Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1936-02-25
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 février 1936 25 février 1936
Description : 1936/02/25 (A37,N16). 1936/02/25 (A37,N16).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265373t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
37e ANNEE. — N° 16.
MARDI, 13 H. 30, 25 FEVRIER 1936.
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
Rédaction & Administration :
16 Rue de la Bourse
PARIS m
TÉL. : RICHELIEU 73-06
(2 lignes groupées)
-. -. -
Les on-la
Fondateur a Marcel RUEDEL
Directeur: Raoul MONMARSON
IBOIIEIEITS
née la Rmiu ittustrit:
Un as 6 Mois S MoU
- - -
France et
Colonies. 180 100" 60»
Étranger. 240" 125 70 »
Le Numéro : 30 centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Un précurseur sénégalais:
- - Mgr Jalabert
Au lendemain des fêtes de Dakar, où la
France et l'Afrique noire échangèrent, dans
une atmosphère religieuse, des témoignages
de gratitude, il convient d'avoir une pensée
pour le prélat qui, le premier voulut, par la
construction d'une cathédrale, commémorer
dans Dakar le Souvenir français, Mgr Jala-
bert. Le livre que lui consacrait Mme Ponet-
Bordeaux au lendemain de sa mort tragique,
reprend un intérêt d'actualité : au moment
où le grand rêve de Mgr Jalabert vient de
recevoir une sanction à laquelle il n 'eût, lui-
même, jamais osé songer, au moment où un
légat du Pape, officiellement, solennelle-
ment, vient de prendre possession de l'édifice
et de le consacrer, l'heure est propice pour
évoquer cette physionomie d'initiateur, dont
le nom demeure inscrit dans l'histoire colo-
niale de la France.
Savoyard d'origine, fils d'un -contrôleur
des douanes, élève, à Paris, du Séminaire du
Saint Esprit, ce fut vers la Guyane fran-
çaise que tout d'abord il ftut dirigé. Ses
fonctions y furent diverses : on l'y voyait
curé de Remire, aumônier du pénitencier de
Maroni, missionnaire en cet original village
de la Mana, jadis peuplé par Mère Javouhey
de noirs affranchis, directeur enfin du patro-
nage de Cayenne. Il semblait qu'il se laissât
également tenter par toutes les formes d'ac-
tion que pouvait revêtir, en ces parages, le
ministère sacerdotal. Il y avait même une
besogne, particulièrement périlleuse, devant
laquelle ce jeune homme ne reculait point :
c'était celle qui consistait à s'appiocher des
lépreux, pour les consoler, les relever.
En 1895, le Sénégal devenait sa seconde
patrie. Il y arrivait au moment où l'atten-
tion des sphères métropolitaines était comme
obsédée par cette région de l'Afrique : les
expéditions Hourst sont de 1896, l'expédi-
tion Fourçau-Lamy, de 1898 à 1900. L'es-
prit explorateur et l'appétit conquérant, la
soif de découvertes et l'instinct d'héroïsme,
entraînaient vers ces latitudes une élite
d'âmes françaises ; l'épopée noire s'inau-
gurait, dont M. Henry Bordeaux vient de
retracer, en une large fresque, l'attachant
récit. Le P. Jalabert, à peine installé au Sé-
négal, fut le témoin de tous les laborieux
efforts, de toutes les audacieuses aventures,
dont cette magnifique réussite, notre Afrique
occidentale française, devait être le résultat.
Tour-à tour, il fut directeur du Séminaire
de N'gazobil, et préposé, comme tel, à la
surveillance d'une colonie agricole fort im-
portante ; puis, vicaire à Dakar, à Saint-
Louis; enfin curé de Saint-Louis et curé de
Dakar.
Mais un homme de sa trempe, dont l'éner-
gie aspirait sans cesse vers de nouveaux
champs d'action, se sentait à l'étroit dans des
postes paroissiaux : au delà de Saint-Louis
ou de Dakar, son regard cherchait les popu-
lations qui attendaient qu'on vînt à elles,
ou qui du moins étaient prêtes à accueillir
certaines avances. « On se cantonne trop
dans 'les paroisses, écrivait-il ; on s'expose
par là à se laisser dominer par des habitudes
de mollesse qui ne s'accordent guère avec le
caractère du vrai missionnaire. On néglige
trop l'étude de la langue, et quand on a
chanté une grand'messe, fait un sermon plus
ou moins préparé, entendu quelques confes-
sions, fait un brin de catéchisme, beaucoup
s'imaginent avoir fait tout leur devoir. Kt
à côté il y a des peuples pas si fanatiques
qu'on veut bien -le dire, et on les laisse dans
le plus complet abandon ». Le P. Jalabert
pensait à ces Woloffs, à ces Maures, dont
on ne s'était pas encore suffisamment appro-
ché. Il voulait les connaître, se donner à eux.
Il le voulait, si paradoxale que fait cette
détermination, si dur que dût être l'appren-
tissage. 11 voulait s'enchaîner à eux. Il de-
mandait à son supérieur général l'autorisa-
tion de s'engager, par vœu, à apprendre la
langue woloff ; avec ce bagage linguistique
il projetait, ensuite, de s'enfoncer dans le
Soudan et d'y rajeunir les formes d'apos-
tolat civilisateur.
Ainsi fit-il : lorsqu'il commença son œuvre
.de pénétration, il y avait au Soudan trois
catéchistes attitrés ; à sa mort, il en laissera
cinq cents. Peu de temps s'écoula avant que
le « Marabout des Blancs J. comme on
l'appelait, n'attirât les regards des noirs
Soudanais : il y en eut quatre mille pour
accourir, lorsqu'en 1902 il étajt en visite chez
le roi de Djolof. Le général Mangin consi-
dérait comme un chef-d'œuvre la promenade
d'études, et de charité, et d'action, qu'en-
treprit en l'été de 1904 le P. Jalabert dans
la région du Ferlo ; le créateur de l'armée
noire s'intéressait activement à tout ce que
ce prêtre tentait, de son côté, pour l'utilisa-
tion des énergies noires.
Lorsque en 1909 le P. Jalabert fut
nomme, avec un titre épiscopal, vicaire
apostolique de '!a Sénégambie, il ne devint
pas, pour cela, un sédentaire, son œil inter-
rogateur et conquérant se portait sur des
lignes d'horizon qui, sans cesse, reculaient.
Nous avons de lui deux brochures : Dans les
Sables Mauritaniens, et : Des sables de la
Mauritanie aux rives de la Gambie, qui nous
le montrent, en 1917, pénétrant en plein
monde musulman, au berceau même des an-
ciens conquérants du Maroc et de l'Espagne;
et c'est un fort curieux épisode que celui de
ses rapports, en pleine guerre, avec Scheikh
Sidia, ce marabout dont l'ascendant rayon-
nait au loin ; l'amitié des deux hommes
servit efficacement la cause française. En
trois mois, cette année-là, Mgr Jalabert,
dont le diocèse était à peu près grand comme
la France, parcourut plus de deux mille
kilomètres. parmi des populations nomades
et jusque là insoumises ; son arrivée révélait
la France, l'accueil qu'il recevait était pour
nous comme le prologue des prochaines
conquêtes.
Il mourra en janvier 1920, avec dix-neuf
Spiritains, dans le naufrage du vaisseau
V Api que, au large de l'île de Ré ; il
mourra, ayant réussi, par les deux cam-
pagnes de conférences qu'il avait faites en
France, à convaincre l'opinion française de
l'opportunité qu'il y avait pour la France
à faire de Dakar une sorte de métropole
religieuse, en hommage à nos souvenirs na-
tionaux et coloniaux, et à tout ce qu'ils im-
pliquent de profonde spiritualité.
Mais seize ans plus tard, en un autre mois
de janvier, celui de l'année 1936, la voix
des pierres et la voix des hymnes, dans
Dakar, diront que ce fondateur se survit
dans son œuvre, et que cet Océan où sombra
sa dépouille ne l'a pas englouti tout entier.
Georges Coyau,
de l'Académie Française.
AUDIENCES
A L'ELYSEE
M. Albert Lebrun, Président de la Répur
blique, a reçu vendredi après-midi le général
Denain, membre du Conseil supérieur de 1 Air
inspecteur des forces aériennes d'outre-mer.
AU MINISTERE DES COLONIES
Le bureau du Syndical de la Presse colo-
niale française présidé par M. Georges Bousse-
not et qu'accompagnaient MM. Ernest Outrey
et Gaston Monnerville, députés, a été reçu par
M. Jacques Stem, ministre dés Colonies.
Le Président, après avoir sommairement rap-
pelé les origines, le but et les moyens d'action
du Syndicat qui compte actuellement plus de
500 membres titulaires ou adhérents, a marqué
le grand désir qu'il avait de collaborer étroite-
ment avec le chef du Département.
Le ministre a vivement remercié le Syndicat
de sa démarche ; l' a assuré de toute sa sympa-
thie et a déclaré qu'il serait heureux d'entretenir
avec lui des relations suivies. Journaliste lui-
même, il savait combien l'Association, tout er
défendant le libre exercice de la profession d
ses membres, avait Je sens de l'intérêt public
AU MINISTERE
DES AFFAIRES ETRANGERES
M. P.-E. Flandin, ministre des Affaires
étrangères, a reçu vendredi matin M. Ponsot,
Résident général au Maroc, ainsi que M. Pey-
routon, Résident général en Tunisie.
) .t. (
Chez les Gouverneurs
EN COCHINCHINE
Par décret en date du 15 février, rendu sur la
proposition du ministre des Colonies, M. Heniy-
Georges Rivoal, administrateur de Ire classe des
services civils de l'Indochine, a été chargé de
I intérim des fonctions de gouverneur de la Co-
chinchine, pendant la durée de l' absence de M.
Pagès, gouverneur titulaire, autorisé à rentrer
en France en congé de convalescence.
Les pouvoirs du Gouverneur
général en Algérie
Un décret du 21 février vient à nouveau de
modifier les pouvoirs conférés au Gouverneur
général de l'Algérie.
Désonnais, tous les services civils de FAI-
gérie sont placés sous la haute autorité du Gou-
verneur général.
Les services de l'administration de la justice
et de l'éducation nationale restent soumis aux
prescriptions légales fixant les conditions de leur
fonctionnement et au statut organique de leurs
personnels.
Le service de la trésorerie demeure régi par
le décret du 16 janvier 1902.
———————
Visite en leurs Etats
EN MAURITANIE
la M. Chazelas, lieutenant-gouverneur p. i. de
la Mauritanie et M. Le Gregam, inspecteur des
Colonies actuellement en mission en A. O. F.
accompagnés de l'interprète lieutenant Martin,
ont effectué une rapide et fructueuse tournée en
Mauritanie à bord d'un trimoteur des forces
aériennes de l' A. O. F.
Partis de Saint-Louis le 14 janvier, ils ont pu
successivement visiter Port-Etienne, poste mari-
time ; Atar, poste d'oasis ; Fort-Gouraud, poste
désertique, et survoler Chinghetti et Boutilimit.
Leur arrêt à Port-Etienne a été assez long pour
leur permettre d'échanger des visites de courtoi-
sie avec le capitaine de Castro, gouverneur du
poste espagnol de la Aguera, d'examiner les in-
téressantes réalisations des entreprises françaises
de pêche et de monter à bord d'un chalutier
breton qui faisait son plein de mulets.
Dans l'Adrar, après avoir parcouru en détail
l'oasis, le gouverneur Chazelas et l'inspecteur
des Colonies Le Gregam, ont pu gagner en
automobile à une centaine de kilomètres d'Atar,
le carré du Groupe Nomade d'Idjill, où ils ont l,
été reçus sous la tente par les méharistes.
Ils sont rentrés au chef-lieu de la Mauritanie
le 19.
L'abandon de la navigation
sur le Mékong i
serait une faute - --
NE nouvelle venue
d'Indochine a pro-
fondément ému les
milieux coloniaux.
Le Gouverneur Gé-
néral Robin aurait
décidé de ne pas re-
nouveler les contrats
de la Cie Saïgonnai-
se de Navigation et
Transport qui assure
les services dans le
delta et la vallée du
Mékong.
On peut se rendre compte de l'importance de
ce service en se rappelant qu'il fonctionne de-
puis 55 ans sur un parcours de plus de 2.000
kilomètres, qu'il exige l'armement d'une quaran-
taine de bâtiments dont les équipages sont fran-
çais et qu'il prolonge, en réalité, après Saigon
nos Compagnies métropolitaines.
Malgré les raisons données, cette grave décision
du Gouverneur Général de l'Indochine a heurté
l'opinion.
Sans doute, la navigation sur le Mékong est
difficile, mais elle existe depuis longtemps sans
accident et ses frais d'entretien des ouvrages sont
relativement minimes.
Le Gouverneur Robin a une préférence pour
les routes : « A l'ouverture de la session du
Grand Conseil des intérêts économiques et finan-
ciers de novembre dernier il déclarait la guerre
aux transports fluviaux ; considérant le Mékong
comme formant une succession de biefs distincts,
il jugeait possible et avantageux de les relier en-
tre eux par des voies de communications terres-
tres. Nous venons d'apprendre qu'une piste allait
débloquer prochainement la province laotienne de
Sam-neua. »
La décision du Gouverneur Robin n'en apparaît
pas moins trop précipitée.
Elle à été prise sans aucune consultation préa-
lable et elle entraînerait, si elle était définitive, un
arrêt du trafic fluvial alors que personne ne peut
soutenir que l'état des routes peut assurer le
transport aujourd'hui assuré par le fleuve.
Pour justifier sa décision, M. Robin a déclaré
que l'exploitation sur le Mékong était onéreuse.
En effet elle ne peut se poursuivre que grâce à
la subvention de 700.000 piastres accordée à la
Compagnie.
La construction de routes est-elle moins oné-
reuse ?
D'autre part, n'est-il pas possible, en usant
de l'article qui prévoit le rachat de l'exploitation
en fin de concession d'obtenir une diminution de
la subvention ?
Dans le cas où la Compagnie française serait
njjse dans l'obligation de disparaître, ne doit-on
pas se demander, le Mékong étant internatiGnal,
si une société étrangère, siamoise ou chinoise,
ne viendra pas prendre la place de la Compa-
gnie française supprimée brutalement ? Entre
Saigon et Bangkok, le coeur du Gouverneur ne ba-
lance certainement pas ?
Doit-on aussi rester indifférent devant le chô-
mage du personnel et du matériel qui résulterait
presque fatalement du changement de Compa-
gnie ?
Aussi ne doit-on pas s'étonner qu'en France
on se soit montré hostile à la décision du Gou-
verneur Robin.
Le Conseil Economique, le Conseil Supérieur
des Colonies, les Commissions des Colonies et de
la Marine Marchande de la Chambre des Députés
ont protesté contre le non-renouvellement du
contrat de la Cie Saïgonnaige.
Les membres de ces Conseils et de ces Commis-
sions ont pensé qu'une mesure aussi hâtive et
aussi brutale ne s'imposait pas et qu'on pouvait
au moins discuter avant de rompre.
Nous voulons, nous, penser que M. le Gouver-
neur Robin, en agissant comme il l'a fait, loin de
brûler ses vaisseaux (c'est le cas de le dire) avait
voulu au contraire ouvrir une porte à des pour-
parlers en vue de consolider les intérêts français.
L'expérience, nous l'espérons, démontrera que
nous ne nous sommes pas trompés.
Michel Geistdœrfer.
Député des Côles-du-Nord.
Secrétaire de la Commission des Colonies
Vice-Président de la Commission de la
Marine Marchande.
—————————— ) - r-
Le Haut-Comité méditerranéen
a tenu ses assises
Le Haut-Comité méditerranéen a tenu sa pre-
mière séance samedi après-midi, sous la prési-
dence de M. Albert Sarraut, en l'Hôtel Mati-
gnon.
Assistaient, notamment, à cette séance : MM.
P.-E. Flandin, ministre des Affaires étrangères;
Jacques Stem, ministre des Colonies, et le gé-
néraI Georges, représentant le ministre de la
Guerre.
M. de Saint-Quentin, sous-direcieur d'Afri-
que et du Levant au Ministère des Affaires
étrangères ; M. Peyrouton, Résident général de
France en Tunisie ; M. Le Beau, Gouverneur
général de l'Algérie ; M. Ponsot, Résident gé-
néral de France au Maroc, ont successivement
exposé la situation générale dans les Etats du
Levant et en Afrique du Nord.
La seconde séance, qui eut lieu hier à 15 h.
sous la présidence de M. Albert Sarraut, a
donné lieu à des échanges de vues entre les
chefs des départements intéressés d' une part, et
les représentants de nos possessions nord-afri-
caines d'autre part. Ces observations ont permis
d'adopter un ensemble de mesures tendant à
préciser et à aménager les liaisons 'nécessaires
entre les trois pays de l'Afrique du Nord dans
leurs relations entre eux et avec la métropole,
et d'arrêter le programme des questions d'ordre
politique, social et économique à étudier dans
leurs détails et leurs modalités d'application en
vue de la prochaine session qui aura lieu le
25 mars.
l' Au secours
de la viticulture
Une conférence, au Ministère de l'Intérieur
Conformément à la décision prise par M.
Albert Sarraut, président du Conseil, ministre
de l'Intérieur, la commission de coordination
des administrations intéressées à la solution
des problèmes viticoles s'est réunie, vendredi
matin, au ministère de l'Intérieur, sous la
présidence de M. Voizard. directeur du ca-
binet du ministre de l'Intérieur, assisté des
représentants des ministères des Finances, de
l'Agriculture, du Commerce et de la Justice.
Parmi les personnalités présentes, se trou-
vaient notaminent MM. Donon, président de
la commission de l'Agriculture au Sénat ;
Gaston Bazile, secrétaire général du groupe
viticole du Sénat ; Barthe, président de la
commission des boissons de la Chambre ;
Tardy, directeur de la Caisse nationale de
crédit agricole : de Boisanger, directeur des
contributions indirectes.
Le but de cette réunion était l'examen d'une
série de questions intéressant la viticulture,
et notamment celle qui concerne l'arrachage
facultatif, sur le principe duquel un accord
a été réalisé entre les divers services. La
commission a déterminé également l'applica-
tion de l'article S de la loi, relatif à l'éche-
lonnement des sorties des vins des chais pro-
ducteurs.
-M. Castel, député, a été entendu sur la
proposition dont il est l'auteur, et, à ce su-
jet, un accord a été également réalisé : il a
Cï& entendu qu'une nouvelle tranche de sortie
de vins ne sera accordée que lorsque les dis-
positions du décret du 20 décembre 1935 au-
raient été strictement réalisées. Le prix de
base fixé sera supérieur à 8 francs le degré.
Par ailleurs, les directeurs et chefs de ser-
vice présents ont été unanimes pour considé-
rer que les pouvoirs publics n'avaient pas à
intervenir dans les ventes privées et ils ont
estimé que la plus grande stabilité devait
être assurée aux transactions régulièrement
effectuées.
La conférence a également examiné la
question des avances du crédit agricole.
Les ministres des Finances et de l'Agricul-
ture doivent, de concert, arrêter les termes
d'un projet de loi sur cette question, qui sera
déposé sur le bureau de la Chambre.
Enfin, le représentant du ministre de la
Justice a donne connaissance d'un texte con-
cernant les ventes forcées ; ce texte a été
retenu.
Manifestations d'étudiants
à Tunis
A la suite de la récente publication dit nou-
o veau statut générât des fonctionnaires du ca-
dre tunisien-prévoyant que les fonctionnai-
res de nationalité tunisienne devront, pour
cire titularisés, justifier de connaissances
sommaires de langue française ayant trait
aux fonctions exercées , une certaine agitation
s'est produite samedi parmi les étudiants de
la grande mosquée de Tunis qui protestent
contre cette obligation.
Dimanche l'agitation ayant repris par des
tentatives de manifestations dans les rues,
les forces de police ont été appelées à les dis-
perser et des sanctions immédiates ont élé
prises :
Action judiciaire contre trente-trois étu-
diants arrêtés dont aucun n'est de Tunis.
Mesure de refoulement sur leur pays d'ori-
gine, contre onze étudiants coupables de pro-
vocations à la grève, avec interdiction de sé-
jour dans les autres territoires de la Régence.
D'aietre part, quatorze agitateurs nationa-
listes et un communiste, tous Tunisiens, ont
été envoyés dans les territoires militaires du
sud et une interdiction de séjour sur les ter-
ritoires civils a été prononcée contre eux.
A la suite de ces manifestations, commer-
çants et artisans des souks ont fait grève hier.
Le matin, le tribunal correctionnel avait
délibéré au sujet de la distribution des tracts
communistes. Troisf des coupables ont été
condamnés à trois mois de prison et cent
francs d'amende, un autre à huit mois et
200 francs ; trois sont relaxés, dont une ins-
titutrice qui est actuellement à Alger.
Aujourd'hui, les dockers doivent laire
grève pendant une heure. Ils ont tenu à faire
connaître que c'est à l'occasion de l'alllliver.
saire de l'explosion du paquebot Gouverneur-
Général- J onnart, qui coûta la vie à une di-
zaine de leurs camarades. Ils ont même pro-
posé de. travailler une heure supplémentaire
dans la soirée.
Il apparaît donc que cette grève 1l'a rien
à voir avec les manifestations de la veille,
qui semblent n'être que le. lait d'agitateurs
professionnels.
<
Vers les élections
A la Martinique
M. Alcide DclmoJtt, député de la Martini-
que, ancien sous-secrétaire d'Etat aux Colo-
nies, ne sollicitera point le renouvellement
de son mandat.
Il en donne lés raisons dans une lettre à ses
compatriotesdont nous extrayons ce qui
suit :
Les médecins nie prescrivent, eu effet,
une sévère discipline et l'abandon de la
partie la plus absorbante de mon activité.
Je suis ainsi amené à renoncer à celle qui
m'est précisément 'la plus chère : l'exer-
cice de mon mandat législatif. Je me vols
donc contraint, et j'en ai une infinie tris-
tesse, de ne pas en solliciter le renouvelle-
ment.
J'ai servi de toutes mes forces pendant
ces douze années. Je me suis dépensé sans
compter au service de la France et de la
Martinique. La fatigue est venue, avec les
années, de l'excès de travail.
Permettez-moi de rentrer dans le rang.
Recettes douanières
A Madagascar
Les recettes douanières perçues pendant l'an-
née 1935 se sont ékvées à 59.102.927 fr.,
somme supérieure de 2.608.905 fr. aux réalisa-
tions effectuées pendant l'année précédente.
Le Gouverneur général Reste
chez les journalistes
Le. Syndicat de la Presse Coloniale, 'Ocr tmd
au moins son Comité, avait convié vendredi à
une réception le Gouverneur général Reste et
ses collaborateurs.
1 Ce fut avec une intime satisfaction que nous
écoutâmes le nouveau chef de l'A.E.F. Il sem-
ble que les pénibles difficuliés de la tâche pro-
chaine aient donné à M. Reste des ailes pou
les affronter. En quelques instants, sans s'embar-
rasser de détails superflus — ces détails qui
noient toute activité humaine M. Reste fit
un tcur d'horizon. La situation, nous la con-
naissons tous : la caisse est vide, et l'A .E.F
est un pays, sans colons. Le secours financier de
la Métropole est, sinon problématique, du moins
très limité. Quant aux colons, ne pouvant en
trouver sur place, il faudra bien les provoquer là
où ils végètent : les vaincus du Congo devront
rentrer en vainqueurs au Congo.
Ncus avons apprécié, chez le gouverneur gé-
néral, son sentiment des nécessités de l'heure.
S'élcignant du prolétariat blanc, il apparaît que
M. Reste attribue à l'européen son véritable
rôle de moniteur, et cela dans la zone immédia-
tement rentable, celle du chemin de fer. CeHe
colonisation, que condamnent d'aucuns, nous la
voyons ainsi possible avec un chef compréhen-
sif et humain, ayaid à ses côtés un Etai-Majof
dont ncus ncus plairons un jour à faire l'éloge :
des Delpech, des Ponton, des Adam. Nous
avens toujours cru au Congo. Le malheur est
que la réciproque ne fût pas vraie.
Le Président du Syndicat, M. Georges Bous-
senot, exprima les remerciement des journalistes
présents. Il le fit avec aisance.
Nous avions redouté qu'il fût un instant ques-
tion de ces régions, chères à l'Union Coloniale
Française, qu'elle lente d'imposer à l'atten-
tion du gouverneur général. Mais celui-ci saii
bien qu'à un pays pauvre, il faut appliquer des
mesures de bon gens, et que l'A .E.F. ne pourra
naitre à la vie que fécondée par l'anonyme la-
beur des peiits.
Si M. Reste crée un service d'Agriculture
et que celui-ci s'occupe de descendre dans la
brousse, il peut s'attendre à justifier localement
les ambitions du Congo-Océan.
Nous n'avons donc qu'une hâte, nous ne for-
mulons donc qu'un voeu : que le gouverneur
général rejoigne vite Brazzaville, et qu'il sauve,
à un moment critique, une colonie immense qui
n'attend plus qu'une mystique pour se survivre.
———————— >-~-~ ————————
Chez les Diplomates
A TANGER
M. de Laforcade, ministre de France à
Tanger, vient de rejoindre son poste, retour de
France via l' Espagne.
DE CHINE EN FRANCE
M.Wellington Koo, ambassadeur de Chine
à Paris, souffrant, n'a pu s'embarquer pour la
France dimanche comme il le comptait.
DE GRANDE-BRETAGNE EN CHINE
Sir Hughe Montgomery KnatchbuII-Huges-
sen, ministre plénipotentiaire à Téhéran, est
nommé ambassadeur de Chine, en remplacement
de Sir Alexander Cadogan, qui devient sous-
secrétaire adjoint aux Affaires étrangères.
DE L'ARGENT!
Certes !. Mais pour les autres
A la suite de négociations qui viennent
d'avoir lieu à Paris et à Londres, M. Aras,
ministre turc des Affaires étrangères, a obtenu
on crédit de 3.50X000 livres, qui permettra de
couvrir les paiements à effectuer au titre de la
Dette Publique Ottomane pendant cinq ans.
En effet, bien qu'il existe des accords de
clearing entre la Turquie et la plupart des pays
qui sont en relations avec elle, la Turquie a
éprouvé récemment certaines difficultés à ob-
tenir suffisamment de devises étrangères pour
subvenir aux engagements turcs à l'étranger. Le
crédit qui vient d'être obtenu à Paris sera donc
d'un grand secours au gouvernement turc.
Une commission interministérielle examine de
plus actuellement un projet d'emprunt ottoman
à Paris et à Londres.
Le clearing est chose charmante : c'est en-
core le débiteur qui en assure le fonctionne-
ment avec de l'argent frais 1
Nous n'avons cessé de protester, de dénoncer
celle duperie.
Voici un exemple de plus.
La série d'ailleurs n'est pas terminée. La
, France, bonne fille, abandonne ses colonies à
elles-mêmes : l'Europe, qui la berne, est autre-
ment intéressante !
SUR UNE CERTAINE
"LITTERATURE"
Nous reconnaissons que la publicité a des
droits imprescriptibles: c'est elle qui nous fait
vivre.
Mais tout de même!
Nous lisons en effet, en quatrième page de
notre confrère de Dakar, le Périscope Afri-
cain, une annonce ainsi conçue: « Faites vo-
tre choix parmi ces beaux livres ». L'énuméra-
tion qui suit est digne des journaux les plus
secrets : « Amantes, esclaves, gravures inédi-
tes sur la flagellation » - « histoires chaudes
pour vous émoustiller » - « les amours d'une
bonne à tout faire ». etc., le tout est à
l'avenant, et la noble librairie qui dispense
cette littérature est, à Constantine, prête a en-
voyer les volumes dès réception d'un mandat.
Certes, nous ne sommes pas prude, et nous
eûmes un goût ardent de la vie. Nous com-
prenons toutes les passions, et n'en condanmons
aucune, assuré que nous sommes de la qualité
des hommes sains. Nous pensons seulement que
cette librairie est la seule à faire de la publicité
en A. O.F. et que beaucoup d'esprits peu aver-
tis peuvent lui accorder crédit. C'est ainsi que
l'on nous juge, à la lecture de pareilles saletés !
Déjà, pour l'Etranger, Paris est la capitale du
vice, et la France une terre de grasse volupté.
Désormais aux yeux de nos sujets, de nos proté-
gés d'outre-mer nous n'aurons pas meilleure
figure. L'esprit de ceux-ci n'est pas suffisant-
ment dégagé pour faire la part des choses : le
livre, le journal leur apparaissent encore comme
un oracle. Quand ils auront absorbé cette igno-
minie quel jugement porteront-ils sur nous, quelle
autorité pourrons-nous à leurs yeux consercer?
Nous nous en voulons d'exprimer un senti-
ment de censeur.
Mais n avons-nous, en ce cas, aucun titre
a cela ?
HISTOIRE ANCIENNE
La création de Djibouti
: - !! ~-~j .c.:e:l : par P. Paris.
La mort de M. Lagarde, ministre plénipo-
tentiaire, a soulevé dans ma mémoire de vieux
et chers souvenirs, puisqu'ils datent de fin 1895,
lcrs du rapatriement du corps expéditionnaire de
Madagascar.
Des journaux italiens faisaient alors courir le
bruit que les troupes du Négus recevaient des
armes et des munitions par le territoire d'Obock
et que leur escadre, croisant dans la mer Rou-
ge, avait reçu l'ordre de surveiller notre colonie.
Il était évident que Ménélick, alors empereur
d'Ethicpie, pouva;t recevoir des objets de con-
trebande de guerre par le territoire d'Obock
enclavé entre les colonies anglaises de Zeilah
au sud et la colonie italienne d'Assal au nord-
ouest.
Lorsque, au commencement du percement de
l'isthme de Suez, les Anglais s' emparèrent de
l'île Périm, grâce à l'indiscrétion d'un com-
mandant de navire de guerre français, et en
firent la formidable citadelle actuelle, il était
de toute nécessité, pour les intérêts de la France,
de posséder un poste sur la Mer Rougz ou à
son entrée, posie qui permettrait à nos navires
de s'affranchir des ports anglais d'Aden et de
Perim. Notre consul à Aden, M. Henri Lam-
bert, achetait alors aux chefs indigènes du pays
tout- le territoire d'Obock. Cette convention fut
ratifiée en 1862 par le Gouvernement français
et un traité passé en 1887 avec l' Angleterre
dcnnait comme limites à la colonie d'Obock le
territoire s'étendant entre le Cap Daïmourah
et le Cap Djibouti, c' est-à-dire entre les colo-
nies anglaise et italienne.
Le 21 septembre 1884, nous passions, avec
le sultan de Tadjourah, un traité qui nous ac-
cordait le. protectorat de son sultanat et enfin
nous obtenions celui de Djibouti.
Placé à la sortie de la Mer Rouge, sur la
côte d'Afrique, en face la ville d'Aden et sur un
sol formé de roches madréporiques, Obock est
situé presque à l'entrée du golfe de Tadjourah,
dont l'enfoncement dans les terres «st d'environ
100 kilomètres et la largeur d'ouverture de 50.
C'était un mouillage d'accès difficile, et Obock
n'était qu'à moitié admissible. Il fallait trouver
mieux afin de donner à nos navires de guerre
eu à nos bateaux de commerce un port assuré
en tout temps.
En 1883, M. Lagarde, attaché au cabinet
du sous-secrétaire d'Etat à la Marine et aux
colonies, fut, le 2 octobre, désigné pour un
poste au Sénégal, qu'il n' accepta pas, et fut
envoyé à la Côte des Somalis avec le titre de
ccmmandant d'Obock. Vers la fin de 1883, le
9 décembre, il fut chargé des fonctions de com-
missaire en mission spéciale pour l'utilisation du
territoire d'Obock, après sa délimitation. M.
Lagarde, dont on ne saurait trop louer l' acti-
vité, proposa Djibouti, qui se trouve à 40 kilo-
mètres au sud d'Obock, mais sur l'autre rive
de la baie de Tadjourah, comme port de toute
sûreté pour nos navires. La rade est protégée,
du côté de la terre, par les hautes montagnes
de la côte des Somalis : du côté de la mer par
des bancs de sable et de coraux et par les iles
de Mushah, brisants avancés, cédées par l'An-
gleterre en 1887. Par tous les temps, les bou-
tres arabes pouvaient trouver un refuge dans les
petites baies de Tadjourah, Ambabo, Sagallo
et Goubet-Kharal, mais Djibouti présentait en-
core quelques dangers. Sous l'impulsion du gou-
verneur Lagarde, une jetée fut construite et
munie d'un petit chemin de fer Decauville, per-
mettant d'amener, jusqu'au centre de la ville,
les marchandises déchargées par les paquebots.
Le Pei-Ho, paquebot des Messageries mari-
t mes, fit, en octobre 1895, une longue escale
à Djibouti, afin d'étudier les facilités d'instal-
lation de dépôts de charbon que pouvait offrir
le nouveau port. Les résultats de cette étude
furent favorables et il fut alors décidé que les
courriers français, empruntant le canal de Suez
et la Mer Rouge feraient escale à Djibouti,
trois voyages sur quatre. Ce fut un coup pénible
pour Aden qu'il vit ainsi diminuer son com-
merce et fut peu à peu abandonnée en faveur
de la nouvelle ville dont l'essor fut rapide.
Très propre et coquette avec ses larges places
et ses maisons blanches, construites à la maures-
que, dont les premières se baignent dans les flots
bleus de la baie de Tadjourah, tandis que les
MARDI, 13 H. 30, 25 FEVRIER 1936.
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
Rédaction & Administration :
16 Rue de la Bourse
PARIS m
TÉL. : RICHELIEU 73-06
(2 lignes groupées)
-. -. -
Les on-la
Fondateur a Marcel RUEDEL
Directeur: Raoul MONMARSON
IBOIIEIEITS
née la Rmiu ittustrit:
Un as 6 Mois S MoU
- - -
France et
Colonies. 180 100" 60»
Étranger. 240" 125 70 »
Le Numéro : 30 centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Un précurseur sénégalais:
- - Mgr Jalabert
Au lendemain des fêtes de Dakar, où la
France et l'Afrique noire échangèrent, dans
une atmosphère religieuse, des témoignages
de gratitude, il convient d'avoir une pensée
pour le prélat qui, le premier voulut, par la
construction d'une cathédrale, commémorer
dans Dakar le Souvenir français, Mgr Jala-
bert. Le livre que lui consacrait Mme Ponet-
Bordeaux au lendemain de sa mort tragique,
reprend un intérêt d'actualité : au moment
où le grand rêve de Mgr Jalabert vient de
recevoir une sanction à laquelle il n 'eût, lui-
même, jamais osé songer, au moment où un
légat du Pape, officiellement, solennelle-
ment, vient de prendre possession de l'édifice
et de le consacrer, l'heure est propice pour
évoquer cette physionomie d'initiateur, dont
le nom demeure inscrit dans l'histoire colo-
niale de la France.
Savoyard d'origine, fils d'un -contrôleur
des douanes, élève, à Paris, du Séminaire du
Saint Esprit, ce fut vers la Guyane fran-
çaise que tout d'abord il ftut dirigé. Ses
fonctions y furent diverses : on l'y voyait
curé de Remire, aumônier du pénitencier de
Maroni, missionnaire en cet original village
de la Mana, jadis peuplé par Mère Javouhey
de noirs affranchis, directeur enfin du patro-
nage de Cayenne. Il semblait qu'il se laissât
également tenter par toutes les formes d'ac-
tion que pouvait revêtir, en ces parages, le
ministère sacerdotal. Il y avait même une
besogne, particulièrement périlleuse, devant
laquelle ce jeune homme ne reculait point :
c'était celle qui consistait à s'appiocher des
lépreux, pour les consoler, les relever.
En 1895, le Sénégal devenait sa seconde
patrie. Il y arrivait au moment où l'atten-
tion des sphères métropolitaines était comme
obsédée par cette région de l'Afrique : les
expéditions Hourst sont de 1896, l'expédi-
tion Fourçau-Lamy, de 1898 à 1900. L'es-
prit explorateur et l'appétit conquérant, la
soif de découvertes et l'instinct d'héroïsme,
entraînaient vers ces latitudes une élite
d'âmes françaises ; l'épopée noire s'inau-
gurait, dont M. Henry Bordeaux vient de
retracer, en une large fresque, l'attachant
récit. Le P. Jalabert, à peine installé au Sé-
négal, fut le témoin de tous les laborieux
efforts, de toutes les audacieuses aventures,
dont cette magnifique réussite, notre Afrique
occidentale française, devait être le résultat.
Tour-à tour, il fut directeur du Séminaire
de N'gazobil, et préposé, comme tel, à la
surveillance d'une colonie agricole fort im-
portante ; puis, vicaire à Dakar, à Saint-
Louis; enfin curé de Saint-Louis et curé de
Dakar.
Mais un homme de sa trempe, dont l'éner-
gie aspirait sans cesse vers de nouveaux
champs d'action, se sentait à l'étroit dans des
postes paroissiaux : au delà de Saint-Louis
ou de Dakar, son regard cherchait les popu-
lations qui attendaient qu'on vînt à elles,
ou qui du moins étaient prêtes à accueillir
certaines avances. « On se cantonne trop
dans 'les paroisses, écrivait-il ; on s'expose
par là à se laisser dominer par des habitudes
de mollesse qui ne s'accordent guère avec le
caractère du vrai missionnaire. On néglige
trop l'étude de la langue, et quand on a
chanté une grand'messe, fait un sermon plus
ou moins préparé, entendu quelques confes-
sions, fait un brin de catéchisme, beaucoup
s'imaginent avoir fait tout leur devoir. Kt
à côté il y a des peuples pas si fanatiques
qu'on veut bien -le dire, et on les laisse dans
le plus complet abandon ». Le P. Jalabert
pensait à ces Woloffs, à ces Maures, dont
on ne s'était pas encore suffisamment appro-
ché. Il voulait les connaître, se donner à eux.
Il le voulait, si paradoxale que fait cette
détermination, si dur que dût être l'appren-
tissage. 11 voulait s'enchaîner à eux. Il de-
mandait à son supérieur général l'autorisa-
tion de s'engager, par vœu, à apprendre la
langue woloff ; avec ce bagage linguistique
il projetait, ensuite, de s'enfoncer dans le
Soudan et d'y rajeunir les formes d'apos-
tolat civilisateur.
Ainsi fit-il : lorsqu'il commença son œuvre
.de pénétration, il y avait au Soudan trois
catéchistes attitrés ; à sa mort, il en laissera
cinq cents. Peu de temps s'écoula avant que
le « Marabout des Blancs J. comme on
l'appelait, n'attirât les regards des noirs
Soudanais : il y en eut quatre mille pour
accourir, lorsqu'en 1902 il étajt en visite chez
le roi de Djolof. Le général Mangin consi-
dérait comme un chef-d'œuvre la promenade
d'études, et de charité, et d'action, qu'en-
treprit en l'été de 1904 le P. Jalabert dans
la région du Ferlo ; le créateur de l'armée
noire s'intéressait activement à tout ce que
ce prêtre tentait, de son côté, pour l'utilisa-
tion des énergies noires.
Lorsque en 1909 le P. Jalabert fut
nomme, avec un titre épiscopal, vicaire
apostolique de '!a Sénégambie, il ne devint
pas, pour cela, un sédentaire, son œil inter-
rogateur et conquérant se portait sur des
lignes d'horizon qui, sans cesse, reculaient.
Nous avons de lui deux brochures : Dans les
Sables Mauritaniens, et : Des sables de la
Mauritanie aux rives de la Gambie, qui nous
le montrent, en 1917, pénétrant en plein
monde musulman, au berceau même des an-
ciens conquérants du Maroc et de l'Espagne;
et c'est un fort curieux épisode que celui de
ses rapports, en pleine guerre, avec Scheikh
Sidia, ce marabout dont l'ascendant rayon-
nait au loin ; l'amitié des deux hommes
servit efficacement la cause française. En
trois mois, cette année-là, Mgr Jalabert,
dont le diocèse était à peu près grand comme
la France, parcourut plus de deux mille
kilomètres. parmi des populations nomades
et jusque là insoumises ; son arrivée révélait
la France, l'accueil qu'il recevait était pour
nous comme le prologue des prochaines
conquêtes.
Il mourra en janvier 1920, avec dix-neuf
Spiritains, dans le naufrage du vaisseau
V Api que, au large de l'île de Ré ; il
mourra, ayant réussi, par les deux cam-
pagnes de conférences qu'il avait faites en
France, à convaincre l'opinion française de
l'opportunité qu'il y avait pour la France
à faire de Dakar une sorte de métropole
religieuse, en hommage à nos souvenirs na-
tionaux et coloniaux, et à tout ce qu'ils im-
pliquent de profonde spiritualité.
Mais seize ans plus tard, en un autre mois
de janvier, celui de l'année 1936, la voix
des pierres et la voix des hymnes, dans
Dakar, diront que ce fondateur se survit
dans son œuvre, et que cet Océan où sombra
sa dépouille ne l'a pas englouti tout entier.
Georges Coyau,
de l'Académie Française.
AUDIENCES
A L'ELYSEE
M. Albert Lebrun, Président de la Répur
blique, a reçu vendredi après-midi le général
Denain, membre du Conseil supérieur de 1 Air
inspecteur des forces aériennes d'outre-mer.
AU MINISTERE DES COLONIES
Le bureau du Syndical de la Presse colo-
niale française présidé par M. Georges Bousse-
not et qu'accompagnaient MM. Ernest Outrey
et Gaston Monnerville, députés, a été reçu par
M. Jacques Stem, ministre dés Colonies.
Le Président, après avoir sommairement rap-
pelé les origines, le but et les moyens d'action
du Syndicat qui compte actuellement plus de
500 membres titulaires ou adhérents, a marqué
le grand désir qu'il avait de collaborer étroite-
ment avec le chef du Département.
Le ministre a vivement remercié le Syndicat
de sa démarche ; l' a assuré de toute sa sympa-
thie et a déclaré qu'il serait heureux d'entretenir
avec lui des relations suivies. Journaliste lui-
même, il savait combien l'Association, tout er
défendant le libre exercice de la profession d
ses membres, avait Je sens de l'intérêt public
AU MINISTERE
DES AFFAIRES ETRANGERES
M. P.-E. Flandin, ministre des Affaires
étrangères, a reçu vendredi matin M. Ponsot,
Résident général au Maroc, ainsi que M. Pey-
routon, Résident général en Tunisie.
) .t. (
Chez les Gouverneurs
EN COCHINCHINE
Par décret en date du 15 février, rendu sur la
proposition du ministre des Colonies, M. Heniy-
Georges Rivoal, administrateur de Ire classe des
services civils de l'Indochine, a été chargé de
I intérim des fonctions de gouverneur de la Co-
chinchine, pendant la durée de l' absence de M.
Pagès, gouverneur titulaire, autorisé à rentrer
en France en congé de convalescence.
Les pouvoirs du Gouverneur
général en Algérie
Un décret du 21 février vient à nouveau de
modifier les pouvoirs conférés au Gouverneur
général de l'Algérie.
Désonnais, tous les services civils de FAI-
gérie sont placés sous la haute autorité du Gou-
verneur général.
Les services de l'administration de la justice
et de l'éducation nationale restent soumis aux
prescriptions légales fixant les conditions de leur
fonctionnement et au statut organique de leurs
personnels.
Le service de la trésorerie demeure régi par
le décret du 16 janvier 1902.
———————
Visite en leurs Etats
EN MAURITANIE
la M. Chazelas, lieutenant-gouverneur p. i. de
la Mauritanie et M. Le Gregam, inspecteur des
Colonies actuellement en mission en A. O. F.
accompagnés de l'interprète lieutenant Martin,
ont effectué une rapide et fructueuse tournée en
Mauritanie à bord d'un trimoteur des forces
aériennes de l' A. O. F.
Partis de Saint-Louis le 14 janvier, ils ont pu
successivement visiter Port-Etienne, poste mari-
time ; Atar, poste d'oasis ; Fort-Gouraud, poste
désertique, et survoler Chinghetti et Boutilimit.
Leur arrêt à Port-Etienne a été assez long pour
leur permettre d'échanger des visites de courtoi-
sie avec le capitaine de Castro, gouverneur du
poste espagnol de la Aguera, d'examiner les in-
téressantes réalisations des entreprises françaises
de pêche et de monter à bord d'un chalutier
breton qui faisait son plein de mulets.
Dans l'Adrar, après avoir parcouru en détail
l'oasis, le gouverneur Chazelas et l'inspecteur
des Colonies Le Gregam, ont pu gagner en
automobile à une centaine de kilomètres d'Atar,
le carré du Groupe Nomade d'Idjill, où ils ont l,
été reçus sous la tente par les méharistes.
Ils sont rentrés au chef-lieu de la Mauritanie
le 19.
L'abandon de la navigation
sur le Mékong i
serait une faute - --
NE nouvelle venue
d'Indochine a pro-
fondément ému les
milieux coloniaux.
Le Gouverneur Gé-
néral Robin aurait
décidé de ne pas re-
nouveler les contrats
de la Cie Saïgonnai-
se de Navigation et
Transport qui assure
les services dans le
delta et la vallée du
Mékong.
On peut se rendre compte de l'importance de
ce service en se rappelant qu'il fonctionne de-
puis 55 ans sur un parcours de plus de 2.000
kilomètres, qu'il exige l'armement d'une quaran-
taine de bâtiments dont les équipages sont fran-
çais et qu'il prolonge, en réalité, après Saigon
nos Compagnies métropolitaines.
Malgré les raisons données, cette grave décision
du Gouverneur Général de l'Indochine a heurté
l'opinion.
Sans doute, la navigation sur le Mékong est
difficile, mais elle existe depuis longtemps sans
accident et ses frais d'entretien des ouvrages sont
relativement minimes.
Le Gouverneur Robin a une préférence pour
les routes : « A l'ouverture de la session du
Grand Conseil des intérêts économiques et finan-
ciers de novembre dernier il déclarait la guerre
aux transports fluviaux ; considérant le Mékong
comme formant une succession de biefs distincts,
il jugeait possible et avantageux de les relier en-
tre eux par des voies de communications terres-
tres. Nous venons d'apprendre qu'une piste allait
débloquer prochainement la province laotienne de
Sam-neua. »
La décision du Gouverneur Robin n'en apparaît
pas moins trop précipitée.
Elle à été prise sans aucune consultation préa-
lable et elle entraînerait, si elle était définitive, un
arrêt du trafic fluvial alors que personne ne peut
soutenir que l'état des routes peut assurer le
transport aujourd'hui assuré par le fleuve.
Pour justifier sa décision, M. Robin a déclaré
que l'exploitation sur le Mékong était onéreuse.
En effet elle ne peut se poursuivre que grâce à
la subvention de 700.000 piastres accordée à la
Compagnie.
La construction de routes est-elle moins oné-
reuse ?
D'autre part, n'est-il pas possible, en usant
de l'article qui prévoit le rachat de l'exploitation
en fin de concession d'obtenir une diminution de
la subvention ?
Dans le cas où la Compagnie française serait
njjse dans l'obligation de disparaître, ne doit-on
pas se demander, le Mékong étant internatiGnal,
si une société étrangère, siamoise ou chinoise,
ne viendra pas prendre la place de la Compa-
gnie française supprimée brutalement ? Entre
Saigon et Bangkok, le coeur du Gouverneur ne ba-
lance certainement pas ?
Doit-on aussi rester indifférent devant le chô-
mage du personnel et du matériel qui résulterait
presque fatalement du changement de Compa-
gnie ?
Aussi ne doit-on pas s'étonner qu'en France
on se soit montré hostile à la décision du Gou-
verneur Robin.
Le Conseil Economique, le Conseil Supérieur
des Colonies, les Commissions des Colonies et de
la Marine Marchande de la Chambre des Députés
ont protesté contre le non-renouvellement du
contrat de la Cie Saïgonnaige.
Les membres de ces Conseils et de ces Commis-
sions ont pensé qu'une mesure aussi hâtive et
aussi brutale ne s'imposait pas et qu'on pouvait
au moins discuter avant de rompre.
Nous voulons, nous, penser que M. le Gouver-
neur Robin, en agissant comme il l'a fait, loin de
brûler ses vaisseaux (c'est le cas de le dire) avait
voulu au contraire ouvrir une porte à des pour-
parlers en vue de consolider les intérêts français.
L'expérience, nous l'espérons, démontrera que
nous ne nous sommes pas trompés.
Michel Geistdœrfer.
Député des Côles-du-Nord.
Secrétaire de la Commission des Colonies
Vice-Président de la Commission de la
Marine Marchande.
—————————— ) - r-
Le Haut-Comité méditerranéen
a tenu ses assises
Le Haut-Comité méditerranéen a tenu sa pre-
mière séance samedi après-midi, sous la prési-
dence de M. Albert Sarraut, en l'Hôtel Mati-
gnon.
Assistaient, notamment, à cette séance : MM.
P.-E. Flandin, ministre des Affaires étrangères;
Jacques Stem, ministre des Colonies, et le gé-
néraI Georges, représentant le ministre de la
Guerre.
M. de Saint-Quentin, sous-direcieur d'Afri-
que et du Levant au Ministère des Affaires
étrangères ; M. Peyrouton, Résident général de
France en Tunisie ; M. Le Beau, Gouverneur
général de l'Algérie ; M. Ponsot, Résident gé-
néral de France au Maroc, ont successivement
exposé la situation générale dans les Etats du
Levant et en Afrique du Nord.
La seconde séance, qui eut lieu hier à 15 h.
sous la présidence de M. Albert Sarraut, a
donné lieu à des échanges de vues entre les
chefs des départements intéressés d' une part, et
les représentants de nos possessions nord-afri-
caines d'autre part. Ces observations ont permis
d'adopter un ensemble de mesures tendant à
préciser et à aménager les liaisons 'nécessaires
entre les trois pays de l'Afrique du Nord dans
leurs relations entre eux et avec la métropole,
et d'arrêter le programme des questions d'ordre
politique, social et économique à étudier dans
leurs détails et leurs modalités d'application en
vue de la prochaine session qui aura lieu le
25 mars.
l' Au secours
de la viticulture
Une conférence, au Ministère de l'Intérieur
Conformément à la décision prise par M.
Albert Sarraut, président du Conseil, ministre
de l'Intérieur, la commission de coordination
des administrations intéressées à la solution
des problèmes viticoles s'est réunie, vendredi
matin, au ministère de l'Intérieur, sous la
présidence de M. Voizard. directeur du ca-
binet du ministre de l'Intérieur, assisté des
représentants des ministères des Finances, de
l'Agriculture, du Commerce et de la Justice.
Parmi les personnalités présentes, se trou-
vaient notaminent MM. Donon, président de
la commission de l'Agriculture au Sénat ;
Gaston Bazile, secrétaire général du groupe
viticole du Sénat ; Barthe, président de la
commission des boissons de la Chambre ;
Tardy, directeur de la Caisse nationale de
crédit agricole : de Boisanger, directeur des
contributions indirectes.
Le but de cette réunion était l'examen d'une
série de questions intéressant la viticulture,
et notamment celle qui concerne l'arrachage
facultatif, sur le principe duquel un accord
a été réalisé entre les divers services. La
commission a déterminé également l'applica-
tion de l'article S de la loi, relatif à l'éche-
lonnement des sorties des vins des chais pro-
ducteurs.
-M. Castel, député, a été entendu sur la
proposition dont il est l'auteur, et, à ce su-
jet, un accord a été également réalisé : il a
Cï& entendu qu'une nouvelle tranche de sortie
de vins ne sera accordée que lorsque les dis-
positions du décret du 20 décembre 1935 au-
raient été strictement réalisées. Le prix de
base fixé sera supérieur à 8 francs le degré.
Par ailleurs, les directeurs et chefs de ser-
vice présents ont été unanimes pour considé-
rer que les pouvoirs publics n'avaient pas à
intervenir dans les ventes privées et ils ont
estimé que la plus grande stabilité devait
être assurée aux transactions régulièrement
effectuées.
La conférence a également examiné la
question des avances du crédit agricole.
Les ministres des Finances et de l'Agricul-
ture doivent, de concert, arrêter les termes
d'un projet de loi sur cette question, qui sera
déposé sur le bureau de la Chambre.
Enfin, le représentant du ministre de la
Justice a donne connaissance d'un texte con-
cernant les ventes forcées ; ce texte a été
retenu.
Manifestations d'étudiants
à Tunis
A la suite de la récente publication dit nou-
o veau statut générât des fonctionnaires du ca-
dre tunisien-prévoyant que les fonctionnai-
res de nationalité tunisienne devront, pour
cire titularisés, justifier de connaissances
sommaires de langue française ayant trait
aux fonctions exercées , une certaine agitation
s'est produite samedi parmi les étudiants de
la grande mosquée de Tunis qui protestent
contre cette obligation.
Dimanche l'agitation ayant repris par des
tentatives de manifestations dans les rues,
les forces de police ont été appelées à les dis-
perser et des sanctions immédiates ont élé
prises :
Action judiciaire contre trente-trois étu-
diants arrêtés dont aucun n'est de Tunis.
Mesure de refoulement sur leur pays d'ori-
gine, contre onze étudiants coupables de pro-
vocations à la grève, avec interdiction de sé-
jour dans les autres territoires de la Régence.
D'aietre part, quatorze agitateurs nationa-
listes et un communiste, tous Tunisiens, ont
été envoyés dans les territoires militaires du
sud et une interdiction de séjour sur les ter-
ritoires civils a été prononcée contre eux.
A la suite de ces manifestations, commer-
çants et artisans des souks ont fait grève hier.
Le matin, le tribunal correctionnel avait
délibéré au sujet de la distribution des tracts
communistes. Troisf des coupables ont été
condamnés à trois mois de prison et cent
francs d'amende, un autre à huit mois et
200 francs ; trois sont relaxés, dont une ins-
titutrice qui est actuellement à Alger.
Aujourd'hui, les dockers doivent laire
grève pendant une heure. Ils ont tenu à faire
connaître que c'est à l'occasion de l'alllliver.
saire de l'explosion du paquebot Gouverneur-
Général- J onnart, qui coûta la vie à une di-
zaine de leurs camarades. Ils ont même pro-
posé de. travailler une heure supplémentaire
dans la soirée.
Il apparaît donc que cette grève 1l'a rien
à voir avec les manifestations de la veille,
qui semblent n'être que le. lait d'agitateurs
professionnels.
<
Vers les élections
A la Martinique
M. Alcide DclmoJtt, député de la Martini-
que, ancien sous-secrétaire d'Etat aux Colo-
nies, ne sollicitera point le renouvellement
de son mandat.
Il en donne lés raisons dans une lettre à ses
compatriotesdont nous extrayons ce qui
suit :
Les médecins nie prescrivent, eu effet,
une sévère discipline et l'abandon de la
partie la plus absorbante de mon activité.
Je suis ainsi amené à renoncer à celle qui
m'est précisément 'la plus chère : l'exer-
cice de mon mandat législatif. Je me vols
donc contraint, et j'en ai une infinie tris-
tesse, de ne pas en solliciter le renouvelle-
ment.
J'ai servi de toutes mes forces pendant
ces douze années. Je me suis dépensé sans
compter au service de la France et de la
Martinique. La fatigue est venue, avec les
années, de l'excès de travail.
Permettez-moi de rentrer dans le rang.
Recettes douanières
A Madagascar
Les recettes douanières perçues pendant l'an-
née 1935 se sont ékvées à 59.102.927 fr.,
somme supérieure de 2.608.905 fr. aux réalisa-
tions effectuées pendant l'année précédente.
Le Gouverneur général Reste
chez les journalistes
Le. Syndicat de la Presse Coloniale, 'Ocr tmd
au moins son Comité, avait convié vendredi à
une réception le Gouverneur général Reste et
ses collaborateurs.
1 Ce fut avec une intime satisfaction que nous
écoutâmes le nouveau chef de l'A.E.F. Il sem-
ble que les pénibles difficuliés de la tâche pro-
chaine aient donné à M. Reste des ailes pou
les affronter. En quelques instants, sans s'embar-
rasser de détails superflus — ces détails qui
noient toute activité humaine M. Reste fit
un tcur d'horizon. La situation, nous la con-
naissons tous : la caisse est vide, et l'A .E.F
est un pays, sans colons. Le secours financier de
la Métropole est, sinon problématique, du moins
très limité. Quant aux colons, ne pouvant en
trouver sur place, il faudra bien les provoquer là
où ils végètent : les vaincus du Congo devront
rentrer en vainqueurs au Congo.
Ncus avons apprécié, chez le gouverneur gé-
néral, son sentiment des nécessités de l'heure.
S'élcignant du prolétariat blanc, il apparaît que
M. Reste attribue à l'européen son véritable
rôle de moniteur, et cela dans la zone immédia-
tement rentable, celle du chemin de fer. CeHe
colonisation, que condamnent d'aucuns, nous la
voyons ainsi possible avec un chef compréhen-
sif et humain, ayaid à ses côtés un Etai-Majof
dont ncus ncus plairons un jour à faire l'éloge :
des Delpech, des Ponton, des Adam. Nous
avens toujours cru au Congo. Le malheur est
que la réciproque ne fût pas vraie.
Le Président du Syndicat, M. Georges Bous-
senot, exprima les remerciement des journalistes
présents. Il le fit avec aisance.
Nous avions redouté qu'il fût un instant ques-
tion de ces régions, chères à l'Union Coloniale
Française, qu'elle lente d'imposer à l'atten-
tion du gouverneur général. Mais celui-ci saii
bien qu'à un pays pauvre, il faut appliquer des
mesures de bon gens, et que l'A .E.F. ne pourra
naitre à la vie que fécondée par l'anonyme la-
beur des peiits.
Si M. Reste crée un service d'Agriculture
et que celui-ci s'occupe de descendre dans la
brousse, il peut s'attendre à justifier localement
les ambitions du Congo-Océan.
Nous n'avons donc qu'une hâte, nous ne for-
mulons donc qu'un voeu : que le gouverneur
général rejoigne vite Brazzaville, et qu'il sauve,
à un moment critique, une colonie immense qui
n'attend plus qu'une mystique pour se survivre.
———————— >-~-~ ————————
Chez les Diplomates
A TANGER
M. de Laforcade, ministre de France à
Tanger, vient de rejoindre son poste, retour de
France via l' Espagne.
DE CHINE EN FRANCE
M.Wellington Koo, ambassadeur de Chine
à Paris, souffrant, n'a pu s'embarquer pour la
France dimanche comme il le comptait.
DE GRANDE-BRETAGNE EN CHINE
Sir Hughe Montgomery KnatchbuII-Huges-
sen, ministre plénipotentiaire à Téhéran, est
nommé ambassadeur de Chine, en remplacement
de Sir Alexander Cadogan, qui devient sous-
secrétaire adjoint aux Affaires étrangères.
DE L'ARGENT!
Certes !. Mais pour les autres
A la suite de négociations qui viennent
d'avoir lieu à Paris et à Londres, M. Aras,
ministre turc des Affaires étrangères, a obtenu
on crédit de 3.50X000 livres, qui permettra de
couvrir les paiements à effectuer au titre de la
Dette Publique Ottomane pendant cinq ans.
En effet, bien qu'il existe des accords de
clearing entre la Turquie et la plupart des pays
qui sont en relations avec elle, la Turquie a
éprouvé récemment certaines difficultés à ob-
tenir suffisamment de devises étrangères pour
subvenir aux engagements turcs à l'étranger. Le
crédit qui vient d'être obtenu à Paris sera donc
d'un grand secours au gouvernement turc.
Une commission interministérielle examine de
plus actuellement un projet d'emprunt ottoman
à Paris et à Londres.
Le clearing est chose charmante : c'est en-
core le débiteur qui en assure le fonctionne-
ment avec de l'argent frais 1
Nous n'avons cessé de protester, de dénoncer
celle duperie.
Voici un exemple de plus.
La série d'ailleurs n'est pas terminée. La
, France, bonne fille, abandonne ses colonies à
elles-mêmes : l'Europe, qui la berne, est autre-
ment intéressante !
SUR UNE CERTAINE
"LITTERATURE"
Nous reconnaissons que la publicité a des
droits imprescriptibles: c'est elle qui nous fait
vivre.
Mais tout de même!
Nous lisons en effet, en quatrième page de
notre confrère de Dakar, le Périscope Afri-
cain, une annonce ainsi conçue: « Faites vo-
tre choix parmi ces beaux livres ». L'énuméra-
tion qui suit est digne des journaux les plus
secrets : « Amantes, esclaves, gravures inédi-
tes sur la flagellation » - « histoires chaudes
pour vous émoustiller » - « les amours d'une
bonne à tout faire ». etc., le tout est à
l'avenant, et la noble librairie qui dispense
cette littérature est, à Constantine, prête a en-
voyer les volumes dès réception d'un mandat.
Certes, nous ne sommes pas prude, et nous
eûmes un goût ardent de la vie. Nous com-
prenons toutes les passions, et n'en condanmons
aucune, assuré que nous sommes de la qualité
des hommes sains. Nous pensons seulement que
cette librairie est la seule à faire de la publicité
en A. O.F. et que beaucoup d'esprits peu aver-
tis peuvent lui accorder crédit. C'est ainsi que
l'on nous juge, à la lecture de pareilles saletés !
Déjà, pour l'Etranger, Paris est la capitale du
vice, et la France une terre de grasse volupté.
Désormais aux yeux de nos sujets, de nos proté-
gés d'outre-mer nous n'aurons pas meilleure
figure. L'esprit de ceux-ci n'est pas suffisant-
ment dégagé pour faire la part des choses : le
livre, le journal leur apparaissent encore comme
un oracle. Quand ils auront absorbé cette igno-
minie quel jugement porteront-ils sur nous, quelle
autorité pourrons-nous à leurs yeux consercer?
Nous nous en voulons d'exprimer un senti-
ment de censeur.
Mais n avons-nous, en ce cas, aucun titre
a cela ?
HISTOIRE ANCIENNE
La création de Djibouti
: - !! ~-~j .c.:e:l : par P. Paris.
La mort de M. Lagarde, ministre plénipo-
tentiaire, a soulevé dans ma mémoire de vieux
et chers souvenirs, puisqu'ils datent de fin 1895,
lcrs du rapatriement du corps expéditionnaire de
Madagascar.
Des journaux italiens faisaient alors courir le
bruit que les troupes du Négus recevaient des
armes et des munitions par le territoire d'Obock
et que leur escadre, croisant dans la mer Rou-
ge, avait reçu l'ordre de surveiller notre colonie.
Il était évident que Ménélick, alors empereur
d'Ethicpie, pouva;t recevoir des objets de con-
trebande de guerre par le territoire d'Obock
enclavé entre les colonies anglaises de Zeilah
au sud et la colonie italienne d'Assal au nord-
ouest.
Lorsque, au commencement du percement de
l'isthme de Suez, les Anglais s' emparèrent de
l'île Périm, grâce à l'indiscrétion d'un com-
mandant de navire de guerre français, et en
firent la formidable citadelle actuelle, il était
de toute nécessité, pour les intérêts de la France,
de posséder un poste sur la Mer Rougz ou à
son entrée, posie qui permettrait à nos navires
de s'affranchir des ports anglais d'Aden et de
Perim. Notre consul à Aden, M. Henri Lam-
bert, achetait alors aux chefs indigènes du pays
tout- le territoire d'Obock. Cette convention fut
ratifiée en 1862 par le Gouvernement français
et un traité passé en 1887 avec l' Angleterre
dcnnait comme limites à la colonie d'Obock le
territoire s'étendant entre le Cap Daïmourah
et le Cap Djibouti, c' est-à-dire entre les colo-
nies anglaise et italienne.
Le 21 septembre 1884, nous passions, avec
le sultan de Tadjourah, un traité qui nous ac-
cordait le. protectorat de son sultanat et enfin
nous obtenions celui de Djibouti.
Placé à la sortie de la Mer Rouge, sur la
côte d'Afrique, en face la ville d'Aden et sur un
sol formé de roches madréporiques, Obock est
situé presque à l'entrée du golfe de Tadjourah,
dont l'enfoncement dans les terres «st d'environ
100 kilomètres et la largeur d'ouverture de 50.
C'était un mouillage d'accès difficile, et Obock
n'était qu'à moitié admissible. Il fallait trouver
mieux afin de donner à nos navires de guerre
eu à nos bateaux de commerce un port assuré
en tout temps.
En 1883, M. Lagarde, attaché au cabinet
du sous-secrétaire d'Etat à la Marine et aux
colonies, fut, le 2 octobre, désigné pour un
poste au Sénégal, qu'il n' accepta pas, et fut
envoyé à la Côte des Somalis avec le titre de
ccmmandant d'Obock. Vers la fin de 1883, le
9 décembre, il fut chargé des fonctions de com-
missaire en mission spéciale pour l'utilisation du
territoire d'Obock, après sa délimitation. M.
Lagarde, dont on ne saurait trop louer l' acti-
vité, proposa Djibouti, qui se trouve à 40 kilo-
mètres au sud d'Obock, mais sur l'autre rive
de la baie de Tadjourah, comme port de toute
sûreté pour nos navires. La rade est protégée,
du côté de la terre, par les hautes montagnes
de la côte des Somalis : du côté de la mer par
des bancs de sable et de coraux et par les iles
de Mushah, brisants avancés, cédées par l'An-
gleterre en 1887. Par tous les temps, les bou-
tres arabes pouvaient trouver un refuge dans les
petites baies de Tadjourah, Ambabo, Sagallo
et Goubet-Kharal, mais Djibouti présentait en-
core quelques dangers. Sous l'impulsion du gou-
verneur Lagarde, une jetée fut construite et
munie d'un petit chemin de fer Decauville, per-
mettant d'amener, jusqu'au centre de la ville,
les marchandises déchargées par les paquebots.
Le Pei-Ho, paquebot des Messageries mari-
t mes, fit, en octobre 1895, une longue escale
à Djibouti, afin d'étudier les facilités d'instal-
lation de dépôts de charbon que pouvait offrir
le nouveau port. Les résultats de cette étude
furent favorables et il fut alors décidé que les
courriers français, empruntant le canal de Suez
et la Mer Rouge feraient escale à Djibouti,
trois voyages sur quatre. Ce fut un coup pénible
pour Aden qu'il vit ainsi diminuer son com-
merce et fut peu à peu abandonnée en faveur
de la nouvelle ville dont l'essor fut rapide.
Très propre et coquette avec ses larges places
et ses maisons blanches, construites à la maures-
que, dont les premières se baignent dans les flots
bleus de la baie de Tadjourah, tandis que les
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