Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1936-06-30
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 30 juin 1936 30 juin 1936
Description : 1936/06/30 (A37,N51). 1936/06/30 (A37,N51).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265408k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
378 ANNEE. — N° 51.
MARDI J13 h. 30), 30 IUIN 1936
JOURNAL SEII-OUOTIDIEN
Rèdaction & Administrstiên :
1, une de la Bonne
PARIS (2*)
TÉL. : RICHELIEU 73*06
(2 ligues groupées)
Les Annales Coloniales
Fondateur : Marcel RUEDEL
Directeur i Raoul MONMARSON
IBINNEMENTS
mec Ai Revu* - illustrét: -
Oi n 6 Mail 3 b(O"
- - -
Franoe et
Caltniet 181 » 100.. S* »
Etranger.. 241 > .125» 7t.
Le Numéro : 3J centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Une question vitale en Afrique Occidentale française
Les Sociétés indigènes
-- dé Prévoyance agricole
Depuis deux ans, certains milieux
commerciaux de l'A. 0. F. se sont émus
de l'activité des Sociétés Indigènes de
Prévoyance agricole.
La cause fut la mise en application
du décret du 9 novembre 1933 qui,
élargissant les attributions de ces So-
ciétés, leur donnait notamment, sur
leur demande, la faculté de vendre les
produits de leurs adhérents et leur per-
mettait de bénéficier éventuellement
de certaines expropriations d'immeu-
bles.
On parla alors d'une tentative de
monopolisation qui devait amener iné-
vitablement la ruine du commerce.
Depuis le temps a passé, — les So-
ciétés de Prévoyance ont fonctionné.
et le commerce a survécu. Cet état de
faits précieux permet de retirer prati-
quement des enseignements utiles.
En toute impartialité on voudra bien
admettre que le Gouvernement géné-
ral ne s'est pas engagé à la légère, et
pour son seul plaisir, dans une entre-
prise d'une telle ampleur - qui - compte
à l'heure actuelle en A.O.F. 101 Socié-
tés de prévoyance groupant au total
8.500.000 adhérents sur une popula-
tion de 14.500.000 habitants.
On a beaucoup écrit, et même par-
fois avec passion, au sujet des Socié-
tés de Prévoyance. Il est juste de con-
venir que dans le domaine économique,
moins que dans tout autre, il n'y a pas
d'effet sans cause et que pour bien
comprendre la situation, ce sont celles-
ci qu'il faut d'abord dégager. J'ajoute
que les mesures économiques ne sont
jamais des expériences de laboratoire ;
elles sont, au contraire, rigoureuse-
ment déterminées par certaines cir-
constances, souvent imprévues, qui né-
cessitent une contre-partie immédiat
Celle-ci peut être plus ou moins bien
au point, son fonction ernent nlus on
moins défectueux ; qu'importe les
points de détail : ceux-ci se façonne-
ront d'eux-mêmes à l'usage.
Ce fut le cas pour les Sociétés indi-
gènes de Prévoyance agricole.
A l'encontre d'autres colonies, en
A.O.F., le blanc s'étant pour ainsi dire
confiné dans sa première activité, le
commerce, l'agriculture est essentielle-'
ment restée entre les mains des indi-
gènes, cultivant individuellement leurs
champs.
Sous les tropiques, l'autochtone est
naturellement indolent. Il travaille
pour assurer tout juste sa subsistance.
Les premiers européens qui pénétrè-
rent dans le pays s'occupaient unique-
ment de ramasser les produits locaux,
les troquant contre de la pacotille, des
étoffes, quelques objets. L'indigène
s'habitua toutefois à considérer le pro-
duit de son travail comme une possibi-
lité d'échange avec ce qui le tentait,
ou dont il voyait l'utilisation journa-
lière : un travail se faisait dans son
esprit, qui le disposait à admettre l'in-
térêt pour lui d'une augmentation de
production. Mais la routine, les
moyens primitifs d'exploitation, le
manque de conseils éclairés, entra-
vaient l'essor des cultures.
Tant que le nombre trafiquants res-
ta peu élevé, leur activité commerciale
n'amena aucune perturbation dans
l'économie locale, -. leur capacité
d'achat étant relativement réduite et
bien inférieure à la production.
Mais cette situation changea très
rapidement au fur et à mesure que se
multipliaient les commerçants, que de
grosses maisons installaient partout
leurs nombreux comptoirs.
Actuellement le Sénégal exporte an-
nuellement entre 450 et 500.000 ton-
nes d'arachides, qui représentent plus
des 3 cinquièmes du chiffre total des
exportations de l'A.O.F. On voit tout
de suite l'importance primordiale de
la culture des arachides pour la vie
économique de la colonie.
En faisant abstraction d'une produc-
tion auxiliaire de manioc encore peu
importante mais qui cependant est en
plein essor on peut dire que le Séné-
gal est un pays de monoculture. Il est
donc très sensible à une brusque va-
riation des cours, d'où nécessité d'en
prévoir et atténuer éventuellement les
brutales conséquences.
La récolte des arachides est très
courte : elle dure environ trois mois.
C'est donc presque d'un seul coup que
le produit total de l'année est mis en-
tre les mains du producteur ; il doit
cependant lui permettre de subsister
jusqu'à la récolte de l'année suivante.
Nulle part ailleurs les Sociétés de Pré-
voyance ne pouvaient jouer un rôle plus
actif qu'au Sénégal. C'est là cepen-
dant qu'elles ont été le plus discutées.
(A suivre.)
Camille Briquet,
Député,
~ncien Vice-Président
ifr la Commission de VAlf/érie,
des Colonies et Protectorats.
Une mission de la S. D. N.
en Indochine
Nous avons annoncé, la semaine dernière,
l'arrivée en Indochine d'une mission du comité
d'hygiène de la S. D. N., qui doit se livrer à
qu d 0' t se li vrer à
des études préparatoires sur les conditions d'hy-
giène rurale dans les pays d'Extrême-Orient, en
vue de la réunion à Java, en juillet 1937, d'une
conférence ayant pour but d'aviser aux moyens
pratiques d'améliorer les conditions d hygiène
des populations rurales en Extrême-Orient.
Après avoir visité successivement Saïgon et
Cholon, elle s'est vivement intéressée aux insti-
tuts Pasteur de Nhatrang, et a visité, au cours
de son voyage vers le nord, les différentes for-
mations sanitaires des provinces traversées.
Elle a également étudié les mesures de pro-
tection démographiques prises dans les régions
où de grands travaux sont actuellement en cours,
et en particulier l'organisation du service antima-
larien sur les chantiers de construction du trans-
indochinois.
Arrivée à Hanoï le 16 juin, elle a inspecté
les laboratoires de recherches de l'Institut Pas-
teur, de l'Institut du Cancer et de l'Institut des
Recherches agronomiques.
Elle a quitté le Tonkin le 17 juin par le
Canton à destination de Hong-Kong.
————————— ) -.- ( ——————————
A la Présidence du Conseil
AU CABINET DU PRESIDENT
Le président du Conseil a complété son ca-
binet de la façon suivante :
Chef du secrétariat particulier : Mme Hervé,
commis principal de l'administration centrale du
Ministère du commerce et de l'industrie ;
Attaché: M. Haulpetit-Fourichon, licencié
en droit ;
Chargés de mission : MM. Fontanier, agrégé
de l'Université, ancien député ; Descourtieux,
journaliste ; Deschamps, administrateur des
Colonies.
Xous sommes heureux de saluer notre col-
lnborateur et ami Henry Fontanier, qui est
s|>t'ciiileinent chargé à la Présidence du Con-
seil des relations extérieures et coloniales.
Nos lecteurs conaissant ses idées, son ini-
liiilivc, et le souci qu'il a de l'Empire. C'est
un heureux gage pour nous.
INTÉRIM
EN A.E.F. -'
En remplacement de M. Brunot, Gouver-
neur, rentré en France, M. de Poyen-Bellisle,
administrateur en chef, vient d'être appelé-(dé-
cret du 28 juin) par intérim à exercer les fonc-
tions de Gouverneur délégué du Gouverneur
général de l'A.E.F., à Bangui,
A LA MARTINIQUE
L'article 2 du décret du 20 mai 1936 avait
chargé M. Vingarassamy, administrateur en
chef, de l'intérim des fonctions de secrétaire
général de la Martinique.
Sur la demande de M. Vingarassamy, cet
intérim vient d'être supprimé (décret du
28 juin).
—————————— ) ——————————
Les fraudes électorales
en Cochinchine
Le procès des 135 électeurs, inculpés de
corruption électorale lors de l'élection de
M. le comte de Beaumont en Cochinchine, a
commencé à Saïgon le 17 juin.
Dès le premier jour, les avocats ont sou-
levé toutes les formes de la procédure chica-
mère. Le président du tribunal ne s'est pas
laissé intimider, et, malgré toute l'obstruc-
tion de la défense, les débats ont commencé.
Ce que nous avons annoncé, dès lé début
de cette grave affaire, s'est réalisé : les in-
culpés reviennent un à un sur les aveux
qu'ils ont faits à l'instruction et affirment que
la blancheur de leur conscience est imma-
culée.
L'affaire n'est pas encore terminée. Cepen-
dant, il résulte de ce procès que de nombreux
électeurs ne savent ni lire ni écrire et que
certains d'entre eux ne connaissent pas même
un mot de français ! Les beautés du suffrage
universel !
Le jugement ne tardera pas à intervenir, et
il y aura appel.
Le bureau de la Chambre des députés,
chargé d'examiner l'élection de M. de Beau-
mont, a décidé d'attendre le jugement du
tribunal de Saigon pour ensuite examiner mi-
nutieusement le dossier qui lui est soumis.
M. Omer Sarraut, actuellement à Paris, et l,
qui fut battu de 31 voix, doit soumettre à
la commission un très important dossier qu'il
a apporté de Cochinchine.
La Guyane
méconnue
tN
NE seule Guyane est
connue : celle du ba-
gne. Elle a donné à la
démagogie des armes
triomphantes. Dreyfus
et l'Ile du Diable, les
départs du La Martiniè-
re, les évasions et
quelques noms illus-
tres dans les annales du
crime, si bien mises en
valeur par nos mœurs
d'aujourd'hui, ont atti-
ré quelques iournalis-
tes, d'un talent plus ou moins certain, et la K-
gende a couru. Si la Guyane a été ainsi tuée par
le bagne, hâtons-nous de spécifier que ce fut
seulement dans l'esprit du peuple non averti, et
qui ne chercha point, par ailleurs, à s'instruire.
Nous avons, à plusieurs reprises, exposé notre
sentiment, nos collaborateurs comme nous-même.
Nous ne sommes point forcément t'u
même avis, mais nous attachons trop de prix à
la pensée humaine pour nous abstenir de publier
ceux de leurs articles qui ne sont pas dans le ca-
dre de nos opinions. Nous avons écrit qu'une au-
torité intelligente, humaine et ferme pourrait ti-
rer, au profit de la Guyane, un admirable parti
de la main-d'œuvre pénitentiaire. Nous avons vu,
pendant la guerre, devant l ennemi, des compa-
gnies de « mauvais garçons » ayant au feu une
admirable conduite. Il suffisait qu'elles fussent
encadrées par des chefs énergiques et justes.
Toute troupe, quelles qu'en soient l'origine et la
composition, n'a de valeur que par le chef qui
la mène. Et lorsque nous avons rendu hommage
à M. Masson de Saint-Félix, c'est parce que
nous avons vu les chantiers de la route Cayenne.
Port Inini-Saint Laurent du Maroni. Ce Gouver-
neur a su tirer parti de la main-d'œuvre pé-
nitentiaire. Est-ce à cause de cela, et des résul-
tats qu'il a obtenus, que la politique locale, fidèle
à elle-même mais parjure à son pays, a réussi à
lui faire quitter Cayenne?
*
Le faux humanitarisme émeut toujours les fou-
les parce que celles-ci sont toujours plus aptes
aux généralités stupides qu'aux cas précis - et net-
tement délimités, Ainsi de la Guyane et du ba-
gne. Celui-ci a étouffé celle-là. La plupart des
chefs de la colonie et des fonctionnaires euro-
péens vivent ainsi dans l'ombre du bagne, en ac.
ceptent la mystique négative, et se résignent à
ne rien faire, alors qu'ils ont entre les mains un
admirable pays. Nous avons dit l'impression que
que nous avons ressentie en Guyane. Après les
Antilles stylisées dans une atmosphère provin-
ciale française, tempérées, modérées, cultivées,
aux lignes douces et empreintes d'un roman-
tisme charmant, nous avons retrouvé en Guyane
notre Afrique équatoriale, avec sa forêt souve-
raine, son atmosphère humide et chaude, sans
aucun souffle de vent ou de fraîcheur, sa côte
noyée de mer, sa végétation ardente et passion-
née. La primitivité de sa forêt nous accueillit.
Nous avons retrouvé la latérite, la brousse dé-
vorante, et la respiration puissante du mystère,
lorsque seul sur un chantier, et justement grâce
à cette enivrante solitude, nous nous sommes
avancé à la limite du débroussaillement. La
Guyane, terre primitive, et cependant française
depuis trois cents ans ! Quel sort lui fut jeté ?
La carte de la colonie montre bien qu'elle fut
toujours délaissée : les cours d'eau, - seuls, y
sont tracés. Mais, savane ou forêt, les terres
portent la mention CI zone inconnue ». Est-ce
vraiment le bagne qui en est la cause, — ce ba.
gne seulement installé en Guyane, pas même de.
puis quatre vingts ans ? Ceux qui le prétendent
n'ont jamais étudié le pays ou peut-être — ce
qui est plus grave — se moquent-ils sciemment
de la réalité.
Un journal de Cayenne, l'Observateur, sous la
signature de E. Sayon, nous propose une expli-
cation; cet exposé est tellement identique à no-
tre manière de voir, à notre sentiment, que nous
l'aurions intégralement signé. Nos lecteurs le
trouveront reproduit en entier dans ce numéro.
Qu'ils prennent la peine de le lire. Ce n'est pas
parce que nos opinions s'y trouvent si pleinement
justifiées, que nous le reproduisons, mais bien
parce que le mal y est explicitement exposé.
Puisse le ministre des Colonies étudier cet arti-
cle. et comprendre. Alors la Guyane pourrait
être tirée de son tombeau.
Raoul Monmarson.
,. —————————
Accords commerciaux
En prévision avec les Indes anglaises
La dénonciation de la convention douanière
d'Ottawa ayant été votée à Delhi par l'Assem-
blée, il est probable que des négociations vont
être ouvertes entre la France et les Indes an-
glaises.
La position de l'Inde française ne devra pas
manquer à ce moment d'être fixée.
la réforme do régime
de l'interdiction de séjour
Deux décrets i du 12 juin ont été publiés
au Journal Officiel du 28 juin, et modifient
le régime de l'interdiction de séjour. L'arti-
cle premier du décret du 18 avril 1936 est
modifié en ce qui touche à la liste des dépar-
tements, arrondissements ou villes. Rele-
vons, pour 1 Algérie, que le régime doit être
appliqué à Alger, Saint-Eugène, Hussein-
Dey, Kouba, El Biar, Birmandreïs, Oran,
Constantine et Bône.
D'autre part, en ce qui touche toujours à
l'Algérie, voici comment s'exprime l'un des
décrets :
Article premier. — Les dispositions du décret
du 18 avril 1936, modifiées par le décret en date
de ce jour, sont rendues applicables à l'Algérie,
sous réserve des modifications ci-après :
1° A l'égard des individus condamnés en Al-
gérie à l'interdiction de séjour et y subissant
leur peine principale, la liste des lieux qui sont
spécialement interdits à chacun d'eux sur le
territoire de l'Algérie sera établie nar le Gou-
verneur général, après av:s du Ministère public
près la juridiction qui a prononcé la condam-
nation ;
2° A l'égard des mêmes condamnés, l'arrêté
d'interdiction de séjour prévu par les articles 7
et 17 du décret du 18 avril 1936 sera pris par le
Gouverneur général dans les formes prescrites
par les articles 6 et 7 du même décret ;
L'interdiction de séjour pourra être suspendue
par le Gouverneur général ;
30 L'autorisation de séjourner provisoirement
dans un Ifeu du territoire de l'Algérie qui lui
est interdit pourra être donnée au condamné
pour une durée maximum de quinze jours par
le préfet de sa résidence, de concert, s'il y a
lieu, avec le préfet du département pour lequel
l'autorisation est demandée ; au delà de quinze
jours, par le Gouverneur général ;
4° Le Gouverneur général désignera, en tenant
compte des difficultés de communication, des
autorités chargées d'exercer, concurremment
avec les commissaires de police et les comman-
dants de gendarmerie, les attributions conférées
à ceux-ci par le décret du 30 octobre 1935.
—————————— ) -+- - ( —————————
Emeutes et Troubles
En Algérie
Un des treize blessés des émeutes d'Hus-
sein-bey est mort. Alger compte toujours
11.000 grévistes et la réaction se manifesta,
tout comme en France, Par le pavoisement
tricolore du Front national.
A Oran, dimallclte) la troupe a dû interve-
nir pour permettre l'embarquement des pas-
sagers ci des bagages sur El Mansour. Des
bagarres ont éclaté et ou compte une tren-
taine de blesses.
Un incident symptomatique s'est déroulé
à Aïn-Rif, localité située à 70 kilomètres de
Bou-Saada. C~ ~M~r~ MM gé-
Une discussion s'étant élevée entre un gé-
rant de ferme Israélite, Félix Attia, dit Ma-
klouf) et an indigène, Benaxmane Mahmoud,
ait sujet dit partage d'un terrain, Attiœ fit
usage de son revolver et blessa grièvement
son antagoniste.
Le meurtrier se constitua prisonnier. Quant
à la victime, elle succombait peu après, et
comme Attia était amené à Aïn-Rif pour la
reconstitution dit drame 300 indigènes de la
région se sont rassemblés et sont venus ar-
racher le prisonnier des mains des gendarmes.
Ils lui tranchèrent la gorge aussitôt et se
retranchèrent dans leurs douars.
Trois cent cinquante Sénégalais ont 'été
envoyés d'Aumale à Boussaada pour parer
à toute éventualité, mais le calme règne.
En Syrie
Pour protester contre les événements de
Palcstillc) l'Association des commerçants de
Beyrouth a fermé les souks le 20 juin.
Les commerçants arabes entendent ainsi
manifester leur solidarité avec les Palesti-
niens révoltés.
En Palestine
Loin de s'apaiser, le conflit judéo-llrabe
semble devoir s'aggraver chaque jour. Les
attentats continuent et le pays tout entier est
en effervescence. On compte 56 Arabes tués
et une centaine de blessés graves ait cours
des opérations de répression qui se sont dé-
roulées ces jours derniers. Les forces d'occu-
pation britanniques vieiiiieeit d'être renforcées
de dix bataillons.
Enfin, la grande menace actuelle est l'im-
mixtion dans le conflit de 60.000 Bédouins de
Transjordanie qui, solidaires de leurs core-
ligionnaires, s'apprêtent à passer le Jourdain
pour se joindre, en armes, aux révoltés.
Deux cents Cheiks, réunis à Amman, capi-
tale de la Transjordanie, ont décidé de faire
savoir à sir Arthur Wauchope, haut-commis-
saire britannique, que si les exigences arabes
ne reçoivent pas satisfaction dans les dix
jours, la révolte de la Transjordanie sera
ouvertement déclarée.
Pour parer à ce grave danger, le Gouverne-
ment semble compter sur l'autorité du major
John Glubb qui, depuis de nombreuses an-
nées, commande la police du désert.
Et nous ?
Un projet de loi va être incessamment déposé préparant un plan de
grands travaux d'outillage national.
La Chambre a voté jeudi un crédit de trois millions « pour le péle-
rinage populaire à Verdun le 12 et le 13 juillet ».
Trois millions !
Nous ne méconnaissons pas le geste de profonde piété, et d'horreur,
d'un pélerinage à Verdun. v
Mais nous songeons aussi à nos colonies, à ces populations qui
crèvent faute d'être financièrement soutenues, médicalement étagées,
socialement élevées.
Trois millions !
Combien de colons, de pauvres diables, limés dans leurs vêtements,
dans leurs disponibilités, et qui essayent vainement de durer, seront
frappés par cette énorme disproportion entre leur sacrifice et ce geste
de pèlerinage ?
Comme si le deuil ne se portait pas au cœur, dans le secret de la
pensée, dans la pudeur de l'âme !
Trois millions !
Papiers gras, intimes fiançailles d'un soir, gros rouge, abandon,
abandons. Nos pauvres morts en ont-ils tant demandé ?
Et ces trois millions, la colonisation n'en aurait-elle point profité -
au bénéfice du Front populaire la créant enfin ?
Du côté de la Côte d'Ivoire
Une colonie s'est poussée du col: la Côte
d'Iooire. Ses bois, avant la guerre, avaient payé
leur homme, et comme la masse des exploitants
forestiers était importante, la colonisation en
bénéficia assez largement. Aux frontières com-
munes du commerce et de l'exploitation fores-
tière s'inscrivirent les colons. Subjugués par en
exceptionnel humus, sous l'influence d'une
température inventée par le miracle, ils crurent
en la plantation, en la récolte artificielle du
produit, et, partant du principe vivrier, ils arri-
vèrent donc naturellement au principe exporta- I
tion.
Les Banques furent séduites. La température
était humide et chaude; un verger, abondant,
prolifique, puissant, autrement ardent que le
verger guinéen, contribua à rendre la Côte
d'Ivoire orgueilleuse. Ses habitants se crurent
extra-coloniaux. Ils imaginèrent qu'ils étaient
d'une autre essence, et en conçurent une cer-
taine arrogance qui n'est pas sans charme. Un
grand Président de Chambre de Commerce fut
à la base de leur gonflement : Barthe.
Malheureusement; la Côte d'Ivoire agricole
et industrielle fait ses dents en une mauvaise
période. Son éducation civique n'a pas progressé
à la mesure de son éducation économique. Il
s'en faut bien d'une génération. Tout au
moins, raisonnant sur le plan métropolitain, avec
nos mœurs actuelles, nos façons parisiennes de
voir, de sentir, de juger, dirons-nous que nos
compatriotes de Côte d'Ivoire ne se rendent pas
du tout compte que l'état actuel de nos mœurs,
de notre législation, de nos Codes, ne peut pas
leur permettre de répondre aux aspirations qu'ils
expriment.
*
* *
Un Côte-d'Ivoirien, dont nous avons un jour
publié im article sur la Convention du Niger,
vient d'adresser au ministre une « lettre ou-
verte » qui porte le témoignage d'un esprit hors
de propos avec notre époque. Nousnous abstien-
drons de la commenter, aussi longtemps qu'elle
n'aura pas été rendue publique. Mais elle tra-
duit avec netteté des tendances nouvelles, parfai-
tement en harmonie avec le développement
quasi miraculeux du Territoire.
Et nous ne manquerons pas de faire à ces
idées une large place, persuadé que l'Empire,
un jour, par son entregent, ses initiatives, ses
jeunes générations, saura vis-à-vis de la Métro-
pole renverser les rôles et assigner à celle-ci sa
véritable place.
Nous ne souhaitons, pour notre part, pas au-
tre chose.
—————————— ) —————————
Vers le réglement
des scandales de Tahiti
Le 19 juin, nous exposions une fois de plus
les regrettables événements qui s'étaient im-
punément développés sous ses prédécesseurs
au ministère - des Colonies, MM. Louis Rollin
et Stem.
Depuis quelques jours la scandaleuse mis-
sion de M. Motais de Narbonne a pris fin et
il a quitté la colonie.
D'autre part, M. Emmanuel Rougier vient
d'être mis en liberté provisoire, après une
arbitraire détention préventive de cinq mois,
au sujet de laquelle nous avons dit nettement
ce que nous pensions.
Après la campagne que nous nous hono-
rons d'avoir faite, nous sommes heureux
d'enregistrer enfin l'accomplissement de me-
sures que nous n'avons cessé de réclamer,
premiers pas vers le règlement des scandales
de Tahiti, afin que la justice et la tranquil-
lité régnent à nouveau le plus tôt possible
en Océanie.
——————————————— ) -.- ( ———————————————
Chez les Diplomates
Notre premier ambassadeur en Chine, M.
P.-E. Naggiar, est arrivé à Shanghaï à bord
du Félix-Roussel.
Le Maroc, poudrière, fera-t-il
sauter notre édifice colonial ?
- Les grèves marocaines développent en ce
moment leurs conséquences logiques. L'exem-
ple de la Palestine ne pouvait en effet manquer
de peser sur elles. La co-habitation des Mu-
sulmans et des Israélites n'a jamais été sans
heurts. Et il semble que l'avènement du Front
populaire, se greffant sur les émeutes de Pales-
tine, détermine en ce moment un inquiétant
mouvement anti-juif.
Les cris d'alarme fusent de toutes parts. La
bataille qui se livre autour de M. Peyrouton
n'est pas sans aggraver la chose. On aimerait
que le Gouvernement affirmât sa position. On
voudrait savoir à quoi s'en tenir. Il est des
heures, dans la vie, où la virilité s'avère indis-
pensable.
Une démarche vient d'être faite à la Prési-
dence du Conseil, par une délégation des vic-
times de la guerre, venue spécialement du
Maroc, et qui a tenu à donner à ce voyage une
solennité particulière. Nous répétons notre inter-
rogation de l'autre jour, quant à M. Peyrouton :
Tombera-t-il ? Tombera-t-il pas?
*
* *
Si les grèves en France, jusqu'à présent,
n'ont pas de conséquences immédiates très gra-
ves, et si notre pays met quelques semaines à
les « digérer », il n'en est malheureusement pas
de même dans nos territoires d'outre-mer, et
surtout en Afrique du Nord. Nous sommes
attristés d'avoir à l'affirmer de si constante ma-
nière. Les Syndicats en France peuvent soute-
nir des mouvements de masse. En Afrique du
Nord, les travailleurs vivent au jour le jour, et
rien ne fut plus rrisérable que les familles indi-
gènes venant, au Maroc, supplier; collées aux
barrières des usines, pour avoir à manger. La
spéculation de plus a joué. On sait qu'elle fut
jugulée. Mais qui dit, en Afrique du Nord,
« spéculation », sous-entend « juif ». Et c'est
ici que le drame se joue en ce moment au Ma-
roc.
* *
Nous voudrions que nos chefs se rendissent
compte, et que leurs yeux fussent un peu plus
ouverts aux réalités extérieures. Ils raisonnent
,France pour la France, mais aussi France pour
notre outre-mer. Et c'est là qu'est leur profon-
de, leur dramatique erreur. Nos réactions, nos
réflexes, notre standing quotidien d'existence,
nos aspirations, notre mentalité sont nettement,
très nettement, différentes de celles des indigè-
nes.
Si le Front oopulaire veut bien l'admettre,
il pourra franchir la barre. Mais s'il persiste
dans son erreur, nous devrons nous résigner à
perdre nos colonies.
Dans le premier cas, une question d'Etat-
Major, un désir ardent de servir. Dans le se-
cond cas, la seule passion, le seul aveuglement
politique.
Qui l'emportera ?
Sous le titre « Sus au colonialisme », la Dé-
fense », hebdomadaire des droits et intérêts mu-
sulmans » (Alger, 26 juin). publie :
La triste comédie continue. Les inconceva-
bles rigueurs et les innommables abus de la
semaine précédente n'ont point calmé la
rage de nos dirigeants qui, pris subitement
d'une violente crise d'arahophobie,se livrent
à de véritables actes do folie.
Dans les villes, la distinction est soigneu-
sement établie entre les indigènes et les eu-
ropéens, les uns traités dans les 100 des
cas en révoltés ou en délinquants de droit
commun contre lesquels on requiert l'ap-
plication dans toute sa sévérité d'un code
qui n'a rien d'humain, les autres considérés
COJlll11pt!cs grévistes ayant usé de leur drort
et dignes de toute la sollicitude et des pa-
trons" et des Pouvoirs Publics.
Nous ne comprenons plus. El qui nous fitéra
sur la politique coloniale que la France se dis-
pose à suivre ?
EN INDOCHINE
Les communications au Laos
par G. Mahé.
Le n° 9 du 20 mai de la Chronique Colo-
niale contient un travail très intéressant sur les
communications au Laos.
Qu'il me soit permis ici d'exposer les ré-
flexions qu'il m'a suggérées.
Lorsqu'en 1893 nous eûmes à occuper le
Laos et à rejeter sur la rive droite du Mékong
les troupes siamoises, nous nous sommes trou-
vés en présence de difficultés insurmontables
en quelque sorte pour aller au Laos, que ce
fût du Tonkin, de l'Annam ou du Cambodge,
car il n'existait que des pistes à travers la forêt.
Pour atteindre le Haut-Laos, notamment
Luang-Prabang, de Hanoi par Vinh, il fallait
30 à 35 jours à cheval et 3 jours en pirogue.
Quant au Moyen-Laos, c'est-à-dire le grand
bief du Mékong, navigable en toute saison sur
600 kilomètres environ de Savannakhet à Vien-
tiane et un peu au delà, il fallait, de la côte
d'Annam :
De Vinh, pas moins de 15 jours dont dix à
dos d'éléphant ;
De Quantri à cheval ou en charrette à bœufs,
25 jours.
Le Bas-Laos était seulement accessible de
Kratié au Cambodge, d'où l'on gagnait en pi-
rogue l'île de Khone et de là, Paské en piro-
gue, soit environ 400 kilomètres, il fallait de
20 à 25 jours. 1
Néanmoins, c'est la route du Sud qui fut
choisie à la suite des explorations remarqua-
bles du commandant de Fésigny, des lieute-
nants de vaisseau Cuisez et Simon, des capi-
taines Blanc et Cazenave.
On conclut avec raison à la nécessité de
franchir les chutes de Khone au moyen d'une
voie ferrée de 4 kilomètres, sur laquelle le
lieutenant de vaisseau Simon fit passer les ca-
nonnières Ham-Luong, Argus, Massie et La-
grandière.
Plus tard, en 18%, le commandant Simon,
devenu directeur des Messageries Fluviales de
Cochinchine, installa un service de bateaux et
de pirogues qui, progressivement, assura les
transports de Khone nord à Luang-Prabang, à
2.000 kilomètres de Saigon.
Au début, il fallait compter environ 8 à 10
jours de Saigon à Khone, puis 20 à 25 jours
de Khone à Vientiane, dont 8 jours de pirogue
dans les rapides de Kemmarat et 30 jours de
Vientiane Luang-Prabang.
Des améliorations successives furent appor-
tées et les temps de marche furent sensible-
ment réduits, surtout à partir du jour où l'on
mit en service des pirogues à moteur entre Vien-
tiane et Luang-Prabang.
Quoi qu'il en soit, à l'heure actuelle, il faut,
pour aller de Saïgon :
A Luang-Prabang, 4 transbordements, 2.000
kilomètres : 25 jours.
A Vientiane, 3 transbordements, 1.595 kilo-
mètres : 18 jours.
A Thackhett. 3 transbordements, 1.280 ki-
lomètres : 16 jours.
MARDI J13 h. 30), 30 IUIN 1936
JOURNAL SEII-OUOTIDIEN
Rèdaction & Administrstiên :
1, une de la Bonne
PARIS (2*)
TÉL. : RICHELIEU 73*06
(2 ligues groupées)
Les Annales Coloniales
Fondateur : Marcel RUEDEL
Directeur i Raoul MONMARSON
IBINNEMENTS
mec Ai Revu* - illustrét: -
Oi n 6 Mail 3 b(O"
- - -
Franoe et
Caltniet 181 » 100.. S* »
Etranger.. 241 > .125» 7t.
Le Numéro : 3J centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Une question vitale en Afrique Occidentale française
Les Sociétés indigènes
-- dé Prévoyance agricole
Depuis deux ans, certains milieux
commerciaux de l'A. 0. F. se sont émus
de l'activité des Sociétés Indigènes de
Prévoyance agricole.
La cause fut la mise en application
du décret du 9 novembre 1933 qui,
élargissant les attributions de ces So-
ciétés, leur donnait notamment, sur
leur demande, la faculté de vendre les
produits de leurs adhérents et leur per-
mettait de bénéficier éventuellement
de certaines expropriations d'immeu-
bles.
On parla alors d'une tentative de
monopolisation qui devait amener iné-
vitablement la ruine du commerce.
Depuis le temps a passé, — les So-
ciétés de Prévoyance ont fonctionné.
et le commerce a survécu. Cet état de
faits précieux permet de retirer prati-
quement des enseignements utiles.
En toute impartialité on voudra bien
admettre que le Gouvernement géné-
ral ne s'est pas engagé à la légère, et
pour son seul plaisir, dans une entre-
prise d'une telle ampleur - qui - compte
à l'heure actuelle en A.O.F. 101 Socié-
tés de prévoyance groupant au total
8.500.000 adhérents sur une popula-
tion de 14.500.000 habitants.
On a beaucoup écrit, et même par-
fois avec passion, au sujet des Socié-
tés de Prévoyance. Il est juste de con-
venir que dans le domaine économique,
moins que dans tout autre, il n'y a pas
d'effet sans cause et que pour bien
comprendre la situation, ce sont celles-
ci qu'il faut d'abord dégager. J'ajoute
que les mesures économiques ne sont
jamais des expériences de laboratoire ;
elles sont, au contraire, rigoureuse-
ment déterminées par certaines cir-
constances, souvent imprévues, qui né-
cessitent une contre-partie immédiat
Celle-ci peut être plus ou moins bien
au point, son fonction ernent nlus on
moins défectueux ; qu'importe les
points de détail : ceux-ci se façonne-
ront d'eux-mêmes à l'usage.
Ce fut le cas pour les Sociétés indi-
gènes de Prévoyance agricole.
A l'encontre d'autres colonies, en
A.O.F., le blanc s'étant pour ainsi dire
confiné dans sa première activité, le
commerce, l'agriculture est essentielle-'
ment restée entre les mains des indi-
gènes, cultivant individuellement leurs
champs.
Sous les tropiques, l'autochtone est
naturellement indolent. Il travaille
pour assurer tout juste sa subsistance.
Les premiers européens qui pénétrè-
rent dans le pays s'occupaient unique-
ment de ramasser les produits locaux,
les troquant contre de la pacotille, des
étoffes, quelques objets. L'indigène
s'habitua toutefois à considérer le pro-
duit de son travail comme une possibi-
lité d'échange avec ce qui le tentait,
ou dont il voyait l'utilisation journa-
lière : un travail se faisait dans son
esprit, qui le disposait à admettre l'in-
térêt pour lui d'une augmentation de
production. Mais la routine, les
moyens primitifs d'exploitation, le
manque de conseils éclairés, entra-
vaient l'essor des cultures.
Tant que le nombre trafiquants res-
ta peu élevé, leur activité commerciale
n'amena aucune perturbation dans
l'économie locale, -. leur capacité
d'achat étant relativement réduite et
bien inférieure à la production.
Mais cette situation changea très
rapidement au fur et à mesure que se
multipliaient les commerçants, que de
grosses maisons installaient partout
leurs nombreux comptoirs.
Actuellement le Sénégal exporte an-
nuellement entre 450 et 500.000 ton-
nes d'arachides, qui représentent plus
des 3 cinquièmes du chiffre total des
exportations de l'A.O.F. On voit tout
de suite l'importance primordiale de
la culture des arachides pour la vie
économique de la colonie.
En faisant abstraction d'une produc-
tion auxiliaire de manioc encore peu
importante mais qui cependant est en
plein essor on peut dire que le Séné-
gal est un pays de monoculture. Il est
donc très sensible à une brusque va-
riation des cours, d'où nécessité d'en
prévoir et atténuer éventuellement les
brutales conséquences.
La récolte des arachides est très
courte : elle dure environ trois mois.
C'est donc presque d'un seul coup que
le produit total de l'année est mis en-
tre les mains du producteur ; il doit
cependant lui permettre de subsister
jusqu'à la récolte de l'année suivante.
Nulle part ailleurs les Sociétés de Pré-
voyance ne pouvaient jouer un rôle plus
actif qu'au Sénégal. C'est là cepen-
dant qu'elles ont été le plus discutées.
(A suivre.)
Camille Briquet,
Député,
~ncien Vice-Président
ifr la Commission de VAlf/érie,
des Colonies et Protectorats.
Une mission de la S. D. N.
en Indochine
Nous avons annoncé, la semaine dernière,
l'arrivée en Indochine d'une mission du comité
d'hygiène de la S. D. N., qui doit se livrer à
qu d 0' t se li vrer à
des études préparatoires sur les conditions d'hy-
giène rurale dans les pays d'Extrême-Orient, en
vue de la réunion à Java, en juillet 1937, d'une
conférence ayant pour but d'aviser aux moyens
pratiques d'améliorer les conditions d hygiène
des populations rurales en Extrême-Orient.
Après avoir visité successivement Saïgon et
Cholon, elle s'est vivement intéressée aux insti-
tuts Pasteur de Nhatrang, et a visité, au cours
de son voyage vers le nord, les différentes for-
mations sanitaires des provinces traversées.
Elle a également étudié les mesures de pro-
tection démographiques prises dans les régions
où de grands travaux sont actuellement en cours,
et en particulier l'organisation du service antima-
larien sur les chantiers de construction du trans-
indochinois.
Arrivée à Hanoï le 16 juin, elle a inspecté
les laboratoires de recherches de l'Institut Pas-
teur, de l'Institut du Cancer et de l'Institut des
Recherches agronomiques.
Elle a quitté le Tonkin le 17 juin par le
Canton à destination de Hong-Kong.
————————— ) -.- ( ——————————
A la Présidence du Conseil
AU CABINET DU PRESIDENT
Le président du Conseil a complété son ca-
binet de la façon suivante :
Chef du secrétariat particulier : Mme Hervé,
commis principal de l'administration centrale du
Ministère du commerce et de l'industrie ;
Attaché: M. Haulpetit-Fourichon, licencié
en droit ;
Chargés de mission : MM. Fontanier, agrégé
de l'Université, ancien député ; Descourtieux,
journaliste ; Deschamps, administrateur des
Colonies.
Xous sommes heureux de saluer notre col-
lnborateur et ami Henry Fontanier, qui est
s|>t'ciiileinent chargé à la Présidence du Con-
seil des relations extérieures et coloniales.
Nos lecteurs conaissant ses idées, son ini-
liiilivc, et le souci qu'il a de l'Empire. C'est
un heureux gage pour nous.
INTÉRIM
EN A.E.F. -'
En remplacement de M. Brunot, Gouver-
neur, rentré en France, M. de Poyen-Bellisle,
administrateur en chef, vient d'être appelé-(dé-
cret du 28 juin) par intérim à exercer les fonc-
tions de Gouverneur délégué du Gouverneur
général de l'A.E.F., à Bangui,
A LA MARTINIQUE
L'article 2 du décret du 20 mai 1936 avait
chargé M. Vingarassamy, administrateur en
chef, de l'intérim des fonctions de secrétaire
général de la Martinique.
Sur la demande de M. Vingarassamy, cet
intérim vient d'être supprimé (décret du
28 juin).
—————————— ) ——————————
Les fraudes électorales
en Cochinchine
Le procès des 135 électeurs, inculpés de
corruption électorale lors de l'élection de
M. le comte de Beaumont en Cochinchine, a
commencé à Saïgon le 17 juin.
Dès le premier jour, les avocats ont sou-
levé toutes les formes de la procédure chica-
mère. Le président du tribunal ne s'est pas
laissé intimider, et, malgré toute l'obstruc-
tion de la défense, les débats ont commencé.
Ce que nous avons annoncé, dès lé début
de cette grave affaire, s'est réalisé : les in-
culpés reviennent un à un sur les aveux
qu'ils ont faits à l'instruction et affirment que
la blancheur de leur conscience est imma-
culée.
L'affaire n'est pas encore terminée. Cepen-
dant, il résulte de ce procès que de nombreux
électeurs ne savent ni lire ni écrire et que
certains d'entre eux ne connaissent pas même
un mot de français ! Les beautés du suffrage
universel !
Le jugement ne tardera pas à intervenir, et
il y aura appel.
Le bureau de la Chambre des députés,
chargé d'examiner l'élection de M. de Beau-
mont, a décidé d'attendre le jugement du
tribunal de Saigon pour ensuite examiner mi-
nutieusement le dossier qui lui est soumis.
M. Omer Sarraut, actuellement à Paris, et l,
qui fut battu de 31 voix, doit soumettre à
la commission un très important dossier qu'il
a apporté de Cochinchine.
La Guyane
méconnue
tN
NE seule Guyane est
connue : celle du ba-
gne. Elle a donné à la
démagogie des armes
triomphantes. Dreyfus
et l'Ile du Diable, les
départs du La Martiniè-
re, les évasions et
quelques noms illus-
tres dans les annales du
crime, si bien mises en
valeur par nos mœurs
d'aujourd'hui, ont atti-
ré quelques iournalis-
tes, d'un talent plus ou moins certain, et la K-
gende a couru. Si la Guyane a été ainsi tuée par
le bagne, hâtons-nous de spécifier que ce fut
seulement dans l'esprit du peuple non averti, et
qui ne chercha point, par ailleurs, à s'instruire.
Nous avons, à plusieurs reprises, exposé notre
sentiment, nos collaborateurs comme nous-même.
Nous ne sommes point forcément t'u
même avis, mais nous attachons trop de prix à
la pensée humaine pour nous abstenir de publier
ceux de leurs articles qui ne sont pas dans le ca-
dre de nos opinions. Nous avons écrit qu'une au-
torité intelligente, humaine et ferme pourrait ti-
rer, au profit de la Guyane, un admirable parti
de la main-d'œuvre pénitentiaire. Nous avons vu,
pendant la guerre, devant l ennemi, des compa-
gnies de « mauvais garçons » ayant au feu une
admirable conduite. Il suffisait qu'elles fussent
encadrées par des chefs énergiques et justes.
Toute troupe, quelles qu'en soient l'origine et la
composition, n'a de valeur que par le chef qui
la mène. Et lorsque nous avons rendu hommage
à M. Masson de Saint-Félix, c'est parce que
nous avons vu les chantiers de la route Cayenne.
Port Inini-Saint Laurent du Maroni. Ce Gouver-
neur a su tirer parti de la main-d'œuvre pé-
nitentiaire. Est-ce à cause de cela, et des résul-
tats qu'il a obtenus, que la politique locale, fidèle
à elle-même mais parjure à son pays, a réussi à
lui faire quitter Cayenne?
*
Le faux humanitarisme émeut toujours les fou-
les parce que celles-ci sont toujours plus aptes
aux généralités stupides qu'aux cas précis - et net-
tement délimités, Ainsi de la Guyane et du ba-
gne. Celui-ci a étouffé celle-là. La plupart des
chefs de la colonie et des fonctionnaires euro-
péens vivent ainsi dans l'ombre du bagne, en ac.
ceptent la mystique négative, et se résignent à
ne rien faire, alors qu'ils ont entre les mains un
admirable pays. Nous avons dit l'impression que
que nous avons ressentie en Guyane. Après les
Antilles stylisées dans une atmosphère provin-
ciale française, tempérées, modérées, cultivées,
aux lignes douces et empreintes d'un roman-
tisme charmant, nous avons retrouvé en Guyane
notre Afrique équatoriale, avec sa forêt souve-
raine, son atmosphère humide et chaude, sans
aucun souffle de vent ou de fraîcheur, sa côte
noyée de mer, sa végétation ardente et passion-
née. La primitivité de sa forêt nous accueillit.
Nous avons retrouvé la latérite, la brousse dé-
vorante, et la respiration puissante du mystère,
lorsque seul sur un chantier, et justement grâce
à cette enivrante solitude, nous nous sommes
avancé à la limite du débroussaillement. La
Guyane, terre primitive, et cependant française
depuis trois cents ans ! Quel sort lui fut jeté ?
La carte de la colonie montre bien qu'elle fut
toujours délaissée : les cours d'eau, - seuls, y
sont tracés. Mais, savane ou forêt, les terres
portent la mention CI zone inconnue ». Est-ce
vraiment le bagne qui en est la cause, — ce ba.
gne seulement installé en Guyane, pas même de.
puis quatre vingts ans ? Ceux qui le prétendent
n'ont jamais étudié le pays ou peut-être — ce
qui est plus grave — se moquent-ils sciemment
de la réalité.
Un journal de Cayenne, l'Observateur, sous la
signature de E. Sayon, nous propose une expli-
cation; cet exposé est tellement identique à no-
tre manière de voir, à notre sentiment, que nous
l'aurions intégralement signé. Nos lecteurs le
trouveront reproduit en entier dans ce numéro.
Qu'ils prennent la peine de le lire. Ce n'est pas
parce que nos opinions s'y trouvent si pleinement
justifiées, que nous le reproduisons, mais bien
parce que le mal y est explicitement exposé.
Puisse le ministre des Colonies étudier cet arti-
cle. et comprendre. Alors la Guyane pourrait
être tirée de son tombeau.
Raoul Monmarson.
,. —————————
Accords commerciaux
En prévision avec les Indes anglaises
La dénonciation de la convention douanière
d'Ottawa ayant été votée à Delhi par l'Assem-
blée, il est probable que des négociations vont
être ouvertes entre la France et les Indes an-
glaises.
La position de l'Inde française ne devra pas
manquer à ce moment d'être fixée.
la réforme do régime
de l'interdiction de séjour
Deux décrets i du 12 juin ont été publiés
au Journal Officiel du 28 juin, et modifient
le régime de l'interdiction de séjour. L'arti-
cle premier du décret du 18 avril 1936 est
modifié en ce qui touche à la liste des dépar-
tements, arrondissements ou villes. Rele-
vons, pour 1 Algérie, que le régime doit être
appliqué à Alger, Saint-Eugène, Hussein-
Dey, Kouba, El Biar, Birmandreïs, Oran,
Constantine et Bône.
D'autre part, en ce qui touche toujours à
l'Algérie, voici comment s'exprime l'un des
décrets :
Article premier. — Les dispositions du décret
du 18 avril 1936, modifiées par le décret en date
de ce jour, sont rendues applicables à l'Algérie,
sous réserve des modifications ci-après :
1° A l'égard des individus condamnés en Al-
gérie à l'interdiction de séjour et y subissant
leur peine principale, la liste des lieux qui sont
spécialement interdits à chacun d'eux sur le
territoire de l'Algérie sera établie nar le Gou-
verneur général, après av:s du Ministère public
près la juridiction qui a prononcé la condam-
nation ;
2° A l'égard des mêmes condamnés, l'arrêté
d'interdiction de séjour prévu par les articles 7
et 17 du décret du 18 avril 1936 sera pris par le
Gouverneur général dans les formes prescrites
par les articles 6 et 7 du même décret ;
L'interdiction de séjour pourra être suspendue
par le Gouverneur général ;
30 L'autorisation de séjourner provisoirement
dans un Ifeu du territoire de l'Algérie qui lui
est interdit pourra être donnée au condamné
pour une durée maximum de quinze jours par
le préfet de sa résidence, de concert, s'il y a
lieu, avec le préfet du département pour lequel
l'autorisation est demandée ; au delà de quinze
jours, par le Gouverneur général ;
4° Le Gouverneur général désignera, en tenant
compte des difficultés de communication, des
autorités chargées d'exercer, concurremment
avec les commissaires de police et les comman-
dants de gendarmerie, les attributions conférées
à ceux-ci par le décret du 30 octobre 1935.
—————————— ) -+- - ( —————————
Emeutes et Troubles
En Algérie
Un des treize blessés des émeutes d'Hus-
sein-bey est mort. Alger compte toujours
11.000 grévistes et la réaction se manifesta,
tout comme en France, Par le pavoisement
tricolore du Front national.
A Oran, dimallclte) la troupe a dû interve-
nir pour permettre l'embarquement des pas-
sagers ci des bagages sur El Mansour. Des
bagarres ont éclaté et ou compte une tren-
taine de blesses.
Un incident symptomatique s'est déroulé
à Aïn-Rif, localité située à 70 kilomètres de
Bou-Saada. C~ ~M~r~ MM gé-
Une discussion s'étant élevée entre un gé-
rant de ferme Israélite, Félix Attia, dit Ma-
klouf) et an indigène, Benaxmane Mahmoud,
ait sujet dit partage d'un terrain, Attiœ fit
usage de son revolver et blessa grièvement
son antagoniste.
Le meurtrier se constitua prisonnier. Quant
à la victime, elle succombait peu après, et
comme Attia était amené à Aïn-Rif pour la
reconstitution dit drame 300 indigènes de la
région se sont rassemblés et sont venus ar-
racher le prisonnier des mains des gendarmes.
Ils lui tranchèrent la gorge aussitôt et se
retranchèrent dans leurs douars.
Trois cent cinquante Sénégalais ont 'été
envoyés d'Aumale à Boussaada pour parer
à toute éventualité, mais le calme règne.
En Syrie
Pour protester contre les événements de
Palcstillc) l'Association des commerçants de
Beyrouth a fermé les souks le 20 juin.
Les commerçants arabes entendent ainsi
manifester leur solidarité avec les Palesti-
niens révoltés.
En Palestine
Loin de s'apaiser, le conflit judéo-llrabe
semble devoir s'aggraver chaque jour. Les
attentats continuent et le pays tout entier est
en effervescence. On compte 56 Arabes tués
et une centaine de blessés graves ait cours
des opérations de répression qui se sont dé-
roulées ces jours derniers. Les forces d'occu-
pation britanniques vieiiiieeit d'être renforcées
de dix bataillons.
Enfin, la grande menace actuelle est l'im-
mixtion dans le conflit de 60.000 Bédouins de
Transjordanie qui, solidaires de leurs core-
ligionnaires, s'apprêtent à passer le Jourdain
pour se joindre, en armes, aux révoltés.
Deux cents Cheiks, réunis à Amman, capi-
tale de la Transjordanie, ont décidé de faire
savoir à sir Arthur Wauchope, haut-commis-
saire britannique, que si les exigences arabes
ne reçoivent pas satisfaction dans les dix
jours, la révolte de la Transjordanie sera
ouvertement déclarée.
Pour parer à ce grave danger, le Gouverne-
ment semble compter sur l'autorité du major
John Glubb qui, depuis de nombreuses an-
nées, commande la police du désert.
Et nous ?
Un projet de loi va être incessamment déposé préparant un plan de
grands travaux d'outillage national.
La Chambre a voté jeudi un crédit de trois millions « pour le péle-
rinage populaire à Verdun le 12 et le 13 juillet ».
Trois millions !
Nous ne méconnaissons pas le geste de profonde piété, et d'horreur,
d'un pélerinage à Verdun. v
Mais nous songeons aussi à nos colonies, à ces populations qui
crèvent faute d'être financièrement soutenues, médicalement étagées,
socialement élevées.
Trois millions !
Combien de colons, de pauvres diables, limés dans leurs vêtements,
dans leurs disponibilités, et qui essayent vainement de durer, seront
frappés par cette énorme disproportion entre leur sacrifice et ce geste
de pèlerinage ?
Comme si le deuil ne se portait pas au cœur, dans le secret de la
pensée, dans la pudeur de l'âme !
Trois millions !
Papiers gras, intimes fiançailles d'un soir, gros rouge, abandon,
abandons. Nos pauvres morts en ont-ils tant demandé ?
Et ces trois millions, la colonisation n'en aurait-elle point profité -
au bénéfice du Front populaire la créant enfin ?
Du côté de la Côte d'Ivoire
Une colonie s'est poussée du col: la Côte
d'Iooire. Ses bois, avant la guerre, avaient payé
leur homme, et comme la masse des exploitants
forestiers était importante, la colonisation en
bénéficia assez largement. Aux frontières com-
munes du commerce et de l'exploitation fores-
tière s'inscrivirent les colons. Subjugués par en
exceptionnel humus, sous l'influence d'une
température inventée par le miracle, ils crurent
en la plantation, en la récolte artificielle du
produit, et, partant du principe vivrier, ils arri-
vèrent donc naturellement au principe exporta- I
tion.
Les Banques furent séduites. La température
était humide et chaude; un verger, abondant,
prolifique, puissant, autrement ardent que le
verger guinéen, contribua à rendre la Côte
d'Ivoire orgueilleuse. Ses habitants se crurent
extra-coloniaux. Ils imaginèrent qu'ils étaient
d'une autre essence, et en conçurent une cer-
taine arrogance qui n'est pas sans charme. Un
grand Président de Chambre de Commerce fut
à la base de leur gonflement : Barthe.
Malheureusement; la Côte d'Ivoire agricole
et industrielle fait ses dents en une mauvaise
période. Son éducation civique n'a pas progressé
à la mesure de son éducation économique. Il
s'en faut bien d'une génération. Tout au
moins, raisonnant sur le plan métropolitain, avec
nos mœurs actuelles, nos façons parisiennes de
voir, de sentir, de juger, dirons-nous que nos
compatriotes de Côte d'Ivoire ne se rendent pas
du tout compte que l'état actuel de nos mœurs,
de notre législation, de nos Codes, ne peut pas
leur permettre de répondre aux aspirations qu'ils
expriment.
*
* *
Un Côte-d'Ivoirien, dont nous avons un jour
publié im article sur la Convention du Niger,
vient d'adresser au ministre une « lettre ou-
verte » qui porte le témoignage d'un esprit hors
de propos avec notre époque. Nousnous abstien-
drons de la commenter, aussi longtemps qu'elle
n'aura pas été rendue publique. Mais elle tra-
duit avec netteté des tendances nouvelles, parfai-
tement en harmonie avec le développement
quasi miraculeux du Territoire.
Et nous ne manquerons pas de faire à ces
idées une large place, persuadé que l'Empire,
un jour, par son entregent, ses initiatives, ses
jeunes générations, saura vis-à-vis de la Métro-
pole renverser les rôles et assigner à celle-ci sa
véritable place.
Nous ne souhaitons, pour notre part, pas au-
tre chose.
—————————— ) —————————
Vers le réglement
des scandales de Tahiti
Le 19 juin, nous exposions une fois de plus
les regrettables événements qui s'étaient im-
punément développés sous ses prédécesseurs
au ministère - des Colonies, MM. Louis Rollin
et Stem.
Depuis quelques jours la scandaleuse mis-
sion de M. Motais de Narbonne a pris fin et
il a quitté la colonie.
D'autre part, M. Emmanuel Rougier vient
d'être mis en liberté provisoire, après une
arbitraire détention préventive de cinq mois,
au sujet de laquelle nous avons dit nettement
ce que nous pensions.
Après la campagne que nous nous hono-
rons d'avoir faite, nous sommes heureux
d'enregistrer enfin l'accomplissement de me-
sures que nous n'avons cessé de réclamer,
premiers pas vers le règlement des scandales
de Tahiti, afin que la justice et la tranquil-
lité régnent à nouveau le plus tôt possible
en Océanie.
——————————————— ) -.- ( ———————————————
Chez les Diplomates
Notre premier ambassadeur en Chine, M.
P.-E. Naggiar, est arrivé à Shanghaï à bord
du Félix-Roussel.
Le Maroc, poudrière, fera-t-il
sauter notre édifice colonial ?
- Les grèves marocaines développent en ce
moment leurs conséquences logiques. L'exem-
ple de la Palestine ne pouvait en effet manquer
de peser sur elles. La co-habitation des Mu-
sulmans et des Israélites n'a jamais été sans
heurts. Et il semble que l'avènement du Front
populaire, se greffant sur les émeutes de Pales-
tine, détermine en ce moment un inquiétant
mouvement anti-juif.
Les cris d'alarme fusent de toutes parts. La
bataille qui se livre autour de M. Peyrouton
n'est pas sans aggraver la chose. On aimerait
que le Gouvernement affirmât sa position. On
voudrait savoir à quoi s'en tenir. Il est des
heures, dans la vie, où la virilité s'avère indis-
pensable.
Une démarche vient d'être faite à la Prési-
dence du Conseil, par une délégation des vic-
times de la guerre, venue spécialement du
Maroc, et qui a tenu à donner à ce voyage une
solennité particulière. Nous répétons notre inter-
rogation de l'autre jour, quant à M. Peyrouton :
Tombera-t-il ? Tombera-t-il pas?
*
* *
Si les grèves en France, jusqu'à présent,
n'ont pas de conséquences immédiates très gra-
ves, et si notre pays met quelques semaines à
les « digérer », il n'en est malheureusement pas
de même dans nos territoires d'outre-mer, et
surtout en Afrique du Nord. Nous sommes
attristés d'avoir à l'affirmer de si constante ma-
nière. Les Syndicats en France peuvent soute-
nir des mouvements de masse. En Afrique du
Nord, les travailleurs vivent au jour le jour, et
rien ne fut plus rrisérable que les familles indi-
gènes venant, au Maroc, supplier; collées aux
barrières des usines, pour avoir à manger. La
spéculation de plus a joué. On sait qu'elle fut
jugulée. Mais qui dit, en Afrique du Nord,
« spéculation », sous-entend « juif ». Et c'est
ici que le drame se joue en ce moment au Ma-
roc.
* *
Nous voudrions que nos chefs se rendissent
compte, et que leurs yeux fussent un peu plus
ouverts aux réalités extérieures. Ils raisonnent
,France pour la France, mais aussi France pour
notre outre-mer. Et c'est là qu'est leur profon-
de, leur dramatique erreur. Nos réactions, nos
réflexes, notre standing quotidien d'existence,
nos aspirations, notre mentalité sont nettement,
très nettement, différentes de celles des indigè-
nes.
Si le Front oopulaire veut bien l'admettre,
il pourra franchir la barre. Mais s'il persiste
dans son erreur, nous devrons nous résigner à
perdre nos colonies.
Dans le premier cas, une question d'Etat-
Major, un désir ardent de servir. Dans le se-
cond cas, la seule passion, le seul aveuglement
politique.
Qui l'emportera ?
Sous le titre « Sus au colonialisme », la Dé-
fense », hebdomadaire des droits et intérêts mu-
sulmans » (Alger, 26 juin). publie :
La triste comédie continue. Les inconceva-
bles rigueurs et les innommables abus de la
semaine précédente n'ont point calmé la
rage de nos dirigeants qui, pris subitement
d'une violente crise d'arahophobie,se livrent
à de véritables actes do folie.
Dans les villes, la distinction est soigneu-
sement établie entre les indigènes et les eu-
ropéens, les uns traités dans les 100 des
cas en révoltés ou en délinquants de droit
commun contre lesquels on requiert l'ap-
plication dans toute sa sévérité d'un code
qui n'a rien d'humain, les autres considérés
COJlll11pt!cs grévistes ayant usé de leur drort
et dignes de toute la sollicitude et des pa-
trons" et des Pouvoirs Publics.
Nous ne comprenons plus. El qui nous fitéra
sur la politique coloniale que la France se dis-
pose à suivre ?
EN INDOCHINE
Les communications au Laos
par G. Mahé.
Le n° 9 du 20 mai de la Chronique Colo-
niale contient un travail très intéressant sur les
communications au Laos.
Qu'il me soit permis ici d'exposer les ré-
flexions qu'il m'a suggérées.
Lorsqu'en 1893 nous eûmes à occuper le
Laos et à rejeter sur la rive droite du Mékong
les troupes siamoises, nous nous sommes trou-
vés en présence de difficultés insurmontables
en quelque sorte pour aller au Laos, que ce
fût du Tonkin, de l'Annam ou du Cambodge,
car il n'existait que des pistes à travers la forêt.
Pour atteindre le Haut-Laos, notamment
Luang-Prabang, de Hanoi par Vinh, il fallait
30 à 35 jours à cheval et 3 jours en pirogue.
Quant au Moyen-Laos, c'est-à-dire le grand
bief du Mékong, navigable en toute saison sur
600 kilomètres environ de Savannakhet à Vien-
tiane et un peu au delà, il fallait, de la côte
d'Annam :
De Vinh, pas moins de 15 jours dont dix à
dos d'éléphant ;
De Quantri à cheval ou en charrette à bœufs,
25 jours.
Le Bas-Laos était seulement accessible de
Kratié au Cambodge, d'où l'on gagnait en pi-
rogue l'île de Khone et de là, Paské en piro-
gue, soit environ 400 kilomètres, il fallait de
20 à 25 jours. 1
Néanmoins, c'est la route du Sud qui fut
choisie à la suite des explorations remarqua-
bles du commandant de Fésigny, des lieute-
nants de vaisseau Cuisez et Simon, des capi-
taines Blanc et Cazenave.
On conclut avec raison à la nécessité de
franchir les chutes de Khone au moyen d'une
voie ferrée de 4 kilomètres, sur laquelle le
lieutenant de vaisseau Simon fit passer les ca-
nonnières Ham-Luong, Argus, Massie et La-
grandière.
Plus tard, en 18%, le commandant Simon,
devenu directeur des Messageries Fluviales de
Cochinchine, installa un service de bateaux et
de pirogues qui, progressivement, assura les
transports de Khone nord à Luang-Prabang, à
2.000 kilomètres de Saigon.
Au début, il fallait compter environ 8 à 10
jours de Saigon à Khone, puis 20 à 25 jours
de Khone à Vientiane, dont 8 jours de pirogue
dans les rapides de Kemmarat et 30 jours de
Vientiane Luang-Prabang.
Des améliorations successives furent appor-
tées et les temps de marche furent sensible-
ment réduits, surtout à partir du jour où l'on
mit en service des pirogues à moteur entre Vien-
tiane et Luang-Prabang.
Quoi qu'il en soit, à l'heure actuelle, il faut,
pour aller de Saïgon :
A Luang-Prabang, 4 transbordements, 2.000
kilomètres : 25 jours.
A Vientiane, 3 transbordements, 1.595 kilo-
mètres : 18 jours.
A Thackhett. 3 transbordements, 1.280 ki-
lomètres : 16 jours.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Collections numériques similaires Marat Jean Paul Marat Jean Paul /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Marat Jean Paul" or dc.contributor adj "Marat Jean Paul")
- Auteurs similaires Marat Jean Paul Marat Jean Paul /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Marat Jean Paul" or dc.contributor adj "Marat Jean Paul")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6265408k/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6265408k/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6265408k/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6265408k/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6265408k
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6265408k
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6265408k/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest