Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1936-08-07
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 août 1936 07 août 1936
Description : 1936/08/07 (A27,N61). 1936/08/07 (A27,N61).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265418z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
2T ANNEE. - N° 61. VENDREDI (13 h. 30) 7 AOUT 1936.
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
Rédaction & Administration :
lt Km 4» la Bonne
PARIS (28)
TÉL. » RICHELIEU 73-OC
(2 ligne* groupées)
Les Annales Coloniales
e, s onc7leï
Fondateur i Marcel RUEDEL - Directeur i Raoul MONMARSON
ABONNEMENTS
avec ld Revue illustrée:
u. u M.i. 3 M.io
FrtlllCI et
Colonies 180 133 « SI •«
Etranger.. 240. 125. 70.
le Numéro : 3) centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
UNE QUESTION VITALE EN AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE
Les sociétés indigènes
de prévoyance agricole
IV. — Le conflit au Sénégal entre le commerce
- et l'administration
En accordant aux sociétés de pré-
voyance le droit de grouper et de vendre
les productions agricoles de leurs adhé-
rents, le décret du 9 novembre 1933 a
soulevé les protestations du commerce
sénégalais. Une brochure, qui a été édi-
tée par la Chambre de Commerce de
Rufisque, en résume les principales cri-
tiques.
Tout d'abord, il est reproché aux so-
ciétés de grouper tous les cultivateurs
et éleveurs du même cercle qui en font
obligatoirement partie.
Ainsi, théoriquement, toute la récolte
du Sénégal pourrait être vendue par l'in-
termédiaire des Sociétés puisque tous
les producteurs sont adhérents.
Certes, l'agriculteur n'est pas obligé
de porter ses produits à la Société. Mais
peut-il agir en toute indépendance lors-
qu'il sait que les opérations de vente
sont faites par des agents de l'adminis-
tration et que l'administrateur du cer-
cle remplit les fonctions de président
de la Société ?
De plus, ces fonctionnaires sont
tenus de prêter gratuitement leur
concours et les frais généraux des so-
ciétés étant ainsi moindres que ceux du
commerce, n'est-ce pas là une concur-
rence ruineuse qui prend même tour-
nure de monopolisation d'Etat?
L'article 9 du décret prévoyant l'ex-
propriation par la colonie d'immeubles
qui n'auraient pu être acquis à l'amia-
ble pour être cédés ensuite aux socié-
tés de prévoyance est aussi commenté
très sévèrement.
A ce sujet, une question de droit se
pose : L'expropriation ne peut-être opé-
rée que pour cause d'utilité publique, et
par conséquent au seul bénéfice de
['Administration ? Le décret en prévoit
bien la procédure habituelle, mais
n'entre-t-il pas en contradiction avec ia
loi lorsqu'il autorise l'Administration à
rétrocéder les immeubles expropriés à
la Société de prévoyance ? Il semble re-
connaître ainsi le droit à la Société elle-
même, ce qui lui confère un caractere
d'administration publique et dans ces?
conditions peut-elle être qualifiée pour
faire « des opérations de commerce » ?
Cependant, les commerçants recon-
naissent les réels services que l'Admi-
nistration a rendus à la colonie, d'une
part en améliorant le marché d'expor-
tation des oléagineux et d'autre part en
recherchant les moyens d'alléger les
produits de charges trop lourdes.
Mais, par les dispositions du décret,
les sociétés de prévoyance apparaissent
comme susceptibles d'entraver considé-
rablement le commerce sénégalais et
même de le' ruiner, ce qui provoquerait
une perturbation grave dans l'économie
de la colonie et une diminution impor-
tante des recettes publiques.
Le commerce conclue donc à ce que
ces dispositions soient rapportées, sur-
tout celles qui concernent le droit d'ex-
propriation et l'organisation de la vente
des produits des adhérents par les so-
ciétés de prévoyance : il voudrait voir
ces sociétés devenir de simples coopé-
ratives agricoles autonomes.
Telles sont, en résumé, les principa-
les doléances du commerce.
Il est possible en droit et en fait de
justifier le décret du 9 novembre 1933.
Tout d'abord, il faut se souvenir que
les sociétés de prévoyance ont été
créées par nécessité, de toute urgence,
pour sauver la récolte 1932, pour em-
pêcher la ruine imminente de nombreux
producteurs. Il ne faut pas oublier que
la constitution d'un stock de 20.000
tonnes de graines de semence qu'elles
ont dû faire au début, a été pour elles
une opération très onéreuse dont
l'amortissement exige chaque année
des sommes qu'elles ne peuvent réali-
ser qu'en vendant sur le marché une
certaine quantité d'arachides.
Comment pourrait-on considérer
comme nettement commerciales des
opérations qui consistent à grouper les
produits des adhérents et à les céder
par adjudication, au plus offrant ?
N'est-ce pas, d'ailleurs, le commerce
local qui est. l'adjudicataire et n'est-ce
pas lui qui procédera aux opérations
de ventes en France et dans les pays
étrangers ?
Si l'on veut songer en outre que 5
sociétés de prévoyance sur 15 ont ef-
fectué des ventes groupées, que loin.
d'atteindre la vente du contingent de
20.000 tonnes auquel elles ont droit
annuellement, elles en auront à peine
vendu la moitié au cours de la saison
1935-1936, on peut dire que le com-
merce n'a pas à être inquiet.
Sur 500.000 tonnes que le Sénégal
exporte chaque année, le commerce en
achète librement 480.000 en culture ;
je sais bien qu'il peut craindre un relè-
vement du contingent attribué aux
sociétés de prévoyance pour les ventes
groupées et, en poussant les choses à
l'extrême, qu on leur accorde la tacui-
té de vendre la totalité des récoltes ;
pratiquement, il n'en sera jamais ainsi
et « les ventes groupées » serviront
surtout à régulariser le marché, car les
cours d'adjudication fixés par la libre
enchère du commerce de demi-gros au-
ront une répercussion directe sur les
cours d'achat au détail. C'est le but
poursuivi par l'Administration.
Si le commerce sait s'adapter à cette
situation — et cela ne lui est pas im-
possible s'il veut faire l'effort nécessai-
re — il gardera la presque totalité de
sa clientèle car, contrairement à cer-
taines affirmations, l'Administration,
qui n'y aurait aucun intérêt, ne fait au-
cune pression sur les indigènes ; elle a
même donné des instructions précises
à ce sujet. Elle se borne, c'est son rôle
et c'est son devoir, à leur faire com-
prendre les avantages qu'ils ont à se
grouper pour réaliser leurs ventes.
Membres et adhérents d'une société
de prévoyance, les indigènes restent li-
bres de vendre ou non par l'intermé-
diaire de la Société.
,,ir suivre) Camille Briquet,
Député,
Ancien Vice-Président
de la Commission de l'Algérie,
des Colonies et Protectorats.
u'r 1rs .Iitimlt's (Dliiliiiih-x îles 30 juin. 10 cl
•1 juillet.
AUDIENCES
A L'ELYSEE
M. Albert Lebrun, président de la Républi-
que, a reçu hier après-midi le préfet de Constan-
tine.
Les grèves en Tunisie
A peine terminé à Bizerte, le mouvement
gréviste semble maintenant gagner Tunis.
Le nombre des grévistes s'élève à environ
1.200 ouvriers, dont 400 carriers, 400 du bâ-
timent, et 2 à 400 minotiers. Ceux-ci sont les
derniers à avoir adhéré au mouvement, à l'is-
sue d'une réunion a In Bourse du Travail.
L'accord, dans le bâtiment, entre patrons
et syndicats ouvriers n'a pu se faire, ceux-ci
refusant d'accepter des salaires égaux à ceux
qui viennent d'être accordés sur la place de
Bizerte.
Les carrières de Djebel-Djelloud, Dubos-
ville, ainsi que des usines situées dans ces
localités sont gardées militairement.
Le calme règne.
La conférence
de la Table Ronde
M. Albert Sarraut s' est embarqué le 5 août
sur le paquebot Ille-de-France pour les Etats-
Unis. Rappelons qu'il se rend à Yosemite
Park, en Californie, pour assister à la sixième
conférence de l'Institut des relations du Pa-
Il est accompagné de MM. Etienne De-
nery, professeur à l'Ecole des sciences poli-
tiques, Jean Laurent, directeur-adjoint de la
Banque de l'Indochine, André Touzet, direc-
teur-adjoint des finances du gouvernement gé-
néral de l'Indochine et Roger Lévy, secrétaire
général du Comité d'études.
Cette conférence doit grouper les représen-
tants des différents comités nationaux qui exis-
tent dans les pays riverains ou dans les pays
ayant des possessions riveraines dans le Pacifi-
que.
Les travaux se dérouleront du 15 au 30 août.
De nombreuses personnalités étrangères —
américaines, anglaises et nippones, notamment
- assisteront à cette importante réunion.
Air-Afrique
- Brazzaville, 31 juillet.
.- NE poésie est morte. EL
- 0 l
comme c'est la logique
des choses, une autre
immédiatement est née.
Regretterons-nous l'an-
cienne ? Nous l'avons
mesurée, passionné-
ment, et nous croyons
que toutes deux peu-
vent être également chantées.
L'avion qui nous emporta de Paris survola jus-
qu'à Marseille nos harmonieuses campagnes. Mais
c'est là le pain quotidien de notre existence, et
nous ne prîmes fièvre qu'à l'instant où l'hydro
abandonnait le rocailleux rivage marseillais. D'Al-
ger, le lendemain, nous allions nouer à nouveau
le contact avec notre vieille terre africaine, et, à
partir de Bidon V, survoler les pistes que nous
avions naguère parcourues, comme une fourmi,
pour vivre une magnifique épopée. Nous n'at-
terrissions que pour mieux nous élancer. Gau,
Niamey, Zinder, Fort-Lamy, de quel cœur re
saluâmes-nous pas ces pistes où nous avons laissé
tellement de nous ! Le Tchad, mou et gras, em-
pêtré de nuages, fixé parmi ses îlots, ses maré-
cages, ses tumuli de boue, nous apparut comme
Job sur son fumier. Et Archambault, Batangafo,
Maradi, Bangui, aux verdures enfantées par les
pluies, nous rapprochèrent passionnément de la
grande geste congolaise.
jHier matin, enfin, sous la chevauchée empor-
tée des nuages, nous tentions de deviner la clai-
rière de Bclobo, une heure avant de nous poser
à Brazzaville, à neuf heures du matin, le sixième
jour après avoir quitté Paris. Le miracle est là.
Comme tous les miracles, il nous frappe par sa
grandeur. Nous ne l'expliquons pas;
*
* *
Le chant foudroyant du moteur n'a pas étouffé
la chanson monotone du navire à aubes, sur le
fleuve. En transparence, au travers des hélices,
nous entendions le rythme « Patamingui, pata-
mingui. n et justement, avec leurs queues ocres
d'écume, ncus vîmes, insignifiants sur le fleuve
aux millions d'îles, les parents du Kitoko ou du
Lamy. La vieille terre d'Afrique est maintenant
tombée dans le domaine public. Ceux qui la vé-
curent, avant que son ciel fût traversé par l'éclair
des ailes, s'en souviendront avec un étrange émoi,
comme l'âge les courbe sur leur magnifique jeu-
nesse.
Mais par un phénomène étrange, alors que le
contraire eût dû être normal, c'est l'avion qui
vient de nous faire découvrir l'immensité de no-
tre Empire africain. Nous avions cependant mis
bout à bout, en marchant, des kilomètres et passé
ainsi d'une colonie à l'autre, en comptant les
jours et les semaines. Nous avions cependant, en
pirogue, franchi des rapides et modifié des paysa-
ges. Nous avions cependant, en auto, par voie
ferrée, accumulé des secteurs : des mcis, des
années, sans arriver au bout de la connaissance!
Cinq jeurnées d'avion ont suffi à réduire nos
peines de naguère, à nous jeter du pôle méditer-
ranéen au pôle congolais. Un regard, guère plus
long qu'un accès de fièvre, et la moitié de l'Afri-
que est franchie — 6.225 kilomètres en cinq éta-
pes. Ce court délai, ce confort extrême, cette dé-
roulante facilité, eussent dû ramener à leur taille
notre Afrique, nous permettre de rire de nos fati-
gues et de nos longs délais de naguère. Mais le
contraire se produit. Nous sommes effrayé des
proportions formidables de cette Afrique fran-
çaise.
*
< t
L'avion qui nous déposa à Brazzaville, prenant
à peine le temps de respirer, regagnera après-
demain son gîte, comme un pigeon vcyageur. Il
emportera cet hommage que nous entendons lui
rendre. La tranquille assurance de son équipage,
Poulin, Hébrard, Barbier, son amabilité, sa préci-
sion, et sa constante préoccupation en vol de tout
ce qui pourrait nuire à l'avion, nous ont profon-
dément frappé. Car nous savions, pour l'avoir
sous d'autres ciels éprouvé, combien l'aviateur
français pouvait être parfois insouciant, risque-
tout, ou fantaisiste. Nous avons découvert une
nouvelle classe. Ncus avons navigué avec des
pilotes anglais, italiens, allemands : les. nôtres
sont égaux à ceux dont le tranquille sang-froid
s'était naguère mesuré à la fantaisie des autres.
Le commandant Dagnaux peut être heureux ;
il est parmi les rares qui connaissent la réalisa-
ticn des rêves qu'ils ont faits. Ces ailes françaises,
au-dessus de l'Afrique française, cette traversée
du Tanezrouft, ou du Hoggar, ce survol du Tchad,
cette descente de l'Oubangui et du Congo, il est
parvenu à les réaliser. Et des équipages d'élite
contribuent à ne pas briser sa magnifique initia-
tive, qui aura, demain, sa récompense.
C'est le moment de reprendre la vieille excla-
mation : pourquoi faut-il que nos journaux ne
connaissent que les crimes, les scandales, le poto-
poto, la honte ?
Est-ce parce que l'héroïque vie quotidienne de
la France est par trop nombreuse, et toute natu-
relle, rougissant d'en tirer crgueil, incapable d'en
faire état, est-ce parce qu'elle est trop normale
dans le cadre de notre immense Empire, dont la
puissance n'est justement acquise que grâce à
sa multiplicité ?
Raoul Monmarson.
—————————
Budgets
DE L'ALGERIE
Le budget des dépenses de l'Algérie pour
l'exercice 1937 vient d'être fixé à la suite des
votes émis par l'acsemblée des Délégations fi-
nancières.
Il atteint la somme de 1.609.402.800 francs.
Il se décompose comme suit :
Budget extraordinaire 307.875.000 »
Budget ordinaire, , , , , , 1 .301.617.180 »
Mais ce budget n'a pas été équilibré, devant
la nécessité de renvoyer le vote des recettes à
la session extraordinaire de novembre prochain.
Visite en leurs Etats
EN TUNISIE
M. Armand Guillon, après avoir rendu vi-
site la semaine dernière, à Tunis, au centre
de Prophylaxie vénérienne, puis au dispensaire
musulman de Dar Ibn-el-Jazzar, devait se ren-
dre à Sfax et de là gagner les îles Kerkennah.
Cette dernière visite a été remise à une date
ultérieure.
On pense que le résident général s'embar-
quera pour la Métropole vers k mi-août, ac-
compagné de ses chefs, de cabinets civil et mi-
littaire, M. Robaglia et le lieutenant-colonel
Claveau.
Après un court séjour à Paris, M. Guillon
se irendra dans sa famille et sera de retcur
à Tunis au commencement d'octobre pour y
présider la session du Grand Conseil.
Durant son absence, l'intérim sera vraisem-
blablement assuré d'abord par M. Hontebey-
rie, puis par M. Carteron, secrétaire général
du Gouvernement tunisien.
EN A.E.F.
M. Resie, Gouverneur général, a quitté Braz-
[ zaville en avion lundi pour Pointe-Noire, Port-
Geniil, et Libreville.
il voyage à bord d'un appareil trimo-
teur commandement Bloch ayant comme
équipage le commandant Guertia, le sergent
chef de Livoudray, second pilote, le
sergent Mainguy radio-télégraphiste, et le ser-
gent Valette, mécanicien.
L'avion s'est rendu à Pointe-Noire, où il
est arrivé à midi, après avoir survolé Matadi,
Boma et Banane.
M. Reste a poursuivi le lendemain sa route
en avion vers Libreville en faisant escale à
Port-Gentil.
Il compte regagner le Moyen-Congo, via
rointe-Ncire demain samedi.
Lors de sa précédente tournée au Gabon, le
Gouverneur général n'avait pu visiter que la
région de l'Ogooué, de Port-Gentil à N'Djolé.
Les récentes palabres concernant les augmenta-
tions éventuelles de contingents rendent néces-
saire cette nouvelle visite.
Le Gouverneur général Reste, peu après son
retour à Brazzaville, se rendra en Oubangui-
Chari. )
Emeutes et Trouilles
A Mostaganem
C'est une véritable émeute qui il éclaté
tenait sur le port de Mostaganem entre
dockers les uns grévistes et affiliés à la
C.G.T., les autres noi-grdvistes et apparte-
nant à un syndicat autonome que venait de
fonder une semaine auparavant M. Alvarez.
Lorsque ceux-ci pénétrèrent sur le port pour
commencer le travailleurs camarades cégé-
tistes envahirent le quai et les attaquèrent à
cO/lfiJ" de cailloux et de matraques, Alvarez,
notamment, gravement blessé dans la ba-
garre , a été transporté dans le coma à l'hô-
pital.
Des pourparlers entre autonomes et cégé.
tisles fusent ensuite elltaml\s, à l'issue des-
quels on s'entendit de part et d'autre pour
décharger deux cargos en instance depuis
samedi. Dans Vaprès-midi} au moment où le
travail allait reprendre, les cégétistes déci.
dèrent brusquement d'empêcher les autono-
mes de participer au débarquement.
A ij heures, une bataille rangée s'enga.
geait à coups de revolver.
Les communistes et les nationaux venant
grossir les rangs de chaque parti, la bagarre,
s'envenima et devint vite très sérieuse.
Lorsque le calme fut rétabli manu militari,
ou ramassa neuf blessés et un mort : le doc-
ker Gil Diego.
Hier avaient lieu les obsèques de ce mal.
heureux que suivaient 25.000 personnes.
U n premier incident se produisit au début
dIt cortège : un spectateur qui saluait de la
math levée fut hué et lapidé. Puis, quelques
instants plus tardavant d'arriver au cime.
tière, une fusillade dirigée contre la foule
sortit d'un immeujble voisin. Des blessés
s'écroulèrent et la foule, prise de panique,
s'enfuit de tous côtés.
Des communistes se ruèrent sur l'immeuble
auquel ils mirent le feu. La police arriva ell.
fin, maîtrisa les uns et les al(.tre.s et put ar-
rêter les fusilleurs.
Dans la soiréedes bagarres eurent encore
lieu entre la force armée, et des manifes-
tants ouvriers.
Inutile de dire que si le calme, relatif, rè-
gne aujourd'hui, l'émotion n'en est pas moins
intense dans la ville.
La garde mobile d'Oran est venue, renfor-
cer le service d'ordre local composé de la
gendarmerie., de la troupe et de la police.
Des patrouilles circulent en ville et tous les
bâtiments publics sont gardés militairement.
Les cafés, les bars et les magasins ont fermé
leurs portes par mesure de sécurité.
La situation se complique du fait fille les
dockers ont décrété la grève générale et que
les ouvriers des moulins Cohen Skalli se
sont solidarisés avec eux sur l'ordre de la
C. G. T.
La ville manque de sucre depuis cinq
jours et l'huile est sur le point de faire dé-
faut par suite de l'impossibilité de faire dé-
charger les navires ancrés dans le port. Le
commerce est totalement paralysé. Tous les
grévistes sont pour l'instant rassemblés sur
les quais où le service d'ordre veille à éviter
tout heurt et tout désordre: jusqu'à présent
aucun nouvel incident n'est à signaler.
Les délégués de tous les grévistes doivent
se réunir chez le sous-prefet en présence des
acconiers et du maire. Des pourparlers sont
engagés afin d'aboutir à un arrangement.
L'inspecteur général des services adminis-
tratifs, M. Périé de Péral, ainsi que le préfet
d'Oran, M. Rousselot, sont arrivés à Mosta-
ganem pour enquêter sur les troubles de
lundi.
D'autre part, la section locale de la Ligue
des Droits de l'Homme vient d'adresser un
télégramme de protestation au ministre de
V Intérieur,
La Tunisie
devant les problèmes
—- économiques ';'
Programme de grands travaux
Le Gouvernement de la Régence se préoc-
cupe d'accélérer dans toute la mesure pos-
sible la réalisation du programme des tra-
vaux d'outillage économique dressé pour
l'année 1936 par le Conseil Supérieur d'ou-
tillage économique.
Ce programme, qui s'élève à 71.000.000 a
été arrêté fin février et a été mis en appli-
cation immédiatement; mais l'étude de la
préparation des projets, les formalités d'ad-
judication nécessitant un délai de plusieurs
mois de sorte que la réalisation effective des
travaux n'a pu se faire pendant les premiers
mois de l'année qu'à une cadence assez fai-
ble.
Cette période de démarrage est maintenant
révolue et la cadence de réalisation s'est ac-
centuée considérablement. Le montant des
sommes engagées atteint 25.500.000 francs au
31 juillet, les travaux seront dans les mois
suivants adjugés à raison d'une moyenne de
S millions par mois.
D'autre part, le Résident général, soucieux
de venir en aide aux chômeurs dans toute la
mesure possible, a donné des instructions
pour que les travaux permettant l'emploi de
main-d'œuvre non spécialisée soient entrepris
par priorité. Le montant total des salaires
de main-d'œuvre non spécialisée qui pourront
être payés en application de ces mesures à
partir du mois d'août jusqu'au mois de mars
1937 s'élève à 3.400.000 fr. environ.
Contre la hausse des denrées alimentaires
Le gouvernement tunisien, depuis que sé-
vit la crise économique, s'est employé à en
atténuer les effets à l'égard des producteurs
et à assurer à ceux-ci une meilleure rému-
nération de leur travail.
Indépendamment de la politique de reva-
lorisation des produits agricoles, en présence
de la hausse continuelle des prix de certai-
nes denrées de première nécessité, le Rési-
dent général se préoccupe d'assurer le ravi-
taillement de la population et étudie diverses
dispositions, s'ajoutant à celles déjà prises
dans le même ordre d'idées, concernant
l'orge, l'huile et les denrées alimentaires en
général.
En ce qui concerne l'orge, tenant compte
du déficit de la récolte et des besoins des
consommateurs et des agriculteurs, le Ré-
sident a été conduit à envisager l'interdiction
d'exportation de cette céréale. Pour les hui-
les, des mesures interviendront pour atténuer
les effets de la hausse.
Dans le cas où les résultats atteints se ré-
véleraient insuffisants, le gouvernement
exercera le droit de recquisition, A cet effet,
décrète seront promulguée prochaine-
ment.
—————————— ) -.--.¡ ——————————
Les exportations d'okoumé
du Gabon
Les exportations d'okoumé se sont élevées
en juillet à 21.113 tonnes, contre 29.209 t. en
juillet 1935.
Cette quantité porte à 173.141 t. le total
des expéditions depuis le début de l'année
en cours, contre 226.568 t. pour la période
correspondante de 193;.
La peur de déplaire
Jamais, fût-ce aux heures les plus tragiques de
Constantine. la malheureuse Algérie n'a plus
exactement fourni le spectacle d'un feu qui
couve sous ses mille foyers mal éteints. A peine
un conflit est-il apaisé que le premier soufle ve-
nu en ranime un autre, chaque fois plus cirulent,
plus menaçant.
La main qui prépare l'incendie avec tant de
criminelle insouciance, il n'est pas besoin d'al-
ler la chercher à Moscot:. Le seul responsable
est ce concert politique, où le communisme joue
sa partie au même titre ave tout autre.
Depuis les élections, et quel que soit le clan
des uns et des autres, il n'est pas un homme poli-
tique algérien qui ait fait preuve un seul instant
de bon sens, pas un journal local qui n'ait con-
Itibué par ses diatribes de chapelle à verser de
l'huiie sar ie feu. Tous les jours ce ne sont que
défis et provocations. Les appels à la popt:-
lation se succèdent, attisant les haines, travail-
lant à dresser la population dans des luttes in-
testines qui bientôt deviendront irrémédiables.
Cortèges et contre-manifestations, poings ten-
dus et bras levés : tel est aujourd'hui, d'un bout
à l'autre de l'Algérie, l'essentiel des préoccu-
pations de chacun, tel est, dans l'aveuglement,
de leurs passions pariimnes, l'unique souci qui
guide les bergers patentes.
Maudissant dernièrement la rnalfaisance de la
surenchère politique en Algérie, nous ne ca-
chions pas notre angoisse : l'affaire de Mostaga-
nem et l'assassinat du Muphti, contre-coups di-
rects de ces passions insensées, ne justifient que
trop nos appréhensions. Ont-ils donc oublié, ces
inconscients, qu'on ne cultive pas impunément
en pays d'Islam la menace et t'insulte ? Hier,
les couteaux et les revolvers ont jailli spontané-
ment. Vont-ils nous mener demain aux mitrail-
leuses et à la L,égion ?
Il sera bien temps alors de lever les bras au
ciel en gémissan! qu'on n'a pas voulu cela. Car,
pendant que les incidents de rue se multiplient,
la crainte de Paris empêche les - responsables
d'agir. Depuis le scribe le plus modeste jus-
qi: aux plus hauts fonctionnaires, pas un n'ose
bouger le petit doigt sans prendre l'avion ou le té-
léphone pour demander i'avis de la place Beau-
vau. Au lieu de gouverner, les préfets conti-
nuent leur petite cuisine politique comme s'ils se
trouvaient encore à Clermont ot: à Marseille. Et
ces cians imbéciles, dent le p:,ys se meurt, l'Al-
gérie à son tour les voit transportés chez elle,
où ils sont le jouet de tous les éléments troubles :
c'est ainsi que la malheureuse Oranie, livrée na-
guère aux nervi d'un chef de bande issu de la
plus basse police, se trouve aujourd'hui déchi-
rer entre le rouge et le noir, :>nv.,; l' œil atone ---
des services publics.
La crainte de déplaire aux puissants du jour,
la hantise du limogeage, voilà les sources nobles
où les dirigeanis de l'Algérie puisent à l' heure
actuelle le secret de leur autorité.
Le gouvernement va-t-il comprendre que la
politique n'a rien à faire en Afrique ? Permet-
tuA-il à ses mandants de lâcher leur livrée pour
enfin gouverner ? Ot: bien ne consentira-t-il à
s' émouvoir qu'au tonnerre de l'émeute ?
H. M.
Le - Front Populaire et l'Empire
Depuis que le Front populaire est au pou-
voir, une immense espérance a traversé l'Em-
pire : l' espérance d'un redressement économique
et social.
Ce n'est pas aux lecteurs de ce journal qu'il
faut apprendre combien les colonies et pays de
protectorat ont besoin d'une politique réaliste,
vraiment impériale, visant à un remboursement de
toutes les forces de production et de consom-
mation.
Les colonies souffrent des effets d' une politi-
que à courte vue qui n'a pas tenu compte des
aspirations profondes des populations française
et indigène ; elles vivent d'une vie rétrécie à
la mesure des budgets de cuisinière dont on les
a dotées depuis sept ans que la crise est venue
déranger les habitudes paperassières et ronron-
nantes. La mise en valeur du sol est arrêtée par-
tout ; les travaux d'outillage indispensables, à
cette mise en valeur et qui procuraient du tra-
vail à une nombreuse main-d'œuvre indigène,
sont remis d'année en année ; le colonial ne
consomme plus ; le peuplement français dans le
bled est en régression parce que la terre et les
activités connexes ne nourrissent plus leur
homme.
On a trop dit et répété que la crise est la
cause de tout le mal. La crise a bon dos. Les
vrais responsables ce sont les dirigeants qui n ont
pas compris qu'à une situation nouvelle doit cor-
respondre une politique nouvelle. Sinon, c'est
le marasme et la faillite.
Mais les hommes au pouvoir, aujourd'hui,
ont, par la confiance qu'ils inspirent, une occa-
sion unique de redonner à la vie coloniale jeu-
nesse, vigueur et tout son sens humain. Politique
réaliste, avons-nous dit, l'Empire n en attend
pas d'autres. Nous devons mettre en garde con-
tre certaines tendances qui se sont manifestées
dans le Front Populaire. Les aspirations idéolo-
giques n ont pas ici la consistance qu on leur
prête à Paris, pour les besoins de la cause peut-
être, par ignorance toujours.
Il ne faut pas accorder aux revendications po-
litiques plus d'importance qu'elles n ont en réa-
lité ; mais il convient de mettre l'accent sur les
questions économiques et sociales, qui sont vrai-
ment la chose la plus sérieuse en ce moment.
Quand l'horizon sera éclairci, et que les hom-
mes mangeront à leur faim. on pourra examiner
si l'octroi d'un bulletin de vote est de nature à
faire le bonheur du bédouin sous sa tente et du
pêcheur annamite sur sa jonque.
On ne changera pas la société indigène du
jour au lendemain ; et quel que soit son carac-
tère « féodal » il faut s'en accommoder plutôt
que de rechercher à détruire une structure qui
repose sur un « ciment » religieux très ancien.
Le spirituel et le temporel sont intimement liés
et vouloir les séparer provoquerait des réactions
inévitables de fanatisme et de xénophobie.
L'évolution des sociétés indigènes est, toutefois,
possible ; nous la croyons même certaine, mais
dans le cadre de la paix française. A l'ombre
du drapeau français, l'œuvre de civilisation
humaine se poursuivra à une cadence régulière.
Mais sans les Français eu contre les Français.
il ne peut y avoir que servitude, désordre et
anarchie.
D autre part, nous demandons que l'on tienne
compte des possibilités budgétaires des colo-
nies et protectorats qui sont en général des pays
pauvres, devant dans tous les cas se suffire à
eux-mêmes. Tant que l'aide financière de la
Métropole ne se manifestera pas d'une manière
effective et suffisante, il ne saurait être ques-
tion d appliquer des réformes sociales, telle que
l'instruction obligatoire et gratuite, par exem-
ple. Dans le domaine de l'instruction comme
dans celui de l'assistance publique et médicale,
les besoins sont immenses. Les dépenses corres-
pondantes sont d'un tel volume qu'il faudrait
le montant de plusieurs budgets généraux pour y
faire face !
Ne perdons jamais de vue le sens des réalités
coloniales, si l'on veut accomplir des réforme3
vraiment utiles et productives de mieux-être.
Toute politique, pour aussi hardie qu' elle sera
et que nous la souhaitions, devra tenir compte
des besoins véritables des populations, qui sont
avant tout d'ordre économique, on ne saurait
trop le répéter. La paix, la liberté et le pain,
c'est une belle devise. La paix règne d'un bout
à l'autre de l'Empire parce que la France monte
la garde et tient en respect les convoitises des
voisins. La liberté, oui. dans l'ordre français
et le respect des mœurs et cotâmes ancestrales.
Mais le pain, voilà la grande chose qui compte
actuellement, et vers quoi les efforts de redresse-
ment doivent converger.
Pou; réaliser l'œuvre de remembrement éco-
nomique et social, les conditions morales sont,
aujourd'hui, exceptionnellement favorables.
Mettons à profit cet élan qui veut nous entraî-
ner vers des destinées plus larges et plus hautes.
Que désormais l'Empire soit à l'image de la
République qui l'a fondé, un et indivisible. Es-
savons les uns et les autres d'en faire un tout
harmonieux, où il y ait joie de vivre pour tous
et pour chacun.
Arthur Pellegrin.
Iirlci/ur mi Grand Conseil dl' la Tunisie.
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
Rédaction & Administration :
lt Km 4» la Bonne
PARIS (28)
TÉL. » RICHELIEU 73-OC
(2 ligne* groupées)
Les Annales Coloniales
e, s onc7leï
Fondateur i Marcel RUEDEL - Directeur i Raoul MONMARSON
ABONNEMENTS
avec ld Revue illustrée:
u. u M.i. 3 M.io
FrtlllCI et
Colonies 180 133 « SI •«
Etranger.. 240. 125. 70.
le Numéro : 3) centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
UNE QUESTION VITALE EN AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE
Les sociétés indigènes
de prévoyance agricole
IV. — Le conflit au Sénégal entre le commerce
- et l'administration
En accordant aux sociétés de pré-
voyance le droit de grouper et de vendre
les productions agricoles de leurs adhé-
rents, le décret du 9 novembre 1933 a
soulevé les protestations du commerce
sénégalais. Une brochure, qui a été édi-
tée par la Chambre de Commerce de
Rufisque, en résume les principales cri-
tiques.
Tout d'abord, il est reproché aux so-
ciétés de grouper tous les cultivateurs
et éleveurs du même cercle qui en font
obligatoirement partie.
Ainsi, théoriquement, toute la récolte
du Sénégal pourrait être vendue par l'in-
termédiaire des Sociétés puisque tous
les producteurs sont adhérents.
Certes, l'agriculteur n'est pas obligé
de porter ses produits à la Société. Mais
peut-il agir en toute indépendance lors-
qu'il sait que les opérations de vente
sont faites par des agents de l'adminis-
tration et que l'administrateur du cer-
cle remplit les fonctions de président
de la Société ?
De plus, ces fonctionnaires sont
tenus de prêter gratuitement leur
concours et les frais généraux des so-
ciétés étant ainsi moindres que ceux du
commerce, n'est-ce pas là une concur-
rence ruineuse qui prend même tour-
nure de monopolisation d'Etat?
L'article 9 du décret prévoyant l'ex-
propriation par la colonie d'immeubles
qui n'auraient pu être acquis à l'amia-
ble pour être cédés ensuite aux socié-
tés de prévoyance est aussi commenté
très sévèrement.
A ce sujet, une question de droit se
pose : L'expropriation ne peut-être opé-
rée que pour cause d'utilité publique, et
par conséquent au seul bénéfice de
['Administration ? Le décret en prévoit
bien la procédure habituelle, mais
n'entre-t-il pas en contradiction avec ia
loi lorsqu'il autorise l'Administration à
rétrocéder les immeubles expropriés à
la Société de prévoyance ? Il semble re-
connaître ainsi le droit à la Société elle-
même, ce qui lui confère un caractere
d'administration publique et dans ces?
conditions peut-elle être qualifiée pour
faire « des opérations de commerce » ?
Cependant, les commerçants recon-
naissent les réels services que l'Admi-
nistration a rendus à la colonie, d'une
part en améliorant le marché d'expor-
tation des oléagineux et d'autre part en
recherchant les moyens d'alléger les
produits de charges trop lourdes.
Mais, par les dispositions du décret,
les sociétés de prévoyance apparaissent
comme susceptibles d'entraver considé-
rablement le commerce sénégalais et
même de le' ruiner, ce qui provoquerait
une perturbation grave dans l'économie
de la colonie et une diminution impor-
tante des recettes publiques.
Le commerce conclue donc à ce que
ces dispositions soient rapportées, sur-
tout celles qui concernent le droit d'ex-
propriation et l'organisation de la vente
des produits des adhérents par les so-
ciétés de prévoyance : il voudrait voir
ces sociétés devenir de simples coopé-
ratives agricoles autonomes.
Telles sont, en résumé, les principa-
les doléances du commerce.
Il est possible en droit et en fait de
justifier le décret du 9 novembre 1933.
Tout d'abord, il faut se souvenir que
les sociétés de prévoyance ont été
créées par nécessité, de toute urgence,
pour sauver la récolte 1932, pour em-
pêcher la ruine imminente de nombreux
producteurs. Il ne faut pas oublier que
la constitution d'un stock de 20.000
tonnes de graines de semence qu'elles
ont dû faire au début, a été pour elles
une opération très onéreuse dont
l'amortissement exige chaque année
des sommes qu'elles ne peuvent réali-
ser qu'en vendant sur le marché une
certaine quantité d'arachides.
Comment pourrait-on considérer
comme nettement commerciales des
opérations qui consistent à grouper les
produits des adhérents et à les céder
par adjudication, au plus offrant ?
N'est-ce pas, d'ailleurs, le commerce
local qui est. l'adjudicataire et n'est-ce
pas lui qui procédera aux opérations
de ventes en France et dans les pays
étrangers ?
Si l'on veut songer en outre que 5
sociétés de prévoyance sur 15 ont ef-
fectué des ventes groupées, que loin.
d'atteindre la vente du contingent de
20.000 tonnes auquel elles ont droit
annuellement, elles en auront à peine
vendu la moitié au cours de la saison
1935-1936, on peut dire que le com-
merce n'a pas à être inquiet.
Sur 500.000 tonnes que le Sénégal
exporte chaque année, le commerce en
achète librement 480.000 en culture ;
je sais bien qu'il peut craindre un relè-
vement du contingent attribué aux
sociétés de prévoyance pour les ventes
groupées et, en poussant les choses à
l'extrême, qu on leur accorde la tacui-
té de vendre la totalité des récoltes ;
pratiquement, il n'en sera jamais ainsi
et « les ventes groupées » serviront
surtout à régulariser le marché, car les
cours d'adjudication fixés par la libre
enchère du commerce de demi-gros au-
ront une répercussion directe sur les
cours d'achat au détail. C'est le but
poursuivi par l'Administration.
Si le commerce sait s'adapter à cette
situation — et cela ne lui est pas im-
possible s'il veut faire l'effort nécessai-
re — il gardera la presque totalité de
sa clientèle car, contrairement à cer-
taines affirmations, l'Administration,
qui n'y aurait aucun intérêt, ne fait au-
cune pression sur les indigènes ; elle a
même donné des instructions précises
à ce sujet. Elle se borne, c'est son rôle
et c'est son devoir, à leur faire com-
prendre les avantages qu'ils ont à se
grouper pour réaliser leurs ventes.
Membres et adhérents d'une société
de prévoyance, les indigènes restent li-
bres de vendre ou non par l'intermé-
diaire de la Société.
,,ir suivre) Camille Briquet,
Député,
Ancien Vice-Président
de la Commission de l'Algérie,
des Colonies et Protectorats.
u'r 1rs .Iitimlt's (Dliiliiiih-x îles 30 juin. 10 cl
•1 juillet.
AUDIENCES
A L'ELYSEE
M. Albert Lebrun, président de la Républi-
que, a reçu hier après-midi le préfet de Constan-
tine.
Les grèves en Tunisie
A peine terminé à Bizerte, le mouvement
gréviste semble maintenant gagner Tunis.
Le nombre des grévistes s'élève à environ
1.200 ouvriers, dont 400 carriers, 400 du bâ-
timent, et 2 à 400 minotiers. Ceux-ci sont les
derniers à avoir adhéré au mouvement, à l'is-
sue d'une réunion a In Bourse du Travail.
L'accord, dans le bâtiment, entre patrons
et syndicats ouvriers n'a pu se faire, ceux-ci
refusant d'accepter des salaires égaux à ceux
qui viennent d'être accordés sur la place de
Bizerte.
Les carrières de Djebel-Djelloud, Dubos-
ville, ainsi que des usines situées dans ces
localités sont gardées militairement.
Le calme règne.
La conférence
de la Table Ronde
M. Albert Sarraut s' est embarqué le 5 août
sur le paquebot Ille-de-France pour les Etats-
Unis. Rappelons qu'il se rend à Yosemite
Park, en Californie, pour assister à la sixième
conférence de l'Institut des relations du Pa-
Il est accompagné de MM. Etienne De-
nery, professeur à l'Ecole des sciences poli-
tiques, Jean Laurent, directeur-adjoint de la
Banque de l'Indochine, André Touzet, direc-
teur-adjoint des finances du gouvernement gé-
néral de l'Indochine et Roger Lévy, secrétaire
général du Comité d'études.
Cette conférence doit grouper les représen-
tants des différents comités nationaux qui exis-
tent dans les pays riverains ou dans les pays
ayant des possessions riveraines dans le Pacifi-
que.
Les travaux se dérouleront du 15 au 30 août.
De nombreuses personnalités étrangères —
américaines, anglaises et nippones, notamment
- assisteront à cette importante réunion.
Air-Afrique
- Brazzaville, 31 juillet.
.- NE poésie est morte. EL
- 0 l
comme c'est la logique
des choses, une autre
immédiatement est née.
Regretterons-nous l'an-
cienne ? Nous l'avons
mesurée, passionné-
ment, et nous croyons
que toutes deux peu-
vent être également chantées.
L'avion qui nous emporta de Paris survola jus-
qu'à Marseille nos harmonieuses campagnes. Mais
c'est là le pain quotidien de notre existence, et
nous ne prîmes fièvre qu'à l'instant où l'hydro
abandonnait le rocailleux rivage marseillais. D'Al-
ger, le lendemain, nous allions nouer à nouveau
le contact avec notre vieille terre africaine, et, à
partir de Bidon V, survoler les pistes que nous
avions naguère parcourues, comme une fourmi,
pour vivre une magnifique épopée. Nous n'at-
terrissions que pour mieux nous élancer. Gau,
Niamey, Zinder, Fort-Lamy, de quel cœur re
saluâmes-nous pas ces pistes où nous avons laissé
tellement de nous ! Le Tchad, mou et gras, em-
pêtré de nuages, fixé parmi ses îlots, ses maré-
cages, ses tumuli de boue, nous apparut comme
Job sur son fumier. Et Archambault, Batangafo,
Maradi, Bangui, aux verdures enfantées par les
pluies, nous rapprochèrent passionnément de la
grande geste congolaise.
jHier matin, enfin, sous la chevauchée empor-
tée des nuages, nous tentions de deviner la clai-
rière de Bclobo, une heure avant de nous poser
à Brazzaville, à neuf heures du matin, le sixième
jour après avoir quitté Paris. Le miracle est là.
Comme tous les miracles, il nous frappe par sa
grandeur. Nous ne l'expliquons pas;
*
* *
Le chant foudroyant du moteur n'a pas étouffé
la chanson monotone du navire à aubes, sur le
fleuve. En transparence, au travers des hélices,
nous entendions le rythme « Patamingui, pata-
mingui. n et justement, avec leurs queues ocres
d'écume, ncus vîmes, insignifiants sur le fleuve
aux millions d'îles, les parents du Kitoko ou du
Lamy. La vieille terre d'Afrique est maintenant
tombée dans le domaine public. Ceux qui la vé-
curent, avant que son ciel fût traversé par l'éclair
des ailes, s'en souviendront avec un étrange émoi,
comme l'âge les courbe sur leur magnifique jeu-
nesse.
Mais par un phénomène étrange, alors que le
contraire eût dû être normal, c'est l'avion qui
vient de nous faire découvrir l'immensité de no-
tre Empire africain. Nous avions cependant mis
bout à bout, en marchant, des kilomètres et passé
ainsi d'une colonie à l'autre, en comptant les
jours et les semaines. Nous avions cependant, en
pirogue, franchi des rapides et modifié des paysa-
ges. Nous avions cependant, en auto, par voie
ferrée, accumulé des secteurs : des mcis, des
années, sans arriver au bout de la connaissance!
Cinq jeurnées d'avion ont suffi à réduire nos
peines de naguère, à nous jeter du pôle méditer-
ranéen au pôle congolais. Un regard, guère plus
long qu'un accès de fièvre, et la moitié de l'Afri-
que est franchie — 6.225 kilomètres en cinq éta-
pes. Ce court délai, ce confort extrême, cette dé-
roulante facilité, eussent dû ramener à leur taille
notre Afrique, nous permettre de rire de nos fati-
gues et de nos longs délais de naguère. Mais le
contraire se produit. Nous sommes effrayé des
proportions formidables de cette Afrique fran-
çaise.
*
< t
L'avion qui nous déposa à Brazzaville, prenant
à peine le temps de respirer, regagnera après-
demain son gîte, comme un pigeon vcyageur. Il
emportera cet hommage que nous entendons lui
rendre. La tranquille assurance de son équipage,
Poulin, Hébrard, Barbier, son amabilité, sa préci-
sion, et sa constante préoccupation en vol de tout
ce qui pourrait nuire à l'avion, nous ont profon-
dément frappé. Car nous savions, pour l'avoir
sous d'autres ciels éprouvé, combien l'aviateur
français pouvait être parfois insouciant, risque-
tout, ou fantaisiste. Nous avons découvert une
nouvelle classe. Ncus avons navigué avec des
pilotes anglais, italiens, allemands : les. nôtres
sont égaux à ceux dont le tranquille sang-froid
s'était naguère mesuré à la fantaisie des autres.
Le commandant Dagnaux peut être heureux ;
il est parmi les rares qui connaissent la réalisa-
ticn des rêves qu'ils ont faits. Ces ailes françaises,
au-dessus de l'Afrique française, cette traversée
du Tanezrouft, ou du Hoggar, ce survol du Tchad,
cette descente de l'Oubangui et du Congo, il est
parvenu à les réaliser. Et des équipages d'élite
contribuent à ne pas briser sa magnifique initia-
tive, qui aura, demain, sa récompense.
C'est le moment de reprendre la vieille excla-
mation : pourquoi faut-il que nos journaux ne
connaissent que les crimes, les scandales, le poto-
poto, la honte ?
Est-ce parce que l'héroïque vie quotidienne de
la France est par trop nombreuse, et toute natu-
relle, rougissant d'en tirer crgueil, incapable d'en
faire état, est-ce parce qu'elle est trop normale
dans le cadre de notre immense Empire, dont la
puissance n'est justement acquise que grâce à
sa multiplicité ?
Raoul Monmarson.
—————————
Budgets
DE L'ALGERIE
Le budget des dépenses de l'Algérie pour
l'exercice 1937 vient d'être fixé à la suite des
votes émis par l'acsemblée des Délégations fi-
nancières.
Il atteint la somme de 1.609.402.800 francs.
Il se décompose comme suit :
Budget extraordinaire 307.875.000 »
Budget ordinaire, , , , , , 1 .301.617.180 »
Mais ce budget n'a pas été équilibré, devant
la nécessité de renvoyer le vote des recettes à
la session extraordinaire de novembre prochain.
Visite en leurs Etats
EN TUNISIE
M. Armand Guillon, après avoir rendu vi-
site la semaine dernière, à Tunis, au centre
de Prophylaxie vénérienne, puis au dispensaire
musulman de Dar Ibn-el-Jazzar, devait se ren-
dre à Sfax et de là gagner les îles Kerkennah.
Cette dernière visite a été remise à une date
ultérieure.
On pense que le résident général s'embar-
quera pour la Métropole vers k mi-août, ac-
compagné de ses chefs, de cabinets civil et mi-
littaire, M. Robaglia et le lieutenant-colonel
Claveau.
Après un court séjour à Paris, M. Guillon
se irendra dans sa famille et sera de retcur
à Tunis au commencement d'octobre pour y
présider la session du Grand Conseil.
Durant son absence, l'intérim sera vraisem-
blablement assuré d'abord par M. Hontebey-
rie, puis par M. Carteron, secrétaire général
du Gouvernement tunisien.
EN A.E.F.
M. Resie, Gouverneur général, a quitté Braz-
[ zaville en avion lundi pour Pointe-Noire, Port-
Geniil, et Libreville.
il voyage à bord d'un appareil trimo-
teur commandement Bloch ayant comme
équipage le commandant Guertia, le sergent
chef de Livoudray, second pilote, le
sergent Mainguy radio-télégraphiste, et le ser-
gent Valette, mécanicien.
L'avion s'est rendu à Pointe-Noire, où il
est arrivé à midi, après avoir survolé Matadi,
Boma et Banane.
M. Reste a poursuivi le lendemain sa route
en avion vers Libreville en faisant escale à
Port-Gentil.
Il compte regagner le Moyen-Congo, via
rointe-Ncire demain samedi.
Lors de sa précédente tournée au Gabon, le
Gouverneur général n'avait pu visiter que la
région de l'Ogooué, de Port-Gentil à N'Djolé.
Les récentes palabres concernant les augmenta-
tions éventuelles de contingents rendent néces-
saire cette nouvelle visite.
Le Gouverneur général Reste, peu après son
retour à Brazzaville, se rendra en Oubangui-
Chari. )
Emeutes et Trouilles
A Mostaganem
C'est une véritable émeute qui il éclaté
tenait sur le port de Mostaganem entre
dockers les uns grévistes et affiliés à la
C.G.T., les autres noi-grdvistes et apparte-
nant à un syndicat autonome que venait de
fonder une semaine auparavant M. Alvarez.
Lorsque ceux-ci pénétrèrent sur le port pour
commencer le travailleurs camarades cégé-
tistes envahirent le quai et les attaquèrent à
cO/lfiJ" de cailloux et de matraques, Alvarez,
notamment, gravement blessé dans la ba-
garre , a été transporté dans le coma à l'hô-
pital.
Des pourparlers entre autonomes et cégé.
tisles fusent ensuite elltaml\s, à l'issue des-
quels on s'entendit de part et d'autre pour
décharger deux cargos en instance depuis
samedi. Dans Vaprès-midi} au moment où le
travail allait reprendre, les cégétistes déci.
dèrent brusquement d'empêcher les autono-
mes de participer au débarquement.
A ij heures, une bataille rangée s'enga.
geait à coups de revolver.
Les communistes et les nationaux venant
grossir les rangs de chaque parti, la bagarre,
s'envenima et devint vite très sérieuse.
Lorsque le calme fut rétabli manu militari,
ou ramassa neuf blessés et un mort : le doc-
ker Gil Diego.
Hier avaient lieu les obsèques de ce mal.
heureux que suivaient 25.000 personnes.
U n premier incident se produisit au début
dIt cortège : un spectateur qui saluait de la
math levée fut hué et lapidé. Puis, quelques
instants plus tardavant d'arriver au cime.
tière, une fusillade dirigée contre la foule
sortit d'un immeujble voisin. Des blessés
s'écroulèrent et la foule, prise de panique,
s'enfuit de tous côtés.
Des communistes se ruèrent sur l'immeuble
auquel ils mirent le feu. La police arriva ell.
fin, maîtrisa les uns et les al(.tre.s et put ar-
rêter les fusilleurs.
Dans la soiréedes bagarres eurent encore
lieu entre la force armée, et des manifes-
tants ouvriers.
Inutile de dire que si le calme, relatif, rè-
gne aujourd'hui, l'émotion n'en est pas moins
intense dans la ville.
La garde mobile d'Oran est venue, renfor-
cer le service d'ordre local composé de la
gendarmerie., de la troupe et de la police.
Des patrouilles circulent en ville et tous les
bâtiments publics sont gardés militairement.
Les cafés, les bars et les magasins ont fermé
leurs portes par mesure de sécurité.
La situation se complique du fait fille les
dockers ont décrété la grève générale et que
les ouvriers des moulins Cohen Skalli se
sont solidarisés avec eux sur l'ordre de la
C. G. T.
La ville manque de sucre depuis cinq
jours et l'huile est sur le point de faire dé-
faut par suite de l'impossibilité de faire dé-
charger les navires ancrés dans le port. Le
commerce est totalement paralysé. Tous les
grévistes sont pour l'instant rassemblés sur
les quais où le service d'ordre veille à éviter
tout heurt et tout désordre: jusqu'à présent
aucun nouvel incident n'est à signaler.
Les délégués de tous les grévistes doivent
se réunir chez le sous-prefet en présence des
acconiers et du maire. Des pourparlers sont
engagés afin d'aboutir à un arrangement.
L'inspecteur général des services adminis-
tratifs, M. Périé de Péral, ainsi que le préfet
d'Oran, M. Rousselot, sont arrivés à Mosta-
ganem pour enquêter sur les troubles de
lundi.
D'autre part, la section locale de la Ligue
des Droits de l'Homme vient d'adresser un
télégramme de protestation au ministre de
V Intérieur,
La Tunisie
devant les problèmes
—- économiques ';'
Programme de grands travaux
Le Gouvernement de la Régence se préoc-
cupe d'accélérer dans toute la mesure pos-
sible la réalisation du programme des tra-
vaux d'outillage économique dressé pour
l'année 1936 par le Conseil Supérieur d'ou-
tillage économique.
Ce programme, qui s'élève à 71.000.000 a
été arrêté fin février et a été mis en appli-
cation immédiatement; mais l'étude de la
préparation des projets, les formalités d'ad-
judication nécessitant un délai de plusieurs
mois de sorte que la réalisation effective des
travaux n'a pu se faire pendant les premiers
mois de l'année qu'à une cadence assez fai-
ble.
Cette période de démarrage est maintenant
révolue et la cadence de réalisation s'est ac-
centuée considérablement. Le montant des
sommes engagées atteint 25.500.000 francs au
31 juillet, les travaux seront dans les mois
suivants adjugés à raison d'une moyenne de
S millions par mois.
D'autre part, le Résident général, soucieux
de venir en aide aux chômeurs dans toute la
mesure possible, a donné des instructions
pour que les travaux permettant l'emploi de
main-d'œuvre non spécialisée soient entrepris
par priorité. Le montant total des salaires
de main-d'œuvre non spécialisée qui pourront
être payés en application de ces mesures à
partir du mois d'août jusqu'au mois de mars
1937 s'élève à 3.400.000 fr. environ.
Contre la hausse des denrées alimentaires
Le gouvernement tunisien, depuis que sé-
vit la crise économique, s'est employé à en
atténuer les effets à l'égard des producteurs
et à assurer à ceux-ci une meilleure rému-
nération de leur travail.
Indépendamment de la politique de reva-
lorisation des produits agricoles, en présence
de la hausse continuelle des prix de certai-
nes denrées de première nécessité, le Rési-
dent général se préoccupe d'assurer le ravi-
taillement de la population et étudie diverses
dispositions, s'ajoutant à celles déjà prises
dans le même ordre d'idées, concernant
l'orge, l'huile et les denrées alimentaires en
général.
En ce qui concerne l'orge, tenant compte
du déficit de la récolte et des besoins des
consommateurs et des agriculteurs, le Ré-
sident a été conduit à envisager l'interdiction
d'exportation de cette céréale. Pour les hui-
les, des mesures interviendront pour atténuer
les effets de la hausse.
Dans le cas où les résultats atteints se ré-
véleraient insuffisants, le gouvernement
exercera le droit de recquisition, A cet effet,
décrète seront promulguée prochaine-
ment.
—————————— ) -.--.¡ ——————————
Les exportations d'okoumé
du Gabon
Les exportations d'okoumé se sont élevées
en juillet à 21.113 tonnes, contre 29.209 t. en
juillet 1935.
Cette quantité porte à 173.141 t. le total
des expéditions depuis le début de l'année
en cours, contre 226.568 t. pour la période
correspondante de 193;.
La peur de déplaire
Jamais, fût-ce aux heures les plus tragiques de
Constantine. la malheureuse Algérie n'a plus
exactement fourni le spectacle d'un feu qui
couve sous ses mille foyers mal éteints. A peine
un conflit est-il apaisé que le premier soufle ve-
nu en ranime un autre, chaque fois plus cirulent,
plus menaçant.
La main qui prépare l'incendie avec tant de
criminelle insouciance, il n'est pas besoin d'al-
ler la chercher à Moscot:. Le seul responsable
est ce concert politique, où le communisme joue
sa partie au même titre ave tout autre.
Depuis les élections, et quel que soit le clan
des uns et des autres, il n'est pas un homme poli-
tique algérien qui ait fait preuve un seul instant
de bon sens, pas un journal local qui n'ait con-
Itibué par ses diatribes de chapelle à verser de
l'huiie sar ie feu. Tous les jours ce ne sont que
défis et provocations. Les appels à la popt:-
lation se succèdent, attisant les haines, travail-
lant à dresser la population dans des luttes in-
testines qui bientôt deviendront irrémédiables.
Cortèges et contre-manifestations, poings ten-
dus et bras levés : tel est aujourd'hui, d'un bout
à l'autre de l'Algérie, l'essentiel des préoccu-
pations de chacun, tel est, dans l'aveuglement,
de leurs passions pariimnes, l'unique souci qui
guide les bergers patentes.
Maudissant dernièrement la rnalfaisance de la
surenchère politique en Algérie, nous ne ca-
chions pas notre angoisse : l'affaire de Mostaga-
nem et l'assassinat du Muphti, contre-coups di-
rects de ces passions insensées, ne justifient que
trop nos appréhensions. Ont-ils donc oublié, ces
inconscients, qu'on ne cultive pas impunément
en pays d'Islam la menace et t'insulte ? Hier,
les couteaux et les revolvers ont jailli spontané-
ment. Vont-ils nous mener demain aux mitrail-
leuses et à la L,égion ?
Il sera bien temps alors de lever les bras au
ciel en gémissan! qu'on n'a pas voulu cela. Car,
pendant que les incidents de rue se multiplient,
la crainte de Paris empêche les - responsables
d'agir. Depuis le scribe le plus modeste jus-
qi: aux plus hauts fonctionnaires, pas un n'ose
bouger le petit doigt sans prendre l'avion ou le té-
léphone pour demander i'avis de la place Beau-
vau. Au lieu de gouverner, les préfets conti-
nuent leur petite cuisine politique comme s'ils se
trouvaient encore à Clermont ot: à Marseille. Et
ces cians imbéciles, dent le p:,ys se meurt, l'Al-
gérie à son tour les voit transportés chez elle,
où ils sont le jouet de tous les éléments troubles :
c'est ainsi que la malheureuse Oranie, livrée na-
guère aux nervi d'un chef de bande issu de la
plus basse police, se trouve aujourd'hui déchi-
rer entre le rouge et le noir, :>nv.,; l' œil atone ---
des services publics.
La crainte de déplaire aux puissants du jour,
la hantise du limogeage, voilà les sources nobles
où les dirigeanis de l'Algérie puisent à l' heure
actuelle le secret de leur autorité.
Le gouvernement va-t-il comprendre que la
politique n'a rien à faire en Afrique ? Permet-
tuA-il à ses mandants de lâcher leur livrée pour
enfin gouverner ? Ot: bien ne consentira-t-il à
s' émouvoir qu'au tonnerre de l'émeute ?
H. M.
Le - Front Populaire et l'Empire
Depuis que le Front populaire est au pou-
voir, une immense espérance a traversé l'Em-
pire : l' espérance d'un redressement économique
et social.
Ce n'est pas aux lecteurs de ce journal qu'il
faut apprendre combien les colonies et pays de
protectorat ont besoin d'une politique réaliste,
vraiment impériale, visant à un remboursement de
toutes les forces de production et de consom-
mation.
Les colonies souffrent des effets d' une politi-
que à courte vue qui n'a pas tenu compte des
aspirations profondes des populations française
et indigène ; elles vivent d'une vie rétrécie à
la mesure des budgets de cuisinière dont on les
a dotées depuis sept ans que la crise est venue
déranger les habitudes paperassières et ronron-
nantes. La mise en valeur du sol est arrêtée par-
tout ; les travaux d'outillage indispensables, à
cette mise en valeur et qui procuraient du tra-
vail à une nombreuse main-d'œuvre indigène,
sont remis d'année en année ; le colonial ne
consomme plus ; le peuplement français dans le
bled est en régression parce que la terre et les
activités connexes ne nourrissent plus leur
homme.
On a trop dit et répété que la crise est la
cause de tout le mal. La crise a bon dos. Les
vrais responsables ce sont les dirigeants qui n ont
pas compris qu'à une situation nouvelle doit cor-
respondre une politique nouvelle. Sinon, c'est
le marasme et la faillite.
Mais les hommes au pouvoir, aujourd'hui,
ont, par la confiance qu'ils inspirent, une occa-
sion unique de redonner à la vie coloniale jeu-
nesse, vigueur et tout son sens humain. Politique
réaliste, avons-nous dit, l'Empire n en attend
pas d'autres. Nous devons mettre en garde con-
tre certaines tendances qui se sont manifestées
dans le Front Populaire. Les aspirations idéolo-
giques n ont pas ici la consistance qu on leur
prête à Paris, pour les besoins de la cause peut-
être, par ignorance toujours.
Il ne faut pas accorder aux revendications po-
litiques plus d'importance qu'elles n ont en réa-
lité ; mais il convient de mettre l'accent sur les
questions économiques et sociales, qui sont vrai-
ment la chose la plus sérieuse en ce moment.
Quand l'horizon sera éclairci, et que les hom-
mes mangeront à leur faim. on pourra examiner
si l'octroi d'un bulletin de vote est de nature à
faire le bonheur du bédouin sous sa tente et du
pêcheur annamite sur sa jonque.
On ne changera pas la société indigène du
jour au lendemain ; et quel que soit son carac-
tère « féodal » il faut s'en accommoder plutôt
que de rechercher à détruire une structure qui
repose sur un « ciment » religieux très ancien.
Le spirituel et le temporel sont intimement liés
et vouloir les séparer provoquerait des réactions
inévitables de fanatisme et de xénophobie.
L'évolution des sociétés indigènes est, toutefois,
possible ; nous la croyons même certaine, mais
dans le cadre de la paix française. A l'ombre
du drapeau français, l'œuvre de civilisation
humaine se poursuivra à une cadence régulière.
Mais sans les Français eu contre les Français.
il ne peut y avoir que servitude, désordre et
anarchie.
D autre part, nous demandons que l'on tienne
compte des possibilités budgétaires des colo-
nies et protectorats qui sont en général des pays
pauvres, devant dans tous les cas se suffire à
eux-mêmes. Tant que l'aide financière de la
Métropole ne se manifestera pas d'une manière
effective et suffisante, il ne saurait être ques-
tion d appliquer des réformes sociales, telle que
l'instruction obligatoire et gratuite, par exem-
ple. Dans le domaine de l'instruction comme
dans celui de l'assistance publique et médicale,
les besoins sont immenses. Les dépenses corres-
pondantes sont d'un tel volume qu'il faudrait
le montant de plusieurs budgets généraux pour y
faire face !
Ne perdons jamais de vue le sens des réalités
coloniales, si l'on veut accomplir des réforme3
vraiment utiles et productives de mieux-être.
Toute politique, pour aussi hardie qu' elle sera
et que nous la souhaitions, devra tenir compte
des besoins véritables des populations, qui sont
avant tout d'ordre économique, on ne saurait
trop le répéter. La paix, la liberté et le pain,
c'est une belle devise. La paix règne d'un bout
à l'autre de l'Empire parce que la France monte
la garde et tient en respect les convoitises des
voisins. La liberté, oui. dans l'ordre français
et le respect des mœurs et cotâmes ancestrales.
Mais le pain, voilà la grande chose qui compte
actuellement, et vers quoi les efforts de redresse-
ment doivent converger.
Pou; réaliser l'œuvre de remembrement éco-
nomique et social, les conditions morales sont,
aujourd'hui, exceptionnellement favorables.
Mettons à profit cet élan qui veut nous entraî-
ner vers des destinées plus larges et plus hautes.
Que désormais l'Empire soit à l'image de la
République qui l'a fondé, un et indivisible. Es-
savons les uns et les autres d'en faire un tout
harmonieux, où il y ait joie de vivre pour tous
et pour chacun.
Arthur Pellegrin.
Iirlci/ur mi Grand Conseil dl' la Tunisie.
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