Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1936-08-12
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 août 1936 12 août 1936
Description : 1936/08/12 (A27,N62). 1936/08/12 (A27,N62).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265419c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
27° ANNEE.—? 62.
MERCREDI (13 h. 30) 12 AOUT 1936
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
Riiectttn S- Administratif :
1« Km ii k Boum
PARIS (20
TÉL. : RICHELIEU 73-OS
(2 lipet ¡re8pEet)
Les Annales Coloniales
fondateur I Marcel RUEDEL
Directeur. Raoul MONMARSON
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Etranger.. 240» 125 p 71 »
L< Numéro : 30 centimes
On s'abwme sans frais dans
tous les bureaux da peato.
, La main-d'œuvre indigène
et la conférence internationale du travail
Quelle est, dans une colonie, la prin-
cipale richesse ?
Sont-ce les produits du sol ? Est-ce le
sol lui-même ? Nullement : la principa-
le richesse, c'est l'homme ; il en résul-
te que le seul développement économi-
que qui puisse être envisagé, le seul que
l'on ait le droit de considérer comme
durable, est celui qui n'expose la race
à aucun risque d'épuisement, à aucun
péril de désagrégation sociale.
Telles sont les idées qui ont amené
la Conférence internationale du travail
à voter une convention ayant pour objet
« la réglementation de certains systè-
mes particuliers de recrutement des tra-
vailleurs » ; telles sont les idées dont
s'inspirait récemment, pour commenter
cette convention, une commission de
juristes et de missionnaires, instituée
par l'Union Catholique d'Etudes Inter-
nationales qui a son siège à Fribourg, en
suisse.
En vertu de ces documents, les plans
d'expansion économique ne doivent,
sous aucun prétexte, troubler l'équili-
libre social des populations indigènes
par des appels indiscrets à la main-
d'œuvre ; et l'on doit scrupuleusement
prévoir les répercussions que pourrait
avoir, sur la vie sociale d'une collectivi-
té, le départ simultané d'un trop grand
nombre d'hommes.
Evidemment, on a besoin de bras
pour l'exploitation des mines, pour la
construction des ports et des routes,
pour les travaux industriels ou agrico-
les ; et les bras ne s'offrent pas toujours
d'eux-mêmes. Il importe dès lors de re-
cruter les indigènes, de les décider à
quitter leurs villages pour offrir aux
employeurs leur force de travail.
Rien de plus naturel, rien de plusJé-
aitime. si l'en envisage, tout eri même
temps, la viè normale clé "13 coJlèctivTTë 1
sur laquelle on prélève cette main-
d'ce.uvre, et si l'on veille soigneusement
a ce que le bien commun de 'cette. col-
lectivité ne soit pas lésé par un tel pré-
lèvement: « L'appel à la main-d'œuvre,
lisons-nous dans le rapport de la com-
mission fribourgeoise, peut entraîner un
déséquilibre pour une population, s'il la
laisse dépourvue des hommes qui sont
nécessaires pour l'exercice régulier des
fonctions traditionnelles d'autorité so-
ciale ou familiale, pour l'entretien des
cultures vivrières et pour la défense du
groupement contre les fléaux qui le me-
nacent : inondations, incendies, atta-
ques des fauves et des pillards. »
Un autre péril se laisse entrevoir si
fa diminution excessive du nombre des
hommes a pour conséquence un abais-
sement anormal du chiffre des naissan-
ces, et si, dans le territoire auquel on
enlève les bras des travailleurs, la pro-
duction des denrées alimentaires de-
vient insuffisante. « Dans tous nos vil-
lages de missions secondaires, expliquait
l'an dernier un collaborateur des Etu-
des missionnaires, nous voyons très peu
de jeunes gens, mais seulement des
femmes et des enfants, quelques hom-
mes mariés, notables pour la plupart,
qui viennent finir leurs jours dans leurs
pays d'origine. » Et ce missionnaire de-
mandait avec quelque anxiété : « Com-
ment établir des foyers chrétiens dans
nos campagnes, que nos jeunes gens |
délaissent ? Ils s'éloignent, ces jeunes
gens, parce qu'ils sont recrutés pour de
lointains travaux. Et lorsque cet appel
s'adresse à des pères de famille, la dé-
sorganisation des foyers indigènes est à
redouter : aussi la convention interna-
tionale suggère-t-elle que la famille du
travailleur devra, autant que possible,
accompagner son chef là où le fixera
son travail et « jouir de la protection
administrative et officielle la plus dili-
gente ».
Mais ce voyage lui-même, comment
s'accomplira-t-il ? La Commission de
juristes et de missionnaires réclamait
un examen médical des travailleurs, elle
souhaitait qu'en cours de route des
étapes fussent organisées, qu'on s'occu-
pât avec quelque vigilance des condi-
tions d'alimentation de ces indigènes
émigrants, qu'on exerçât quelque con-
trôle sur leur acclimatement progres-
sif. « Ces mesures, lisons-nous dans le
rapport, sont d'autant plus comman-
dées par la nécessité, qu'il s'agit de
conduire les indigènes recrutés vers un
travail auquel ils ne sont pas accoutu-
més, de leur faire accomplir un dépla-
cement souvent important, et de les
réunir dans des conditions d'habitat
qui ne sont pas celles de leur village
d'origine. » Les prescriptions qu'édicté
à ce sujet la convention internationale
tiennent compte d'une telle nécessité.
Les rapporteurs de la commission, les
auteurs de la convention, sont les uns
et les autres convaincus que le recrute-
ment de la main-d œuvre indigène doit
être opéré par des agents responsables.
De par les décisions de la Conférence
internationale du travail, ces agents de-
vront désormais être munis d'une licen-
ce dont la duree de validité sera limi-
tëfe et qui aêrà, seior les cas, renouve-
TabTe ou"rgvaeabfè:""HTut mgrrre'qaes-^
tion, dans les conclusions de la com-
mission fribourgeoise, d'imposer aux
agents de recrutement le versement
d'un cautionnement, en vue de garan-
tir leur fidélité à leurs obligations. -
Un esprit vraiment humain préside à
ces réformes. La Conférence internatio-
nale du travail se refuse à considérer la
main-d'œuvre indigène comme une res-
source dont la puissance coloniale pour-
rait arbitrairement disposer, sans autre
souci que celui des grands travaux qu'il
s'agit de mener à bonne fin. L'Etat co-
lonisateur prend conscience, de plus en
plus nettement, de son devoir de pro-
tection à l'égard des collectivités indi-
gènes, de l'obligation qu'il a de veiller
sur le développement de ces collectivi-
tés. Porter atteinte à leur vitalité, ris-
quer de les désagréger, de les dépeu-
pler, de les démolir, pour avoir des bras,
serait offenser la véritable notion de
civilisation. Rien de mieux que de faire
des indigènes les collaborateurs de la
production économique et les bénéfi-
ciaires du relèvement social que peut en-
traîner le progrès de cette production :
mais, en revanche, rien de plus désas-
treux, que de subordonner aux exigen-
ces d'un tel progrès les conditions pri-
mordiales et traditionnelles de la vie so-
ciale, et spécialement la prospérité et
l'intégrité de la famille indigène.
Georges Goyau,
de l'Académie Française.
Au Conseil des Ministres
C'est au Conseil des ministres qui s'est tenu
iamedi que les décrets nommant MM. Brévié
et de Coppet, respectivement, Gouverneurs
généraux de l'Indochine et de l'A-O.F., ont
été présentés au président de la République.
A cette même séance, le ministre des Colo-
nies a été autorisé à déposer un projet de loi
accordant un contingent spécial dans 1 ordre de
la Légion d'honneur à l' occasion du troisième
centenaire du rattachement des Antilles et de
la Guyane à la France.
AUDIENCES
A L'ELYSEE
M. Albert Lebrun, Président de la Républi-
que, a reçu vendredi M. Marius Moutet, mi-
nistre des Colonies. et mardi M. Pierre Guesde,
ancien Résident supérieur en Indochine.
AU MINISTERE DE LA MARINE
M. Gasnier-Duparc, ministre de la Marine,
a reçu le contre-amiral Rivet, qui vient de
quitter le commandement de la division fran-
çaise du Levant et qui a exposé au ministre les
observations recueillies. au cours de deux ans 1
de navigation, sur les côtes de la Méditerranée
orientale, de la mer Rouge et du golfe Persi-
flé
Chez les Gouverneurs
Par décret du 9 août, M. Léon Geismar, ad-
ministrateur en chef a été nommé gouverneur de
3e classe en remplacement de M. de Coppet,
appelé à d'autres fonctions.
Cette nomination aura effet à compter du
13 septembre.
—————————— >--e+. ( ——————————
INTÉRIM
AU NIGER
Par décret du 4 août, M. Auguste Calvel,
administrateur en chef a été chargé des fonc-
tions intérimaires' de lieutenant gouverneur de
la colonie du Niger.
————————— ) -.- ( —————————
La politique au Liban
On annonce la création d'un nouveau parti
arabe cc Front national n, soutenu par le gou-
vernement.
Le programme préconise Vindépendance du
Liban intérieur et des frontières existantes,
l'aniitié avec la France et l'adhésion à la
S. D. N.
——————————————
Au conseil privé de la Réunion
Le mandat de M. Anatole Hugo, conseiller
privé titulaire, est prorogé pour une période
de trois ans à dater du 7 janvier 1936.
Matières premières
et travail aux colonies
Il
E reviens au problème des
matières premières, tel
qu'il est exposé dans le
rapport de M. le Direc-
teur général du Bureau
International du Travail,
M. Harold Butler.
« Une étude objective,
approfondie. obligerait
d'aborder des questions
politiques d'une grande ampleur : l'une d'elle, et
non la moindre, concernerait la situation à faire
à l'indigène dans les projets de développement de
la production coloniale ».
Qu'est-ce à dire ?
M. Harold Butler pense qu'un des attraits les
plus puissants des colonies vient de la persuasion
qu'elles offrent des possibilités de main-d'œuvre
très abondante et à un prix défiant toute concur-
rence. Cela est inexact pour la plupart des ter-
ritoires indigènes, cela est faux pour les territoires
d'Afrique. Les possibilités de main-d'œuvre sont
beaucoup plus restreintes qu'on ne le croit en gé-
néral. La meilleure preuve, c'est que, pour se
procurer les services d'indigènes dont on avait
absolument besoin, il a fallu plus d'une fois les
arracher à la terre qui leur fournissait leurs
moyens d'existence, ou qu'on a eu recours au tra.
vail forcé en employant la contrainte. -
« Le problème des matières premières colo-
niales se double donc, dans la majorité des cas,
d'un problème de l'indigène. » Le Rapport ren-
voie le lecteur à la recommandation que la Confé-
rence Internationale du Travail a adoptée en
1930 (recommandation numéro 35).
Le principe est le suivant :
« Les disponibilités » en main d'oeuvre, les
aptitudes au travail de la population et les effets
néfastes qu'une modification trop brusque dans
les habitudes d'existence et de travail de cette
population peut avoir sur son état social, sont
des facteurs dont toute administration devrait te-
nir compte pour résoudre les problèmes qui se
posent en relation avec le développement écono-
mique des territoires peu évolués. »
Me sera-t-il permis de rappeler que l'Union
Interparlementaire avait fait de ces questions de
longues et sérieuses études ? En particulier, lors
de la Conférence de Berne de 1924, les discus-
sions avaient eu pour terme provisoire un texte
dans lequel il était dit : « Le travail forcé n'est
admissible que lorsqu'il est la suite d'un juge-
ment prononcé en vertu de la loi par le tribunal
compétent. » D'autres débats devaient avoir lieu
pendant les années qui ont suivi. En 1933, à la
Conférence de Madrid, où j'avais l'honneur d'être
le chef de la mission française, nous avons fait
adopter un texte qui allait plus loin :
« - Considérant que le moment est venu d'inter-
diré immédiatement dans les colonies le travail
farté •an-pmflt «f'wt-partlctriter-w»
prisé privée '*
Considérant dè;plus que Je travail forcé, encore
admis à titre exceptionnel- pour des travaux d'uti-
lité publitjitte; dbit être abôli dans un délai aussi
bréf qà*'!%ossible:. la XXIX. Conférence Inter-
parlementaire exprime le' voeu. que la Confé-
rence Internationale du Travail propose aux
Etats membres, à l'expiration du délai de cinq
ans prévu par la Convention, la suppression totale
du travail forcé sous toutes ses formes et sans
nouveau délai. »
Ainsi, l'Union Interparlementaire, une fois
encore, s'est associée aux efforts du B.I.T. pour
établir un régime colonial, digne de nations
vraiment civilisatrices.
Mais j'ai oublié de rappeler quel était en 1924
notre rapporteur de la Commission des questions
techniques et coloniales, celui-là même qui avait
rédigé la résolution dont j'ai parlé.
Il s'appelait Marius Moutet et il est présen-
tement ministre des Colonies.
- Mario Roustan.
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre,
Vice-président de la Commission
des Colonies.
————————— ) -+- (
A la Société des Nations
Etablissement des Assyriens de l'Irak
Dans sa session de juillet 1936, le Conseil de
la Société des Nations a adopté une résolution
par laquelle il approuve les propositions de son
Comité sur l'établissement des Assyriens de
l'Irak, relatives à l'abandon définitif du plan de
l'établissement des Assyriens de l'Irak en Syrie,
dans la plaine du Ghab ; il charge le Comité
de l'informer, après étude de l'ensemble de la
question, si et dans quelle mesure l'établissement
des Assyriens de l'Irak qui continueraient à vou-
loir quitter ce pays est actuellement réalisable ;
il autorise le Comité à prendre toutes mesures
d'ordre administratif et technique que l'abandon
du plan du Ghab ferait apparaître comme im-
médiatement nécessaires. 1
Le Conseil exprime sa conviction que le
gouvernement de l'Irak continuera à prendre des
mesures en faveur de la population assyrienne,
pour sa sécurité et.son bien-être, et exprime sa
ferme attente que les Assyriens de l'Irak conti-
nueront d'obéir loyalement aux lois du pays.
L abandon du projet de 1 établissement des
Assyriens de l'Irak (au nombre de 15.000 envi-
ron) dans la région du Ghab a été entraîné par
des difficultés d'ordre technique et politique. Il
est apparu que certaines contingences, telles que
les conditions de location des terrains où les pré.
visions relatives à la lutte contre le paludisme,
étaient de nature à augmenter sensiblement les
frais prévus. D'autre part. -- l'évolution Dolitiaue
de la Syrie et la probabilité d'un transfert pro-
chain des responsabilités gouvernementales à
l'administration locale ont amené le gouverne-
ment français à considérer que les plans d'éta-
blissement des Assyriens- dans le Ghab n'étaient
plus viables, vu que l'échelonnement du pro-
gramme sur plusieurs années comporte un impor-
tant concours des budgets autochtones.
1 Commission des mandats
Lord Lugard, ancien gouverneur de la Ni-
geria, qui, depuis treize ans, faisait partie de
la commission des mandats, a fait parvenir au
secrétaire général de la Société des nations une
lettre dans laquelle il l'informe de son inten-
tion de cesser sa collaboration poœ des raisons
de MSté.
L'A. O. F. Il l'Indochine
changent de chef
Sur la proposition de M. Marius Moutet,
ministre des Colonies, M. Jules Brévié, Gou-
verneur général de l'A. O. F., a été nommé
Gouverneur général de l'Indochine en remplace-
ment de M.. Robin.
M. de Coppet, Gouverneur de la Mauritanie,
a été nommé Gouverneur général de l'A.O.F.
en remplacement de M. Brévié.
M. Jules Brévié est né le 12 mars 1880, à
Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne). Elève
breveté de l'Ecole coloniale, il était ncnuné
le 3 décembre 1302 au-Sénégal. Administra-
teur adjoint le 21 février IWt dans Je Ilaut-
Scik'jmI, il fut promu administrateur de 3e
cla^u en liUl et nommé chef du iiureau po-
litique au gouvernement de cetle colonie ; il
resta pendant de longues années à la têle
du ce service, collaborateur apprécié de Mer-
laud-Ponty.
Nommé administrateur de 2e classe le 1"
janvier 1913, il a pris la direction du cabinet
du bureau militaire: administrateur de l'e
classe le 1er janvier 1915. Il était nommé ad-
ministrateur en chef de 20 classe le J" jan-
vier 11)18, affecté en.Guinée et promu nu
grade d'administrateur en chef de 1" classe
le 1" janvier 1920 dans cette même colonie.
:II. Brévié fut nommé gouverneur des co-
lonies le 26 décembre 1922 et afferté au Ni-
get- puis en 1929, à la Côte-d'Ivoire, enfin,
en ger, 1!>30, il succédait à AI. Carde comme gou-
verneur général de l'A.O.F. Il a été promu
officier de la Légion d'honneur en 1929. Il est
l'auteur d'un ouvrage apprécie sur rAnz.
misme et l'Islamisme.
M. Marcel de Coppet., né à Paris en 1881,
est entre au. service colonial en qualité d'au-
joint des services civils. Nommé gouverneur
en 11)29, il a, en cette qualité, administré suc-
cessivement le Tchad, le Dahomey, la Côte
française des Somalis et la Mauritanie. Il
était lieutenant gouverneur de Mauritanie
quand M. Marius Moutet, ministre des Colo-
nies, l'a appelé à son cabinet comme charge
de missions.
A l'appui de ces renseignements biographiques
Le Populaire rappelle l'œuvre sociale de M.
Brevié en A.O.F. : écoles rurales populaires
pour l'éducation des masses et organisation des
sociétés indigènes de prévoyance.
C'est pour ces raisons, ajoute le Populaire,
c'est pour cette politique sociale que le Gouver-
nement de Front populaire l'a remarqué et nom-
mé à la succession de M. Robin, en Indochine.
Quant à M. de Coppet, le journal officieux
du gouvernement ajoute : « C'est pour ses qua-
lités de gouverneur et aussi pour l'attachement
qu'il a toujours manifesté aux principes répu-
blicains et socialistes que le gouvernement de
!*4r confié la succession de.M.
Brevié/"»
Ce n est certes pas sans un sentiment de re-
gret que le Gouverneur général Brevié quittera
l'Afrique Occidentale Française.
Depuis ses débuts, ce haut fonctionnaire a tou-
jours vécu en Afrique ; le pays et les indigènes
ui sont familiers. Au service de la colonisation
il a donné, tout au long de sa brillante carrière,
le meilleur de lui-même et les résultats qu'il a
obtenus témoignent de sa politique éclairée et
profondément humaine.
Si le Gouverneur général Brevié ne se déta-
chera pas sans peine de l'Afrique qu'il a tant
aimée, il est non moins certain que tous ses colla-
borateurs, disséminés dans les différentes colo-
borateur, l'immense fédération, ne le verront pas
n i es de
partir de gaieté de cœur.
Homme de grande valeur, foncièrement bien-
veillant, il ne compte que des sympathies et c'est
précédé de cette excellente réputation qu'il va
prochainement rejoindre son nouveau poste.
Les Indochinois peuvent se féliciter du choix
que vient de faire M. Marius Moutet en la per-
sonne d'un chef, que, s'ils avaient été consultés,
les Africains ne leur auraient certainement pas
abandonné.
Rappelons enfin que le Gouverneur général
René Robin, à qui succède M. Brévié, a fait
toute sa carrière en Extrême-Orient. M. Robin,
née en 1872 dans la Vienne, entra en 1900
dans les services civils de l'Indochine. Il devint
par la suite résident supérieur au Tonkin puis
secrétaire du gouverneur général de l'Indochine
et gouverneur général par intérim durant une ab-
sence de M. Pasouier en 1930. C'est pendant
qu'il exerçait ces fonctions qu'il eut à réprimer
les troubles de Yen-Bay.
M. Robin, qui avait pris sa retraite avait été
rappelé par le gouvernement pour assumer la di-
rection de l'Indochine à la mort de M. Pasquier,
le 15 janvier 1934.
M. Robin n'a pas été nommé pour cinq ans,
comme les autres gouverneurs généraux. Il était
en mission pour une année, et cette mission a
été renouvelée l'année dernière. Elle s'est ter-
minée le 6 août. M. Robin s'embarquera le
13 septembre à Saigon.
—————————— ~-~~-~ ——————————
Application en Indochine
de la législation sociale
métropolitaine
Un arrêté, du .Gouverneur général de l'In-
dochine, en date du 15 juillet, vient de dé-
signer une Commission chargée de lui pré-
senter ses suggestions touchant les modalités
d'application en Indochine des conditions
nouvelles des rapports entre employeurs et
salariés et de lui soumettre les textes régle-
mentaires devant intervenir pour mettre la
législation locale en harmonie avec les lois
sociales récemment votées dans la Métropole.
Cette Commission, placée sous la prési-
dence du Secrétaire e-énéral. comprend des
représentants de l'administration et de la po-
pulation françaises, de l'administration et de
la population indigènes, du commerce, de
l'industrie et de l'agriculture. Elle exami- ,.
nera les suggestions que viennent d'adresser
les chefs d'administration locale, préalable.
ment consultés.
Elle doit se réunir incessamment et ap-
portera à l'examen des importantes ques-
tions qui lui sont soumises toute la diligence
que comportent les circonstances actuelles.
Les répercussions du meurtre
d'Alger
En Algérie
Aussitôt après l'arrtstiztion du cheikh El
Okbi, la Fédération des Elus musulmans a
délibéré et a décidé Renvoyer à Paris son
président, le docteur Ben Djellotil, pour
s'entretenir avec diverses personnalités po-
litiques de la situation créée par cette ar-
restation,
Le docteur Ben Djelloul est arrivé lundi I
soir à Paris.
C epnzdaiztJ à Constantine, un nouvel at-
tentat était commis avant-hier sur la per-
sonne de l'ancien iman de la ville, Si Ah-
med lIabibatni, actuellement professeur li-
bre de théologie. D'après les premiers ré-
Sultats de l'enquête, une corrélation directe
aurait été établie entre cette agression et
l'assassinat du muphti Bandait Mahmoud.
En effet, lors des obsèques de ce dernier, il
ne se trouva aucun muphti qui consentit à
réciter les prières sur la tombe dit défunt,
qui était Kabyle. Seul, Si Ahmed Habibatni,
également Kabyle et grand ami de M. Ban-
dali Mahmoud, accepta cette mission. Ce se-
rait donc par représailles, que l'ancien imall
fut attaque au momellt où il rentrait chez lui.
Le calme règne dans la ville sans que le
service d'ordre ait en à intervenir. M. Du-
pré, secrétaire général de la Préjecture, fai-
sant fonctions' de préfet, a pris les mesures
nécessaires pour, éviter tout incident. Quant
au coupable, il court toujours.
Nous avouons ne rien comprendre à cette
nouvelle histoire.
Après avoir exploité la dissension ulama.
marabouts va-t-oll se lallur dans la rivalité
kabylo-arabc?
N'hésitons pas à dire /que ce serait, une
fois dc. plus, Ulle' erreur monumentale de
notre politique indigène. S'il est 'exact que
le particularisme racial berbère subsiste
malgré douze siècles de cohabitation et de
fusion avec l'Arabe, il n'en reste pas 1/ItlllZS
que l'assimilatioll religieuse est consommée
et qu'il serait fou de, fonder quelque espoir
sur une politique d'opposition islamique
dans les milieux kabyles.
On annonce, d'autre part, que l'assassin
du muphti d'Alger, mis en présence par le
juge d'instruction en face de douze mem-
bres du cercle du Progrès, a désigné l'lm
d'eux comme un des deux assassins.
Celuici, M. Abbas Tusqui Mohamed Ouali,
35 ans, qui dirige un commerce de vins et
peaux, à Alger, malgré ses dénégations a
été mis sous mandat de dépôt.
A Paris
La Commission de l'Algérie s'est réunie
hier à la Chambre sous la présidence de M.
Galandou Diouf.
Après une discussion sur la situation, '/Joli-
tique de l' Algérie, la commission a 'adopt;
sur, la. proposition de AI, Lagrosillière la
motion suivante :
La commission de l'Algérie, des co-
lonies et des' p-ays de protectorat, pro-
fondément émue des d'erniers événements
de l'Algérie exposés par M. Dubois, di.
puté d'Oran, et de l'aggravation de la
situation de cette colonie, qui pourrait
en résulter tant au point de vue national
qu'au point de vue international, décide
d'envoyer auprès du gouvernement une
délégation composée de MM. Lagrosil-
lière, Dubois, Niel, Gernez, Galandou
Diouf, David et Michel pour l'adjurer de
prendre toutes les mesures que cette si-
tuation commande et de se réunir de
nouveau aujourd'hui à "14 h. 30, à l'effet
de délibérer sur cette situation.
Vers la liquidation
des capitulations
en Egypte
La fin d'un privilège chrétien
L'Orient a vu tomber un à un les priviZ¡.
ges que, par l'alliance de François 1CT avec
le Grand Seigneur de Constantinople, les
pays chrétiens avaient obtenus depuis le XVI*
tiècle,
Le dernier de ces privilèges va disparaî.
tre à son toltr lorsque le traité anglo-égyptien
ef. cours d'établissement aura consacré la li-
quidation des capitulations, qui , d'après les
anciens traités, assuraient aux Européens
l'immunité fiscale et des privilèges judi-
ciaires (juridiction consulaire et tribunaux
mixtes).
Projet d'une conférence internationale
Ou sait en effet que cette question des ca.
pitulations restait le dernier point délicat de
l'accord projeté entre VAngleterre et l'Egyp-
te, les autres difficultés (accord militaire et
question dit Soudan: ayant été successivement
résolues.
L'Angleterre aurait désiré que la liquida-
tion des capitulations lùt réglée par des 'ac-
cords diplomatiques normaux entre l"EgrPtc
et les pays intéressés. La thèse égyptienne,
qui, forte des précédents turcs et iraniens,
soutenait que la reconnaissance de la souve-
raineté impliquait ipso facto la disparition
de toutes les servitudes passées, a finalement
prévalu.
Le texte de l'accord prévoit donc l'aboli-
tion immédiate de toutes les capitulations fi-
nancières et judiciaires, dès la signature du
traité anglo-égyptien. La compétence pénale
des; cours consulaires des puissances capitti.
laires sera transférée aux tribunaux mutes,
Cependant, les deux délégalions ont con-
venu qjte le gouvernement égyptien invitera
les puissances capitulaires à envoyer des re.
présentants à une conférence internationale
qui se tiendra au Caire au début de l'année
prochaine, à laquelle l'Egrpte demandera
l'abolition des cours mixtes.
Au cas où cette requête serait rejetée,
l'Egypte exercera son droit de donner un
préavis d'un an Pour la suppression de tou-
tes les cours étrangères sur soit territoire.
Le gouvernement britannique s'engage à
accorder tout son appui au gouvernement
égyptien.
L'accord met pratiquement fin aux négo-
ciations., les questions encore en suspens étant
toutes d'importance mineure.
On prévoit que la délégation égyptienne
quittera incessamment le Caire, où ont eu
lieu lès négociations, pour Londres où sera
signé. le traite d'alliance anglo-égyptien.
> (
Accalmie à Moslaganem ;
Après les. ineurtriers incidents dont le port
oraitais vient d'être le théââtre, les pourpar-
lers ont repris entre dockers et. acconiers, à
la. suite desquels un accord complet est en-
fin intervenu.
Le travail a repris aussitÓt et le Djebel
Antar, qui apportait une importante cargai-
son de denrées alimentaires, a pu décharger
ses sucres et ses huiles dont Mostaganem
est privée depuis près d'une semaine. La
reprise dit travail. chez les dockers termine
la période de grèves que vient de connaître
la ville.
Des informations sont ouvertes contre les
auteurs de tous lesrtroubles graves.
Histoire d'un crime
par Henri Menjaud.
Rappelons les faits.
Le dimanche 2 août, dix mille indigènes se
pressent au stade municipal d'Alger pour en-
tendre les délégués du Congrès musulman algé-
rien rendre compte de la mission qu'ils viennent
de mener à Paris. Cette mission, on la con-
naît : ce sont les revendications d'ordre politi-
que qui ont été présentées par la délégation mu-
sulmane aux différents ministres français. Pren-
nent part à cette réunion les élus musulmans,
notamment le docteur Ben Ojelloul, MM. La-
mine Lamoudi, Ferhat Abbas, les ulama -
Si Taieb el Okbi, Ben Badis. — et aussi
Messali, directeur de l'Etoile Nord-Africaine.
L'assemblée se termine dans une atmosphère
d'allégresse, qu'autorisent les promesses du
Gouvernement de Paris à l'égard de la délé-
gation, et de paix que n' a pas réussi à troubler
un incident entre le francophile Ben Djelloul
et le nationalo-communiste Messali.
Le même jour, à 9 h. 30, on relevait dans
une rue très passante d'Alger le corps d'un
indigène que l'on identifiait aussitôt pour celui
du grand imam de la mosquée (rite malékite).
On avait vu un individu baiser l'épaule du pieux
personnage et s'enfuir, tandis que sa victime
s'effondrait, le cœur percé d'une pointe de
baïonnette (et non de boussaadi) emmanchée dans
un morceau de bois. La police affirmait suivre
une piste sérieuse, « indiquée » par une Mau-
resque de mauvaise vie.
Le jeudi 6 août, soit quatre jours plus tard,
la Sûreté arrêtait en effet quatre individus, tous
repris de justice, qui avouaient leur participation
au crime : le meurtrier proprement dit, Akacha,
racontait avoir rencontré dans une gargotte, le
dimanche matin, deux camarades à qui il avait
fait part de son intention de tuer l'imam. Il leur
avait demandé leur « collaboration », et tous
trois étaient partis à la recherche de leur victi-
me. En route, ils avaient raccolé un quatrième
comparse qui avait accepté de se joindre à eux.
Pendant que l'un baisait l'épaule du pieux per-
sonnage enfin trouvé, lés deux autres masquaient
le quatrième qui frappait. Puis ils s'enfuirent et,
ajoute le communiqué de la Sûreté, furent re-
trouvés peu après dans la gargotte. « Il s'agit
maintenant, disait la police, de trouver le' cer-
veau quia armé - co - bras. a
Le vendredi 8 août, la Sûreté décide de pefl
quisitionner au siège de l'Association des Ula-
ma, au Cercle du Progrès. Le meurtrier Aka-
cha s'est en effet « mis à table »: la semaine qui
précéda celle de 1 assassinat, il aurait été ap-
pelé par le Conseil des Ulama, et là, l' un de
ces théologiens et non le moins fameux. Si Taïeb
el Okbi, lui aurait promis une somme de 30.000
francs contre la tête de l'imam. Après quoi, il
aurait sorti d'une armoire un couteau et l'aurail
remis entre les mains de r exécuteur, moyen-
nant serment. Les enquêteurs procèdent à une
reconstitution sur les lieux mêmes de cette scène,
qui leur paraît si bien confirmer les dires d'Aka-
cha qu'ils n'hésitent pas à arrêter séance tenante
El Okbi, présent à la perquisition. En même
temps, une instruction est ouverte pour provoca-
tion au meurtre contre le journal arabe La Jus-
tice qui, la veille de l'attentat, a publié un
article des plus violents contre l'imam à propos
d'un télégamme adressé par celui-ci au gouverne.
ment de Paris.
•
ses
Pour comprendre quelque chose à cette som.
bre histoire, il faut savoir l' origine de cette dis-
sension entre ulama et imam, dont toute la
presse parle depuis huit jours à tort et à tra-
vers, dans une confusion générale qui paraît s'ef-
forcer d'embrouiller à plaisir les choses les plus
claires.
Il y a d'abord un fait sur lequel tout le
monde glisse, mais qu'il faut cependant bien
ne pas cacher, c'est que notre politique en pays
musulman a toujours été basée sur la crainte de
voir un jour se réaliser l'unanimisme islamique
contre notre autorité. Utilisant une fois de plus
la vertu du vieil adage : Dicide ut imperes, les
pouvoirs publics ont toujours favorisé les par-
ticularisme locaux, capables de briser cette unité
religieuse tant redoutée. Ce n'est pas révéler un
mystère d'Etat que de reconnaître notre ten-
dresse pro-berbère au Maroc, ou notre sollicM
tude pro-maraboutique en Algérie.
On sait, ou on ne sait pas. que le marabout
est par définition un saint personnage qui mitige
généralement son orthodoxie religieuse de pas
mal d'infractions plus ou moins condamnées par
la doctrine coranique : notamment les pratiques
Schistes, les miracles et autres sorcelleries;
MERCREDI (13 h. 30) 12 AOUT 1936
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
Riiectttn S- Administratif :
1« Km ii k Boum
PARIS (20
TÉL. : RICHELIEU 73-OS
(2 lipet ¡re8pEet)
Les Annales Coloniales
fondateur I Marcel RUEDEL
Directeur. Raoul MONMARSON
lltNNERENTS
it« I0 Jtevut illustré*:
Ban t Mais SMèU
FranM et
C*l*niet 1Mo 1N> Ht
Etranger.. 240» 125 p 71 »
L< Numéro : 30 centimes
On s'abwme sans frais dans
tous les bureaux da peato.
, La main-d'œuvre indigène
et la conférence internationale du travail
Quelle est, dans une colonie, la prin-
cipale richesse ?
Sont-ce les produits du sol ? Est-ce le
sol lui-même ? Nullement : la principa-
le richesse, c'est l'homme ; il en résul-
te que le seul développement économi-
que qui puisse être envisagé, le seul que
l'on ait le droit de considérer comme
durable, est celui qui n'expose la race
à aucun risque d'épuisement, à aucun
péril de désagrégation sociale.
Telles sont les idées qui ont amené
la Conférence internationale du travail
à voter une convention ayant pour objet
« la réglementation de certains systè-
mes particuliers de recrutement des tra-
vailleurs » ; telles sont les idées dont
s'inspirait récemment, pour commenter
cette convention, une commission de
juristes et de missionnaires, instituée
par l'Union Catholique d'Etudes Inter-
nationales qui a son siège à Fribourg, en
suisse.
En vertu de ces documents, les plans
d'expansion économique ne doivent,
sous aucun prétexte, troubler l'équili-
libre social des populations indigènes
par des appels indiscrets à la main-
d'œuvre ; et l'on doit scrupuleusement
prévoir les répercussions que pourrait
avoir, sur la vie sociale d'une collectivi-
té, le départ simultané d'un trop grand
nombre d'hommes.
Evidemment, on a besoin de bras
pour l'exploitation des mines, pour la
construction des ports et des routes,
pour les travaux industriels ou agrico-
les ; et les bras ne s'offrent pas toujours
d'eux-mêmes. Il importe dès lors de re-
cruter les indigènes, de les décider à
quitter leurs villages pour offrir aux
employeurs leur force de travail.
Rien de plus naturel, rien de plusJé-
aitime. si l'en envisage, tout eri même
temps, la viè normale clé "13 coJlèctivTTë 1
sur laquelle on prélève cette main-
d'ce.uvre, et si l'on veille soigneusement
a ce que le bien commun de 'cette. col-
lectivité ne soit pas lésé par un tel pré-
lèvement: « L'appel à la main-d'œuvre,
lisons-nous dans le rapport de la com-
mission fribourgeoise, peut entraîner un
déséquilibre pour une population, s'il la
laisse dépourvue des hommes qui sont
nécessaires pour l'exercice régulier des
fonctions traditionnelles d'autorité so-
ciale ou familiale, pour l'entretien des
cultures vivrières et pour la défense du
groupement contre les fléaux qui le me-
nacent : inondations, incendies, atta-
ques des fauves et des pillards. »
Un autre péril se laisse entrevoir si
fa diminution excessive du nombre des
hommes a pour conséquence un abais-
sement anormal du chiffre des naissan-
ces, et si, dans le territoire auquel on
enlève les bras des travailleurs, la pro-
duction des denrées alimentaires de-
vient insuffisante. « Dans tous nos vil-
lages de missions secondaires, expliquait
l'an dernier un collaborateur des Etu-
des missionnaires, nous voyons très peu
de jeunes gens, mais seulement des
femmes et des enfants, quelques hom-
mes mariés, notables pour la plupart,
qui viennent finir leurs jours dans leurs
pays d'origine. » Et ce missionnaire de-
mandait avec quelque anxiété : « Com-
ment établir des foyers chrétiens dans
nos campagnes, que nos jeunes gens |
délaissent ? Ils s'éloignent, ces jeunes
gens, parce qu'ils sont recrutés pour de
lointains travaux. Et lorsque cet appel
s'adresse à des pères de famille, la dé-
sorganisation des foyers indigènes est à
redouter : aussi la convention interna-
tionale suggère-t-elle que la famille du
travailleur devra, autant que possible,
accompagner son chef là où le fixera
son travail et « jouir de la protection
administrative et officielle la plus dili-
gente ».
Mais ce voyage lui-même, comment
s'accomplira-t-il ? La Commission de
juristes et de missionnaires réclamait
un examen médical des travailleurs, elle
souhaitait qu'en cours de route des
étapes fussent organisées, qu'on s'occu-
pât avec quelque vigilance des condi-
tions d'alimentation de ces indigènes
émigrants, qu'on exerçât quelque con-
trôle sur leur acclimatement progres-
sif. « Ces mesures, lisons-nous dans le
rapport, sont d'autant plus comman-
dées par la nécessité, qu'il s'agit de
conduire les indigènes recrutés vers un
travail auquel ils ne sont pas accoutu-
més, de leur faire accomplir un dépla-
cement souvent important, et de les
réunir dans des conditions d'habitat
qui ne sont pas celles de leur village
d'origine. » Les prescriptions qu'édicté
à ce sujet la convention internationale
tiennent compte d'une telle nécessité.
Les rapporteurs de la commission, les
auteurs de la convention, sont les uns
et les autres convaincus que le recrute-
ment de la main-d œuvre indigène doit
être opéré par des agents responsables.
De par les décisions de la Conférence
internationale du travail, ces agents de-
vront désormais être munis d'une licen-
ce dont la duree de validité sera limi-
tëfe et qui aêrà, seior les cas, renouve-
TabTe ou"rgvaeabfè:""HTut mgrrre'qaes-^
tion, dans les conclusions de la com-
mission fribourgeoise, d'imposer aux
agents de recrutement le versement
d'un cautionnement, en vue de garan-
tir leur fidélité à leurs obligations. -
Un esprit vraiment humain préside à
ces réformes. La Conférence internatio-
nale du travail se refuse à considérer la
main-d'œuvre indigène comme une res-
source dont la puissance coloniale pour-
rait arbitrairement disposer, sans autre
souci que celui des grands travaux qu'il
s'agit de mener à bonne fin. L'Etat co-
lonisateur prend conscience, de plus en
plus nettement, de son devoir de pro-
tection à l'égard des collectivités indi-
gènes, de l'obligation qu'il a de veiller
sur le développement de ces collectivi-
tés. Porter atteinte à leur vitalité, ris-
quer de les désagréger, de les dépeu-
pler, de les démolir, pour avoir des bras,
serait offenser la véritable notion de
civilisation. Rien de mieux que de faire
des indigènes les collaborateurs de la
production économique et les bénéfi-
ciaires du relèvement social que peut en-
traîner le progrès de cette production :
mais, en revanche, rien de plus désas-
treux, que de subordonner aux exigen-
ces d'un tel progrès les conditions pri-
mordiales et traditionnelles de la vie so-
ciale, et spécialement la prospérité et
l'intégrité de la famille indigène.
Georges Goyau,
de l'Académie Française.
Au Conseil des Ministres
C'est au Conseil des ministres qui s'est tenu
iamedi que les décrets nommant MM. Brévié
et de Coppet, respectivement, Gouverneurs
généraux de l'Indochine et de l'A-O.F., ont
été présentés au président de la République.
A cette même séance, le ministre des Colo-
nies a été autorisé à déposer un projet de loi
accordant un contingent spécial dans 1 ordre de
la Légion d'honneur à l' occasion du troisième
centenaire du rattachement des Antilles et de
la Guyane à la France.
AUDIENCES
A L'ELYSEE
M. Albert Lebrun, Président de la Républi-
que, a reçu vendredi M. Marius Moutet, mi-
nistre des Colonies. et mardi M. Pierre Guesde,
ancien Résident supérieur en Indochine.
AU MINISTERE DE LA MARINE
M. Gasnier-Duparc, ministre de la Marine,
a reçu le contre-amiral Rivet, qui vient de
quitter le commandement de la division fran-
çaise du Levant et qui a exposé au ministre les
observations recueillies. au cours de deux ans 1
de navigation, sur les côtes de la Méditerranée
orientale, de la mer Rouge et du golfe Persi-
flé
Chez les Gouverneurs
Par décret du 9 août, M. Léon Geismar, ad-
ministrateur en chef a été nommé gouverneur de
3e classe en remplacement de M. de Coppet,
appelé à d'autres fonctions.
Cette nomination aura effet à compter du
13 septembre.
—————————— >--e+. ( ——————————
INTÉRIM
AU NIGER
Par décret du 4 août, M. Auguste Calvel,
administrateur en chef a été chargé des fonc-
tions intérimaires' de lieutenant gouverneur de
la colonie du Niger.
————————— ) -.- ( —————————
La politique au Liban
On annonce la création d'un nouveau parti
arabe cc Front national n, soutenu par le gou-
vernement.
Le programme préconise Vindépendance du
Liban intérieur et des frontières existantes,
l'aniitié avec la France et l'adhésion à la
S. D. N.
——————————————
Au conseil privé de la Réunion
Le mandat de M. Anatole Hugo, conseiller
privé titulaire, est prorogé pour une période
de trois ans à dater du 7 janvier 1936.
Matières premières
et travail aux colonies
Il
E reviens au problème des
matières premières, tel
qu'il est exposé dans le
rapport de M. le Direc-
teur général du Bureau
International du Travail,
M. Harold Butler.
« Une étude objective,
approfondie. obligerait
d'aborder des questions
politiques d'une grande ampleur : l'une d'elle, et
non la moindre, concernerait la situation à faire
à l'indigène dans les projets de développement de
la production coloniale ».
Qu'est-ce à dire ?
M. Harold Butler pense qu'un des attraits les
plus puissants des colonies vient de la persuasion
qu'elles offrent des possibilités de main-d'œuvre
très abondante et à un prix défiant toute concur-
rence. Cela est inexact pour la plupart des ter-
ritoires indigènes, cela est faux pour les territoires
d'Afrique. Les possibilités de main-d'œuvre sont
beaucoup plus restreintes qu'on ne le croit en gé-
néral. La meilleure preuve, c'est que, pour se
procurer les services d'indigènes dont on avait
absolument besoin, il a fallu plus d'une fois les
arracher à la terre qui leur fournissait leurs
moyens d'existence, ou qu'on a eu recours au tra.
vail forcé en employant la contrainte. -
« Le problème des matières premières colo-
niales se double donc, dans la majorité des cas,
d'un problème de l'indigène. » Le Rapport ren-
voie le lecteur à la recommandation que la Confé-
rence Internationale du Travail a adoptée en
1930 (recommandation numéro 35).
Le principe est le suivant :
« Les disponibilités » en main d'oeuvre, les
aptitudes au travail de la population et les effets
néfastes qu'une modification trop brusque dans
les habitudes d'existence et de travail de cette
population peut avoir sur son état social, sont
des facteurs dont toute administration devrait te-
nir compte pour résoudre les problèmes qui se
posent en relation avec le développement écono-
mique des territoires peu évolués. »
Me sera-t-il permis de rappeler que l'Union
Interparlementaire avait fait de ces questions de
longues et sérieuses études ? En particulier, lors
de la Conférence de Berne de 1924, les discus-
sions avaient eu pour terme provisoire un texte
dans lequel il était dit : « Le travail forcé n'est
admissible que lorsqu'il est la suite d'un juge-
ment prononcé en vertu de la loi par le tribunal
compétent. » D'autres débats devaient avoir lieu
pendant les années qui ont suivi. En 1933, à la
Conférence de Madrid, où j'avais l'honneur d'être
le chef de la mission française, nous avons fait
adopter un texte qui allait plus loin :
« - Considérant que le moment est venu d'inter-
diré immédiatement dans les colonies le travail
farté •an-pmflt «f'wt-partlctriter-w»
prisé privée '*
Considérant dè;plus que Je travail forcé, encore
admis à titre exceptionnel- pour des travaux d'uti-
lité publitjitte; dbit être abôli dans un délai aussi
bréf qà*'!%ossible:. la XXIX. Conférence Inter-
parlementaire exprime le' voeu. que la Confé-
rence Internationale du Travail propose aux
Etats membres, à l'expiration du délai de cinq
ans prévu par la Convention, la suppression totale
du travail forcé sous toutes ses formes et sans
nouveau délai. »
Ainsi, l'Union Interparlementaire, une fois
encore, s'est associée aux efforts du B.I.T. pour
établir un régime colonial, digne de nations
vraiment civilisatrices.
Mais j'ai oublié de rappeler quel était en 1924
notre rapporteur de la Commission des questions
techniques et coloniales, celui-là même qui avait
rédigé la résolution dont j'ai parlé.
Il s'appelait Marius Moutet et il est présen-
tement ministre des Colonies.
- Mario Roustan.
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre,
Vice-président de la Commission
des Colonies.
————————— ) -+- (
A la Société des Nations
Etablissement des Assyriens de l'Irak
Dans sa session de juillet 1936, le Conseil de
la Société des Nations a adopté une résolution
par laquelle il approuve les propositions de son
Comité sur l'établissement des Assyriens de
l'Irak, relatives à l'abandon définitif du plan de
l'établissement des Assyriens de l'Irak en Syrie,
dans la plaine du Ghab ; il charge le Comité
de l'informer, après étude de l'ensemble de la
question, si et dans quelle mesure l'établissement
des Assyriens de l'Irak qui continueraient à vou-
loir quitter ce pays est actuellement réalisable ;
il autorise le Comité à prendre toutes mesures
d'ordre administratif et technique que l'abandon
du plan du Ghab ferait apparaître comme im-
médiatement nécessaires. 1
Le Conseil exprime sa conviction que le
gouvernement de l'Irak continuera à prendre des
mesures en faveur de la population assyrienne,
pour sa sécurité et.son bien-être, et exprime sa
ferme attente que les Assyriens de l'Irak conti-
nueront d'obéir loyalement aux lois du pays.
L abandon du projet de 1 établissement des
Assyriens de l'Irak (au nombre de 15.000 envi-
ron) dans la région du Ghab a été entraîné par
des difficultés d'ordre technique et politique. Il
est apparu que certaines contingences, telles que
les conditions de location des terrains où les pré.
visions relatives à la lutte contre le paludisme,
étaient de nature à augmenter sensiblement les
frais prévus. D'autre part. -- l'évolution Dolitiaue
de la Syrie et la probabilité d'un transfert pro-
chain des responsabilités gouvernementales à
l'administration locale ont amené le gouverne-
ment français à considérer que les plans d'éta-
blissement des Assyriens- dans le Ghab n'étaient
plus viables, vu que l'échelonnement du pro-
gramme sur plusieurs années comporte un impor-
tant concours des budgets autochtones.
1 Commission des mandats
Lord Lugard, ancien gouverneur de la Ni-
geria, qui, depuis treize ans, faisait partie de
la commission des mandats, a fait parvenir au
secrétaire général de la Société des nations une
lettre dans laquelle il l'informe de son inten-
tion de cesser sa collaboration poœ des raisons
de MSté.
L'A. O. F. Il l'Indochine
changent de chef
Sur la proposition de M. Marius Moutet,
ministre des Colonies, M. Jules Brévié, Gou-
verneur général de l'A. O. F., a été nommé
Gouverneur général de l'Indochine en remplace-
ment de M.. Robin.
M. de Coppet, Gouverneur de la Mauritanie,
a été nommé Gouverneur général de l'A.O.F.
en remplacement de M. Brévié.
M. Jules Brévié est né le 12 mars 1880, à
Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne). Elève
breveté de l'Ecole coloniale, il était ncnuné
le 3 décembre 1302 au-Sénégal. Administra-
teur adjoint le 21 février IWt dans Je Ilaut-
Scik'jmI, il fut promu administrateur de 3e
cla^u en liUl et nommé chef du iiureau po-
litique au gouvernement de cetle colonie ; il
resta pendant de longues années à la têle
du ce service, collaborateur apprécié de Mer-
laud-Ponty.
Nommé administrateur de 2e classe le 1"
janvier 1913, il a pris la direction du cabinet
classe le 1er janvier 1915. Il était nommé ad-
ministrateur en chef de 20 classe le J" jan-
vier 11)18, affecté en.Guinée et promu nu
grade d'administrateur en chef de 1" classe
le 1" janvier 1920 dans cette même colonie.
:II. Brévié fut nommé gouverneur des co-
lonies le 26 décembre 1922 et afferté au Ni-
get- puis en 1929, à la Côte-d'Ivoire, enfin,
en ger, 1!>30, il succédait à AI. Carde comme gou-
verneur général de l'A.O.F. Il a été promu
officier de la Légion d'honneur en 1929. Il est
l'auteur d'un ouvrage apprécie sur rAnz.
misme et l'Islamisme.
M. Marcel de Coppet., né à Paris en 1881,
est entre au. service colonial en qualité d'au-
joint des services civils. Nommé gouverneur
en 11)29, il a, en cette qualité, administré suc-
cessivement le Tchad, le Dahomey, la Côte
française des Somalis et la Mauritanie. Il
était lieutenant gouverneur de Mauritanie
quand M. Marius Moutet, ministre des Colo-
nies, l'a appelé à son cabinet comme charge
de missions.
A l'appui de ces renseignements biographiques
Le Populaire rappelle l'œuvre sociale de M.
Brevié en A.O.F. : écoles rurales populaires
pour l'éducation des masses et organisation des
sociétés indigènes de prévoyance.
C'est pour ces raisons, ajoute le Populaire,
c'est pour cette politique sociale que le Gouver-
nement de Front populaire l'a remarqué et nom-
mé à la succession de M. Robin, en Indochine.
Quant à M. de Coppet, le journal officieux
du gouvernement ajoute : « C'est pour ses qua-
lités de gouverneur et aussi pour l'attachement
qu'il a toujours manifesté aux principes répu-
blicains et socialistes que le gouvernement de
!*4r confié la succession de.M.
Brevié/"»
Ce n est certes pas sans un sentiment de re-
gret que le Gouverneur général Brevié quittera
l'Afrique Occidentale Française.
Depuis ses débuts, ce haut fonctionnaire a tou-
jours vécu en Afrique ; le pays et les indigènes
ui sont familiers. Au service de la colonisation
il a donné, tout au long de sa brillante carrière,
le meilleur de lui-même et les résultats qu'il a
obtenus témoignent de sa politique éclairée et
profondément humaine.
Si le Gouverneur général Brevié ne se déta-
chera pas sans peine de l'Afrique qu'il a tant
aimée, il est non moins certain que tous ses colla-
borateurs, disséminés dans les différentes colo-
borateur, l'immense fédération, ne le verront pas
n i es de
partir de gaieté de cœur.
Homme de grande valeur, foncièrement bien-
veillant, il ne compte que des sympathies et c'est
précédé de cette excellente réputation qu'il va
prochainement rejoindre son nouveau poste.
Les Indochinois peuvent se féliciter du choix
que vient de faire M. Marius Moutet en la per-
sonne d'un chef, que, s'ils avaient été consultés,
les Africains ne leur auraient certainement pas
abandonné.
Rappelons enfin que le Gouverneur général
René Robin, à qui succède M. Brévié, a fait
toute sa carrière en Extrême-Orient. M. Robin,
née en 1872 dans la Vienne, entra en 1900
dans les services civils de l'Indochine. Il devint
par la suite résident supérieur au Tonkin puis
secrétaire du gouverneur général de l'Indochine
et gouverneur général par intérim durant une ab-
sence de M. Pasouier en 1930. C'est pendant
qu'il exerçait ces fonctions qu'il eut à réprimer
les troubles de Yen-Bay.
M. Robin, qui avait pris sa retraite avait été
rappelé par le gouvernement pour assumer la di-
rection de l'Indochine à la mort de M. Pasquier,
le 15 janvier 1934.
M. Robin n'a pas été nommé pour cinq ans,
comme les autres gouverneurs généraux. Il était
en mission pour une année, et cette mission a
été renouvelée l'année dernière. Elle s'est ter-
minée le 6 août. M. Robin s'embarquera le
13 septembre à Saigon.
—————————— ~-~~-~ ——————————
Application en Indochine
de la législation sociale
métropolitaine
Un arrêté, du .Gouverneur général de l'In-
dochine, en date du 15 juillet, vient de dé-
signer une Commission chargée de lui pré-
senter ses suggestions touchant les modalités
d'application en Indochine des conditions
nouvelles des rapports entre employeurs et
salariés et de lui soumettre les textes régle-
mentaires devant intervenir pour mettre la
législation locale en harmonie avec les lois
sociales récemment votées dans la Métropole.
Cette Commission, placée sous la prési-
dence du Secrétaire e-énéral. comprend des
représentants de l'administration et de la po-
pulation françaises, de l'administration et de
la population indigènes, du commerce, de
l'industrie et de l'agriculture. Elle exami- ,.
nera les suggestions que viennent d'adresser
les chefs d'administration locale, préalable.
ment consultés.
Elle doit se réunir incessamment et ap-
portera à l'examen des importantes ques-
tions qui lui sont soumises toute la diligence
que comportent les circonstances actuelles.
Les répercussions du meurtre
d'Alger
En Algérie
Aussitôt après l'arrtstiztion du cheikh El
Okbi, la Fédération des Elus musulmans a
délibéré et a décidé Renvoyer à Paris son
président, le docteur Ben Djellotil, pour
s'entretenir avec diverses personnalités po-
litiques de la situation créée par cette ar-
restation,
Le docteur Ben Djelloul est arrivé lundi I
soir à Paris.
C epnzdaiztJ à Constantine, un nouvel at-
tentat était commis avant-hier sur la per-
sonne de l'ancien iman de la ville, Si Ah-
med lIabibatni, actuellement professeur li-
bre de théologie. D'après les premiers ré-
Sultats de l'enquête, une corrélation directe
aurait été établie entre cette agression et
l'assassinat du muphti Bandait Mahmoud.
En effet, lors des obsèques de ce dernier, il
ne se trouva aucun muphti qui consentit à
réciter les prières sur la tombe dit défunt,
qui était Kabyle. Seul, Si Ahmed Habibatni,
également Kabyle et grand ami de M. Ban-
dali Mahmoud, accepta cette mission. Ce se-
rait donc par représailles, que l'ancien imall
fut attaque au momellt où il rentrait chez lui.
Le calme règne dans la ville sans que le
service d'ordre ait en à intervenir. M. Du-
pré, secrétaire général de la Préjecture, fai-
sant fonctions' de préfet, a pris les mesures
nécessaires pour, éviter tout incident. Quant
au coupable, il court toujours.
Nous avouons ne rien comprendre à cette
nouvelle histoire.
Après avoir exploité la dissension ulama.
marabouts va-t-oll se lallur dans la rivalité
kabylo-arabc?
N'hésitons pas à dire /que ce serait, une
fois dc. plus, Ulle' erreur monumentale de
notre politique indigène. S'il est 'exact que
le particularisme racial berbère subsiste
malgré douze siècles de cohabitation et de
fusion avec l'Arabe, il n'en reste pas 1/ItlllZS
que l'assimilatioll religieuse est consommée
et qu'il serait fou de, fonder quelque espoir
sur une politique d'opposition islamique
dans les milieux kabyles.
On annonce, d'autre part, que l'assassin
du muphti d'Alger, mis en présence par le
juge d'instruction en face de douze mem-
bres du cercle du Progrès, a désigné l'lm
d'eux comme un des deux assassins.
Celuici, M. Abbas Tusqui Mohamed Ouali,
35 ans, qui dirige un commerce de vins et
peaux, à Alger, malgré ses dénégations a
été mis sous mandat de dépôt.
A Paris
La Commission de l'Algérie s'est réunie
hier à la Chambre sous la présidence de M.
Galandou Diouf.
Après une discussion sur la situation, '/Joli-
tique de l' Algérie, la commission a 'adopt;
sur, la. proposition de AI, Lagrosillière la
motion suivante :
La commission de l'Algérie, des co-
lonies et des' p-ays de protectorat, pro-
fondément émue des d'erniers événements
de l'Algérie exposés par M. Dubois, di.
puté d'Oran, et de l'aggravation de la
situation de cette colonie, qui pourrait
en résulter tant au point de vue national
qu'au point de vue international, décide
d'envoyer auprès du gouvernement une
délégation composée de MM. Lagrosil-
lière, Dubois, Niel, Gernez, Galandou
Diouf, David et Michel pour l'adjurer de
prendre toutes les mesures que cette si-
tuation commande et de se réunir de
nouveau aujourd'hui à "14 h. 30, à l'effet
de délibérer sur cette situation.
Vers la liquidation
des capitulations
en Egypte
La fin d'un privilège chrétien
L'Orient a vu tomber un à un les priviZ¡.
ges que, par l'alliance de François 1CT avec
le Grand Seigneur de Constantinople, les
pays chrétiens avaient obtenus depuis le XVI*
tiècle,
Le dernier de ces privilèges va disparaî.
tre à son toltr lorsque le traité anglo-égyptien
ef. cours d'établissement aura consacré la li-
quidation des capitulations, qui , d'après les
anciens traités, assuraient aux Européens
l'immunité fiscale et des privilèges judi-
ciaires (juridiction consulaire et tribunaux
mixtes).
Projet d'une conférence internationale
Ou sait en effet que cette question des ca.
pitulations restait le dernier point délicat de
l'accord projeté entre VAngleterre et l'Egyp-
te, les autres difficultés (accord militaire et
question dit Soudan: ayant été successivement
résolues.
L'Angleterre aurait désiré que la liquida-
tion des capitulations lùt réglée par des 'ac-
cords diplomatiques normaux entre l"EgrPtc
et les pays intéressés. La thèse égyptienne,
qui, forte des précédents turcs et iraniens,
soutenait que la reconnaissance de la souve-
raineté impliquait ipso facto la disparition
de toutes les servitudes passées, a finalement
prévalu.
Le texte de l'accord prévoit donc l'aboli-
tion immédiate de toutes les capitulations fi-
nancières et judiciaires, dès la signature du
traité anglo-égyptien. La compétence pénale
des; cours consulaires des puissances capitti.
laires sera transférée aux tribunaux mutes,
Cependant, les deux délégalions ont con-
venu qjte le gouvernement égyptien invitera
les puissances capitulaires à envoyer des re.
présentants à une conférence internationale
qui se tiendra au Caire au début de l'année
prochaine, à laquelle l'Egrpte demandera
l'abolition des cours mixtes.
Au cas où cette requête serait rejetée,
l'Egypte exercera son droit de donner un
préavis d'un an Pour la suppression de tou-
tes les cours étrangères sur soit territoire.
Le gouvernement britannique s'engage à
accorder tout son appui au gouvernement
égyptien.
L'accord met pratiquement fin aux négo-
ciations., les questions encore en suspens étant
toutes d'importance mineure.
On prévoit que la délégation égyptienne
quittera incessamment le Caire, où ont eu
lieu lès négociations, pour Londres où sera
signé. le traite d'alliance anglo-égyptien.
> (
Accalmie à Moslaganem ;
Après les. ineurtriers incidents dont le port
oraitais vient d'être le théââtre, les pourpar-
lers ont repris entre dockers et. acconiers, à
la. suite desquels un accord complet est en-
fin intervenu.
Le travail a repris aussitÓt et le Djebel
Antar, qui apportait une importante cargai-
son de denrées alimentaires, a pu décharger
ses sucres et ses huiles dont Mostaganem
est privée depuis près d'une semaine. La
reprise dit travail. chez les dockers termine
la période de grèves que vient de connaître
la ville.
Des informations sont ouvertes contre les
auteurs de tous lesrtroubles graves.
Histoire d'un crime
par Henri Menjaud.
Rappelons les faits.
Le dimanche 2 août, dix mille indigènes se
pressent au stade municipal d'Alger pour en-
tendre les délégués du Congrès musulman algé-
rien rendre compte de la mission qu'ils viennent
de mener à Paris. Cette mission, on la con-
naît : ce sont les revendications d'ordre politi-
que qui ont été présentées par la délégation mu-
sulmane aux différents ministres français. Pren-
nent part à cette réunion les élus musulmans,
notamment le docteur Ben Ojelloul, MM. La-
mine Lamoudi, Ferhat Abbas, les ulama -
Si Taieb el Okbi, Ben Badis. — et aussi
Messali, directeur de l'Etoile Nord-Africaine.
L'assemblée se termine dans une atmosphère
d'allégresse, qu'autorisent les promesses du
Gouvernement de Paris à l'égard de la délé-
gation, et de paix que n' a pas réussi à troubler
un incident entre le francophile Ben Djelloul
et le nationalo-communiste Messali.
Le même jour, à 9 h. 30, on relevait dans
une rue très passante d'Alger le corps d'un
indigène que l'on identifiait aussitôt pour celui
du grand imam de la mosquée (rite malékite).
On avait vu un individu baiser l'épaule du pieux
personnage et s'enfuir, tandis que sa victime
s'effondrait, le cœur percé d'une pointe de
baïonnette (et non de boussaadi) emmanchée dans
un morceau de bois. La police affirmait suivre
une piste sérieuse, « indiquée » par une Mau-
resque de mauvaise vie.
Le jeudi 6 août, soit quatre jours plus tard,
la Sûreté arrêtait en effet quatre individus, tous
repris de justice, qui avouaient leur participation
au crime : le meurtrier proprement dit, Akacha,
racontait avoir rencontré dans une gargotte, le
dimanche matin, deux camarades à qui il avait
fait part de son intention de tuer l'imam. Il leur
avait demandé leur « collaboration », et tous
trois étaient partis à la recherche de leur victi-
me. En route, ils avaient raccolé un quatrième
comparse qui avait accepté de se joindre à eux.
Pendant que l'un baisait l'épaule du pieux per-
sonnage enfin trouvé, lés deux autres masquaient
le quatrième qui frappait. Puis ils s'enfuirent et,
ajoute le communiqué de la Sûreté, furent re-
trouvés peu après dans la gargotte. « Il s'agit
maintenant, disait la police, de trouver le' cer-
veau quia armé - co - bras. a
Le vendredi 8 août, la Sûreté décide de pefl
quisitionner au siège de l'Association des Ula-
ma, au Cercle du Progrès. Le meurtrier Aka-
cha s'est en effet « mis à table »: la semaine qui
précéda celle de 1 assassinat, il aurait été ap-
pelé par le Conseil des Ulama, et là, l' un de
ces théologiens et non le moins fameux. Si Taïeb
el Okbi, lui aurait promis une somme de 30.000
francs contre la tête de l'imam. Après quoi, il
aurait sorti d'une armoire un couteau et l'aurail
remis entre les mains de r exécuteur, moyen-
nant serment. Les enquêteurs procèdent à une
reconstitution sur les lieux mêmes de cette scène,
qui leur paraît si bien confirmer les dires d'Aka-
cha qu'ils n'hésitent pas à arrêter séance tenante
El Okbi, présent à la perquisition. En même
temps, une instruction est ouverte pour provoca-
tion au meurtre contre le journal arabe La Jus-
tice qui, la veille de l'attentat, a publié un
article des plus violents contre l'imam à propos
d'un télégamme adressé par celui-ci au gouverne.
ment de Paris.
•
ses
Pour comprendre quelque chose à cette som.
bre histoire, il faut savoir l' origine de cette dis-
sension entre ulama et imam, dont toute la
presse parle depuis huit jours à tort et à tra-
vers, dans une confusion générale qui paraît s'ef-
forcer d'embrouiller à plaisir les choses les plus
claires.
Il y a d'abord un fait sur lequel tout le
monde glisse, mais qu'il faut cependant bien
ne pas cacher, c'est que notre politique en pays
musulman a toujours été basée sur la crainte de
voir un jour se réaliser l'unanimisme islamique
contre notre autorité. Utilisant une fois de plus
la vertu du vieil adage : Dicide ut imperes, les
pouvoirs publics ont toujours favorisé les par-
ticularisme locaux, capables de briser cette unité
religieuse tant redoutée. Ce n'est pas révéler un
mystère d'Etat que de reconnaître notre ten-
dresse pro-berbère au Maroc, ou notre sollicM
tude pro-maraboutique en Algérie.
On sait, ou on ne sait pas. que le marabout
est par définition un saint personnage qui mitige
généralement son orthodoxie religieuse de pas
mal d'infractions plus ou moins condamnées par
la doctrine coranique : notamment les pratiques
Schistes, les miracles et autres sorcelleries;
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