Presse et revues
16 pages
Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-10-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 10050 Nombre total de vues : 10050
Description : 05 octobre 1913 05 octobre 1913
Description : 1913/10/05 (A4,T12,N102). 1913/10/05 (A4,T12,N102).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62480876
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
REVUE
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
QUATRIÈME ANNÉE SAMEDI 5 OCTOBRE 1913 N2 102
Editorial
5 Octobre igi)
Au moment où les toasts de Carthagène, échan-
gés entre le Roi d'Espagne et le Président de la Ré-
publique française, tandis que des cuirassés français,
anglais, espagnols mariaient leurs couleurs, paraissent
définitivement consacrer l'extension méditerranéenne
de l'entente cordiale, il est nécessaire de prendre en
soigneuse considération l'effort maritime parallèle qui
s'ébauche d'un autre côté de la Méditerranée, dans
l'Adriatique. L'Autriche, dont les ambitions, jusqu'à
présent, se limitaient presque exclusivement à la
sphère d'action d'une grande puissance territoriale,
accentue de plus en plus, aujourd'hui, son orientation
vers la mer. Le programme naval, appelé à rallier le
consentement des Délégations, comprend un accrois-
sement de force assez considérable pour élever, sans
transition, les escadres autrichiennes au rôle d'une
formidable flotte de guerre. Sans attendre, d'ailleurs,
le vote des Délégations, le gouvernement de Vienne
procède à la construction du premier des sept super-
Dreadnoughts prévus par le projet du Ministère de
la Marine. Il y a là un exemple significatif de la
confiance gouvernementale dans le patriotisme avisé
de la représentation nationale. Il y a là également
un symptôme qu'il serait dangereux d'ignorer–de
l'immense popularité acquise, en Autriche, par les
idées de renforcement naval.
De fait, la presse entière ne se lasse pas d'agir
sur l'opinion en vue de la préparer aux sacrifices
onéreux que comporte la réalisation d'un coûteux
programme de nouveaux armements. La Ligue Mari-
time autrichienne compte à cette heure 36.000 adhé-
rents et 184 filiales disséminées en Autriche, en
Hongrie et en Bohème. L'Organe de la Ligue, Die
Flagge, a 24.000 abonnés. Au cours de la dernière
année, il a été organisé plus de 800 conférences des-
tinées à répandre la conviction d'une indispensable
et urgente régénération maritime. La Ligue est même
en voie, actuellement, de construire un vaste théâtre
spécialement consacré à des répertoires exclusive-
ment navals et patriotiques, pour étendre et pour
renforcer son influence sur les masses. Cette propa-
gande active est parvenue, à l'exemple de l'Alle-
magne, à faire ancrer, dans l'opinion publique, la
nécessité de travailler, sans craindre les sacrifices, à
l'épanouissement adriatique et méditerranéen de
P Autriche-Hongrie.
L'état d'anarchie et d'indétermination diplomati-
que où se débat l'Albanie, le vague dont s'embue
encore la solution éventuelle de la question des îles,
les projets de constructions navales, agités en Grèce,
en Bulgarie, en Roumanie, apportent à l'effort autri-
chien des précisions auxquelles il est défendu que
l'opinion, en Russie, demeure indifférente. Le pro-
blème Oriental, ce caléïdoscope international, variable
à l'infini, toujours nouveau, toujours changeant, re-
vêt aujourd'hui sa forme de demain. De territorial
il devient maritime. Il quitte la terre ferme pour les
horizons de l'Adriatique, de la Méditerranée, de la
Mer Egée. Assoiffés d'expansion, les jeunes Etats
balkaniques ont tous leurs yeux tournés vers la mer.
Salonique demeure toujours le centre futur d'une
lutte historique entre Grecs et Bulgares. Cavalla a
failli déchaîner un orage. La Serbie continue à étouf-
fer derrière l'écran albanais qui lui barre le libre
accès à la mer libre. Les convoitises autrichiennes
et italiennes s'entrechoquent sourdement à Vallona.
Et des désirs inavoués, en Grèce, s'orientent vers le
prestigieux mirage du Bosphore. Si, enfin, des Bal-
kans on passe à l'Asie-Mineure, on peut suivre un
enchevêtrement de rails internationaux envelopper
lentement des ports turcs d'une toile d'araignée en
acier.
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
QUATRIÈME ANNÉE SAMEDI 5 OCTOBRE 1913 N2 102
Editorial
5 Octobre igi)
Au moment où les toasts de Carthagène, échan-
gés entre le Roi d'Espagne et le Président de la Ré-
publique française, tandis que des cuirassés français,
anglais, espagnols mariaient leurs couleurs, paraissent
définitivement consacrer l'extension méditerranéenne
de l'entente cordiale, il est nécessaire de prendre en
soigneuse considération l'effort maritime parallèle qui
s'ébauche d'un autre côté de la Méditerranée, dans
l'Adriatique. L'Autriche, dont les ambitions, jusqu'à
présent, se limitaient presque exclusivement à la
sphère d'action d'une grande puissance territoriale,
accentue de plus en plus, aujourd'hui, son orientation
vers la mer. Le programme naval, appelé à rallier le
consentement des Délégations, comprend un accrois-
sement de force assez considérable pour élever, sans
transition, les escadres autrichiennes au rôle d'une
formidable flotte de guerre. Sans attendre, d'ailleurs,
le vote des Délégations, le gouvernement de Vienne
procède à la construction du premier des sept super-
Dreadnoughts prévus par le projet du Ministère de
la Marine. Il y a là un exemple significatif de la
confiance gouvernementale dans le patriotisme avisé
de la représentation nationale. Il y a là également
un symptôme qu'il serait dangereux d'ignorer–de
l'immense popularité acquise, en Autriche, par les
idées de renforcement naval.
De fait, la presse entière ne se lasse pas d'agir
sur l'opinion en vue de la préparer aux sacrifices
onéreux que comporte la réalisation d'un coûteux
programme de nouveaux armements. La Ligue Mari-
time autrichienne compte à cette heure 36.000 adhé-
rents et 184 filiales disséminées en Autriche, en
Hongrie et en Bohème. L'Organe de la Ligue, Die
Flagge, a 24.000 abonnés. Au cours de la dernière
année, il a été organisé plus de 800 conférences des-
tinées à répandre la conviction d'une indispensable
et urgente régénération maritime. La Ligue est même
en voie, actuellement, de construire un vaste théâtre
spécialement consacré à des répertoires exclusive-
ment navals et patriotiques, pour étendre et pour
renforcer son influence sur les masses. Cette propa-
gande active est parvenue, à l'exemple de l'Alle-
magne, à faire ancrer, dans l'opinion publique, la
nécessité de travailler, sans craindre les sacrifices, à
l'épanouissement adriatique et méditerranéen de
P Autriche-Hongrie.
L'état d'anarchie et d'indétermination diplomati-
que où se débat l'Albanie, le vague dont s'embue
encore la solution éventuelle de la question des îles,
les projets de constructions navales, agités en Grèce,
en Bulgarie, en Roumanie, apportent à l'effort autri-
chien des précisions auxquelles il est défendu que
l'opinion, en Russie, demeure indifférente. Le pro-
blème Oriental, ce caléïdoscope international, variable
à l'infini, toujours nouveau, toujours changeant, re-
vêt aujourd'hui sa forme de demain. De territorial
il devient maritime. Il quitte la terre ferme pour les
horizons de l'Adriatique, de la Méditerranée, de la
Mer Egée. Assoiffés d'expansion, les jeunes Etats
balkaniques ont tous leurs yeux tournés vers la mer.
Salonique demeure toujours le centre futur d'une
lutte historique entre Grecs et Bulgares. Cavalla a
failli déchaîner un orage. La Serbie continue à étouf-
fer derrière l'écran albanais qui lui barre le libre
accès à la mer libre. Les convoitises autrichiennes
et italiennes s'entrechoquent sourdement à Vallona.
Et des désirs inavoués, en Grèce, s'orientent vers le
prestigieux mirage du Bosphore. Si, enfin, des Bal-
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