute part, on se préoccupe d'informer
l'opinion du véritable intérêt qu auraient pro-
ducteurs et consommateurs à modifier les
données du problème dans le sens de cette
extension de la consommation, en compensa,
tion de la dévalorisation du produit.
C'est ainsi qu'à l'assemblée de la Telogo-
redjo United Rubber Plantations, les plan-
teurs ont été priés de s'entendre pour four-
nir un certain pourcentage de leur récolte au
prix coûtant, ou à un prix réduit, aux fabri-
cants désireux de faire du pavage en caout-
chouc une entreprise commerciale.
D'autre part, à l'assemblée annuelle de la
Société Rubber Roadways Ltd, qui met au
point le pavage en caoutchouc, sans l'exploi-
ter elle-même, Sir Stanley Bois a signalé une
proposition pratique intéressante: 1 entrepre-
neur de travaux placerait les pavés de caout-
chouc à meilleur marché que les pavés de
bois, mais les propriétaires des immeubles en
bordure ajouteraient une légère contribu-
tion. En outre, l'administration chargée de
l'entretien des rues verserait à l'entrepre-
neur une prime annuelle tant qu'elles se-
raient maintenues par lui en bon état.
Ce sont, en effet, des transactions ingé-
nieuses qui, dès maintenant, permettraient
d'affronter les prix actuels prohibitifs du
caoutchouc. Mais les planteurs devraient vi-
vement entrer dans la voie d'amélioration qui
leur est ouverte car tôt ou tard la surproduc-
tion les fera venir à composition dans des
conditions qu'ils n'auront peut-être pas alors
le temps d'examiner à loisir et il y aura des
ruines inévitables.
S, JE. - àt
AU MUSÉUM
»♦»
M. Auguste Chevalier, directeur du labo-
ratoire d'agronomie colonialé de l'école des
hautes études, est nommé professeur de la
chaire nouvellement créée des « productions
coloniales d'origine végétale ».
Dépêches de l'Indochine
On événement économique :
quatre nouveaux ponts
Le Gouverneur Général a inauguré le 21
et le 22 tuiu, quatre punis en betun armé
entre Juurune et Nitati-atig.
lu Le pont Vhocui sur te Hong-Tliu-Bon
d'une longueur de 408 mètres ;
::;u Un pont sur le Song-Cuy-Duu d'une
longueur de 2&5 mètres ;
J'r V,,, PUltt sur te Song~Uarang à Tuy-
lloa d une longueur de 1. 405 métrés ;
4° Un ponl sur le Hong-Lui à N hatrang,
d'une longueur de 291 metres.
Les trois derniers ponts ont été cons-
truits par des entrepreneurs annamites qui
les ont livrés avec des uvunces de trois se-
maines à trois mois sur les déluis fixés et
ont observé loyalement toutes les clauses
des cahiers des charges.
La construction de ces ponts a rencontré
de grosses difficultés qui provenaient des
inondations et des affouillements profonds ;
des crues emportèrent une partie des tra-
vaux effcctncs, Les Travaux Publics ont
dû détourner les courants et discipliner les
eaux.
Ces quatre ponts font disparuitre les
bacs longs et souveni dangereux surtout
sur le boltg-Dui-alig, fleuve qui roule en
crue 15.000 ma d'eau par seconde et qui,
parfois retenait pendant plusieurs jours les
vuyageurs. lis rendent la circulution facile
dans les provinces qui manquaient de dé-
bouchés et permettront d'éviter les diset-
tes.
La disparition de qualre bacs sur la
Section de la Houle Mandarine non doublée
par la voie ferrée, ruccourcit de plusieurs
heures la liaison Saigon-Hanoi et donne
aux voyageurs une sécurité indispensable.
Il reste encore deux bacs qui seront' sup-
primés en 1^30. Les ponts sont déjà com-
mcncés, facilitant ainsi les travaux de la
ligne ferrée Tott ru ite-IV liai ru ray.
Réception à Nhatrang
Le Gouverneur Général a offert à Nha.
Irany, un grand diner aux personnalités
officielles, aux autorités provinciales, aux
ingénieurs, aux entrepreneurs et à la
presse. Il a décerné des décorations et a
prononcé un discours où il a félicité le ser-
vice des Travaux Publics et les entrepre.
ucurs almamiles, il a insisté sur l'impor-
tance matérielle et politique qu'offre la su.p-
pression des bues sur la Houle Mandarine.
Le Gouverneur Général est arrivé à Saigon
dimanche matin.
Hommage à Rajpndranath Tagore
Au cours d'une réunion (lui eut lieu au
Thédtrc. Municipal de Saigon, en l'honneur
de Hobindranath Tagore, en présence d'une
nombreuse assistance française, annamite
et indienne, Hiu-Quang-Chieu, ancien vice-
président du Conseil Colonial, a salué le
poêle n qui souhaite la pleine coordination
des civilisations d'Orient et d'Occident,
pour qu'elles donnent au monde leur pleine
valeur génératrice de beauté et de bonté. »
Lecture fut ensuite donnée d'un message
de Tagore. Happelant que le cœur de LI ntle
avait autrefois battu sous le ciel ensoleillé
des rives de la Cochinchine, le poète (iflpor-
ta le salut de cette Inde radieuse qui prodi-
gua, sa lumière sur cette terre, et il y toi-
gnit L'assurance de la sympathie et de la
fraternité de l'Inde actuelle.
Habindranath Tagore fut reçu nar le
Gouverneur Général Pasquier, qui offrit en
son honneur un thé, auquel assistaient '('s
membres du comité franco-indou-annamile,
formé en vue de la réception du prête.
Celui-ci a quitté Sllïgolt lundi matin sur
l' « Angers ».
Au port de Saïgon
f.c croiseur-cuirassé « Waldeck-Hous-
seau n portant pavillon de l'amiral Mouget
commandant les forces navales en Ex-
trême-Orient est arrivé à Saigon samedi.
Le3 nouveaux pourparlers avec la Chine
Le secrétaire d'ambassade Garreau, chef
du service des 'Affaires extérieures du Gou-
vernement général s'est embarqué à Ha!-
phonij samedi 22 à destination de Shanghai
et de Nankin oit il assistera de nouveau
aux côtés du ministre de France M. de Mar-
tel aux pourparlers franco-chinois, rela-
tifs à l'accord commercial arcu l'Indochine;
pourparlers qui reprendront vraisemblable-
ment dans les derniers jours de ce mois
à Nanldn, Il est accompagné par l'inspec-
teur des douanes d'Indochine, M. Alata
en qualité d'expert des questions (loua.
nières.
M. Maurice Larrouy a quitté Hanoï
Le capitaine de fi-éqiite, romancier Mau-
rice Larrouy, a quitté Ilanoï le 20 courant
pour Hong-Kong, Canton, Formose et Shan-
(JaT, continuant son voyage autour du
monde.
Le Conseil Economique du Tonkin
Le collège français est convoqué le 7
juillet prochain, pour élire les vingt mem*
bres dit Conseil des intérêts français écono-
miques et finallciers du Tonkin, institué
par décret du 1 novembre 1028, Ha-
noï élira huit délégués, Haïphong. cinq. Ifis
sept provinces Quang-Ycn, Yen-Ray, Vinh-
Yen, Phu-Lanq-Thùong, Ha-Dony, Hai-
Duong, Nam-Dinh, éliront chacune un
délégué.
Décès
M. M'illis Hcndel, un des membres de la
mission catholique zonlogique dtt Field
Muséum, groupe Coolidge, qui prospecta la
région au Nord du Lans est décédé à Vien-
llàne, oit il venait d'arriver malade.
Tndopncifl.
-000-
L'Allemagne et les pays soas mandat
»♦»
Au cours des discours qu'il vient de pro-
noncer au Reichstag, sur la politique exté-
rieure de l'Allemagne, M. Stresemann parla
des intentions anglaises au regard du man-
dat sur l'Est africain, mais il considéra qu'il
faut attendre que le nouveau gouvernement
anglais ait fixe ses intentions à l'égard de
certains problèmes politiques.
L'Exposition de Vincennes
»♦ «
Le pavillon de l'Indochine
Le maréchal Lyautey. commissaire général
de l'Exposition Coloniale internationale de
Vincennes de 1931, se rend aujourd'hui au
Commissariat de l'Indochine où M. Piene
Guesde, commissaire général pour l'Union In-
dochinoise, lui présentera la maquette du pa-
villon de l'Indochine qui dépasse en splendeur
tout ce qui a été fait jusqu'à ce jour dans les
mani festations simi laires.
De là, le maréchal Lyautey se rend à Vin-
cennes pour examiner l'état des travaux de
l'Exposition.
Le commerce intercolonial
de la Guinée Française
et de la Côte-d'Ivoire en 1928
Les chiffres du mouvement commercial des
colonies françaises de la Côte occidentale
d'Afrique sont déterminés, chaque année,
d'après les statistiques locales établies par
le service des douanes.
Le courant d'échanges qui s'établit entre
les différentes colonies du groupe n'est pas
repris à ces statistiques qui n'enregistrent
que les relations de 1 A.O.F. avec l'extérieur.
Ce trafic est cependant loin d'être négli-
geable, mais faute d'éléments de contrôle, il
est impossible d'en mesurer l'exacte impor-
tance.
Toutefois, en Guinée française et en Côtf.
d'Ivoire, si les échanges par voie de terre
ne peuvent encore être évalués par l'admi-
nistration, le service des douanes tient de,
statistiques spéciale') qui permettent de se
rendre compte de la nature des expéditions
faites par la voie maritime entre ces colonies,
d'une part, et les autres possessions du
groupe, d'autre part.
Le tableau suivant donne la comparaison
des exportations intercoloniales de la Guinée
française pendant les années 1928 et 1927 :
1028
Quantités Valeuts
Kilos Francs
Indigo 049-i()3 1.526.425
Col as. h»o.()82 875.610
Huile de palme 196.208 453.902
Bananes ÎJ3-3^4 333-384
Piments 46.004 184.01O
Mil 127.817 129.275
Tabacs 27.390 I01.70f)
Ananas et autres
fruits frais 215.507 102.655
1927
Quantités Valeurs
Kilos Francs
Indigo 37o.4()o 756.901
Colas .,. 2 5 5 IO/j 2 0 1 8 5611
Bananes 242.077 252.077
Piments 93.927 233.318
Mil 54-245 4S.020
Tabacs 11-497 56.305
Ananas {.t. fruits frais >53.070 99.576
La plupart de ces produits ont été consom-
més par le Sénégal.
Parmi les exportations de la Côte d' Ivoire,
sur les autres colonies du groupe, il faut
citer 2.385 tonnes de noix de colas (contre
2.450 t. en 1927); 103 tonnes d'huile de pal-
me (contre 91 t.); 56 tonnes de café (contre
20 t.): Il tonnes de piments (contre 18 t.);
208 stères d'acajou (contre 30 st.) et 122 ute-
res de bois communs (contre 222 st.).
A L'ACADBMIE DES SCIENCES
en
Par le canal de Suez
Le professeur Mangin, directeur du Mu-
séum National d'histoire naturelle, a pré-
senté à l'Académie des Sciences une note
de M. le professeur Gruvel, sur l'influence
du percement dit canal de Sues sur la Faune
marine des côtes de Syrie.
L'auteur a montré qu'un certain nombre
d'espèces marines, ayant traversé le canal,
se sont portées plus spécialement vers l'Est,
à cause, d'une part, du courant longeant les
côtes d'Egypte, de Palestine et de Syiie, de
l'Ouest à l'Est et au Nord et, d'autre part,
de la température moyenne plus élevée que
ces animaux d'eau chaude, trouvent sur
ces côtes.
M. Gruvel signale la disparition totale,
dans cette région, de la langouste et du ho-
mard, remplacés par un grand crustacc voi-
sin, la cigale de mer, et par un certain nom-
bre de crevettes, parfois énormes, puis-
qu'ell es peuvent atteindre jusqu'à 20 centi-
mètres de long et qui proviennent de la mer
Rouge et de l'Océan Indien. L'auteur si-
gnale également un crabe de la faune inelo-
pacifique, qui a mis 30 ans à traverser le
canal : c'est une forme qu'un rencontre au-
jourd'hui en abondance sur toute la partie
sud des côtes (le jusqu'à t'entrée du
golfe d'Alexandrette.
Faune Coloniale
M. Manama présenté, en outie, les ttoi*
derniers fascicules de la Il Faune des colo-
nics t rançabes Il,
L'un de ces fascicules est un important
travail de M. le professeur Bouvier, mem-
bre de l'Institut, sur les Saturnioïdes de
l'Afrique tropicale française. Ces lépidoptè-
res sont particulièrement remarquables par
leurs couleurs et certaines espèces produisent
de la soie utilisable. Le mémoire est ac-
compagné de 6 planches hors textes, dont 3
en couleurs.
Les écrevisses de Madagascar
Le deuxième fascicule présenté est dû S.
M. (i. Petit, assistant au Muséum : Fauteur
traite des écrevisses de Madagascar, dont
quclques-unes sont de fort bolle taille.
Le troisième fascicule comprend quelques
mémoires sur une partie des collections
rapportées du Cameroun par un autre assis-
tant au Muséum, M. Th. Monod.
Inspection générale des colonies
8-0 t
\1. Bougourd (Louis), inspecteur général <10
2" olasse des colonies, du cadre do réserve, est
admis ft faire valoir ses droits A une pension
de retraite pcur'caut'e d'infirmités contractées
par Je fait du qervice, à compter du 30 décem-
bre 1924.
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