Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1936-02-18
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 février 1936 18 février 1936
Description : 1936/02/18 (A37,N14). 1936/02/18 (A37,N14).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62653710
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
Rédaction & Administration:
4 Rue de la Bonne
PARIS (2°)
TÉL. : RICHELIEU 73-06
(2 lignes groupées)
37' ANNEE. — N° 14.
-- MARDI, 13 H. 30, 18 FEVRIER 1936
Les Annales Coloniales
Fondateur i Marcel RUEDEL ; - "t Directeur : Raoul MONMARSON
M IBONIEIEIITS ) )
M avec la Rn," illustrée :
Un an 6 Mois 3 MoU
France et
Colonies iso » 100 » 50 »
t) Étranger.. 240 » 125 1 70
ij Le Numéro : '30 centimes f
On s'abonne sans frais dans I
M tous les bureaux de poste. I
Nous avons équipé le Cameroun
est-ce pour l'Allemagne ?
Les revendications coloniales de l'Al-
lemagne se font de plus en plus pressan-
tes. Si jamais cette question se pose
officiellement, on ne pourra pas se refu-
ser à tenir compte des améliorations que
nous aurons réalisées dans les territoires
naguère allemands, passés sous notre
mandat, et qui suffiraient à les faire
définitivement nôtres.
Le Cameroun qui en est le principal
morceau, en fournira un frappant exem-
ple. Il a pris, en effet, sous notre admi-
nistration un essor évident dont la pro-
gression de ses exportations donne une
idée.
En 1918, le Cameroun exportait
6.138 tonnes de palmistes, 1.491 ton-
nes d'huile de palme, 417 tonnes de
caoutchouc. Pour ces mêmes produits,
les chiffres sont passés, pour 1935 à
37.022 tonnes, 7.984 tonnes et 748 ton-
nes. Le cacao, de 2.400 tonnes en 1919,
arrive en 1935, à 23.374 tonnes. Les
bois, de 818 tonnes en 1919, passent à
- 36.506 en 1935.
De nouvelles matières ne cessent de
prendre place dans les exportations du
Cameroun : les arachides et les peaux,
en 1928 ; le café, en 1930 ; les bana-
nes, le sésame, en 1932 ; ainsi s'affirme
l'élan continu de la production.
Aussi, n'est-on point surpris de cons-
tater que pour Me commerce spécial du
territoire, la valeur qui était, en 1912,
de 57.578.000 francs, se chiffre, pour
1935, à 181.000.000 ; en tonnage, il
atteint, pour cette dernière année,
166.100 tonnes.
Encore faut-il noter que depuis 1928,
une chute assez sensible s'est produite,
sous l'influence de la crise mondiale.
Les importations, en 1935, ont été de
41.100 tonnes, d'une valeur totale de
87.800.000 francs, le premier rang reve-
nant à la France pour la valeur, à l'An-
gleterre pour le tonnage. Le Japon aug-
mente de plus en plus son action.
Aux exportations, c'est encore la
France qui occupe la première place, sui-
vie de loin par l'Allemagne. L'Angle-
terre, la Belgique, les Etats-Unis ne
figurent qu'avec des chiffres restreints
parmi les clients du Cameroun.
Au mois de mars, doit se tenir, à
Douala, une Foire-Exposition pour la
présentation d'articles d'importation,
tandis que la Foire de Yaoundé gardera
son caractère plus général.
D'autre part, l'industrie minière qui
durant les dernières années avait parti-
cipé à l'anémie générale du monde sous
ce rapport, reprend de l'activité : la pro-
duction d'étain a augmenté dans d'as-
sez fortes proportions ; mais c'est sur-
tout du côté de l'or que s'avère le pro-
grès le plus sensible sous la forme de
plusieurs demandes de permis d'exploi-
tation.
D'ailleurs, l'équipement général du
pays se développe de plus en plus :
Notre occupation n'a trouvé, au Came-
roun, que deux routes carrossables, celle
de Yaoundé-Kribi et la rocade Lolodorf-
Ebolowa. De 1916 à 1921, l'adminis-
tration dut s'employer à la réfection du
réseau existant, très endommagé pen-
dant la guerre. Chaque année vit ensuite
un progrès appréciable qui porta, en
1930, à 4.850 kilomètres le réseau des
routes propres à l'automobile, réseau qui
doit dépasser actuellement 5.500 kilo-
mètres, s'offrant à l'augmentation rapide
des véhicules automobiles.
Pour les chemins de fer, si I exten-
sion n'est pas aussi considérable, on a
cependant enregistré une augmentation
assez importante en ce qui concerne le
trafic.
Sur les deux réseaux, Centre et Nord,
quelques travaux ont été exécutés mais
le peu de densité de la population ne
nécessite pas encore un effort trop dis-
pendieux pour l'équipement du pays en
chemin de fer. ------- i
C'est avec le port de Douala que s'af-
firme la réalisation la plus considérable
dont le Cameroun a bénéficié. Ce port,
naguère doté d'un simple wharf, a été
agrandi et outillé d'une façon moderne.
Plus de 350 navires y ont relâché en
1933. Un chenal creusé a 6 m. 60 a
mi-marée en permet à de gros navires
l'accès du port qui comporte 2.000 mè-
tres de quai dont 550 en eau profonde
et qui sont dotés d'un outillage perfec-
tionné. L'électricité a été installée par-
tout ; d'importants travaux d'adduction
d'eau ont été effectués.
N'oublions pas, enfin, de mention-
ner un plan d'équipement aéronautique
actuellement en voie d'éxécution qui
assurera au territoire de précieux avan-
tages.
De tout cela il résulte que le Came-
roun d'aujourd'hui ne ressemble pas au
Cameroun que les Allemands regret-
tent.
Faudrait-il admettre que le Traité de
Versailles se transformât pour nos voi-
sins de l'Est en un heureux placement
de leurs colonies ?
Ainsi, une fois de plus, nous aurions
travaillé pour le « Roi de Prusse » !
Lucien Gasparin,
tiSfjulfi de la Réunion. secrétaire de
la Commission de la Mnrive Mar-
chande. membre de la- Commis,
sion des Colonies.
AUDIENCES
A LA PRESIDENCE DU CONSEIL
M. Albert Sarraut, président du Conseil,
ministre de l'Intérieur, a reçu hier matin, M.
Le Beau, gouverneur général de 1 Algérie,
accompagné de M. Carte, président des délé-
gations financières algériennes, avec qui il a
conféré de la question budgétaire intéressant les
trois départements de l'Afrique du Nord.
M. Sarraut a reçu d'autre part samedi der-
nier le ministre des Affaires étrangères d'Afgha-
nistan, M. Faiz Mohamed Khan.
AU MINISTERE
DES AFFAIRES ETRANGERES
M. Faiz Mohamed Khan, ministre des Af-
faires étrangères d'Afghanistan, a été dernière-
ment reçu par M. P.-E. Flandin et a expose
à celui-ci le but et r esprit du nouveau pacte
de non-agression qui est sur le point de se
conclure dans le Proche-Orient entre l'Irak,
la Perse, la Turquie et- l'Afghanistan, ei qui
contribuera à l'établissement de la paix dans
cette région du monde.
AU MINISTERE
DES TRAVAUX PUBLICS
Une délégation de la Fédération générale
des anciens combattants, mutilés, réformés et
victimes de la guerre des chemins de fer , de
France et des colonies, conduite par son prési-
dent, M. Sticq, a été reçue vendredi par M.
Camille Chautemps. ministre des Travaux pu-
blics.
Conseils coloniaux
Du Sénégal
Par dérogation aux dis positions dit décret,
du 4 décembre 1920, les élections au Conseil
colonial dit Sénégal sont, en '0.3^> re por-
tées à titre exceptionnel, au troisième di-
manche qui suivra le premier tour de scru-
lin pour l'élection du dNJ/lté de celte colonie.
Le jour prévu pour le scrutin risquait, en
effet, d'être également celui fixé pour les
élections législatives.
Visite en leurs Etats
AU SOUDAN
Après avoir présidé, dans la matinée du 3 fé-
vrier, la séance du Congrès de Technique et
de Colonisation africaines, à laquelle assis-
taient le délégué du Gouverneur général et les
délégués de la Chambre de Commerce de Da-
kar, et après avoir reçu ses invités à déjeuner,
M. Alfassa a quitté Bamako dans l'après-midi.
A Ségou, où il avait accordé des audiences
et réunissait au dîner les notabilités, ainsi que
les personnalités de passage à l'occasion du
Congrès, il présida le lendemain 4 février,
assisté de M. Belime. Directeur général de
l'Office du Niger, la séance tenue dans cette
ville par le Congrès et inaugura l'usine expéri-
mentale des Carburants.
M. Alfassa partit ensuite I après-midi pour
Macina. Niafunké et Gcundam. Grâce à l'obli-
geance de la mission de la Société de Géogra-
phie Commerciale, il quitta Goundam le 6 fé-
vrier, à 7 heures, par l'avion bleu de M. Mo-
reau, et se trouva à Bamako à 11 heures, peu
d'instants après l'arrivée - de M. Henry Bor-
deaux, de 1 Académie française, en honneur
duquel il offrit un déjeuner au Gouvernement.
Repartant de Bamako en avion, à 15 h. 30,
avec M. Henry Bordeaux et Mlle Marthe
Bordeaux, M. Alfassa pouvait, dans le temps
très court dont il disposait, conduire ses visi-
teurs à Markhala, aux chantiers du S. T. I. N.
et aux Stations Agronomiques de l'Office du
Niger, ainsi que l'accompagner dans son voyage
en automobile vers Sikasso, Bougouni, jusqu'à
la -- limite du Soudan, vers Odienné. ------- --
M. Alfassa a, de la sorte, réussi en quel-
ques jours à prendre contact avec le personnel,
les commerçants, les chefs et notables indigènes
de trois cercles où il n'était pas encore passé,
à visiter Diré et à faire les honneurs de Ba-
mako et du Soudan français à M. Henry Bor.
deaux.
—
Au syndicat de la Presse coloniale
Le Comité recevra, vendredi prochain,
à 17 heures, à son siège, M. Reste, Gouver-
neur général de l'A.E.F. et ses collabora-
teurs.
Sur les idées
Je M. Stern
N lira d'autre part les
déclarations que M.
Jacques Stern a fai-
tes à l'un de nos
confrères métropoli-
tains. Elles ne sont
pas béatement opti-
mistes, et reflètent
quelques préoccupa-
tions.
M. Jacques Stern est réaliste. Il voit les choses
comme elles sont, et ne cherche pas un piédestal
où grimper à l'infini sa louange. De cela nous le
remercierons.
Il se conçoit, en effet, fort bien qu'un homme
sans voyages, sans séjours, dans aucun de nos ter-
ritoires d'outre-mer, soit comme un enfant de-
vant une locomotive électrique, incapable d'en
analyser le mécanisme et la force inconnue qui
l'anime, mais désireux de s'amuser et d'en faire
profiter ses amis. Il ne se concevrait pas, par
contre, qu'un homme d'affaires, comme M. Jac-
ques Stern, qui, paraît-il, a visité toutes nos co-
lonies » sauf Madagascar et l'Océanie — pût
un instant s'égarer dans le problème qui gît sous
ses pas.
M. Stern prend la rue Oudinot en un moment
critique. Malgré ce qu'il en croit, le riz ne se
« vend » pas. Il s'est vendu à la Chine, par suite
de circonstances exceptionnelles dont il n'est pas
dit que celles-ci se renouvelleront. Quant à
l'A. O. F. il n'est pas plus dit qu'elle retrouvera
cette année ses ventes de l'année dernière. Il ne
faut pas oublier que, même ne vendant pas direc-
tement à l'Italie, les sanctions vont peser lourde-
ment sur le marché.
Nous considérons donc l'économie coloniale
comme allégée un instant, en certaines de ses
parties, par des phénomènes locaux sans assu-
rance de continuité, et, faisant table rase de tous
les symptômes rassurants, nous ramènerons le
problème à ses justes proportions : en matière
coloniale, la France fait de l'autarchie malthu-
sienne.
Nous l'avons écrit cent fois, notre pays a accepté
des colonies qu'il n'a pas désirées. Dirigé, après
70, par Bismarck sur des routes d'outre-mer, il
a inconsciemment conquis des terres d'expansion,
sur lesquelles il s'est occupé d'installer des mili-
taires et des fonctionnaires. Mais dès que des
illuminés, un instant soufflés d'argent, ont planté
du café, du cacao, du corps gras, du coton, il
s'est dressé âprement contre cette possibilité de
ravitaillement national, parce que ses industries
exportatrices redoutent de ne plus trouver de
contre-parties sur les marchés étrangers.
*
* *
L'Italie nous donne en ce moment un magni-
fique exemple d'autarchie. Et cependant, com-
bien est désarmé ce pays, incapable de vivre par
lui-même et sur lui-même ! Alors que parallè-
lement la France aurait des chances de réaliser
ce circuit économique ! ---------
C'est une monstruosité de constater l'acharne-
ment de la France à interdire à ses possessions
toute initiative, toute tentative de s'écarter du
chemin économique national, toute possibilité de
répondre psychologiquement, géographiquement
à la nature même et aux besoins des pays qui les
entourent !
Ainsi, ni pour elle-même, ni pour les autres !
Nous avons exprimé notre sentiment quant à
la Conférence Impériale. Il y a quelques jours —
le 4 février — la Commission sénatoriale des
Colonies s'inquiétait des suites données aux
travaux de celles-ci. Un Bureau « permanent »
avait été maintenu pour pouvoir suivre les solu-
tions apportées à ces vœux, à ces travaux :
M. C. J. Gignoux. Secrétaire général de ce Bu-
reau permanent, vient de donner sa démission !
A la vérité, reconnaissons-le, le monde colo-
nial est profondément troublé. Il s'aperçoit qu'il
a jusqu'à présent vécu sur l'erreur, et que les
louanges dont il a toujours été couvert ne lui ont
jamais permis d'apercevoir l'abîme vers lequel on
le précipitait.
Une nouvelle conscience va-t-elle naître, qui
abolira le bluff, le favoritisme, I'électoralite, l'as-
servissement ? Les vrais coloniaux apporteront-
ils rue Oudinot les Tables de la Loi, et M. Jac-
ques Stem, serrant la réalité dans tout ce qu'elle
a de misère et de grandeur, nous tracera-t-il en-
fin la voie ?
C'est le secret de demain.
Mais, durant ce temps, nous voyons la France
stagnante dépérir, alors que le Monde est en
marche.
Alors, nous avouons notre lassitude.
- Raoul Monmarson.
———————— ->
Après les viticulteurs
les betteraviers veulent
étrangier la Tunisie -
N'ayant pu, malgré leurs consciencieux
efforts, empêcher le redressement économique
de la Tunisie, les agriculteurs métropolitains
parviendront-ils, par le truchement de la
consommation des sucres, à ébranler de nou-
veau r économie renaissante d'un pays qui
paraît leur porter tant ombrage ?
Voici la dernière trouvaille : les bettera-
viers métropolitains ont demandé le rattache-
ment de la consommation tunisienne des su-
cres a la consommation métropolitaine.
Ainsi les sucres bruts étrangers raffinés eu
France et pénétrant en Tunisie qui étaient
jusqu'alors considérés comme produits fran-
çais, et ainsi exemptés de droits, seraient par
cette mesure, considérés à l'avenir comme
produits étrangers.
La consommation serait grevée d'un impôt
tel que les Tunisiens seraient bien obligés
d'en passer par les exigences des bettraviers
en achetant leur sucre, environ 1 fr. 50 plus
cher que le prix actuellement payé.
L'application d'une telle mesure entraîne-
rait un charge d'au moins 50 millions pour
l'économie tunisienne.
Après lui avoir fait arracher ses vignes et
fermé ses mines, va-t-on imposer à ce pays
de faire les frais du soutien d'une produc-
tion métropolitaine?
Le gouverneur Lagarde
J est mort
M. Lagarde, ministre plénipotentiaire, gou-
verneur général honoraire des solonies, vient
de mourir à l'hôpital du Val-de-Grâce.
Ce n'est pas aux coloniaux qu'il convient
de rappeler la vie et le rôle du Gouverneur
Lagarde.
Né le 10 octobre 1860 à Lempdes ^Haute-
Loire), M. Lagarde débutait le 15 août 1878
dans l'administration préfectorale, en Haute-
Marne puis en Charente-Inférieure.
Nommé attaché à l'ambassade de France à
Rome en novembre 1881, après une année de
service militaire (1880-1881), il débuta pres-
qu aussitôt après dans la carrière coloniale en
qualité de secrétaire particulier du Gouverneur
de la Cochinchine, qui lui confia peu après son
arrivée les fonctions de sous-chef du service
de la politique extérieure du gouvernement local.
Rentré en France en 1883, M. Lagarde
fut nommé attaché au cabinet du sous-secrétaire
d'Etat à la Marine et aux Colonies. Mais le
pavé de Paris devait lui être insupportable : le
2 octobre de la même année, nommé comman-
dant de cercle au Sénégal, il ne rejoignit pas
ce poste, et fut affecté à la Côte des Somalis
en qualité de commandant d'Obock. De suite,
le 9 décembre 1883, il fut chargé des fonc-
tions de commissaire extraordinaire en mission
spéciale pour la reconnaissance et la délimi-
tation du territoire d'Obock.
Puis il créa la colonie de la Côte française
des Somalis après signature de divers traités
avec les chefs indigènes.
Le 24 juin 1884 il est nommé commandant
de la colonie d'Obock.
Promu au grade de Gouverneur des colonies
le 7 septembre 1887, il fut de plus chargé
du service politique et consulaire à Zeila et à
Harrar (Ethiopie).
Après avoir effectué dix séjours consecutits
à Obock, M. Lagarde fut délégué le 25 fé-
vrier 1895 dans les fonctions de directeur des
affaires politiques et commerciales au ministère
des Colonies, et maintenu, le 9 mars 1895, sur
sa demande, au gouvernement d'Obock, où il
effectua encore huit séjours.
Nommé ministre plénipotentiaire honoraire
en mars 1895, puis secrétaire général du mi-
nistère des Colonies et directeur des affaires
d'Afrique, il est chargé en décembre 1896
d'une mission avec pleins pouvoirs en Abyssi-
nie. En cette qualité il signe les conventions
diplomatiques franco-abyssines de mars 1897.
Le 15 juin 1897, il est nommé envoyé extra-
ordinaire et ministre plénipotentiaire auprès de
l' empereur d'Ethiopie. Le 7 mars 1899 il est
inscrit hors cadres en sa qualité de Gouverneur
de l' classe des colonies, et le 29 avril 1907
il est placé dans la section de disposition au
ministère des Alffaires étrangères.
Pendant la grande guerre, M. Lagarde a
été attaché au Gouverneur militaire de Paris
et fut le collaborateur du maréchal GaJliéni.
Il fut ensuite désigné comme président de la
Commission des Prises au ministère de la Ma-
nne.
Le comte Léonce Lagarde était commandeur
de la Légion d'honneur, membre du Conseil
de l'ordre et Grand-croix de la plupart des
ordres coloniaux.
Ajoutons que le Négus lui avait décerné le
titre de duc d' Ankoto.
Aussitôt connue la nouvelle de sa mort M.
Peloni. chef du cabinet du président du Conseil,
a salué sa dépouille au nom de M. Albert, Sar-
raut, et le commandant Barberot, officier d'or-
donnance. au nom de M. Jacques Stern, minis-
tre des Colonies.
La levée du corps de M. Léonce Lagarde,
a eu Heu hier matin à 9 heures au Val-de-
(irâce.
Le deuil était représenté par le colonel La-
garde, frère du défunt.
Le corps est transporté à Lempdes (Haute-
Loire) où les obsèques religieuses auront lieu
demain matin.
(
MISSIONS
En France
La Commission des missions instituée au-
près du ministre des colonies a, dans sa st'au-
ce du 9 janvier dernier, émis l'avis qu'un
passage d'Indochine en France et retour soi:
octroyé à M. Basque, industriel à Hanoï.
M. Basque, en effet, aurait découvert un
procédé nouveau permettant de produire
daiis notre possession d'Extrême-Orient, à
un prix très intéressant, de la cellulose de
broussonétia, avec laquelle pourrait être fa-
briqué un papier de luxe analogue à cc!ui
importé actuellement du Japon.
La réalisation de ce projet permettrait de
libérer l'industrie française du monopcie ja-
ponais et de fournir un apport de ressource.*
important à nos popu;ations indigènes.
Par décret du président de la République,
le passage gratuit en deuxième classe iiaï-
phong-Marseille et retour, a été accordé à
M. Basque.
Au Congo belge et en Nigeria
Par un décret du Il février M. Guillautou,
ingénieur des Travaux Publics et des mines
des colonies, actuellement affecté à Dakir,
est charge de mission au Congo belge et en
Nigeria.
Cette mission consistera en une étude liu"
les méthodes d'exploitation minière dans ces
deux pays, ceci en vue de l'établissement d'un
programme pour l'exploitation du sous-soi ,',.
l'A.a.F.
En Extrême-Orient
Par décret pris par le président de t.. Né-
publique sur la proposition du Gouverneur
général de l'Indochine et du Ministre dis
Colonies, M. Uhry, ingénieur des ponts et
chaussées en Indochine, à l'occasion de «a
rentrée en congé ce mois-ci, est chargé ,/unc
mission en Mandchourie, au Japon et aux
Etats-Unis, pour étudier les récents porïoc-
tionnements du matériel roulant dans ces di-
vers pays et tout spécialement le cou,Ii!.<'U.'IC- ,
ment des voitures à voyageurs.
Dans Hnde française
Sur un personnage déjà dénoncé ici
Nous nous excusons auprès de nos lecteurs,
mais nous sommes contraint de suivre, dans leur
carrière, ceux que nous avons attaqués.
Notre séjour dans les Etablissements fran-
çais de l'Inde nous a conduit à nous occuper de
cet étrange chef du cabinet du Gouverneur, le
chef de bataillon Morizon, dont nous avom
indiqué la funèbre tâche qu'il remplit à plaisir
et qui fait tache sur l'honneur de la France.
L'inconcevable faiblesse d'un ministre, qui
eût pu cependant s'appuyer sur l'enquête for-
melle de l'Inspecteur général Moretti, con-
cluant — en 1931 ! — au rappel immédiat de
cet officier, n'a pas frappé le commandant Mo-
rizon : pas même dans ses cumuls, dont on dit
que la Loi les interdit -- formellement. -
Eclairons donc une fois encore le person-
nage : au cours d'un dîner à Pondichéry, à
son domicile, à l'époque où les accusés de
l'affaire Stavisky passaient devant les Assises,
le commandant Morizon — cependant agent
électoral de première force, par l'arbitraire —
émit des jugements blessants sur les parlemen.
taires, les magistrats et les avocats. M. Mont-
brun, gêné, prit la parole pour défendre les ca-
lomniés, et prier son hôte de ne pas généra-
liser. Mais celui-ci appuya au contraire sur ses
calomnies, ce qui provoqua le départ de
M. Montbrtm et l'envoi de ses témoins le len-
demain.
On imagine aisément la gêne que ce duel
était susceptible de provoquer, dans une ville
où tant d'événements se produisent, qui ne sont
pas à notre avantage, et dont les Anglais ne
manquent pas de profiter : grâce à l'entremise
du Gouverneur, la conciliation eut lieu, et
M. Morizon regretta l'intolérable acidité de
ses paroles. Mais aucun procès-verbal ne fut
signé.
Et c'est ainsi que quelque temps plus tard,
au cours d'un diner chez le Gouverneur, le
commandant Morizon se reprit à proférer des
insultes à l'égard des parlementaires, des ma-
gistrats, des avocats, ajoutant par surcroît, au
cours de la discussion, n'avoir jamais fait d'ex-
cuses à l'égard de M. Montbrun.
D'où second envoi de témoins.
Le commandant Morizon oient de refuser de
se battre. Un procès-verbal de carence a été
signé.
Nous demandons à M. Jacques Stem, mi-
nistre des Colonies, de prendre la peine de lire
nos articles sur l'Inde française, et d'ajouter
au dossier Morizon l'énoncé des faits ci-des-
sus.
Et nous sommes persuadé que le ministre
actuel des Colonies aura le courage de délivrer
l'Inde d'un personnage qui pèse sur elle de-
puis huit ans, et qui ne fait honneur ni à l'ar-
mée, à laquelle il appartient, ni aux fonction-
naires coloniaux dont il usurpe les fonctions,
ni enfin à la France, qui a l'inconcevable fai-
blesse de le protéger et de favoriser sa car-
rière.
Tempêtes ei tornades
Au Maroc
l ne tempête violente s'est abattue vendredi
dernier sur la côte de la Mauritanie et sur le
Sud marocain.
A Agadir, la vedette Jamine a sombré dans
le port. Des trois hommes qui étaient à son
bord, deux ont fa être sauvés. Une autre ve-
dette a été retournée par les lames, mais se
maintint à flot.
De nombreuses barques de pêcheurs espa-
gnols sont en perdition.
Les routes allant de Marrakech dans l'e.v-
treme-sud sont coupées à la suite des vio-
lentes chutes de pluie et de neige dans l'At-
las et le Gralld Atlas.
Conlre la colonisation
Toujours les mêmes à la combattre !
M. du Vivier de Streel, président de la sec-
tion de l'A.E.F. à l'Union Coloniale Fran-
çaise, est incorrigible.
Prenant la parole à la réunion de cette sec-
tion (Quinzaine coloniale, n0 705, 10 féVrier)
à la suite de M. Cottret, directeur de l'Agence
Economique de rA.E.F., et contre les idées
de celui-ci, à propos des « îlots de colonisa-
tion », il a condamné la colonisation avec une
aisance d'autant plus remarquable que son opi-
nion personnelle ne repose sur aucun fonde-
ment.
Citons :
«. L'avis de la Section, parait être qu'il
sera difficile de trouver des ilôts de colo-
nisation d'une \<:ste superficie en A.E.F.
Cette opinion est corroborée par les expérien-
ces et les recherches faites par l'Administra-
tion et les sociétés cotonniéres pour la cul-
ture du coton. Dans la région dont le climat
convient a cette culture, on a cherché des
terres riches pour engager les indigènes à
s'y fixer de préférence - à d'autres; on a
trouvé des parcelles dont l'étendue variait
de 50 à 150 hectares, assez éloignées leb
unes des autres; mais jamais de grandes
superficies, fertiles, susceptibles de former
des ilôts de prospérité qui pourraient fairt,
l'objet de lotissements et s'adapter à une 01
ganisation de colonisation de grande enver-
gure. Il semble donc qu'en A. E. F., la
formule étudiée par le « Comité d'Action
Colonisatrice » ne trouverait pas son appli-
cation et qu'il faudrait se limiter à la créa-
tion de petits lots. »
M. du Vivier de Streel ne possède sur le
Congo que des vues imparfaites. Il songe évi-
demment au coton de l'Oubangui-Chari, alors
qu'il avait été question, pour ces lots de coloni-
sation, uniquement de la région du chemin de
fer et de ses approches, Sibiti, Muyondzi..
A « 'Congo-Niari », M. du Vivier de Streel
répond « Batangofo-Bangui » ! Quel dom-
mage qu'une carte de l'A.E.F. ne lui ait pas
été offerte pour ses étrennes!
Il restera aux Aéfiens à se gausser de lui.
Nous comprenons fort bien que l'Union Co-
loniale Française soit, avec une singulière âpreté,
tout entière dressée contre la petite colonisa-
tion. Mais on ne peut condamner éternellement
l'évidence. Les acrobaties de quelqos grosses
Sociétés, abusant des ministres mal renseignés,
et la malséante souplesse de quelqzw individus,
ne pourront faire dévier plus longtemps la rue
Oudinot.
Il est temps que la vérité se fasse jour, mal-
gré les haBiles rideaux que tend devant elle
l'Union Coloniale.
Nous rappellerons, pour mémoire, que sur
le parcours même du Congo-Océan, à deux cents
mètres- de la voie ferrée, à Kayes, M. Jean
Ottino met en valeur en ce moment un domaine
de 7.000 hectares, que M. Harquet a de
même des concessions étendues, et que nombre
de demandes, supérieures — ah f certes oui, aux
50 hectares de M. du Vivier de Streel f —
sont en instance au Gouvernement général, à
Brazzaville.
Nous soutenons que la petite colonisation
dans le bassin du Congo-Niari est possible, et
qu'elle a jusqu'ici vainement tenté de s'établir.
Il est évident que si le Comité d'Action Co-
lonisatrice et de Paysannat indigène ne solli-
cite que le seul avis de l'Union Coloniale
Française, cette colonisation ne sera jamais
mise en train.
Et que ce serait, une fois de plus, un échec
mûrement combiné que la France aura subi, par
la faute de privilégiés malheureusement encore
en course.
Nous espérons que le Gouverneur général
Reste saara deceler l'oreille de r âne sous la
peau du lion.
L'état actuel de l'affaire
abyssine vue d'Italie
par JLybicus.
Rome, février.
Les récentes victoires remportées par le gé-
néral Graziani sur le Ganale Doria et par Ba-
doglio dans le Tembien ont suscité, dans les
milieux coloniaux et militaires italiens, une gran-
de exaltation et de magnifiques espoirs.
Il n y a pas lieu de revenir ici sur le carac-
tère, assez différent, et sur l'ampleur, inégale
aussi , de ces deux succès militaires, mais il
n est pas sans intérêt de - rapporter les propos
tenus aussitôt après la première avance de Gra-
ziani par un militaire assez haut placé à un co-
lonial italien, qui nous en a donné la teneur à
peu près textuelle.
« La campagne d Ethiopie, disait le militaire,
ne saurait durer bien longtemps, soit que nos
opérations tactiques aboutissent à un succès dé-
cisif. soit que des événements dans l'intérieur
de l'empire du Négus donnent un résultat ana-
logue. A supposer même qu'une décision ne
puisse être obtenue avant la fin de la saison
sèche,, elle le serait très rapidement à la re-
pnse de la campagne, en septembre ou octobre.
« Nous pouvons, poursuivait le militaire, fort
aisément tenir les positions actuelles sur une
ligne de défense fortifiée et ramener le gros de
nos effectifs sur les hauts plateaux érythréens,
en sorte que notre capacité affensive ne sera au-
cunement réduite. La situation se présente tout
différemment pour le Négus, qui ne dispose
pas d'une organisation suffisante pour entretenir
ses énormes contingents de guerriers durant six
mois ; ne pouvant absolument pas les ravitailler
dans la zone du front, où ils ne trouveront par
ailleurs pas de quoi subsister, il lui faudra les
renvoyer dans leurs provinces d'origine. D'où,
au mieux, la nécessité de battre à nouveau les
« Kitet » à l'automne prochain et de procéder à
une nouvelle concentration, lente et pénible ;
peut-on même penser que ce licenciement de
leurs guerriers sera accepté de bon gré par les
« ras », que leur retour s'effectuera sans en-
combre et qu'il n'en résultera pas des troubles
graves, qui s' ajouteront à ceux du Godjam ?
Voilà à peu près le raisonnement que tenait
le militaire, qui concluait, en employant deux
termes français : « Tout cela finira par une
grande « débandade », une belle « dégringo-
lade » !
Ce à quoi le colonial ajoutait philosophique-
ment : (( A moins que, d'ici là, nous n'ayons
une guerre avec l'Angleterre et, par surcroît,
avec la France. »
Le colonial dont nous parlons et, avec lui,,
beaucoup de gens qui ne sont pas coloniaux,
croient fermement que cette guerre doit se faire
et se fera, parce que, disent-ils, l'Angleterre la
<( cherche ». Ils donnent, à ce sujet, la version
suivante de l'échec des propositions franco-
britanniques, version dont nous leur laissons
toute la responsabilité, mais dont le crédit qui'
lui a été accordé permet au moins de se rendre
compte d'un état d'esprit assez répandu.
Le Grand Conseil avait, disent-ils, opté en
première délibération pour l'acceptation des
propositions Laval-Hoare, comme base de dis-
cussion. Le « Foreign Office ». aussitôt averti
par les agents qu'il entretient à Rome et qui
sont, du reste, « parfaitement individualisés )),-
en conçut un grand émoi, car il n'avait présenté
ses offres de conciliation que parce qu'il était
Rédaction & Administration:
4 Rue de la Bonne
PARIS (2°)
TÉL. : RICHELIEU 73-06
(2 lignes groupées)
37' ANNEE. — N° 14.
-- MARDI, 13 H. 30, 18 FEVRIER 1936
Les Annales Coloniales
Fondateur i Marcel RUEDEL ; - "t Directeur : Raoul MONMARSON
M IBONIEIEIITS ) )
M avec la Rn," illustrée :
Un an 6 Mois 3 MoU
France et
Colonies iso » 100 » 50 »
t) Étranger.. 240 » 125 1 70
ij Le Numéro : '30 centimes f
On s'abonne sans frais dans I
M tous les bureaux de poste. I
Nous avons équipé le Cameroun
est-ce pour l'Allemagne ?
Les revendications coloniales de l'Al-
lemagne se font de plus en plus pressan-
tes. Si jamais cette question se pose
officiellement, on ne pourra pas se refu-
ser à tenir compte des améliorations que
nous aurons réalisées dans les territoires
naguère allemands, passés sous notre
mandat, et qui suffiraient à les faire
définitivement nôtres.
Le Cameroun qui en est le principal
morceau, en fournira un frappant exem-
ple. Il a pris, en effet, sous notre admi-
nistration un essor évident dont la pro-
gression de ses exportations donne une
idée.
En 1918, le Cameroun exportait
6.138 tonnes de palmistes, 1.491 ton-
nes d'huile de palme, 417 tonnes de
caoutchouc. Pour ces mêmes produits,
les chiffres sont passés, pour 1935 à
37.022 tonnes, 7.984 tonnes et 748 ton-
nes. Le cacao, de 2.400 tonnes en 1919,
arrive en 1935, à 23.374 tonnes. Les
bois, de 818 tonnes en 1919, passent à
- 36.506 en 1935.
De nouvelles matières ne cessent de
prendre place dans les exportations du
Cameroun : les arachides et les peaux,
en 1928 ; le café, en 1930 ; les bana-
nes, le sésame, en 1932 ; ainsi s'affirme
l'élan continu de la production.
Aussi, n'est-on point surpris de cons-
tater que pour Me commerce spécial du
territoire, la valeur qui était, en 1912,
de 57.578.000 francs, se chiffre, pour
1935, à 181.000.000 ; en tonnage, il
atteint, pour cette dernière année,
166.100 tonnes.
Encore faut-il noter que depuis 1928,
une chute assez sensible s'est produite,
sous l'influence de la crise mondiale.
Les importations, en 1935, ont été de
41.100 tonnes, d'une valeur totale de
87.800.000 francs, le premier rang reve-
nant à la France pour la valeur, à l'An-
gleterre pour le tonnage. Le Japon aug-
mente de plus en plus son action.
Aux exportations, c'est encore la
France qui occupe la première place, sui-
vie de loin par l'Allemagne. L'Angle-
terre, la Belgique, les Etats-Unis ne
figurent qu'avec des chiffres restreints
parmi les clients du Cameroun.
Au mois de mars, doit se tenir, à
Douala, une Foire-Exposition pour la
présentation d'articles d'importation,
tandis que la Foire de Yaoundé gardera
son caractère plus général.
D'autre part, l'industrie minière qui
durant les dernières années avait parti-
cipé à l'anémie générale du monde sous
ce rapport, reprend de l'activité : la pro-
duction d'étain a augmenté dans d'as-
sez fortes proportions ; mais c'est sur-
tout du côté de l'or que s'avère le pro-
grès le plus sensible sous la forme de
plusieurs demandes de permis d'exploi-
tation.
D'ailleurs, l'équipement général du
pays se développe de plus en plus :
Notre occupation n'a trouvé, au Came-
roun, que deux routes carrossables, celle
de Yaoundé-Kribi et la rocade Lolodorf-
Ebolowa. De 1916 à 1921, l'adminis-
tration dut s'employer à la réfection du
réseau existant, très endommagé pen-
dant la guerre. Chaque année vit ensuite
un progrès appréciable qui porta, en
1930, à 4.850 kilomètres le réseau des
routes propres à l'automobile, réseau qui
doit dépasser actuellement 5.500 kilo-
mètres, s'offrant à l'augmentation rapide
des véhicules automobiles.
Pour les chemins de fer, si I exten-
sion n'est pas aussi considérable, on a
cependant enregistré une augmentation
assez importante en ce qui concerne le
trafic.
Sur les deux réseaux, Centre et Nord,
quelques travaux ont été exécutés mais
le peu de densité de la population ne
nécessite pas encore un effort trop dis-
pendieux pour l'équipement du pays en
chemin de fer. ------- i
C'est avec le port de Douala que s'af-
firme la réalisation la plus considérable
dont le Cameroun a bénéficié. Ce port,
naguère doté d'un simple wharf, a été
agrandi et outillé d'une façon moderne.
Plus de 350 navires y ont relâché en
1933. Un chenal creusé a 6 m. 60 a
mi-marée en permet à de gros navires
l'accès du port qui comporte 2.000 mè-
tres de quai dont 550 en eau profonde
et qui sont dotés d'un outillage perfec-
tionné. L'électricité a été installée par-
tout ; d'importants travaux d'adduction
d'eau ont été effectués.
N'oublions pas, enfin, de mention-
ner un plan d'équipement aéronautique
actuellement en voie d'éxécution qui
assurera au territoire de précieux avan-
tages.
De tout cela il résulte que le Came-
roun d'aujourd'hui ne ressemble pas au
Cameroun que les Allemands regret-
tent.
Faudrait-il admettre que le Traité de
Versailles se transformât pour nos voi-
sins de l'Est en un heureux placement
de leurs colonies ?
Ainsi, une fois de plus, nous aurions
travaillé pour le « Roi de Prusse » !
Lucien Gasparin,
tiSfjulfi de la Réunion. secrétaire de
la Commission de la Mnrive Mar-
chande. membre de la- Commis,
sion des Colonies.
AUDIENCES
A LA PRESIDENCE DU CONSEIL
M. Albert Sarraut, président du Conseil,
ministre de l'Intérieur, a reçu hier matin, M.
Le Beau, gouverneur général de 1 Algérie,
accompagné de M. Carte, président des délé-
gations financières algériennes, avec qui il a
conféré de la question budgétaire intéressant les
trois départements de l'Afrique du Nord.
M. Sarraut a reçu d'autre part samedi der-
nier le ministre des Affaires étrangères d'Afgha-
nistan, M. Faiz Mohamed Khan.
AU MINISTERE
DES AFFAIRES ETRANGERES
M. Faiz Mohamed Khan, ministre des Af-
faires étrangères d'Afghanistan, a été dernière-
ment reçu par M. P.-E. Flandin et a expose
à celui-ci le but et r esprit du nouveau pacte
de non-agression qui est sur le point de se
conclure dans le Proche-Orient entre l'Irak,
la Perse, la Turquie et- l'Afghanistan, ei qui
contribuera à l'établissement de la paix dans
cette région du monde.
AU MINISTERE
DES TRAVAUX PUBLICS
Une délégation de la Fédération générale
des anciens combattants, mutilés, réformés et
victimes de la guerre des chemins de fer , de
France et des colonies, conduite par son prési-
dent, M. Sticq, a été reçue vendredi par M.
Camille Chautemps. ministre des Travaux pu-
blics.
Conseils coloniaux
Du Sénégal
Par dérogation aux dis positions dit décret,
du 4 décembre 1920, les élections au Conseil
colonial dit Sénégal sont, en '0.3^> re por-
tées à titre exceptionnel, au troisième di-
manche qui suivra le premier tour de scru-
lin pour l'élection du dNJ/lté de celte colonie.
Le jour prévu pour le scrutin risquait, en
effet, d'être également celui fixé pour les
élections législatives.
Visite en leurs Etats
AU SOUDAN
Après avoir présidé, dans la matinée du 3 fé-
vrier, la séance du Congrès de Technique et
de Colonisation africaines, à laquelle assis-
taient le délégué du Gouverneur général et les
délégués de la Chambre de Commerce de Da-
kar, et après avoir reçu ses invités à déjeuner,
M. Alfassa a quitté Bamako dans l'après-midi.
A Ségou, où il avait accordé des audiences
et réunissait au dîner les notabilités, ainsi que
les personnalités de passage à l'occasion du
Congrès, il présida le lendemain 4 février,
assisté de M. Belime. Directeur général de
l'Office du Niger, la séance tenue dans cette
ville par le Congrès et inaugura l'usine expéri-
mentale des Carburants.
M. Alfassa partit ensuite I après-midi pour
Macina. Niafunké et Gcundam. Grâce à l'obli-
geance de la mission de la Société de Géogra-
phie Commerciale, il quitta Goundam le 6 fé-
vrier, à 7 heures, par l'avion bleu de M. Mo-
reau, et se trouva à Bamako à 11 heures, peu
d'instants après l'arrivée - de M. Henry Bor-
deaux, de 1 Académie française, en honneur
duquel il offrit un déjeuner au Gouvernement.
Repartant de Bamako en avion, à 15 h. 30,
avec M. Henry Bordeaux et Mlle Marthe
Bordeaux, M. Alfassa pouvait, dans le temps
très court dont il disposait, conduire ses visi-
teurs à Markhala, aux chantiers du S. T. I. N.
et aux Stations Agronomiques de l'Office du
Niger, ainsi que l'accompagner dans son voyage
en automobile vers Sikasso, Bougouni, jusqu'à
la -- limite du Soudan, vers Odienné. ------- --
M. Alfassa a, de la sorte, réussi en quel-
ques jours à prendre contact avec le personnel,
les commerçants, les chefs et notables indigènes
de trois cercles où il n'était pas encore passé,
à visiter Diré et à faire les honneurs de Ba-
mako et du Soudan français à M. Henry Bor.
deaux.
—
Au syndicat de la Presse coloniale
Le Comité recevra, vendredi prochain,
à 17 heures, à son siège, M. Reste, Gouver-
neur général de l'A.E.F. et ses collabora-
teurs.
Sur les idées
Je M. Stern
N lira d'autre part les
déclarations que M.
Jacques Stern a fai-
tes à l'un de nos
confrères métropoli-
tains. Elles ne sont
pas béatement opti-
mistes, et reflètent
quelques préoccupa-
tions.
M. Jacques Stern est réaliste. Il voit les choses
comme elles sont, et ne cherche pas un piédestal
où grimper à l'infini sa louange. De cela nous le
remercierons.
Il se conçoit, en effet, fort bien qu'un homme
sans voyages, sans séjours, dans aucun de nos ter-
ritoires d'outre-mer, soit comme un enfant de-
vant une locomotive électrique, incapable d'en
analyser le mécanisme et la force inconnue qui
l'anime, mais désireux de s'amuser et d'en faire
profiter ses amis. Il ne se concevrait pas, par
contre, qu'un homme d'affaires, comme M. Jac-
ques Stern, qui, paraît-il, a visité toutes nos co-
lonies » sauf Madagascar et l'Océanie — pût
un instant s'égarer dans le problème qui gît sous
ses pas.
M. Stern prend la rue Oudinot en un moment
critique. Malgré ce qu'il en croit, le riz ne se
« vend » pas. Il s'est vendu à la Chine, par suite
de circonstances exceptionnelles dont il n'est pas
dit que celles-ci se renouvelleront. Quant à
l'A. O. F. il n'est pas plus dit qu'elle retrouvera
cette année ses ventes de l'année dernière. Il ne
faut pas oublier que, même ne vendant pas direc-
tement à l'Italie, les sanctions vont peser lourde-
ment sur le marché.
Nous considérons donc l'économie coloniale
comme allégée un instant, en certaines de ses
parties, par des phénomènes locaux sans assu-
rance de continuité, et, faisant table rase de tous
les symptômes rassurants, nous ramènerons le
problème à ses justes proportions : en matière
coloniale, la France fait de l'autarchie malthu-
sienne.
Nous l'avons écrit cent fois, notre pays a accepté
des colonies qu'il n'a pas désirées. Dirigé, après
70, par Bismarck sur des routes d'outre-mer, il
a inconsciemment conquis des terres d'expansion,
sur lesquelles il s'est occupé d'installer des mili-
taires et des fonctionnaires. Mais dès que des
illuminés, un instant soufflés d'argent, ont planté
du café, du cacao, du corps gras, du coton, il
s'est dressé âprement contre cette possibilité de
ravitaillement national, parce que ses industries
exportatrices redoutent de ne plus trouver de
contre-parties sur les marchés étrangers.
*
* *
L'Italie nous donne en ce moment un magni-
fique exemple d'autarchie. Et cependant, com-
bien est désarmé ce pays, incapable de vivre par
lui-même et sur lui-même ! Alors que parallè-
lement la France aurait des chances de réaliser
ce circuit économique ! ---------
C'est une monstruosité de constater l'acharne-
ment de la France à interdire à ses possessions
toute initiative, toute tentative de s'écarter du
chemin économique national, toute possibilité de
répondre psychologiquement, géographiquement
à la nature même et aux besoins des pays qui les
entourent !
Ainsi, ni pour elle-même, ni pour les autres !
Nous avons exprimé notre sentiment quant à
la Conférence Impériale. Il y a quelques jours —
le 4 février — la Commission sénatoriale des
Colonies s'inquiétait des suites données aux
travaux de celles-ci. Un Bureau « permanent »
avait été maintenu pour pouvoir suivre les solu-
tions apportées à ces vœux, à ces travaux :
M. C. J. Gignoux. Secrétaire général de ce Bu-
reau permanent, vient de donner sa démission !
A la vérité, reconnaissons-le, le monde colo-
nial est profondément troublé. Il s'aperçoit qu'il
a jusqu'à présent vécu sur l'erreur, et que les
louanges dont il a toujours été couvert ne lui ont
jamais permis d'apercevoir l'abîme vers lequel on
le précipitait.
Une nouvelle conscience va-t-elle naître, qui
abolira le bluff, le favoritisme, I'électoralite, l'as-
servissement ? Les vrais coloniaux apporteront-
ils rue Oudinot les Tables de la Loi, et M. Jac-
ques Stem, serrant la réalité dans tout ce qu'elle
a de misère et de grandeur, nous tracera-t-il en-
fin la voie ?
C'est le secret de demain.
Mais, durant ce temps, nous voyons la France
stagnante dépérir, alors que le Monde est en
marche.
Alors, nous avouons notre lassitude.
- Raoul Monmarson.
———————— ->
Après les viticulteurs
les betteraviers veulent
étrangier la Tunisie -
N'ayant pu, malgré leurs consciencieux
efforts, empêcher le redressement économique
de la Tunisie, les agriculteurs métropolitains
parviendront-ils, par le truchement de la
consommation des sucres, à ébranler de nou-
veau r économie renaissante d'un pays qui
paraît leur porter tant ombrage ?
Voici la dernière trouvaille : les bettera-
viers métropolitains ont demandé le rattache-
ment de la consommation tunisienne des su-
cres a la consommation métropolitaine.
Ainsi les sucres bruts étrangers raffinés eu
France et pénétrant en Tunisie qui étaient
jusqu'alors considérés comme produits fran-
çais, et ainsi exemptés de droits, seraient par
cette mesure, considérés à l'avenir comme
produits étrangers.
La consommation serait grevée d'un impôt
tel que les Tunisiens seraient bien obligés
d'en passer par les exigences des bettraviers
en achetant leur sucre, environ 1 fr. 50 plus
cher que le prix actuellement payé.
L'application d'une telle mesure entraîne-
rait un charge d'au moins 50 millions pour
l'économie tunisienne.
Après lui avoir fait arracher ses vignes et
fermé ses mines, va-t-on imposer à ce pays
de faire les frais du soutien d'une produc-
tion métropolitaine?
Le gouverneur Lagarde
J est mort
M. Lagarde, ministre plénipotentiaire, gou-
verneur général honoraire des solonies, vient
de mourir à l'hôpital du Val-de-Grâce.
Ce n'est pas aux coloniaux qu'il convient
de rappeler la vie et le rôle du Gouverneur
Lagarde.
Né le 10 octobre 1860 à Lempdes ^Haute-
Loire), M. Lagarde débutait le 15 août 1878
dans l'administration préfectorale, en Haute-
Marne puis en Charente-Inférieure.
Nommé attaché à l'ambassade de France à
Rome en novembre 1881, après une année de
service militaire (1880-1881), il débuta pres-
qu aussitôt après dans la carrière coloniale en
qualité de secrétaire particulier du Gouverneur
de la Cochinchine, qui lui confia peu après son
arrivée les fonctions de sous-chef du service
de la politique extérieure du gouvernement local.
Rentré en France en 1883, M. Lagarde
fut nommé attaché au cabinet du sous-secrétaire
d'Etat à la Marine et aux Colonies. Mais le
pavé de Paris devait lui être insupportable : le
2 octobre de la même année, nommé comman-
dant de cercle au Sénégal, il ne rejoignit pas
ce poste, et fut affecté à la Côte des Somalis
en qualité de commandant d'Obock. De suite,
le 9 décembre 1883, il fut chargé des fonc-
tions de commissaire extraordinaire en mission
spéciale pour la reconnaissance et la délimi-
tation du territoire d'Obock.
Puis il créa la colonie de la Côte française
des Somalis après signature de divers traités
avec les chefs indigènes.
Le 24 juin 1884 il est nommé commandant
de la colonie d'Obock.
Promu au grade de Gouverneur des colonies
le 7 septembre 1887, il fut de plus chargé
du service politique et consulaire à Zeila et à
Harrar (Ethiopie).
Après avoir effectué dix séjours consecutits
à Obock, M. Lagarde fut délégué le 25 fé-
vrier 1895 dans les fonctions de directeur des
affaires politiques et commerciales au ministère
des Colonies, et maintenu, le 9 mars 1895, sur
sa demande, au gouvernement d'Obock, où il
effectua encore huit séjours.
Nommé ministre plénipotentiaire honoraire
en mars 1895, puis secrétaire général du mi-
nistère des Colonies et directeur des affaires
d'Afrique, il est chargé en décembre 1896
d'une mission avec pleins pouvoirs en Abyssi-
nie. En cette qualité il signe les conventions
diplomatiques franco-abyssines de mars 1897.
Le 15 juin 1897, il est nommé envoyé extra-
ordinaire et ministre plénipotentiaire auprès de
l' empereur d'Ethiopie. Le 7 mars 1899 il est
inscrit hors cadres en sa qualité de Gouverneur
de l' classe des colonies, et le 29 avril 1907
il est placé dans la section de disposition au
ministère des Alffaires étrangères.
Pendant la grande guerre, M. Lagarde a
été attaché au Gouverneur militaire de Paris
et fut le collaborateur du maréchal GaJliéni.
Il fut ensuite désigné comme président de la
Commission des Prises au ministère de la Ma-
nne.
Le comte Léonce Lagarde était commandeur
de la Légion d'honneur, membre du Conseil
de l'ordre et Grand-croix de la plupart des
ordres coloniaux.
Ajoutons que le Négus lui avait décerné le
titre de duc d' Ankoto.
Aussitôt connue la nouvelle de sa mort M.
Peloni. chef du cabinet du président du Conseil,
a salué sa dépouille au nom de M. Albert, Sar-
raut, et le commandant Barberot, officier d'or-
donnance. au nom de M. Jacques Stern, minis-
tre des Colonies.
La levée du corps de M. Léonce Lagarde,
a eu Heu hier matin à 9 heures au Val-de-
(irâce.
Le deuil était représenté par le colonel La-
garde, frère du défunt.
Le corps est transporté à Lempdes (Haute-
Loire) où les obsèques religieuses auront lieu
demain matin.
(
MISSIONS
En France
La Commission des missions instituée au-
près du ministre des colonies a, dans sa st'au-
ce du 9 janvier dernier, émis l'avis qu'un
passage d'Indochine en France et retour soi:
octroyé à M. Basque, industriel à Hanoï.
M. Basque, en effet, aurait découvert un
procédé nouveau permettant de produire
daiis notre possession d'Extrême-Orient, à
un prix très intéressant, de la cellulose de
broussonétia, avec laquelle pourrait être fa-
briqué un papier de luxe analogue à cc!ui
importé actuellement du Japon.
La réalisation de ce projet permettrait de
libérer l'industrie française du monopcie ja-
ponais et de fournir un apport de ressource.*
important à nos popu;ations indigènes.
Par décret du président de la République,
le passage gratuit en deuxième classe iiaï-
phong-Marseille et retour, a été accordé à
M. Basque.
Au Congo belge et en Nigeria
Par un décret du Il février M. Guillautou,
ingénieur des Travaux Publics et des mines
des colonies, actuellement affecté à Dakir,
est charge de mission au Congo belge et en
Nigeria.
Cette mission consistera en une étude liu"
les méthodes d'exploitation minière dans ces
deux pays, ceci en vue de l'établissement d'un
programme pour l'exploitation du sous-soi ,',.
l'A.a.F.
En Extrême-Orient
Par décret pris par le président de t.. Né-
publique sur la proposition du Gouverneur
général de l'Indochine et du Ministre dis
Colonies, M. Uhry, ingénieur des ponts et
chaussées en Indochine, à l'occasion de «a
rentrée en congé ce mois-ci, est chargé ,/unc
mission en Mandchourie, au Japon et aux
Etats-Unis, pour étudier les récents porïoc-
tionnements du matériel roulant dans ces di-
vers pays et tout spécialement le cou,Ii!.<'U.'IC- ,
ment des voitures à voyageurs.
Dans Hnde française
Sur un personnage déjà dénoncé ici
Nous nous excusons auprès de nos lecteurs,
mais nous sommes contraint de suivre, dans leur
carrière, ceux que nous avons attaqués.
Notre séjour dans les Etablissements fran-
çais de l'Inde nous a conduit à nous occuper de
cet étrange chef du cabinet du Gouverneur, le
chef de bataillon Morizon, dont nous avom
indiqué la funèbre tâche qu'il remplit à plaisir
et qui fait tache sur l'honneur de la France.
L'inconcevable faiblesse d'un ministre, qui
eût pu cependant s'appuyer sur l'enquête for-
melle de l'Inspecteur général Moretti, con-
cluant — en 1931 ! — au rappel immédiat de
cet officier, n'a pas frappé le commandant Mo-
rizon : pas même dans ses cumuls, dont on dit
que la Loi les interdit -- formellement. -
Eclairons donc une fois encore le person-
nage : au cours d'un dîner à Pondichéry, à
son domicile, à l'époque où les accusés de
l'affaire Stavisky passaient devant les Assises,
le commandant Morizon — cependant agent
électoral de première force, par l'arbitraire —
émit des jugements blessants sur les parlemen.
taires, les magistrats et les avocats. M. Mont-
brun, gêné, prit la parole pour défendre les ca-
lomniés, et prier son hôte de ne pas généra-
liser. Mais celui-ci appuya au contraire sur ses
calomnies, ce qui provoqua le départ de
M. Montbrtm et l'envoi de ses témoins le len-
demain.
On imagine aisément la gêne que ce duel
était susceptible de provoquer, dans une ville
où tant d'événements se produisent, qui ne sont
pas à notre avantage, et dont les Anglais ne
manquent pas de profiter : grâce à l'entremise
du Gouverneur, la conciliation eut lieu, et
M. Morizon regretta l'intolérable acidité de
ses paroles. Mais aucun procès-verbal ne fut
signé.
Et c'est ainsi que quelque temps plus tard,
au cours d'un diner chez le Gouverneur, le
commandant Morizon se reprit à proférer des
insultes à l'égard des parlementaires, des ma-
gistrats, des avocats, ajoutant par surcroît, au
cours de la discussion, n'avoir jamais fait d'ex-
cuses à l'égard de M. Montbrun.
D'où second envoi de témoins.
Le commandant Morizon oient de refuser de
se battre. Un procès-verbal de carence a été
signé.
Nous demandons à M. Jacques Stem, mi-
nistre des Colonies, de prendre la peine de lire
nos articles sur l'Inde française, et d'ajouter
au dossier Morizon l'énoncé des faits ci-des-
sus.
Et nous sommes persuadé que le ministre
actuel des Colonies aura le courage de délivrer
l'Inde d'un personnage qui pèse sur elle de-
puis huit ans, et qui ne fait honneur ni à l'ar-
mée, à laquelle il appartient, ni aux fonction-
naires coloniaux dont il usurpe les fonctions,
ni enfin à la France, qui a l'inconcevable fai-
blesse de le protéger et de favoriser sa car-
rière.
Tempêtes ei tornades
Au Maroc
l ne tempête violente s'est abattue vendredi
dernier sur la côte de la Mauritanie et sur le
Sud marocain.
A Agadir, la vedette Jamine a sombré dans
le port. Des trois hommes qui étaient à son
bord, deux ont fa être sauvés. Une autre ve-
dette a été retournée par les lames, mais se
maintint à flot.
De nombreuses barques de pêcheurs espa-
gnols sont en perdition.
Les routes allant de Marrakech dans l'e.v-
treme-sud sont coupées à la suite des vio-
lentes chutes de pluie et de neige dans l'At-
las et le Gralld Atlas.
Conlre la colonisation
Toujours les mêmes à la combattre !
M. du Vivier de Streel, président de la sec-
tion de l'A.E.F. à l'Union Coloniale Fran-
çaise, est incorrigible.
Prenant la parole à la réunion de cette sec-
tion (Quinzaine coloniale, n0 705, 10 féVrier)
à la suite de M. Cottret, directeur de l'Agence
Economique de rA.E.F., et contre les idées
de celui-ci, à propos des « îlots de colonisa-
tion », il a condamné la colonisation avec une
aisance d'autant plus remarquable que son opi-
nion personnelle ne repose sur aucun fonde-
ment.
Citons :
«. L'avis de la Section, parait être qu'il
sera difficile de trouver des ilôts de colo-
nisation d'une \<:ste superficie en A.E.F.
Cette opinion est corroborée par les expérien-
ces et les recherches faites par l'Administra-
tion et les sociétés cotonniéres pour la cul-
ture du coton. Dans la région dont le climat
convient a cette culture, on a cherché des
terres riches pour engager les indigènes à
s'y fixer de préférence - à d'autres; on a
trouvé des parcelles dont l'étendue variait
de 50 à 150 hectares, assez éloignées leb
unes des autres; mais jamais de grandes
superficies, fertiles, susceptibles de former
des ilôts de prospérité qui pourraient fairt,
l'objet de lotissements et s'adapter à une 01
ganisation de colonisation de grande enver-
gure. Il semble donc qu'en A. E. F., la
formule étudiée par le « Comité d'Action
Colonisatrice » ne trouverait pas son appli-
cation et qu'il faudrait se limiter à la créa-
tion de petits lots. »
M. du Vivier de Streel ne possède sur le
Congo que des vues imparfaites. Il songe évi-
demment au coton de l'Oubangui-Chari, alors
qu'il avait été question, pour ces lots de coloni-
sation, uniquement de la région du chemin de
fer et de ses approches, Sibiti, Muyondzi..
A « 'Congo-Niari », M. du Vivier de Streel
répond « Batangofo-Bangui » ! Quel dom-
mage qu'une carte de l'A.E.F. ne lui ait pas
été offerte pour ses étrennes!
Il restera aux Aéfiens à se gausser de lui.
Nous comprenons fort bien que l'Union Co-
loniale Française soit, avec une singulière âpreté,
tout entière dressée contre la petite colonisa-
tion. Mais on ne peut condamner éternellement
l'évidence. Les acrobaties de quelqos grosses
Sociétés, abusant des ministres mal renseignés,
et la malséante souplesse de quelqzw individus,
ne pourront faire dévier plus longtemps la rue
Oudinot.
Il est temps que la vérité se fasse jour, mal-
gré les haBiles rideaux que tend devant elle
l'Union Coloniale.
Nous rappellerons, pour mémoire, que sur
le parcours même du Congo-Océan, à deux cents
mètres- de la voie ferrée, à Kayes, M. Jean
Ottino met en valeur en ce moment un domaine
de 7.000 hectares, que M. Harquet a de
même des concessions étendues, et que nombre
de demandes, supérieures — ah f certes oui, aux
50 hectares de M. du Vivier de Streel f —
sont en instance au Gouvernement général, à
Brazzaville.
Nous soutenons que la petite colonisation
dans le bassin du Congo-Niari est possible, et
qu'elle a jusqu'ici vainement tenté de s'établir.
Il est évident que si le Comité d'Action Co-
lonisatrice et de Paysannat indigène ne solli-
cite que le seul avis de l'Union Coloniale
Française, cette colonisation ne sera jamais
mise en train.
Et que ce serait, une fois de plus, un échec
mûrement combiné que la France aura subi, par
la faute de privilégiés malheureusement encore
en course.
Nous espérons que le Gouverneur général
Reste saara deceler l'oreille de r âne sous la
peau du lion.
L'état actuel de l'affaire
abyssine vue d'Italie
par JLybicus.
Rome, février.
Les récentes victoires remportées par le gé-
néral Graziani sur le Ganale Doria et par Ba-
doglio dans le Tembien ont suscité, dans les
milieux coloniaux et militaires italiens, une gran-
de exaltation et de magnifiques espoirs.
Il n y a pas lieu de revenir ici sur le carac-
tère, assez différent, et sur l'ampleur, inégale
aussi , de ces deux succès militaires, mais il
n est pas sans intérêt de - rapporter les propos
tenus aussitôt après la première avance de Gra-
ziani par un militaire assez haut placé à un co-
lonial italien, qui nous en a donné la teneur à
peu près textuelle.
« La campagne d Ethiopie, disait le militaire,
ne saurait durer bien longtemps, soit que nos
opérations tactiques aboutissent à un succès dé-
cisif. soit que des événements dans l'intérieur
de l'empire du Négus donnent un résultat ana-
logue. A supposer même qu'une décision ne
puisse être obtenue avant la fin de la saison
sèche,, elle le serait très rapidement à la re-
pnse de la campagne, en septembre ou octobre.
« Nous pouvons, poursuivait le militaire, fort
aisément tenir les positions actuelles sur une
ligne de défense fortifiée et ramener le gros de
nos effectifs sur les hauts plateaux érythréens,
en sorte que notre capacité affensive ne sera au-
cunement réduite. La situation se présente tout
différemment pour le Négus, qui ne dispose
pas d'une organisation suffisante pour entretenir
ses énormes contingents de guerriers durant six
mois ; ne pouvant absolument pas les ravitailler
dans la zone du front, où ils ne trouveront par
ailleurs pas de quoi subsister, il lui faudra les
renvoyer dans leurs provinces d'origine. D'où,
au mieux, la nécessité de battre à nouveau les
« Kitet » à l'automne prochain et de procéder à
une nouvelle concentration, lente et pénible ;
peut-on même penser que ce licenciement de
leurs guerriers sera accepté de bon gré par les
« ras », que leur retour s'effectuera sans en-
combre et qu'il n'en résultera pas des troubles
graves, qui s' ajouteront à ceux du Godjam ?
Voilà à peu près le raisonnement que tenait
le militaire, qui concluait, en employant deux
termes français : « Tout cela finira par une
grande « débandade », une belle « dégringo-
lade » !
Ce à quoi le colonial ajoutait philosophique-
ment : (( A moins que, d'ici là, nous n'ayons
une guerre avec l'Angleterre et, par surcroît,
avec la France. »
Le colonial dont nous parlons et, avec lui,,
beaucoup de gens qui ne sont pas coloniaux,
croient fermement que cette guerre doit se faire
et se fera, parce que, disent-ils, l'Angleterre la
<( cherche ». Ils donnent, à ce sujet, la version
suivante de l'échec des propositions franco-
britanniques, version dont nous leur laissons
toute la responsabilité, mais dont le crédit qui'
lui a été accordé permet au moins de se rendre
compte d'un état d'esprit assez répandu.
Le Grand Conseil avait, disent-ils, opté en
première délibération pour l'acceptation des
propositions Laval-Hoare, comme base de dis-
cussion. Le « Foreign Office ». aussitôt averti
par les agents qu'il entretient à Rome et qui
sont, du reste, « parfaitement individualisés )),-
en conçut un grand émoi, car il n'avait présenté
ses offres de conciliation que parce qu'il était
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