Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1936-06-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 juin 1936 19 juin 1936
Description : 1936/06/19 (A37,N48). 1936/06/19 (A37,N48).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265405b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
37° ANNEE. — N° 48. VENDREDI (13 h. 30). 19 juin 1936
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
RcdtcUtn & Administration :
1* B.. de la Bouse
PARIS (2*)
TÉL. : RICHELIEU 73-OC
(2 lignes groupées)
Les Annales Coloniales
Fondateur : Marcel RUEDEL - ., Directeur : Raoul MONMARSON
ABONNEMENTS
avec 40 ItevfU illustrée: -
Va «a 6 Mm 3M*U
France et
Colonies 1880 lots SI »
Etranger. 240» 125 » 79*
Le Numéro : 30 centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux 4a poste.
Le Front populaire fera-t-il enfin
1 la révolution coloniale ?
1 - - - - -
Nous nous sommes jusqu'à présent demandé,
avec une anxiété croissante, pourquoi un peu-
ple, peut-être le plus intelligent de la terre,
sensible aux nuances, dont le bon sens solide
et l'esprit besogneux sont à la base de ses ro-
bustes qualités, et qui dispose J'un immense
Empire, n'avait jamais pu, ou jamais voulu,
mettre en valeur cet Empire.
Nous sommes confus d'écrire à nouveau a
notre fronton cette vérité que nos lecteurs lassés
pourraient peut-être rejeter comme un cauche-
mar : la France n'a jamais fait de colonisation.
C'est qu'elle n'a jamais compris ses colonies.
Sur les pas de l'armée, qui avait ouvert les
voies, elle a créé un formidable cadre admi-
nistratif. Mais elle n'a pas un instant songé
qu'elle administrerait du néant, aussi longtemps
qu'elle se refuserait à procréer du colon.
Ce ne sont pas les éléments sporadiques, pi-
quetés çà et là sur notre carte coloniale, qui
peuvent nous 'permettre de prétendre que nous
avons occupé économiquement nos colonies.
Gloire aux audacieux ! Ils ont risqué, bataillé,
souffert. Ceux qui se sont cramponnés ont sur-
vécu. Ils n'étaient prévus par aucun texte, au-
cune législation, aucun code, et n'étaient cou-
verts par aucune mystique gouvernementale.
Bien au contraire, le plus souvent, ils se heur-
taient à l'animosité. Leur liberté était sans
doute une insulte, leur affranchissement une
contrebande, leurs opiniâtres efforts une dé-
monstration insolite de puissance.
Peu nombreux et sans aucune liaison entre
eux, on s'employa, par un étrange contre-sens,
par une marque d'esprit inférieur, à les réduire.
Et le dernier coup de grâce, depuis que la
France halète sous la crise, leur est porté par
nos industries métropolitaines, alertées devant
cette éventuelle concurrence, devant le jeu des
échanges internationaux faussés, devant leurs
exportations désormais non compensées. La
hache est levée.
Le Gouvernement du Front populaire la
laissera-t-elle s'abattre ?
*
* ★
Nous aimons les beaux discours, et la géné-
rosité humaine nous touche profondément. Mais
nous nous interrogeons, anxieux de savoir si
nous continuerons à faire de la philosophie dans
une classe vide. Si nous avions le cnurage de
détailler PEmpire, mus irions à Genève le
mettre à la disposition des peuples.
Trois de nos territoires ont fait de la coloni-
sation proprement dite : l'Algérie, d'ailleurs
rattachée depuis à la Métropole, et deux Pro-
tectorats, sans doute parce que le statut qui
leur fut imposé ne laissa pas a la France les
mains libres : la Tunisie et le Maroc.
Pour les autres. la. plus infâme indifférence.
S'est risqué qui l'a voulu. Dans ce doux pays
de France, où la vie si facile coule entre les
doigts comme le sable léger des jours d été,
ne devaient ou ne pouvaient aller aux lies que
des parias, des consciences troubles, des fruits
secs. Aucune charte d'Etat, aucun office de
colonisation. Sur place, aucun service, aucun
cadastre de colonisation, avec l'analyse des
sols, le barème des cultures appropriées, la
réglementation indigène. On a coupé du bois,
certes! Mais est-ce de la colonisation ? gratté
le sous-sol, certes 1 Mais est-ce de la coloni-
sation ? exporté café et cacao, certes 1 Mais
était-ce de la colonisation, ou de la cueillette
indigène ? Aux ouvriers, aux manuels qui ten-
taient de s'installer, mécaniciens, menuisiers,
imprimeurs, garagistes, l'Administration répon-
dait aussitôt en gonflant son service des Tra.
vaux publics, en jetant la concurrence dans les
jambes des malheureux. Ils avaient un capital,
un matériel, des mois d'expérience à amortir.
Mais elle voulait l'ignorer, qui tirait traite sur
l'Etat et scalpait ainsi notre propre argent pour
interdire à l'Economie coloniale de l'édifier.
La malheureuse 1 Elle n'a jamais compris
qu'elle ne pouvait justifier sa présence et ga-
gner son pain qu'en fonction de la prospérité
coloniale. Nous ne sommes pas outre-mer pour
faire des expériences sociales : la vague de
fond qui soulève en ce moment la France nous
indique que la première de celle-ci est à faire
sur le sol national. La France ne pourra payer
ses fonctionnaires coloniaux désormais que si
les colonies travaillent. Il ne suffit pas d'admi-
nistrer ; les temps sont trop âpres pour conser-
ver à notre usage ce coûteux objet de luxe.
Le Gouvernement du Front populaire com-
prendra-t-il qu'il est temps de renverser la va-
peur — ou de doter la France d'une charte
coloniale ?
*
* *
La colonie a été jusqu'à présent à sens uni-
que. Lorsque des esprits curieux, que l'immen-
sité de l'Empire a d'ailleurs toujours un peu
effrayés, cherchaient à pénétrer le secret de
cette maison, les initiés leur barraient la route.
Ils entendaient que personne ne trébuchât sur
l'effroyable non-sens grâce à quoi ils vivaient,
et dont la révélation eût bouleversé leur quiète
existence.
Tout ceci, nous l'avons écrit, dénoncé sans
arrêt, et nous n'avons attaché à notre signature
que des rancunes. à notre journal, que de sour-
noises attaques. Mais nous avons bon pied, et
rogne tenace. Nous avons surtout la vérité pour
nous. Il ne se peut pas que l'évidence ne s'im-
pose un très prochain jour à notre pays, et
qu'une charte coloniale ne lui soit enfin propo-
sée. - —- - -
Le « grand soir » que J'aucuns attendaient
serait alors pour nous « le grand jour ». Il ne
peut en effet, de crépuscule, mais d'au-
rore. Que l'Administration le comprenne l Elle
ne pourra continuer à subsister, à vivre, que
pour autant qu'elle aidera à créer la vie euro-
péenne. Qu'elle favorise la colonisation, qu'elle
la suggère, qu'elle la fascine, et la métropole
suivra, contrainte de marcher dans le sillage.
Quant aux plans de colonisation, quant au
programme, quant aux réformes, si le ministère
prend la peine d'ouvrir ce dossier, croit-on que
la révolution coloniale lui soit encore inconnue
- nous qui n'avons cessé de la prêcher ?
Raoul Monmarson.
A ta Société des Nations
La Conférence Internationale du Travail
Réunie avant-hier en séance plénière. la
Conférence Internationale du Travail a adopté
les 19 premiers articles d'une convention inter-
nationale réglementant le recrutement des tra-
vailleurs indigènes dans les colonies et protec-
torats.
Cette convention continue 1 oeuvre de pro-
tection des travailleurs indigènes accomplie par
le B. I. T. et dont la première étape avait été
la convention de 1930 tendant à l'abolition du
travail forcé.
C' est pour remédier à cette situation que la
convention en discussion prévoit toute une série
de dispositions empêchant l'emploi de la con,
trainte à l'égard des indigènes et l'exploitation
de ceux-ci par les agents recruteurs ou par les
entreprises.
——-——————— >-•♦•-< ——————————
Au Ministère de l'intérieui
LES ATTRIBUTIONS
DU SOUS-SECRETARIAT D'ETAT
Parmi les attributions réservées à M. Raoul
Aubaud, sous-secrétaire d'Etat au ministère de
l'Intérieur, figurent les Affaires algériennes.
Le sous-secrétaire d'Etat a. en outre. la
délégation permanente de la signature pour
toutes les affaires des autres services que le
ministre renvoie à sa décision.
—————-——— ,.+--< ——————————
M. Le Beau a regagné Alger
M. Le Beau, gouverneur général de l'Algé-
rie, qui avait quitté le Bourget mardi matin,
par l' avion, est arrivé l' après-midi à Alger.
_—————
Les négociations commerciales
franco-syriennes
Mardi après-midi, s'est tenue au Quai d'Or-
jay, sous la présidence de M. Viénot, sous-se-
crétaire d'Etat aux Affaires étrangères, une réu-
nion interministérielle en vue de la poursuite.
avec la délégation syrienne actuellement à Pa-
ris, des négociations en cours concernant le traité
franco-syrien.
A cette réunion ont pris part les représentants
d-j haut commissariat, des ministères des Af-
faires étrangères, de la Guerre, de la Marine
et de l'Air.
AUDIENCES
A L'ELYSEE
M. Albert Lebrun, président de la Répu-
blique, a reçu mardi après-midi M. Guillon,
résident général de France en Tunisie.
M. Albert Lebrun a également reçu hier
M. Léon Cayla, Gouverneur général de Ma-
dagascar, ainsi que M. de Warren, ancien
député, secrétaire général du bureau perma-
nent de la Conférence Impériale.
PRES DES MINISTRES D'ETAT
M. Viollette, ministre d'Etat, a reçu avant-
hier M. Cayla, Gouverneur général de Mada-
gascar.
AU MINISTERE DES COLONIES
M. Marius Moutet, ministre des Colonies,
a reçu dans la matinée du 15 juin M. Le Beau,
gouverneur général de l'Algérie, et M. de
Chambrun, ambassadeur de France en Italie.
Il s'est, d'autre part, entretenu avec M.
Viénot, sous-secrétaire d'Etat aux Affaires
étrangères, et M. Lamoureux, ancien député,
ancien ministre.
AU MINISTERE DE LA MARINE
M. Gasnier-Duparc a reçu hier matin le
contre-amiral Bléry, nommé récemment com-
mandant en chef et préfet maritime de la 4° ré-
gion, qui va rejoindre son poste à Bizerte.
AU MINISTERE DE LA JUSTICE
M. Marc Rucart, Garde des Sceaux, a reçu
mercredi après-midi le président et les mem-
bres de r Union centrale des Locataires de
France, des Colonies et Protectorats.
MEETINGS
« Contre les provocations fascistes
en Palestine »
Un meeting aura lieu ce soir vendredi,
à 20 h. 30, salle des Sociétés Savantes, 8,
rue Danton, à Paris, avec les travailleurs
arabes et juifs pour « exprimer la solidarité
du Peuple de Paris avec les justes revendi-
cations du peuple de Palestine et dénoncer
les provocations fascistes », sous la prési-
dence de Francis Jourdain, président de la
« Ligue antiimpérialiste », avec la partici-
pation de Victor Godron, du parti radical-
socialiste; de Fernand Corcos, de la Ligue
des Droits de l'Homme, des orateurs des'
partis socialiste, communiste, radical-socia-
liste CamiIle-Pelletan, du Secours Rouge de
France, de l'Etoile nord-africaine, de l'As-
sociation des Travailleurs juifs.
Le Transindochinois
m
~i~
)s colonies ne voient-
elles pas trop grand?
C'est une question
que des esprits cha-
g r i n s ou inquiets
pourraient se poser.
Après le Congo-
Océan, le Transindo-
chinois, c'est-à-dire de lourdes dépenses, et pour
la Colonie et pour la métropole.
Rassurons donc tout de suite les trembleurs.
La ligne dont il s'agit aura, de Hanoï à Saïgon,
c'est-à-dire du Tonkin à la Cochinchine, à tra-
vers l'Annam, une longueur de 1.739 kil. On
travaille activement aux 530 kilomètres qui cons-
titueront la dernière section, servant de char-
nière aux deux tronçons qui sont déjà exploités.
Quelle sera l'utilité de cette ligne ? Il est à
peine besoin d'insister, tant il y a là une flagrante
évidence. Le commerce et la production de la
colonie seront les premiers à en bénéficier. La
ligne drainera toutes les richesses du pays et en
facilitera la distribution. Et ce sera déjà, de ce
fait, un - gros problème résolu. - - -
Ce problème, dès 1898, avait déjà obsédé !e
grand colonial qu'était Paul Doumer. C'est pour-
quoi il avait, avec une belle audace et une claire
conception de l'avenir, tracé le premier plan de
cette œuvre magnifique et commencé à la réali-
ser, car il était homme à résoudre sans retard
les programmes en actes.
Mais l'élan qu'il avait, su donner ne put être in-
définiment maintenu. Vint une période de torpeur
et de lassitude. A. Sarraut, en 1912, reprit l'idée
et le travail, que la guerre arrêta, et que le gou-
verneur Pasquier devait reprendre.
Aujourd'hui, on touche au but. L'un après l'au-
tre, tous les obstacles. ont été surmontés, et par
les procédés les plus modernes. Et l'on pourra
aller, en 36 heures, d'un bout à l'autre de cet j
immense - ruban d'acier. ----
* Il est permis d'espérer que ce sera, pour 1 Indo-
chine, une date heureuse, qui rachètera ample-
ment tant d'autres dates néfastes et cruelles.
Mais une telle ligne ne présentera pas qu'un
intérêt commercial. Si grand soit-il, il est dépassé
et de beaucoup, par l'intérêt militaire et social
que présentera le « Transindochinois », nous
pourrons sans peine assurer la sécurité de la co-
lonie.
Et nous pourrons aussi transporter en masse,
pour des migrations provisoires, les agriculteurs
annamites qui, en excédent dans certaines régions
surpeuplées, seraient si utiles pour l'exploitation
dans le Sud, de vastes territoires fertiles et inoc-
cupés.
Ces braves gens qui, pour rien au monde, n'eûs-
sent pris le bateau, prendront volontiers le train,
avec la certitude d'être ramenés chez eux à l'ex-
piration de leurs contrats.
Et enfin, les touristes auront, avec cette ligne,
une raison majeure d'affluer vers tous les points
pittoresques et grandioses d'un merveilleux pays
qu'il leur était, jusqu'ici, presque interdit d'af-
fronter. ", ..-
Il faut par conséquent espérer que l'inaugura-
tion du Transindochinois marquera la fin de la
crise qui a si durement sévi, et sera le symbole
et la preuve de la prospérité revenue.
C'est le vœu que, très sincèrement, forment
tous les amis de l'Indochine.
Jean Philip,
Sénateur du Gers,
membre de la Commission des
Finances, membre de la Commis-
sion des Colonies.
> •> a > — ( —
Aux délégations financières
alligérie
Les colons demandent l'ajournement
du budget
Au cours de sa réunion du 12 juin la dé-
légation des colons a entendu l'expose
de la thèse gouvernementale qui soutient
dans son ensemble le projet de budget dont
le déficit, de 93 millions, doit être couvert
par de nouveaux impôts.
Après avoir discuté de cette question les
colons se sont déclarés opposés à cette mé-
thode et ont rédigé la motion suivante :
« Considérant les propositions de l'admi-
nistration qui appellent le vote de nouveaux
impôts, alors qu'il apparaît déjà difficile de
réaliser la. rentrée de ceux existants ;
« Considérant (l'autre part que les dispo-
sitions gouvernementales nouvelles tant
d'ordre financier qu'économique sont de na-
ture à modifier considérablement les déci-
sions à prendre pour l'établissement du
budget de 1937 par leur éventuelle applica-
tion en Algérie :
« Décide en toute logique d'ajourner tou-
tes conclusions définitives quant à l'évalua-
tion des recettes a la session extraordinaire
du mois de novembre prochain. »
———————— - — ) -+- ( —————————
Emeutes et Troubles
En Algérie
A AfouaoudŒJ Fort-de-VEau, Rovigo, Si-
di-Moussà, des groupes d'indigènes, armés
de matraques ou de Piquets de vigne, par-
courant la campagne pour débaucher les
ouvriers agricoles ont molesté des automo-
bilistes et dans plusieurs propriétés ont
commis des déprédations. La gendarmerie et
la garde mobile sillonnent ces points névral-
giques.
Une vingtaine d'arrestations ont été Opé-
rées.
- Une patrouille d'avions a survolé la ré-
gion-de Zeraldaét, en prévision de trou-
bles, la garde mobile est toujours sur place,
A Boujarik, cinq mille manifestants ont
défilé dans la ville avec drapeaux rouges.
Les colons de l'intérieur s'inquiètent et
s'organisent pour assurer l'ordre et la sé-
cZ/rité.
Le Gouverneur général, pour rassurer les
colons, a fait une déclaration à la séance des
Délégations financières :
Il le tiens, puisque l'occasion m'en est of-
ferte, à demander à tous de vouloir bien,
devant les circonstances actuelles, conserver
le calme et le sang-froid nécessaires pour les
juger en toute objectivité..
Quant à l'ordre public, il nous appartient
de. Vassurer. '.1 e ne puis admettre qu'on nt-'
visage aucune 'carence de notre part : et je-
ne' puis envisager non plus, par conséquent,
de laisser à quiconque le soin de se substi-
tuer à l'autorité administrative responsable
afin d'assurer eêt ordres a
La colonisation en marche
Aux Nouvelles-Hébrides
Il est question d'introduire une main-
d'œuvre saisonnière dans l'archipel. pour la
récolte du café. L'administration a fait une
enquête officielle à ce sujet auprès des co-
lons. Elle serait recrutée en Indochine.
Les travailleurs annamites recrutés dans
des conditions spéciales seraient employés
du 15 mai au 15 novembre pendant six mois
de l'année.
Le Syndicat français agricole des Nouvel-
les-Hébrides a pris position au nom de ses
adhérents. Par lettre du 4 février dernier il
a fait connaître son point de vue au Com-
missaire Résident de France en déclarant
que l'introduction de main-d'œuvre indochi-
noise saisonnière à recruter en Indochine est
désirable pour les exploitations agricoles et
en indiquant que le prix de revient du tra-
vailleur ne devrait pas dépasser 253 francs
par mois tous frais compris, recrutement,
passage aller et retour, vêtements, frais de
lazaret à Port-Vila, frais médicaux pendant
la durée de l'engagement, nourriture, sa-
laire, etc.
En Afrique Orientale italienne
M. Alessandro Lessona, ministre des Co-
lonies, a défini les formes de la colonisation
italienne en Ethiopie devant les chefs d'état-
major de la milice, les présidents des confé-
dérations de l'agriculture et des agriculteurs
et les représentants du ministère de l'Agri-
culture.
Le plan est intéressant à suivre. Il a l'ex-
trême mérite d'être clair. Il a enfin le mé-
rite même d'être un plan, d'être l'expression
d'une volonté cordonnée de coloniser.
Cinq types de colonisation sont prévus :
De peuplement,
Petite propriété,
A caractère industriel,
Exploitation mixte par l'emploi de la
main-d'œuvre indigène,
Culture directe par les indigènes.
Dans le premier cas, les territoires choisis
pour les lotissements seront confiés à des or-
ganes spécialisés, tels, par exemple, que
l'œuvre nationale des combattants, qui, en
Italie, assure la répartition des terres cédces
par le roi ou bonifiées. Les colons devien-
dront, par la suite, propriétaires des fonds
qui leur seront confiés.
Les petites propriétés seront cédées à des
cultivateurs disposant de sommes modestes
destines à l'achat de terres. L'exploitation
à caractère industriel ne sera autorisée que
dans les territoires où il ne sera pas possi-
ble d'établir des lotissements de peuplement
du premier type. -
L exploitation des terres par des entrepri-
ses italiennes qui emploieront de la main-
d'œuvre indigène sera adoptée là où il ne
sera pas possible ou opportun de faire af-
fluer l'émigration italienne.
Quant à la culture directe par les indi-
gènes eux-mêmes, elle sera dirigée et se-
condée par les services techniques du gou-
vernement qui mettront'à la disposition des
agriculteurs, des moyens mécaniques per-
mettant l'exploitation rationnelle des terres.
Ce n'est pas ici le lieu de commenter ces
dispositions. Une remarque initiale cepen-
dant s'impose : l'Italie entend surtout co.
loniser directement, avec ses hommes, et ne
faire qu'accessoirement de la colonisation
d'encadrement. Cette possibilité n'est don-
née qu'aux peuples à démographie puis-
sante, et à territoire national pauvre.
—————————— >-•♦»-<
Réorganisation administrative
et économique au Maroc
Un dahir va incessamment organiser la
direction des affaires économiques, confor-
mément au plan de réforme administrative
déjà exposée par le résident général au Co-
mité permanent de défense économique.
Cette direction, qui sera confiée à M. Le-
fèvre, directeur général de l'agriculture et
de la colonisation, contrôlera le service de
l'élevage, le service du commerce et de l'in-
dustrie, l'Office chérifien de contrôle et d'ex-
portation, le service des Eaux et Forêts, le
service du Travail et des questions sociales.
Cette formule nouvelle entraîne la suppres-
sion du service de l'Agriculture et du ser-
vice de défense des végétaux et la suppres-
sion du service de la colonisation et du
crédit agricole dont les attributions en ma-
tière de crédit et de coopération agricole sont
transférées au directeur général des finan-
ces.
Ainsi se trouveront groupés sous une auto-
rité unique les divers organismes adminis-
tratifs qui intéressent l'économie marocaine.
D'autre part, la simplification réalisée per-
mettra d'éviter les conflits d'attributions, les
actions parallèles et parfois contradictoires
des divers services.
Cette réforme qui entraînera des écono-
mies réelles,' amorce une refonte décisive
dans la structure administrative, les direc-
tions générales seront progressivement sup-
primées.
La refonte des directions étant réalisée, le
résident général réunira périodiquement un
Conseil des directeurs qui, placé sous son
autorité directe, aura pour but de coordon-
ner l'activité de tous les services publics,
d'éliminer les divergences qui peuvent sur-
gir entre eux et d'assurer l'unité de vues
et d'action indispensables au développement
du protectorat..
—————————— )1 -+- ( —————————
INTÉRIM
AU TOGO
M. Martiner, administrateur en chef, a été
çhargé p. i. des fonctions d'administrateur supé-
rieur du Togo pendant l'absence de M. Geis-
mar, autorisé à rentrer en France.
1 : ) e+- (.. ,- —
Voir en deuxième page : ., -
POUR METTRE FIN
AU SCANDALE DE TAHITI
Aux quatre coins
M. ALEXANDRE VARENNE
N'A PAS ETE PROCLAME ELU
Nous avions annoncé que M. Alexandre Va-
renne, , ex-gaulierneur. général de l'Indochine,
avait été proposé le 11 juin par le 7° Bureau
de la Chambre des députés comme devant être
proclamé élu, aux lieu et place de M. Rate-
lade, dans la 2e circonscription de Riom.
La Chambre en a discuté hier, sur le rap-
port de M. Laville, concluant en faveur de
l'élection de M. Alexandre Varenne. Après
une discussion de laquelle ne fut point absente
la passion, où MM. Pebellier, de Monzie,
intervinrent, M. Ratelade prit la parole, et dit
notamment que, simple paysan, il se sentait
mal préparé à donner de longues explications
à la Chambre. Ayant fait toute sa campagne
seul, à motocyclette, il s'est étonné qu'on puisse
accuser « le gueux qu'il est » d'avoir truqué
son élection.
Après quoi, la discussion reprit de plus belle
pour se terminer par l'annulation des opérations
électorales.
M. A lexandre Varenne partant grand favo-
ri. contre M. Lamoureux, ex-député, pour le
gouvernement général de l'Indochine, où M.
Robin a fait son temps, entreprendra-t-il à
nouveau une campagne électorale ?
Vers les élections au Conseil
supérieur de la Franced'ootre-mer
M. Georges Nouelle, député, président de
la Commission de l'Algérie, des Colonies et
des Pays de Protectorat sera candidat en
Côte d'Ivoire (délégué sortant : M. Alcide
Delmont).
On annonce, d'autre part, comme proba-
bles les candidatures de M. Max Hymans,
député, au Soudan (délégué sortant : M.
Louis Proust) et. de M. Antoine Cayrel, dé-
puté, au Dahomey (délégué sortant : M.
Nègre).
—————————— ) -.- (
Commerce
- AU SOUDAN
Les exportations effectuées par le' Bureau
des Douanes de Kayes, durant le premier tri-
mestre de cette année, ont été les suivantes :
Valeur locale
Kgs. Fr.
Arachides en co-
I ques. 22.056 H.029
Arachides décorti-
quées. 1.624.587 1.299-670
Comme dure 106.427 175.605
Gomme friable.. 107.997 97.197
Or. 70.033gr. 5 840.404
Peaux de boeufs 12.382 21-669
» de moutons 116 625
» de chèvres. 7.328 16.488
Feue la Conférence
Impériale
M. Georges Boussenot, dans la Presse Co-
loniale, se demande avec une certaine mélan-
colie ce qu'il reste de la « grande » conférence
impériale.
Il est étrange qu'un esprit aussi avisé, aussi
précis, que celui de M. Boussenot en soit à
poser cette interrogation. Il aurait donc cru à
cette palabre ? Il n'aurait donc point décelé,
dans cette admirable et pauvre nudité coloniale,
placée sous le regard de juges inexorables, le
sens secret de la métropole faisant devant elle
comparaître un empire rival ?
Nous n'atons jamais combattu la conférence
impériale. Le combat ne vaut que pour l'ob-
jectif qu'il poursirit. La conférence n'en valait
pas la peine, car les jeux étaient faits et nous
admirions la candeur de nos confrères à se re-
fuser à l'admettre.
Comment pouvait-on imaginer qu'un pays
sans politique coloniale, sans plan colonial, sans
esprit colonial, pût régler en une conférence
le sort d'un empire qu'il est plutôt porté à
abattre ? Il nous déplaît de faire, à ce pro-
pos, le procès de certaines personnalités. Mais
on voudra bien convenir que M. Louis Rollin
fut pour les colonies un homme parfaitement
étranger. Les décisions de virilité ne furent ja-
mais son fait. D'abord, il ignorait l'empire.
Et comme il était affable, et comme il était
doucereux, on se trompait à son sujet. Il eût
pu, grâce aux décrets-lois, et muni de quelque
volonté, fabriquer de grandes choses. Il ne na-
vigua que dans du néant oratoire.
*
* *
Nous appartenons à une autre génération
Pour excessif que nous soyons, certains mois
ont à nos yeux la valeur d'une formule. Quand
M. Rollin présidait aux destinées de la confé-
rence impériale, nous exprimions nos craintes,
nous formulions nos critiques et nos Vœux. Nous
envisagions que la métropole ne devait pas,
sciemment, avec une sauvage cruauté, assassi-
ner les colonies. Mais nos critiques ne nous
valurent que l'animosité. On nous montra du
doigt. Nous étions des râleurs impénitents.
Parce que nous souffrions dans notre or.
gueil, parce que nous ne sommes métropolitains
que par raccroc, parce que nous sommes colon
niaux par essence et par amour, parce que nous
supportions difficilement de voir lq bête blessée
traînée au dépeçage, nous attirâmes la rancune
et presque la calomnie.
M. Boussenot s'en prend au ministre des
Finances. Certes 1 Mais pourquoi ouhlie-t-il te
ministre des Colonies ?
Un homme sachant ce qu'il veut, sachant
ce qu il fait, un mâle, attentif, audacieux, Ré-
solu, voilà ce qu'il eût fallu aux Colonies..
La conférence impériale eût été alors au.
tre chose.
C'est tout au moins notre sentiment.
LES MANIFESTATIONS DU FRONT POPULAIRE .*
EN ORANIE
Les bagarres de Sidi-Bel-Abbès
par Pierre Barret.
Comme partout, en France, le Front Po-
pulaire a fêté, dimanche, la victoire électo-
rale qu'il a remportée dans la Métropole et
dans certains secteurs de la colonie. A Oran,
la manifestation, imposante, s'est déroulée
dans un ordre parfait. Il n'en fut pas de
même à Sidi-Bel-Abbès.
Dans cette dernière ville, malgré la Lé-
gion et les Spahis, la gendarmerie et la po-
lice, qui « opérèrent », avec quelque éner-
gie, des contre-manifestants se ruèrent à
l'assaut du cortège, lui enlevant, dit-on, ses
drapeaux rouges, pour ne laisser que les
drapeaux tricolores qui, eux, ne furent pas
touchés.
Les incidents continuèrent une partie de
la soirée. Quelques-uns des contre-manifes-
tats auraient crié : « A bas les Juifs 1 », ce
qu'il faut souligner, on verra plus loin pour-
quoi. .n person nes blessées, de part et
Bilan : 45 personnes blessées, de part et
d'autre, parmi lesquelles M. Camus, com-
missaire central ; M. Ferro, commissaire de
police ; 4 agents ; un lieutenant du le' Etran-
ger et 3 légionnaires, pour ne citer que les
blessés du service d'ordre.
Cette manifestation n'a surpris personne.
Elle était attendue et fut précédée d'une pré-
face en plusieurs épisodes, dont voici le
premier : Ou
Le mercredi, le maire de la ville, M. Bel-
lat, prit un arrêté interdisant la manifesta-
tion projetée, arrêté dont le principal atten-
du était le suivant :
« Attendu que la situation politique dans
notre ville ne permet pas, actuellement,
d'autoriser des manifestations sans risquer
de troubler l'ordre public et le calme dans la
rue, il y a lieu de prendre toutes mesures
utiles, afin de prévenir des désordres qui
pourraient être graves et assurer le maintien
de la tranquillité publique. »
Cette position était, d'autre part, .dévelop-
pée, dans une lettre adressée par le maire au
Préfet, de laquelle nous extrayons le pas-
sage suivant :
« La situation politique de notre ville ne
nous permet pas actuellement de laisser ma-
nifester sur la voie publique les partis poli-
tiques quels qu'ils soient, sans risquer de
troubler le bon ordre et le calme de la rue.
« Les événements internationaux et en par-
ticulier ceux qui se déroulent actuellement
en Palestine, pourraient avoir, dans les con-
jonctures présentes et à l'occasionne mani-
festations de ce genre, des répercussions très
fâcheuses, non seulement pour la sécurité
de nos concitoyens, mais encore sur la poli-
tique coloniale de notre pays.
« Vous n'êtes pas sans ignorer, M. le Pré-
fet, que des troubles graves auraient pu écla-
ter dans notre yille sans l'énergique inter-
vention de la police, et je n'en veux pouf
preuve, entre tant d'autres, que :
« 1° L'affaire du marabout Sidi-Bel-Abbès
qui s'est déroulOe le 15 mai dernier, à H heu-
res (rapport officiel n° 10.132, du 26 mai)
et où de bons musulmans ont été molestés
dans l'exercice de leur culte par des com-
munistes dont plusieurs Israélites :
2' L'attaque du commissariat de police
du 2e arrondissement par des Indigènes,
membres pour la plupart du parti communis-
te — les vrais musulmans sachant pertinent
ment que les principes enseignés par le Co-
ran sont contraires à ceux du bolchevisme
et restant indéfectiblement attachés à • la
Mère-Patrie et profondément respectueux de
nos institutions ;
« Et 3°, le compte rendu de la réunion
du Front Populaire du 5 juin 1936 (R.O. n*
11.024, du 6 juin), organisée par MM. Cer-
dan Antoine, Romain Marcel, Charbit Elia.
ouh, Azérad Chaloum, Menamara Elicha,
Mme Moreno et Lisbonne Gaston dans le
but de se préparer à la manifestation du 14
juin et où il a été dit notamment que cette
dernière devait avoir lieu dans toutes les
rues de la ville et même par la violence.
« Devant de telles provocations, dont la
population saine ne pourrait peut-être pas
s'accommoder, et compte tenu de cette si.
tuation qui revêt dans notre cité un carac-
tère d'exceptionnelle gravité, j'ai cru devoir :
« 1° Eviter qu'une manifestation ait lieu
dimanc'ie dernier pour fêter l'élection de.M.
Enjalbert, comme il est coutume de faire à
chaque élection législative;
chaque
« 2 Interdire celle du Front Populaire di-
manche prochain.
"L'une et l'autre étant de nature à engen.
drer des troubles graves dont on ne peut
prévoir l'importance et qui risqueraient de
compromettre sérieusement la sécurité géné-
rale dans notre pays et les magnifiques ré-
sultats obtenus dans notre Empire colonial
au prix d'un siècle de labeur incessant et de
tant de sacrifices D
Cette lettre révèle, en effet, une situation
politique assez troublée.
» •
- -,
Et voici le second acte:
Les délégués du Front Populaire, le 'lene
demain, adressèrent, à leur tour, une lettre
au Préfet, dans laquelle le maire est accusé
de vouloir fomenter, par la forme de son
refus et les termes de la lettre précédente,
des troubles antisémites, accusations moti-
vées de la façon suivante :
; M. le Maire de Sidi-Bel-Abbès laisse en.
tendre dans sa lettre que la réunion prépa-
ratoire du 5 juin à l'Idéal-Cinéma a été or.
ganisée par des individualités dont il cite les
noms, alors qu'en réalité c'est le Comité so-
lidairement responsable du Front Populaire
qui en a pris l'initiative. Nous protestons
avec Indignation contre ce procédé révoltant
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
RcdtcUtn & Administration :
1* B.. de la Bouse
PARIS (2*)
TÉL. : RICHELIEU 73-OC
(2 lignes groupées)
Les Annales Coloniales
Fondateur : Marcel RUEDEL - ., Directeur : Raoul MONMARSON
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France et
Colonies 1880 lots SI »
Etranger. 240» 125 » 79*
Le Numéro : 30 centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux 4a poste.
Le Front populaire fera-t-il enfin
1 la révolution coloniale ?
1 - - - - -
Nous nous sommes jusqu'à présent demandé,
avec une anxiété croissante, pourquoi un peu-
ple, peut-être le plus intelligent de la terre,
sensible aux nuances, dont le bon sens solide
et l'esprit besogneux sont à la base de ses ro-
bustes qualités, et qui dispose J'un immense
Empire, n'avait jamais pu, ou jamais voulu,
mettre en valeur cet Empire.
Nous sommes confus d'écrire à nouveau a
notre fronton cette vérité que nos lecteurs lassés
pourraient peut-être rejeter comme un cauche-
mar : la France n'a jamais fait de colonisation.
C'est qu'elle n'a jamais compris ses colonies.
Sur les pas de l'armée, qui avait ouvert les
voies, elle a créé un formidable cadre admi-
nistratif. Mais elle n'a pas un instant songé
qu'elle administrerait du néant, aussi longtemps
qu'elle se refuserait à procréer du colon.
Ce ne sont pas les éléments sporadiques, pi-
quetés çà et là sur notre carte coloniale, qui
peuvent nous 'permettre de prétendre que nous
avons occupé économiquement nos colonies.
Gloire aux audacieux ! Ils ont risqué, bataillé,
souffert. Ceux qui se sont cramponnés ont sur-
vécu. Ils n'étaient prévus par aucun texte, au-
cune législation, aucun code, et n'étaient cou-
verts par aucune mystique gouvernementale.
Bien au contraire, le plus souvent, ils se heur-
taient à l'animosité. Leur liberté était sans
doute une insulte, leur affranchissement une
contrebande, leurs opiniâtres efforts une dé-
monstration insolite de puissance.
Peu nombreux et sans aucune liaison entre
eux, on s'employa, par un étrange contre-sens,
par une marque d'esprit inférieur, à les réduire.
Et le dernier coup de grâce, depuis que la
France halète sous la crise, leur est porté par
nos industries métropolitaines, alertées devant
cette éventuelle concurrence, devant le jeu des
échanges internationaux faussés, devant leurs
exportations désormais non compensées. La
hache est levée.
Le Gouvernement du Front populaire la
laissera-t-elle s'abattre ?
*
* ★
Nous aimons les beaux discours, et la géné-
rosité humaine nous touche profondément. Mais
nous nous interrogeons, anxieux de savoir si
nous continuerons à faire de la philosophie dans
une classe vide. Si nous avions le cnurage de
détailler PEmpire, mus irions à Genève le
mettre à la disposition des peuples.
Trois de nos territoires ont fait de la coloni-
sation proprement dite : l'Algérie, d'ailleurs
rattachée depuis à la Métropole, et deux Pro-
tectorats, sans doute parce que le statut qui
leur fut imposé ne laissa pas a la France les
mains libres : la Tunisie et le Maroc.
Pour les autres. la. plus infâme indifférence.
S'est risqué qui l'a voulu. Dans ce doux pays
de France, où la vie si facile coule entre les
doigts comme le sable léger des jours d été,
ne devaient ou ne pouvaient aller aux lies que
des parias, des consciences troubles, des fruits
secs. Aucune charte d'Etat, aucun office de
colonisation. Sur place, aucun service, aucun
cadastre de colonisation, avec l'analyse des
sols, le barème des cultures appropriées, la
réglementation indigène. On a coupé du bois,
certes! Mais est-ce de la colonisation ? gratté
le sous-sol, certes 1 Mais est-ce de la coloni-
sation ? exporté café et cacao, certes 1 Mais
était-ce de la colonisation, ou de la cueillette
indigène ? Aux ouvriers, aux manuels qui ten-
taient de s'installer, mécaniciens, menuisiers,
imprimeurs, garagistes, l'Administration répon-
dait aussitôt en gonflant son service des Tra.
vaux publics, en jetant la concurrence dans les
jambes des malheureux. Ils avaient un capital,
un matériel, des mois d'expérience à amortir.
Mais elle voulait l'ignorer, qui tirait traite sur
l'Etat et scalpait ainsi notre propre argent pour
interdire à l'Economie coloniale de l'édifier.
La malheureuse 1 Elle n'a jamais compris
qu'elle ne pouvait justifier sa présence et ga-
gner son pain qu'en fonction de la prospérité
coloniale. Nous ne sommes pas outre-mer pour
faire des expériences sociales : la vague de
fond qui soulève en ce moment la France nous
indique que la première de celle-ci est à faire
sur le sol national. La France ne pourra payer
ses fonctionnaires coloniaux désormais que si
les colonies travaillent. Il ne suffit pas d'admi-
nistrer ; les temps sont trop âpres pour conser-
ver à notre usage ce coûteux objet de luxe.
Le Gouvernement du Front populaire com-
prendra-t-il qu'il est temps de renverser la va-
peur — ou de doter la France d'une charte
coloniale ?
*
* *
La colonie a été jusqu'à présent à sens uni-
que. Lorsque des esprits curieux, que l'immen-
sité de l'Empire a d'ailleurs toujours un peu
effrayés, cherchaient à pénétrer le secret de
cette maison, les initiés leur barraient la route.
Ils entendaient que personne ne trébuchât sur
l'effroyable non-sens grâce à quoi ils vivaient,
et dont la révélation eût bouleversé leur quiète
existence.
Tout ceci, nous l'avons écrit, dénoncé sans
arrêt, et nous n'avons attaché à notre signature
que des rancunes. à notre journal, que de sour-
noises attaques. Mais nous avons bon pied, et
rogne tenace. Nous avons surtout la vérité pour
nous. Il ne se peut pas que l'évidence ne s'im-
pose un très prochain jour à notre pays, et
qu'une charte coloniale ne lui soit enfin propo-
sée. - —- - -
Le « grand soir » que J'aucuns attendaient
serait alors pour nous « le grand jour ». Il ne
peut en effet, de crépuscule, mais d'au-
rore. Que l'Administration le comprenne l Elle
ne pourra continuer à subsister, à vivre, que
pour autant qu'elle aidera à créer la vie euro-
péenne. Qu'elle favorise la colonisation, qu'elle
la suggère, qu'elle la fascine, et la métropole
suivra, contrainte de marcher dans le sillage.
Quant aux plans de colonisation, quant au
programme, quant aux réformes, si le ministère
prend la peine d'ouvrir ce dossier, croit-on que
la révolution coloniale lui soit encore inconnue
- nous qui n'avons cessé de la prêcher ?
Raoul Monmarson.
A ta Société des Nations
La Conférence Internationale du Travail
Réunie avant-hier en séance plénière. la
Conférence Internationale du Travail a adopté
les 19 premiers articles d'une convention inter-
nationale réglementant le recrutement des tra-
vailleurs indigènes dans les colonies et protec-
torats.
Cette convention continue 1 oeuvre de pro-
tection des travailleurs indigènes accomplie par
le B. I. T. et dont la première étape avait été
la convention de 1930 tendant à l'abolition du
travail forcé.
C' est pour remédier à cette situation que la
convention en discussion prévoit toute une série
de dispositions empêchant l'emploi de la con,
trainte à l'égard des indigènes et l'exploitation
de ceux-ci par les agents recruteurs ou par les
entreprises.
——-——————— >-•♦•-< ——————————
Au Ministère de l'intérieui
LES ATTRIBUTIONS
DU SOUS-SECRETARIAT D'ETAT
Parmi les attributions réservées à M. Raoul
Aubaud, sous-secrétaire d'Etat au ministère de
l'Intérieur, figurent les Affaires algériennes.
Le sous-secrétaire d'Etat a. en outre. la
délégation permanente de la signature pour
toutes les affaires des autres services que le
ministre renvoie à sa décision.
—————-——— ,.+--< ——————————
M. Le Beau a regagné Alger
M. Le Beau, gouverneur général de l'Algé-
rie, qui avait quitté le Bourget mardi matin,
par l' avion, est arrivé l' après-midi à Alger.
_—————
Les négociations commerciales
franco-syriennes
Mardi après-midi, s'est tenue au Quai d'Or-
jay, sous la présidence de M. Viénot, sous-se-
crétaire d'Etat aux Affaires étrangères, une réu-
nion interministérielle en vue de la poursuite.
avec la délégation syrienne actuellement à Pa-
ris, des négociations en cours concernant le traité
franco-syrien.
A cette réunion ont pris part les représentants
d-j haut commissariat, des ministères des Af-
faires étrangères, de la Guerre, de la Marine
et de l'Air.
AUDIENCES
A L'ELYSEE
M. Albert Lebrun, président de la Répu-
blique, a reçu mardi après-midi M. Guillon,
résident général de France en Tunisie.
M. Albert Lebrun a également reçu hier
M. Léon Cayla, Gouverneur général de Ma-
dagascar, ainsi que M. de Warren, ancien
député, secrétaire général du bureau perma-
nent de la Conférence Impériale.
PRES DES MINISTRES D'ETAT
M. Viollette, ministre d'Etat, a reçu avant-
hier M. Cayla, Gouverneur général de Mada-
gascar.
AU MINISTERE DES COLONIES
M. Marius Moutet, ministre des Colonies,
a reçu dans la matinée du 15 juin M. Le Beau,
gouverneur général de l'Algérie, et M. de
Chambrun, ambassadeur de France en Italie.
Il s'est, d'autre part, entretenu avec M.
Viénot, sous-secrétaire d'Etat aux Affaires
étrangères, et M. Lamoureux, ancien député,
ancien ministre.
AU MINISTERE DE LA MARINE
M. Gasnier-Duparc a reçu hier matin le
contre-amiral Bléry, nommé récemment com-
mandant en chef et préfet maritime de la 4° ré-
gion, qui va rejoindre son poste à Bizerte.
AU MINISTERE DE LA JUSTICE
M. Marc Rucart, Garde des Sceaux, a reçu
mercredi après-midi le président et les mem-
bres de r Union centrale des Locataires de
France, des Colonies et Protectorats.
MEETINGS
« Contre les provocations fascistes
en Palestine »
Un meeting aura lieu ce soir vendredi,
à 20 h. 30, salle des Sociétés Savantes, 8,
rue Danton, à Paris, avec les travailleurs
arabes et juifs pour « exprimer la solidarité
du Peuple de Paris avec les justes revendi-
cations du peuple de Palestine et dénoncer
les provocations fascistes », sous la prési-
dence de Francis Jourdain, président de la
« Ligue antiimpérialiste », avec la partici-
pation de Victor Godron, du parti radical-
socialiste; de Fernand Corcos, de la Ligue
des Droits de l'Homme, des orateurs des'
partis socialiste, communiste, radical-socia-
liste CamiIle-Pelletan, du Secours Rouge de
France, de l'Etoile nord-africaine, de l'As-
sociation des Travailleurs juifs.
Le Transindochinois
m
~i~
)s colonies ne voient-
elles pas trop grand?
C'est une question
que des esprits cha-
g r i n s ou inquiets
pourraient se poser.
Après le Congo-
Océan, le Transindo-
chinois, c'est-à-dire de lourdes dépenses, et pour
la Colonie et pour la métropole.
Rassurons donc tout de suite les trembleurs.
La ligne dont il s'agit aura, de Hanoï à Saïgon,
c'est-à-dire du Tonkin à la Cochinchine, à tra-
vers l'Annam, une longueur de 1.739 kil. On
travaille activement aux 530 kilomètres qui cons-
titueront la dernière section, servant de char-
nière aux deux tronçons qui sont déjà exploités.
Quelle sera l'utilité de cette ligne ? Il est à
peine besoin d'insister, tant il y a là une flagrante
évidence. Le commerce et la production de la
colonie seront les premiers à en bénéficier. La
ligne drainera toutes les richesses du pays et en
facilitera la distribution. Et ce sera déjà, de ce
fait, un - gros problème résolu. - - -
Ce problème, dès 1898, avait déjà obsédé !e
grand colonial qu'était Paul Doumer. C'est pour-
quoi il avait, avec une belle audace et une claire
conception de l'avenir, tracé le premier plan de
cette œuvre magnifique et commencé à la réali-
ser, car il était homme à résoudre sans retard
les programmes en actes.
Mais l'élan qu'il avait, su donner ne put être in-
définiment maintenu. Vint une période de torpeur
et de lassitude. A. Sarraut, en 1912, reprit l'idée
et le travail, que la guerre arrêta, et que le gou-
verneur Pasquier devait reprendre.
Aujourd'hui, on touche au but. L'un après l'au-
tre, tous les obstacles. ont été surmontés, et par
les procédés les plus modernes. Et l'on pourra
aller, en 36 heures, d'un bout à l'autre de cet j
immense - ruban d'acier. ----
* Il est permis d'espérer que ce sera, pour 1 Indo-
chine, une date heureuse, qui rachètera ample-
ment tant d'autres dates néfastes et cruelles.
Mais une telle ligne ne présentera pas qu'un
intérêt commercial. Si grand soit-il, il est dépassé
et de beaucoup, par l'intérêt militaire et social
que présentera le « Transindochinois », nous
pourrons sans peine assurer la sécurité de la co-
lonie.
Et nous pourrons aussi transporter en masse,
pour des migrations provisoires, les agriculteurs
annamites qui, en excédent dans certaines régions
surpeuplées, seraient si utiles pour l'exploitation
dans le Sud, de vastes territoires fertiles et inoc-
cupés.
Ces braves gens qui, pour rien au monde, n'eûs-
sent pris le bateau, prendront volontiers le train,
avec la certitude d'être ramenés chez eux à l'ex-
piration de leurs contrats.
Et enfin, les touristes auront, avec cette ligne,
une raison majeure d'affluer vers tous les points
pittoresques et grandioses d'un merveilleux pays
qu'il leur était, jusqu'ici, presque interdit d'af-
fronter. ", ..-
Il faut par conséquent espérer que l'inaugura-
tion du Transindochinois marquera la fin de la
crise qui a si durement sévi, et sera le symbole
et la preuve de la prospérité revenue.
C'est le vœu que, très sincèrement, forment
tous les amis de l'Indochine.
Jean Philip,
Sénateur du Gers,
membre de la Commission des
Finances, membre de la Commis-
sion des Colonies.
> •> a > — ( —
Aux délégations financières
alligérie
Les colons demandent l'ajournement
du budget
Au cours de sa réunion du 12 juin la dé-
légation des colons a entendu l'expose
de la thèse gouvernementale qui soutient
dans son ensemble le projet de budget dont
le déficit, de 93 millions, doit être couvert
par de nouveaux impôts.
Après avoir discuté de cette question les
colons se sont déclarés opposés à cette mé-
thode et ont rédigé la motion suivante :
« Considérant les propositions de l'admi-
nistration qui appellent le vote de nouveaux
impôts, alors qu'il apparaît déjà difficile de
réaliser la. rentrée de ceux existants ;
« Considérant (l'autre part que les dispo-
sitions gouvernementales nouvelles tant
d'ordre financier qu'économique sont de na-
ture à modifier considérablement les déci-
sions à prendre pour l'établissement du
budget de 1937 par leur éventuelle applica-
tion en Algérie :
« Décide en toute logique d'ajourner tou-
tes conclusions définitives quant à l'évalua-
tion des recettes a la session extraordinaire
du mois de novembre prochain. »
———————— - — ) -+- ( —————————
Emeutes et Troubles
En Algérie
A AfouaoudŒJ Fort-de-VEau, Rovigo, Si-
di-Moussà, des groupes d'indigènes, armés
de matraques ou de Piquets de vigne, par-
courant la campagne pour débaucher les
ouvriers agricoles ont molesté des automo-
bilistes et dans plusieurs propriétés ont
commis des déprédations. La gendarmerie et
la garde mobile sillonnent ces points névral-
giques.
Une vingtaine d'arrestations ont été Opé-
rées.
- Une patrouille d'avions a survolé la ré-
gion-de Zeraldaét, en prévision de trou-
bles, la garde mobile est toujours sur place,
A Boujarik, cinq mille manifestants ont
défilé dans la ville avec drapeaux rouges.
Les colons de l'intérieur s'inquiètent et
s'organisent pour assurer l'ordre et la sé-
cZ/rité.
Le Gouverneur général, pour rassurer les
colons, a fait une déclaration à la séance des
Délégations financières :
Il le tiens, puisque l'occasion m'en est of-
ferte, à demander à tous de vouloir bien,
devant les circonstances actuelles, conserver
le calme et le sang-froid nécessaires pour les
juger en toute objectivité..
Quant à l'ordre public, il nous appartient
de. Vassurer. '.1 e ne puis admettre qu'on nt-'
visage aucune 'carence de notre part : et je-
ne' puis envisager non plus, par conséquent,
de laisser à quiconque le soin de se substi-
tuer à l'autorité administrative responsable
afin d'assurer eêt ordres a
La colonisation en marche
Aux Nouvelles-Hébrides
Il est question d'introduire une main-
d'œuvre saisonnière dans l'archipel. pour la
récolte du café. L'administration a fait une
enquête officielle à ce sujet auprès des co-
lons. Elle serait recrutée en Indochine.
Les travailleurs annamites recrutés dans
des conditions spéciales seraient employés
du 15 mai au 15 novembre pendant six mois
de l'année.
Le Syndicat français agricole des Nouvel-
les-Hébrides a pris position au nom de ses
adhérents. Par lettre du 4 février dernier il
a fait connaître son point de vue au Com-
missaire Résident de France en déclarant
que l'introduction de main-d'œuvre indochi-
noise saisonnière à recruter en Indochine est
désirable pour les exploitations agricoles et
en indiquant que le prix de revient du tra-
vailleur ne devrait pas dépasser 253 francs
par mois tous frais compris, recrutement,
passage aller et retour, vêtements, frais de
lazaret à Port-Vila, frais médicaux pendant
la durée de l'engagement, nourriture, sa-
laire, etc.
En Afrique Orientale italienne
M. Alessandro Lessona, ministre des Co-
lonies, a défini les formes de la colonisation
italienne en Ethiopie devant les chefs d'état-
major de la milice, les présidents des confé-
dérations de l'agriculture et des agriculteurs
et les représentants du ministère de l'Agri-
culture.
Le plan est intéressant à suivre. Il a l'ex-
trême mérite d'être clair. Il a enfin le mé-
rite même d'être un plan, d'être l'expression
d'une volonté cordonnée de coloniser.
Cinq types de colonisation sont prévus :
De peuplement,
Petite propriété,
A caractère industriel,
Exploitation mixte par l'emploi de la
main-d'œuvre indigène,
Culture directe par les indigènes.
Dans le premier cas, les territoires choisis
pour les lotissements seront confiés à des or-
ganes spécialisés, tels, par exemple, que
l'œuvre nationale des combattants, qui, en
Italie, assure la répartition des terres cédces
par le roi ou bonifiées. Les colons devien-
dront, par la suite, propriétaires des fonds
qui leur seront confiés.
Les petites propriétés seront cédées à des
cultivateurs disposant de sommes modestes
destines à l'achat de terres. L'exploitation
à caractère industriel ne sera autorisée que
dans les territoires où il ne sera pas possi-
ble d'établir des lotissements de peuplement
du premier type. -
L exploitation des terres par des entrepri-
ses italiennes qui emploieront de la main-
d'œuvre indigène sera adoptée là où il ne
sera pas possible ou opportun de faire af-
fluer l'émigration italienne.
Quant à la culture directe par les indi-
gènes eux-mêmes, elle sera dirigée et se-
condée par les services techniques du gou-
vernement qui mettront'à la disposition des
agriculteurs, des moyens mécaniques per-
mettant l'exploitation rationnelle des terres.
Ce n'est pas ici le lieu de commenter ces
dispositions. Une remarque initiale cepen-
dant s'impose : l'Italie entend surtout co.
loniser directement, avec ses hommes, et ne
faire qu'accessoirement de la colonisation
d'encadrement. Cette possibilité n'est don-
née qu'aux peuples à démographie puis-
sante, et à territoire national pauvre.
—————————— >-•♦»-<
Réorganisation administrative
et économique au Maroc
Un dahir va incessamment organiser la
direction des affaires économiques, confor-
mément au plan de réforme administrative
déjà exposée par le résident général au Co-
mité permanent de défense économique.
Cette direction, qui sera confiée à M. Le-
fèvre, directeur général de l'agriculture et
de la colonisation, contrôlera le service de
l'élevage, le service du commerce et de l'in-
dustrie, l'Office chérifien de contrôle et d'ex-
portation, le service des Eaux et Forêts, le
service du Travail et des questions sociales.
Cette formule nouvelle entraîne la suppres-
sion du service de l'Agriculture et du ser-
vice de défense des végétaux et la suppres-
sion du service de la colonisation et du
crédit agricole dont les attributions en ma-
tière de crédit et de coopération agricole sont
transférées au directeur général des finan-
ces.
Ainsi se trouveront groupés sous une auto-
rité unique les divers organismes adminis-
tratifs qui intéressent l'économie marocaine.
D'autre part, la simplification réalisée per-
mettra d'éviter les conflits d'attributions, les
actions parallèles et parfois contradictoires
des divers services.
Cette réforme qui entraînera des écono-
mies réelles,' amorce une refonte décisive
dans la structure administrative, les direc-
tions générales seront progressivement sup-
primées.
La refonte des directions étant réalisée, le
résident général réunira périodiquement un
Conseil des directeurs qui, placé sous son
autorité directe, aura pour but de coordon-
ner l'activité de tous les services publics,
d'éliminer les divergences qui peuvent sur-
gir entre eux et d'assurer l'unité de vues
et d'action indispensables au développement
du protectorat..
—————————— )1 -+- ( —————————
INTÉRIM
AU TOGO
M. Martiner, administrateur en chef, a été
çhargé p. i. des fonctions d'administrateur supé-
rieur du Togo pendant l'absence de M. Geis-
mar, autorisé à rentrer en France.
1 : ) e+- (.. ,- —
Voir en deuxième page : ., -
POUR METTRE FIN
AU SCANDALE DE TAHITI
Aux quatre coins
M. ALEXANDRE VARENNE
N'A PAS ETE PROCLAME ELU
Nous avions annoncé que M. Alexandre Va-
renne, , ex-gaulierneur. général de l'Indochine,
avait été proposé le 11 juin par le 7° Bureau
de la Chambre des députés comme devant être
proclamé élu, aux lieu et place de M. Rate-
lade, dans la 2e circonscription de Riom.
La Chambre en a discuté hier, sur le rap-
port de M. Laville, concluant en faveur de
l'élection de M. Alexandre Varenne. Après
une discussion de laquelle ne fut point absente
la passion, où MM. Pebellier, de Monzie,
intervinrent, M. Ratelade prit la parole, et dit
notamment que, simple paysan, il se sentait
mal préparé à donner de longues explications
à la Chambre. Ayant fait toute sa campagne
seul, à motocyclette, il s'est étonné qu'on puisse
accuser « le gueux qu'il est » d'avoir truqué
son élection.
Après quoi, la discussion reprit de plus belle
pour se terminer par l'annulation des opérations
électorales.
M. A lexandre Varenne partant grand favo-
ri. contre M. Lamoureux, ex-député, pour le
gouvernement général de l'Indochine, où M.
Robin a fait son temps, entreprendra-t-il à
nouveau une campagne électorale ?
Vers les élections au Conseil
supérieur de la Franced'ootre-mer
M. Georges Nouelle, député, président de
la Commission de l'Algérie, des Colonies et
des Pays de Protectorat sera candidat en
Côte d'Ivoire (délégué sortant : M. Alcide
Delmont).
On annonce, d'autre part, comme proba-
bles les candidatures de M. Max Hymans,
député, au Soudan (délégué sortant : M.
Louis Proust) et. de M. Antoine Cayrel, dé-
puté, au Dahomey (délégué sortant : M.
Nègre).
—————————— ) -.- (
Commerce
- AU SOUDAN
Les exportations effectuées par le' Bureau
des Douanes de Kayes, durant le premier tri-
mestre de cette année, ont été les suivantes :
Valeur locale
Kgs. Fr.
Arachides en co-
I ques. 22.056 H.029
Arachides décorti-
quées. 1.624.587 1.299-670
Comme dure 106.427 175.605
Gomme friable.. 107.997 97.197
Or. 70.033gr. 5 840.404
Peaux de boeufs 12.382 21-669
» de moutons 116 625
» de chèvres. 7.328 16.488
Feue la Conférence
Impériale
M. Georges Boussenot, dans la Presse Co-
loniale, se demande avec une certaine mélan-
colie ce qu'il reste de la « grande » conférence
impériale.
Il est étrange qu'un esprit aussi avisé, aussi
précis, que celui de M. Boussenot en soit à
poser cette interrogation. Il aurait donc cru à
cette palabre ? Il n'aurait donc point décelé,
dans cette admirable et pauvre nudité coloniale,
placée sous le regard de juges inexorables, le
sens secret de la métropole faisant devant elle
comparaître un empire rival ?
Nous n'atons jamais combattu la conférence
impériale. Le combat ne vaut que pour l'ob-
jectif qu'il poursirit. La conférence n'en valait
pas la peine, car les jeux étaient faits et nous
admirions la candeur de nos confrères à se re-
fuser à l'admettre.
Comment pouvait-on imaginer qu'un pays
sans politique coloniale, sans plan colonial, sans
esprit colonial, pût régler en une conférence
le sort d'un empire qu'il est plutôt porté à
abattre ? Il nous déplaît de faire, à ce pro-
pos, le procès de certaines personnalités. Mais
on voudra bien convenir que M. Louis Rollin
fut pour les colonies un homme parfaitement
étranger. Les décisions de virilité ne furent ja-
mais son fait. D'abord, il ignorait l'empire.
Et comme il était affable, et comme il était
doucereux, on se trompait à son sujet. Il eût
pu, grâce aux décrets-lois, et muni de quelque
volonté, fabriquer de grandes choses. Il ne na-
vigua que dans du néant oratoire.
*
* *
Nous appartenons à une autre génération
Pour excessif que nous soyons, certains mois
ont à nos yeux la valeur d'une formule. Quand
M. Rollin présidait aux destinées de la confé-
rence impériale, nous exprimions nos craintes,
nous formulions nos critiques et nos Vœux. Nous
envisagions que la métropole ne devait pas,
sciemment, avec une sauvage cruauté, assassi-
ner les colonies. Mais nos critiques ne nous
valurent que l'animosité. On nous montra du
doigt. Nous étions des râleurs impénitents.
Parce que nous souffrions dans notre or.
gueil, parce que nous ne sommes métropolitains
que par raccroc, parce que nous sommes colon
niaux par essence et par amour, parce que nous
supportions difficilement de voir lq bête blessée
traînée au dépeçage, nous attirâmes la rancune
et presque la calomnie.
M. Boussenot s'en prend au ministre des
Finances. Certes 1 Mais pourquoi ouhlie-t-il te
ministre des Colonies ?
Un homme sachant ce qu'il veut, sachant
ce qu il fait, un mâle, attentif, audacieux, Ré-
solu, voilà ce qu'il eût fallu aux Colonies..
La conférence impériale eût été alors au.
tre chose.
C'est tout au moins notre sentiment.
LES MANIFESTATIONS DU FRONT POPULAIRE .*
EN ORANIE
Les bagarres de Sidi-Bel-Abbès
par Pierre Barret.
Comme partout, en France, le Front Po-
pulaire a fêté, dimanche, la victoire électo-
rale qu'il a remportée dans la Métropole et
dans certains secteurs de la colonie. A Oran,
la manifestation, imposante, s'est déroulée
dans un ordre parfait. Il n'en fut pas de
même à Sidi-Bel-Abbès.
Dans cette dernière ville, malgré la Lé-
gion et les Spahis, la gendarmerie et la po-
lice, qui « opérèrent », avec quelque éner-
gie, des contre-manifestants se ruèrent à
l'assaut du cortège, lui enlevant, dit-on, ses
drapeaux rouges, pour ne laisser que les
drapeaux tricolores qui, eux, ne furent pas
touchés.
Les incidents continuèrent une partie de
la soirée. Quelques-uns des contre-manifes-
tats auraient crié : « A bas les Juifs 1 », ce
qu'il faut souligner, on verra plus loin pour-
quoi. .n person nes blessées, de part et
Bilan : 45 personnes blessées, de part et
d'autre, parmi lesquelles M. Camus, com-
missaire central ; M. Ferro, commissaire de
police ; 4 agents ; un lieutenant du le' Etran-
ger et 3 légionnaires, pour ne citer que les
blessés du service d'ordre.
Cette manifestation n'a surpris personne.
Elle était attendue et fut précédée d'une pré-
face en plusieurs épisodes, dont voici le
premier : Ou
Le mercredi, le maire de la ville, M. Bel-
lat, prit un arrêté interdisant la manifesta-
tion projetée, arrêté dont le principal atten-
du était le suivant :
« Attendu que la situation politique dans
notre ville ne permet pas, actuellement,
d'autoriser des manifestations sans risquer
de troubler l'ordre public et le calme dans la
rue, il y a lieu de prendre toutes mesures
utiles, afin de prévenir des désordres qui
pourraient être graves et assurer le maintien
de la tranquillité publique. »
Cette position était, d'autre part, .dévelop-
pée, dans une lettre adressée par le maire au
Préfet, de laquelle nous extrayons le pas-
sage suivant :
« La situation politique de notre ville ne
nous permet pas actuellement de laisser ma-
nifester sur la voie publique les partis poli-
tiques quels qu'ils soient, sans risquer de
troubler le bon ordre et le calme de la rue.
« Les événements internationaux et en par-
ticulier ceux qui se déroulent actuellement
en Palestine, pourraient avoir, dans les con-
jonctures présentes et à l'occasionne mani-
festations de ce genre, des répercussions très
fâcheuses, non seulement pour la sécurité
de nos concitoyens, mais encore sur la poli-
tique coloniale de notre pays.
« Vous n'êtes pas sans ignorer, M. le Pré-
fet, que des troubles graves auraient pu écla-
ter dans notre yille sans l'énergique inter-
vention de la police, et je n'en veux pouf
preuve, entre tant d'autres, que :
« 1° L'affaire du marabout Sidi-Bel-Abbès
qui s'est déroulOe le 15 mai dernier, à H heu-
res (rapport officiel n° 10.132, du 26 mai)
et où de bons musulmans ont été molestés
dans l'exercice de leur culte par des com-
munistes dont plusieurs Israélites :
2' L'attaque du commissariat de police
du 2e arrondissement par des Indigènes,
membres pour la plupart du parti communis-
te — les vrais musulmans sachant pertinent
ment que les principes enseignés par le Co-
ran sont contraires à ceux du bolchevisme
et restant indéfectiblement attachés à • la
Mère-Patrie et profondément respectueux de
nos institutions ;
« Et 3°, le compte rendu de la réunion
du Front Populaire du 5 juin 1936 (R.O. n*
11.024, du 6 juin), organisée par MM. Cer-
dan Antoine, Romain Marcel, Charbit Elia.
ouh, Azérad Chaloum, Menamara Elicha,
Mme Moreno et Lisbonne Gaston dans le
but de se préparer à la manifestation du 14
juin et où il a été dit notamment que cette
dernière devait avoir lieu dans toutes les
rues de la ville et même par la violence.
« Devant de telles provocations, dont la
population saine ne pourrait peut-être pas
s'accommoder, et compte tenu de cette si.
tuation qui revêt dans notre cité un carac-
tère d'exceptionnelle gravité, j'ai cru devoir :
« 1° Eviter qu'une manifestation ait lieu
dimanc'ie dernier pour fêter l'élection de.M.
Enjalbert, comme il est coutume de faire à
chaque élection législative;
chaque
« 2 Interdire celle du Front Populaire di-
manche prochain.
"L'une et l'autre étant de nature à engen.
drer des troubles graves dont on ne peut
prévoir l'importance et qui risqueraient de
compromettre sérieusement la sécurité géné-
rale dans notre pays et les magnifiques ré-
sultats obtenus dans notre Empire colonial
au prix d'un siècle de labeur incessant et de
tant de sacrifices D
Cette lettre révèle, en effet, une situation
politique assez troublée.
» •
- -,
Et voici le second acte:
Les délégués du Front Populaire, le 'lene
demain, adressèrent, à leur tour, une lettre
au Préfet, dans laquelle le maire est accusé
de vouloir fomenter, par la forme de son
refus et les termes de la lettre précédente,
des troubles antisémites, accusations moti-
vées de la façon suivante :
; M. le Maire de Sidi-Bel-Abbès laisse en.
tendre dans sa lettre que la réunion prépa-
ratoire du 5 juin à l'Idéal-Cinéma a été or.
ganisée par des individualités dont il cite les
noms, alors qu'en réalité c'est le Comité so-
lidairement responsable du Front Populaire
qui en a pris l'initiative. Nous protestons
avec Indignation contre ce procédé révoltant
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