Titre : La Renaissance littéraire et artistique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : on s'abonne chez Lachaud, éditeur (Paris)
Éditeur : à l'Agence généraleà l'Agence générale (Paris)
Éditeur : [Librairie de l'eau-forte][Librairie de l'eau-forte] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-11-02
Contributeur : Aicard, Jean (1848-1921). Directeur de publication
Contributeur : Blémont, Émile (1839-1927). Directeur de publication
Contributeur : Lesclide, Richard (1825-1892). Directeur de publication
Contributeur : Rouquette, Jules (1828-1888). Directeur de publication
Contributeur : Hardy-Polday (1850-1921). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430961x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 698 Nombre total de vues : 698
Description : 02 novembre 1872 02 novembre 1872
Description : 1872/11/02 (A1,N28). 1872/11/02 (A1,N28).
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62688225
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-2277-2278
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/08/2012
222 LA RENAISSANCE.
LE CHANT DES TORTCESi
A EDMOND ET JULES DE GONCOURT.
Oh! cette nuit.sans lune r - oh ! cette nuit d'été!
, Tenace souvenir : - Nos lèvres s'étaient tues.
Nous entendions, rêveurs, berçant l'immensité,
Le ressac de la mer et le chant des tortues.
Écarlates et verts, à l'horizon, parmi
Les étoiles d'argent, perçaient les feux de hjjne
Des vaisseaux balancés dans le port endormi.
La Ville sommeillait sur sa colline brune.
Sous nos pieds s'imbibait - c'était l'instant du flot,
Le sable que l'écume au hasard passemente.
Chaque touffe d'ajoncs semblait un noir îlot :
Oh ! dans cet archipel que la nuit fut charmante !
Les bois nous imprégnaient de leurs parfums confus.
Et nous gesticulions dans les ténèbres mates,
A l'endroit où j'étais, à la place où tu fus,
Graves et fous, et tels deux tendres automates.
Nous nous aimions beaucoup : voilà tout le roman ;
Mais notre cœur était plein de mélancolie,
Car, le lendemain, seul, et comme un talisman
Emportant un aveu, j'allais en Australie.
Donc on vous échangeait en attestant les cieux,
Serments éparpillés ainsi que les akènes »
De la fleur du chardon au vent silencieux,
Sur les grèves sans fin des mers américaines !
Nous nous dîmes adieu, sans force, fréquemment!
L'angoisse écartelait nos âmes abattues,
Tandis que s'élevaientsous le noir firmament
La clameur des flots lourds et les cris des tortues.
Souvenir ! Souvenir poignant qui me réponds.
Si j'appelle l'oubli, tu m'obsèdes encore!
- Quand elle me quitta je vis ses clairs jupons
Sillonner l'ombre opaque ainsi qu'un météore.
Ces jupons, nettement et toujours je les vois,
Clairs dans l'obscurité si profonde des grèves!
Nettement et toujours leurs plis raides d'empois
Font un bruit de huniers qu'on largue, dans mes rêves !
Je songe à ce passé, pris de sombres humeurs
Quand le vent d'est envoie à bord ses âpres souffles,
Voyageur sans espoir qu'emportent les steamers,
Couché sur les divans capitonnés des roufles.
A l'heure où les chats bruns, quittant les entre-ponts,
Viennent humer l'odeur des houles étrangères,
Lorsque sur la dunette éclatent les jupons,
Clairs dans l'obscurité, des sveltes passagères ;
Quand les grands focs largués bruissent dans la nuit,
Je vois un couple errer, chose amère et banalei
Sous un lourd ciel d'ébène où la Croix-du-Sud luit,
Imprégné de senteurs qu'une forêt exhale.
Oui, je vois deux amants sous les cieux constellés
Écouter tout à coup, pareils à deux statues,
Le murmure que font sur les sables salés
La marée arrivant du large, et les tortues.
A l'endroit où tu fus, à la place où j'étais,
Sur cette chère plage au bord de l'Atlantique,
Ainsi nous nous taisions alors que je partais
Avec ton seul amour, hélas! pour viatique.
Et j'aperçois toujours, au ras de l'eau, parmi
Les étoiles d'argent, les perçants feux de hune
Des navires mouillés dans le port endormi.
Oh! cette nuit d'été, si charmante, et sans lune!
ERNEST D'HERYILLY.
MUSIQUE
-
L'INCIDENT W AGNEn AUX CONCERTS POPULAIRES.
On connaît les faits. L'orchestre des concerts populaires
ayant refusé d'exécuter l'ouverture de Rienzi, M. Pasdeloup
l'avait remplacée parcelle el' Oberon. Réclamations d'une partie
du public, protestations de la majorité; allocution du chef
d'orchestre populaire à son auditoire et clôture de l'incident.
Tout cela n'est pas bien grave, mais il n'en faut pas davan-
tage pour que la question Wagner renaisse de ses cendres, plus
oiseuse et plus irritante que jamais.
Richard Wagner n'aime pas la France; il a pour cela plus
d'une raison. Jeune et plein d'illusions, il vint à Paris et y
trouva la misère ; il y revint plus tard pour y rencontrer la
haine. Mais quelle haine? celle de la coterie allemande qui le
persécutait depuis longtemps de l'autre côte du Rhin. C'était
elle qui faisait les frais de la guerre dont un Prussien était le
général en chef. Pendant dix ans cette guerre n'a pas cessé,
furieuse, implacable, et cela n'a pas empêché Richard Wagner
de devenir le héros des concerts populaires, en dépit de
quelques orages (excitants suprêmes du succès) dont la tension
électrique ajoutait encore aux jouissances des fervents de la
musique de l'avenir, plus "nombreux de jour en jour. Enfin,
la Société des concerts du Conservatoire, cédant au courant de
l'opinion, ouvrit son sanctuaire à l'infidèle; on l'y accueillit à
bras ouverts. Le Théâtre-Lyrique monta Rienzi, qui réussit.
Pendant ce temps-là, qui sopgeait aux compositeurs français?
Les concerts populaires n'y songeaient guère, la Société des
concerts n'y songeait pas, et les théâtres cherchaient, par tous
les moyens possibles, à les décourager. M. Wagner est donc
bien mal fondé à dire, comme il l'a fait dernièrement, que les
Français sont incapables de comprendre d'autre musique que
la leur, Nulle part M. Wagner n'a de plus grands admirateurs
qu'à Paris, où bien des gens, sans connaître de lui autre
chose que deux ou trois morceaux détachés, sans connaître la
langue allemande, en un mot sans connaître ses œuvres, ont
pressenti son génie par une sorte d'intuition. C'est plus que
de l'enthousiasme, c'est de la foi. Ce n'est pas assez, paraît-il,
pour. cet homme insatiable. Laissons-le donc en paix, et
puisque le public commence à témoigner à la jeune école
française un intérêt marqué, ne contrarions pas ces 'bonnes
dispositions.
Ce serait peut-être le cas de demander pourquoi les cri-
tiques qui font profession de haïr Richard Wagner en parlent
sans cesse, à tout propos et hors de propos. Un musicien fait-
il de la musique sérieuse, c'est du Wagner; si un autre fait
de la musiquette, à la bonne heure, ce n'est pas du Wagner!
si une locomotive siffle, encore du Wagner. C'est bête et aga-
çant. De grâce, messieurs, un peu moins d'acharnement, ou
l'on finira par croire que cette animosité persistante n'est
qu'une réclame déguisée! PIIÉMIUS.
LE CHANT DES TORTCESi
A EDMOND ET JULES DE GONCOURT.
Oh! cette nuit.sans lune r - oh ! cette nuit d'été!
, Tenace souvenir : - Nos lèvres s'étaient tues.
Nous entendions, rêveurs, berçant l'immensité,
Le ressac de la mer et le chant des tortues.
Écarlates et verts, à l'horizon, parmi
Les étoiles d'argent, perçaient les feux de hjjne
Des vaisseaux balancés dans le port endormi.
La Ville sommeillait sur sa colline brune.
Sous nos pieds s'imbibait - c'était l'instant du flot,
Le sable que l'écume au hasard passemente.
Chaque touffe d'ajoncs semblait un noir îlot :
Oh ! dans cet archipel que la nuit fut charmante !
Les bois nous imprégnaient de leurs parfums confus.
Et nous gesticulions dans les ténèbres mates,
A l'endroit où j'étais, à la place où tu fus,
Graves et fous, et tels deux tendres automates.
Nous nous aimions beaucoup : voilà tout le roman ;
Mais notre cœur était plein de mélancolie,
Car, le lendemain, seul, et comme un talisman
Emportant un aveu, j'allais en Australie.
Donc on vous échangeait en attestant les cieux,
Serments éparpillés ainsi que les akènes »
De la fleur du chardon au vent silencieux,
Sur les grèves sans fin des mers américaines !
Nous nous dîmes adieu, sans force, fréquemment!
L'angoisse écartelait nos âmes abattues,
Tandis que s'élevaientsous le noir firmament
La clameur des flots lourds et les cris des tortues.
Souvenir ! Souvenir poignant qui me réponds.
Si j'appelle l'oubli, tu m'obsèdes encore!
- Quand elle me quitta je vis ses clairs jupons
Sillonner l'ombre opaque ainsi qu'un météore.
Ces jupons, nettement et toujours je les vois,
Clairs dans l'obscurité si profonde des grèves!
Nettement et toujours leurs plis raides d'empois
Font un bruit de huniers qu'on largue, dans mes rêves !
Je songe à ce passé, pris de sombres humeurs
Quand le vent d'est envoie à bord ses âpres souffles,
Voyageur sans espoir qu'emportent les steamers,
Couché sur les divans capitonnés des roufles.
A l'heure où les chats bruns, quittant les entre-ponts,
Viennent humer l'odeur des houles étrangères,
Lorsque sur la dunette éclatent les jupons,
Clairs dans l'obscurité, des sveltes passagères ;
Quand les grands focs largués bruissent dans la nuit,
Je vois un couple errer, chose amère et banalei
Sous un lourd ciel d'ébène où la Croix-du-Sud luit,
Imprégné de senteurs qu'une forêt exhale.
Oui, je vois deux amants sous les cieux constellés
Écouter tout à coup, pareils à deux statues,
Le murmure que font sur les sables salés
La marée arrivant du large, et les tortues.
A l'endroit où tu fus, à la place où j'étais,
Sur cette chère plage au bord de l'Atlantique,
Ainsi nous nous taisions alors que je partais
Avec ton seul amour, hélas! pour viatique.
Et j'aperçois toujours, au ras de l'eau, parmi
Les étoiles d'argent, les perçants feux de hune
Des navires mouillés dans le port endormi.
Oh! cette nuit d'été, si charmante, et sans lune!
ERNEST D'HERYILLY.
MUSIQUE
-
L'INCIDENT W AGNEn AUX CONCERTS POPULAIRES.
On connaît les faits. L'orchestre des concerts populaires
ayant refusé d'exécuter l'ouverture de Rienzi, M. Pasdeloup
l'avait remplacée parcelle el' Oberon. Réclamations d'une partie
du public, protestations de la majorité; allocution du chef
d'orchestre populaire à son auditoire et clôture de l'incident.
Tout cela n'est pas bien grave, mais il n'en faut pas davan-
tage pour que la question Wagner renaisse de ses cendres, plus
oiseuse et plus irritante que jamais.
Richard Wagner n'aime pas la France; il a pour cela plus
d'une raison. Jeune et plein d'illusions, il vint à Paris et y
trouva la misère ; il y revint plus tard pour y rencontrer la
haine. Mais quelle haine? celle de la coterie allemande qui le
persécutait depuis longtemps de l'autre côte du Rhin. C'était
elle qui faisait les frais de la guerre dont un Prussien était le
général en chef. Pendant dix ans cette guerre n'a pas cessé,
furieuse, implacable, et cela n'a pas empêché Richard Wagner
de devenir le héros des concerts populaires, en dépit de
quelques orages (excitants suprêmes du succès) dont la tension
électrique ajoutait encore aux jouissances des fervents de la
musique de l'avenir, plus "nombreux de jour en jour. Enfin,
la Société des concerts du Conservatoire, cédant au courant de
l'opinion, ouvrit son sanctuaire à l'infidèle; on l'y accueillit à
bras ouverts. Le Théâtre-Lyrique monta Rienzi, qui réussit.
Pendant ce temps-là, qui sopgeait aux compositeurs français?
Les concerts populaires n'y songeaient guère, la Société des
concerts n'y songeait pas, et les théâtres cherchaient, par tous
les moyens possibles, à les décourager. M. Wagner est donc
bien mal fondé à dire, comme il l'a fait dernièrement, que les
Français sont incapables de comprendre d'autre musique que
la leur, Nulle part M. Wagner n'a de plus grands admirateurs
qu'à Paris, où bien des gens, sans connaître de lui autre
chose que deux ou trois morceaux détachés, sans connaître la
langue allemande, en un mot sans connaître ses œuvres, ont
pressenti son génie par une sorte d'intuition. C'est plus que
de l'enthousiasme, c'est de la foi. Ce n'est pas assez, paraît-il,
pour. cet homme insatiable. Laissons-le donc en paix, et
puisque le public commence à témoigner à la jeune école
française un intérêt marqué, ne contrarions pas ces 'bonnes
dispositions.
Ce serait peut-être le cas de demander pourquoi les cri-
tiques qui font profession de haïr Richard Wagner en parlent
sans cesse, à tout propos et hors de propos. Un musicien fait-
il de la musique sérieuse, c'est du Wagner; si un autre fait
de la musiquette, à la bonne heure, ce n'est pas du Wagner!
si une locomotive siffle, encore du Wagner. C'est bête et aga-
çant. De grâce, messieurs, un peu moins d'acharnement, ou
l'on finira par croire que cette animosité persistante n'est
qu'une réclame déguisée! PIIÉMIUS.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 100.0%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 100.0%.
- Collections numériques similaires Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1"The Romanic review : a quarterly journal devoted to research, the publications of texts and documents, critical discussions, notes, news and comment, in the field of the romance languages and literatures / edited by Henry Alfred Todd and Raymond Weeks /ark:/12148/bpt6k119586.highres Bibliothèque de l'École des Chartes /ark:/12148/bpt6k12501c.highres
- Auteurs similaires Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1"The Romanic review : a quarterly journal devoted to research, the publications of texts and documents, critical discussions, notes, news and comment, in the field of the romance languages and literatures / edited by Henry Alfred Todd and Raymond Weeks /ark:/12148/bpt6k119586.highres Bibliothèque de l'École des Chartes /ark:/12148/bpt6k12501c.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 6/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k62688225/f6.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k62688225/f6.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k62688225/f6.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k62688225/f6.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k62688225
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k62688225
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k62688225/f6.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest